mardi 18 juin 2019

Jean Ziegler : Pourquoi il faut détruire le capitalisme ?

Jean Ziegler (Thoune, Canton de Berne, 1934) a déjà été cité sur ce blog ici et , en général en rapport avec son combat contre la faim et pour le droit à une alimentation décente :



J'insère un peu plus bas un récent entretien de Thinkerview avec lui, diffusé en direct le 14 juin 2019.
Le point de départ en est le dernier ouvrage de l'altermondialiste et sociologue suisse : Le Capitalisme expliqué à ma petite-fille (en espérant qu'elle en verra la fin), Seuil, 03/05/2018, 9.00 € TTC, 128 pages, EAN 9782021397222. La maison d'éditions parisienne en dit :

Le capitalisme domine désormais la planète. Les sociétés transcontinentales défient les États et les institutions internationales, piétinent le bien commun, délocalisent leur production où bon leur semble pour maximiser leurs profits, n’hésitant pas à tirer avantage du travail des enfants esclaves dans les pays du tiers-monde.
Résultat : sous l’empire de ce capitalisme mondialisé, plus d’un milliard d’êtres humains voient leur vie broyée par la misère, les inégalités s’accroissent comme jamais, la planète s’épuise, la déprime s’empare des populations, les replis identitaires s’aggravent sous l’effet de la dictature du marché.
Et c’est avec ce système et l’ordre cannibale qu’il impose au monde que Jean Ziegler propose de rompre, au terme d’un dialogue subtil et engagé avec sa petite-fille.





Diffusé en direct le 14 juin 2019
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samedi 15 juin 2019

Les grimpeurs de Greenpeace à l'assaut pacifique du Consumer Goods Forum

«Après avoir gaspillé une décennie, [les grandes entreprises] devraient être en
pourparlers de crise. Au lieu de cela, elles réfléchissent toujours à la manière
d’augmenter la demande pour des produits qui détruiront encore plus les forêts»
Anna Jones, responsable des projets liés aux forêts au sein de Greenpeace UK.
Citation extraite de la Tribune de Genève, 11/06/2019



La forêt perd du terrain partout, et de plus en plus vite, grâce aux Bolsonaros de la vie dévastation.

La participation des grandes entreprises dans ce ravage fait partie de leurs affaires et stratégies les plus juteuses. Greenpeace Espagne —filiale de Greenpeace dans la Nación Rotonda— nous rappelle que Nestlé, Unilever, El Corte Inglés et DIA, qui s'étaient engagés en 2010 à en finir avec la déforestation pour l'année 2020, continuent à se sucrer sur la déforestation à outrance de la planète, comme on pouvait s'en douter, attendu que le Capitalisme vert est un oxymore ou, pour employer un propos de Daniel Tanuro, que le Capitalisme est incompatible avec la nature. Ce système basé sur la prédation tous azimuts trouve les arbres facilement coupables. Sa nature est arboricide.

Environ 80 % de la déforestation dans le monde est due à la production agricole (1) et les principales activités économiques liées au déboisement sont la production d’huile de palme, bœuf, soja, cuir, bois et papier.
À partir de ce constat, Global Canopy Program (GCP) classe les compagnies les plus nuisibles du monde en la matière (première) : Danone, Nestlé et Marks & Spencer suivis de Okla Groupe et Unilever occupent les cinq premières places de cette hiérarchie ignominieuse.

Greenpeace vient de publier le 10 juin 2019 un rapport en anglais intitulé Compte à rebours avant extinction - Qu’attendent les entreprises pour agir ? (Countdown to Extinction report).
Vous pouvez cliquer ici pour accéder à une version résumée en français, qui met en exergue la citation suivante :
Le dangereux déclin de la nature : un taux d’extinction des espèces sans précédent et qui s’accélère.
La réponse mondiale actuelle est insuffisante.
Des changements transformateurs sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature.
Les intérêts particuliers doivent être dépassés pour le bien de tous.
C’est l’évaluation la plus exhaustive de ce type.
Un million d’espèces menacées d’extinction...
Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)
Lisez-le, c'est vite fait. Et pensez à cette définition du Petit Robert :
Consommer (II sens. xvie ; « détruire, consumer » xve) :
Amener (une chose) à destruction en utilisant sa substance, en faire un usage qui la rend ensuite inutilisable.
© 2018 Dictionnaires Le Robert - Le Petit Robert de la langue française
Dans ce contexte, un sommet mondial, le Consumer Goods Forum, qui avait lieu à Vancouver, au Canada, a vu l'irruption d'un groupe d'activistes de Greenpeace. L'organisation l'explique dans un communiqué de presse :

Une manifestation de Greenpeace réveille le Sommet mondial « Consumer Goods »

Vancouver – Aujourd’hui, des militants de Greenpeace Canada ont organisé un rassemblement pacifique devant une centaine de PDG et de hauts dirigeants de grandes entreprises mondiales pour souligner leur rôle dans la destruction des forêts et la crise climatique.
Quelques minutes avant la séance plénière d’ouverture du Sommet mondial « Consumer Goods » (CGF), les grimpeurs de Greenpeace ont escaladé le bâtiment où se tient l’événement et déployé une bannière accueillant les délégué.es affichant un logo usurpé de la CGF et le slogan « Failing Forests. Failing the Climate ».
Les autres grimpeurs à l’intérieur du bâtiment sont descendus du plafond au-dessus de la salle de réception où les délégué.es se sont réunis. Ils ont déroulé une bannière rappelant que les entreprises « détruisaient encore les forêts ». La bannière portait les logos de certaines des plus grandes entreprises membres de la CGF.
“Nous vivons dans une période de crise climatique et écologique et ces entreprises ont un choix à faire: soit ils font évoluer leur façon de faire soit ils se retirent. Ni nos enfants ni notre climat ne peuvent attendre une autre décennie avec de belles paroles et aucune action. Il est temps de faire de grands changements » a affirmé Mélanie Dupuis, militante du Québec.
Greenpeace demande aux entreprises présentes au Sommet – parmi lesquelles figurent certaines des plus grandes marques grand public comme Nestlé, Mondelez et Unilever – de déclarer une urgence climatique et écologique, puis d’annuler leurs sessions afin d’utiliser ce temps pour s’entendre sur des actions audacieuses qui mettront fin à la déforestation d’ici 2020, tel qu’elles s’étaient engagées à le faire il y a dix ans.
Les membres du CGF se sont engagés en 2010 à mettre fin à la déforestation avant 2020 grâce à un « approvisionnement responsable » en bétail, huile de palme, soja et autres produits de base. Un rapport de Greenpeace international publié hier démontre cependant qu’au moins 50 millions d’hectares de forêts ont été détruit dans les 10 dernières années, brisant les engagement menant à 2020. Environ 80% de la déforestation mondiale est le résultat de la production agricole, dégageant des émissions équivalentes à celle du Japon, de l’Allemagne et du Royaume-Uni combinés.
“Nous sommes ici pour envoyer un message clair aux PDG des entreprises participant au sommet d’aujourd’hui: vous n’arriverez pas à atteindre vos objectifs de mettre fin à la déforestation de cette manière. Au contraire, vous alimentez la crise climatique et amenez plus d’espèces au bord de l’extinction en ce moment. Au lieu d’organiser des séminaires sur le marketing pour rejoindre la génération des milléniaux, vous devriez vous mettre d’accord sur les mesures audacieuses à mettre en place pour en finir avec la déforestation. Ceci va nécessiter un changement fondamental dans la manière de faire et de penser les affaires” a ajouté Daniel Brindis, directeur de la campagne Forêt à Greenpeace États-Unis.
Aucune compagnie – parmi la plus de cinquantaine contactées par Greenpeace – n’a pu démontré avoir fait des efforts significatifs afin de mettre fin à la déforestation.

Photos et Videos à l'appui.

Donc, vivement, aux arbres, citoyens ! Et que ça saute ! Vous rappelez-vous les dix commandements pour les arbres du botaniste Francis Hallé ?

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(1) Kissinger, G., M. Herold, V. De Sy (2012) : ‘Drivers of deforestation and forest degradation: A synthesis report for REDD+ policymakers’, page 11 du pdf.