Philologue, traducteur, jadis prof de français par temps d'anglobais obligatoire, désormais à la retraite (du travail, pas de la vie).
vendredi 24 janvier 2014
Coluche : Le Flic
TRANSCRIPTION PROVISOIRE ET APPROXIMATIVE :
Hep ! Vous ! Pas vous, l'autre, là-bas !
Le gros qui s'barre avec le pull bleu !
Bon, tant pis.
Oui ! Je sais, j'ai l'air un peu con !
Mais l'uniforme y est pour beaucoup hein !
Non, parce que ma femme me dit toujours : - "T'as signé sans réfléchir...", elle me dit.
Et alors ? J'ai demandé aux autres, y z'ont fait pareil, hein !
Si on avait réfléchi, on n'aurait pas signé !
Faut pas nous prendre pour des cons non plus !
Remarquez, euh..., on rentre pas comme ça dans la police hein !
Y a des examens et tout, on passe devant des pschychouettes... hein !
Moi, je suis passé devant un pschychouette, y m'a dit : - "Combien j'ai de doigts ?".
Alors les examens !
J'ai dit : - "J'sais pas. 15 ?".
M'a dit : - "C'est bon. Signez là ! Quinze ans".
J'ai eu du bol parce que j'ai dit ça au hasard. J'aurais pu avoir tout faux , j'ai eu tout bon, hein !
C'est utile comme métier. Siih. Le chef est tout le temps : "L'agent de police est à l'automobiliste ce que le crapaud est à l'insecte".
Et puis, c'est bien l'uniforme, c'est pour draguer... les gonzesses !
- "Hep là-bas ! [La blonde avec le gosse. Aux pieds !
Oui ? Vous avez vos papiers ? J'suis de la police.
Voyons voir, Ginette...
Ah, ah, ah, ah !
Joli nom Ginette.
C'est votre petit frère ?
Hein ?
Votre fils !
Bon circulez !".
Non là, c'est un mauvais exemple, mais d'habitude ça marche !]
Bon, un autre exemple, alors. La police c'est trop t'ingrat comme métier. C'est vrai !
C'est t'ingrat la police, parce que par exemple... parce que j'vois, parce que les gens y nous aiment pas ! C'est con !
Parce que nous on est là pour les protéger hein ?, pour les défendre
Vous avez remarqué les gens ?
Plus y a de flics autour d'eux, plus y z'ont peur !
C'est flagrant, c'est dans les manifs.
Les gens y z'ont peur parce qu'on est là !
Bon, on est obligés de taper hein !
On le fait pas pour le plaisir, hein ?... On est obligés hein ?...
En plus on est obligés d'faire gaffe !
Parce que y a les fils des gradés, y z'ont les cheveux longs, on les reconnaît pas hein !
Et pis y a les appariteurs. C'est les mecs payés par la police.
En civil, y cassent les carreaux et après on dit qu'c'est les étudiants, tout ça.
Alors on est obligés d'faire vach'ment gaffe !
Eh ben, dis tu vois pas qu'on tap'rait sur la gueule à un flic, eh ? oh, la vache ! Oh, la crise eh !
... Eh, une fois c'est arrivé ! On a tapé sur un flic ! Ah, la crise eh !
Ils ont dit que c'était une bavure !
T'aurais vu la gueule de la bavure !
Moi, ça m'a fait passer l'envie d'baver !
Impeccable.
Non, mais on est une bande de jeunes, on s'fend la gueule.
J'vois parce que par exemple y a les gens y disent : - "La police c'est un refuge pour les alcooliques qu'on n'a pas voulu à la SNCF et aux PTT ".
Eh ben, j'vais vous dire, en fait c'est exagéré !
Moi je vois hein, je suis pas dans un gros commissariat, mais je vois rien qu'au commissariat que j'suis, y en a au moins, que je dise pas de bêtises, y en a au moins quatre qui boivent pas !
Oh bah, c'est comme dans tous les troupeaux hein ! Y a des brebis galeuses !
Nous, on a Robert. C'est un grand, il est marrant !
L'autre jour, il arrive, il gueulait : - "J'en ai eu un ! J'en ai eu un !".
Il avait arrêté un mec pour état d'ivresse, qui était plus bourré que lui !
Vach'ment rare hein !
Faut dire que le mec, il en t'nait une belle !
Il l'avait amené, il était sympa, Raymond y s'app'lait, heu...
Cheveux courts, moustache, charcutier, sympa.
On y a payé l'coup et tout !
Alors, Robert y disait : - "Mais faut pas... reste ".
Alors, l'autre y disait : - "Ben, justement heu, j'me dépêche de rentrer passe que vu dans l'état que j'suis... j'risquerais d'avoir un accident !".
Après y z'ont fait un concours de ballons.
Dis, t'aurais vu la gueule des ballons !
T'avais des couleurs qu'étaient même pas marquées dans le manuel !
C'est Robert qu'a gagné !
Ah non, mais il est balèze aux ballons hein !
Il s'entraîne. On s'fend la gueule !
L'autre jour y a un beatnik qui vient pour changer sa carte d'identité.
Alors Robert y lui dit... parce que Robert y déconne tout le temps.
Alors Robert y dit, euh... : - "Tu m'donneras l'adresse de ton coiffeur !".
On lui a cassé la gueule. On s'est marrés !
Ah non, mais on fait gaffe hein !
On tape avec le plat de la main. Comme ça dans les côtes.
Alors ça fait ach'ment mal mais euh, ça fait pas de traces. Ah non !
Parce que on n'a pas droit aux traces.
Parce que les mecs quant y z'ont des traces, y paraît qu'y peuvent porter plainte !
Remarquez, heu, y faudrait qu'y viennent au commissariat pour porter plainte.
J'les plains les mecs !
Non ! Dans l'ensemble y viennent pas, on n'a pas à se plaindre.
Alors après, heu... On l'avait attaché à la grille.
Alors Robert a été chercher sa tondeuse, parce que Robert il a une tondeuse, mais ça c'est à lui hein, c'est pas fourni.
Alors, l'autre, il avait les miques, mais on lui a pas coupé les cheveux à un beatnik, et ben, il a eu un avertissement !
Ah non ! Mais on rigole pas avec ces trucs-là hein !
Parce qu'au bout de 30 avertissements, on peut avoir un blâme !
Et au bout de 30 blâmes, on passe devant un conseil de discipline et on peut être dégradé !
Robert y s'en fout, lui, il est pas gradé !
Hé ! C'est un métier où qu'on en voit quand même des drôles !
Tiens ! L'autre jour j'étais de faction à une intersection affectée à la surveillance des usagers.
En clair, je bullais à un carrefour.
Il arrive un mec qui tournait autour de moi avec un papelard.
On aurait dit qu'y cherchait une rue ou quèque chose.
Il osait pas s'adresser à moi, on aurait dit qu'il avait peur !
Voyez le genre ? Un type louche, un peu basané, voyez...
Parce qu'on nous apprend à r'connaître les mecs louches, attention, on fait des stages !
C'lui-là si vous voulez il était pas franchement louche mais était franchement basané !
Alors j'dis rien. Y s'approche, y tourne et pis, j'sentais qu'il osait pas !
Voyez, y v'nait... mais y v'nait tout doucement voyez.
C'était le genre de mec patibulaire tu vois, mais presque !
Finalement, le mec, y s'amène et pis y m'dit, euh... :
- "Pardon, missieu l'agent, s'y you pli, axecousi-moi s'y you plit.
A c'que s'y you plit vous pouvi m'indiquer çui là qui li, heu... li coumissariat d'poulice al'plis proche, s'y you plit...
Axecousi-moi, passe qui j'y perdi mou papier d'identiti.
J'voudri faire une diclaration, s'y you plit, axecousi-moi ".
J'me suis dit : - "Toi mon p'tit gars, t'as pas la conscience tranquille !".
J'y ai dit : - "Ouais ! Vous avez vos papiers ?".
Il les avait pas !
J'te l'ai emmené au commissariat !
Coluche
lundi 20 janvier 2014
Jacques Brel sur la colère
18 mars 1966 - 01min 31 sec. - INA
Interview de Jacques BREL par Denise GLASER. Il évoque la colère qu'il porte en lui, l'indignation qu'il ressent à voir le monde tel qu'il est. On ne s'assagit pas avec l'âge, quitte à être asexué, invertébré...
J'aime pas l'humilité qui consiste à refuser de voir des choses laides, en se disant "moi, je les vois et ça me touche pas", et accepter que les autres subissent les conséquences de ces choses-là. Si on est relativement généreux quelque part, à tort ou à raison, n'est-ce pas, on passe obligatoirement par des moments de colère, ça me paraît inévitable. Et quand on n'est pas en colère, c'est qu'on est tout seul.
jeudi 9 janvier 2014
Georges Perec à propos de "Les Choses"
On aborde en classe "Les Choses", de Georges Perec, et Ángeles me fait part d'une découverte :
06 oct. 1965 - 12min 07s
Interviewé par Pierre DESGRAUPES, Georges PEREC parle de l'intrigue de son livre : un hold-up. Il analyse l'attitude de ses contemporains - et de lui même - vis à vis du confort, des objets, de la société de consommation. Il pense être capable de la décrire cette société, il n'a pas encore les moyens de la contester.
Salut Alberto !
J'ai trouvé cette video sur Georges Perec commentant son livre "Les Choses". À mon avis, qui mieux que Perec lui même pour en parler ?
Et elle m'envoie un lien qui me fait rebondir sur cette vidéo de l'INA :
06 oct. 1965 - 12min 07s
Interviewé par Pierre DESGRAUPES, Georges PEREC parle de l'intrigue de son livre : un hold-up. Il analyse l'attitude de ses contemporains - et de lui même - vis à vis du confort, des objets, de la société de consommation. Il pense être capable de la décrire cette société, il n'a pas encore les moyens de la contester.