dimanche 21 mars 2010

Jean Ferrat est mort



Le 13 mars 2010, ce type honnête à la voix magnifique a finalement été anéanti par le cancer qui le rongeait depuis un certain temps. Ses chansons nous restent, bien entendu, heureusement, et nous pouvons aussi écouter son témoignage, posthume, ses souvenirs, ses commentaires... grâce aux miracles des nouvelles technologies : le 15, sous le titre "Jean Ferrat, le léger et le grave", France Culture a bien voulu rediffuser les émissions d'À Voix nue qu'elle lui avait consacrées en 2004. Ce fut un travail d'Hélène Hazéra à partir d'un long entretien enregistré en octobre 2003 et développé en cinq volets, du 23 au 27/02/04, selon le schéma suivant :

1- Lundi 23 février 2004 : Une enfance dévastée par la guerre et les lois raciales de Vichy. Le bonheur familial s’interrompt brusquement : le père, venu de Russie fuyant les pogromes de l’après 1905, confiant en son nouveau pays, va se faire inscrire comme juif, porte l’étoile et disparaît en déportation. L’enfant doit se cacher…

2- Mardi 24 février 2004 : La jeunesse, le TNP, les galères, la Rive Gauche, Christine Sèvres, ma môme. Laborantin puis étudiant en sciences. Le jeune Jean Ferrat se forme intellectuellement au TNP de Jean Vilar. Il joue dans des troupes d’amateurs, puis s’essaie à ses premières chansons, qu’il va présenter dans les cabarets de la Rive gauche. Tableau de la Rive Gauche vu par un jeune chanteur en galère. Rencontre avec Christine Sèvres, sa première femme, chanteuse qui ne connut pas les grands succès mais reste très appréciée aujourd’hui des connaisseurs. Une jolie chanson populiste « Ma môme » attire l’attention sur lui.

3- Mercredi 25 février 2004 : La poésie d’Aragon, de Lorca et de Francis Carco, la vague yé-yé. Jean Ferrat évoque sa carrière, sa rencontre avec son éditeur, sa rencontre avec la poésie d’Aragon, avec celle de Lorca, et avec celle de Carco pour qui il a une prédilection. Le rapport avec le public, la fatigue des tournées. La difficulté d’écrire des choses graves dans un médium, la chanson, plutôt tournée vers la légèreté. Il évoque la guerre entre les chanteurs d’obédience « Rive Gauche », attachés à la poésie des textes et ceux de la vague yéyé, plus portés vers le rythme et l’imitation des succès américains.

4- Jeudi 26 février 2004 : La politique, Prague, Cuba, le bilan positif de Georges Marchais, et la censure. La chanson, pendant des siècles, a été un des vecteurs privilégiés de la politique, Jean Ferrat est heureux de s’inscrire dans ce courant. Il n’a jamais adhéré au Parti communiste, mais en a été toujours proche, quitte à dénoncer le coup de Prague et les propos de Marchais sur « le bilan positif ». Mais pas question de revenir sur son soutien à la Révolution cubaine… Qui dit politique dit censure, Jean Ferrat distille quelques histoires savoureuses.

5- Vendredi 27 février 2004 : La chanson française en 2003 et les médias, matraquage et commerce. Il y a quelques mois Jean Ferrat a écrit une tribune dans le Monde sur la situation de la chanson française, notamment dans les médias. Les œuvres personnelles sont de moins en moins diffusées au profit d’œuvres purement commerciales, matraquées sans vergogne, le plus souvent par des artistes voués à l’éphémère. Ferrat dénonce les attaques faites à un art qui est sa vie, et propose des mesures d’urgence. Beaucoup de colère et d’amertume même si, « à la fin, c’est la chanson des rues et des bois qui reste ».

Ce même lundi 15 mars, l'une de nos émissions favorites, Là-bas si j'y suis (France Inter), diffusait son hommage à Jean Ferrat.
Enfin, l'INA propose une belle collection de vidéos où voir et écouter Jean Ferrat chantant ou s'exprimant sur divers sujets.

Obsèques de Jean Ferrat, à Antraigues-sur-Volane (en Ardèche), ce mardi 16 mars 2010. Une cérémonie entre poésie et chansons retransmise en direct sur France 3 qui fournit ces images.

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