mardi 1 juin 2010

Pourquoi on écrit en français

Dommage, pendant mon congé légal du mois de mars, la Consejería de Educación (DAT Madrid-Este) n'a pas daigné envoyer à ma place un professeur intérimaire, bien que je leur aie prévenu avec un mois d'avance. Bref, mes élèves n'ont pas vu reconnu leur droit aux cours et ont dû les sécher de force. Si cette affaire vous intéresse, sachez qu'il y a en France des parents excédés à ce sujet qui ont mis en ligne le site Ouyapacours dans le but de recenser et dénoncer les absences non remplacées d'enseignants (1).
Enfin, revenons à nos moutons : dommage, donc, parce qu'il a fallu supprimer des activités prévues que j'avais pris soin de résumer à mon remplaçant.
C'est ainsi qu'en NI 2, j'ai distribué un mini-dossier Pourquoi ils écrivent en français ? que nous n'avons pas eu le temps de développer. Vers la fin des cours, j'ai aussi signalé en classe l'existence d'un dossier récent du Nouvel Observateur (nº 2373, du 29 avril au 5 mai 2010), ayant un certain rapport avec notre sujet, intitulé Comment ils sont devenus français.
Eh ben, avec quelques mois de retard, j'apprends aujourd'hui, grâce au dernier numéro du Français dans le Monde (nº369, mai-juin 2010, page 37), qu'on a publié...
Trois ouvrages conçus sur le même principe : des entretiens avec des intellectuels qui, de leurs aires géographiques ou de leur pays respectifs, parlent de leur rapport avec la langue française. On y trouve, par exemple, Salah Stétié, Albert Memmi, Assia Djebar, Yasmina Khadra, Amin Maalouf ou Abdelwahab Meddeb (pour la Méditerranée), Ahmadou Kourouma, Henri Lopès, Mongo Beti ou Aminata Sow Fall (pour l'Afrique) et Hector Bianciotti, Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant ou Michel Tremblay (pour les Amériques et la Caraïbe)

Ce sont les éditions Zellige qui, avec le soutien de l’OIF, ont divulgué l'année dernière ces entretiens dans une trilogie : « La langue française vue de l’Afrique et de l’océan Indien », « La langue française vue des Amériques et de la Caraïbe » et « La langue française vue de la Méditerranée ». Certains de ces entretiens avaient déjà fait l’objet d’une publication en 2001 au Maroc par Tarik éditions, sous le titre : « La langue française vue d’ailleurs ». La trilogie a été présentée au Salon du livre francophone de Beyrouth (23 octobre-1er novembre 2009).
Je n'ai pas eu encore l'occasion de lire ces témoignages. L'idée me suggère immédiatement un vieux hors-série du vieux Libé (des années 80) où l'on posait à des écrivains de toute la planète une seule question : Pourquoi écrivez-vous ? Il est évident que la même interrogation accompagnée de la précision "en français" ouvre d'autres perspectives : pourquoi écrire dans une langue qui n'est pas la sienne...
Le français dans le monde, la revue de la Fédération Internationale des Professeurs de Français, publiait en janvier 2010 Francophonies arabes, le nº 21 de ses Francophonies du Sud, avec une approche spéciale sur le dramaturge libanais Wajdi Mouawad et sa pièce Incendies (2003), ce texte terrible, lucide, poétique, nécessaire et éprouvant sur la guerre du Liban et la condition humaine qu'il a mis en scène pour notre bonheur bouleversé au théâtre Espagnol de Madrid en 2008 (à cette occasion, Mouawad dirigeait la compagnie Théâtre Abé Carré Cé Carré). Au sujet de son théâtre, W. M. a précisé : "Ce ne sont pas des pièces qui traitent de la guerre. Ce sont des pièces qui parlent de la tentative de rester humain dans un environnement inhumain".
Enfin, à propos d'un cas bien particulier, cliquez dessus pour lire le compte-rendu de Rue89 à l'égard de Milan Kundera (Brno, ex-Tchécoslovaquie, 1929. Il a obtenu la nationalité française le 1er juillet 1981).

(1) Vu la réaction énergique de pas mal de parents vis à vis de ce type de négligences intolérables de l'administration, le ministre français de l'Éducation nationale a annoncé le 9 mars, un plan en trois points. Le journal Le Monde les précisait avec des ajouts édifiants :
la mise en place d'un "responsable de remplacement" par établissement et par académie ; la possibilité de détacher un professeur de son académie pour le placer dans une autre, le temps d'un remplacement ; l'élargissement du vivier de remplaçants aux étudiants et retraités. Scandale. Le profencampagne, non sans humour, évoque la possibilité que le plan fasse émerger "des milliers de Victor Nowak" (l'instituteur joué par Gérard Klein dans une série TV) se rendant aux quatre coins de la France pour faire des remplacements. Les directeurs en lutte se comparent à des "chefs de rayon bricolo". A consulter également, le blog d'un instituteur, qui raconte, sous forme de bande dessinée, son quotidien de remplaçant.

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