lundi 4 octobre 2010

Saez, télé et radio

Il y a quelques mois, en mars 2010, un jeune artiste français d'origine hispanoalgérienne fut l'objet d'une prodigieuse censure. La régie publicitaire du métro parisien tout comme plusieurs sociétés spécialisées dans le matraquage urbain —dont Decaux et Clear Channel— refusèrent d'exhiber l'affiche qui annonçait ses concerts, figurant une jeune femme nue dans un chariot de supermarché, c'est-à-dire, l'image de la pochette de son dernier album, sorti le 29/03/10, et dont le titre, J'accuse, renvoie visiblement à la lettre ouverte qu'Émile Zola adressa le 13 janvier 1898 à Félix Faure, président de la République, sur la Une du journal L'Aurore suite à l'affaire Dreyfuss. Cependant, selon le quotidien Le Parisien, l'Autorité de Régularisation Professionnelle de la Publicité fut de l'avis,
(...) que l'affiche «présente un caractère dégradant pour l'image de la femme dans la mesure où elle apparaît nue, et qui plus est dans un chariot de supermarché, donc comme une marchandise (...) La publicité ne peut réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à une fonction d'objet». Les recommandations de l'autorité sont généralement suivies par les afficheurs dont Média Transports, régie du métro et des bus parisiens. (...) Selon le chanteur, une deuxième affiche sans la photo de la jeune femme, mais soulignant en gros caractères l'interdiction d'affichage, a été également refusée. «Une femme nue dans un caddie, outrage aux moeurs du commerce ? Remise en question du système ? Droit d'informer ?». «Cette interdiction aurait pour but de protéger l'image de la nature humaine, j'en doute. Mais protéger l'image du caddie ? (...) Une chose est sûre, les caddies valent plus que les hommes dans nos pays», écrit-il dans une lettre mise en ligne. «J'ai honte pour ces gens, honte pour mon pays, honte pour ce qu'il est devenu, honte pour cette auto-censure que la société s'inflige à chaque fois qu'elle ouvre sa bouche», poursuit le chanteur qui a indiqué son intention de porter l'affaire en justice.
Quand on voit tous les jours ce qu'annoncent lesdites compagnies publicitaires, on a de quoi se pâmer. Et concernant l'Autorité de Régularisation Professionnelle de la Publicité, sa drôle d'analyse prouve une incompétence ahurissante, ou une honteuse mauvaise foi tartuffe, car notre jeune homme, Damien Saez, n'est pas précisément de la trempe de ceux qui utilisent les femmes (et les hommes) à longueur de journée et d'existence dans des buts purement marchands, loin de là ! Faut-il vraiment expliquer que c'est plutôt le contraire?
Je vous propose de connaître le message de Saez à travers deux vidéos afin que vous puissiez mieux en juger. Dans la première, il lit les paroles de sa chanson Les Anarchitectures dans l'émission de télévision "Ce soir ou jamais", sur France 3, où il avait été invité pour s'exprimer au sujet de la censure de ses deux affiches de concert. Parmi les invités de l'émission, soit dit en passant, on voit notamment Belinda Cannone, auteure de La Tentation de Pénélope (Stock, Coll. L'autre pensée, 2010, p. 62).



Dans la deuxième vidéo, on entend Damien Saez interviewé sur France Inter le 5/03/10 à propos de son album J'Accuse ainsi que sur cette histoire de censure.

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