J'aime bien me promener dans Belleville, surtout depuis que j'ai foulé ce quartier de Paris en 2003 pour vérifier sur place certains détails de ma traduction de Tigre en papier, d'Olivier Rolin —concrètement le parcours de l'ancien combattant maoïste qui conduit la déesse Remember. L'itinéraire comportait alors la rue du Télégraphe, le cimetière de Belleville, la bibliothèque publique Saint-Fargeau... À l'angle des rues du Télégraphe et du Borrégo, comme on prenait des photos par-ci par-là, deux jeunes avaient montré à haute voix qu'ils n'appréciaient pas tellement la prise de clichés. Parfaitement flegmatique, voire bonhomme, je leur avais expliqué que je traduisais un bouquin contant une histoire qui se passait dans le quartier. Là, ils étaient redevenus bons enfants : « Ah, si c’est pour un livre, d’accord, monsieur, mais si c’était pour Le Parisien, alors là... ». Et la balade s'était poursuivie place des Fêtes, rue des Solitaires, rue Arthur Rozier, rue des Fêtes...
Cette fois-ci, c'était le 31 octobre 2010. La Toussaint nous avait autorisé un court voyage à Paris. Rue Rébeval, le Chapeau Melon, bar a vins naturels, entamait sa fermeture ; sur la pente de Belleville, le crépuscule venait de nous montrer ses derniers coloris et place Fréhel (1), il fallait photographier l'évidence. À droite, la fresque de Jean Le Gac intitulée Rendez-vous à l’angle des rues de Belleville et Julien Lacroix ; un détective et une légende : « Habitué au style allusif du peintre, le jeune détective comprit que le message lui indiquait de continuer la poursuite par la rue Julien Lacroix. » Mais c'est à gauche que se trouve la maxime sage, le spécifique contre tous les vaudous lénitifs de l'après Bernays. L'installation contenant la maxime est une œuvre de l'artiste Ben visible sur le mur mitoyen d'un immeuble de la rue Julien Lacroix. Elle date de 1993.
En matière de mots et de camouflages, je sais bien, car je m'appelle Alberto, que nous sommes le 15 novembre, jour de la mort d'Albert von Bollstädt, dit le Grand, saint des Bebert et des chimistes... Albert le Grand (Magno) ou... le Magicien (Mago) ? Etiam nos ipsi sumus experti in magicis, fit-il...
(1) Lu sur Wikipedia : L'origine de cette place provient de la destruction involontaire d'immeubles suite à la construction du tunnel de la ligne 11 du métro. Cette dent creuse, le long de la longue rue de Belleville, rue encaissée et bordée de trottoirs étroits, a été confié à « l'art urbain », une tentative pour humaniser ce « no man's land ».
Cette place a été baptisée en l'honneur de Marguerite Boulc'h dite Fréhel (1891-1951), actrice et chanteuse de l'entre-deux-guerres dont les textes de ses chansons sont à l'image d'un Paris populaire et miséreux, en rapport avec le quartier du bas Belleville.
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