lundi 27 juin 2011

Vos traces sur Internet

La Commission nationale de l’informatique et des libertés est l'institution officielle "chargée de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques."
Sur son site, la CNIL nous prévient : "Sur internet comme ailleurs, vos activités et vos déplacements laissent des traces. L'impression de facilité qui domine l'univers du web masque la réalité d'une surveillance discrète et active."
C'est son préambule à une expérience qui vous aide à découvrir comment vous êtes pisté sur internet. Allez-y, vous saurez mieux à quoi vous en tenir. Durant cette expérience, vous allez découvrir :
N'oubliez pas qu'un cookie (mot anglais étasunien) est un mouchard électronique, un témoin et un espion de connexion à la fois.
À la fin de cet essai, on vous rappellera que :
Des traces de vos navigations sur internet sont enregistrées
  • dans votre ordinateur
  • sur des serveurs.
Sur internet, les messages échangés le sont le plus souvent en clair : de ce fait, vos communications peuvent être interceptées.
Les services offerts sur le web tirent parti d'un nombre croissant d'informations issues de votre navigation, de votre localisation, ou encore de vos recherches. Cette collecte d'informations se fait souvent à votre insu.

D'autres sites, dont Anonymat.org, vous renseignent également à ce sujet.

Alex Türk, président de la CNIL depuis 2004, est l'auteur d'un livre récent sur le sujet (La Vie privée en péril. Des citoyens sous contrôle, Éditions Odile Jacob) et en a eu la possibilité de s'exprimer longuement dans les médias à l'égard des dangers qu'entraînent les nouvelles technologies et les différents nano-Brothers qui nous hantent. J'ai lu, par exemple, l'entretien qu'il a accordé à Stéphane Arteta, du Nouvel Observateur (nº 2422, du 7 au 13 avril 2011) où il signale notamment :
(...) On a longtemps redouté Big Brother, mais on peut se rebeller contre un système centralisé. Or ce qui nous attend est bien pire. Nous assistons à la multiplication des nano-Brothers -capteurs, puces électroniques dans les cartes et les portables...-, beaucoup plus redoutables car les outils de surveillance sont multiples, disséminés, parfois invisibles, donc bien plus difficiles à contrôler. On ne sait pas qui collecte les données, où elles sont entreposées, pour combien de temps, ni dans quel but. La biométrie (empreintes électroniques digitales, oculaires...), la vidéosurveillance, la géolocalisation, la collecte des données en ligne, c'est un cocktail explosif. (...)
La totale transparence, c'est le rêve des multinationales, obsédées par l'idée de profiler leurs clients. Quand j'étais jeune, on souhaitait échapper au regard des parents, ne jamais dire où l'on était. Aujourd'hui, il faut s'afficher. C'est tendance. Les sociétés en profitent pour récupérer des infos personnelles : vos goûts, des photos, des vidéos... Elles ont inventé le Big Brother convivial, le capitalisme copain : elles ont besoin de ces données pour prospérer, mais vous amènent à les leur donner en vous faisant croire que c'est dans votre intérêt. C'est le modèle Facebook. Ce système ingénieux ne serait pas blâmable s'il était lisible et contrôlé. Mais ce n'est pas le cas. La notion de consentement est floue, et vous n'avez pas de droit de suite : fermer votre compte ne garantit pas la disparition des données. Les grandes entreprises du numérique vantent la transparence, mais agissent derrière un rideau de fumée. (...)
N'empêche que l'action d'Alex Türk et du CNIL est sévèrement contestée par certains qui pensent, par exemple, que...
Par ses manquements ou omissions, la Commission nationale de l’informatique et des libertés participe à une illusion, celle de faire croire au citoyen qu’il est protégé contre les dérives marchandes et étatiques de ses données personnelles.
La Commission, presque 30 ans d’âge, ne remplit pas sa mission d’organe indépendant qui peut protéger le citoyen contre l’énorme braquage numérique de ses données intimes.
En soi, les décisions, interventions et (rares) dénonciations au parquet de la CNIL risquent bien de dessiner les chapitres fondamentaux de la Novlang officielle. Sur de nombreuses affaires, la Commission - soit par manque de moyens ou de volonté, soit par absence de pouvoirs, après que son président Alex Turk a participé lui-même à la perte desdits pouvoirs (cf dossier BBA 2004) - n’a pas joué son rôle d’arbitre au service du citoyen.
Sous couvert de renforcer les pouvoirs de la CNIL, Alex Turk a défendu une refonte de la loi Informatique et libertés qui, de fait, lui retirait le pouvoir de bloquer la mise en oeuvre des fichiers "de sureté"; (policiers notamment), mais lui accordait certes des pouvoirs de sanction. Ce qui pouvait passer pour une contrepartie s’avère n’être qu’un jeu de dupe : depuis, les fichiers policiers sont avalisés sans tenir compte des remarques de la CNIL, et aucune sanction n’a été rendue publique, suivant en cela la politique de la CNIL qui, depuis 1978, n’a dénoncé au parquet qu’une vingtaine d’affaires (sur plusieurs dizaines de milliers de plaintes, son équivalent britannique en dénonçant plus d’une centaine par an).


Un exemple ? Dans l’affaire du fichier des précaires de Vitry-le-François, soulevé par de nombreuses associations (prix Orwell 2004 pour la ville et le Conseil général), aucune démarche, action juridique ou sanction administrative n’a été ni engagée ni demandée par la CNIL. Les travailleurs sociaux avaient été informés en avril 2005 qu’un des commissaires ferait le déplacement dans la région pour éclaicir ces faits. Mais rien ne s’est passé. Un peu avant une poignée de manifestants, dont des travailleurs sociaux marnais, étaient venu demander que la CNIL intervienne. Un dossier qui aurait du mener à des poursuites, car manifestement non déclaré dans les règles à la CNIL et prévu par aucun texte.


Autre exemple, le bug de la carte Vitale (1). Le 24 mars 2004, le président Alex Turk écrit à Jérôme Crêtaux, qui a découvert la faille (et qui travaille avec les association de défense des données de santé ADAS et ACIs-VIPI), pour dire qu’il a bien reçu son courrier du 17 novembre 2003 dénonçant le bug, qu’il en a saisi le 19 décembre 2003 le président du GIE ; enfin il a "l’honneur de [l’] informer que le GIE Sesam-Vitale a confirmé à la commission que les APIs de lecture nécessitaient la présence simultanée de la carte Vitale et d’une carte de professionnel de santé pour que les données relatives à l’Exonération du Ticket Modérateur soient accessibles". Le tout sans trace d’étude indépendante quelconque. Preuve sera faite ensuite que le problème technique est vraiment sérieux dans le système Vitale (2).
Cliquez ici pour lire le texte complet.
Il existe d'autres textes à considérer qui sont à votre disposition sur le Réseau, chez Bug Brother - Qui surveillera les surveillants ? (blog du Monde) ou chez Big Brother Awards France, entre autres.

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