samedi 24 décembre 2011

Une presse passeuse de notes de presse

Au total, la SNCF aura versé à l'Etat plus de 600 millions sur les cinq dernières années.
Les Échos, 21/12/11

Bâillonnée, la presse indépendante ? Si au moins elle la fermait... Paresseuse ? Hélas, plutôt passeuse : elle n'est que la courroie de transmission des bonnes nouvelles (notes ou dossiers de presse) concoctées par les gendargents à l'appétit inépuisable, au point qu'on a presque envie de croire que la dictée a été supprimée dans nos écoles parce qu'elle est obligatoire dans les bureaux de rédaction des média. En voilà un exemple :
Le TER libéralisé
L'ouverture à la concurrence des TER (trains express régionaux) et des TET (trains d'équilibre du territoire, Corails, Intercités) a franchi une nouvelle étape : à partir de 2014, les régions qui le souhaitent pourront choisir un opérateur autre que la SNCF pour exploiter les trains régionaux de voyageurs, contrairement à aujourd'hui où le trafic régional est réglementé par des conventions signées entre l'Etat, les régions et la SNCF. Cette libéralisation vise à permettre une baisse des prix et une amélioration des services.  (Le Monde, 20/12/2011)
La liberté se porterait donc très bien, on ne penserait qu'à elle : TER libéralisé ; régions qui souhaitent et qui choisissent contrairement aux réglementations d'aujourd'hui ; libéralisation. Et puis elle nous rendrait la pareille car elle nous apporterait une baisse des prix et une amélioration des services : la totale ! Par conséquent, encore une fois, on serait tenté de dire que ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise; il fallait dire que tout est au mieux. Quitte, bien entendu, à y réfléchir un tant soit peu et se dire qu'on connaît la chanson, cette rengaine ressassée de la liberté guidant le business. Car il ne faut pas lire trop loin (1) pour se douter quelle pourrait être la source de tant d'amour pour l'émancipation :


La SNCF devrait verser 230 millions d'euros de dividendes à l'Etat en 2012

L'entreprise prévoit dans le projet de budget 2012 examiné demain en conseil d'administration le versement d'un dividende record à l'Etat. Selon la règle utilisée depuis 2007, ce dividende correspond à 30 % du résultat net récurrent de l'entreprise, hors résultats exceptionnels.

Alors que les assises du ferroviaire qui se sont achevées la semaine dernière ont mis en lumière les difficultés financières du rail français, la SNCF devrait afficher un très bel exercice 2011. En témoignent les dividendes en forte hausse que l'entreprise s'apprête à verser à l'Etat. Selon les informations recueillies par « Les Echos », le projet de budget 2012 de l'entreprise, qui doit être examiné en conseil d'administration demain, prévoit le versement d'un dividende de près de 230 millions d'euros à la puissance publique au titre de l'exercice 2011, un montant record depuis l'instauration de cette pratique sur l'exercice 2007.
La règle utilisée depuis cette date consiste à verser à ce titre 30 % du résultat net récurrent de l'entreprise (hors résultats exceptionnels). Cela laisse à penser que celui-ci a été estimé, sur la base des neuf premiers mois de l'année, aux alentours de 700 millions d'euros.
(...)
L'autre question est désormais de savoir ce que l'Etat fera de ces dividendes, alors que les assises du ferroviaire ont acté la nécessité de dégager au moins 1 milliard de ressources supplémentaires par an pour assurer la viabilité économique du réseau existant. La commission qui planchait sur ce thème, présidée par Nicolas Baverez, préconisait notamment de réinvestir les dividendes susceptibles d'être versés dans la rénovation du réseau, en les versant à Réseau Ferré de France, le gestionnaire des infrastructures. Mais cette attitude vertueuse semble loin d'être acquise, au moment où le gouvernement explore toutes les mesures pour tenir ses objectifs budgétaires globaux. Au total, la SNCF aura versé à l'Etat plus de 600 millions sur les cinq dernières années.
Par ailleurs, le projet de budget doit également entériner une poursuite de la baisse des effectifs dans la branche fret (- 1.232 postes), avec au total une diminution de 700 postes par rapport à 2011. L'effectif moyen envisagé en 2012 serait de 149.752 cheminots contre 176.500 il y a dix ans.

LIONEL STEINMANN



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Non, décidément libération et libéralisation (privatisation) recouvrent deux concepts bien différents, voire opposés. On dirait que bon nombre de journalistes tiennent à damer le pion aux économistes dont le travail consiste, dixit El Roto, "à faire que l'intolérable semble nécessaire". C'est grâce à ces oracles que les prescriptions ultralibérales passent en proverbe.

(1Les Échos, 21/12/2011.

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