jeudi 3 avril 2014

Goyescas

À Golo

EFE, 31.03.2014. Source : eldiario.es

 Source : Santos Cirilo pour El País, 15.08.1995





Plus ça change, plus c'est la même chose...

Dans « Lexique » - peuple et ethnie, première section du chapitre I « Fabriquer des nations. Souveraineté et égalité » de son essai Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008), écrit l'historien Shlomo Sand à propos des sociétés agraires prémodernes :
Les appareils gouvernementaux occupés à percevoir l'impôt et à mobiliser des soldats ont réussi à survivre essentiellement grâce à la convergence entre les intérêts des couches supérieures de la noblesse et ceux du personnel de l'administration royale. La continuité et la stabilité relatives de ces systèmes, exprimées non seulement par le couronnement du roi mais aussi à travers l'instauration de dynasties monarchiques, résultaient déjà de la mise en œuvre de certains moyens idéologiques. Les rites religieux célébrés autour des gouvernants ont crée des liens d'allégeance de la part de la haute hiérarchie et une légitimité « qui n'était pas de ce monde ». Cela ne signifie pas pour autant que les religions polythéistes, puis plus tard monothéistes, aient été directement instaurées dans le but de légitimer une organisation gouvernementale, mais, dans la plupart des cas, sinon tous, elles ont contribué à asseoir la puissance des gouvernants.

Sociétés prémodernes ? En Espagne, les autorités civiles, militaires et policières octroient les plus hautes décorations honorifiques à des êtres de fiction, à des idoles en stuc ou en bois, vierges de préférence, quelle hantise ! À peu près à l'instar de Don Quichotte (cf. ch. XVIII), elles ont à toute heure et à chaque instant l'imagination remplie des combats, des défis, des enchantements, des aventures, des amours, bref, de ces absurdités que l'on trouve dans les romans de religion y compris la Bible. Le problème, c'est qu'elles occupent nos institutions pour satisfaire leurs délires... ou leurs tartuffades, car il n'est pas si évident d'en discerner la frontière. Et elles n'hésitent pas, le cas échéant, à recourir aux pressions et menaces contre les récalcitrants. Au bout du compte, les symboles sont les garants de profits autrement matériels.

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