mercredi 4 février 2015

La privatisation du vivant nous prive de la vie

Les OGM philanthropiques et verts sont ceux d'une 
société démocratique et libre, donc philanthropique
et verte qui, pour ces raisons, n'en aura pas besoin.
(Jean-Pierre Berlan.
Article rédigé sur le site de Kokopelli, le 25.09.2012,
et publié ensuite par Le Monde, 28.09.2012)


L'apropriation par des élites agioteuses du patrimoine commun entraîne même la privatisation du vivant, ce qui comporte fatalement l'éradication de la vie, voire l'éradication délibérée de la vie. Le système, son cadre, favorise, appelle ce genre de volition. Autrement dit, les caractères affectant la survie ou la mort, le succès ou l'échec reproductif découlent simplement d'une sélection... boursière, véritable darwinisme de notre époque ou, si l'on préfère, de notre système économique. Sélection boursière qui détermine à son tour la reproduction des élites mentionnées, les prédateurs dont nous sommes les proies. Et compte tenu des questions d'hérédité, on voit bien que l'Économie devient une branche non négligeable de la Génétique ! Tout comme, soit dit en passant, El Roto nous rappelait dans son Libro verde que, vu le taux de métaux lourds contenus dans les poissons, la pêche devrait être considérée comme une exploitation minière... Ou que les mouvements boursiers sont la nouvelle grêle des agriculteurs...

Le 29 janvier 2015, Camille Labro écrivait sur son blog, hébergé par Le Monde :

A vos graines, citoyens !

La biodiversité est en danger, et notre monde avec. Saviez-vous qu’en un siècle, 75% des espèces comestibles cultivées ont disparu (chiffres FAO) ? La société moderne a réussi à éradiquer des milliers de végétaux qui nous accompagnaient, et nous nourrissaient, depuis la nuit des temps.
Aujourd’hui, les multinationales semencières (Monsanto, Dupont, Syngenta, Limagrain, Bayer…) tentent de s’arroger le monopole des graines, pour privatiser le vivant et prendre le contrôle de ce que plantent agriculteurs et jardiniers, et, par ce biais, l’essence de ce qui nous fait vivre.
Alors que de tout temps, les paysans ont collecté, préservé, replanté et échangé leurs graines librement, l'Europe s'est inventée un catalogue officiel des graines autorisées – notamment de nombreux hybrides F1, qui ne se ressèment pas et doivent donc être rachetés chaque année par le cultivateur. Tout agriculteur qui plante autre chose et vend les fruits de sa production, est aujourd’hui considéré hors-la-loi. (En lire plus)
[Pour accéder à l'info de la FAO sur la situation de l'agrobiodiversité, cliquez ci-contre. On y lit...
100 YEARS OF AGRICULTURAL CHANGE: SOME TRENDS AND FIGURES RELATED TO AGROBIODIVERSITY
* Since the 1900s, some 75 percent of plant genetic diversity has been lost as farmers worldwide have left their multiple local varieties and landraces for genetically uniform, high-yielding varieties.
* 30 percent of livestock breeds are at risk of extinction; six breeds are lost each month.
* Today, 75 percent of the world’s food is generated from only 12 plants and five animal species.
* Of the 4 percent of the 250 000 to 300 000 known edible plant species, only 150 to 200 are used by humans. Only three - rice, maize and wheat - contribute nearly 60 percent of calories and proteins obtained by humans from plants.
* Animals provide some 30 percent of human requirements for food and agriculture and 12 percent of the world’s population live almost entirely on products from ruminants.
Source: FAO. 1999b]
À ce sujet, Labro nous rappelle également l'existence d'un film documentaire que je vous insère ci-dessous, La Guerre des Graines (diffusé le 27 mai 2014 sur France 5), où l'on voit que privatisation rime avec hybridation (chimérisme !) qui, elle, rime avec stérilisation...
Un film qui donne les clés pour comprendre comment des multinationales veulent confisquer le vivant. Un film qui donne envie de se battre pour sauver notre indépendance alimentaire.
Voir l'article sur LaTéléLibre.




Un documentaire prouvant que seules nos quotas d'autonomie rendent possibles nos quotas de liberté, tout modestes soient-ils —et donc, qu'il n'y a nulle liberté là où l'on manque affreusement de la moindre autonomie.
On y rencontre, entre autres, Jean-Pierre Berlan, ingénieur et ancien directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui a publié dans le Monde "Ne laissons pas faire les experts", l'article dont nous avons extrait la citation mise en exergue de ce billet.
Si vous rappelez à Jean-Pierre Berlan que son premier métier fût ingénieur agronome il se fâche : pour lui les 2 termes sont opposés... À cet égard, on dirait qu'il sait bien, comme le Comité Invisible, que...
"Le capitalisme est en ce sens essentiellement technologique ; il est l'organisation rentable, en un système, des techniques les plus productives. Sa figure cardinale n'est pas l'économiste, mais l'ingénieur (...), l'expropriateur en chef des techniques, celui qui ne se laisse affecter par aucune d'entre elles, et propage partout sa propre absence de monde. C'est une figure triste et serve. La solidarité entre capitalisme et socialisme se noue là : dans le culte de l'ingénieur."
Eh ben, justement dans La Guerre des Graines, Jean-Pierre Berlan dénonce le mariage contre nature de la chimie et des graines, la mainmise des fabricants de mort sur les semences, qui sont la Vie par excellence. Comment peut-on accepter que ce soient les fabricants de produits en "cide" qui en décident ?

Évidemment, il ne s'agit pas d'un sujet d'aujourd'hui. Ça traîne...

Inde : Suicides massifs de milliers de paysans - Les OGM en question...

Ces dernières semaines, 1500 fermiers se sont suicidés en Inde, dans la province de Chattisgarh. Un phénomène récurrent, puisque les chiffres officiels font état de 1000 suicides mensuels... depuis plus de quinze ans. En cause, l'endettement des paysans lié à l'achat de semences OGM miraculeuses... qui se révèlent catastrophiques.
Coton Bt Monsanto : Suicides de paysans en Inde
Depuis le milieu des années 80, l'Inde a accepté d'ouvrir totalement son marché en contrepartie de l'aide du Fonds Monétaire International. Une révolution économique s'en suivit, qui en fit un terrain d'expérimentation mondial en matière agricole. Depuis lors, les paysans sont livrés aux promesses des vendeurs de semences magiques : les rendements devaient être exceptionnels, et les insectes et parasites rangés dans les tiroirs de l'histoire. Les variétés traditionnelles ont même été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales. Mais pour toucher le Graal, il fallait débourser 10 fois plus pour la même quantité de semences. Le prix de la gloire. Et les paysans se sont massivement endettés.
What a wonderfull world (Company)...
Sauf que les semences OGM de coton Bt (de Monsanto, faut-il le préciser) sont tombées malades, infestées par le vers (vorace) de la capsule. Les semenciers avaient juste oublié de préciser que les plantes n'étaient pas résistantes aux maladies locales et qu'il fallait donc épandre des tonnes de pesticides en plus. Ils avaient aussi omis d'indiquer que les variétés en question buvaient deux plus d'eau et dégradaient les sols à grande vitesse. Du coup, les sécheresses ont été amplifiées et les rendements réduits à peau de chagrin. Les paysans se retrouvent à sec, paralysés par leurs dettes et sans le sou pour acheter les semences de l'année suivante, puisque les plantes OGM - dotés d'une technologie révolutionnaire affectueusement nommée "Terminator" - sont calculées pour que les grains ne puissent pas se replanter... D'où de nouvelles dettes. Etc.


« 270 000 paysans indiens se sont suicidés depuis l’arrivée de Monsanto sur le marché des semences du pays », alertait Vandana Shiva, féministe et militante écologiste indienne, lors d’une interview en mars 2013 (toutvert.fr). Vandana Shiva est une admirable, souriante et intelligente résistante qui prône la désobéissance, la solidarité et l'autogestion.

Des agriculteurs indiens font reculer le gouvernement sur les OGM (Wedemain.fr, 11 août 2014).

Voici un entretien avec Geneviève Azam —Maître de Conférences en économie (Université de Toulouse-le-Mirail), membre du conseil scientifique d’ATTAC— édité en trois volets :






Ogm la privatisation du vivant 3/3 por odjag

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Mise à jour du 15/03/2015 :

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