lundi 22 janvier 2018

Le Média

Le Média, c'est une nouvelle télévision en ligne, gratuite, qui a été lancée le 15.01.2018.
Fondée par Sophia Chikirou (ancienne directrice de la Communication de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, puis de la campagne législative de La France Insumise), Sébastien Vilgrain, Henri Poulain et Gérard Miller, elle serait indépendante des grosses puissances et plurielle, selon la présentation de son site, plutôt dans la mouvance de La France Insoumise, selon ses critiques, ou résolument insoumise, d'après Didier Porte.
À cet égard, Sophia Chikirou avait annoncé en septembre : «Notre site ne sera pas seulement politique et il sera pluraliste, tout le monde aura le droit à la parole. Il y aura des débats et un JT tous les soirs de la semaine. Je sais que beaucoup diront que c’est le média de Mélenchon, mais ce n’est pas le cas.» (Libération, 22/09/2017).
Trois jours plus tard, un manifeste précisait les objectifs de cette nouvelle boîte d'information [Le Monde, 25/09/2017 (1)] :
– Ce média, coopératif, sera indépendant : sa gouvernance impliquera ses sociétaires, ses salarié(e)s et ses « bénéficiaires ».
– Ce média sera collaboratif : s’appuyant sur un réseau de correspondants, d’associations, d’ONG, d’autres médias citoyens déjà actifs, il fera appel aux collaborations citoyennes.
– Ce média sera pluraliste : s’affranchissant de la dictature de l’urgence, il laissera sa place à la confrontation des idées et aux débats de fond.
– Ce média sera culturel et francophone : sans se limiter au seul Hexagone, il contribuera à la valorisation et à la création culturelle de la francophonie.
– Ce média sera humaniste et antiraciste : il s’engagera dans la lutte contre les discriminations et travaillera au renforcement des solidarités humaines.
– Ce média sera féministe et défendra les droits LGBTI : il soutiendra l’émancipation des femmes et l’égalité entre les genres.
– Ce média sera écologiste et progressiste : il soutiendra les initiatives qui favorisent l’harmonie entre les hommes et la nature.
Le 27 septembre 2017, le Cercle des Volontaires nous fournit son analyse discutable mais détaillée et utile des origines du Média.

Le Média propose un journal en direct, à 20h, du lundi au vendredi, avec Aude Rossigneux (elle le présente du lundi au jeudi), Catherine Kirpach (ancienne présentatrice de LCI, elle l'assure le vendredi), Marc de Boni (ex-reporter du "Figaro"), Aude Lancelin, Serge Faubert, Réda Settar, Virginie Cresci, Théophile Kouamouo, Léa Ducré, Claude El Khal, Yanis Mhamdi, Alexis Poulin, NoëlMamère (ancien député-maire de Bègles, écologiste) et Kevin Boucaud-Victoire.

Il met aussi en ligne des entretiens, avec Aude Lancelin (virée de l’Obs, collaboratrice de Là-bas), et les vidéos d’Astérisque, conçues et présentées par Romain Spychala, vouées à l'analyse (très justifiée) de la nov’langue libérale. La présentation d'Astérisque nous annonce qu'il s'agit d'une...
(...) émission qui se propose de décrypter tous les néologismes politico-médiatico-financiers. Pourquoi dit-on migrants et pas réfugiés ? Pourquoi les cotisations sociales ont été abandonnées au profit des charges ? Pourquoi l'évasion fiscale se présente sous les atours de l'optimisation ? Astérisque veut y répondre. Non sans crochets du droit mais surtout du gauche.
Ils ont commencé par le très faux-cul optimisation fiscale.
L'À propos du Média explique :
Vous êtes sur Le Média, le nouveau média indépendant des puissances industrielles et financières. Fondé grâce au financement et à l’investissement bénévole de milliers de citoyens, appelés les Socios, il est en accès libre et s’adresse au monde francophone. Engagé en faveur des causes sociales et écologiques, féministes et antiracistes, ouvertement progressiste et humaniste, le Média vous propose un regard différent par rapport à celui véhiculé par les médias dominants.
Ces citoyens contributeurs (abonnés et actionnaires) sont 16 000 jusqu'à présent. Ils postent leurs messages sur le mur des socios, proposent des idées de sujets et ont la possibilité de devenir des correspondants citoyens. Néanmoins, en matière de financement, Sophia Chikirou a déclaré le 15 janvier 2018 sur France Inter :
À terme, il faut qu’on développe plusieurs sources de financement mais toujours avec les mêmes principes: on ne veut pas d’argent des grandes puissances industrielles.
Interventions de Gérard Miller et Sophia Chikirou sur le plateau de On n'est pas couché :




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(1) Les cinquante premiers signataires : Cécile Amar (journaliste), Christian Audouin (directeur de rédaction, orateur national de la France insoumise lors de la présidentielle), Laurent Baffie (chroniqueur), Josiane Balasko (comédienne), Blick Bassy (chanteur), Lucas Belvaux (réalisateur), Marie-George Buffet (députée PCF), Bernard Cassen (président d’honneur d’Attac), Judith Chemla (comédienne), Sophia Chikirou (directrice de la communication de la France insoumise), Antoine Comte (avocat), Jean-Pierre Darroussin (comédien), Antoine Deltour (lanceur d’alerte), Jack Dion (journaliste), Aurélie Filippetti (ancienne ministre PS), Bruno Gaccio (auteur), Raquel Garrido (porte-parole de la France insoumise), Frédéric Gros (philosophe), Robert Guédiguian (réalisateur), Thomas Guénolé (politologue), Janette Habel (politologue), Cédric Herrou (agriculteur), Eva Joly (députée européenne Verts), Pierre Joxe (ancien ministre PS), Jul (dessinateur), Juliette (chanteuse), Aude Lancelin (journaliste), Dany Lang (économiste), L.E.J (chanteuses), Philippe Lioret (réalisateur), Noël Mamère (ancien député Verts), Jean Massiet (youtubeur), Guillaume Meurice (humoriste), Gérard Miller (psychanalyste), Giovanni Mirabassi (pianiste), Tania de Montaigne (écrivaine), Arnaud Montebourg (ancien ministre PS), Gérard Mordillat (écrivain), François Morel (comédien), Patrick Pelloux (médecin urgentiste), Edouard Perrin (journaliste), Philippe Poutou (candidat NPA à la présidentielle), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Bruno Solo (comédien), Jean Teulé (écrivain), Usul (youtubeur), Jacques Weber (comédien), Martin Winckler (écrivain), Karl Zéro (réalisateur).
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Mise à jour du 6.04.2018 :

Aude Lancelin : « La déliquescence morale et intellectuelle du journalisme est très préoccupante »

Agrégée de philosophie, Aude Lancelin est journaliste spécialisée dans le domaine des idées et de la culture depuis presque vingt ans. Elle a été directrice adjointe de la rédaction de « Marianne », puis de « L’Obs ». En 2016, elle est brutalement licenciée de ce dernier magazine. Une mésaventure qu’elle raconte dans « Le Monde libre » (Les Liens qui libèrent), pamphlet contre la dérive capitaliste d’un média social-démocrate, qui obtient le prix Renaudot de l’essai 2016. Début 2018, elle publie, à nouveau aux Liens qui libèrent,  « La Pensée en otage ». Elle y analyse la crise de la presse en déconstruisant sept grandes idées reçues. Depuis le 15 janvier, elle travaille pour Le Média, web TV indépendante fondée par Sophia Chikirou, Gérard Miller et Henri Poulain, tous trois proches de La France insoumise*. Nous l’avons rencontrée afin de discuter de la presse et du Média, sous le feu de la critique depuis son lancement.

Le Comptoir : Dans La pensée en otage, vous fustigez l’idée que le web est « l’Eldorado de la diversité et de la liberté intellectuelle retrouvée ». Vous écrivez : « Comme si la création de petits sites reposant le plus souvent sur un semi-bénévolat, mêmes s’ils ont le mérite de valoriser utilement les travaux intellectuels méconnus ou pourchassés des grandes ondes, pouvait être une alternative suffisante ». Le Média peut-il suffire ? Comment avec une audience encore modeste peut-il incarner ce contre-pouvoir politique que vous appelez de vos vœux ?

Aude Lancelin : Cette remarque s’adresse, dans La pensée en otage, à tous les naïfs, notamment à gauche, qui pensent que leur liberté d’expression n’est pas menacée du moment qu’on les autorise encore à poster toute sortes d’idioties antigouvernementales sans conséquence sur Facebook, ou qu’ils voient des sites d’obédience anticapitaliste se lancer, même si les contributeurs de ceux-ci sont payés au lance-pierre, voire ne sont tout simplement pas rémunérés. Je me suis donc attardée dans ce livre à montrer qu’il ne fallait pas se rassurer à bon compte dans ce domaine, et que l’univers du Net aussi, que d’aucuns voient comme un refuge pour leurs libertés, était de plus en plus dangereusement cadenassé, patrouillé par les puissances commerciales et étatiques, les mêmes que celles qui tiennent les médias mainstream au demeurant. (...)

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