vendredi 10 janvier 2020

Une catastrophe nommée Australie (Rouen dans la rue)

Vous êtes au courant du désastre actuel en Australie, un pays dirigé par des politiciens accros au charbon et aux énergies fossiles et tributaires des puissances aux grands profits.
Rouendanslarue.net est une intéressante publication en ligne qui a abordé le 7 janvier cette... hécatombe, terme approximatif, compte tenu de la quantité de vie ravagée. Ils savent très bien qu'une catastrophe ne commence jamais au moment où elle devient visible aux yeux de tous.
Exercice nécessaire, car nos esprits obnubilés ne sont pas faciles à décoloniser, leur réflexion concernant les gigantesques incendies australiens porte aussi sur l'info qu'on nous inflige, sur la colonisation de ce continent, sur le tragique sort de ses aborigènes ou sur les animaux morts... empalés sur des barbelés. En voici le début :
UNE CATASTROPHE NOMMÉE AUSTRALIE – À PROPOS DES ANIMAUX, DES ABORIGÈNES ET DE LA COLONISATION – OU COMMENT UNE CATASTROPHE PEUT EN CACHER UNE AUTRE ?

Presque tout le monde a compris, à part quelques rares climatosceptiques dont le premier ministre australien, que les incendies qui frappent l’Australie sont un effet direct du réchauffement climatique et donc plus largement de notre civilisation industrielle, marchande et capitaliste. Ce sont des pics de chaleur record qui expliquent la facilité avec laquelle l’Australie s’embrase.

Tout le monde sent plus ou moins confusément qu’il y a là comme un avant-goût de la catastrophe plus générale qui s’annonce. Mais il y a quelque chose de tristement ironique dans le fait que ce soit l’Australie qui soit si durement frappée par la folie occidentale. D’abord parce que géographiquement l’Australie n’est pas l’Europe. Elle est située à plus de 15000 km de Paris. Pourtant il s’agit bien d’un pays occidental et ce sont bien des descendants d’Européens que nous voyons continûment sur les chaînes de télévision. Si nous voyons tant de têtes blondes parmi les victimes des incendies c’est que au cours du 19e siècle la population aborigène d’Australie a été décimée. L’Australie reste le plus sauvage laboratoire de cette colonisation par laquelle selon le mot de Darwin » les races civilisées de l’homme extermineront et remplaceront les races sauvages partout dans le monde ». L’Australie était alors considérée comme une terra nullius c’est-à-dire une terre qui n’appartient à personne. Voilà qui suffisait pour justifier l’invasion de l’Australie par les Britanniques au 19e siècle.

L’Australie reste à jamais le nom de cette catastrophe là. Un ethnocide. Non pas la disparition totale des aborigènes mais la destruction d’une culture indigène. Nouvelle ironie. Cette culture, ce monde, appartient à tous les mondes disparus auquels s’est attaquée la domination occidentale et qui auraient pu nous permettre d’échapper au triste destin qu’elle nous promet précisément parce qu’ils reposaient sur un autre rapport au monde, aux vivants et aux esprits.

“Si nous n’avions pas tué des tas d’Aborigènes et que nous avions appris leur sagesse en matière de gestion de la brousse, nous n’aurions peut-être pas eu un moment aussi terrible que maintenant.”

Où sont les aborigènes ? Comment se fait-il que parmi toutes les personnes interrogées sur les chaînes de télévision australienne, il n’y en ait aucun ? Pourquoi ne leur donne-t-on pas la parole ? Comment sont-ils frappés par la catastrophe actuelle ? Qu’ont-ils à dire sur cette nouvelle catastrophe qui s’abat sur eux ? On ne le saura pas. Les aborigènes constituent l’impensé, le refoulé des incendies australiens.

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Comme nous le rappelle Alain Accardo, dans un article (Vie et mort du petit-bourgeois gentilhomme, Le Monde diplomatique de janvier, page 3) qui est un extrait de sa préface à son ouvrage Le Petit-Bourgeois gentilhomme. Sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes, (nouvelle édition parue aux éditions Agone, Marseille, le 10 janvier 2020) :
Tel Saturne dévorant ses enfants, le capitalisme étend sa dévoration à tout ce qui existe, sans égard pour sa propre reproduction à long terme : ressources minérales, végétales, animales et même humaines, tout doit y passer, tout est à vendre, tout se fait marchandise et argent. Jusqu’à ce que la planète entière soit devenue une vaste décharge puante, toxique et invivable. Sauf si on arrête cette folie meurtrière avant qu’elle n’ait tout saccagé.
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Mise à jour du 23 janvier 2020 :

Voilà pourquoi il y a un mot de Walter Benjamin qui n'arrête pas d'avoir la puissante vigueur de tout ce qui est très en vigueur :
« Marx a dit que les révo­lu­tions sont la loco­mo­tive de l’histoire mon­diale. Peut-être que les choses se pré­sentent autre­ment. Il se peut que les révo­lu­tions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire les freins d’urgence. »  (Sur le concept d’histoire [1940], Payot, 2013)

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