samedi 17 décembre 2016

Les Voix du Siècle (par TV5Monde et l'INA)

Léon Blum (1872–1950), Musidora (1889–1957), Aristide Briand (1862 – 1932), Georges Méliès (1861 – 1938), Aristide Bruant (1851 - 1925), Anna de Noailles (1876 – 1933), Paul Claudel (1868–1955), Louis Lumière (1864-1948), Marie Curie (1867–1934), Guillaume Apollinaire (1880 - 1918), Sarah Bernhardt (1844 - 1923), Alfred Dreyfus (1859-1935)...  
Il ne reste aujourd’hui que le son de leur voix, précieusement sauvegardé par l’Ina.
Et TV5 Monde et l’Ina ont imaginé Les Voix du Siècle...
un dispositif immersif où sons et images issus des fonds de l’Ina se répondent. Une web série en 12 épisodes pour découvrir des voix rares et inédites.
Un exemple : le 10 décembre, on a mis en ligne un enregistrement non daté de Georges Méliès (1861 – 1938), qui évoque ses contacts avec Louis Lumière et décrit la première séance publique du cinématographe au Grand café, à Paris, le 28 décembre 1895.

Indifférence

Hommage à mes élèves d'hier et d'aujourd'hui.
Qu'est-ce que tu deviens, Dani ? Merci, Ángeles.
Hommage à la tchatche occitane
et à ses musiques manifestives.
Et à Pepeto qui me les a découvertes.


 
Indifférence... Sixième plage du CD Compagnie Lubat dé Gasconha, Scatrap Jazzcogne. Valse swing dégrisée. Compositeurs : Tony Murena et Joseph Colombo. Arrangement : Bernard Lubat (Uzeste, 1945). Uzeste, tout près de Langon. Au plaisir Éric, Lucie et famille ! Adaptation et paroles : André Minvielle (Pau, 1957). Voix : André Minvielle, accordéon : Bernard Lubat.

En voici un enregistrement réussi, en une seule prise, extrait de "Second souffle", documentaire produit par Les Films du Village / la Sept/ARTE, réalisé par Jean-Pierre Beaurenaut et émis en 1995. Et que la tchatche-swing vous tienne en joie !


Ainsi va la vie d'ici, la vie est là d'ici bas
Elle débat et batt'rie les premiers pas dansés
Al ban des écoliers
Balancés dans l'air, sans en avoir d'air,
Saoulés dans le temps
Aux folles nuits d'abus du soufflet qui s'étire et rit
C'est bon, c'est l'ton du blues

Et si c'était ça la vie, et si on nous l'avait pas dit
L'épique époque aussi va de l'avant,
L'aventure est là,
Allez, dis-le nous donc, dis,
Dans des mots doux au dit désir ici
Efficace étape à passer

Sur ton accordéon tu touches à touches,
Ecoules, et facile agis là du bout des doigts,
Docile au songe assis tu médites tes fois
T'effaces au firmament une note cassée
Qu'assez on en ait plus jamais d'enlacer la musique
Infinie mélodie qui vit
Effile l'âme à son pas dédicacé là,
Baladant l'horizon

Ainsi va Lubat la vie,
La vie ça va, tu l'as dit
Au bal aussi c'est là que t'as tout vu passer,
Le pas s'est dépaysé
Vas-y l'évasif, vas-y l'enfant,
Tout petit déjà
Jadis on l'a dit : « Mainatge aqueste còp te'n sortiràs
pas coma aquò... »

Et si c'était dommage
Pas si c'est un hommage
Aux hommes assis devant, vu de l'avant
L'aventure est là
Allez dis-le nous donc dis
Dans des mots doux au dit désir
Ici
Efficace étape à passer

E si l'oblidas dispareish deu lengatge
Autant vrai coma pèc qu'un desir ambiciós
"Assurement", libèra, tot de l'animaut sauvatge
La cauja es coma te l'as hèita.

Tanpòc au bal a tu que trucas, a tu que tracas
A tu que tòcas, a tu que rigas, a tu que ragas
A tu que riga-raga on avèvas mis lo cap
Petit caborrut
Enqüèra un còp a tu que trucas, a tu que tracas
A tu que tòcas, a tu que rigas, a tu que ragas
A tu que riga-raga on avèvas mis lo cap pelut

E si l'oblidas dispareish deu lengatge
Autant vrai coma pèc qu'un desir ambiciós
"Assurement", libèra, tot de l'animaut sauvatge
La cauja es coma te l'as hèita.

Vois si tu n'es pas d'avis
A ton avis ça se vit
Vitale hésitation qui va faire éclater le banc des attelés
Balancés dans l'air, sans en avoir d'air
Saoulés dans le temps
Aux folles nuits d'abus du soufflet
Ils s'étirent et rient
C'est bon, c'est l'ton du blues.

Et si c'était ça la vie
Et si on nous l'avait pas dit
L'épique époque aussi va de l'avant
L'aventure est là,
Allez, dis-le nous donc, dis
Dans des mots doux au doux désir, ici
Efficace étape à passer...
Et si tu vas tout droit, t'y auras droit !

vendredi 16 décembre 2016

Définimots - vocabulaire de géométrie

Apprendre les mots de la géométrie en CM2 : tel est le but de Définimots, un jeu proposé par Francetv éducation sur trois échelles de difficulté. Il s'agit de trouver le mot correspondant à chaque définition.

Le vocabulaire de géométrie - Jeu définimots

Publié le 25-11-2016 - Mis à jour le 28-11-2016
Droite, cercle, segment, polygone, carré, équerre.... Ce jeu permet d'acquérir le vocabulaire de la géométrie.

Visite virtuelle de la grotte de Lascaux et ouverture de son fac-similé

(Billet actualisé le 20 février 2019, après une visite de Lascaux IV le 18 février 2019)

L’expression art pariétal (du latin parietalis, « relatif aux murs ») désigne les œuvres réalisées sur des parois d'abris sous roche ou au fond de grottes difficiles d'accès. Ce sont notamment des images et des signes énigmatiques peints ou gravés —arts plastiques et écritures, des facettes/traductions de la même pulsion— tout au long d'environ 35 000 années, spécialement dans des territoires qui correspondent aujourd'hui à l'Espagne et à la France :
Classiquement l’art apparaût vers - 35 000 ans à l’Aurignacien puis se développe jusqu’à une apogée au Magdalénien aux environs de - 13 000. Il régresse ensuite rapidement pour disparaître complètement vers - 8 000. Cette perspective est modifiée depuis peu, la datation directe par SMA donne en effet, après calibration, un âge de - 35 000 pour des œuvres très élaborées de la grotte Chauvet [cf. ce blog]. Dès le début de la période artistique, à l’Aurignacien, il existait donc un art pariétal très accompli.
Mais les découvertes de Blombos bousculent les idées que nous avions reçues... 
Située en Afrique du sud la grotte de Blombos a délivré deux morceaux d'ocre datant de 77 000 ans. Ils sont sculptés de traits obliques et parallèles. Ces motifs géométriques remettent en cause la thèse de la révolution symbolique européenne... [À propos]
Au demeurant, comme l'écrit Joséphine Bindé« disséminées aux quatre coins du globe, des centaines de cavernes ornées ne cessent de repousser les limites spatio-temporelles de l'art pariétal. » En dehors de la France et de l'Espagne, d'après nos connaissances actuelles, les plus anciennes se trouvent en Italie (Fumane), en Roumanie (Coliboaia), en Indonésie (Maros), en Afrique du Sud (Blombos et Maloti-Drakensberg), en Inde (Bhimbetka) et en Australie (The Bradshaws).

Un Centre international de l’art pariétal a ouvert ses portes hier 15 décembre à Montignac-sur-Vézère, en Dordogne, pour montrer aux visiteurs une réplique intégrale (Lascaux 4) de la grotte de Lascaux, l'Altamira française ou « la chapelle Sixtine de l'art pariétal », d'après l'expression attribuée au grand préhistorien Henri Breuil (l'« abbé Breuil »).
Plan interactif pour se repérer.
Il y a environ 20 000 ans, à la période solutréenne de l'époque paléolithique supérieure, l'antre fut décoré avec cerfs, chevaux, bisons, aurochs, félins, un ours, un homme... Au total, 1963 figures peintes et ornées. La France comptait moins de 50 000 habitants. Les artistes avaient besoin d'une intendance collective pour aménager des échafaudages, s'éclairer, disposer de sept pigments différents (pour le noir, ils utilisaient de l'oxyde de manganèse au lieu du charbon de bois), peindre, graver... sans compter les probables rituels ou cérémonies annexes.

 Burin, pinceau, crayon, pochoir, bloc de colorant, tubes pour souffler la peinture.
Atelier de Lascaux/ALBERTO CONDE

L'ilumination au fond des cavernes était fournie par des brûloirs, des lampes en pierre, calcaire ou grès rose ou rouge. On façonnait ces dernières comme des cuillerons dont les creux servaient à placer de la graisse animale et une mèche de feuilles de genévrier pour éviter la suie, astuce très intelligente.

 Lampe simple bloc de calcaire et lampe façonnée dans un bloc de grès.
Atelier de Lascaux/ALBERTO CONDE

Lascaux fut découvert par hasard en septembre 1940 par quatre adolescents, Marcel Ravidat, Jacques Marsal, Georges Agniel et Simon Coencas (juif parisien alors réfugié pour fuir l'Occupation nazie, il vit encore).
Le chien de Marcel, du nom de Robot, s'introduisit après la chute d'un arbre dans ce qui semblait être un terrier de renard, mais qui était, en fait, l'entrée effondrée d'une grotte.
Photos prises à Lascaux IV, le 18 février 2019/ALBERTO CONDE

Un éboulement avait ainsi créé un sanctuaire qui avait réussi la conservation de ses merveilles pariétales, en collaboration avec les qualités protectrices de la calcite blanche...



Calcite sur les murs très modernes de Lascaux IV avant d'accéder à la grotte en fac-similé/ALBERTO CONDE

Lascaux 2, ouvert le 18 juillet 1983 —à 200 mètres en contrebas de l'original— pour éviter les dégâts provoqués par les visites, fut un premier fac-similé du site.
L'Exposition internationale Lascaux, ou Lascaux 3, a été conçue pour faciliter une itinérance mondiale des reproductions des fresques lascautoises. 
Dans Lascaux IV, on trouve tout et à l'identique : la salle des taureaux ou rotonde, le diverticule axial, le passage, l'abside et son puits (1), et la nef, et ses cerfs qui nagent. Seul l'inaccessible diverticule de la frise aux six félins, au fond de la nef, n'a pas été dupliqué.
Cette aventure ou prouesse technique se fit pendant trois ans, en huit étapes ; il fallut scanner la grotte originale, fraiser les blocs en polystyrène et papier mâché (un bras armé métallique, assisté par ordinateur et projetant un fin jet d'eau à très haute pression, sculpta le relief de la grotte dans du polystyrène), peaufiner à la main les moindres détails des parois, prendre l'empreinte en élastomère de silicone, créer des parois en voile de pierre (un assemblage de minéraux sur lequel on ajouta une couche de résine et fibre de verre), restituer les patines, les nuances de la coloration du fond rocheux, reproduire les figures peintes et, finalement, assembler et installer les panneaux comme les pièces d'un puzzle. Puis le tout fut fixé à l'arrière grâce à du béton projeté. (Cf. Joséphine Bindé in Lascaux. Centre international de l'art pariétal. Le secret des artistes des cavernes. Lascaux IV : les coulisses de l'exploit, Beaux Arts éditions, décembre 2016 —ouvrage paru le 4 janvier 2017)

Colline de Lascaux, le 18 février 2019, vers 11h40/ALBERTO CONDE

À propos de cette reproduction exacte, dans la mesure où elle représente la totalité des parties accessibles de la grotte originale...
Le fac-similé représente la quasi-totalité de la grotte originale reproduite avec les techniques et l’art de l’Atelier des Fac-Similés du Périgord (AFSP).
À l’intérieur du fac-similé, l’atmosphère est celle d’une véritable grotte. Il fait humide et sombre, les sons sont assourdis. L’idée est que les visiteurs apprécient la splendeur des œuvres à l’intérieur de la grotte, dans une atmosphère authentique, avec un minimum d’interruptions. Cette zone est surtout dévolue à la contemplation.
Les visiteurs entrent dans la grotte par groupes d’environ 30 personnes et, en haute saison, sont accompagnés par un guide. Cependant, ils vivront, à l’intérieur de la grotte, une expérience aussi personnelle que possible, en contemplant les œuvres d’art sans être trop interrompus, le guide ne donnant que des informations destinées à enrichir leur expérience.
En période de basse saison, il est possible d’utiliser la Torche comme guide. Elle accompagne le visiteur dans le fac-similé, en lui délivrant, dans sa langue, un minimum d’informations. À l’intérieur de la grotte, certains points importants feront l’objet d’un arrêt programmé car ils représentent les incontournables de Lascaux.
Le site du ministère français de la Culture propose une visite virtuelle en vidéo, une présentation et des photos. Voici son entrée en matière (y compris le jargon totémique habituel genre a pour vocation de mettre en valeur, la richesse et caetera) :

Lascaux - Centre International de l’Art Pariétal ouvre ses portes

Lascaux- Centre International de l’Art Pariétal ouvre ses portes au public le 15 décembre 2016 à Montignac-sur-Vézère en Dordogne. Il propose une visite immersive dans la réplique intégrale de la grotte de Lascaux, chef-d’oeuvre de l’art pariétal, ainsi que différents espaces scénographiques de médiation.
Lascaux - Centre International de l’Art Pariétal. Installé à Montignac-sur-Vézère au pied de la colline de Lascaux, le Centre International de l’Art Pariétal a pour vocation de mettre en valeur et d’expliquer la richesse des représentations peintes et gravées situées dans la grotte de Lascaux, chef-d’oeuvre de l’art pariétal, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et fermé depuis 1963. Combinant haute exigence scientifique et volonté d’accessibilité pour tous, le site invite les visiteurs à contempler et ressentir l’émotion authentique de la grotte originale, et réfléchir au contexte environnemental et culturel dans lequel elle a été réalisée. Elément majeur du site, le fac-similé reproduit l’intégralité des parties accessibles de la grotte de Lascaux avec les techniques et le savoir-faire de l’Atelier des Fac-Similés du Périgord (AFSP). Afin d’offrir une visite immersive, l’atmosphère de la grotte originale a été recréée. A la sortie du fac-similé, différents dispositifs scénographiques proposent une expérience de visite s’appuyant sur les dernières technologies de l’image et du virtuel pour favoriser l’appropriation de l’art pariétal et de la civilisation de l’homme de Cro-Magnon. (En lire plus)


Pour l'étymologie de Cro-Magnon, rappelons que c'est la francisation de l'occitan Cròs-Manhon, expression où Cròs signifie « creux, grotte », tandis que Manhon pourrait signifier « grand » (du latin magnus) ou être le nom de l'ancien propriétaire de la terre où Louis Lartet dénicha en 1868 un ensemble de restes fossiles d'Homo sapiens. L'expression vient donc du toponyme correspondant à ce petit abri sous roche situé au bord de La Vézère, sur sa rive droite, dans la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, haut-lieu de l'Âge de la Pierre et siège du Musée national de la Préhistoire.
Signalons en passant que dans cette commune, ou à proximité immédiate, l'on peut visiter 37 grottes ou abris ornés au Paléolithique, dont la splendide grotte de Font-de-Gaume, découverte en 1901 et véritable pépite émotionnelle du coin, dans la mesure où, encore ouverte au public, elle étale —aux yeux fascinés d'un nombre limité de visiteurs par jour— plus de 200 gravures et peintures paléolithiques authentiques dans un cadre très préservé.

 Grotte de Font-de-Gaume (Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil), le 18 février 2019/ALBERTO CONDE

Infos pratiques

Lascaux - Centre International de l’Art Pariétal
Avenue de Lascaux - La Grande Béchade
24 290 Montignac
Ouverture à partir du 15 décembre 2016

Sur le web

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(1) Il s'agit d'un puits normalement inaccessible de huit mètres de profondeur, sous l'abside.
Je reproduis à son égard un extrait d'un bouquin que j'ai offert à ma fille, Découvrir Lascaux, d'Elena Man-Estier et Patrick Paillet (ëd. Jean-Paul Gisserot) :
"Au fond de ce puits, deux parois ont été décorées. L'ensemble le plus connu est une scène plutôt étrange qui a été dessinée au trait noir. On y voit un homme tout nu. Les bras légèrement écartés, il tombe en arrière. Il n'a que quatre doigts à chaque main et sa tête ressemble à celle d'un oiseau. Il est menacé par un bison qui dirige vers lui ses cornes redoutables et en même temps se retourne vers une profonde blessure qui ouvre son ventre. L'homme est-il attaqué par l'animal qu'il vient de blesser ? Il nous semble d'ailleurs reconnaître à côté de lui une arme de chasse, un propulseur couronné d'un oiseau, et une longue lance qui traverse le ventre du bison.
Mais l'histoire n'est sans doute pas aussi simple. À côté de ces deux protagonistes se trouvent aussi un rhinocéros qui s'éloigne tranquillement, et sur la paroi d'en face, un cheval qui observe toute la scène... Alors s'agit-il d'une histoire réelle ou d'un récit totalement inventé ?"

mardi 6 décembre 2016

Gotlib est mort

« On peut rire de tout, mais tout dépend avec qui. »
Gotlib, citant Desproges (Le Monde, 13/03/2014)


Le 4 décembre, le quotidien Le Monde annonçait...

L’auteur de bande dessinée Gotlib est mort

Adepte de l’absurde et de l’humour noir, il a créé des personnages très singuliers, de Gai-Luron au professeur Burp, en passant par Superdupont…
LE MONDE | • Mis à jour le





Marcel Gottlieb, le 4 mai 2005.
Marcel Gottlieb, plus connu sous le pseudonyme de « Gotlib », est mort, dimanche 4 décembre, à l’âge de 82 ans, a fait savoir son éditeur. Il s’est fait avant tout connaître pour ses histoires humoristiques comme Gai-Luron et la Rubrique-à-brac.
« Les millions de lecteurs ayant appris à rire dans les pages de la Rubrique-à-brac, des Dingodossiers ou de Gai-Luron perdent un humoriste fascinant, un dessinateur virtuose, un touche-à-tout iconoclaste et un ami cher qui parvenait à provoquer le rire à la moindre de ses pages », ont annoncé à l’Agence France-Presse les éditions Dargaud.
(...) En lire plus.

Lire l’interview que Gotlib donnait au Monde en 2014 : Marcel Gotlib, hymne à la sainte Déconnade_____________________________
Le 13/03/2014, Frédéric Potet avait déjà publié dans Le Monde...

Gotlib, de la Shoah à Gai-Luron

Le dessinateur de BD, qui aura 80 ans en juillet, a confié 150 planches originales au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, où elles sont exposées pour la première fois.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par

(....)
Les Mondes de Gotlib. Musée d'art et d'histoire du judaïsme. Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, Paris 3e. Tél. : 01-53-01-86-60. De 6 à 8 euros. Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 11 heures à 18 heures, dimanche de 10 heures à 18 heures, mercredi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 20 juillet.
« J'existe, je me suis rencontré »
, autobiographie, par Gotlib, éd. Dargaud. 250 pages, 19,99 euros.
« Hors-série Gotlib »
, numéro spécial collector de Pilote et Fluide glacial réunis. 122 pages. 7,90 euros.

Marcel Gotlib ne nous quittera pas si facilement que cela car nous avons ses personnages. Voici ses classiques sur son site.

Le voici, sur une vieille pépite extraite des archives de l'INA :

Gotlib parle de ses personnages et de son style

20 sept. 1973 02min 37s

lundi 5 décembre 2016

Une activité de recherche et critique sur l'art contemporain

Je suis en train de conclure un cours de formation en ligne pour enseignants intitulé la lecture et la recherche à l'ère du numérique, qui me contraint à publier ici un projet final d'activité pour mes élèves en rapport avec les contenus du cours.

Voici le canevas du projet...



MATIÈRE : Français

NIVEAU : Avancé 2 (École Officielle de Langues)

CADRE : En dehors des cours (travail autonome)

TEMPS pour sa présentation : 12 jours

CONTENU : L’Art contemporain et sa recherche de performances ou productions insolites.

ACTIVITÉS PRÉPARATOIRES déjà réalisées en classe :
—Échauffement oral par groupes de 3 (15-20 minutes) : comment vous construisez votre goût ? Est-ce vraiment votre goût ? Pensez à des exemples.
—Échange en grand groupe (20 minutes) sur la liberté ou la détermination du goût.
—Lecture et compréhension d’un texte à propos d’une passionnée d’art contemporain (30').
—Écoute et compréhension d’un enregistrement sur un artiste contemporain (30').
—Échantillon de textes, images, vidéos sur des artistes contemporains comme Abraham Poincheval, Damien Hirst, Milo Moiré,... (30')
  • Sont-ils des artistes, des provocateurs intelligents, des charlatans âpres au gain, des créateurs de spectacles... ? 
—Un artiste contemporain vient de mourir : présentation d’Ousmane Sow, sculpteur sénégalais. Info du Monde contenant une vidéo : « Portrait d’un grand homme ». (20')

OBJECTIFS du projet proposé :
RECHERCHE : Rechercher sur toute sorte de sources, notamment internet, des articles/critiques laudatifs, négatifs ou pondérés sur une performance concrète (ou les performances artistiques contemporaines en général) en vue d’y réfléchir à partir de contrastes.
PRÉSENTATION CRITIQUE ET RÉSUMÉ RIGOUREUX : En présenter et résumer deux comportant des positions contradictoires, soit l’un face à l’autre, soit à l’intérieur de chacun d’eux.
RÉDACTION PERSONNELLE : Compte tenu de cette antithèse, rédiger un essai personnel sur les tendances les plus visibles de l’art contemporain.

DÉVELOPPEMENT :
1.- Chercher sur internet (ou dans la presse écrite) des articles, critiques, comptes rendus, etc. sur l’art contemporain et/ou ses performances, galeries, salons, affaires, provocations insolites... Ils contiendront soit une vision positive ou bienveillante, soit une perspective négative, voire hostile, soit un point de vue pondéré, tentant de faire la part et des contempteurs et des enthousiastes de l’art contemporain.

2.-Cette recherche devra respecter les grandes lignes de ce contrat ad hoc et tiendra compte de certaines conclusions du rapport EVALUATING INFORMATION: THE CORNERSTONE OF CIVIC ONLINE REASONING, résultat d'une enquête de l'Université de Stanford menée de janvier 2015 à juin 2016 (relayée en français par Le Monde du 23/11/2016) qui conclut et prévient, entre autres :
« La capacité de raisonnement des jeunes sur l’information en ligne peut être résumée en un seul mot : désolante », peut-on lire dans l’introduction de cette étude, menée auprès de 7 804 élèves et étudiants, du collège à l’université, entre janvier 2015 et juin 2016. « Nos “digital natives” sont peut-être capables de passer de Facebook à Twitter tout en publiant un selfie sur Instagram et en envoyant un texto à un ami, mais quand il s’agit d’évaluer l’information qui transite par les réseaux sociaux ils sont facilement dupés. »
3.-À partir des recherches évoquées dans le point 1, confectionner deux ou trois petites collections pertinentes de critiques favorables et défavorables, ou éventuellement mixtes, à l'égard du marché de l’art contemporain. Pour leur présentation ultérieure, il faudra créer deux ou trois tableaux sur Pinterest où l'on enregistrera ses ressources ou contenus sous forme d'épingles.

4.-Sélectionner deux (ou trois) de ces productions. L’une de ces deux appréciations, au moins, doit être un article de presse, un billet de blog ou un texte de ce genre.
Quant à l’autre ou autres documents, on pourrait avoir recours à d’autres supports : vidéos, enregistrements audios (radio), vignettes, etc.

5.-Une fois choisi ces deux (ou trois) jugements, les présenter moyennant une brève introduction (70-90 mots) expliquant leur nature et contexte, et justifiant leur intérêt.

6.-Rédiger ensuite pour chacun un résumé de leur sens et de leurs atouts (60-70 mots). Ces résumés prouveront un correct repérage des informations et idées essentielles au détriment des secondaires.

7.-Rédiger finalement une synthèse personnelle montrant sa position à l’égard des aspects les plus visibles de l’art contemporain (200-230 mots).

ÉVALUATION :

Le professeur vérifiera que chaque apprenant présente :
1.-Deux ou trois collections de liens ou de documents sur l’art contemporain prouvant ses recherches dans des domaines variés. Chaque apprenant les transformera en épingles constituant deux ou trois tableaux enregistrés et affichés sur Pinterest, comme dans cet exemple.
2.-Une sélection de deux (ou trois) documents (cf. point 4 ci-dessus) adéquatement introduits en justifiant leur intérêt. Il ne faut pas oublier nom de l’auteur, titre, genre/nature, date et contexte de la production. Une introduction adéquate sur chaque épingle de Pinterest (500 caractères) pourrait suffire.
3.-Deux (ou trois) résumés des documents (60-70 mots) les rendant justice.
4.-Un essai de 200-230 mots montrant sa position personnelle à propos de l’art contemporain.
5.-La présentation des points 3 et 4 pourrait se faire sur un blog ou web personnel ou, éventuellement, en pièce jointe à un courriel. De même pour le point 2 au cas où l'on aurait besoin d'un peu plus de 500 caractères.
Le professeur vérifiera également la correction orthographique, lexicale et grammaticale, et la qualité de la construction textuelle et argumentative des productions écrites remises ou présentées.

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En guise d’exemples d’informations-réflexions actuelles sur l’art contemporain, en voici deux, en castillan et en français respectivement.

Le premier texte, que je reproduis grâce à l’aimable autorisation de son auteur, Joaquín Rábago, et bien entendu dans un but éducatif et non lucratif, a été publié par le quotidien Levante-El Mercantil Valenciano le 2/12/16.

Le second est disponible sur le site web de la chaîne de radio publique France Culture et c’est la transcription des 4 minutes d’émission radiophonique de la Revue de presse culturelle d'Antoine Guillot du 26 février 2014.

Levante-EMV » Opinión
Arte de triunfadores
Por Joaquín Rábago 02.12.2016 | 04:15

Cuenta el historiador y teórico alemán Wolfgang Ullrich una anécdota muy representativa de un tipo de arte que él califica de "arte de triunfadores para triunfadores".
El Museo de Arte Contemporáneo de Massachusetts encargó en 2007 un proyecto al suizo Christoph Büchel, cuya propensión a las grandes instalaciones es muy conocida.
Büchel quiso aprovechar al máximo la infraestructura de ese museo, dotado de grandes talleres, así como las posibilidades logísticas que ofrecía e ideó una obra consistente en una casa de dos pisos, un Boeing 727 incendiado, una vieja sala cinematográfica y un tiovivo con bombas.
Cuando se llevaban ya gastados más de 300.000 dólares en aquel megalómano proyecto, al director del museo le pareció que Büchel se había extralimitado, pero, en vez de renunciar al mismo, optó por presentar sus distintos elementos empaquetados y por separado en una de sus salas.
Indignado, el artista pidió el desmontaje de todo y exigió una indemnización. El asunto acabó ante un tribunal, que dio la razón al museo, y como reacción, Büchel declaró obras de arte las cartas recibidas de la dirección del museo documentando la polémica, cartas que intentó luego vender al precio de 45.000 dólares cada una. Es lo que llamaríamos arte conceptual.
A ese tipo de arte ha dedicado Ullrich su último libro (1), en el que repasa y analiza las estrategias seguidas por algunos artistas para realzar el valor de sus creaciones, destinadas hoy menos a museos que a particulares que no saben qué hacer con su dinero.
Se trata de artistas que atienden las necesidades de una riquísima clientela, que muchas veces no tiene el menor sentido ni conocimiento estético y para la cual el valor de una obra depende sobre todo del dinero que la gente de su condición esté dispuesta a pagar por ella.
Mientras que el precio de cualquier otra mercancía se rige por la ley de la oferta y la demanda, en el caso del arte del que habla Büchel, depende sobre todo de su capacidad de escandalizar al mundo por el precio pagado.
Ese tipo de obras hacen más "visible la riqueza" de quienes pueden permitírselas porque gastar tanto dinero en algo "cuyo valor es inseguro e inexplicable" para el común de los mortales tiene un fuerte "carácter de irracionalidad".
Que un yate cueste varios millones es algo que puede explicarse racionalmente, pero no que se pida la misma suma o incluso más por un cuadro del alemán Gerhard Richter acabado en una sola tarde "con un rascador y pinturas de vivos colores y de la que existen cientos de variantes", señala Ullrich.
Los artistas de los que habla el autor trabajan muchas veces pensando no en el museo, sino en el ambiente doméstico de un coleccionista privado y de hecho muchas de esas obras acaban en penthouses o en chalets cuando no en algún puerto franco de Suiza.
Son obras en muchos casos con un fuerte carácter decorativo – de hecho algunos de esos artistas han trabajado para casas de moda- y que pueden combinarse perfectamente con otros objetos de interior como muebles de diseño, lámpara o alfombras.
Y si el artista quiere pese a todo presumir de anticapitalista y rebelde, como tantas veces ocurre, tiene que hacerlo con ayuda de un aparato crítico, que algunos teóricos del arte o comisarios de exposiciones están más que dispuestos a aportar.
Muchos de esos artistas, como el británico Damien Hirst, el estadounidense Jeff Koons, o el japonés Takashi Murakami, tratan además de influir en la recepción de sus obras, determinando, por ejemplo, qué publicaciones pueden reproducirlas o exigiendo ver antes los textos que se les dedican. El libro de Wolfgang Ullrich ofrece varios ejemplos de tales exigencias, pues los lugares reservados para la reproducción en sus páginas de las obras de algunos de los artistas de los que habla – Jürgen Teller, Koons, Andreas Gursky o Thomas Ruff - aparecen en blanco con la nota de que se obtuvo la autorización correspondiente.

(1) „Siegerkunst. Neuer Adel, teure Kunst“ (“Arte de triunfadores. Nueva aristocracia, caro deseo"). Verlag Klaus Wagenbach, 2016.

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Tout doit disparaître (éloge de l'art éphémère)
Antoine Guillot, France Culture, 26.02.2014 (4 minutes)

“Jeff Koons, Takashi Murakami ou Damien Hirst, ceux qui « font » le marché ne l’intéressent pas. Ou plus… leurs ateliers usines situés aux Etats-Unis ou en Asie, pour se tenir au plus près des musées, des grands galeristes et des très riches collectionneurs qui les accueillent, les vendent ou les achètent, la laissent indifférente. L’ancienne directrice artistique de la Biennale de Sydney, en 2012, commissaire de celle de Moscou, en septembre 2013, et du pavillon australien à la Biennale de Venise, vous expliquera que l’art qui l’intéresse, elle ne le connaît pas, pas encore du moins. Il vient, il se fait dans la marge, aujourd’hui ou demain. S’il faut aller à Miami ou dans un musée pour voir des œuvres, ça n’est plus de l’art contemporain. Trop tard.” Ces positions sont celles de Catherine de Zegher, directrice depuis peu du Museum voor Schone Kunsten, ou MSK, le Musée des beaux-arts de Gand, en Belgique. Philippe Douroux a dressé son portrait dans Libération. “Les œuvres des artistes installés, des hommes dans 98% des cas, l’ennuient trop souvent, écrit-il. « Je ne vois là, la plupart du temps, rien que des produits à vendre », lâche-t-elle sans animosité, mais avec amusement. Elle cherche à mettre la lumière sur les invisibles, les femmes notamment. Quant aux galeristes, elle les évite : « Je ne vais pas les voir. Après, si un artiste que j’ai repéré est exposé dans une galerie, alors oui, je ne vais pas me détourner, je ne suis pas asociale non plus. » […] Ce qui l’intéresse ce sont les artistes invisibles : « 2% accaparent 98% de la masse d’argent générée par l’art contemporain et 98% des artistes se partagent les 2% qui restent. C’est ceux-là que je vais voir. »
En lire plus.

Guerre d'Algérie, causes et conséquences

Je suis à présent un cours de formation en ligne pour enseignants intitulé la lecture et la recherche à l'ère du numérique, qui me contraint à glaner, sur internet et ses réseaux sociaux, des infos en rapport avec un contenu de mes cours en vue d'élaborer une synthèse sur Storify. Ce billet est en rapport avec un autre déjà publié au sujet du massacre du 17 octobre 1961.

Reconstruction du 30.09.2018

Mais... As of May 16, 2018 Storify is no longer available...
Donc, j'ai essayé de reconstruire le contenu de l'information disparue. Là voilà, pour l'essentiel :


Histoire de la Guerre d'Algérie, causes et conséquences
Dans sa séance du "Moi, lecteur" du 15 novembre, José Carlos présenta un ouvrage de Bernard Droz et Évelyne Lever : Histoire de la Guerre d’Algérie (1954-62), Seuil, 1982. Il s'ensuivit une belle série de rebondissements collatéraux, dont le massacre du 17/10/1961, nous menant à l'actualité...




JC appuya son intervention sur trois vidéos de son choix. La première était due à Samir Zarqane et abordait Les causes de la guerre d'indépendance algérienne (8'15'')...



Puis, nous visionnâmes un bref documentaire de l'Obs intitulé Comprendre les origines de la guerre d'Algérie (2'46''), mis en ligne le 30 octobre 2014 : "Il y a 60 ans débutait la guerre d’Algérie. En voici les raisons."



Enfin, ce fut le tour de La Guerre d'Algérie, 8e volet du projet Réalisons l'Europe. L'Europe et le colonialisme, une réalisation du Collège André Malraux de Paron. Durée : 13’48’’. Ce chapitre rend compte du contexte et des principaux évènements politiques qui déclenchèrent et mirent fin à la Guerre d'indépendance de l'Algérie. Il précède la partie 9 sur les conséquences de cette guerre.



Quand les commentaires et les questions fusèrent, il fallut aborder le massacre du 17 octobre 1961...

Un webdocumentaire commémore les 50 ans du Massacre du 17 octobre 1961

"La date du 17 octobre 1961 reste dans l'Histoire associée à un massacre : une manifestation organisée à Paris par la Fédération de France du F.L.N. (Front de Libération Nationale ; Jabhat al-Taḩrīr al-Waţanī, en arabe) en faveur de l'indépendance de l'Algérie fut réprimée dans le sang. Les forces de l'ordre françaises, dirigées par le préfet de police Maurice Papon, tuèrent deux centaines d'Algériens par balle, à coups de matraque, étranglés ou noyés. Beaucoup des manifestants furent internés pendant quatre jours dans des centres de détention où ils auraient subi des tortures. Début octobre, Papon avait exprimé clairement qu'il couvrirait les excès policiers ; devant le personnel réuni pour les obsèques du brigadier Demoën, assassiné par le FLN, il avait déclaré dans son allocution : "Pour un coup, nous en rendrons dix." Le 5 octobre, Papon renchérit et décréta un couvre-feu parfaitement discriminatoire car il ne concernait que les Français musulmans d'Algérie. L'appel du FLN à manifester pacifiquement déclencherait la boucherie."


Ce billet du blog Candide résiste relaie, entre autres, un film de JEAN-JACQUES BERYL : 17 OCTOBRE 1961, L'ORDRE FRANCAIS, France, 2013, 48'.

[Pour des raisons de droits d'auteur, la vidéo n'est plus disponible]

Sous le titre 17 octobre 1961, un crime d’État, les Indigènes de la République organisèrent une rencontre autour du film de Beryl qu'ils publièrent sur Youtube (1h06') :




L'évocation des Indigènes de la République, renvoie forcément à sa cofondatrice Houria Bouteldja et à son essai très récent Les Blancs, les Juifs et Nous (La Fabrique éditions), ouvrage que nous saluons en raison de ses nombreuses et salutaires vertus. Sa perspective, largement ignorée par le grand public, les grands média ou l'enseignement, la justesse de sa critique du colonialisme et de la culture blanche, sa critique impeccable de l'Histoire officielle, sa lucidité à bien des égards... rendent sa lecture incontournable, même si sa crudité insolite pourrait choquer des saint(e)s nitouches effarouché(e)s et bien que certaines affirmations ou propositions soient parfaitement discutables ou absolument à discuter. Sa voix fière, indignée et très intelligente se rebiffe très naturellement contre une agression historique (reliant passé et présent, ancrant ses racines dans le passé, agissant toujours comme cadre et culture néfastes dans le présent), qui devrait faire honte et avec laquelle il faut en finir. Pour s'en faire une idée, voici deux interventions de cette femme courageuse. La première à côté de son extra-ordinaire éditeur, Éric Hazan...



...et la deuxième lors d'une rencontre-discussion avec Isabelle Stengers :



CODA 1 - Pour mieux connaître l'Histoire : Quand Tocqueville légitimait les boucheries en Algérie, par Olivier Le Cour Grandmaison, Le Monde diplomatique, juin 2001.
La tradition libérale a toujours promu et justifié l'esclavagisme, le colonialisme et la guerre de déprédation (cf. Domenico Losurdo : Contre-histoire du libéralisme, Éd. La Découverte, janvier 2013).
« J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre », écrit Alexis de Tocqueville avant d’ajouter : « Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux. »
[Alexis de Tocqueville, Travail sur l’Algérie, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 704 et 705.]

C'est peut-être aussi un bon moment pour rappeler que tout conflit comporte également un affrontement de narrations. Bref, tout changement de perspective transforme complètement tout récit, y compris son titre. Disons que la soi-disant Guerre d'Algérie est connue en Algérie comme la Guerre de Libération nationale (au même titre que toutes les autres Libérations).

CODA 2 - Pour mieux connaître l'Histoire : Les crânes oubliés de la conquête de l'Algérie (sur le site d'information et de débat en ligne Là-bas, si j'y suis du 29 juillet 2016).

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Mise à jour du 6 juin 2019 :

Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste, exerce dans son cabinet de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) depuis 2002 et à Alger depuis 2006.
Autrice de La Parole oubliée (Érès, 2015), j'ai appris grâce à Le Monde diplomatique qu'elle a publié en septembre 2018 Le trauma colonial. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l'oppression coloniale en Algérie, Éd. de La Découverte.


En voici sa quatrième de couverture :
Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom... La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c’est l’une des clés, explique l’auteure, de la permanence du « fratricide » dans l’espace politique algérien : les fils frappés d’illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l’illustrent le conflit tragique FLN/MNA lors de la guerre d’indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d’État.
Une démonstration impressionnante, où l’analyse clinique est constamment étayée par les travaux d’historiens, par les études d’acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri…).
Sous le titre Les Français n'ont toujours pas digéré la guerre d'Algérie, Thierry Leclère nous en livre son analyse en deux pages (6 et 7) du Siné Mensuel nº 87 (juin 2019).
À propos de l'ouvrage de Karima Lazali et de sa radiographie, si j'ose dire, de la mémoire collective en France en rapport avec la colonisation et la guerre d'Algérie, il affirme :
En fine lectrice de Frantz Fanon, auteur de l’incontournable Peau noire, masques blancs, psychiatre compagnon de route de la révolution algérienne (mort en 1961, à 36 ans), Karima Lazali ausculte les impensés et les blancs de notre mémoire collective avec les lunettes de la clinicienne. Et c’est en cela qu’elle va plus loin : « les historiens ont parlé d’histoire oubliée. En fait, elle est impossible à oublier. Il s’agit d’autre chose : cette histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie n’est toujours pas inscrite dans les mentalités, dans le discours public, dans l’imaginaire collectif. Il ne faudrait pas parler d’oubli mais plutôt d’effacement. » Une histoire effacée, donc, et pas même refoulée comme on pourrait l’imaginer : « Vous refoulez quand c’est inscrit. Là, c’est l’inverse du refoulement », insiste la psychanalyste. Cette histoire n’est toujours pas inscrite dans le discours commun. La machine de l’effacement, elle est là. »
Et il prend acte de la situation en 2019...
Nous voilà dans l’ère du « oui, on sait tout ça, mais il faut passer à autre chose ». (...) Oui, la conquête coloniale a décimé probablement un tiers de la population algérienne, mais passons à autre chose... Passer à autre chose sans avoir vraiment nommé la chose ? Pas besoin d’être psychanalyste pour comprendre qu’on n’ira pas très loin comme ça. « Une partie des Français n’a jamais accepté l’issue de la guerre d’Algérie. Sous le signe de la vengeance, une mauvaise mémoire joue contre les immigrés maghrébins. Toute une légende de « l’invasion arabe » hante l’opinion », écrivait dans les années 1990 l’historien Yvan Gastaut*. C’est toujours vrai. Même si le 11 Septembre, Al-Qaïda et Daech sont passés par là, le trauma colonial reste, en France, la partie immergée de l’iceberg du racisme anti-Arabe. Étonnez-vous, après ça, qu’année après année, « l’indice de tolérance » des Maghrébins et des musulmans, comme dit la très officielle Commission nationale consultative des droits de l’homme, arrive en avant-dernière position, après les Noirs et les Juifs, et juste avant les Roms. Il n’y a guère que ces derniers pour prouver aux Français de culture musulmane qu’on peut être encore plus mal vu dans ce pays qu’un Arabe !

*« L’Algérie se dévoile », chap. 1 de Sociologie d’une révolution, de Frantz Fanon, Maspero 1959, réédité en 2001 par La Découverte sous le titre L’An V de la révolution algérienne.

vendredi 25 novembre 2016

Contrat réglant une tâche de recherche

Je suis à présent un cours de formation en ligne pour enseignants intitulé la lecture et la recherche à l'ère du numérique, qui me contraint à concocter et publier sur mon blog un contrat de recherche sur le modèle de celui d'Una investigación de libro. Guía práctica para docentes (guide de référence en castillan pour les professeurs participants). Voici, donc, une...

Proposition de tâche autour d’une recherche
et contrat de responsabilité


MATIÈRE et NIVEAUX :

Français. NI2, NA1 ou NA2 des Écoles Officielles de Langues.

OBJECTIFS :

Présenter en français un sujet qui me motive devant la classe.
Pratiquer la recherche en français en ayant recours à des sources traditionnelles et aux énormes possibilités d’Internet.
Faire un exposé oral qui pourra s'appuyer sur toute sorte de supports.
Lancer et animer un débat

DÉVELOPPEMENT :

—Choix d’un sujet qui vous semble intéressant et sur lequel vous avez une certaine compétence, voire considérable. Si chaque apprenant propose un sujet de sa spécialité, il se sentira bien mieux à l’heure de l’aborder en français et le groupe bénéficiera à la fin de l’année d’une expérience très variée en contenus, informations et champs sémantiques.

—Préparation, donc recherche : ressources propres, encyclopédies, bibliothèques et médiathèques physiques (municipales, universitaires, instituts culturels des ambassades), presse écrite, internet (dictionnaires, encyclopédies et bibliothèques numériques, presse et médias en ligne, radios, télévisions, blogs de qualité, sites des organisations de terrain, plateformes non conventionnelles...)…

—Exposé de mon sujet à l’aide de supports classiques (voix, tableau, photocopies si nécessaire...) et numériques, en fonction des possibilités ou besoins : projection d’articles, photos, diapositives, infographies, vidéos... ; écoute d’audios, chansons, extraits d’émissions radiophoniques...

—Animation d’un débat à ce sujet, ce qui comporte la préparation de bonnes questions là-dessus.

CONTRAT SIMPLIFIÉ DE RECHERCHE (INFOGRAPHIE), appliqué à cette tâche



CONTRAT LÉGÈREMENT DÉTAILLÉ DE RECHERCHE :

—Je choisirai un sujet de mon intérêt ou de ma spécialité. J’aurai ainsi la possibilité d’initier mes camarades en telle ou telle matière ou parcelle du savoir ou de l’actualité. Je réfléchirai à l’approche qui me conviendrait le plus, à partir de quoi je tracerai un plan qui déterminera ma quête d’informations pertinentes et la manière de les illustrer, le cas échéant.

—Je me demanderai où chercher la meilleure information, je me poserai des questions sur la fiabilité ou les intérêts de mes différentes sources. Je penserai aussi à mon public et ses compétences théoriques. Je glanerai des contenus essentiels et des matériaux utiles à la présentation et démonstration desdits contenus.

—Je compilerai de manière ordonnée et claire toutes les sources et références recueillies/utilisées pour pouvoir les citer honnêtement et décemment. En cas de publication écrite de mon projet, j’aurai recours soit à des formats de citation, soit à des notes ou à une bibliographie-sitographie finale, soit aux guillemets, italiques ou liens hypertextes qui me permettront de rendre justice à mes sources. À l’heure de mon exposé, donc à l’oral, je remplacerai les guillemets par les expressions « début de citation », « fin de citation ».

—Je préparerai un bon schéma ou scénario pour mon exposé. Je distribuerai et connecterai les contenus de mon intervention. Je n’oublierai aucun maillon fondamental de mon ensemble. Je ne négligerai pas les bons exemples pouvant illustrer mon argumentation.

—Lors de mon exposé, l’idée n’étant pas de tout écrire, j’essaierai de parler le plus naturellement possible devant un public que je tenterai de regarder dans les yeux.

J’accepte les conditions de recherche et d’exposé énoncées ci-dessus et veillerai à les respecter

À ….………….., le...... .................... 20....




Signé : la chercheuse, le chercheur.
       

dimanche 20 novembre 2016

65 jours dans le meilleur des mondes des derniers jours de l'humanité

Cela peut être le signe de la mort d'une culture, que le 
ridicule ne tue plus, mais agisse comme un élixir de vie.
Die Fackel, 834, mai 1930, p. 2

(...) pertenecemos al tercer mundo de la información, 
pese a ser el país europeo que más utiliza las redes sociales 
(Whats App, 86%, Facebook, 83%, You Tube, 72%....) 
estamos metidos en el analfabetismo del análisis. Saturados 
de chorradas que duran menos que el tiempo de leerlas. 
Gregorio Morán: No hay vírgenes en el periodismo,
Bez, 19 de noviembre de 2016



Je suis à présent un cours de formation en ligne pour enseignants intitulé la lecture et la recherche à l'ère du numérique. Je suis un formatage, donc je ne suis temporairement pas. Ce sont 65 jours dans le meilleur des mondes (7/10-12/12/2016), expérience stupéfiante. Après hésitation, j'ai accepté de devenir cobaye, dangereux élan scientifique et méthode d'enquête qui me rend un peu semblable à Günter Wallraff et ses pairs.

Le meilleur des mondes, c'est Candide, Leibniz tamisé par Voltaire. Et c'est aussi The Brave New World, le splendide nouveau monde d'Aldous Huxley. Ou Die letzten Tage der Menschheit  (Les Derniers jours de l'Humanité) de Karl Kraus. Ou la mondialisation heureuse et tiqueuse des libéraux high tech high TIC, et de leurs ouailles, diligemment prêtes à donner ou recevoir des données personnelles et des mots d'ordre, à assurer la réplication du système dans tous les dividus de l'organisme social, chacun dans sa position hiérarchique et dividuelle du moment.

On nous soûle au haut débit priv-attisé, celui —privé de vie— de la mainmise des affaires sur nos existences. On nous bourre d'écrans, de logiciels parure du néant et de re-sots réseaux sociaux, moule cyberstructurel de plus en plus armé (comme la police et le béton) dans lequel il faut rentrer gaiement, comme des soldats de, pourquoi pas, puisque nous y sommes, Les Derniers jours de l'Humanité de Karl Kraus. Et dans les tranchées resplendissantes du numérique profond, d'où il faut bombarder Venise, on éprouve un indicible et cinglé éloignement de la vie et de la nature, voire des lectures et des recherches, et on brûle de soif d'en sortir pour pouvoir se rattraper et retourner à la vie et aux promenades, aux lectures et aux recherches...

On dit que les poissons méconnaissent l'eau. Or celui qui s'enfonce dans les filets sociaux de l'individualisme théorique a perdu conscience qu'il habite un monde parallèle fait de flux viraux insaisissables ; étourdi de vertige et de voracité retouitivement creuse, le sinciput rimbaldiennement plaqué de mortels enthousiasmes vagues, il n'aura jamais le temps de composer une prière au temps ni d'acheter le crayon qui soulignerait ses livres. Bref, il ignore le repos, le (vrai) plaisir (non vicaire) et, bien sûr, la lecture —l'alibi des inepties qu'on nous programme.

Permettez que je vous invite à une expérience de 7 minutes, voire moins, concernant l'ineffable monde des présentations, qui constituent l'un des formalismes et pratiques illustrant le mieux cet univers d'absence radicale de sens destiné à l'obnubilation des gogos. Au lieu de clase, presentación, instrucciones, voire tutoría a distancia (cours, présentation, mode d'emploi...), on l'appelle tutorial, pour compléter la bourde en langue impériale, leur seule source d'inspiration. Si cette connerie vous écœure, abrégez-la, visionnez-écoutez juste dès 6'47''.


Sensationnel. Next Stop... The World Domination... Hahahaha !  
Moderne, créatif, innovant, dynamique, compétitif,... c'est-à-dire, pathétique, ahurissant, futile, distractif, american way of life, flippant... Plus con, tu meurs, mais ça tue tout de même.

Ça fout la trouille, cette culture engourdit les neurones, abrutit. C'est à ce genre de nullités qu'il faut consacrer le temps, l'énergie, le talent, la concentration..., la trempe qu'un cerveau humain normalement constitué pourrait accorder à d'autres cultures plus hédonistes et fructueuses.

Ceci est un simple exutoire, un soulagement qui ne servira à rien. En l'écrivant, je rejoins dans l'inutilité révoltée des gens comme ceux que j'ai rassemblés à la hâte sur un tableau de Pinterest, l'un des réseaux sociaux auxquels j'ai dû adhérer pendant ma toxique descente aux enfers de la modernité. Des gens comme Alfonso Berardinelli, que je ne connaissais pas il y encore un mois, et qui écrit dans Leer es un riesgo (Círculo de Tiza, Madrid, 2016, page 95 —traduction de son Leggere è un rischio, gransasso nottetempo, 2012, par Salvador Cobo) :
(...) Las tecnologías informáticas y telemáticas son mi bestia negra, o mejor aún, mis molinos de viento. No son enemigos que combatir. Han vencido desde el principio, y doblegarán también la mente humana que piensa que las ha creado para "usarlas", para ponerlas a su servicio. He leído alguna que otra fábula antigua, y creo más en estas que en las actuales fábulas neotecnológicas. Despotrico contra ellas con mucho gusto y sin finalidad alguna.
El vigoroso gigante tecnológico que hemos inventado para ser ubicuos, omniscientes y más rápidos que la luz, ya ha comenzado a jugar con nosotros como el gato y el ratón. No somos sus amos, somos sus esclavos.
Nous ne lisons pas, nous sommes lus... (cf. Yuval Noah Harari)

Et puis, ne me demandez pas pourquoi, je pense à la Mémoire de La Terre Gaste, de Michel Rio, machine compilant tous les savoirs humains sur une planète dévastée... Ou je frémis en lisant, sur le site du quotidien suisse Le Temps, cette article au sujet de «Homeland security-Cyber» (HLS-Cyber),...
(...) l’événement international en matière d’antiterrorisme et de cyberguerre organisé tous les deux ans à Tel Aviv pour flatter le «know how» [savoir-faire] des entreprises spécialisées de l’Etat hébreu. [Où l]es chargés de communication, fort affables au demeurant, vantent les mérites des drones tueurs, de systèmes de protection «intelligents», de logiciel de cryptage pour smartphones et de caméras d’identification faciale (...).
 ...devant des...
Responsables et hommes politiques étrangers [qui] se pressent pour connaître les dernières tendances [en la matière]  
 (C'est Candide qui y mets du rouge).

 Mongolia, novembre 2011

Mauro Entrialgo, Mongolia, Novembre 2016