mercredi 23 octobre 2019

L'audiovisuel et l'éloquence

On causait rhétorique avec mon frère, prof et balèze en la matière, et je lui demandais s'il avait vu en action un jeune collègue, docteur en Sciences Politiques, qui fait une courte section apparemment à succès sur Canal Plus, en France.
Je lui parlais de qui intervient tous les soirs sur le plateau de Clique TV pour mettre Les points sur les i au sujet d'un fait rhétorique d'actualité. Clique, à son tour, est l'émission que présente, à 19h55, le journaliste et acteur Mouloud Achour —dont l'aspiration explicite est toutefois de ne pas s'intéresser à l'actu, mais au monde actuel, tout comme de ne pas faire la course aux clics, mais aux kiffs, ou de plutôt accueillir de nouveaux visages que des visages connus.

La référence de Clément Viktorovitch me vint spontanément à l'esprit car je venais de le découvrir quelques jours avant, à travers une poignée de vidéos, et qu'il m'avait semblé particulièrement déluré : en fait, il décortique et analyse les sales coups discursifs que certains faux-culs répandent sous couleur d'expertise. Voilà, c'est exactement le sens de décrypter : traduire en clair, restituer le sens d'une parole tripatouillée. Où l'on voit bien que le prestige est nu.
C'étaient des vidéos comme celle dévoilant un tour de passe du grand captieux et très arabophobe chef de l'éducation systémique Michel Blanquer : ah, ce recours à des proverbes s'auto-accomplissant pour bétonner ses salades, cette volonté de ne pas affaiblir par des mots ce que certains bourre-mous peuvent avoir de dur ou de choquant :



...ou comme celle consacrée à une habituée des grands plateaux, honneur qu'elle doit sans aucun doute aux énormités de faf caractérisée qu'elle a toujours proférées :



C'est alors que mon frère me fit remarquer que la rhétorique semblait un tant soit peu en vogue actuellement en France et m'évoqua, tour à tour, d'abord un film d'Yvan Attal, Le brio (2017), aux critiques divisées, avec Daniel Auteuil et Camélia Jordana, puis un documentaire tourné à Saint-Denis et qu'il trouvait impressionnant, malgré la crétine traduction du titre du film en castillan ("A viva voz") et bien que lui et moi, nous n'appréciions guère ni les concours ni la téléréalité.

Camélia Jordana obtint le César du meilleur espoir féminin en 2018 pour son rôle dans Le brio. Voici la bande-annonce de ce film :

 
En ce qui concerne le documentaire cité ci-dessus, il s'agissait d'A voix haute, la force de la parole, tourné en effet à l'université Paris-VIII à Saint-Denis. La réalisation et le scénario ont été signés par Stéphane de Freitas, qui a compté sur Ladj Ly dans la coréalisation. La musique est due à Superpoze.
Quant aux dates de sortie en France, après une première diffusion sur YouTube : le 15 novembre 2016, première télévisuelle sur France 2 ; puis projection le 14 mars 2017, dans une version plus longue, au Festival de Valenciennes ; le 12 avril 2017, sortie définitive en salles.

Voici une présentation du film sur Télérama, Un puissant cri de rage, dont un extrait :
A voix haute, la force de la parole raconte l'aventure d'Eddy, Leïla, Franck, Elhadj et d'autres. Pendant six mois, ces derniers ont pris part au concours Eloquentia organisé chaque année afin d'élire « le meilleur orateur de Seine-Saint-Denis ». Une expérience où les participants, en cherchant la meilleure réplique sur des sujets sensibles, apprennent aussi sur eux-mêmes. Le documentaire invite à porter un autre regard, plus subtil, sur la jeunesse des banlieues. — Raoul Mbog
En voici la bande-annonce :

Synopsis : Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours “Eloquentia”, qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ».
Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes.
Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ».

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