¿La banca aprendió algo del 2008?
Aprendieron que pueden salirse con la suya hagan lo que hagan.
Que
los ciudadanos somos idiotas. Y que no importa cuán mal lo hagan,
seguiremos aceptándolo.
¿Nada ha cambiado?
Algo sí ha cambiado. Antes del 2008 pensaban que si provocaban
un crash
y multitud de escándalos quizás nos enfadaríamos y los
encarcelaríamos.
O que votaríamos a otros políticos. Ahora saben que
incluso haciendo
las cosas mal, nada les pasará. Eso es lo que ha cambiado.
Propos recueillis par Luis F. Florio pour La Vanguardia,
09/05/2016 à 00h05, mis à jour le 11/05/2016 à 09h55)
L'actu nous renvoie encore à Archimède :
Les inégalités explosent dans le monde, l’instabilité politique menace
La parution d’un rapport fruit du travail d’une centaine d’économistes de tous pays jette une lumière crue sur l’un des thèmes majeurs de ce début de siècle.
(...)
Presque toutes les parties du globe ont connu une montée des inégalités de revenus lors des dernières décennies. Leur évolution peut se résumer en un graphique : la fameuse « courbe de l’éléphant » (son tracé évoque la tête et la trompe du pachyderme), popularisée par l’économiste Branko Milanović et réactualisée dans le rapport.
(Le Monde Économie, 14.12.2017 à 06h39 • Mis à jour le 14.12.2017 à 11h08 | Par Marie Charrel, Marie de Vergès et Philippe Escande)
Où il est question, d'un côté, d'un transfert massif de la richesse publique vers le privé, et de l'autre, d'une énorme concentration de la richesse mondiale entre les mains d'une petite minorité, au détriment donc d'une immense majorité qui trime et rame.
Et pourtant, on savait. C'est Forbesworld.
L'Argent a toujours su pomper de l'argent. Et la prédation financière dispose —depuis surtout les années 80, grâce au développement galopant des dérégulations, des nouvelles technologies, des mathématiques appliquées à l'immatériel et au non-réel (sublime alchimie créatrice de bulles à répétition)...— de tous les atouts nécessaires à la satisfaction de son but, au vol de sa flèche, au vol.
Ajoutons que cela facilite le contrôle par la Finance de la Vérité et donc, le triomphe d'une idée triste et cuistre de Progrès qui vient à bout de la planète. Sa mise en œuvre nous amène à la Terre Gaste.
Bref, la persévérance dans son être du Système Financier ne connaît pas de repos ni sur le plan des faits, voire les faits accomplis, ni sur celui de la com, matraquage qui vexe, dégrade, accable nos jours et empoisonne nos cauchemars. Affreux pompon.
Et pourtant, quand les masters et mastères de l'univers s'expriment, on se demande vraiment pourquoi de tels fats et de telles fates s'élèvent (sont élevés) à la condition de gourous (maîtres à dispenser de penser), d'où découle la survalorisation de telles inanités, quelle fibre soutient un tel engouement, bref sur quoi repose cette plus-value de la couillonnade débile, la bourde ou la tautologie criminelle et sans état d'âme. Sur l'éblouissement du blé fabuleux qui rémunère ces lumières ? Sur la peur d'en finir avec la routine (et sa feuille de routine) ? Sur la mare d'une intox prolongée tous azimuts qui fait office de substance incontournable (et dispense aussi de penser) ? Sur le respect des mantras ? Sur le prestige du prestige ? Il s'agit certainement d'un cocktail de tout cela.
Pour illustrer ce mélange de lapalissades autothuriférées, défis puérils et motivations écœurantes —qui triomphe et qui n'en est pas moins atroce et répulsif—, permettez-moi de vous faire lire un extrait en castillan d'une enquête menée par le journaliste d'investigation et anthropologue néerlandais Joris Luyendijk (Amsterdam, 1971) et résumée dans un ouvrage qu'il a publié en 2015 sous le titre Dit kan niet waar zijn: onder bankiers ("Cela ne peut pas être vrai : chez les banquiers").
Ce livre a été traduit ensuite en plusieurs langues dont le castillan (Entre tiburones. Una temporada en el infierno de las finanzas, Malpaso Ed., El Hombre del Tr3s, 2016. Traduit par Mario Santana) et le français (Plongée en eau trouble. Enquête explosive chez les banquiers, Plon, 2016. Traduit par Lorraine de Plunkett).
L'extrait que je vous ai choisi correspond à son interview d'une brillante financière. Elle avait un peu moins de la quarantaine, avait fait ses études dans une université d'élite et était passée directement à l'une des banques les plus puissantes du Royaume Uni. C'est ainsi qu'elle jactait :
"A la gente como yo nos han entrenado para procesar información en cuestión de segundos —dijo—. Somos los atletas olímpicos de la información y es una carrera para ver quién llega primero. Es también una lucha.." Había empezado trabajando como analista en un banco de relieve donde tenía cinco minutos para interpretar cualquier noticia, interpretación que el equipo de ventas transmitía lo antes posible a la comunidad inversora global. "Mi estado mental y físico cambia cuando veo una noticia importante —afirmó— y a veces mi cuerpo lo siente incluso antes de que pueda pensarlo."Ce ne sont pas des lumières, mais des tarés surévalués et gonflés à bloc (1) (2).
"Es importante advertir el poder y la influencia que puede tener un analista que trabaja en uno de los bancos más prestigiosos del mundo", dijo con una voz que cada vez se iba animando más. "Si mi recomendación sobre una compañía cambia de "indiferente" a "comprar", las acciones pueden subir un 5%, y en ese momento sé que gracias a eso los inversores y quizá el director general de esa compañía han ganado millones." Me miró a los ojos y preguntó: "Imaginemos que te enteras de que en este momento Israel está a punto de lanzar un ataque sobre Irán, ¿qué harías?". Después de pensarlo un momento le respondí: "No lo sé, supongo que llamar a casa y comprobar que mi familia está bien". Me miró desconcertada, como si la hubiera pillado por sorpresa:"Bueno, es que tú vives en el mundo real. Lo primero que yo pensaría es que hay que adquirir opciones de compra de petróleo porque puede haber interrupciones en el suministro, y comprar acciones en empresas de defensa o que tengan contratos con el ejército norteamericano. Luego mi cerebro se va por tangentes increíbles: ¿cómo van a cambiar las valoraciones y los supuestos que han guiado hasta ahora mis inversiones? Cada posible resultado del ataque israelí pasa por mi cabeza, y a todos ellos les voy asignando probabilidades. ¿A quién se le van a encargar las labores de reconstrucción? Si el régimen cambia y se convierte en proamericano, probablemente será Halliburton, así que ésa es una buena oportunidad de compra. Y así sucesivamente".
Después de trabajar un tiempo en el banco, había pasado a un fondo de inversión de alto riesgo donde gestionaba e invertía el dinero de los clientes. Ahí es donde trabaja la gente más lista del mundo financiero, me dijo en confianza: (...) El mundo de las finanzas es muy exigente y muy apasionante —dijo contenta—. Hay muchas personas sagaces, todo funciona con eficiencia. Desde que tengo veintiún años me he alojado en hoteles de cinco estrellas y he viajado en clase business. He salido con un hombre que tenía un jet privado...".
Entretemps, dans les Alpes, par exemple, au col de l'Échelle, juste en ce moment, on ne joue pas au Monopoly avec la vie des autres. C'est la vraie vie qui s'y joue, un monde réel où les défis ne sont pas des bravades.
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(1) À la lecture de ces niaiseries hyperventilées, je pense au paon de Pierre Perret, variante cocasse de la fable XVII de La Fontaine (Le paon se plaignant à Junon). La chanson de Perret dit exactement :
Un paon plus beau qu'un arc en ciel / Au plumage allumé de mille feux subtils / Plus gracieux qu'un joli papillon du Brésil / Se savait admiré et dégustait du miel oui du miel / Pourtant en l'écoutant jacter / On eut cru qu'il avait boulotté un frelon / Ou pire un jour funeste où il avait chanté / Une arête coincée au fond du corgnolon / Quel affront
Refrain
T'es fier comme Artaban
Paon paon paon paon paon paon paon paon mais
Tu nous ruin's les tympans
Paon paon paon paon paon paon paon paon bien
Sûr ça lui bottait pas lerche au plumeau ambulant / Non content d'être beau il exigeait hélas / Qu'on le jugeat doué hyper intelligent / Surtout ce qu'il voulait c'est chanter chan- / Ter chanter comm'La Callas / Sans penser que l'génie bien souvent c'est l'angoiss' / Napoléon lui mêm'un génie peu courant / Chantait fort angoissé comme un fer à r'passer / En pleurant
Refrain
...pour
Tant il fit des vocalises avec des cris de mouett's / Son prof avait l'moral dans le fond des chaussettes / Au lieu de s'arracher tout's les plum's du croupion / L'oiseau lui se jugeait l'exception / Enfin l'orgueilleuse crécell' / Acheva sa carrièr' un beau soir de Noël / Bien doré à la broch' avec un brin de thym / Et une noix de beurr' / Et là il fut enfin le meilleur
Refrain
Sois fier comme Artaban
Paon paon paon paon paon paon paon paon
Car t'es l' régal des gourmands
Paon paon paon paon paon paon paon paon
(Pierre Perret chante 20 fables inspirées de Jean de La Fontaine, Version Pierrot, Adèle, 1995.)
(2) NOTE POSTÉRIEURE :
Eh oui, "Les médiocres ont pris le pouvoir". Quelques mois après la publication de ce billet, j'ai eu vent de la parution d'un essai du philosophe canadien Alain Deneault (Outaouais, 1970) : La Médiocratie (Lux Éditeur, 2016). Dans sa présentation d'un entretien avec l'auteur pour sa rubrique La guerre des idées, de Là-bas, si j'y suis, Aude Lancelin disait à propos de cet ouvrage :
Dans cet essai plus que jamais d’actualité, le philosophe de 47 ans soulevait notamment cette vraie question : pourquoi les médiocres sont-ils surreprésentés dans les états-majors des entreprises néolibérales et dans les allées du pouvoir contemporain ? Tirant ce fil, il livrait une réflexion profonde et perturbante sur notre monde, où les individus se voient détruits par l’invasion des normes entrepreneuriales, et soumis sans qu’ils le sachent toujours, jusque dans l’usage des mots eux-mêmes, à des intérêts capitalistiques de moins en moins distincts de la puissance publique.
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