vendredi 28 octobre 2011

ALCINE41 et ses courts métrages en français

Le jeudi 17 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour notre rendez-vous annuel avec ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, qui nous invite à voir les courts métrages francophones de sa section "Idiomas en corto". Au programme, neuf films qu'on envisage de projeter en deux séances. La séance matinale commencera à 11h30 (café Teatro El Sueño de Lola) et celle du soir, celle qui nous concerne, aura lieu à 17h30 dans le TEATRO SALÓN CERVANTES, c/Cervantes s/n : veuillez lire une petite information à son égard, agrémentée de deux photos, en bas de cet article.

Voici le programme "Idiomas en corto" en français pour cette 41e édition du festival :

1. L’harmonie cosmique, de Jean-Marc Rohart. France, 2005. 7 min. Animation. Sélection Festival d'Annecy 2007.
Un conférencier vaincu par les pièges du langage revisite l'Histoire de l'Art.

2. La queue de la souris, de Benjamin Renner. France, 2007. 4 minutes 10. Animation. Film de fin d'études. Technique: papier découpé sur ordinateur.
Dans une forêt, une souris remonte une montagne... qui accouche en fait d'un lion. Celui-ci capture la petite bête et menace de la dévorer. La souris lui propose alors un marché désespéré dont la contrepartie éthologique est un flot interminable de victimes : quand le lion est là, les souris travaillent, dirait-on, dynamique qui ne servira pourtant aucunement à rassasier cet assis, ou couché, souhaitant se tailler la part également interminable du lion.


Coup de théâtre, le lion —le prédateur— est lié avec sa ficelle, ou tel est lié qui croyait tirer les ficelles : on dirait une suggestion déliée pour en finir d'une fois pour toutes avec la soi-disant Crise...

3. Tadeus, de Philippe Jullien et Jean-Pierre Lemouland. France, 2000. 5 minutes 30, 35 mm. Animation multiplane et papier découpé.
Dans une classe de CM1 débarque un nouveau venu. Tadeus vient de Tchétchénie et intrigue les élèves : il mange tout ce qu'on lui donne à la cantine, il est nul au foot mais se fait une copine… Les enfants le laisseront-ils entrer dans leur cercle ? Auteur : Karim Aït Gacem.

4. Ligne de vie, Serge Avédikian. France, 2002. 13 min. Animation.
Un camp de concentration. Des bourreaux et des victimes. Présence de la mort. Jeux de concurrence pour combler le vide. Un chronomètre pour mesurer la vitesse d'exécution des travaux. On dort éveillé pour ne pas rêver. L'un des prisonniers se surpasse : il gagne, bat son record et meurt. Un autre, l'homme barbu, le remplace. Il dessine sans cesse leur vie, en cachette. Les autres l'admirent. Un soir, un gardien vient, sans rien dire. Ils se mettent à dessiner ensemble. Puis, d'autres gardiens débarquent. Le lendemain, le gardien est pendu et le prisonnier a perdu ses mains : on les lui a coupées. Mais seule la mort l'empêcherait de dessiner ; il trace malgré tout, la Ligne de vie, aux yeux de tous.



5. Tong, de David Cellier, Florent Limouzin, Arnaud Real. France, 2006. 10 min. Animation.
Un scientifique chinois très maladroit invente par hasard une machine qui désintègre et qui servira finalement à supprimer un astéroïde et, par là, à sauver la planète. Science, hasard, prestige et pouvoir...


6.
Le loup blanc, de Pierre-Luc Granjon. France, 2006. 9 min. Animation.
Dans un village en lisière de la forêt, un enfant réussit à apprivoiser un loup pour en faire sa monture. Son frère et lui sont ravis, mais un jour, pour nourrir la famille, le père ramène de la chasse un gibier plus gros que d’habitude, le loup blanc.


7. Blindspot (‘Angle mort’), de Johanna Bessière, Cécile Dubois-Herry, Olivier Clert, Yvon Jardel, Nicolas Chauvelot et Simon Rouby. France, 2007. 4 min. Animation.
Un voleur entre dans une boutique. Une vieille dame qui ne voit pas très bien tente de faire ses courses... Où l'on va voir que l'on juge vraiment trop sur les apparences.



8. Merveilleusement gris, de Geoffroy Barbet Massin. France, 2003. 6 min. Animation.
Quelque part, la propriétaire du chien que les deux protagonistes, un blanc mouton et un petit lascar, vont essayer de manipuler va tromper ses deux voisins : « Tel est pris qui croyait prendre » serait encore l’adage dissimulé de cette fable à laquelle peut également s’adjoindre la locution : « tant de bruit pour rien »… La chanson finale est délicieuse.


Note : la SPA, c'est la Société protectrice des Animaux. Un macchabée est un cadavre.

9. Premier voyage, de Grégoire Sivan. France, 2007. 10 min. Animation.
C’est le premier voyage que font ensemble un jeune papa et sa petite fille Chloé, mais c’est également celui qui fera passer les deux personnages d’état d’homme et de bébé à celui de père et fille.

 

Teatro Salón Cervantes

 Calle Cervantes, Alcalá de Henares
Source : www.redescena.net

Le Teatro Salón Cervantes fut bâti en 1888 et a connu dès lors deux rénovations, en 1925 et en 1989, celle-ci après son acquisition par la Communauté de Madrid. Il dispose d'un orchestre rectangulaire aménageable en salon, deux étages de loges, une scène à l'italienne et une façade Art Nouveau.


jeudi 27 octobre 2011

Carte de France des bises

Chers débutants, si c'est le moment d'apprendre à saluer en français, il va falloir aussi faire attention à certaines pratiques sociales extralinguistiques. C'est pour cela que je vous invite à visiter une carte de France des bises : vous allez voir que le nombre de fois qu'il faut embrasser l'autre varie sérieusement en fonction des bleds. L'autre ? Traditionnellement, en dehors de la famille, c'étaient les femmes qui faisaient la bise à tout le monde alors que les hommes ne posaient leurs lèvres que sur les joues des femmes.
Le site Combiendebises demande à chaque internaute de participer à sa grande enquête pour savoir le nombre de bises données dans son département : le chiffre peut fluctuer de 1 à 4 (voire 5, marginalement) et mieux vaut savoir s'intégrer, le cas échéant ! Pour comprendre la profondeur de l'arcane, figurez-vous qu'un blogueur crie au secours et implore aux sociologues de nous aider à comprendre ce mystère. Je me rappelle encore l'impression que m'a produit mon premier voyage en Bretagne (il y a belle lurette !) à cet égard-là : on faisait la bise à 4 reprises...
Décidément, c'est une pratique sociale qui risque de vous laisser bouche bée, comme on vérifie en visionnant la vidéo qui suit :

jeudi 20 octobre 2011

How much ?

L'Élysée côté jardin est un blog d'Arnaud Leparmentier, journaliste au Monde. Il y a une semaine, le 13 octobre 2011, il y commentait l'inauguration par Nicolas Sarkozy du Centre Pompidou mobile à Chaumont-sur-Marne (1),...
(...) un musée itinérant qui a choisi de présenter 14 chefs d’œuvre, pas un de plus, au public, sur le thème de la couleur.
Nicolas Sarkozy ne choisit pas la facilité, lorsqu’il partage ses sentiments, à l’issue de la visite, avec un groupe d’écoliers. "Et Klein, le monochrome orange ?", demande le chef de l’Etat. Pendant toute la visite, M. Sarkozy n’a cessé de s’extasier sur l’œuvre : un rectangle orange, daté et signé, premier monochrome de l’histoire de l’art. Elle vaut sûrement une fortune. "Ça, c’est plusieurs millions", assure le président.
Combien ça coûte ? La question revient invariablement, chez Nicolas Sarkozy, qu’il rencontre des agriculteurs ou visite un musée. "Léger, c’est cher ? Klein, plus que Léger ? Moins que Matisse ?", demande le chef de l’Etat.
Art et cote. De l'argent, encore de l'argent et toujours de l'argent : voici toute l'audace de la Sarkozie. On dirait que le président français ne saurait se dispenser un seul instant —côté cour ou côté jardin— de sa formation d'excellence bling-bling —voire de se vautrer sans retenue dans sa caricature même— qui illustre de manière irréprochable le bouillon de culture pathogène où pataugent nos élites, miroir de tant d'émulations.


(1) Description extraite du site :
Le Centre Pompidou mobile est un concept muséal inédit : musée nomade, il offre à tous les publics, notamment ceux que l'on dit les plus éloignés de la culture, l'expérience irremplaçable du contact direct et personnel avec les chefs-d'oeuvre de l'art moderne. Plusieurs modules juxtaposés, conçus par l'architecte Patrick Bouchain dans l'esprit festif des chapiteaux forains et du cirque, vont ainsi parcourir le territoire et offrir une exposition des oeuvres des plus grands maîtres de l'art moderne issues des collections du Centre Pompidou.
L'itinérance du Centre Pompidou mobile commence avec une première étape de trois mois à Chaumont. Cette exposition inaugurale célébre "la Couleur" avec des oeuvres de Matisse, Kupka, Picasso, Braque... La structure ambulante de 650 m2 est installée dans l’ancien quartier Foch, avec une ouverture six jours sur sept et dix heures par jour. L'entrée est gratuite.
Le Centre Pompidou Mobile envisage de faire le tour de France pendant deux ans.

lundi 17 octobre 2011

"Femmes de la Méditerranée" à l'Institut français de Madrid

Je vous relaie l'information ci-dessous concernant le projet "Femmes de la Méditerranée" promu par l'Institut français de Madrid. Il est question d'une exposition et d'une mise en scène de Sylvie Imbert sur le sujet. L'exposition se tiendra du mardi 18 octobre au vendredi 4 novembre. La pièce sera jouée le mercredi 19 octobre à 20h (entrée gratuite).
Pour en savoir plus, cliquez sur le lien ci-contre et accédez au site medifemmes.net.

Projet "Femmes de la Méditerranée"

FDM

L’exposition « Femmes de la Méditerranée, entre tradition et modernité » est le point culminant d’un travail de recherche et de création artistique réalisé par les élèves et les équipes pédagogiques de 38 établissements issus de 13 pays du pourtour méditerranéen.

L’exposition tente de refléter, le plus fidèlement et le plus exhaustivement possible, la variété des problématiques abordées ainsi que l’originalité des productions réalisées par les 1280 élèves qui, de la maternelle à la terminale, ont participé à cet ambitieux projet.

De grands axes se sont dégagés de l’ensemble de leurs travaux, autour desquels on a pu construire cette exposition dont l’objectif principal est de restituer une expérience inédite :  celle d’un travail collectif et simultané, réalisé par des élèves de tous âges et de pays et de cultures différents, sur un thème commun et une civilisation éternelle : la femme d’hier et d’aujourd’hui dans le monde méditerranéen.

Du mardi 18 octobre au vendredi 4 novembre
Galerie de l’Institut français de Madrid
Entrée libre, du lundi au vendredi de 10h30 à 20h
Inauguration le 18 octobre à 19h30

Dans le cadre de cette exposition, découvrez un spectacle inédit : la pièce de théâtre “Mère Méditerranée”.

Création-collage à partir des textes dramatiques d’hier et d’aujourd’hui, pour mieux connaître les femmes de la Méditerranée.
Création et mise en scènes de Sylvie Imbert, professeur de lettres au lycée français de Madrid. Interprétation par les élèves du lycée, actuels et anciens.

Mercredi 19 octobre à 20h
Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Vous pouvez voir la vidéo de la journée du jeudi 13 janvier 2011 dédiée à ce projet, composée d'activités pédagogiques et culturelles à destination des élèves du collège et du lycée :
Journée "Femmes de la Méditerranée" au Lycée Français de Madrid from Communication LFM on Vimeo.

Un webdocumentaire commémore les 50 ans du Massacre du 17 octobre 1961


« J’ai maintes fois souhaité que la honte d’avoir été
le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse
et organisée puisse se transformer en honte collective.
Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes
monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré
de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit
inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes
de France, et aussi, à côté du portrait du président de
la République, dans tous les édifices publics, mairies,
commissariats, palais de justice, écoles, à titre de mise
en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste. » 
[Pierre Bourdieu, in Le 17 octobre 1961. Un crime d’État à Paris
(collectif, dir. Olivier Le Cour Grandmaison), La Dispute, 2001.]



La date du 17 octobre 1961 reste dans l'Histoire associée à un massacre : une manifestation organisée à Paris par la Fédération de France du F.L.N. (Front de Libération Nationale ; Jabhat al-Taḩrīr al-Waţanī, en arabe) en faveur de l'indépendance de l'Algérie fut réprimée dans le sang. Les forces de l'ordre françaises, dirigées par le préfet de police Maurice Papon, tuèrent deux centaines d'Algériens par balle, à coups de matraque, étranglés ou noyés. Beaucoup des manifestants furent internés pendant quatre jours dans des centres de détention où ils auraient subi des tortures. Début octobre, Papon avait exprimé clairement qu'il couvrirait les excès policiers ; devant le personnel réuni pour les obsèques du brigadier Demoën, assassiné par le FLN, il avait déclaré dans son allocution : "Pour un coup, nous en rendrons dix."
Le 5 octobre, Papon renchérit et décréta un couvre-feu parfaitement discriminatoire car il ne concernait que les Français musulmans d'Algérie. L'appel du FLN à manifester pacifiquement serait contesté par une boucherie et Maurice Papon ne rencontrerait aucune difficulté à rester en poste jusqu'en 1967.

Pour commémorer les 50 ans de cette répression honteuse, un documentaire conçu pour le web sort justement aujourd'hui. Voici l'information que nous fournit le quotidien Le Monde, y compris un visuel interactif très pertinent intitulé La nuit oubliée :
Il y a 50 ans jour pour jour, une manifestation organisée à Paris par l'antenne française du Front de libération nationale (FLN), en faveur de l'indépendance de l'Algérie, se heurtait à une répression sanglante. Des dizaines d'Algériens sont morts dans cette confrontation avec les forces de l'ordre, alors dirigées par Maurice Papon. Le webdocumentaire 17 octobre 1961 sort aujourd'hui à l'occasion de ce triste anniversaire. A grand renfort d'images d'archives, servi par un graphisme soigné, il retrace les événements depuis leur origine et les recontextualise. Le documentaire a été réalisé par Raspouteam, une équipe de 3 geeks travaillant anonymement, spécialisés dans les événements qui ont secoué Paris. Le groupe est aussi l'auteur d'un webdocumentaire sur la Commune et a sévi dans les rues de la capitale avec un projet d'art urbain, Désordres publics.
(Le Monde, 17/10/2011)
Geek : (Anglicisme) Personne passionnée d'informatique et de nouvelles technologies.

La nuit oubliée : Visuel interactif d'Olivier Lambert et Thomas Salva, proposé par Le Monde, comportant plusieurs documents d'intérêt dont des matériaux d'archives ou les témoignages de Khaled Benaïssa, Catherine Lévy, Khelifa Mouterfi, Rahim Rezigat, Clara et Henri Benoîts, et Georges Azenstarck : ils vécurent la répression sanglante et l'on sait très bien que les victimes gardent toujours la mémoire que les bourreaux s'évertuent —sans succès cette fois-ci, heureusement— à enterrer.
Le Monde présente également une infographie contenant des clichés inédits du photographe Henri Georges qui travaillait pour le Libération de l'époque. Ces photos ont été fournies par l'historien Gilles Manceron qui commente les images. Et, en édition abonnés, on peut lire une enquête sur la manière dont l'affaire a été censurée ou étouffée par la suite. En voici un échantillon :
(...) Cantonnés habituellement aux bidonvilles de banlieue, plus de 20 000 hommes, femmes et enfants défilent alors pacifiquement dans les rues du Quartier latin, sur les Grands Boulevards, aux abords des Champs-Elysées. La violence policière est inouïe : les agents les attendent à la sortie du métro et dans les rues pour les rouer de coups en les insultant. "Les plus faibles, ceux qui étaient déjà en sang, ils les achevaient jusqu'à la mort, je l'ai vu", racontera, en 1997, Saad Ouazen lors d'une réunion de commémoration organisée par le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Bien qu'ils n'opposent aucune résistance, des dizaines de manifestants sont tués par balles, d'autres sont noyés dans la Seine. Au total, plus de 11 000 Algériens sont arrêtés et transférés au Palais des sports ou au stade Pierre-de-Coubertin.
Entassés pendant plusieurs jours dans des conditions d'hygiène effroyables, ils sont violemment frappés par les policiers, qui les traitent de "sales bicots" et de "ratons". Au Palais des sports, les internés, terrorisés, n'osent plus aller aux toilettes, car la plupart de ceux qui s'y risquent sont tués. "Trois jours comme ça, assis sur une chaise, ni à manger, ni à boire, ni une cigarette, rien du tout. Autour de moi, il y en avait cinq ou six qui étaient blessés. On était là, on pleurait tous. On croyait tous mourir", raconte Ali Djermani dans Scènes de la guerre d'Algérie en France, de Jean-Luc Einaudi (Le Cherche Midi, 2009). Le lendemain matin, la préfecture recense officiellement trois morts - deux Algériens et un Français de métropole. Le mensonge s'installe. Le silence, bientôt, le recouvrira. Il durera plus de vingt ans. (...) Au Sénat, la commission parlementaire demandée par Gaston Defferre est écartée avec fermeté : elle ne ferait que "jeter un peu de doute, un peu de trouble, un peu de confusion dans l'esprit et le cœur d'un grand nombre de fonctionnaires de police", affirme le ministre de l'intérieur, Roger Frey. Le 27 octobre, Claude Bourdet, directeur du magazine France Observateur, demande - en vain - une commission d'enquête au conseil municipal de Paris. "Ce qu'il nous faut, c'est très simple et très clair : l'autorisation et suffisamment de bateaux (pour y mettre les Algériens), répond le conseiller Alex Moscovitch. Le problème qui consisterait à faire couler ces bateaux ne relève pas, hélas, du conseil municipal de Paris." Les récits qui remettent en cause la version officielle sont censurés : Octobre à Paris, le film que Jacques Panijel tourne dans la foulée du massacre, est projeté clandestinement dans la capitale en 1962, mais les bobines sont saisies par la police - il ressort aujourd'hui en salles. François Maspero tente d'éditer un livre de la journaliste Colette Péju, mais il est interdit. L'amnistie qui accompagne l'indépendance de l'Algérie, en 1962, scelle ensuite le silence de la société française : toutes les plaintes sont classées. (...)

D'autres informations concernant le massacre :

Algeria-Watch : Massacre du 17 octobre 1961: la date sans nom de l’histoire de France.
Rebellyon.info : Le massacre du 17 octobre 1961 à Paris : « ici on noie les Algériens ! »
L'Express : Retour sur une tragédie.
Le Nouvel Observateur : 17 octobre 1961, une nuit noire à Paris.
Union Juive Française pour la Paix : Communiqué.

À lire ou à voir :

—Didier Daeninckx : Meurtres pour mémoire, Gallimard, coll. "Folio policier", Paris, 1998 (polar dont l'édition princeps date de 1984). Adapté au cinéma par Laurent Heyneman.
—Michel Levine, Les Ratonnades d'octobre : un meurtre collectif à Paris en 1961, 1985. Éd. Jean-Claude Gawsewitch, coll. Coup de gueule, Paris, 314 pages, 19,90 €. (Selon Wikipédia, Paulette Péju publia chez Maspero en 1961, sous le titre Les ratonnades d'octobre, un recueil d'articles de presse qui fut rapidement interdit à la vente).
—Agnès Denis et Mehdi Lallaoui : Le Silence du fleuve (documentaire), 1991. 52 minutes. Prod. Au nom de la mémoire.
—Philippe Brooks et Alan Hayling : 17 octobre 1961, une journée portée disparue. Consultant historique : J-L. Einaudi. 52 minutes, 1992. Prod. Point du jour pour Channel 4. Diffusion en France : France 3 (le 2 mars 1993) puis sur Planète câble et sur ARTE (le 17 octobre 2001).


Mise à jour du 18.10.19 - 17 octobre 1961 : le témoignage de Daniel Mermet, producteur de Là-bas, si j'y suis.
À l'époque du massacre, il était étudiant aux Beaux Arts.
Trente ans plus tard, en 1992, suite au livre de Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris, et à la série d’émissions de Là-bas, Daniel Mermet témoignait dans le film de Philipp Brooks et Alan Hayling, Une Journée portée disparue, 1992, 52 min, Point du jour, Channel Four et France Régions 3.

—Bourlem Guerdjou : Vivre au Paradis, 1998. Film de fiction.
—Tewfik Farès : C’était le 17 octobre 1961, Opération télécité, n° 7, 26 minutes, série. Alizé prod./France 3 Paris Île-de-France Centre, diffusé le 17 octobre 1999.
—Ali Akika : Les enfants d’Octobre, 52 minutes, 2000, prod. Les Films de la lanterne.
— Collectif (sous la direction d'Olivier Le Cour Grandmaison), Le 17 octobre 1961. Un crime d’État à Paris, La Dispute, Paris, 31/08/2001.
—Alain Tasma : Nuit noire, 2005. Film.
—Jean-Luc Einaudi : La Bataille de Paris, Seuil, coll. "Points histoire", Paris, 2007.
—Jean-Luc Einaudi : Octobre 1961. Un massacre à Paris, Fayard, coll. "Pluriel", Paris, 2011, 640 pages, 12€.
Le 17 octobre 1961 par les textes de l'époque, Les Petits Matins, Paris, 2011, 128 pages, 5€. Préface de Gilles Manceron.
—Marcel et Paulette Péju : Le 17 octobre des Algériens, La Découverte, Paris, octobre 2011, 199 pages, 14€. C'est le témoignage inédit rédigé par les Péju en 1962 suivi de La triple occultation d'un massacre, de Gilles Manceron.
—Daeninckx et Maco: Octobre noir (bande dessinée), Adlibris, Anthy-sur-Léman, 2011, 60 pages, 13,50€. Préface de Benjamin Stora.
—Jacques Panijel : Octobre à Paris, documentaire inédit, interdit jusqu'en 1973 ; en salles à partir du 19 octobre 2011.

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Mise à jour du 16.11.16 :

France, 2013, 48', vidéo

Publié le 9 juin 2015
Films Blue Meridien Créations - Mail : bluemeridien@gmail.com
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Copie mail :
de Jean-Luc Einaudi, historien, auteur, entre autres, de La bataille de Paris, sur le massacre des Algériens, en Octobre 1961, par la police de Maurice Papon.
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À Jean-Jacques Beryl - 07/01/2013

Bonjour,
Merci pour l'envoi de votre film "17 octobre 1961-L'ordre français"-que j'ai regardé avec beaucoup d'intérêt et qui permet de percevoir le caractère conflictuel du rapport à ces événements durant les vingt et quelques dernières années mais aussi le cheminement du processus de reconnaissance. N'hésitez pas à me contacter si besoin. Tous mes voeux pour que votre film rencontre le meilleur accueil.
Cordialement.

Jean-Luc Einaudi
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Copie mail :
Olivier Le Cour Grandmaison, historien, auteur , entre autres, de La République impériale : politique et racisme d'État, Paris, Fayard, 2009.
Président de l'association 17 octobre 1961 : contre l'oubli
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À Jean-Jacques Beryl - 18/10/2013

Cher Monsieur
Mille merci et bravo pour votre beau film. Au plaisir de vous revoir et de le revoir.
Très amicalement.

Olivier Le Cour Grandmaison
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Mise à jour du 20.10.17 :

Dans son blog sur Mediapart, Gilles Manceron vient de nous apprendre, le lundi 16 octobre 2017, qu'il y a Du nouveau sur le 17 octobre 1961 :
(...) en 2017, les notes de Louis Terrenoire, l’un des ministres qui soutenaient totalement la politique du général de Gaulle pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie, publiées dans un ouvrage émouvant de sa fille, Marie-Odile Terrenoire, Voyage intime au milieu de mémoires à vif. Le 17 octobre 1961 [3], confirment [l’existence au sein même du gouvernement du désaccord du premier ministre, Michel Debré, avec la politique algérienne du général de Gaulle. Debré n’avait plus aucune prise sur le dossier algérien et conservait la responsabilité du maintien de l’ordre en France, et, quand, en août 1961, suite aux concessions du président sur la question du Sahara, un accord avec le FLN devenait rapidement possible, il s’est agi pour lui de lancer, a contrario de la politique de sortie du conflit choisie par le Général, une guerre à outrance contre la fédération de France du FLN].
Il y aurait eu, donc,
(...) une coupure au sein du gouvernement entre ceux qui soutenaient la volonté du Général de reconnaître l’indépendance de l’Algérie et ceux qui étaient en désaccord avec lui. Il en ressort que la répression de septembre et octobre 1961 contre l’immigration algérienne ne relevait en rien d’une volonté du chef de l’Etat, préoccupé, comme le GPRA, à mener à terme les négociations. Il était, au contraire, à la recherche d’une forme de réconciliation avec les nationalistes algériens, de l’établissement de rapports de confiance avec eux, pour construire ensemble la transition la plus pacifique possible vers une indépendance algérienne compatible avec de bonnes relations futures avec la France. EN LIRE PLUS.

"17 octobre 2011, « cinquante ans après je suis là », d’Ariane Tillenon, commence par un témoignage troublant, celui de Georges Azenstarck, photographe à l’époque à l’Humanité, qui montre les photos d’un amas de cadavres de l’autre côté du boulevard, qu’il a prises alors du balcon du 3e étage de l’immeuble du journal et qui en ont ensuite mystérieusement disparu. Ce film orchestre des images de la marche de la fraternité organisée, en 2011, par de multiples associations, avec le soutien de La Parole errante du dramaturge Armand Gatti, qui avait confectionné pour elles quelque 200 silhouettes que les participants ont brandies (...)" (Gilles Manceron, © Mediapart)

Le mardi 17 octobre 2017, Henri Maler a publié un article sur le site d'ACRIMED analysant l'attitude des moyens de communication français de l'époque vis-à-vis du massacre. Une époque, les débuts de la Ve République, où la censure était un épouvantail trop présent pour que vérité et protestations éclatent : « Sur ce qu’a été cette tragique journée d’hier, nous ne pouvons tout dire. La censure gaulliste est là. Et L’Humanité tient à éviter la saisie pour que ses lecteurs soient, en tout état de cause, informés de l’essentiel », écrivait L’Humanité, le 18 octobre 1961. Encore une occasion de vérifier comment on écrit l'Histoire.
À cet égard, Maler nous incite à lire notamment ce qui est, selon lui, la meilleure étude publiée à ce jour sur le traitement médiatique du 17-Octobre : un article de Mogniss H. Abdallah intitulé « Le 17 octobre 1961 et les médias. De la couverture de l’histoire immédiate au “travail de mémoire” », paru dans la revue trimestrielle Hommes & migrations (issu concrètement du n° 1 228, novembre-décembre 2000 : L’héritage colonial, un trou de mémoire) et téléchargeable sur son Web en PDF. Cet article est également consultable sur le site « Nouveau millénaire. Défis libertaires » ou sur celui de Persée.

Le magazine indépendant Là-bas, si j'y suis s'est traditionnellement beaucoup penché sur cette affaire. Ce média agissant actuellement sur internet propose à son tour une nouvelle écoute de quatre de ses vieilles émissions radiodiffusées sur France Inter. La page en question, du 17 octobre dernier, contient, de surcroît, des informations, des photographies et des liens très utiles au sujet du massacre du 17 octobre 1961.

Enfin, le collectif Vérité et Justice a envoyé une lettre ouverte au Président de la République pour qu'il y ait formellement la reconnaissance du crime d'État et a lancé un appel à un rassemblement dans ce but.
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Mise à jour du 16.10.21 : 
 

Massacres du 17 octobre 1961 : « Il s’agit bien d’un plan concerté exécuté pour des motifs politiques et raciaux à l’encontre de civils »

L’Etat français doit réparation aux manifestants tués ce jour-là ainsi qu’à leurs descendants qui sont des victimes de « discriminations mémorielles et commémorielles », estime, dans une tribune au « Monde », l’historien Olivier Le Cour Grandmaison.

 

mercredi 12 octobre 2011

Festival Paris-Banlieues-Tango

"Pendant six semaines, Paris et plusieurs villes en Ile-de-France vivent au rythme du Tango : concerts, bals, cours de danse et de chant, cycles audiovisuels, débats, rencontres littéraires, expositions, soirées gastronomiques". Voilà ce qu'on nous annonce sur le site du festival Paris-Banlieues-Tango, qui proposera sa 14e édition et se déroulera du 12 octobre au 30 novembre 2011. Cliquez sur le lien si le sujet vous intéresse !

mardi 4 octobre 2011

Hoffmann, Nobel de Médecine

Nous apprenons par les journaux que le prix Nobel de Médecine 2011 a été attribué hier à trois chercheurs -Jules Hoffmann (Français d'origine luxembourgeoise), Bruce Beutler (Étasunien) et Ralph Steinman (Canadien)- pour leurs travaux sur le système immunitaire favorisant la vaccination et la lutte contre le cancer. C'est justement cette maladie qui a causé la mort de Ralph Steinman, décédé le vendredi 30 septembre d'un cancer du pancréas, soit trois jours avant l'annonce officielle de sa récompense.

Permettez-moi de reproduire le billet que les nobelisations suggèrent à Hervé Le Tellier, collaborateur quotidien du journal Le Monde :


papier de verre
Hervé Le Tellier
On a attribué hier le prix Nobel de médecine. Mais le monde est ainsi fait qu'un Français sur trois n'a plus les moyens de se soigner, et sans doute à cause d'un prix Nobel d'économie.

Nos grèves et Spinoza

"(...) C'est pourquoi quiconque cherche les véritables causes
des miracles, et s'efforce de comprendre les choses naturelles
en philosophe, au lieu de les admirer en homme stupide, est tenu
aussitôt pour hérétique et pour impie, et proclamé tel par les hommes
que le vulgaire adore comme les interprètes de la nature et de Dieu.
Ils savent bien, en effet, que l'ignorance une fois disparue ferait
disparaître l'étonnement, c'est-à-dire l'unique base de tous
leurs arguments, l'unique appui de leur autorité."
Spinoza : Éthique, partie I, proposition 36, Appendice. 
Traduction de Robert Misrahi.

"Les chaînes des prisonniers sont les mêmes que
celles de tous les individus qui n’ont aucun pouvoir
sur leurs vies, elles sont simplement plus visibles".
Devise du Comité d’Action des Prisonniers, 1972



Cela fait quelques mois que j'ai lu l'ouvrage de Frédéric Lordon Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique Éditions, 2010). Je me rappelle qu'un jour, en fouillant des bouquins dans une librairie, je me suis esclaffé à la vue de ces trois synonymes alignés composant le nom d'une œuvre. Dans son essai, Lordon envisage de combiner un structuralisme des rapports et une anthropologie des passions, un mélange de Marx et de Spinoza appliqué à nos très cruelles structures sociales et économiques, et aux affects qui en découlent.
J'y pense et, imbu d'éthique spinoziste, je me dis qu'après les grèves de septembre, face à la perverse persévérance dans leur être des sympathisantes madrilènes du Tea Party, face à leurs intoxications de tout poil destinées à ternir la réputation des enseignants, il faut tenir. Je sais que le Pouvoir a le temps d'attendre beaucoup plus longtemps que les salariés, mais drôle de vie que celle perdue à se résigner ou à la gagner. Mieux vaut la résistance, donc la rébellion. C'était Spinoza le géomètre (1) qui disait :
(...) ; plus grande est la tristesse, plus grande est la puissance d'agir par laquelle l'homme s'efforce de lutter contre la tristesse (...).
Spinoza : Éthique, partie III, proposition 37, démonstration. Traduction de Robert Misrahi.

(1) Celui pour qui connaître et aimer sont équivalents. Ah, la langue comme cosmovision : le verbe hébreu iodah recouvre les deux concepts. En tout cas, comme nous le rappelle Lordon, Spinoza modifie volontiers et souvent l'usage habituel des noms, notamment de ceux des affects, « pour ne pas se laisser prendre aux pièges des mots de la connaissance du premier genre » (« par expérience vague » ou compréhension affective spontanée). L'« amour » spinoziste n'est rien d'autre, insiste Lordon, qu'une « joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure » et « épouse la variété de tous les objets de satisfaction possibles, des plus modestes aux plus sociaux ».





 

Note du 5/10/2011 : Bien entendu, l'enjeu est mondial. N'oublions pas l'exemple du Chili, le premier laboratoire des Chicago Boys dans le monde, car on récolte toujours ce qu'on a semé et que les sévices de l'Économie sont vraiment durables. Le 28/08/1976, 24 jours avant d'être assassiné par des agents de Pinochet, Orlando Letelier (1932-1976) publia l'article "The Chicago Boys in Chile: Economic Freedom's Awfull Toll" dans The Nation. Vers la fin de son texte, il nous prévenait :
 (...) concentration of wealth is no accident, but a rule; it is not the marginal outcome of a difficult situation -- as they would like the world to believe -- but the base for a social project; it is not an economic liability but a temporary political success. Their real failure is not their apparent inability to redistribute wealth or to generate a more even path of development (these are not their priorities) but their inability to convince the majority of Chileans that their policies are reasonable and necessary. In short, they have failed to destroy the consciousness of the Chilean people. The economic plan has had to be enforced, and in the Chilean context that could be done only by the killing of thousands, the establishment of concentration camps all over the country, the jailing of more than 100,000 persons in three years, the closing of trade unions and neighbourhood organizations, and the prohibition of all political activities and all forms of free expression. While the Chicago boys have provided an appearance of technical respectability to the laissez-faire dreams and political greed of the old landowning oligarchy and upper bourgeoisie of monopolists and financial speculators, the military has applied the brutal force required to achieve those goals. Repression for the majorities and economic freedom for small privileged groups are in Chile two sides of the same coin. There is, therefore, an inner harmony between the two central priorities announced by the junta after the coup in 1973: the 'destruction of the Marxist cancer (which has come to mean not only the repression of the political parties of the Left but also the destruction of all labor organizations democratically elected and all opposition, including Christian-Democrats and church organizations), the establishment of a free private economy and the control of inflation à la Friedman.
La concentration de la richesse n'est pas un accident, mais la règle, le but essentiel. Répression pour la majorité et liberté économique pour de petits groupes privilégiés étaient et sont, au Chili et partout, les deux faces d'une même pièce —oui, cher, très cher Granados, vous le privilégié qui nous voulez tous précaires et joyeux. Il est vrai que de nos jours, le couple soixante-dixard généraux-économistes a été remplacé par celui plus présentable de politiciens-économistes.
Notre soutien aux étudiants chiliens, bel exemple de résistance.