dimanche 22 février 2015

L'Invisible décortique la Transparence

Le cauchemar de cette époque ne tient pas en ce qu'elle
serait « l'ère de la technique », mais l'ère de la technologie.
La technologie n'est pas le parachèvement des techniques,
mais au contraire l'expropriation des humains de leurs
différents techniques constitutives. 
(Comité Invisible : À nos amis)


Le quatrième de couverture de l'essai À nos amis, signé par le Comité Invisible (le groupe de la revue Tiqqun), publié par La Fabrique (novembre 2014), comporte une dédicace pas comme les autres :
À ceux pour qui la fin d'une civilisation n'est pas la fin du monde ;
À ceux qui voient l’insurrection comme une brèche, d’abord, dans le règne organisé de la bêtise, du mensonge et de la confusion ;
À ceux qui devinent, derrière l’épais brouillard de « la crise », un théâtre d’opérations, des manœuvres, des stratégies – et donc la possibilité d’une contre-attaque ;
À ceux qui portent des coups ;
À ceux qui guettent le moment propice ;
À ceux qui cherchent des complices ;
À ceux qui désertent ;
À ceux qui tiennent bon ;
À ceux qui s’organisent ;
À ceux qui veulent construire une force révolutionnaire, révolutionnaire parce que sensible ;
Cette modeste contribution à l’intelligence de ce temps.
Le bouquin paraît sept ans après la sortie de L'insurrection qui vient (La Fabrique, 2007, un livre que je n'ai pas lu) et s'ouvre sur une citation de Jacques Mesrine : « Il n'y a pas d'autre monde. Il y a simplement une autre manière de vivre ».
La qualité du texte attire immédiatement notre attention, tout comme sa perspective stimulante, foncièrement non conventionnelle : communaliste (de commune) ; on y flaire des arômes communards, anarchistes et situationnistes -on y décèle l'héritage d'un Guy Debord et autres Gilles Châtelet-, un suivi des expériences communardes ou communalistes historiques jusqu'à nos jours (zapatisme, mouvements d'occupation des places, etc.). D'où cette conclusion : « La croissance des communes est la véritable crise de l'économie, et la seule décroissance sérieuse ».
Si j'en ai le temps, je me réserve la possibilité d'en publier ici un florilège d'extraits. Pour l'instant, je me borne à relayer la deuxième partie du cinquième chapitre (intitulé Fuck Off Google) qui porte, entre autres, sur la cybernétique et la grande moisson des informations personnelles qu'elle procure :
Dans les années 1980, Terry Winograd, le mentor de Larry Page, un des fondateurs de Google, et Fernando Florès, l'ancien ministre de l'Économie de Salvador Allende, écrivaient au sujet de la conception en informatique qu'elle est « d'ordre ontologique. Elle constitue une intervention sur l'arrière-fond de notre héritage culturel et nous pousse hors des habitudes toutes faites de notre vie, affectant profondément nos manières d'être. [...] Elle est nécessairement réflexive et politique. » On peut en dire autant de la cybernétique. Officiellement, nous sommes encore gouvernés par le vieux paradigme occidental dualiste où il y a le sujet et le monde, l'individu et la société, les hommes et les machines, l'esprit et le corps, le vivant et l'inerte ; ce sont des distinctions que le sens commun tient encore pour valides. En réalité, le capitalisme cybernétisé pratique une ontologie, et donc une anthropologie, dont il réserve la primeur à ses cadres. Le sujet occidental rationnel, conscient de ses intérêts, aspirant à la maîtrise du monde et gouvernable par là, laisse place à la conception cybernétique d'un être sans intériorité, d'un selfless self, d'un Moi sans Moi, émergent, climatique, constitué par son extériorité, par ses relations. Un être qui, armé de son Apple Watch, en vient à s'appréhender intégralement à partir du dehors, à partir des statistiques qu'engendre chacune de ses conduites. Un Quantified Self qui voudrait bien contrôler, mesurer et désespérément optimiser chacun de ses gestes, chacun de ses affects. Pour la cybernétique la plus avancée, il n'y a déjà plus l'homme et son environnement, mais un être-système inscrit lui-même dans un ensemble de systèmes complexes d'information, sièges de processus d'autoorganisation ; un être dont on rend compte en partant de la voie moyenne du bouddhisme indien plutôt que de Descartes. « Pour l'homme, être vivant équivaut à participer à un large système mondial de communication », avançait Wiener en 1948.
Tout comme l'économie politique a produit un homo œconomicus gérable dans le cadre d'États industriels, la cybernétique produit sa propre humanité. Une humanité transparente, vidée par les flux mêmes qui la traversent, électrisée par l'information, attachée au monde par une quantité toujours croissante de dispositifs. Une humanité inséparable de son environnement technologique car constitué par lui, et par là conduite. Tel est l'objet du gouvernement désormais : non plus l'homme ni ses intérêts, mais son « environnement social ». Un environnement dont le modèle est la ville intelligente. Intelligente parce qu'elle produit, grâce à ses capteurs, de l'information dont le traitement en temps réel permet l'autogestion. Et intelligente parce qu'elle produit et est produite par des habitants intelligents. L'économie politique régnait sur les êtres en les laissant libres de poursuivre leur intérêt, la cybernétique les contrôle en les laissant libres de communiquer. « Nous devons réinventer les systèmes sociaux dans un cadre contrôlé », résumait récemment un quelconque professeur du MIT.
La vision la plus pétrifiante et la plus réaliste de la métropole à venir ne se trouve pas dans les brochures qu'IBM distribue aux municipalités pour leur vendre la mise sous contrôle des flux d'eau, d'électricité ou du trafic routier. C'est plutôt celle qui se développe a priori « contre » cette vision orwellienne de la ville : des « smarter cities » co-produites par leurs habitants eux-mêmes (en tout cas par les plus connectés d'entre eux). Un autre professeur du MIT en voyage en Catalogne se réjouit de voir sa capitale devenir peu à peu une « fab city » : « Assis ici en plein cœur de Barcelone je vois qu'une nouvelle ville s'invente dans laquelle tout le monde pourra avoir accès aux outils pour qu'elle devienne entièrement autonome. » Les citoyens ne sont donc plus des subalternes mais des smart people ; « des récepteurs et générateurs d'idées, de services et de solutions », comme dit l'un d'entre eux. Dans cette vision, la métropole ne devient pas smart par la décision et l'action d'un gouvernement central, mais surgit, tel un « ordre spontané », quand ses habitants « trouvent de nouveaux moyens de fabriquer, relier et donner du sens à leurs propres données ». Ainsi naît la métropole résiliente, celle qui doit résister à tous les désastres.
Derrière la promesse futuriste d'un monde d'hommes et d'objets intégralement connectés —quand voitures, frigos, montres, aspirateurs et godemichés seront directement reliés entre eux et à l'Internet—, il y a ce qui est déjà là : le fait que le plus polyvalent des capteurs soit déjà en fonctionnement —moi-même—. « Je » partage ma géolocalisation, mon humeur, mes avis, mon récit de ce que j'ai vu aujourd'hui d'incroyable ou d'incroyablement banal. J'ai couru ; j'ai immédiatement partagé mon parcours, mon temps, mes performances et leur autoévaluation. Je poste en permanence des photos de mes vacances, de mes soirées, de mes émeutes, de mes collègues, de ce que je vais manger comme de ce que je vais baiser. J'ai l'air de ne rien faire et pourtant je produis, en permanence, de la donnée. Que je travaille ou pas, ma vie quotidienne, comme stock d'information, reste intégralement valorisable. J'améliore en continu l'algorithme.
« Grâce aux réseaux diffus de capteurs, nous aurons sur nous-mêmes le point de vue omniscient de Dieu. Pour la première fois, nous pouvons cartographier précisément la conduite de masses de gens jusque dans leur vie quotidienne », s'enthousiasme tel professeur du MIT. Les grands réservoirs réfrigérés de données constituent le garde-manger du gouvernement présent. En fouinant dans les bases de données produites et mises à jour en permanence par la vie quotidienne des humains connectés, il cherche les corrélations qui permettent d'établir non pas des lois universelles, ni même des « pourquoi », mais des « quand », des « quoi », des prédictions ponctuelles et situées, des oracles. Gérer l'imprévisible, gouverner l'ingouvernable et non plus tenter de l'abolir, telle est l'ambition déclarée de la cybernétique. La question du gouvernement cybernétique n'est pas seulement, comme au temps de l'économie politique, de prévoir pour orienter l'action, mais d'agir directement sur le virtuel, de structurer les possibles. La police de Los Angeles s'est dotée il y a quelques années d'un nouveau logiciel informatique nommé « Prepol ». Il calcule, à partir d'une foultitude de statistiques sur le crime, les probabilités que soit commis tel ou tel délit, quartier par quartier, rue par rue. C'est le logiciel lui-même qui, à partir de ces probabilités mises à jour en temps réel, ordonne les patrouilles de police dans la ville. Un Père cybernéticien écrivait, dans Le Monde, en 1948 : « Nous pouvons rêver à un temps où la machine à gouverner viendrait suppléer —pour le bien ou pour le mal, qui sait ?— l'insuffisance aujourd'hui patente des têtes et des appareils coutumiers de la politique. » Chaque époque rêve la suivante, quitte à ce que le rêve de l'une devienne le cauchemar quotidien de l'autre.
L'objet de la grande récolte des informations personnelles n'est pas un suivi individualisé de l'ensemble de la population. Si l'on s'insinue dans l'intimité de chacun et de tous, c'est moins pour produire des fiches individuelles que de grandes bases statistiques qui font sens par le nombre. Il est plus économe de corréler les caractéristiques communes des individus en une multitude de « profils », et les devenirs probables qui en découlent. On ne s'intéresse pas à l'individu présent et entier, seulement à ce qui permet de déterminer ses lignes de fuite potentielles. L'intérêt d'appliquer la surveillance sur des profils, des « événements » et des virtualités, c'est que les entités statistiques ne se révoltent pas ; et que les individus peuvent toujours prétendre ne pas être surveillés, du moins en tant que personnes. Quand la gouvernementalité cybernétique opère déjà d'après une logique toute neuve, ses sujets actuels continuent de se penser d'après l'ancien paradigme. Nous croyons que nos données « personnelles » nous appartiennent, comme notre voiture ou nos chaussures, et que nous ne faisons qu'exercer notre « liberté individuelle » en décidant de laisser Google, Facebook, Apple, Amazon ou la police y avoir accès, sans voir que cela a des effets immédiats sur ceux qui le refusent, et qui seront désormais traités en suspects, en déviants potentiels. « À n'en pas douter, prévoit The New Digital Age, il y aura encore dans le futur des gens qui résistent à l'adoption et à l'usage de la technologie, des gens qui refusent d'avoir un profil virtuel, un smartphone, ou le moindre contact avec systèmes de données online. De son côté, un gouvernement peut suspecter des gens qui désertent complètement tout cela d'avoir quelque chose à cacher et d'être ainsi plus susceptibles d'enfreindre la loi. Comme mesure antiterroriste, le gouvernement constituera donc un fichier des "gens cachés". Si vous n'avez aucun profil connu sur aucun réseau social ou pas d'abonnement à un téléphone mobile, et s'il est particulièrement difficile de trouver des références sur vous sur Internet, vous pourriez bien être candidat pour un tel fichier. Vous pourriez aussi voir appliquer tout un ensemble de règlements particuliers qui incluent des fouilles rigoureuses dans les aéroports et même des interdictions de voyager. »
___________________________________
Mise à jour du 28/03/2016 :
C’est le pouvoir d’ordonnancer
qui détermine le pouvoir d’ordonner
(Frédéric Lordon)


C'est avec pas mal de retard que je suis tombé sur une vidéo, que nous devons à Hors-Série, présentant une discussion tranquille et engagée entre Éric Hazan, chevronné et tonique éditeur du Comité Invisible, et Frédéric Lordon, économiste à rebrousse-poil et penseur qui a oublié d'être con. En voici l'introduction :
A l'occasion de la sortie du livre À nos amis, du Comité Invisible, le Lieu-Dit a organisé une rencontre-débat entre Eric Hazan et Frédéric Lordon. Le premier dirige La Fabrique, et se trouve être l'éditeur du Comité Invisible, depuis L'insurrection qui vient. Le second est philosophe (spinoziste) et économiste (hétérodoxe) : au delà de leur profonde amitié, ils ont, sur l'Etat et les stratégies de subversion que le Comité Invisible promeut, des opinions qui peuvent parfois diverger ; sans compter les questions et interpellations du public, vives. L'ensemble constitue un document passionnant. C'était le 27 novembre 2014, rue Sorbier à Paris, devant un public nombreux, ardent, mobilisé - et impatient de passer à l'acte ! Les caméras de Hors-Série étaient là pour filmer l'événement (dans des conditions techniques difficiles), événement que nous diffusons sur Hors-Série, en accès libre… N'hésitez pas à faire tourner !
C'est avec plaisir que Candide résiste relève cette invitation et insère la vidéo de cette rencontre :

samedi 7 février 2015

Fassin et la prison, “l’ombre du monde”

Écoutez l'anthropologue Didier Fassin. Il s'exprime chez France Culture, pour l'émission La Suite dans les idées, juste avant la publication de son ouvrage L'ombre du monde : une anthropologie de la condition carcérale (Seuil, 8 janvier 2015), rédigé après quatre ans d’enquête dans une maison d’arrêt.
Voici son quatrième de couverture :
Invention récente puisqu’elle n’a guère plus de deux siècles, la prison est devenue, partout dans le monde, la peine de référence. L’atteste, en France, le doublement de la population carcérale au cours des trois dernières décennies. Comment comprendre la place qu’elle occupe dans la société contemporaine ? Et comment expliquer que le tournant punitif affecte avec une telle intensité certaines catégories de personnes ? Pour tenter de répondre à ces questions, Didier Fassin a conduit au long de quatre années une enquête dans une maison d’arrêt.
Analysant l’ordinaire de la condition carcérale, il montre comment la banalisation de l’enfermement a renforcé les inégalités socio-raciales et comment les avancées des droits se heurtent aux logiques d’ordre et aux pratiques sécuritaires. Mais il analyse aussi les attentions et les accommodements du personnel pénitentiaire, les souffrances et les micro-résistances des détenus, la manière dont la vie au dedans est traversée par la vie du dehors. La prison apparaît ainsi comme à la fois le reflet de la société et le miroir dans lequel elle se réfléchit. Plutôt que l’envers du monde social, elle en est l’inquiétante ombre portée.


La Suite dans les idées

Syndiquer le contenu par Sylvain Bourmeau Le site de l'émission
le samedi de 13h30 à 14h
Ecoutez l'émission 28 minutes

Entre les murs, anthropologie de la condition carcérale

03.01.2015 - 13:30
Didier Fassin enseigne à l'Institute for Advanced Studies à Princeton aux USA.
Anthropologue et Directeur d'études à l'EHESS, Il est de passage à Paris pour la publication de son essai L'ombre du monde : une anthropologie de la condition carcérale qui paraîtra aux Editions  du Seuil dans la  Coll. La couleurs des idées le 8 janvier 2015.


Didier Fassin SB © Radio France

Ce livre est le résultat d'une enquête sur la prison, et cet essai suit les parcours d'hommes,  de leur comparution immédiate à leur incarcération et des commissions de discipline aux parloirs.
Etudiant les interactions au quotidien et les histoires de vie, la routine de la détention et les moments de crise, il analyse l'ordinaire de la condition carcérale.
Cet essai fait suite à La force de l'ordre, du même auteur, paru en 2011 au Seuil.
_________________________
Note du 8/02/2015 :

Didier Fassin aux Inrocks : “Emprisonner plus, c’est moins bien défendre la société

mercredi 4 février 2015

La privatisation du vivant nous prive de la vie

Les OGM philanthropiques et verts sont ceux d'une 
société démocratique et libre, donc philanthropique
et verte qui, pour ces raisons, n'en aura pas besoin.
(Jean-Pierre Berlan.
Article rédigé sur le site de Kokopelli, le 25.09.2012,
et publié ensuite par Le Monde, 28.09.2012)


L'apropriation par des élites agioteuses du patrimoine commun entraîne même la privatisation du vivant, ce qui comporte fatalement l'éradication de la vie, voire l'éradication délibérée de la vie. Le système, son cadre, favorise, appelle ce genre de volition. Autrement dit, les caractères affectant la survie ou la mort, le succès ou l'échec reproductif découlent simplement d'une sélection... boursière, véritable darwinisme de notre époque ou, si l'on préfère, de notre système économique. Sélection boursière qui détermine à son tour la reproduction des élites mentionnées, les prédateurs dont nous sommes les proies. Et compte tenu des questions d'hérédité, on voit bien que l'Économie devient une branche non négligeable de la Génétique ! Tout comme, soit dit en passant, El Roto nous rappelait dans son Libro verde que, vu le taux de métaux lourds contenus dans les poissons, la pêche devrait être considérée comme une exploitation minière... Ou que les mouvements boursiers sont la nouvelle grêle des agriculteurs...

Le 29 janvier 2015, Camille Labro écrivait sur son blog, hébergé par Le Monde :

A vos graines, citoyens !

La biodiversité est en danger, et notre monde avec. Saviez-vous qu’en un siècle, 75% des espèces comestibles cultivées ont disparu (chiffres FAO) ? La société moderne a réussi à éradiquer des milliers de végétaux qui nous accompagnaient, et nous nourrissaient, depuis la nuit des temps.
Aujourd’hui, les multinationales semencières (Monsanto, Dupont, Syngenta, Limagrain, Bayer…) tentent de s’arroger le monopole des graines, pour privatiser le vivant et prendre le contrôle de ce que plantent agriculteurs et jardiniers, et, par ce biais, l’essence de ce qui nous fait vivre.
Alors que de tout temps, les paysans ont collecté, préservé, replanté et échangé leurs graines librement, l'Europe s'est inventée un catalogue officiel des graines autorisées – notamment de nombreux hybrides F1, qui ne se ressèment pas et doivent donc être rachetés chaque année par le cultivateur. Tout agriculteur qui plante autre chose et vend les fruits de sa production, est aujourd’hui considéré hors-la-loi. (En lire plus)
[Pour accéder à l'info de la FAO sur la situation de l'agrobiodiversité, cliquez ci-contre. On y lit...
100 YEARS OF AGRICULTURAL CHANGE: SOME TRENDS AND FIGURES RELATED TO AGROBIODIVERSITY
* Since the 1900s, some 75 percent of plant genetic diversity has been lost as farmers worldwide have left their multiple local varieties and landraces for genetically uniform, high-yielding varieties.
* 30 percent of livestock breeds are at risk of extinction; six breeds are lost each month.
* Today, 75 percent of the world’s food is generated from only 12 plants and five animal species.
* Of the 4 percent of the 250 000 to 300 000 known edible plant species, only 150 to 200 are used by humans. Only three - rice, maize and wheat - contribute nearly 60 percent of calories and proteins obtained by humans from plants.
* Animals provide some 30 percent of human requirements for food and agriculture and 12 percent of the world’s population live almost entirely on products from ruminants.
Source: FAO. 1999b]
À ce sujet, Labro nous rappelle également l'existence d'un film documentaire que je vous insère ci-dessous, La Guerre des Graines (diffusé le 27 mai 2014 sur France 5), où l'on voit que privatisation rime avec hybridation (chimérisme !) qui, elle, rime avec stérilisation...
Un film qui donne les clés pour comprendre comment des multinationales veulent confisquer le vivant. Un film qui donne envie de se battre pour sauver notre indépendance alimentaire.
Voir l'article sur LaTéléLibre.




Un documentaire prouvant que seules nos quotas d'autonomie rendent possibles nos quotas de liberté, tout modestes soient-ils —et donc, qu'il n'y a nulle liberté là où l'on manque affreusement de la moindre autonomie.
On y rencontre, entre autres, Jean-Pierre Berlan, ingénieur et ancien directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui a publié dans le Monde "Ne laissons pas faire les experts", l'article dont nous avons extrait la citation mise en exergue de ce billet.
Si vous rappelez à Jean-Pierre Berlan que son premier métier fût ingénieur agronome il se fâche : pour lui les 2 termes sont opposés... À cet égard, on dirait qu'il sait bien, comme le Comité Invisible, que...
"Le capitalisme est en ce sens essentiellement technologique ; il est l'organisation rentable, en un système, des techniques les plus productives. Sa figure cardinale n'est pas l'économiste, mais l'ingénieur (...), l'expropriateur en chef des techniques, celui qui ne se laisse affecter par aucune d'entre elles, et propage partout sa propre absence de monde. C'est une figure triste et serve. La solidarité entre capitalisme et socialisme se noue là : dans le culte de l'ingénieur."
Eh ben, justement dans La Guerre des Graines, Jean-Pierre Berlan dénonce le mariage contre nature de la chimie et des graines, la mainmise des fabricants de mort sur les semences, qui sont la Vie par excellence. Comment peut-on accepter que ce soient les fabricants de produits en "cide" qui en décident ?

Évidemment, il ne s'agit pas d'un sujet d'aujourd'hui. Ça traîne...

Inde : Suicides massifs de milliers de paysans - Les OGM en question...

Ces dernières semaines, 1500 fermiers se sont suicidés en Inde, dans la province de Chattisgarh. Un phénomène récurrent, puisque les chiffres officiels font état de 1000 suicides mensuels... depuis plus de quinze ans. En cause, l'endettement des paysans lié à l'achat de semences OGM miraculeuses... qui se révèlent catastrophiques.
Coton Bt Monsanto : Suicides de paysans en Inde
Depuis le milieu des années 80, l'Inde a accepté d'ouvrir totalement son marché en contrepartie de l'aide du Fonds Monétaire International. Une révolution économique s'en suivit, qui en fit un terrain d'expérimentation mondial en matière agricole. Depuis lors, les paysans sont livrés aux promesses des vendeurs de semences magiques : les rendements devaient être exceptionnels, et les insectes et parasites rangés dans les tiroirs de l'histoire. Les variétés traditionnelles ont même été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales. Mais pour toucher le Graal, il fallait débourser 10 fois plus pour la même quantité de semences. Le prix de la gloire. Et les paysans se sont massivement endettés.
What a wonderfull world (Company)...
Sauf que les semences OGM de coton Bt (de Monsanto, faut-il le préciser) sont tombées malades, infestées par le vers (vorace) de la capsule. Les semenciers avaient juste oublié de préciser que les plantes n'étaient pas résistantes aux maladies locales et qu'il fallait donc épandre des tonnes de pesticides en plus. Ils avaient aussi omis d'indiquer que les variétés en question buvaient deux plus d'eau et dégradaient les sols à grande vitesse. Du coup, les sécheresses ont été amplifiées et les rendements réduits à peau de chagrin. Les paysans se retrouvent à sec, paralysés par leurs dettes et sans le sou pour acheter les semences de l'année suivante, puisque les plantes OGM - dotés d'une technologie révolutionnaire affectueusement nommée "Terminator" - sont calculées pour que les grains ne puissent pas se replanter... D'où de nouvelles dettes. Etc.


« 270 000 paysans indiens se sont suicidés depuis l’arrivée de Monsanto sur le marché des semences du pays », alertait Vandana Shiva, féministe et militante écologiste indienne, lors d’une interview en mars 2013 (toutvert.fr). Vandana Shiva est une admirable, souriante et intelligente résistante qui prône la désobéissance, la solidarité et l'autogestion.

Des agriculteurs indiens font reculer le gouvernement sur les OGM (Wedemain.fr, 11 août 2014).

Voici un entretien avec Geneviève Azam —Maître de Conférences en économie (Université de Toulouse-le-Mirail), membre du conseil scientifique d’ATTAC— édité en trois volets :






Ogm la privatisation du vivant 3/3 por odjag

___________________________ 
Mise à jour du 15/03/2015 :