jeudi 31 mars 2016

Niveau des mers, vrai poids de la viande

Le Monde expliquait hier à ses lecteurs que l’élévation du niveau des mers pourrait atteindre deux mètres à la fin du XXIe siècle.
C’est ce que suggère une étude américaine publiée jeudi 31 mars dans la revue Nature. Les auteurs, Robert DeConto, de l’université du Massachusetts, et David Pollard, de l’université de Pennsylvanie, ont modélisé la contribution de l’Antarctique à l’élévation des mers et ont mis en avant la sensibilité de cette calotte glaciaire.
(...)
Cette nouvelle modélisation revoit fortement à la hausse les prévisions du cinquième rapport du GIEC. Celles-ci prenaient en compte la fonte et l’écoulement du Groenland, la dilatation des océans et la fonte des glaciers de montagne. « Mais le GIEC n’avait pas pu tenir compte de l’effondrement de la calotte glaciaire au moment de son rapport, car les études manquaient », explique Catherine Ritz, chercheuse au laboratoire de glaciologie de Grenoble qui avait établi un modèle similaire en novembre 2015. « Cependant, ajoute-t-elle, le groupe avait déjà reconnu que l’Antarctique constituait un des plus grands risques. »
Selon le dernier rapport du GIEC, dans le meilleur scénario, les océans s’élèveront d’ici à 2100 de 40 centimètres, dans le pire des cas, si les émissions de gaz à effets de serre restent identiques, le niveau des mers monterait de 1 mètre. Mais en ajoutant la contribution de l’Antarctique, on arriverait à une augmentation comprise entre 60 centimètres et 2 mètres. 
D'autre part, le quotidien parisien nous rappelait le 20 mars les retombées de la production et de la consommation massives de viande, dont la croissance continue dans le monde constitue la plus importante menace pour la biodiversité...
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Mise à jour du 4 avril 2016 :
Scandale des abattoirs : ce qu’en disent les éleveurs paysans
1er avril 2016 / Marie Astier (Reporterre) 
En trois vidéos choquantes, l’association L214 a soulevé un débat national sur l’abattage des animaux. Les éleveurs réclament, eux, un droit de regard sur ces pratiques et cherchent des solutions pour s’émanciper des abattoirs privés soumis à la rentabilité.

Mi-octobre 2015, l’association L214 diffusait une première vidéo tournée dans l’abattoir d’Alès, dans le Gard. Puis a suivi celle du Vigan, dans le même département : un abattoir certifié bio, dénoncé juste avant le Salon de l’agriculture. Enfin, une troisième, tournée à Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques, est sortie à quelques jours des fêtes de Pâques.
A priori, la réaction de rejet est unanime. « C’est pas normal, c’est pas normal, répète Pierre Brosseau, éleveur de porcs en Loire-Atlantique. Quand nos animaux sont abattus, on n’a pas envie qu’ils souffrent », réagit l’éleveur, membre de la Confédération paysanne.
« Je connais personnellement les gens qui travaillent à l’abattoir que j’utilise. J’espère qu’ils ne sont pas violents comme dans ces vidéos », commente Yves-Pierre Malbec, éleveur de moutons dans le Lot et lui aussi membre de la Confédération paysanne.
Du côté du syndicat majoritaire dans la profession, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), la branche bovins a réagi à la vidéo de Mauléon-Licharre en portant plainte contre X. « Les éleveurs et producteurs de viande bovine sont offusqués et dénoncent avec la plus grande énergie les actes de maltraitance animale, intolérables, intervenus à l’abattoir Mauléon-Licharre dans les Pyrénées-Atlantiques », indique la Fédération nationale bovine, dans un communiqué.
« En tant qu’éleveurs, notre objectif est que nos animaux soient abattus dans les meilleurs conditions », rappelle Étienne Gangneron, éleveur de bovins bio dans le Cher et membre de la FNSEA. « Dans un premier temps, on est choqué par les images. Mais dans un deuxième temps, c’est le procédé utilisé par L214 qui interpelle », ajoute-t-il.

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mercredi 30 mars 2016

Baobab

Dimanche 13 mars, 11h, Teatro Valle-Inclán, siège du Centro Dramático Nacional, à Lavapiés, Madrid. Salle El Mirlo Blanco. Séance de théâtre pour enfants à partir de cinq ans (sic) dans le cadre de Titerescena. Au Québec, c'est à partir de 4 ans qu'on la conseille. Ma fille n'avait pas encore eu sa troisième année et pourtant, j'avais adhéré illico à l'idée maternelle sans en savoir grand chose. La mère, le théâtre et le titre de la pièce, Baobab, me semblaient trois garanties plus que suffisantes. Le mot baobab évoque aussitôt dans mon esprit le Sénégal, source toujours chez moi d'affects très joyeux.
Cela fait très longtemps, après un voyage au Sénégal en 1996, j'écrivis un texte témoignage. La découverte d'un baobab (« Adansonia digitata ») cinq fois centenaire sur la savane, sur notre chemin vers Djiffère, me fit écrire :
De nuevo en marcha. La sabana de baobabs, las termiteras salpicándolo todo, también los campos cultivados. Nos detenemos a la altura de un baobab gigante de más de 500 años. En compañía de un guía de guardia, nos vamos colando todos por una rendija del tronco, cabeza y pierna al tiempo, único modo de embutirse. Una vez dentro, el experto nos habla del ancestral valor funerario del baobab, en tiempos cámara mortuoria del griot recién fallecido. Igual que muchos esclavos griegos cubrían la relevante función de pedagogos en la antigua Roma, los miembros de esta baja casta de poetas y músicos han sido los depositarios de la tradición oral de su pueblo. Al griot (géwal/géwél en uólof) nunca se lo enterraba: unas largas parihuelas sostenidas en lo alto de aquella oscura bóveda eran su sepulcro. Inhumarlo podía provocar una temible sequía.
Donc, les griots n’étaient pas enterrés, si l'on voulait éviter une terrible sécheresse ; on les inhumait dans les trous des baobabs qui devenaient de la sorte des arbres-sépultures. Cette tradition sérère relie par conséquent eau et baobab...


Deux minutes avant l'heure prévue, nous occupions nos sièges. Sur scène, un musicien tapait gaiement sur les lames de bois de son balafon, ce beau xylophone mandingue, ou malinké, à calebasses. À sa droite, une femme blonde immobile jouait subtilement de la kora avec maîtrise. La kora est une sorte de harpe-luth typique de la tradition mandingue, elle aussi, que le public espagnol intéressé identifie notamment avec le malien Toumani Diabaté —qui enregistra Songhai (1 et 2) avec le groupe Ketama. J'apprendrais plus tard que les artistes en question s'appellaient Aboulaye Koné et Nathalie Cora (de son vrai nom Nathalie Dussault), formée justement auprès de Diabaté au Mali et devenue maîtresse de l'instrument qui lui donne son surnom, dont elle dit...
La kora est un instrument diatonique à cordes pincées classé dans la famille des harpes-luths. Elle se compose d’une demi-calebasse sur laquelle est tendue une peau de vache et est traversée par un long manche où sont fixées ses 21 cordes. Deux antennes permettent de tenir l’instrument que l’on joue avec les pouces et les index. Chaque joueur de kora fabrique lui-même son instrument.
La kora est issue de l’Afrique de l’Ouest. On la retrouve principalement au Mali, au Sénégal, en Guinée et en Gambie parmi les ethnies malinkés. Elle est traditionnellement jouée par des hommes, les griots, dont le métier est de perpétuer l’histoire, les coutumes et la généalogie des familles.
Arrivèrent ensuite un homme très costaud et une femme. C'étaient Widemir Normil et Sharon James. Elle monta les marches divisant les spectateurs en deux pour demander les prénoms de quelques enfants, dont ma fille, qui seraient salués par les comédients interprètes dans leur litanie d'ouverture. Visiblement enrhumée, Sharon James n'arrêterait pas de jouer son rôle de marionnettiste avec précision, le sourire aux lèvres quand il le fallait.

Baobab est une coproduction de la troupe Sô (Mali) et du québécois Théâtre Motus [voir plus bas pour Hélène Ducharme] créée le 18 janvier 2009 avec le soutien du Théâtre de la Ville de Longueuil et la collaboration du comédien Hamadoun Kassogué (né en 1957 à Ley, Kani Godouna, Mali) et du peintre, infographe et sculpteur sénégalais Ismaïla Manga (1957-2015). Ce 13 mars 2016, c'était le premier anniversaire de sa mort.
La traduction en castillan —hélas, faible— est due à Humberto Pérez Mortera. La diction travaillée et en général claire des acteurs —notamment du puissant et protéiforme Widemir Normil— facilitait néanmoins la compréhension.
Voici le résumé officiel de la pièce :
Dans cette région d'Afrique où une sécheresse sévit depuis très longtemps, se dresse un baobab millénaire. Voilà qu'un jour, de ce baobab naît un œuf et, de cet œuf, un petit garçon. Les villageois découvrent qu'il est le seul capable de libérer la source d'eau. Débute alors une grande quête où seul le courage d'un enfant peut changer l'histoire du Monde. Dans cet univers rempli de soleil, où l'ombre est réconfortante, les percussions africaines se transforment en animaux et les masques et marionnettes deviennent génies ou sorcières ! Laissez-vous guider par le grand griot dans cette fabuleuse histoire inspirée de contes africains.
Ce jeune garçon sauveur s'appelle Amondo, le rassembleur. Sa présence sur scène est assurée par une marionnette inoubliable. Il n'est pas Hercule, c'est un môme qui ne devra exécuter que... trois travaux décisifs pour la reconquête de l'eau, symbole autrement significatif, surtout en Afrique où la sécheresse ne plaisante pas.
L’enfance croit ce qu’on lui raconte..., disait Jean Cocteau au début de son film La Belle et la Bête. En guise d'« il était une fois », Baobab démarre comme cela...
« LE GRIOT : Aw ni sogoma! À vous le petit matin… Nous sommes les griots du village et pour vous raconter notre histoire, nous avons besoin de vos oreilles. Voulez-vous nous prêter vos oreilles? Les enfants répondent et le griot fait le geste de prendre dans ses mains les oreilles des enfants et de les placer sur son cœur. Merci. Ne vous en faites pas, elles sont entre bonnes mains. Zirin ! / TOUS : Namou. »
Au sujet de l'archéologie de la conception de Baobab, le journaliste Jean Siag publiait le 12 décembre 2009 un article très instructif dans La Presse :
La genèse du projet Baobab vaut la peine d'être contée. Après avoir plongé plusieurs mois dans l'univers glacial des Inuits pour sa pièce Inuussia, la femme-phoque, présentée la semaine dernière au Festival Titirijai de Tolosa, en Espagne, la cofondatrice de Motus, Hélène Ducharme, avait envie d'un peu de chaleur.
«Mon ami Aboulaye Koné, m'a dit: tu dois aller à la rencontre de l'Afrique, raconte-t-elle. Oui, j'avais une idée de ce que je voulais écrire, mais je devais m'imprégner de la culture africaine et de ses traditions.»
L'auteure de Nombril et de Bulles s'est donc rendue au Mali et au Sénégal, dans une démarche de recherche. De ce périple en Afrique de l'Ouest, Hélène Ducharme fera deux rencontres déterminantes: Ismaïla Manga, artiste visuel sénégalais, qui a peint toutes les toiles de Baobab que l'on voit sur scène; et l'acteur Hamadoun Kassogué, le «Brad Pitt du Mali !» dixit l'auteure, qui a peaufiné la structure du texte (...).



Librement inspiré de ce spectacle, les Éditions de la Bagnole publièrent en 2010, l'ouvrage Baobab. Amondo le rassembleur, texte d'Hélène Ducharme, illustrations de Normand Cousineau. 
Hélène Ducharme est comédienne, marionnettiste, acrobate, danseuse, auteure en résidence pour le Théâtre Motus ; elle a aussi mis en scène les dernières créations de la compagnie : La Crise (2003), Inuussia, la femme-phoque (2005), Bulles, Légendes d'hiver pour micro-marionnettes (2007) et Baobab (2009).
Le Théâtre Motus fournit sur son site cette information sur ses origines et son projet :
Fondé au début de ce millénaire, le Théâtre Motus explore, crée et diffuse des pièces de théâtre originales destinées au jeune public et au public familial. Nous privilégions le médium de la marionnette pour les libertés que celle-ci nous offre au niveau de la dramaturgie et de la mise en scène, comme véhicule d’émotions et comme objet qui nous permet de repousser les frontières des formes.
Nous explorons le mariage entre la marionnette, le jeu de comédien, la musique en direct, le théâtre d’ombres noires et en couleur et toute autre forme théâtrale potentiellement complémentaire à la marionnette. Le dialogue entre cultures diverses nous inspire également beaucoup.
La compagnie, qui a été fondée par Hélène Ducharme et Sylvain Massé et a pignon sur rue à Longueuil, diffuse ses spectacles à l’échelle internationale et a déjà donné plus de 1 200 représentations de neuf spectacles ici, aux États-Unis, au Mexique, en Espagne, en France, en Grèce et au Mali.
Les amis des contes africains disposent ici (les trésors d'Amadou Hampâté Bâ) et (contes du Congo) d'autres références abordées dans ce blog.

mardi 15 mars 2016

La loi du marché

Avec les Allemands dénués de toute présupposition, 
force nous est de débuter par la constatation de la 
présupposition première de toute existence humaine, 
partant de toute histoire, à savoir que les hommes 
doivent être à même de vivre pour pouvoir "faire l'histoire"
Mais pour vivre, il faut avant tout boire, manger, se loger, 
s'habiller et quelques autres choses encore.
Karl Marx, Friedrich Engels : L'Idéologie allemande.


Sorti en mai 2015, La loi du marché est un film réalisé par Stéphane Brizé qui —sans soubresauts hollywoodiens, stridences, explosions, glamour ou effets spéciaux—nous fait frissonner, avaler notre salive sans arrêt, bref, nous prend bien aux tripes. Car quoiqu'il s'agisse d'une fiction, elle est trop vraie, trop réelle, presque un documentaire : c'est une chronique de la cruauté libérale ordinaire, cette machine implacable à capturer, presser et broyer les gens, à leur donner des leçons (culpabilisantes) et conformer leurs dispositions, à leur imposer des stages et des apprentissages creux, obnubilants et antivitaux, à leur prêcher la servitude et les sacrifices incontournables qu'exige la soif du Capital, la loi du marché...
Le film montre justement ces deux forces que tout oppose : la lutte pour la survie (d'individus dividus et décidus ; cf. diviser et choir) versus la lutte pour les profits —sur cette dualité travail-capital, cf. La mise à mort du travail, documentaire en trois volets commenté ici.
Thierry Taugourdeau (rôle joué par Vincent Lindon) est un homme courant qui s'est vu déclassé d'une manière absolument normale : après avoir bien travaillé pendant 25 ans pour sa boîte, il s'est retrouvé à la rue, sans autre forme de procès, comme tant d'autres, et il en a bavé derrière. Il partage sa vie avec sa femme et leur enfant Matthieu. 15 mois sans emploi rongent les économies familiales à force de factures, traites du crédit immobilier pesant sur l'appartement (il faut encore cinq ans pour payer l'hypothèque)... et la prise en charge des frais de scolarisation et de vie d'un enfant atteint d'une infirmité motrice cérébrale et de difficultés d'élocution. Heureusement Matthieu est un pilier de la famille, une source inépuisable de force, celle qui est peut-être à l'origine de l'aplomb de son père, que rien n'égare —mais dont la santé mentale, fragilisée par son parcours de combattant, le pousse à oublier d'autres combats : la survie est un flingue sur la tempe d'employés et chômeurs, une épée de Damoclès aussi bien matérielle que mentale suspendue chaque instant au-dessus de la tête des dominés —car dépendants d'un salaire. Le Capital, lui, dispose de temps, de pouvoir et d'une force de travail composée d'une foule d'individus angoissés, divisés, qui ont des urgences et, souvent, encore, quelque chose à perdre. Au demeurant, on perd trop quand on doit gagner sa vie, c'est-à-dire, vendre sa force de travail. Les salariés et les prétendants à un emploi/salaire se trouvent amputés, divisés, rapetissés, humiliés, complexés... La rébellion s'avère compliquée.
Thierry décroche finalement un poste de vigile dans un supermarché où il devra, entre autres, fliquer ses collègues. D'ailleurs, il n'y a pas eu beaucoup de départs en pré-retraite et le groupe cherche à virer du personnel. Le carnage est servi : il devra faire face à des situations écœurantes. C'est et la loi générale du marché et la loi particulière du supermarché.
 

Voici un entretien avec Stéphane Brizé, metteur en scène de La loi du marché, qui illustre bien sa conception du film et sa démarche vis-à-vis de sa confection :
Entretien avec Stéphane Brizé, réalisateur, et Eric Dumont, directeur de la photographie, à propos du film "La Loi du marché"
L’équipe invisible

Tourné avec un budget de 1,4 M€, sur 21 jours, et une équipe de treize personnes, La Loi du marché rompt avec les méthodes de fabrication des films en compétition à Cannes. Son réalisateur, Stéphane Brizé, et son chef opérateur, Éric Dumont, reviennent sur cette fiction sociale un peu hors normes, qui joue avec les codes de la fiction et du documentaire. (FR)
Dans quel contexte avez-vous conçu le film ?
Stéphane Brizé : Le film, dès son écriture, a volontairement été pensé comme un projet à petit budget, avec une équipe très réduite. Ce n’était pas une décision forcée, mais bien un choix de ma part. Techniquement, je ne souhaitais pas avoir de maquillage, pas de coiffeur, de machinerie et de lumière au sens traditionnel du terme. C’est pour cette raison que j’ai cherché un directeur de la photo qui cadre, qui puisse pointer lui-même, et qui soit habitué aux méthodes de travail en lumière qu’on rencontre plus souvent dans le documentaire. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Éric, présenté par un ami commun.
1,4 M€, c’est quand même un tout petit budget pour un long métrage, non ?
SB : On n’a jamais souffert du budget. Là-dessus, les choses étaient plutôt bien préparées. Les salaires du producteur, du comédien principal et de moi-même ont été mis en participation. Pour tout le reste, tout le monde a été payé au tarif syndical, et on n’a manqué de rien sur le film.
Le monde de la grande distribution n’est pas un modèle de transparence... Comment vous y êtes-vous pris ?
SB : Grâce à mes contacts, j’ai pu moi-même, lors de la préparation, m’immerger dans ce monde, passer des heures devant les écrans de contrôle et même faire un stage d’agent de sécurité... Ensuite, je suis allé, avec Vincent Lindon, rencontrer les autres employés, certains interprétant ensuite ses collègues de travail dans le film. Le fait de rencontrer un chef d’entreprise ouvert et intelligent, qui nous a autorisés à tourner dans son magasin, était une chance assez inespérée. C’est même assez paradoxal parce que si l’histoire met en lumière la brutalité qui règne dans ce milieu, ce patron n’est pas du tout quelqu’un comme ça !
Avez-vous fait des essais préalables ?
SB : La première étape de préparation réelle a été de tourner quelques scènes du film, un peu comme une maquette, en situation dans l’hypermarché. Ça a duré un jour, au mois de juin 2014 (soit cinq mois avant le tournage), et cette maquette de cinq minutes a permis de valider beaucoup de choix importants que je pressentais en matière de réalisation.
Par exemple, la volonté d’être toujours le plus loin possible des comédiens (qui sont tous des non professionnels à part Vincent Lindon). Ce dispositif passait par l’utilisation de longues focales (quasiment rien n’a été filmé en dessous du 100 mm), et la caméra placée à environ, parfois,10 à 20 mètres des sujets...
En termes d’image, j’avais envie aussi d’isoler souvent mon personnage principal du monde extérieur, en jouant sur une faible profondeur de champ. Et c’est grâce à l’expérience et au talent d’Eric que ces longs plans-séquences à pleine ouverture, avec les suivis de point qui vont avec, ont été possibles. Son rôle sur le film a été primordial, car c’est lui qui, caméra à l’épaule, tout au long des très longs plans-séquences, a su traduire mon point de vue.
Vous faites des répétitions ?
SB : Non, il n’y a eu aucune répétition, que ce soit avant le tournage ou avant les prises. D’ailleurs je ne distribue pas le scénario aux comédiens. Je leur explique juste la scène et il faut que la technique s’adapte immédiatement à eux. Mon projet, sur tous mes films, et encore plus précisément sur celui-ci, est de créer un cadre ultra défini avec des enjeux précis puis de créer un dispositif qui laisse s’engouffrer la vie. Je sais d’où je pars, je sais où je dois arriver... Mais entre les deux je refuse d’anticiper sur le trajet !
Cette méthode me fait penser un peu à celle de Mike Leigh ou de Ken Loach qui est réputée pour ne pas distribuer de scénario à leur équipe... Ils insistent en revanche tous les deux sur l’importance des projections de rushes en fin de journée... Est-ce la même chose pour vous ?
SB : Non, je ne regarde pas les rushes. Je juge sur place, au moment du tournage. On n’a pas non plus fait de "retakes" sur le film, mais je me suis permis parfois de laisser soudain tomber un décor ou une scène pour la réécrire car je me rendais compte que ça ne fonctionnait pas. Pour moi, ça fait partie du processus créatif de changer d’avis et de recommencer... Là-dessus, on fonctionne un peu pareil avec Vincent Lindon..., on s’interroge, on se confronte au réel, et c’est l’instant qui soudain nous parle.
Avec quelle base de lumière avez-vous travaillé ?
Eric Dumont : Dans le supermarché, j’ai surtout travaillé à partir des lumières fluos existantes, en utilisant des tubes équilibrés en température de couleur. Sinon, j’ai principalement utilisé des SmartLight SL1. Ces panneaux LED étant très fins, on pouvait les accrocher dans les décors, et plus ou moins les rendre invisibles car ils se fondaient parfois avec les luminaires qu’on peut trouver dans la vraie vie. Enfin, j’ai pu obtenir plusieurs Flex Light de Westcott, des toutes nouvelles mini ambiances à LEDs sur support carré flexible (25 x 25 cm) qui sont très légères et qu’on peut accrocher à peu près n’importe où. Ces outils sont devenus une des clés de mon dispositif d’éclairage, alimentées par batterie, ce qui rend leur installation extrêmement discrète et rapide.
Aviez-vous un "gaffer" ?
ED : Selon les jours, notamment quand on s’installait dans un lieu le premier jour, ou qu’on changeait de décor plusieurs fois dans la journée. La production faisait alors appel à un chef électro qui s’occupait du pré-light. Mais autrement, j’étais seul avec deux assistants qui s’occupaient essentiellement de la caméra et du déchargement des rushes.
Avez-vous tout tourné à une seule caméra ?
Stéphane Brizé : La grande majorité du film a été tournée à une caméra, mais pour certaines séquences de dialogues j’ai opté pour un dispositif un peu différent à deux caméras. Mais pas en champ contrechamp comme on le fait d’habitude. Les caméras étaient plutôt perpendiculaires aux comédiens, côte à côte. L’idée étant au montage de donner l’impression que ça n’a été filmé qu’à une seule caméra. Pour cela, Éric prenait la main sur la caméra A, il était le point de vue principal de la scène, tandis que la caméra B se calait sur lui en opposition exacte pour saisir le contrechamp, une réaction ou parfois une version plus large... Le léger décalage de point de vue entre les deux caméras dynamise le mouvement de la scène au montage.
Qu’est-ce qui vous a séduit sur ce projet ?
Eric Dumont : J’étais très motivé par la démarche de Stéphane, sa volonté de tourner sans répétition, quasiment sans filet au niveau du découpage, avec de longs plans-séquences où on suivait les comédiens. Personnellement, j’ai développé une certaine technique en documentaire qui me permet de me passer d’assistant opérateur et d’assurer tout seul des suivis de personnages au téléobjectif, sans perdre le point. Pour cela j’utilise des optiques photo Canon EF qui sont assez douces et plus maniables que des optiques à monture PL et surtout avec une course de point plus réduite. C’est pour cette raison que j’ai insisté pour tourner le film avec une caméra Canon, sur laquelle on pouvait installer ces optiques et les contrôler au niveau du diaph.
Avec quel modèle avez-vous tourné ?
ED : On a tourné en C500. Bien sûr, la question du format d’enregistrement s’est posée. On a testé l’enregistrement interne sur carte avec le codec Canon, mais la qualité n’était vraiment pas là. On avait des effets bizarres de créneaux entre le blanc et le noir, et on voyait clairement que la structure d’image ne serait pas suffisante pour un étalonnage de long métrage. L’enregistrement RAW a été considéré un moment, mais vu la quantité importante de rushes (plus de 80 heures) le surcoût en production n’était pas négligeable. En plus, on trouvait ça un peu bizarre d’alourdir autant, en termes de volume de données, un film qui se voulait si léger dans sa conception et sa réalisation ! Alors on est passé sur un enregistreur externe AJA, en 2K ProRes. C’était pour moi le meilleur rapport qualité encombrement pour le film et surtout en termes d’efficacité en haute sensibilité.
Un mot sur l’étalonnage ?
Stéphane Brizé : Sur le papier, je pensais rajouter du grain film à l’image lors de l’étalonnage. Et puis, ce travail achevé, je me suis aperçu que cette texture d’image me retirait un effet de réel. On a donc laissé tomber et on a gardé cette image plus brute qui, d’une certaine manière, est plus signifiante, avec à la fin un mixage en mono. Toujours pour accentuer cet effet de réalisme.
Toute la réflexion de ce film a tourné autour de cette question du mélange des codes de la fiction et du documentaire. Le scénario, Vincent Lindon et le cadre 2,35 amènent par essence la fiction qui vient en contrepoint d’un casting et d’un filmage qui semble saisir le réel à l’instant où il se produit. C’est sur cette crête que nous avons évolué et inventé ce film.
(Propos recueillis par François Reumont pour l’AFC)
Stéphane Brizé s'est également exprimé pour Politis.
Il a été l'objet de plusieurs accusations de mauvaise conduite car il se serait inspiré de/il aurait plagié un court-métrage du réalisateur Patrice Deboosère, avec François Godart dans le rôle de gardien du centre commercial, visible en ligne et titré Lundi CDI. Si cette polémique vous intéresse, cliquez ci-contre : Brizé répond sur le site de Slate.fr.
Voici Lundi CDI :



Où l'on voit qu'un brin d'humanité est considéré comme un excès d'affectivité —trop, c'est trop— nuisant aux affaires et justifiant l'accélération de la caducité (de caduc, décidu) programmée des individus dans la mondialisation heureuse, guerre de tous contre tous.

, agent de sécurité, vigile comme Taugourdeau, contraint lui aussi de surveiller ses collègues, a livré son témoignage à l'Obs. Vous pouvez en faire ici une lecture complète.
(...) Par exemple, dès qu’il y a une nouvelle caissière, elle est placée à une caisse spéciale au-dessus de laquelle on trouve une caméra. Pendant les premiers jours, on nous demande d’observer si elle fait bien son travail, si elle scanne bien tous les articles. Il faut savoir qu’une caissière n’a pas le droit d’encaisser sa famille.
Si je constate qu’une caissière ou qu’un magasinier vole dans les rayons, je dois en avertir mon directeur. Évidemment, ça me dérange, ce n’est pas mon travail, mais je n’ai pas vraiment le choix. Je suis moi aussi sur un siège éjectable.
J’ai été confronté à deux reprises à des vols par des caissières. La première fois, je suis allé dire à la personne qui était en pause que j’avais vu son petit jeu. Je lui ai gentiment demandé de cesser en lui précisant que je commençais mon travail à 10 heures du matin, elle à 8h, donc si elle voulait continuer, elle n’avait qu’à le faire en dehors de mes heures.
J’ai fait la même chose avec une autre collègue qui a malgré tout continué à voler. Je n’ai pas eu d’autres choix que d’alerter mon directeur. C’était elle ou moi. (...)
Enfin, l'univers nerveux de La loi du marché, le film, rappelle à mon souvenir un texte de Paul Lafargue d'il y a au moins 135 ans. En 1881, il avait publié la première édition de son Droit à la paresse dans L'Égalité, journal républicain socialiste et organe du Parti Ouvrier Français qu'il avait fondé avec Jules Guesde. Incarcéré en 1883 à la prison Sainte-Pélagie pour propagande révolutionnaire, il y peaufine son livre et rédige un avant-propos dont voici le début, selon l'exemplaire dont je dispose (Éditions Allia, Paris, 1999, 2011) :
M.  T H I E R S, dans le sein de la Commission sur l'instruction primaire de 1849, disait : "Je veux rendre toute-puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : ‘Jouis’." M. Thiers formulait la morale de la classe-bourgeoise dont il incarna l'égoïsme féroce et l'intelligence étroite.
La bougeoisie, alors qu'elle luttait contre la noblesse, soutenue par le clergé, arbora le libre examen et l'athéisme ; mais, triomphante, elle changea de ton et d'allure ; et, aujourd'hui, elle entend étayer de la religion sa suprématie économique et politique. Aux XVe et XVIe siècles, elle avait allégrement repris la tradition païenne et glorifiait la chair de ses passions, réprouvées par le christianisme ; de nos jours, gorgée de biens et de jouissances, elle renie les enseignements de ses penseurs, les Rabelais, les Diderot, et prêche l'abstinence aux salariés. La morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d'anathème la chair du travailleur ; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve ni merci. (...)

mercredi 9 mars 2016

Rapport sur les prisons d'Europe

Cette extension [du domaine carcéral] est une évidence historique, 
établie statistiquement, dans presque tous les pays occidentaux, 
le cas extrême étant les Etats-Unis, avec une multiplication par presque 
dix en quatre décennies. En France, l’accroissement de la population 
pénale est impressionnante : triplement en un peu plus d’un demi-siècle
et augmentation de moitié dans les seules années 2000. S’interroger sur
cette explosion, dans une période où la criminalité diminue, c’est
réfléchir à ce que signifie le châtiment dans le monde contemporain
et donc à la manière dont notre société est devenue une société punitive.  
Didier Fassin, Les Inrocks, 8/02/2015


La Direction de la Communication du Conseil de l'Europe publia hier, 8 mars 2016, son rapport sur les prisons européennes —où l'on voit bien que le libéralisme et sa mondialisation heureuse sont gracieux comme une porte de prison surpeuplée.
Les ombres du monde regorgent de détenus (plus de 1 600 000) dans cette Europe des barbelés et des murs, des inégalités croissantes et des mal-logés, des lois bâillon et des états d'urgence, du tous fliqués, fichés et vidéo-surveillés, où la banalisation de l'incarcération des dominés* (isolés et visibles) est la règle —à ce propos, écoutez ici l'anthropologue Didier Fassin—, alors qu'il est drôlement difficile de mettre à l'ombre les seigneurs, qui savent réformer pour se protéger, cultiver les univers parallèles, indiscernables et invisibles, et se la coulent douce sur la sueur et la mort des autres, trois fois vauriens, et sur la destruction de la planète.
D'autre part, le cachot cache la souffrance des reclus et se projette en chiffres, suivant le conatus comptable du machinisme libéral. Il ne faut pas trop se surprendre que la naissance des prisons modernes date du très libéral XVIIIe siècle.
Dans Surveiller et Punir (Gallimard, 1975), Michel Foucault (1926-1984) établissait une distinction à la nuance près toujours en vigueur concernant les illégalismes de classe : « L’illégalisme des biens a été séparé de celui des droits. Partage qui recouvre une opposition de classes puisque d’un côté, l’illégalisme qui sera le plus accessible aux classes populaires sera celui des biens —transfert violent des propriétés— et de l’autre, la bourgeoisie se réservera, elle, l’illégalisme des droits : s’assurer tout un immense secteur de la circulation économique par un jeu qui se déploie dans les marges de la législation […]. Et cette grande redistribution des illégalismes se traduira même par une spécialisation des circuits judiciaires : pour les illégalismes de biens —pour le vol—, les tribunaux ordinaires et les châtiments ; pour les illégalismes de droits —fraudes, évasion fiscale, opérations commerciales irrégulières—, des juridictions spéciales avec transactions, accommodements, amendes atténuées, etc. » Et cætera qui comprend la non indépendance de la justice, les prescriptions pénales, le poids de l’argent à l’heure de disposer d’une puissante défense ou d’éviter la prison sous caution... Nos élites savent prendre des mesures pour sacraliser la démesure des deux poids, deux mesures.

Voici, pour votre lecture et votre réflexion, le communiqué de presse DC038(2016) du Conseil de l'Europe :
D’après l’enquête du Conseil de l’Europe, les prisons d’Europe ont réalisé certains progrès en termes de réduction du surpeuplement
Strasbourg, 08.03.2016 – Le surpeuplement carcéral diminue lentement en Europe depuis 2011, bien que la situation demeure problématique dans une administration pénitentiaire sur quatre, selon l’édition 2014 des Statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe (SPACE), publiée aujourd’hui.
La proportion de reclus pour 100 places est passée de 99 détenus en 2011 à 96 détenus en 2013, et à 94 détenus en 2014. Le taux d´incarcération a également diminué de 7 % en 2014 par rapport à l’année précédente, passant de 134 à 124 détenus pour 100 000 habitants. Les prisons d’Europe restent cependant proches de la saturation de leur capacité d’accueil, avec 1 600 324 personnes détenues.
Le nombre d’administrations pénitentiaires souffrant de surpeuplement a nettement diminué (passant de 21 en 2013 à 13 en 2014). Les pays dont les établissements pénitentiaires affichent le taux de surpeuplement le plus grave sont la Hongrie, la Belgique, « l’ex-République yougoslave de Macédoine », la Grèce, l’Albanie, l’Italie, l’Espagne (administration nationale), la Slovénie, la France, le Portugal, la Serbie, la Roumanie et l’Autriche. (*)
« Le surpeuplement entrave considérablement la réinsertion des délinquants et par la même, les possibilités de mieux protéger la société contre la criminalité. Il peut également porter atteinte aux droits de l’homme. Je salue les progrès réalisés en termes de réduction de la surpopulation carcérale. Les Etats encore concernés doivent redoubler d’efforts pour venir à bout du problème, en appliquant notamment des mesures alternatives à l’emprisonnement » a déclaré le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland.
En 2014, 1 212 479 personnes étaient placées sous la surveillance des services en charge des peines alternatives à l’emprisonnement, telles que la probation, les travaux d’intérêt général, les assignations à résidence ou la surveillance électronique, dans les 45 pays ayant fourni cette information. Seuls 6,7 % d’entre elles étaient dans l’attente d’un procès, ce qui signifie que les mesures non privatives de liberté sont encore rarement utilisées en lieu et place de la détention provisoire. Au cours de l’année, 1 373 912 personnes ont été placées sous la surveillance de ces services tandis que cette mesure a été levée pour 1 134 567 autres.
Selon l´enquête, en 2014 les ressortissants étrangers représentaient 21,7 % du total de la population carcérale, 34,6 % étant des citoyens de pays de l’Union européenne. Dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, la proportion de détenus étrangers n’excédait pas 10 %, alors qu’ils étaient surreprésentés en Europe méridionale et occidentale, leur proportion allant de 25 à 96 % de la population carcérale totale.
La durée des peines de privation de liberté très courtes a légèrement diminué en 2013 : en moyenne, 16 % des détenus purgeaient une peine d’emprisonnement de moins d’un an, comparativement à 17 % en 2012. D’un autre côté, la proportion de détenus purgeant une peine de plus de dix ans a augmenté, passant de 11,2 % à 14,3 %.
Les infractions liées aux stupéfiants arrivaient une fois de plus en tête des causes d’incarcération les plus courantes (16,5 %), suivies par le vol (14 %), le vol avec violence (13,1 %) et l’homicide (12,3 %).
La somme moyenne dépensée par jour et par détenu en 2013 était de 99 euros, et était donc supérieure à celle de 2012 (97 euros), avec toutefois de fortes disparités d’un pays à l’autre d’Europe. En 2013, les 45 administrations pénitentiaires ayant communiqué ces données dans le cadre de l’enquête avaient dépensé plus de 27 milliards d’euros.
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L’enquête SPACE est menée pour le compte du Conseil de l'Europe par l´École des sciences criminelles de l'Université de Lausanne. L’édition 2014 de l’enquête SPACE I réunit des informations de 50 des 52 administrations pénitentiaires des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe. SPACE II fait la synthèse d’informations transmises par 45 des 52 services de probation.
Contact à Strasbourg: Jaime Rodriguez, Porte-parole/Attaché de presse, tél. +33 3 90 21 47 04
Contact à Bruxelles: Andrew Cutting, Porte parole/Attaché de presse, tél. +32 485 21 72 02
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(*) Il convient cependant de noter que certains établissements pénitentiaires spécifiques d’un pays peuvent souffrir de surpeuplement alors même que le nombre total de détenus est inférieur à la capacité globale du parc carcéral au niveau national.
Direction de la Communication du Conseil de l’Europe
Tel: +33 (0)3 88 41 25 60
Fax:+33 (0)3 88 41 39 11
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