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mardi 29 septembre 2020

Juliette Gréco ne croyait pas à la mort et pourtant...

En effet, on dirait qu'elle est toujours là, on peut l'entendre, on l'entend très volontiers, voix et présence, présence et voix. Oui, faites-vous plaisir et ne ratez surtout pas ce podcast (accessible sur le site actuel de Là-bas si j'y suis) —on dirait de l'au-delà, tellement les temps sont à l'opprobre—, voix, sens, échos et musique.

Au milieu des années 1980, les auditeurs retrouvaient Daniel Mermet sur une station de radio publique, France Inter, du lundi au vendredi —en 1983-1984 entre 14h45 et 15h— avec son émission « Si par hasard au piano-bar ». Cet entretien avec Gréco eut lieu en 1984, quand les libéraux n'étaient pas encore omnipotents et que l'on pouvait encore discuter dans les média ; les gens n'étaient pas forcément frappés d'écholalie, les formules et leurs tendances n'avaient pas encore enseveli la musique et la chanson, la radio était une compagnie incontournable... Un pur régal. Merci Mermet (et ses pairs).


JULIETTE GRÉCO dans l’émission de Daniel Mermet « Si par hasard au piano bar » (1984) [PODCAST : 59’20]

« À part chanter, que faites-vous dans la vie ? » « L’amour. »

Là-bas, si j’y suis. Le

(...)

En 1984, sur France Inter, j’étais à la recherche de mon père, Charlie, musicien volage et baroudeur. Il était quelque part, mais où ? Et qui était-il au juste ? L’émission s’intitulait « Si par hasard au piano bar », réalisée par l’excellent Gilles Davidas. Chaque jour, un invité, artiste ou voyageur, venait me parler de Charlie, mon père. Juliette Gréco l’avait rencontré au temps de Saint-Germain-des-Prés. Une occasion de parler de lui (un peu) et d’elle (surtout) qui avait fait de sa vie un roman. Trente six ans après nous avons retrouvé cette émission dans les archives. Voici la preuve que la mort n’effacera jamais sur le sable les pas des amoureuses insoumises.

Daniel Mermet

 

Elle est toujours là, mais en même temps, les journaux signalent que Juliette Gréco est décédée ce dernier mercredi 23 septembre, à 93 ans.
À cette occasion, de mémoire, L'INA se rappelle son interprétation de "Si tu t'imagines", chanson de Queneau/Kosma. Et combien je déteste l’usage profane de ce mot de muse (lire ci-dessous) appliqué à une souveraine de la liberté, de la vie et des inflexions bouleversantes...

 

Juliette Gréco s'est éteinte ce mercredi à l'âge de 93 ans. La chanteuse a interprété de nombreux poètes dont Raymond Queneau et son célèbre poème "Si tu t'imagines".

Le 13 juillet 1962, dans l'émission Gros plan, Juliette Gréco interprétait Si tu t'imagines, un poème de Raymond Queneau sur l'impermanence de la jeunesse, mis en musique par Joseph Kosma et créé par Juliette Gréco en 1947 sur les conseils Jean-Paul Sartre.

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Ce texte, à l'instar du "carpe diem" latin appelle à profiter de la jeunesse, qui comme les roses, ne dure qu'un instant. Queneau s'amuse dans ces strophes par une liberté de ton et d'écriture. Cette liberté si chère à la muse de Saint-Germain-des-Prés et qu'elle contribuera largement à diffuser à travers son répertoire.

Si tu t'imagines, si tu t'imagines, fillette fillette,
Si tu t'imagines xa va xa va xa va durer toujours
La saison des za saison des za saison des amours
Ce que tu te goures, fillette fillette, ce que tu te goures.
Si tu crois, petite, si tu crois ah ah que ton teint de rose
Ta taille de guêpe, tes mignons biceps, tes ongles d'émail
Ta cuisse de nymphe et ton pied léger.
Si tu crois xa va xa va xa va durer toujours
Ce que tu te goures, fillette fillette, ce que tu te goures

Les beaux jours s'en vont, les beaux jours de fête
Soleils et planètes tournent tous en rond
Mais, toi, ma petite, tu marches tout droit
Vers c’que tu vois pas ; très sournois s'approchent
La ride véloce, la pesante graisse, le menton triplé
Le muscle avachi... Allons, cueille cueille, les roses les roses
Roses de la vie et que leurs pétales soient la mer étale
De tous les bonheurs, de tous les bonheurs.
Allons, cueille cueille, si tu le fais pas

Ce que tu te goures, fillette fillette, ce que tu te goures


Dans un entretien avec Grégoire Leménager —publié par Le Nouvel Observateur (nº 2451, le 27 octobre 2011)—, Michelle Vian, première femme de Boris Vian, livrait des souvenirs du Saint-Germain-des-Prés du temps des zazous, ces jeunes oiseaux de nuit, élégants et pétulants, qui adoraient les livres et le jazz...

Saint-Germain-des-Prés

« On a fait Saint-Germain en y important le jazz. Comme il y avait des gens très intelligents qui fréquentaient le café de Flore, les Deux-Magots et Lipp, c’était un carrefour formidable. Boris et moi y allions pour retrouver l’équipe des «Temps Modernes», Sartre et les autres.
Quand on voulait du jazz, on allait au Lorientais l’après-midi, puis on continuait au Tabou. Je surveillais les entrées avec Anne-Marie Cazalis et Juliette Gréco, nous étions les psychologues de service. Les types qui ne nous plaisaient pas, on leur disait «Vous n’entrez pas». Mais on laissait entrer des types qui n’avaient pas un rond quand ils étaient intéressants, c’est-à-dire quand ils avaient un livre sous le bras: on exigeait des livres. Les étrangers aussi, on les acceptait. A condition qu’ils soient un peu littéraires. C’est comme ça que le Tabou s’est formé, peu à peu. C’était ouvert et c’était fermé. On ne laissait pas entrer n’importe qui, et en même temps, les gens qui entraient étaient n’importe qui. Je crois qu’on y voyait les types sympas.
C’étaient Anne-Marie Cazalis et Juliette Gréco qui avaient trouvé, rue Dauphine, ce café qui fermait très tard parce qu’il était fréquenté par les types des Messageries. Gréco avait eu l’idée de demander leur cave. Il n’y avait pas de salle pour les zazous, c’est pour ça qu’ils sont allés dans les caves. Ce n’est pas seulement à cause du bruit, c’est parce qu’il n’y avait rien. Les types ont dit d’accord. Il a fallu enlever le charbon, c’était humide, dégueulasse. Cazalis et Gréco ont entraîné là ceux qui, les premiers, ont fait le Tabou ; c’est-à-dire Merleau-Ponty et Queneau. »



samedi 9 mai 2020

Moisson de paysages sonores

Pour adoucir nos confinements, voici un projet intéressant où l'on peut participer ; on pourrait l'appeler l'Écoutothèque de nos Paysages. Vous pouvez juste écouter les paysages décrits ou enregistrer et envoyer vos propres récits souvenirs.
Je vous en colle ci-dessous l'idée et les principes.


DES PAYSAGES INCORPORÉS 


En ces temps de confinement, les notions de lieux, de dedans et de dehors, de corps et de mouvement résonnent différemment...mais le désir "d'aller vers" un ailleurs, qu'il soit géographique, social, politique ou autre, nous met, de fait, en mouvement, par la pensée, l'imagination...
Dans l'intention de soutenir ce mouvement intérieur, de rester en éveil et d'apporter un peu d'horizon dans une période sédentaire faite de bouleversements RADIO Horizons-Paysages récolte des récits enregistrés réalisés à partir des questions suivantes et posées à plusieurs personnes :

Y'a-t-il un paysage dont vous vous souvenez, dont vous avez fait l'expérience, 
et qui s'est déposé dans votre mémoire ?
Un paysage que vous auriez particulièrement apprécié, un lieu que vous aimez re-convoquer en vous ?
Pourriez-vous en faire une description afin de le partager et de le donner à voir, à imaginer, à d'autres ?

Quels sont les paysages que  l'on porte en soi et qui nous constituent ? Ces paysages qui sont passés par le filtre de notre perception et dont l'existence se situe alors seulement dans notre souvenir et imaginaire, ces paysages qui ont même parfois disparu pour nous-mêmes et qui sont enfouis sous des couches d'autres images, d'autres vécus... il s'agit d'en dé-couvrir les vestiges, bribes, fragments, traces, un peu comme une recherche archéologique,  afin de donner forme concrètement à ces "images" que chacun.e.s porte en soi, de les rassembler, de créer un corpus commun, pour créer une bibliothèque de nos paysages, que nous viendrions nourrir tou.te.s ensemble par un geste collectif, ce mouvement d'ensemble.
Ces paysages pourront alors circuler jusque dans d'autres imaginaires, à travers les voix, à travers les ondes...et permettre de partager une expérience-pratique de déplacement, alors que nous sommes contraints à une certaine sédentarité, en proposant un mouvement, un voyage, une évasion, à partir de soi, de nos endroits investis au présent et en direction d'autres, auditeurs/trices.

N.B.: Ce projet se situe dans le prolongement de l'installation audio "Récolter Paysages" réalisée en 2011 dans la Drôme. Il a été réactivé sous une autre forme au moment de la période de confinement en Avril 2020.

vendredi 3 avril 2020

Un Boléro de Ravel en confinement avec les musiciens de l'Orchestre National de France

L'après-midi du lundi 30 mars 2020, Radio France, à travers ses stations France Musique et France Inter, a mis en ligne une belle initiative musicale. Il s'agit d'une vidéo où une cinquantaine de musiciens de l'Orchestre National de France jouent à distance le Boléro de Maurice Ravel (1875-1937).
Chacun chez soi, avec sa partition, mais tous ensemble pour offrir l’œuvre du répertoire la plus diffusée dans le monde, ce Boléro de Ravel de confinement. Chaque musicien s’est enregistré dans son salon, le tout a été mixé et assemblé par les techniciens de Radio France.
Si l'ordre du jour est la distance, la musique semble capable de s'envoler et de nous rapprocher, et quoi de mieux que le Boléro envoutant de Ravel pour mettre du baume au cœur !

En espérant que ces quelques notes de Ravel, universelles, vous apporteront un peu de chaleur et de réconfort.

Crédits :
Les musiciens de l'Orchestre National de France
Arrangements - Didier Benetti
Réalisation - Dimitri Scapolan


Pour en découvrir davantage [Source : France Musique] :




Pour aller encore plus loin...

France Culture : Les paradis (fiscaux) des droits d'auteur du Boléro ou une saga très Offshore.

lundi 28 octobre 2019

ALCINE49 - Courts métrages en français

Le mardi 12 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour assister à la projection des courts métrages francophones de la section "Idiomas en corto" d'ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, dans le cadre de sa 49e édition.
Ce sera, comme d'habitude, dans le Teatro Salón Cervantes, à 17h00. Au programme, cinq courts métrages dont quatre plutôt bouleversants, partageant un fil conducteur passablement inquiétant...


1) Roberto le canari - France, 10:15 Productions, 2017. Couleur, Fiction ; durée : 18' 20''. Réalisation et scénario de Nathalie Saugeon, avec Élodie Bouchez, David Kammenos et Keanu Peyran.

SYNOPSIS :
Un père voit l'équilibre de sa famille se fragiliser à la suite d'un accident dont est témoin son fils.



Ou comment une famille fait face à l'enterrement d'un oiseau mort qui exhume d'autres enterrements, d'autres fantasmes.


2) My Body -France, 2018. Couleur, animation sans dialogues, 2 min. Court métrage 2D réalisé par Sandralee Zinzen et Nicolas Nivesse, étudiants de 3ème année à PÔLE 3D.

SYNOPSIS :
Une adolescente se regarde dans un miroir. Elle n’aime pas ce qu’elle voit : grasse, maigre, moche, elle ressemble à un monstre. Peut-être qu’elle devrait juste faire un pas en arrière et se rendre compte qu’elle n’est pas aussi monstrueuse.


À réfléchir sur les déséquilibres et contorsions mentales déclenchant cette orgie de distorsions...


3) FORFAIT - Belgique. 2018. Couleur, fiction (drame), 16 min. Réalisation et scénario: Rémi Quodbach (Paris, 1995).

SYNOPSIS :
David, un jeune garçon de 17 ans qui vit dans un environnement difficile, a une chance de réaliser son rêve.

Il s'agit d'un film très dur où l'on réfléchit au racisme, aux familles déstructurées et aux conflits de générations. David est un ado qui cherche la reconnaissance dans un double contexte, social, à travers le sport, et familial : sa mère, d'origine africaine, est isolée et alcoolodépendante. Et il ne sait plus comment s'y prendre, comment la regagner.
Le site de "Culture" de TV5Monde lui consacre une vidéo informative et écrit à son propos :
Chaque année depuis 27 ans, le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris organise un festival de court métrage qui porte bien son nom, « Le Court qui en dit long ». Pendant cette édition 2019, un film a particulièrement retenu l’attention : « Forfait », de Rémi Quodbach. Le jeune acteur Franck Onana, qui y joue le rôle de David, un jeune garçon de 17 ans, footballeur en devenir qui vit dans un environnement difficile, s’est vu remettre le Grand prix d’interprétation masculine. Pour son premier film, Rémi Quodbach signe une œuvre quasi autobiographique : une mère alcoolique et une passion pour le football, qu'il a récemment troquée pour celle du cinéma. (Cliquez ici pour accéder à la vidéo)


4) Têtard - France, À Perte de Vue, 2019. Couleur, Animation, 13' 39'' min. Réalisation de Jean-Claude Rozec.

SYNOPSIS :
 J’étais toute petite, mais je m’en souviens encore très bien. Papa et Maman n’y ont vu que du feu, mais moi, j’ai tout de suite su. La chose qu’il y avait dans le berceau, c’était pas mon p’tit frère. Non. C’était toi. T’avais déjà cette drôle de tête. Et puis tu puais…Hein, Têtard ?


Onirisme marécageux et sombre, malgré des couleurs bariolées, qui nous évoque Lokis ou le loup-garou...

5) LA LÉGENDE - France, 2018. Couleur, fiction, 11 min. Un Court métrage de Manon Eyriey, produit par 2.4.7. Films (247 Films).

SYNOPSIS :
Depuis l’immeuble d’en face, deux copines observent la Légende, le plus beau garçon du quartier. L'une d'elles se prépare avec soin : ce soir, elle le sait, elle va passer la nuit avec lui. Sa première nuit d'amour.

Morale : une amie vaut mieux que deux tu l'auras (la légende...).

Cliquez ici pour accéder, chez ARTE, à un échange entre Manon Eyriey et Delphine de Vigan autour du film "La légende".
Productrice de plusieurs courts et moyens métrages, Manon Eyriey est désormais réalisatrice. Pour évoquer ce premier court, « La légende », elle a invité la co-scénariste de son premier long métrage à venir, Delphine De Vigan, romancière auteure d’une dizaine de livres dont le dernier « Les Gratitudes » est paru chez Jean-Claude Lattès.

jeudi 10 octobre 2019

Opérations arithmétiques traditionnelles

« (...) toute l'arithmétique n'est composée que de quatre ou cinq opérations, qui sont l'addition, la soustraction, la multiplication, la division et l'extraction des racines, qu'on peut prendre pour une espèce de division », écrivait le mathématicien, physicien et philosophe René Descartes (1596-1650) dans le livre premier de son Traité de la Géométrie.

En effet, les opérations arithmétiques traditionnelles sont l'addition, la soustraction, la multiplication et la division. Et leurs résultats sont, respectivement, somme, différence, produit et quotient.
Pour apprendre ou réviser le vocabulaire en français de ces opérations, et de leurs méchanismes, je vous suggère de visionner et d'écouter des vidéos élaborées par des professeurs de maths à l'intention de leurs élèves des écoles ou des collèges.
Ainsi, dans la vidéo ci-dessous, mise en ligne en août 2014, Yannick Sayer, prof de maths, explique-t-il d'une manière simple et utile ces opérations de base, ce qui comprend de savoir comment calculer les enchaînements (avec ou sans parenthèses) :



Pour ceux qui souhaiteraient aller linguistiquement plus loin et accéder à une explication plus complète, plus complexe des opérations élémentaires, et de leurs notions sous-jacentes, en un français plus vif, plus réel, plus exigeant, voici la vidéo d'un prof qui s'adresse à des élèves de sixième :


Mise en ligne : février 2014.

Et merci beaucoup aux profs de maths !

samedi 25 mai 2019

70 ans du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir

En 1949, il y a donc 70 ans, Simone de Beauvoir (1908-1986) publiait Le Deuxième Sexe :
« Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au Mitsein (1) humain. »

Simone de Beauvoir.
______________________________
(1) L'« Être-avec » de Heidegger

A sa sortie, cet essai existentialiste et féministe a provoqué un tollé et essuyé les critiques, les incompréhensions, les insultes... Sylvie Chaperon a écrit à ce propos : « Le Deuxième Sexe, qui paraît en 1949 dans la prestigieuse collection Blanche de Gallimard, produit immédiatement l'effet d'une bombe. »
Déjà Simone de Beauvoir avait décrit dans ses mémoires, juste 14 ans après, le lot d'épithètes et autres qualifications que lui valu la réception de son essai lors de sa parution :
« Insatisfaite, glacée, priapique, nymphomane, lesbienne, cent fois avortée, je fus tout, et même mère clandestine. On m'offrait de me guérir de ma frigidité, d'assouvir mes appétits de goule, on me promettait des révélations, en termes orduriers, mais au nom du vrai, du beau, du bien, de la santé et même de la poésie, indignement saccagés par moi.»

Simone de Beauvoir, La Force des choses, II, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1963, p. 135-136

Voici le corps essentiel d'un article à ce sujet signé par Johanna Luyssen à Libération le 14 avril 2016 :
(...)
La romancière Colette Audry, dans un article de Libération daté du lendemain de la mort de Beauvoir —15 avril 1986 —, écrivait alors : « Lors de sa sortie, en 1949, le Deuxième Sexe fit énormément de bruit et Simone de Beauvoir commença à recevoir un immense courrier. Il y eut dans la presse un lot d’articles indignés, ridicules et grotesques. Elle était une sorte de Walkyrie, de suffragette, de virago. D’autres s’exclamaient : qu’est-ce qu’elle passe aux femmes ! »
La bronca a commencé bien avant la parution de l’ouvrage, d’ailleurs. Les lectrices et les lecteurs de la revue les Temps modernes, dirigée par Jean-Paul Sartre, ont en effet pu en découvrir les bonnes feuilles en mai et juillet 1948, soit bien avant la publication officielle de l’essai, en 1949.
Dans une lettre à son amant américain Nelson Algren, datée du 3 août 1948, Beauvoir écrit déjà : «La partie déjà publiée dans les Temps modernes a rendu plusieurs hommes fous furieux ; il s’agit d’un chapitre consacré aux mythes aberrants que les hommes chérissent à propos des femmes, et à la poésie tocarde qu’ils fabriquent à leur sujet. Ils semblent avoir été atteints au point sensible.»

Les hussards de droite et le «Montherlantgate»

Dans le Deuxième Sexe, Beauvoir s’attaque, entre autres, à l’écrivain Henry de Montherlant. Dans un chapitre appelé «Montherlant ou le pain du dégoût», elle explique en quoi l’œuvre de l’auteur des Jeunes Filles est profondément misogyne. Elle commence ainsi : «Montherlant s’inscrit dans la longue tradition des mâles qui ont repris à leur compte le manichéisme orgueilleux de Pythagore. Il estime, après Nietzsche, que seules les époques de faiblesse ont exalté l’Eternel Féminin et que le héros doit s’insurger contre la Magna Mater». Elle poursuit par une analyse de son œuvre, qu’on qualifiera de, disons, critique… Exemple : «Inférieure, pitoyable, ce n’est pas assez. Montherlant veut la femme méprisable.» Roger Nimier, hussard de droite, prend la défense de Montherlant en attaquant Beauvoir. Ce qu’elle racontera dans son autobiographie, la Force des choses : «Dans Liberté de l’Esprit, Boisdeffre et Nimier rivalisèrent de dédain. J’étais une "pauvre fille" névrosée, une refoulée, une frustrée, une déshéritée, une virago, une mal baisée, une envieuse, une aigrie bourrée de complexes d’infériorité à l’égard des hommes, à l’égard des femmes, le ressentiment me rongeait.» C’est tout ? Oui, c’est tout.

Au Figaro, Mauriac : «Nous avons atteint les limites de l’abject»

C’est ensuite la publication d’un chapitre appelé «L’initiation sexuelle de la jeune fille», où elle écrit, par exemple : «D’ailleurs, l’homme fût-il déférent et courtois, la première pénétration est toujours un viol», qui fait scandale. Elle y décrit surtout en des termes très crus le dépucelage d’une jeune fille, avec moult termes anatomiques : «Tandis que l’homme "bande", écrit-elle, la femme "mouille".» Elle décrit la vulve avec précision : «Le sexe féminin est mystérieux pour la femme elle-même, caché, tourmenté, muqueux, humide ; il saigne chaque mois, il est parfois souillé d’humeurs, il a une vie secrète et dangereuse.» C’en est trop pour la droite catholique, en particulier François Mauriac. L’auteur de Thérèse Desqueyroux s’insurge, dans le Figaro du 30 mai : «Nous avons atteint les limites de l’abject.» Le chroniqueur du Figaro littéraire André Rousseaux exprime, lui, sa «gêne» pour la «bacchante» qui a écrit sur «l’initiation sexuelle». De manière générale, les catholiques sont outrés par tant d’impudeur, et le Vatican met carrément le texte à l’index — jugé contraire à la foi catholique, il est par conséquent interdit de lecture pour les fidèles —, en 1956.

Albert Camus et le mâle français «ridiculisé»

L’auteur de l’Etranger aurait lancé à Beauvoir cette phrase assassine : «Vous avez ridiculisé le mâle français.» Elle commente, goguenarde et ironique, dans la Force des choses : «Méditerranéen, cultivant un orgueil espagnol, il ne concédait à la femme que l’égalité dans la différence et évidemment, comme eût dit George Orwell, c’était lui le plus égal des deux.»

Les communistes agacés 

Beauvoir s’attendait à des réactions positives de la part de l’extrême gauche, compte tenu de l’importance qu’elle donne au marxisme dans le Deuxième Sexe. Las ! Elle est surtout vue par beaucoup de communistes comme une bourgeoise lettrée qui ose parler d’érotisme. La journaliste de l’Humanité Marie-Louise Barron qualifie ainsi le Deuxième Sexe de «charabia», ajoutant que «le second volume ne peut offrir que des broutilles». Elle ajoute : «J’imagine le franc succès de rigolade qu’obtiendrait Mme de Beauvoir dans un atelier de Billancourt, par exemple, en exposant son programme libérateur de "défrustration"».(...)

Cette banque de productions audiovisuelles qu'est l'INA nous rappelle ce 70e anniversaire de féminisme français et mondial forgés par ce texte fondateur :



On ne naît pas femme, on le devient”. La formule de Simone de Beauvoir a traversé les décennies et inspire encore les féministes du monde entier, 70 ans après la sortie du livre dont elle est extraite : Le Deuxième Sexe. Émancipation, parité, liberté du corps… autant de questions soulevées en 1949 et encore au coeur de l’actualité.

C'est peut-être aussi un bon moment pour reproduire un article que j'ai publié le 3 février 1991 dans le supplément hebdomadaire Libros du quotidien El País, à l'occasion de la parution en castillan du Journal de Guerre (septembre 1939-Janvier 1941) de Simone de Beauvoir, édition de Sylvie Le Bon de Beauvoir :
Diario de Guerra
(Septiembre de 1939- Enero de 1941)
Simone de Beauvoir.
Edhasa. Barcelona 1990.
372 páginas. 2400 pesetas.

Sylvie Le Bon de Beauvoir, responsable de la edición de este Diario para Gallimard (1990), y que ahora presenta Edhasa en España, advierte al lector de que estos siete cuadernos son tan sólo un fragmento de los diarios globales de Simone de Beauvoir; su publicación ha sido concebida como un complemento de las Cartas a Sartre (1940-63), cuya aparición entre nosotros también está prevista. Tres fueron los momentos en que, durante la guerra, dicha correspondencia se vio interrumpida: con motivo de los encuentros entre los dos protagonistas en Brumath y París, y con ocasión del internamiento de Sartre, prisionero de los alemanes. Este Diario ofrece, a su vez, una laguna, entre el 24 de febrero y el 8 de junio de 1940.
El encuentro de Brumath tuvo su gracia por irregular: Sartre había sido destacado, como soldado meteorólogo, en Essey-lès-Nancy. Desde allí fue trasladándose a Ceintrey, Marmoutier y Brumath, antes de recalar en Morsbronn. Beauvoir logró, mediante diversas triquiñuelas, salvar sus dificultades legales y profesionales, y reunirse con su novio los cinco primeros días de noviembre. Allí se entregan, como de costumbre, a toda suerte de confidencias; "Sartre ha leído este cuaderno y me dice que tendría que haber un poco más de desarrollo", escribe ella. No es de extrañar el comentario del soldado de la pipa, quien era muy capaz de escribir ochenta páginas entre dos servicios: sin olvidar sus cartas, trabajaba febrilmente en L'Age de raison y en lo que luego serían sus Carnets de la Drôle de Guerre. El encuentro de París, del 4 al 15 de febrero del 40, se debió a un permiso de Sartre, que decididamente era "el soldado más sucio de Francia". Su apresamiento el 21 de junio en Padoux originó el único periodo de incomunicación total entre ambos escritores.
Simone de Beauvoir no redacta con estas páginas un verdadero diario de guerra; ésta se nos muestra con protagonismo en el cuaderno VI, con la ocupación de París por los alemanes, la carestía y los movimientos de refugiados, y, sin excesiva profundidad, en los cuadernos I (Movilización del soldado Sartre, que el día anterior no creía en absoluto en el estallido del conflicto bélico...) y II (ambiente en los trenes y en Brumath). De lo que el Cástor da testimonio en especial es de sus diversas actividades cotidianas: clases, películas vistas, audiciones, cafés frecuentados, pesadillas incluso. Pero a través de sus reflexiones y sentimientos, transcritos con palmaria sinceridad, dibuja un genuino diario de presencias y ausencias. Dos son los seres añorados, por los que se desvive a tiempo completo (correo, paquetes, dinero, pensamientos): Sartre, su "único absoluto", y Jacques-Laurent Bost, ex-alumno del anterior en Le Havre y futuro marido de Olga Kosakievitch, amiga y objeto de los celos de Simone; celos que impregnan, por cierto, L'Invitée, primera novela del Cástor -que escribía por entonces-: un didáctico ménage-à-trois que concluye en asesinato. La autora fue bastante crítica en La Force de l'âge (1960) con respecto a sus novelas iniciales.
En cuanto a las presencias, en ocasiones a duras penas soportadas y objeto de la perversidad del autosatisfecho Cástor (que se dedica frases como "La suerte que tengo de ser una intelectual...para quien todo...se transforma en pensamiento", "Mito que las chicas adoran"), habría que citar en primera línea de fuego a las dos Kosakievitch, Wanda y Olga, a Nathalie Sorokine y a la muy denostada Louise Védrine. De hecho, parece que sólo la amistad de Simone con Bost y Sartre le permitía aguantar el trato de algunos feligreses de la peculiar orden que crearon.
El cuaderno VII nos acerca más que los otros a la Simone de Beauvoir pensadora y escritora; recoge sus ideas novelísticas en aquel momento, y en particular la idea hegeliana sobre "el reconocimiento de las conciencias entre sí", que plasmaría en Le Sang des autres.
Este Diario de Guerra no aporta gran cosa sobre lo que verdaderamente estaba pasando en el mundo; sorprende por lo que a menudo tiene de inventario de rutinas de reflejo innecesario, bombones recibidos o turbantes comprados, retahílas poco del gusto de los amantes de los diarios sabrosos: anotar continuamente frases del tipo "pongo al día este cuaderno" no fomentan demasiado nuestro interés. Las feministas sentirán una profunda decepción por los detalles de misoginia o preciosismo ridículo que el texto revela a veces; los anarquistas y antimilitaristas no entenderán muy bien la fascinación que los desfiles o los preciosos uniformes nazis podían provocar en la autora; los buscadores de sonrisas verticales no encontrarán nada en absoluto. Sí quedan claras, en cambio, las relaciones, con frecuencia de tercera planta de hospital, de dos sumos sacerdotes, Sartre y Beauvoir, y su colección de gregarios. En este terreno, nos hallamos ante un material de primera importancia.

ALBERTO CONDE
Madrid, janvier 1991.

mardi 9 avril 2019

Rétrospective de Balthus au Musée Thyssen-Bornemisza (Madrid)

Entrée exposition Balthus : La partie de cartes, 1948-50,
Musée National Thyssen-Bornemisza, Madrid
. PHOTO : Alberto Conde.



Du 19 février au 26 mai 2019, le musée Thyssen Bornemisza de Madrid présente une rétrospective consacrée à l'œuvre du peintre Balthasar Kłossowski de Rola (Paris 1908-Rossinière, canton de Vaud, en Suisse, 2001), artiste personnel et inclassable, religieux et bouleversant, contempteur de l'art contemporain, plus connu sous le nom de Balthus, déjà abordé sur ce blog. Elle est composée de 47 toiles majeures.


Sa veuve Setsuko Kłossowski de Rola participa à son vernissage le 19 février : cliquez ci-contre pour accéder à un reportage illustré du quotidien El País.

Cette exposition a été organisée en collaboration avec la Fondation Beyeler, qui siège à Riehen —près de Bâle, en Suisse— où elle fut exhibée de septembre 2018 à janvier 2019, sous le commissariat de Raphaël Bouvier, soutenu par Michiko Kono, avec la collaboration de Juan Ángel López-Manzanares à Madrid. Comme le rappelle le site de la Fondation Beyeler :
De son enfance à Berne, Genève et Beatenberg en passant par son mariage avec la suissesse Antoinette de Watteville et leurs séjours aussi bien en Romandie qu’en Suisse alémanique, jusqu’aux dernières décennies passées à Rossinière, authentique village de montagne, Balthus entretient une relation étroite et continue avec la Suisse.
Ce web nous propose également une biographie de Balthus. Il était le second fils d’Erich Kłossowski (1875-1949) et Else, puis Baladine Kłossowska, née Elisabeth Dorothea Spiro (1886-1969) :
Ses parents, un historien de l’art germano-polonais et une artiste juive allemande, font grandir leurs deux garçons dans un environnement empreint d’art et de culture. Pierre Kłossowski, le frère de Balthus, de trois ans son aîné, deviendra un écrivain et artiste célèbre.
Cette ambiance familiale aura une importance décisive dans la vie et l'œuvre de Balthus. Établis à Montparnasse en 1903, ses parents fréquentaient, par exemple, Rainer Maria Rilke et Pierre Bonnard, professeur de sa mère Baladine :
Le peintre Pierre Bonnard, qui était très ami avec mes parents, a dit un jour à mon père : surtout ne l’envoyez pas dans une école d’art, il y perdrait quelque chose. Je me suis donc fait mes écoles tout seul. En fait, j’ai appris mon métier comme on apprend à parler : en essayant de faire comme font les autres, en regardant travailler mon père et ma mère, en écoutant les conseils de Bonnard, de Maurice Denis, et plus tard d’André Derain. Et en pratiquant assidûment la copie. A l’époque, les jeunes peintres considéraient le Louvre comme un cimetière. Moi, j’y allais tout le temps. J’y ai beaucoup copié Poussin. J’aurais bien aimé pouvoir l’interroger sur sa touche, sur ses couleurs… Puis je suis allé copier Piero Della Francesca à Arezzo. "
Comme les Kłossowski étaient allemands, ils furent contraints de quitter la France en 1914, d'abord pour Zürich, puis pour Berlin. Mais le couple se sépara pendant cette première guerre mondiale, en 1917.
Alors, Baladine s'installa avec ses enfants en Suisse, concrètement quelques mois à Berne et à Beatenberg, puis à Genève en novembre. Balthus fut inscrit en 1919 au lycée Calvin.

Sa mère serait le dernier amour du poète Rainer Maria Rilke (1875-1926), sa Merline.  
Rilke, à son tour, apprécia sincèrement le jeune Balthus et ses dessins du chat Mitsou, réalisés à l'âge de 11 ans. Ils seraient publiés en 1921 dans un recueil intitulé Mitsou le Chat et préfacé par son mentor.

Tyto Alba : Balthus y el conde de Rola, Fundación Colección Thyssen-Bornemisza y Astiberri Ediciones, 2019 (1)

Disons que les lettres du poète au très jeune peintre, suivies de 40 images de Mitsou, sont disponibles en français. « Personne ne peut comprendre ce que représentent ces premiers dessins pour moi. Seul Rilke l'avait pressenti. », dit Balthus en 1998.
Au printemps 1921, sa mère, son frère et lui retournèrent à Berlin qu'ils quittèrent définitivement pour Beatenberg en mai 1923. C'est là qu'en 1924, Balthus ferait la connaissance d’Antoinette de Watteville, alors âgée de douze ans. Ils se marieront le 2 avril 1937. On a sauvé et publié quelque 240 lettres de leur correspondance amoureuse (1928-1937).



J'effectuai ma visite le vendredi 5 avril, à 18h, heure d'évacuation urbaine, ce qui opéra un miracle : je pus parcourir les différentes salles en (presque) toute tranquillité.
D'autre part, l'heureuse disposition strictement chronologique des tableaux me permit de suivre la vie de l'artiste, depuis les années 1920, et ses pulsions à chaque étape, à tel point peintures et curriculum vitae étaient étroitement liés, serrés, chez lui (cf. un peu plus bas).
Les commissaires ont conçu sept étapes vitales pour l'aménagement des œuvres :
1) Le développement d'un langage visuel. Œuvres de jeunesse. C'est la fin des années 1920 et ses toiles nous montrent la vie quotidienne de Paris, le Jardin du Luxembourg...
2) Provocation et transgression : première exposition de Balthus dans la galerie Pierre, en 1934, La Rue (1933) et six autres peintures, 7 pièces qui suscitèrent un grand tollé à cause de leur candeur teintée d'érotisme nonchalant.
3) Representation et intimité. C'est fin des années 1930 ; il y a des portraits, de Thérèse notamment, dont Thérèse rêvant.
4) II Guerre Mondiale : après l’invasion de la France par les Allemands, Balthus quitte Paris avec son épouse. Le couple se réfugie d’abord à Champrovent, en Savoie. L'exposition nous montre un beau contraste, des paysages bucoliques et des scènes d'intérieur avec des adolescentes. Sa Jeune fille endormie de 1943 me semble toujours une toile époustouflante.
Balthus : La jeune femme endormie (Dormeuse), 1943,
Exposition Balthus, Musée National Thyssen-Bornemisza, Madrid
. PHOTO : Alberto Conde
5) En 1946, retour à Paris sans sa famille et fréquentation de Pablo Picasso, Albert Camus, André Malraux. Il peint des toilettes, des jeux de cartes...
6) En 1953, il s'installe au château de Chassy entouré de sa campagne ample et sereine. Période aux couleurs dominantes pastel.
7) À partir de 1970, séjours à Rome et à Rossinière (Le chat au miroir).
Continuateur du Quatrocento —selon son frère, Pierre Kłossowski—, Balthus suivit un chemin opposé au développement des avant-gardes ; le commissaire de l'exposition nous rappelle qu'il avoua lui-même ses grandes influences picturales, de Masaccio (1401-28) ou Piero della Francesca (né entre 1412 et 1420-1492) au Caravage (Caravaggio, 1571-1610), Nicolas Poussin (1594-1665), Théodore Géricault (1791-1824), Gustave Courbet (1819-77) ou Pierre Bonnard (1867-1947). Sans oublier la prégnance de l'Ouvert (das Offene) dont parlait Rilke ou sa fascination évidente, très visible, tenace, pour d'autres sujets, tels les chats (sa chateté, si j'ose dire) ou Alice au pays des merveilles (1865), de Lewis Carroll —y compris son chat tigré du Cheshire, bien entendu. À ce propos, les Mémoires de Balthus dévoilent d'autres détails intimes significatifs :
Cette lumière et son innocence, je les ai aussi retrouvées alors que Harumi était encore petite fille : heureux moments, miraculeux, échappés au temps qui passe, que ces heures où préparions avec Setsuko, dans le plus grand secret, les anniversaires de notre fille unique. La comtesse a toujours aimé raconter des histoires dans la grande tradition de son pays, contes fantastiques et merveilleux où les dragons les plus terrifiants et les étoiles filantes côtoient les enfants, où l’extraordinaire devient si naturel comme dans les chères aventures d’Alice au pays des merveilles. Setsuko préparait les costumes des figurines de bois et de pâte qu’elle confectionnait et nous faisions de vraies séances de théâtre au grand plaisir d’Harumi. Je chantais, je racontais, nous mêlions les airs célèbres des opéras de Mozart aux personnages de la tradition japonaise, et tout cela semblait si simplement évident. Il y a des grâces toutes naïves qu’Harumi nous a apportées, quelque chose de fluide et de léger, de doux et de calme, comme la venue de la phalène dans la chambre de la dormeuse que j’ai peinte.
[Mémoires de Balthus, recueillis par Alain Vircondelet (éditeur scientifique), Chapitre 99, Les Éditions du Rocher, 2001.]
Un peu avant dans ces mêmes Mémoires, un autre épanchement de Balthus nous dispense de certaines conjectures ou interprétations :
Il y a certains de mes tableaux qui sont à eux seuls mon autobiographie et justifieraient que je cesse la rédaction de ces mémoires, persuadé que je suis depuis bien longtemps que je n’ai jamais tant dit de moi que dans ma peinture. Si je prends par exemple les paysages de Chassy ou de Montecalvello, je crois vraiment qu’ils résument ce que je suis et cette histoire intérieure à laquelle la peinture m’a permis de donner du sens. Je vois dans cette mathématique intérieure qu’accomplissent mes tableaux, la Chine et la peinture française, Poussin, la peinture des Song et Cézanne réunis : véritable acte sacré et magique qui unit les civilisations et les siècles. Je vois encore tant de facettes de mon être, farouche et violent, mais aussi à l’écoute des choses tendres. C’est-à-dire mon enfance, ma jeunesse voyageuse, et jusqu’à cette vie à Rossinière, que ma marche limite mais qui est vaste et infinie.
Ni l’âge ni le cours inlassable des saisons ne peuvent interrompre ce dialogue avec la peinture. La mort seule fera cesser mes visites quotidiennes dans l’atelier. Pour l’heure il y a une jouissance infinie à savourer l’herbe à Nicot tandis que je regarde le tableau en cours, à bien faire mon travail, et comme tout bon chrétien, accomplir ce pour quoi je suis fait.
(Mémoires de Balthus, Chapitre 97)
Mais s'il fallait puiser dans ces Mémoires un extrait manifeste vraiment révélateur, on pourrait choisir celui-ci :
J’insiste beaucoup sur cette nécessité de la prière. Peindre comme on prie. Par là même, accès au silence, à l’invisible du monde. Comme ce sont pour la plupart des imbéciles qui font ce qu’on appelle l’art contemporain, des artistes qui ne connaissent rien à la peinture, je ne suis pas certain d’être très suivi ou compris dans ce propos. Mais qu’importe ? La peinture se suffit à elle seule. Pour la toucher un tant soit peu, il faut l’appréhender, je dirais, rituellement. Saisir ce qu’elle peut donner comme une grâce. Je ne peux pas me défaire de ce vocabulaire religieux, je ne trouve rien de plus juste, de plus près de ce que je veux dire que par là. Par cette sacralité du monde, cette mise à disposition de soi, humble, modeste, mais aussi offerte comme une offrande, pour rejoindre l’essentiel.
Il faudrait toujours peindre dans ce dénuement-là. Fuir les mouvements du monde, ses facilités et ses vertiges. Ma vie a commencé dans la plus grande pauvreté. Dans l’exigence de soi. Dans cette volonté-là. Je me souviens de mes journées solitaires dans l’atelier de la rue de Furstenberg. Je connaissais Picasso, Braque que je voyais souvent. Ils éprouvaient beaucoup de sympathie pour moi. Pour ce jeune homme atypique que j’étais, différent, bohème et sauvage. Picasso me rendait visite. Il me disait : « Tu es le seul parmi les peintres de ta génération qui m’ait intéressé. Les autres veulent faire du Picasso. Jamais toi. » L’atelier était juché en haut du cinquième étage. Il fallait vouloir me visiter. C’était un lieu étrange, je vivais loin du monde, immergé dans ma propre peinture.
Je crois que j’ai toujours vécu ainsi. Dans la même exigence, oui, dans cette apparente nudité d’aujourd’hui. Je suis allongé sur la méridienne, le long des fenêtres du chalet qui reçoivent le soleil de quatre heures. Ma vue ne me permet pas de toujours discerner le paysage. L’état de la lumière seul me satisfait. Cette transparence qu’accroissent les neiges, éblouissante apparition. En retranscrire la traversée. (Mémoires de Balthus, Chapitre 4)
Pour accéder à un bon article de Veronique Bidinger sur Balthus, publié le jeudi 13 septembre 2018 sur le site de Bâle en français, cliquez ci-contre.

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(1) À la faveur de cette rétrospective, la fondation du musée Thyssen-Bornemisza et la maison d'éditions Astiberri ont décidé de publier ensemble une BD sur Balthus. C'est Tyto Alba qui a été chargé de concevoir et de dessiner cette biographie romancée et graphique qui vient de sortir, en castillan, en février 2019
Biographie ? En fait, il s'agit plutôt d'une dissection artistique et concentrée des idées et des pulsions de Balthus, une sorte de biopic idéologique, aux illustrations très soignées et bien adaptées, qui reproduit quelques dialogues de Balthus. Memorias (édition d'Alain Vircondelet, Lumen, 2002), traduction en castillan des Mémoires de Balthus citées plus haut.

jeudi 28 février 2019

Le Clézio présente "Bitna, sous le ciel de Séoul" à Madrid

L'écrivain français J.-M.-G. Le Clézio (Nice, 1940) va présenter à Madrid son dernier roman Bitna, sous le ciel de Séoul.




Ce sera le mercredi 6 mars, à 19h, dans l'Espace Fundación Telefónica (Calle de Fuencarral, 3). L'entrée est gratuite et il sera accompagné de l'écrivaine et journaliste espagnole Berna González Harbour. On disposera d'un service de traduction simultanée français-castillan à travers une application pour portable (Olyusei).
Le Clézio a l'habitude de rouler sa bosse un peu partout et de projeter ses bourlingues sur ses ouvrages. Il arrive que je connais bien une partie de ses bouquins —dont j'ai traduit deux, Désert et Onitsha— et j'ai décidé donc d'aller le voir avec un groupe de mes élèves.
Le Clézio reçut le prix Nobel de Littérature en 2008. Pour l'écouter un peu plus à l'occasion de la présentation de son roman en castillan, traduit par Amaya García Gallego et María Teresa Gallego Urrutia, et éditée par Lumen, je vous propose de visionner cet entretien qu'il tint à Bordeaux en 2018 :



mercredi 28 février 2018

La belle époque cubaine en Afrique, par Binetou Sylla

Binetou Sylla est directrice de Syllart Records, un label de musiques africaines et afro-latines basé à Paris, créé par Ibrahima Sylla en 1978. Elle décrypte pour Le Monde Afrique les nouvelles tendances musicales africaines et nous fait redécouvrir les artistes emblématiques du continent.
Le 23 février 2018, elle nous a proposé une playlist extrêmement intéressante. Chronique dans laquelle Binetou rend hommage à Médoune Diallo, le chanteur sénégalais et grand pilier de l'afro-salsa qui vient de nous quitter (cf. RFI) et qui s'est rendu célèbre d'abord au sein de l'Orchestre Baobab, puis dans le groupe Africando, qui nous a tant de fois émus.

La playlist de Binetou : la belle époque cubaine en Afrique




Durée : 05:13.

Dans les années 1960, la jeunesse africaine admire et s’identifie aux stars de la musique cubaine et latine, comme Celia Cruz ou l’Orchestra Aragon, avec lesquelles elle partage un patrimoine culturel, rythmique et même religieux. La révolution cubaine de Fidel Castro fait écho aux combats menés pour les indépendances africaines.
Les musiciens africains s’inspirent des rythmes cubains, ce qui permet l’émergence de nouveaux genres musicaux qui deviennent rapidement populaires. C’est à cette époque que naît la rumba congolaise et que les salseros et les orchestres sénégalais, guinéens et maliens connaissent le succès. Retour en images sur « la belle époque cubaine » en Afrique.
Retrouvez sur Spotify les 20 titres de l’année qui évoquent cette révolution, sélectionnés par Binetou Sylla.


vendredi 2 février 2018

Lily, par Pierre Perret et les Ogres de Barback

Lily. Une tendre émotion, hélas, toujours bourrée de sens. Les Non-Blancs subissent toujours racisme, discriminations, moqueries, humiliations et violences scandaleuses, intolérables. 
Lily —chanson écrite par Pierre Perret en 1977, après avoir assisté à New York à une conférence donnée par Angela Davis— ne perd pas sa subtile vigueur (double sens). 

Perret interprète ici sa composition avec Les Ogres de Barback, il y a une dizaine d'années.



On la trouvait plutôt jolie, Lily / Elle arrivait des Somalies, Lily / Dans un bateau plein d'émigrés / Qui venaient tous de leur plein gré / Vider les poubelles à Paris / Elle croyait qu'on était égaux, Lily / Au pays d'Voltaire et d'Hugo, Lily / Mais pour Debussy en revanche / Il faut deux noires pour une blanche / Ça fait un sacré distinguo / Elle aimait tant la liberté, Lily / Elle rêvait de fraternité, Lily / Un hôtelier rue Secrétan / Lui a précisé en arrivant / Qu'on ne recevait que des Blancs.

Elle a déchargé des cageots, Lily / Elle s'est tapé les sales boulots, Lily / Elle crie pour vendre des choux-fleurs / Dans la rue ses frères de couleur / L'accompagnent au marteau-piqueur / Et quand on l'appelait Blanche-Neige, Lily / Elle se laissait plus prendre au piège, Lily / Elle trouvait ça très amusant / Même s'il fallait serrer les dents / Ils auraient été trop contents / Elle aima un beau blond frisé, Lily / Qui était tout prêt à l'épouser, Lily / Mais la belle-famille lui dit nous / Ne sommes pas racistes pour deux sous / Mais on veut pas de ça chez nous.

Elle a essayé l'Amérique, Lily / Ce grand pays démocratique, Lily / Elle aurait pas cru sans le voir / Que la couleur du désespoir / Là-bas aussi ce fût le noir / Mais dans un meeting à Memphis, Lily / Elle a vu Angela Davis, Lily / Qui lui dit viens ma petite sœur / En s'unissant, on a moins peur / Des loups qui guettent le trappeur / Et c'est pour conjurer sa peur, Lily / Qu'elle lève aussi un poing rageur, Lily / Au milieu de tous ces gugusses / Qui foutent le feu aux autobus / Interdits aux gens de couleur.

Mais dans ton combat quotidien, Lily / Tu connaîtras un type bien, Lily / Et l'enfant qui naîtra un jour / Aura la couleur de l'amour / Contre laquelle, on ne peut rien / On la trouvait plutôt jolie, Lily / Elle arrivait des Somalies, Lily / Dans un bateau plein d'émigrés / Qui venaient tous de leur plein gré / Vider les poubelles à Paris.
 
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Mise à jour du 10 octobre 2020 :

Le 08/10/2020, l'INA se rappelle la pertinence de Lily et lui consacre une page contenant plusieurs références...

Dans un contexte où la lutte contre les discriminations est au cœur de l'actualité en France et aux Etats-Unis, une chanson résonne fortement. C'est Lily, un titre écrit par Pierre Perret en 1977.

 
 

vendredi 2 juin 2017

La danse de deux trous noirs - CNRS Le journal

CNRS Le journal est le site d'information scientifique lancé par le CNRS le 4 mars 2014. On nous dit à son propos...
Destiné au grand public, ce nouveau média gratuit vise à décrypter des résultats scientifiques de plus en plus complexes et à montrer les coulisses de la recherche. Il s'agit également d'alerter sur les sciences émergentes. Son crédo : fournir des informations fiables permettant d'éclairer les grands débats de société. 
Voici sa présentation vidéo :



Or, sous le titre La fusion de deux trous noirs fait trembler à nouveau la Terre, David Larousserie a publié il y a quelques heures, dans les pages Astronomie du quotidien Le Monde, un article qui nous apprend...
Jeudi 1er juin, la collaboration internationale LIGO/Virgo a publié sa troisième observation d’une paire de trous noirs orbitant l’un autour de l’autre. Ces gloutons de l’espace – trente fois plus lourds que le Soleil, mais cinq cents fois plus petits –, en spiralant l’un vers l’autre, ont fini par ne plus faire qu’un, donnant naissance à un nouveau trou noir, plus léger que la somme des masses de ses deux parents. L’énergie perdue, équivalente à celle de deux Soleils, a distordu et secoué l’espace-temps, tel un veau en gelée tremblotant quand il arrive sur une table. Cette vibration, dite onde gravitationnelle, s’est propagée jusqu’à la Terre, où elle a été détectée dans deux instruments géants, LIGO, situés aux Etats-Unis à 3 000 kilomètres l’un de l’autre.
À l'égard des détecteurs, Larousserie précise qu'ils disposent...
chacun de deux « bras » de lumière perpendiculaires et longs de quatre kilomètres. La précision sur ces longueurs est telle qu’elle équivaut à connaître la distance Terre-Soleil (environ 150 millions de kilomètres) à un atome près. Tel un acrobate perché sur le sommet d’une montagne en balançant ses bras, LIGO est en équilibre, prêt à basculer dès que le moindre souffle d’une onde gravitationnelle agrandit ou diminue la taille d’un de ses bras. A condition aussi de savoir trier dans tout un tas d’autres perturbations, comme le passage d’un avion, le bruit des vagues ou la chute d’un arbre… C’est cet exploit qu’ont réussi de nouveau les chercheurs.
EN LIRE PLUS.
Donc, les instruments de détection d'un observatoire réussissent à déceler de manière directe la contraction et la dilatation de l'Espace au passage des ondes gravitationnelles qu'avait prédites Einstein il y a cent ans.
Ces ondes, furtives, qui déforment l'Espace-Temps lors de leur passage, sont produites notamment par les éléments les plus violents de l'univers, dans ce cas-ci, la fusion de deux trous noirs...
Justement, si vous souhaitez savoir plus exactement comment opèrent LIGO (1) et Virgo (2), vous pouvez accéder sur CNRS Le journal à une explication vidéo des capacités technologiques de ces détecteurs, d'une précision vraiment incroyable, et de la triangulation (l'action concertée des trois détecteurs) qui se prépare. C'est de cette vidéo que j'ai extrait la citation précédente...



Une production CNRS Images (2016), avec la participation des scientifiques Benoît Mours, Frédérique Marion, Romain Bonnand, Nicolas Arnaud et Éric Chassande-Mottin.
Le physicien Nicolas Arnaud signale :
J'espère le début d'une nouvelle forme d'astronomie, une nouvelle fenêtre sur l'univers, un nouveau moyen d'observer l'univers dans ses phénomènes les plus extrêmes et que, d'ici quelques années ou une dizaine d'années, les ondes gravitationnelles fassent partie de l'astronomie au même titre que les télescopes optiques ou les détecteurs de particules, de neutrinos...

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(1) Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory : Observatoire d'ondes gravitationnelles par interférométrie laser. Il s'agit en fait de deux interféromètres de Michelson situés à Hanford (Washington) et Livingston (Louisiane), aux États-Unis.
(2) Détecteur installé à Cascina, près de Pise, en Italie. Cet interféromètre est le fruit de la collaboration de 19 groupes de recherche répartis dans cinq pays européens.
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MISE À JOUR du 17/10/17 :

Sous la rubrique Astronomie du journal Le Monde, David Larousserie vient de faire état d'une nouvelle observation importante en la matière :

Des étoiles à neutrons secouent la Terre

Des ondes gravitationnelles et électromagnétiques ont été captées par plusieurs instruments simultanément. Une première pour l’astronomie « multimessager ».
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | • Mis à jour le | Par
Le jeudi 17 août, les astronomes ont eu droit à un feu d’artifice inédit et spectaculaire. A 130 millions d’années-lumière, dans la galaxie NGC 4993, visible depuis l’hémisphère Sud en direction de la constellation de l’Hydre, plusieurs signaux ont été captés par soixante-dix observatoires terrestres et spatiaux simultanément : une lumière très intense pendant plusieurs heures, des éclairs en infrarouge et rayons X, une bouffée d’une seconde de rayons gamma (les ondes électromagnétiques les plus énergétiques qui soient) et aussi, pour la première fois en association avec ces messagers cosmiques, une secousse d’onde gravitationnelle. Cette dernière est une vibration de l’espace-temps causée par un remue-ménage cosmique extrême, comme la chute d’un caillou fait vibrer la surface de l’eau.
C’est la cinquième fois que des ondes gravitationnelles sont repérées depuis la Terre, ce qui a valu le prix Nobel de physique 2017 aux chercheurs à l’origine des instruments ayant permis cette détection. Mais, jusqu’à présent, le « caillou » qui avait secoué les détecteurs était une valse serrée de deux trous noirs gros comme trente soleils, se tournant autour jusqu’à ne plus faire qu’un.
Cette fois, il s’agit d’une paire d’étoiles à neutrons, qui, comme leur nom l’indique, sont constituées de neutrons et résultent de l’effondrement d’étoiles en fin de vie, trop légères pour former des trous noirs.
En lire plus.

mercredi 31 mai 2017

Emma et la charge mentale

Emma est le pseudonyme d'une quadragénaire parisienne, mariée et mère de deux enfants, qui vient de publier en mai 2017 la bande dessinée Un autre regard : trucs en vrac pour voir les choses autrement chez Massot Éditions.  


J’essaie de donner un éclairage politique à des histoires individuelles, dit-elle au blog Big Browser hébergé par le quotidien Le Monde. C’est le cas pour la bande dessinée sur la charge mentale, qui m’est venue de mon expérience personnelle.
Sa position est foncièrement politique, elle se veut directe, elle ne prône aucunement l'art pour l'art :
Quant au format de la bande dessinée, ce sont les dessins qui me permettent de faire passer rapidement mes idées. Ils n’ont pas vocation à être esthétiques.
Elle voudrait déclencher l'émotion, pour que l'information reste et que l'action soit possible. Elle sait qu'on ne passe pas à l'action que lorsque l'émotion y est pour quelque chose : on ne mobilise que par les affects.

Prenez le temps d'accéder un moment à son blog dont l'exergue porte : Politique, trucs pour réfléchir et intermèdes ludiques. Vous y trouverez, entre autres, Fallait demander, sa BD en ligne sur la charge mentale, cet aspect immatériel et usant —grosse fatigue !— auquel on ne pense pas trop quand on analyse la très inégale répartition des tâches ménagères et parentales, l'organisation de la vie familiale ou commune. Vous y apprendrez sans conteste de simples vérités, genre...



La lutte des femmes devrait être la lutte de tous. Bonne lecture !


samedi 11 février 2017

Radio Garden

J'apprends que Radio Garden est un site web qui permet d'accéder à des stations de radio du monde entier, plus de 9 000 à l'heure actuelle, selon la BBC.
Son interface montre un globe terrestre qui tourne en permanence. Il suffit de cliquer sur l'un des points verts qui nous signalent la présence des stations. Alors on voit, en bas à droite de la toile, la liste des radios disponibles en ligne et en continu, en flux, sur le petit point vert de son choix.

Comme exemple, vous pouvez cliquer ici pour écouter en direct Radio Présence, de Toulouse.

Capture d'écran - Radio Garden


Il s'agit, selon Wikipédia en portugais, d'un projet hollandais non lucratif de recherche radiophonique et numérique, développé de 2013 a 2016 par le Netherlands Institute for Sound and Vision, la Transnational Radio Knowledge Platform et cinq autres universités européennes.
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Mise à jour du 8 novembre 2019 :

Le quotidien lausannois Le Temps précise le 23 janvier 2019 :
À la base, Radio Garden est un projet néerlandais sans but lucratif, développé dès 2013 et mis au point techniquement trois ans plus tard en collaboration avec plusieurs universités européennes plus particulièrement tournées vers les études et les recherches transnationales. Il est financé par les Humanities in the European Research Area (HERA), qui ont cherché, dès le départ, à réduire les limites naturelles et bientôt tout à fait dépassées des stations de radio analogiques, au sujet desquelles le site propose aussi des informations complémentaires – historiques et jingles, par exemple.