Fondation Mapfre, Sala Recoletos, Paseo de Recoletos, 23, Madrid, visite personnelle du 25/09/2015.
Visite en groupe prévue pour le 20 novembre 2015 à 14h30. Rendez-vous à 14h dans le parvis de la Fondation.
Première rétrospective consacrée à Pierre Bonnard en Espagne depuis plus de 30 ans.
Du 19 septembre 2015 au 10 janvier 2016.
Commissaires généraux : Guy Cogeval et Pablo Jiménez Burillo
Commissaire scientifique : Isabelle Cahn
Dossier de presse en français.
NABI : mot arabe ou hébreu qui veut dire "prophète, homme inspiré par Dieu".
Dans les arts, c'est le nom adopté en 1888 par les Nabis, de jeunes peintres de l'Académie Julian (Maurice Denis, Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul-Elie Ranson et Pierre Bonnard, aiguillonnés par l'enthousiasme de Paul Sérusier et à l'aune de Paul Gauguin) qui voulaient s'affranchir de l'enseignement officiel. Bientôt, d'autres artistes s'ajouteraient au mouvement Nabi, comme le suisse Félix Vallotton, le sculpteur Aristide Maillol, Georges Lacombe ou le lithographe Henri-Gabriel Ibels.
Bon, d'accord, c'est tout bon, c'est bonard, ce sont les joies, les promenades, les danses, les douceurs, les nonchalances, les nus, les chapeaux, les loges, les pâtés de sable ou les lumières côtes d'Azur ou normandes, les voyages... l'Arcadie de la bonne société, de la classe des loisirs, des toujours-admis-qui-à-la-fin-ne-trouvent-pas-leur-place, car il y a aussi le mal-être, les bovarysmes ? On dirait du Jacques Henri Lartigue avec l'existentialisme et les couleurs en prime...
C'est Bonnard, Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867-Le Cannet, 1947), un grand (aussi bien pour Toulouse-Lautrec que pour Matisse ou Balthus, ami lui aussi des belles endormies...). À côté, toujours dans la Fundación Mapfre, il y a le contraste des photos de Josef Koudelka, le nomade, l'apatride (officiellement tchèque naturalisé français), la nationalité incertaine par temps de tant de tics patriotiques, belliqueux, pas si fisc... Mais ce sera pour une autre fois.
Alors, c'est Bonnard, quel bonheur. Et pourtant... on vient de le dire un peu plus haut, ses autoportraits les plus mûrs sont l'expression d'une impénétrable angoisse, d'une vitalité exsangue —une chair livide, un visage anémique— désavouant les suggestions préalables genre la vie n'est qu'une partie de plaisir... ou de croquet. Son dernier autoportrait exposé date de 1945 et mélange sans ménagement son penchant japonard et une détresse qui a la profondeur des yeux vides —un peu avant, le visage flou sang du Boxeur, un pantin déformé, montrait également les orbites vides—. Deux trous noirs et des lèvres rapetissées et scellées en dehors de tout espoir.
Avant d'y arriver, il est question d'un parcours visuel où les différentes techniques, influences et recherches (pointillisme, éléments mouchetés, la manière de Gauguin —cf. le Nu sombre—, les cadrages, les approches, l'explosion totale des couleurs, etc.) sont toujours au service des activités et des personnages de la vie quotidienne de l'artiste, de son intimité. Sagesse de l'abordage et la culture de ce qui vous est quotidien, très bien connu. Y compris les corps, les corsages, les nus à la toilette (merveille de l'orange) ou dans la baignoire, sa muse étant presque toujours Marthe (Marthe de Méligny, de son vrai nom plébéien Maria Boursin), sa fascination, sa compagne, finalement son épouse légale.
C'est donc un parcours où la sueur et les casquettes du travail salarié n'existent pas : ceux qui triment y sont absents ou ne sont que des personnages secondaires ayant du mal à accéder à un coin de toile où se rendre visibles —la nourrice, le serveur, les travailleurs de la Grande Jatte (l'île des Impressionnistes sur la Seine). La peinture chez Bonnard, c'est plus aisément un infini à la portée des caniches, des chats blancs baldaquins, des chevaux des seigneurs...
Ou, bien entendu, une splendeur des couleurs vibrantes au service de ses paysages chéris de Normandie ou de la Côte-d'Azur, de Vernon (à 3 kms de Giverny), de Trouville ou du Cannet, où l'on peut visiter depuis 2011 un musée en son honneur.
On doit la production de cette importante rétrospective au Musée d’Orsay (Paris), à la Fundación MAPFRE (Madrid) et aux Fine Arts Museums of San Francisco. Moi, par exemple, je n'avais vu jusqu'à présent que quelques œuvres éparpillées de Bonnard aux musées d'Orsay de Paris ou Toulouse-Lautrec d’Albi, ou dans la salle d'expositions de l'Arroyo de Santo Domingo, à Salamanque, où l'on montrait des gravures de la collection réunie par la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
L'agencement des toiles, dessins (moyens de pensée —comme l'écrit pour Clément Rosset— plutôt que maîtrise), panneaux, paravents, photographies, éventails... constituant cette exposition résulte peu ou prou des neuf sections conçues pour celle, précédente, du musée d'Orsay :
Visite en groupe prévue pour le 20 novembre 2015 à 14h30. Rendez-vous à 14h dans le parvis de la Fondation.
Première rétrospective consacrée à Pierre Bonnard en Espagne depuis plus de 30 ans.
Du 19 septembre 2015 au 10 janvier 2016.
Commissaires généraux : Guy Cogeval et Pablo Jiménez Burillo
Commissaire scientifique : Isabelle Cahn
Dossier de presse en français.
NABI : mot arabe ou hébreu qui veut dire "prophète, homme inspiré par Dieu".
Dans les arts, c'est le nom adopté en 1888 par les Nabis, de jeunes peintres de l'Académie Julian (Maurice Denis, Edouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul-Elie Ranson et Pierre Bonnard, aiguillonnés par l'enthousiasme de Paul Sérusier et à l'aune de Paul Gauguin) qui voulaient s'affranchir de l'enseignement officiel. Bientôt, d'autres artistes s'ajouteraient au mouvement Nabi, comme le suisse Félix Vallotton, le sculpteur Aristide Maillol, Georges Lacombe ou le lithographe Henri-Gabriel Ibels.
Bon, d'accord, c'est tout bon, c'est bonard, ce sont les joies, les promenades, les danses, les douceurs, les nonchalances, les nus, les chapeaux, les loges, les pâtés de sable ou les lumières côtes d'Azur ou normandes, les voyages... l'Arcadie de la bonne société, de la classe des loisirs, des toujours-admis-qui-à-la-fin-ne-trouvent-pas-leur-place, car il y a aussi le mal-être, les bovarysmes ? On dirait du Jacques Henri Lartigue avec l'existentialisme et les couleurs en prime...
C'est Bonnard, Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867-Le Cannet, 1947), un grand (aussi bien pour Toulouse-Lautrec que pour Matisse ou Balthus, ami lui aussi des belles endormies...). À côté, toujours dans la Fundación Mapfre, il y a le contraste des photos de Josef Koudelka, le nomade, l'apatride (officiellement tchèque naturalisé français), la nationalité incertaine par temps de tant de tics patriotiques, belliqueux, pas si fisc... Mais ce sera pour une autre fois.
Alors, c'est Bonnard, quel bonheur. Et pourtant... on vient de le dire un peu plus haut, ses autoportraits les plus mûrs sont l'expression d'une impénétrable angoisse, d'une vitalité exsangue —une chair livide, un visage anémique— désavouant les suggestions préalables genre la vie n'est qu'une partie de plaisir... ou de croquet. Son dernier autoportrait exposé date de 1945 et mélange sans ménagement son penchant japonard et une détresse qui a la profondeur des yeux vides —un peu avant, le visage flou sang du Boxeur, un pantin déformé, montrait également les orbites vides—. Deux trous noirs et des lèvres rapetissées et scellées en dehors de tout espoir.
Avant d'y arriver, il est question d'un parcours visuel où les différentes techniques, influences et recherches (pointillisme, éléments mouchetés, la manière de Gauguin —cf. le Nu sombre—, les cadrages, les approches, l'explosion totale des couleurs, etc.) sont toujours au service des activités et des personnages de la vie quotidienne de l'artiste, de son intimité. Sagesse de l'abordage et la culture de ce qui vous est quotidien, très bien connu. Y compris les corps, les corsages, les nus à la toilette (merveille de l'orange) ou dans la baignoire, sa muse étant presque toujours Marthe (Marthe de Méligny, de son vrai nom plébéien Maria Boursin), sa fascination, sa compagne, finalement son épouse légale.
C'est donc un parcours où la sueur et les casquettes du travail salarié n'existent pas : ceux qui triment y sont absents ou ne sont que des personnages secondaires ayant du mal à accéder à un coin de toile où se rendre visibles —la nourrice, le serveur, les travailleurs de la Grande Jatte (l'île des Impressionnistes sur la Seine). La peinture chez Bonnard, c'est plus aisément un infini à la portée des caniches, des chats blancs baldaquins, des chevaux des seigneurs...
Ou, bien entendu, une splendeur des couleurs vibrantes au service de ses paysages chéris de Normandie ou de la Côte-d'Azur, de Vernon (à 3 kms de Giverny), de Trouville ou du Cannet, où l'on peut visiter depuis 2011 un musée en son honneur.
On doit la production de cette importante rétrospective au Musée d’Orsay (Paris), à la Fundación MAPFRE (Madrid) et aux Fine Arts Museums of San Francisco. Moi, par exemple, je n'avais vu jusqu'à présent que quelques œuvres éparpillées de Bonnard aux musées d'Orsay de Paris ou Toulouse-Lautrec d’Albi, ou dans la salle d'expositions de l'Arroyo de Santo Domingo, à Salamanque, où l'on montrait des gravures de la collection réunie par la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.
L'agencement des toiles, dessins (moyens de pensée —comme l'écrit pour Clément Rosset— plutôt que maîtrise), panneaux, paravents, photographies, éventails... constituant cette exposition résulte peu ou prou des neuf sections conçues pour celle, précédente, du musée d'Orsay :
1) Un Nabi très japonard (Panneaux décoratifs ou paravents à l’influence japonaise),
2) Faire jaillir l’imprévu. (Carpe diem : chant à l’immédiateté et acceptation expresse de l’inconscient)
3) Intérieur,
4) Histoire d’Eau,
5) Clic clac Kodak,
6) Portraits choisis,
7) Le jardin sauvage (Bonnard en Normandie),
8) Ultra-violet,
9) Et in Arcadia Ego, section évoquant les bergers de Virgile —dans un tableau de Poussin— qui découvrent une tombe dont l’épitaphe, « et in Arcadia Ego », nous rappelle que la mort n’épargne personne, même en Arcadie. Le vitalisme arcadien n’est pas incompatible avec une lucidité existentielle
Et in Arcadia ego par Nicolas Poussin (1637-1638). Musée du Louvre.Source : Wikipédia
En rapport avec ces sections, Michel Jakubowicz résume très bien ici le parcours vital et artistique de Pierre Bonnard.
La distribution choisie pour l'exposition de la Fundación Mapfre suit un schéma semblable mais non identique (voir à cet égard, dans l'en-tête de ce billet, le dossier de presse en français) : I - un Nabi très japonard, II - Intérieur, III - Intimité, IV - Portraits choisis, V - Ultraviolet, VI - Et in Arcadia Ego. Les grands décors, VII - Œuvre graphique, VIII - Click, Clack, Kodak
Dans le dossier de presse, on nous explique quel est le but de cet agencement :
Les amateurs d'art Nabi et d'Impressionnisme voyageant à Paris ont la possibilité de jouir, jusqu'au 7 février 2016, au Musée Marmottan Monet, sous le titre "Villa Flora. Les temps enchantés", de l'exquise collection d'Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler qu'ils réunirent entre 1905 et 1936 dans leur villa Flora, à Winterthur (Suisse).
La distribution choisie pour l'exposition de la Fundación Mapfre suit un schéma semblable mais non identique (voir à cet égard, dans l'en-tête de ce billet, le dossier de presse en français) : I - un Nabi très japonard, II - Intérieur, III - Intimité, IV - Portraits choisis, V - Ultraviolet, VI - Et in Arcadia Ego. Les grands décors, VII - Œuvre graphique, VIII - Click, Clack, Kodak
Dans le dossier de presse, on nous explique quel est le but de cet agencement :
L'exposition prétend donc présenter une vision complète de l'œuvre de Bonnard, articulée autour des fondements de sa peinture, plus que sur une stricte division chronologique, afin de transmettre l'unité de son œuvre, mais sans perdre de vue son évolution tout au long de sa longue carrière.Et on nous rappelle la page Web qui lui a été consacrée par la Fundación Mapfre.
Les amateurs d'art Nabi et d'Impressionnisme voyageant à Paris ont la possibilité de jouir, jusqu'au 7 février 2016, au Musée Marmottan Monet, sous le titre "Villa Flora. Les temps enchantés", de l'exquise collection d'Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler qu'ils réunirent entre 1905 et 1936 dans leur villa Flora, à Winterthur (Suisse).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire