lundi 28 octobre 2019

ALCINE49 - Courts métrages en français

Le mardi 12 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour assister à la projection des courts métrages francophones de la section "Idiomas en corto" d'ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, dans le cadre de sa 49e édition.
Ce sera, comme d'habitude, dans le Teatro Salón Cervantes, à 17h00. Au programme, cinq courts métrages dont quatre plutôt bouleversants, partageant un fil conducteur passablement inquiétant...


1) Roberto le canari - France, 10:15 Productions, 2017. Couleur, Fiction ; durée : 18' 20''. Réalisation et scénario de Nathalie Saugeon, avec Élodie Bouchez, David Kammenos et Keanu Peyran.

SYNOPSIS :
Un père voit l'équilibre de sa famille se fragiliser à la suite d'un accident dont est témoin son fils.



Ou comment une famille fait face à l'enterrement d'un oiseau mort qui exhume d'autres enterrements, d'autres fantasmes.


2) My Body -France, 2018. Couleur, animation sans dialogues, 2 min. Court métrage 2D réalisé par Sandralee Zinzen et Nicolas Nivesse, étudiants de 3ème année à PÔLE 3D.

SYNOPSIS :
Une adolescente se regarde dans un miroir. Elle n’aime pas ce qu’elle voit : grasse, maigre, moche, elle ressemble à un monstre. Peut-être qu’elle devrait juste faire un pas en arrière et se rendre compte qu’elle n’est pas aussi monstrueuse.


À réfléchir sur les déséquilibres et contorsions mentales déclenchant cette orgie de distorsions...


3) FORFAIT - Belgique. 2018. Couleur, fiction (drame), 16 min. Réalisation et scénario: Rémi Quodbach (Paris, 1995).

SYNOPSIS :
David, un jeune garçon de 17 ans qui vit dans un environnement difficile, a une chance de réaliser son rêve.

Il s'agit d'un film très dur où l'on réfléchit au racisme, aux familles déstructurées et aux conflits de générations. David est un ado qui cherche la reconnaissance dans un double contexte, social, à travers le sport, et familial : sa mère, d'origine africaine, est isolée et alcoolodépendante. Et il ne sait plus comment s'y prendre, comment la regagner.
Le site de "Culture" de TV5Monde lui consacre une vidéo informative et écrit à son propos :
Chaque année depuis 27 ans, le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris organise un festival de court métrage qui porte bien son nom, « Le Court qui en dit long ». Pendant cette édition 2019, un film a particulièrement retenu l’attention : « Forfait », de Rémi Quodbach. Le jeune acteur Franck Onana, qui y joue le rôle de David, un jeune garçon de 17 ans, footballeur en devenir qui vit dans un environnement difficile, s’est vu remettre le Grand prix d’interprétation masculine. Pour son premier film, Rémi Quodbach signe une œuvre quasi autobiographique : une mère alcoolique et une passion pour le football, qu'il a récemment troquée pour celle du cinéma. (Cliquez ici pour accéder à la vidéo)


4) Têtard - France, À Perte de Vue, 2019. Couleur, Animation, 13' 39'' min. Réalisation de Jean-Claude Rozec.

SYNOPSIS :
 J’étais toute petite, mais je m’en souviens encore très bien. Papa et Maman n’y ont vu que du feu, mais moi, j’ai tout de suite su. La chose qu’il y avait dans le berceau, c’était pas mon p’tit frère. Non. C’était toi. T’avais déjà cette drôle de tête. Et puis tu puais…Hein, Têtard ?


Onirisme marécageux et sombre, malgré des couleurs bariolées, qui nous évoque Lokis ou le loup-garou...

5) LA LÉGENDE - France, 2018. Couleur, fiction, 11 min. Un Court métrage de Manon Eyriey, produit par 2.4.7. Films (247 Films).

SYNOPSIS :
Depuis l’immeuble d’en face, deux copines observent la Légende, le plus beau garçon du quartier. L'une d'elles se prépare avec soin : ce soir, elle le sait, elle va passer la nuit avec lui. Sa première nuit d'amour.

Morale : une amie vaut mieux que deux tu l'auras (la légende...).

Cliquez ici pour accéder, chez ARTE, à un échange entre Manon Eyriey et Delphine de Vigan autour du film "La légende".
Productrice de plusieurs courts et moyens métrages, Manon Eyriey est désormais réalisatrice. Pour évoquer ce premier court, « La légende », elle a invité la co-scénariste de son premier long métrage à venir, Delphine De Vigan, romancière auteure d’une dizaine de livres dont le dernier « Les Gratitudes » est paru chez Jean-Claude Lattès.

vendredi 25 octobre 2019

Travail, salaire, profit, de Gérard Mordillat et Bertrand Rothé



« La responsabilité sociale du monde des affaires consiste à augmenter ses bénéfices. »
Milton Friedman, The New York Times Magazine, le 13.09.1970


Forbes.fr a tout à fait raison, il faut éviter de se leurrer là-dessus : « Travail, salaire, profit » n'est pas une devise, mais une nouvelle série documentaire que nous devons au romancier, poète et cinéaste Gérard Mordillat et à l'économiste Bertrand Rothé. Ses quatre premiers volets ont été diffusés le 15 octobre à 20h50 sur ARTE, la chaîne publique franco-allemande.
Il s'agit d'une coproduction Archipel 33 et ARTE France de cette année 2019. Pour la réaliser, les auteurs ont interrogé 21 chercheurs d’Europe, des États-Unis, de Chine et d’Afrique sur 6 concepts fondamentaux de l’économie : le travail, l’emploi, le salaire, le capital, le profit et le marché. La série consacre un chapitre d'une cinquantaine de minutes à chaque concept. Ces épisodes seront disponibles en ligne, sur le site d'ARTE, jusqu'au 13 décembre 2019. Pour y accéder, vous n'avez qu'à cliquer sur les liens précédents.
Quant aux intervenants dans la série, en voici la liste :
Richard Arena, professeur d'économie à l'Université Côte d'Azur de Nice et chercheur au centre LATAPSES. C'est un spécialiste de l'école autrichienne et particulièrement de Carl Menger.
Christophe Darmangeat, anthropologue, Université Paris Diderot.
Philippe Askenazy, toulousain, directeur de recherche au CNRS et chercheur à l'École d'économie de Paris.
Dirk Ehnts, économiste, Technische Universität, Chemnitz (Allemagne).
Béatrice Cherrier, historienne de l'économie, Université de Cergy-Pontoise. Ses recherches portent sur l’histoire de l’économie depuis la Seconde Guerre mondiale.
Olivier Favereau, économiste, Université Paris Nanterre.
James K. Galbraith, économiste, University of Texas, Austin (États-Unis).
Armand Hatchuel, professeur et chercheur en sciences de gestion et en théorie de la conception. Ses travaux ont été, le plus souvent, menés avec d’autres chercheurs du Centre de Gestion Scientifique de Mines ParisTech.
Yann Giraud, historien de l'économie, Université de Cergy-Pontoise.
Fritz Helmedag, économiste, Technische Universität, Chemnitz (Allemagne). 
David Graeber, anthropologue et militant anarchiste étasunien, théoricien de la pensée libertaire nord-américaine et figure de proue du mouvement Occupy Wall Street. Évincé de l'université Yale en 2007, il est aujourd'hui professeur à la London School of Economics (Royaume-Uni). J'ai lu une interview où il affirme ce que j'affirme depuis très longtemps : « De plus en plus de personnes estiment que leur boulot ne devrait pas exister ».
Reinhild Kreis, historienne, Universität Mannheim (Allemagne).
Danièle Linhart, sociologue travaillant sur l'évolution du travail et de l'emploi. Elle est directrice de recherche au CNRS et professeure à l'université de Paris X.
Kako Nubukpo, économiste, Université de Lomé (Togo), il est l'auteur de L’Urgence africaine (éd. Odile Jacob).
Frédéric Lordon, philosophe et économiste, CNRS, Paris. Cité plusieurs fois dans ce blog.
Arnaud Orain, historien de l'économie, Université Paris 8, Vincennes - Saint-Denis, il a récemment publié La politique du merveilleux (Fayard, 2018).
Arthur MacEwan, économiste, University of Massachusetts, Boston (États-Unis).
Robert Pollin, économiste, University of Massachusetts, Amherst (États-Unis).
Waltraud Schelke, économiste, London School of Economics (Royaume-Uni).
Alain Supiot, juriste spécialiste du droit du travail, de la sécurité sociale et de philosophie du droit, professeur au Collège de France, Paris.
Andong Zhu, économiste, Tsinghua University, Beijing (Chine).
Bertrand Rothé a expliqué :
« Il y a des avis tranchés sur tout ! Sur l'entreprise, par exemple. Parce que cette entité entre le capital et le travail, ne peut pas faire l'unanimité. Pour Frédéric Lordon, c'est un lieu du politique. Pour d'autres, c'est un lieu de la production, un lieu d'échanges, de savoirs. Mais j'ai l'impression qu'il y a quand même aujourd'hui plus de convergences que de divergences. Dans notre série, personne ne défend la mondialisation, par exemple.
Et la convergence la plus importante - celle qui structure notre travail - , c'est l'idée que nous sommes dans une situation de crise du capitalisme, que sa forme contemporaine, le néo-libéralisme, est contestée par tous. La montée de l'extrême-droite est une des mesures de cette crise. Bien sûr, ce n'en est que la mesure, ce n'est pas la crise elle-même. La crise est celle du système de production, du système dans lequel nous vivons.»



Mordillat et Rothé ont complété leur travail par la publication d'un livre qui représente leur position vis-à-vis de ce sujet à l'amplitude plutôt considérable : Les Lois du capital, Seuil et ARTE éditions, 2019
J'en ai eu vent grâce à Là-bas.org, le site de Daniel Mermet, où —sous le titre Le salariat, cette « gigantesque prise d’otages »— ils ont été interviewés par Jonathan Duong :


« Le moteur de la mise au travail, c’est – comme le disait Marx – l’aiguillon de la faim. Nous avons là affaire à une prise d’otages. Je le dis parce que le mot "prise d’otages" est souvent employé dans le débat ordinaire, dans le commentaire médiatique, politique et éditorialiste. Et les preneurs d’otages sont soit les cheminots, soit les éboueurs, etc. À ceci près que le salariat lui-même n’est qu’une gigantesque prise d’otages. » Frédéric Lordon, qui enfile à nouveau sa casquette d’économiste pour cette série, rappelle en quoi le capitalisme, dans ses structures même, est inégalitaire, violent, destructeur. Et qu’on ne peut pas réformer le capitalisme, il faut l’abattre.
DUONG : L’apparition du salariat au XIXe siècle est concomitante de l’abolition de l’esclavage. Pourquoi on est passés de l’esclavage au salariat ? Est-ce que c’était uniquement pour des raisons morales ?
MORDILLAT : Non, il n’y avait aucune raison morale, c’était beaucoup plus commode et beaucoup plus rentable.
ARTHUR MAC EWAN, Économiste à l’Université du Massachussetts, explique dans la série : La raison est très simple, quand on y pense. Construire un canal, c’est dangereux, si un esclave meurt, vous perdez de la propriété ; perdre un esclave, c’est perdre sa possession ; si un Irlandais est tué, eh bien, on en engage un autre et vous ne perdez rien. Je suis ironique, bien évidemment, quand je dis que ce n’est pas grave de perdre un Irlandais, mais ça montre bien l’avantage du salariat.
[Sans compter que les salariés, notamment les soi-disant auto-entrepreneurs de la gig economy, pourraient ajouter que le patron capitaliste ne doit s’occuper de loger, nourrir et soigner ses salariés, alors que le négrier devait le faire, viols, mutilations et tortures à part, s’il tenait à disposer d’une force de travail vraiment opérative.]

Voici les six volets de la série (visionnables en ligne jusqu'au 13 décembre 2019) :
La série documentaire Travail, salaire, profit nous entraîne dans les arcanes de l'économie mondiale, jugée bien souvent trop opaque pour en saisir tous les tenants et les aboutissants. L'étude de cas, didactique et passionnante, est pourtant salutaire, à l'heure d'une crise massive du capitalisme, notamment via son avatar contemporain, le néolibéralisme, rejeté en bloc par une grande partie de la société. Après Jésus et l'islam, avec Jérôme Prieur, et Mélancolie ouvrière, Gérard Mordillat, accompagné de l'économiste Bertrand Rothé, signe une réflexion creusée et lucide sur cette "nouvelle religion contemporaine", via le témoignage d'économistes renommés, dont Frédéric Lordon et David Graeber.
1)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 1 : Travail.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : Certains mots sont d’un usage si courant qu’on finit par les utiliser sans en interroger le sens. Comme celui de "travail". Depuis la nuit des temps l’homme travaille : une activité qui n'a pourtant pas cessé d'évoluer depuis le paléolithique. Qu'est-ce que le travail aujourd’hui ? Est-il devenu une marchandise ? Qu'achète-t-on sur le marché du travail ? Pourquoi et comment est apparu le Code du travail ?
📜 Sommaire de l'épisode :
00:34
La notion de travail.
14:15 Le travail une marchandise
22:48 Le marché du travail
30:05 Le droit du travail, l’équilibre entre capital et travail
41:40 Le contrat de travail, une manière de légitimer le lien de subordination
Rappel : « Le lien de subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné »

2)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 2 : Emploi.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : Le travail et l’emploi apparaissent souvent comme deux termes interchangeables. De façon ordinaire, aujourd’hui, c’est l’emploi qui est le plus souvent utilisé pour désigner le travail… Seraient-ils de faux jumeaux ? Étude des incroyables transformations du management contemporain, ainsi que de l’invention de l’autoentrepreneuriat comme forme moderne de l’emploi.
📜 Sommaire de l'épisode
00:33 Les différences entre le travail et emploi
11:00 La fin du taylorisme, une diversification des compétences de l’employé ?
26:41 Le passage du salariat à la relation commerciale
36:06 L’avenir de l’emploi face à l’informatisation et la robotisation
3)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 3 : Salaire.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : "Le salaire est la somme d’argent que le capitaliste paie pour un temps de travail déterminé ou pour la fourniture d’un travail déterminé." Cette citation de Marx est-elle encore valide aujourd’hui ? Après le salaire de subsistance et le salaire différé, l'on voit apparaître les notions de revenu universel ou de salaire à vie. Serait-ce la fin du salariat ?
📜 Sommaire de l'épisode
00:34 La transformation du salaire : de l’enveloppe hebdomadaire à la fiche de paie mensuelle
10:15 Le « salaire de subsistance »
13:59 La productivité marginale des travailleurs
18:28 La disparition du marché du travail
29:03 L’armée de réserve
36:16 La polarisation du marché du travail : l’accroissement des inégalités salariales et la disparition de la classe moyenne
46:58 Vers la disparition du salariat ? 
4)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 4 : Marché.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : Aujourd’hui, le marché occupe une place hégémonique dans les sciences économiques. D’Adam Smith et sa "main invisible" aux libéraux contemporains, tous y voient le principe central de l’économie. Forts d’un discours théologico-économique, ils en font un dieu incontestable. Pour les libéraux, le marché a toujours raison. Mais de la guerre commerciale à la guerre entre nations, il n’y a qu’un pas…
📜 Sommaire de l'épisode
00 :34 Le marché a toujours raison ?
10 :34Le marché et l’Etat
17 :53 Le déclin de l’interventionnisme étatique, l’hégémonie du libéralisme
28 :23 La notion de crise
38 :10 Le soutien de l’Etat, un rempart du système néo-libéral  
5)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 5 : Capital.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : Comme tous les concepts économiques, le capital a une histoire ; une histoire singulière que l'on peut raconter de bien des manières. D'autant plus que la signification de ce terme s'est transformée au rythme du changement des modes de production... Plutôt que de faire une théorie du capital, la situation contemporaine de l'économie ne nous invite-t-elle pas à faire une théorie de l'actionnariat ?
6)  Travail, Salaire, Profit, Épisode 6 : Profit.
Série documentaire de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat (France, 2019, 54mn)

SYNOPSIS : D'où vient l'argent ? Au cours de l'histoire les thèses se sont succédées sans parvenir à conclure. Le profit est un concept fuyant. Pour Marx il était le produit d'un vol, le capitaliste volait au travailleur une part de son travail ; pour Milton Friedman, Prix Nobel d'économie, accroître les profits était l'unique responsabilité des entreprises. Entre l'enjeu financier et l'enjeu social, la querelle demeure.

mercredi 23 octobre 2019

L'audiovisuel et l'éloquence

On causait rhétorique avec mon frère, prof et balèze en la matière, et je lui demandais s'il avait vu en action un jeune collègue, docteur en Sciences Politiques, qui fait une courte section apparemment à succès sur Canal Plus, en France.
Je lui parlais de qui intervient tous les soirs sur le plateau de Clique TV pour mettre Les points sur les i au sujet d'un fait rhétorique d'actualité. Clique, à son tour, est l'émission que présente, à 19h55, le journaliste et acteur Mouloud Achour —dont l'aspiration explicite est toutefois de ne pas s'intéresser à l'actu, mais au monde actuel, tout comme de ne pas faire la course aux clics, mais aux kiffs, ou de plutôt accueillir de nouveaux visages que des visages connus.

La référence de Clément Viktorovitch me vint spontanément à l'esprit car je venais de le découvrir quelques jours avant, à travers une poignée de vidéos, et qu'il m'avait semblé particulièrement déluré : en fait, il décortique et analyse les sales coups discursifs que certains faux-culs répandent sous couleur d'expertise. Voilà, c'est exactement le sens de décrypter : traduire en clair, restituer le sens d'une parole tripatouillée. Où l'on voit bien que le prestige est nu.
C'étaient des vidéos comme celle dévoilant un tour de passe du grand captieux et très arabophobe chef de l'éducation systémique Michel Blanquer : ah, ce recours à des proverbes s'auto-accomplissant pour bétonner ses salades, cette volonté de ne pas affaiblir par des mots ce que certains bourre-mous peuvent avoir de dur ou de choquant :



...ou comme celle consacrée à une habituée des grands plateaux, honneur qu'elle doit sans aucun doute aux énormités de faf caractérisée qu'elle a toujours proférées :



C'est alors que mon frère me fit remarquer que la rhétorique semblait un tant soit peu en vogue actuellement en France et m'évoqua, tour à tour, d'abord un film d'Yvan Attal, Le brio (2017), aux critiques divisées, avec Daniel Auteuil et Camélia Jordana, puis un documentaire tourné à Saint-Denis et qu'il trouvait impressionnant, malgré la crétine traduction du titre du film en castillan ("A viva voz") et bien que lui et moi, nous n'appréciions guère ni les concours ni la téléréalité.

Camélia Jordana obtint le César du meilleur espoir féminin en 2018 pour son rôle dans Le brio. Voici la bande-annonce de ce film :

 
En ce qui concerne le documentaire cité ci-dessus, il s'agissait d'A voix haute, la force de la parole, tourné en effet à l'université Paris-VIII à Saint-Denis. La réalisation et le scénario ont été signés par Stéphane de Freitas, qui a compté sur Ladj Ly dans la coréalisation. La musique est due à Superpoze.
Quant aux dates de sortie en France, après une première diffusion sur YouTube : le 15 novembre 2016, première télévisuelle sur France 2 ; puis projection le 14 mars 2017, dans une version plus longue, au Festival de Valenciennes ; le 12 avril 2017, sortie définitive en salles.

Voici une présentation du film sur Télérama, Un puissant cri de rage, dont un extrait :
A voix haute, la force de la parole raconte l'aventure d'Eddy, Leïla, Franck, Elhadj et d'autres. Pendant six mois, ces derniers ont pris part au concours Eloquentia organisé chaque année afin d'élire « le meilleur orateur de Seine-Saint-Denis ». Une expérience où les participants, en cherchant la meilleure réplique sur des sujets sensibles, apprennent aussi sur eux-mêmes. Le documentaire invite à porter un autre regard, plus subtil, sur la jeunesse des banlieues. — Raoul Mbog
En voici la bande-annonce :

Synopsis : Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours “Eloquentia”, qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ».
Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d’y participer et s’y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes.
Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ».

mercredi 16 octobre 2019

Le premier âge du capitalisme (1415-1763), par Alain Bihr

Je viens d'acheter un gros pavé de presque 700 pages publié en septembre 2018 et signé par le sociologue français Alain Bihr. Il s'agit de Le premier âge du capitalisme (1415-1763), tome 1 : L'expansion européenne. Co-éditions Page 2 (Lausanne)-Syllepse (rue des Rigoles, 75020 Paris), impression d'août 2018. 697 pages.

 

L'auteur est professeur de sociologie à l’Université de Franche-Comté et se revendique du communisme libertaire.
Disons que Page 2 et Syllepse avaient déjà coproduit, par exemple, en 2 017, la 2e édition revue et augmentée de son essai La novlangue néolibérale. La rhétorique du fétichisme capitaliste, ouvrage aux ambitions heureusement Klempereriennes (1) dont la première édition, datée de 2007, avait paru dans les Éditions Page 2.

Le premier âge du capitalisme (1415-1763) est un ouvrage publié en trois volets qui poursuit un projet éditorial entamé par La préhistoire du capital (2006), d'après l'explication que nous fournit Alain Bihr dans son introduction générale.

Voici la présentation éditoriale de ce premier tome :
La montée en puissance contemporaine des « pays émergents », au premier rang desquels la Chine, venant après celle du Japon et des « dragons » sud-est-asiatiques (Corée, Taïwan…), oblige à réinterroger voire à réviser l’histoire du capitalisme. Et de se demander si le premier rôle, longtemps tenu par l’Europe occidentale, au sein de cette dernière n’avait été qu’un accident dont les conséquences seraient en train de s’épuiser et une parenthèse en train de se refermer.
Cet ouvrage soutient que, si l’Europe occidentale a été le berceau du capitalisme et a pu, des siècles durant, en constituer l’élément moteur et dirigeant, c’est à son emprise sur le restant du monde qu’elle l’a d’abord dû. Ce premier tome revient sur l’acte inaugural de ce processus : l’expansion dans laquelle elle s’est lancée en direction des continents américain, africain et asiatique à partir du 15e siècle et qui se poursuivra au cours des trois siècles suivants. Cet ouvrage décrit et analyse les deux formes fondamentales de cette expansion : commerciale et coloniale. Il en précise les principaux acteurs : les États et leurs agents, les compagnies commerciales, les diasporas marchandes, la foule des migrants anonymes, etc. Il en donne le résultat global : la constitution d’un premier monde centré sur l’Europe occidentale dans l’exacte mesure où c’est par elle et pour elle que les autres continents vont se trouver interconnectés et progressivement extravertis.
L’ouvrage s’attache à montrer qu’à travers les comptoirs commerciaux ouverts sur leurs côtes autant que par le biais des territoires occupés et colonisés dans leurs arrière-pays, des régions entières de ces continents ont commencé à être soumises à un processus d’exploitation et de domination. Ce processus opère par le biais du commerce forcé et déloyal, par l’échange inégal ou, plus directement encore, par la réduction au servage ou à l’esclavage de leurs populations.
Il explique ainsi comment les sociétés locales ont vu leurs propres circuits d’échange perturbés, leurs structures productives altérées, leurs pouvoirs politiques traditionnels instrumentalisés ou détruits. De la sorte, elles furent subordonnées aux exigences de la dynamique de formation du capitalisme en Europe même.
Mais, loin de verser dans une sorte de misérabilisme à l’égard des pays et populations en proie à l’expansion européenne, l’ouvrage insiste au contraire sur la résistance qu’ils ont su lui opposer, en la tenant souvent en échec. Résistance cependant inégale, fonction de leur développement historique antérieur et des structures sociales toujours singulières auxquelles il avait abouti.
C’est pourquoi l’ouvrage consacre également une grande attention à l’état de chacune des sociétés que les Européens vont aborder au cours de leur expansion. Il fournit de la sorte un panorama du monde à l’aube de cette dernière.
En dernier lieu, cette analyse de l’expansion européenne tente d’expliquer les divergences qui vont surgir entre les États européens quant au calendrier selon lequel ils vont se lancer dans cette aventure et les formes qu’ils vont y privilégier. Elle se penche également sur les rivalités et conflits qui vont les opposer et redistribuer les cartes entre eux à différentes reprises.
Enfin elle souligne les bénéfices fort inégaux que les divers États européens vont retirer de leur expansion outre-mer, dont la pleine explication est cependant renvoyée aux deux tomes suivants de l’ouvrage.
Le tome 2, paru en mars 2019, est consacré à La marche de l'Europe occidentale vers le capitalisme (808 pages) :
Dans ce deuxième tome, l’auteur analyse les voies par lesquelles se poursuit et se parachève, du 15e au 18e siècle, la transition de l’Europe occidentale du féodalisme au capitalisme, sous l’impulsion de son expansion commerciale et coloniale outre-mer. Il souligne les formes nouvelles prises par l’activité commerciale et la circulation monétaire, la formation d’un protoprolétariat, le déploiement multiforme de la manufacture, les prodromes de l’industrie automatique, l’émergence des premiers marchés proprement capitalistes, la mise en œuvre des politiques mercantilistes qui encadrent et dynamisent l’ensemble des processus précédents.
Mais loin de s’en tenir aux seuls aspects économiques de ce processus pluriséculaire, il en scrute tout aussi bien les facettes sociales, politiques et culturelles. L’ouvrage comprend donc aussi des développements consacrés à la transition d’une société d’ordres à une société de classes, à la contractualisation inégale des rapports sociaux, aux premiers pas de l’État de droit, le tout dans le cadre de monarchies qui se veulent absolues tout en étant déjà en proie, pour certaines, aux préludes des révolutions bourgeoises.
L’auteur examine donc, dans la foulée, ces révolutions culturelles majeures qu’ont été la Réforme, la Renaissance et les Lumières. Pour terminer, il relève l’importance de la formation d’un nouveau type d’individualité cultivant son autonomie, appelé à un bel avenir dans les âges ultérieurs du capitalisme.
Finalement, le tome 3, en librairies ce mois d'octobre 2019, comporte 1 500 pages et explore Un premier monde capitaliste :
Concluant sa somme sur le premier âge du capitalisme, Alain Bihr explore dans les deux volumes du troisième tome la constitution d’un premier monde capitaliste. Il en traverse les différents cercles, en partant de son centre et en progressant vers ses marges. Ainsi sont examinées les différentes puissances d’Europe occidentale qui ont été, tour à tour, motrices de l’expansion outre-mer.
Saisir les avantages respectifs dont ces puissances ont successivement tiré parti renvoie à leurs relations conflictuelles et aux rapports de force entre les ordres et classes qui les constituent. La Grande-Bretagne, s’appuyant sur les Provinces-Unies et les acquis de sa révolution bourgeoise, finit par en sortir victorieuse, au détriment de la France.
L’auteur revient également sur le statut semi-périphérique et la forte hétérogénéité des États d’Europe baltique, centrale, orientale et méditerranéenne qui, cause et effet à la fois, ne peuvent prendre part à l’expansion européenne. Toutefois, certaines d’entre elles (la Savoie, la Prusse, la Russie) pourront réunir des conditions leur permettant, par la suite, de jouer dans la «cour des grands».
L’ouvrage examine enfin les principales forces sociales marginales, affectées par l’expansion européenne mais encore capables d’y résister et, dès lors, de se développer selon leur logique propre. Ce qui explique à la fois pourquoi le capitalisme n’a pas pu naître dans la Chine des Ming et des Qing, en dépit de ses atouts évidents, et pourquoi, en se fermant, le Japon féodal a au contraire préparé les conditions de son rapide rattrapage capitaliste à l’époque Meiji.
Alain Bihr renouvelle et enrichit, grâce aux acquis historiographiques les plus récents, les intuitions et les analyses qui ont jalonné l’histoire du développement capitaliste.
La dimension narrative et descriptive n’est pas le moindre atout de ce travail.
Voici une conférence récente d'Alain Bihr sur La naissance du mode de production capitaliste à l'occasion de la sortie du deuxième volet de cet ouvrage monumental :



Conférence organisée par les Amis du Monde diplomatique de Montpellier le 9 avril 2019 à Montpellier sur La naissance du mode de production capitaliste avec Alain BIHR, professeur émérite de sociologie à l'Université de Franche-Comté.
Le deuxième volume de son histoire du capitalisme vient de paraître (Le premier âge du capitalisme (1415-1763), tome 2 : La marche de l'Europe occidentale vers le capitalisme. Co-éditions Page 2 (Lausanne)-Syllepse. 803 p.).
Le mode de production capitaliste, défini par Karl Marx dans plusieurs ouvrages, s'est développé lentement pendant la féodalité en Europe occidentale grâce aux caractéristiques particulières du mode de production féodal. Pendant l'expansion de quelques pays d'Europe occidentale, l'accroissement du capital des marchands en Asie et des propriétaires latifundiaires et esclavagistes en Amérique latine, ce proto-capitalisme européen s'est développé parallèlement par l'expropriation d'une grande masse de paysans grâce aux guerres, impôts et crédits publics organisés par les États. Avant la prise du pouvoir d'État par les capitalistes et la voie du capital industriel qu'ils vont privilégier. La thèse est confirmée par le développement du capitalisme à partir du féodalisme japonais. Pendant l'élargissement du mode de production capitaliste à des zones géographiques nouvelles et à tous les aspects de la vie, un mode de production socialiste émerge de plusieurs expériences et tâtonnements notamment l'expérience de la cotisation sociale plutôt que l'impôt et la subvention plutôt que le crédit. Il y a urgence car le mode de production capitaliste est dangereux pour l'avenir des écosystèmes de la planète et pour l'espèce humaine.
Film réalisé par Serge Tostain des AMD34. Avril 2019

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(1) Cf. Victor klemperer : LTI - Lingua Tertii Imperii: Notizbuch eines Philologen (Langue du Troisième Reich : carnet d'un philologue), 1947.

LTI (Langue du 3e Reich). La langue ne ment pas. .
Un film documentaire de Stan Neumann,
d’après les journaux de Victor Klemperer (Dresde 1933- 1945).
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici (2004 - 80’).
Victor Klemperer (universitaire romaniste obligé de quitter son poste à l'université après l'arrivée d'Hitler en Allemagne) a tenu un journal tout au long de sa vie. La partie qui couvre la période nazie a été publiée en Allemagne en 1995 avant d'être traduite en 2000 en français. Dans son Journal, il mêle les détails de la vie quotidienne, les observations politiques et sociales, les réflexions sur la nature humaine et sur la nature de la langue, toutes deux perverties par le IIIe Reich. Klemperer décrit les privations, les humiliations, l'asphyxie progressive de celui qui mène une existence de paria, les disparitions successives des amis et surtout de la très grande majorité des Juifs de Dresde. Marié à une "aryenne", il lui devra la vie, les juifs allemands mariés avec des "aryens" ne devant pas être déportés. Ce documentaire raconte sa vie, son combat pour écrire son livre "LTI", une résistance intime pour survivre à cette période.

lundi 14 octobre 2019

1er Journal des infos dont on parle plutôt peu (2019-20)

...dont on parle plutôt peu. Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie.

Voici notre premier sommaire de cette année scolaire 2019-2020 (pour aujourd'hui lundi 14 octobre 2019).
Merci à mes élèves pour leurs contributions !




Il comprend, entre autres...
... un entretien proposé par ID4D avec Émilie Gaillard, maîtresse de conférences en droit de l'environnement...
Émilie Gaillard travaille depuis vingt ans sur le droit des générations futures. Selon elle, ce concept juridique est un outil indispensable pour induire les changements de paradigmes nécessaires à la préservation de l’environnement et des populations sur le temps long.
Copyright ID4D
... Une révision décalée, désopilante, incontournable (chapeau !), des injures proférées contre Greta Thunberg par l'habituelle cohorte psycopathe des éditocrates particulièrement déchaînée, « tout en regrettant qu’il soit impossible de critiquer » cette môme “irrationnelle”, “illettrée”, “louche”, “ridicule”, “sadique”, “fanatisée”, “totalitaire”…, révision que nous devons à Samuel Gontier sur Ma vie au poste, son blog hébergé par Télérama.

... Un récit d'un enseignement du français doublé d'un fort plaidoyer pour l'accueil : pendant dix-huit mois, la journaliste et écrivaine Marie-France Etchegoin est devenue professeure de français langue étrangère auprès de demandeurs d’asile en attente d’un statut et elle a raconté son expérience et ses réflexions là-dessus dans J'apprends le français.


... Le combat du philosophe et auteur Jean-Claude St-Onge, ainsi que d'un certain nombre de pédiatres et de chercheurs, pour en finir avec le dopage des enfants censés être atteints par les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), dont ils dénoncent et le surdiagnostic et la surmédication au Québec.

... Ou certaines précisions journalistiques, environnementalistes et politiques vis-à-vis de certaines pulsions lubrifiantes préfectorales / gouvernementales dans l'atroce affaire Lubrizol. Il y a même un historien comme Thomas Leroux, chercheur au CNRS et spécialiste des risques et pollutions à l'âge industriel, pour nous rappeler, après ce sinistre incendie à Rouen, une têtue constatation : « La régulation des risques et des pollutions protège avant tout l’industrie » :
(...) La régulation des risques et des pollutions ne protège donc pas assez les populations, parce qu’elle protège avant tout l’industrie et ses produits, dont l’utilité sociale et l’influence sur la santé sont insuffisamment questionnées. Les garde-fous actuels (dispositifs techniques, surveillance administrative, réparation et remédiation, délocalisations) ont pour but de rendre acceptables les contaminations et les risques ; ils confirment une dynamique historique tragique dont l’accident de l’entreprise Lubrizol n’est que l’arbre qui cache la forêt dense de pollutions toujours plus chroniques, massives et insidieuses.


jeudi 10 octobre 2019

Opérations arithmétiques traditionnelles

« (...) toute l'arithmétique n'est composée que de quatre ou cinq opérations, qui sont l'addition, la soustraction, la multiplication, la division et l'extraction des racines, qu'on peut prendre pour une espèce de division », écrivait le mathématicien, physicien et philosophe René Descartes (1596-1650) dans le livre premier de son Traité de la Géométrie.

En effet, les opérations arithmétiques traditionnelles sont l'addition, la soustraction, la multiplication et la division. Et leurs résultats sont, respectivement, somme, différence, produit et quotient.
Pour apprendre ou réviser le vocabulaire en français de ces opérations, et de leurs méchanismes, je vous suggère de visionner et d'écouter des vidéos élaborées par des professeurs de maths à l'intention de leurs élèves des écoles ou des collèges.
Ainsi, dans la vidéo ci-dessous, mise en ligne en août 2014, Yannick Sayer, prof de maths, explique-t-il d'une manière simple et utile ces opérations de base, ce qui comprend de savoir comment calculer les enchaînements (avec ou sans parenthèses) :



Pour ceux qui souhaiteraient aller linguistiquement plus loin et accéder à une explication plus complète, plus complexe des opérations élémentaires, et de leurs notions sous-jacentes, en un français plus vif, plus réel, plus exigeant, voici la vidéo d'un prof qui s'adresse à des élèves de sixième :


Mise en ligne : février 2014.

Et merci beaucoup aux profs de maths !

mardi 1 octobre 2019

Un inédit de Miles David (1957)

Grâce à la rédaction de l'INA et ses contenus éditoriaux, nous avons eu vent d'un délice pure joie...


L'INA nous explique :
C'est un trésor qui vient de refaire surface. Considérées comme perdues, ces images sont les plus anciennes connues de Miles Davis en train de jouer sur un plateau de télévision. La séquence de 1957 montre le trompettiste à la tête du quintette français avec lequel il venait d’enregistrer la musique du film "Ascenseur pour l’échafaud" de Louis Malle.

Au Clair de la lune : une émission mythique enfin retrouvée

Filmée le 7 décembre 1957 par Jean-Christophe Averty pour la Radiodiffusion-télévision française (RTF), cette émission de variétés tournée au studio des Buttes Chaumont réunissait dans un étonnant décor lunaire des artistes aussi variés que Miles Davis, Juliette Gréco, les ballets guinéens de Keïta Fodeba, ou encore les chanteurs Paul Braffort et Giani Esposito.
Diffusée le 25 décembre 1957 dans le cadre d’un programme de Noël, cette émission était réputée irrémédiablement perdue, et n’était jusqu’alors connue qu’à travers un reportage photo réalisé sur le plateau de tournage. Retrouvé à l’occasion d’une opération d’inventaire au Centre de conservation de l’INA à Saint-Rémy-l’Honoré (Yvelines), le film 16 mm original a été immédiatement numérisé pour être mis en ligne sur le site Ina.fr, permettant ainsi au public de redécouvrir ces images pour la première fois depuis leur diffusion, il y a près de soixante-deux ans.

Les plus anciennes images connues de Miles Davis au monde

Séjournant à Paris pour quelques semaines, Miles Davis avait réuni autour de lui une formation française de haut vol composée de Barney Wilen au saxophone ténor, René Urtreger au piano, Pierre Michelot à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie. Dans la nuit du 4 au 5 décembre 1957, ce quintette entre dans la légende en enregistrant la bande originale révolutionnaire d’Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle, référence incontournable tant dans les domaines du jazz que de la musique de film. Filmées deux jours plus tard seulement, ces images sont non seulement les seules à montrer ce quintette à l’œuvre, mais encore les plus anciennes connues de Miles Davis en train de jouer sur un plateau de télévision. Répartis dans deux cratères lunaires, les musiciens y interprètent une variation sur le thème Dig, composé par le saxophoniste Jackie McLean.
Rédaction Ina le 04/09/2019 à 16:07. Dernière mise à jour le 06/09/2019 à 10:17.
Art et Culture