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mardi 4 mai 2021

Ceci et cela ou l'embarras du choix

« Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie
mais son évolution par temps de crise. »
Citation attribuée à Bertolt Brecht.
Se non è vero, è ben trovato.


"Sorry to keep you waiting, complicated business"
Donald T**mp, 2016



La démocratie libérale vous laisse choisir. Entre ceci et cela. En fait, il y a des siècles de ceci et de cela. Et on remarque que cela est ceci avec le folklore en moins.
Cela pense, ou laisse croire, qu'en ceci, ceci se trompe et que c'est cela qui est intéressant, tout en acceptant toutefois que ceci est souvent nécessaire, tout en sachant que ceci rentre toujours dans cela —puisque ceci constitue les fondamentaux et la flèche de  cela... —ce qui est clair pour les autoproclamés fully paid-up members of the neoimperialist gang (vous savez que cela était anglobal, puis devint Chimérique, puis... on verra). En effet, ceci vaut le coup d'œil, car ceci mis à part, cela risque d'éprouver des difficultés. Qu'à cela ne tienne ! convenait Milton Friedman. D'ailleurs... à quoi cela peut-il tenir ? (Historiquement, à ceci (oui, à ceci), à ceci (oui, à ceci), à tout ceci, etc.)

Nécessité de la cécité, tout ceci n'est pas clair, voire ceci ne veut rien dire, dirait Obama, qui pensait que cela seul amène le vrai bonheur. Mais mon cher, tu le sais mieux que personne : cela a toujours des conséquences, cela est toujours la cause de ceci. Bien que nous sachions, après Nietzsche, qu'il ne faut pas confondre cause et conséquence. Bref, cela sert toujours ceci.

Travail à la demande, Microtravail, Gig Economy, Économie de Plateforme, Travail Participatif, Travail Externalisé, Travail Fantôme, Autoemploi, Autoentrepreneuriat... Applications mobiles de mise en contact, Modernité, Technologie, Confort, Innovation, Efficacité, Libre Concurrence, Leader du Marché, Demande Croissante, Baisse de Prix, Optimisation... (1).
Il faut admettre que l'inventivité et les malversations nominales de pure prestidigitation (ou distraction massive) du Capitalisme au service de sa flèche esclavagiste sont inépuisables. C'est une munition nécessaire à ses opérations linguistiques de camouflage dans la guerre véridictionnelle quotidienne (2) : elle est vouée à obnubiler les esprits et à escamoter que toute la structure de son Économie repose sur un sous-précariat mondial, sur une véritable armée de forçats fantômes —tellement planqués dans les différents processus qu'on a du mal à conce-voir qu'ils existent ; les consommateurs jouissent en toute innocence du fruit de terribles corvées comme par magie (Mary L. Gray dixit, dans le film ci-dessous). Le confort qui en découle est chaste et pudique. Quant aux retombées humaines et environnementales de ce système dément, on s'en fout comme de l'an 40.
Ce fauxcabulaire —qui se traduit, il faut insister, en dehors du nominalisme, dans la vraie vie, par toutes sortes de mouises et de désastres qu'on s'évertue à ne pas voir— est partagé par ceci et par cela —modernité oblige, la LTI (Lingua Tertii Imperii, la langue du III Reich) a laissé sa place à la LCN (Lingua Capitalismi Neoliberalis, la langue du capitalisme néolibéral).
Curiosité finale, l'étymon du mot « famille » est le latin familia, et cela égale ceci : « ensemble des esclavisés », famille de famulus « serviteur, esclavisé ». Ceci et cela adorent la famille.

Ceci dit, ARTE vous explique cela plus longuement... 

Travail à la demande


87 minutes - Disponible du 20/04/2021 au 25/06/2021
Prochaine diffusion le samedi 15 mai à 02:10.

Livraison de repas à domicile, voitures avec chauffeur, participation rémunérée à des sondages... Des États-Unis au Nigeria, de la France à la Chine, un voyage à la rencontre des travailleurs "à la tâche" de l'économie numérique mondialisée.  

"Accédez à une main-d'œuvre mondiale, à la demande, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", promet la plate-forme d'Amazon Mechanical Turk, dite "M Turk", créée au début des années 2000 pour proposer des services allant de la correction de données à la participation à des sondages en passant par l'évaluation de photos pour des sites de rencontres. Elle emploie aujourd'hui un demi-million d'"indépendants" dans 190 pays qui, hors Inde et États-Unis, sont rémunérés en bons d'achat Amazon, pour une moyenne de 10 à 20 dollars par jour. Avec la livraison de repas à domicile et les VTC (voitures avec chauffeur), elle constitue l'un des emblèmes de cette gig economy, littéralement "économie des petits boulots", qui génère un chiffre d'affaires planétaire de 5 000 milliards de dollars, en constante expansion. On estime que 500 millions de personnes en dépendront pour vivre, ou plutôt survivre, en 2025. Car la liberté et la simplicité d'accès qui font le succès des plates-formes reposent aujourd'hui sur leur exploitation. 

Pour une poignée de dollars 
À San Francisco, Al Aloudi et Annette, chauffeurs Uber dont les gains ont fondu, puis disparu avec la pandémie, luttent pour se faire reconnaître comme salariés par la plate-forme. À Strasbourg et à Paris, Leila et ses pairs, livreurs cyclistes de repas, s'engagent dans une bataille similaire contre Deliveroo après l'accident grave dont a été victime l'un d'entre eux. Dans une bourgade de Floride, Jason expose ses combines pour arracher à M Turk quelques dollars de plus, tandis que d'autres "travailleurs fantômes", à Lagos ou ailleurs, décrivent leur sujétion permanente à l'écran pour ne pas rater une opportunité [C'est le contraire de la flexibilité ! Voire ça rend accro !]. Cet aperçu éloquent et sensible de la division planétaire du travail révèle le coût humain, mais aussi environnemental, de l'expansion dérégulée de l'économie numérique, à l'image de ces millions de vélos urbains jetés dans une décharge de Shenzhen, conséquence de la concurrence effrénée entre loueurs.

  • Réalisation : Shannon Walsh, France, 2020

Dans le film, Nick Srnicek, professeur canadien affecté au King's College London, auteur du Manifeste accélérationniste et de Platform Capitalism, explique les effets de réseau dans ce Capitalisme hyperpuissant de plateformes hyperpuissantes : plus une plateforme est utilisée, plus elle devient intéressante pour les autres. C'est ainsi qu'au bout du compte, un seul acteur [Facebook, Google, Amazon, Uber...] finit par rafler toute la mise. Et Srnicek détaille la méthode Uber, le subventionnement :

Quand ils s'implantent dans une ville, ils offrent des ristournes aux usagers et une très bonne rémunération aux chauffeurs. Résultat : les chauffeurs et les clients affluent sur la plateforme, ce qui déclenche ce fameux effet de réseau. Puis, au bout d'un moment, Uber réduit les ristournes et les rémunérations, et augmente les tarifs. Car une fois que cet effet de réseau est en place, l'entreprise à une position de quasi-monopole et peut dicter ses conditions au marché.

Al-Aloudi, un chauffeur yéménite enrôlé dans Uber à San Francisco, aux États-Unis, témoigne de son cas particulier. Avant, il gagnait 1,20$ par kilomètre et maintenant, c'est entre 37 et 40 centimes. C'est le progrès, c'est le « travailler plus pour gagner plus » —qui, en Capitalisme, signifie « travailler plus pour que d'autres gagnent beaucoup plus » (voir un peu plus bas). 

En outre, on est coté : si on a une note de 4,7 ou moins, votre compte est désactivé, c'est-à-dire, vous êtes viré. Ce sont des travailleurs indépendants, tellement indépendants qu'ils ne peuvent pas refuser un passager. Leur indépendance les affranchit du droit de grève, des congés payés, des congés de maladie, des prestations de chômage... L'autoentrepreneuriat est une aubaine !

En Chine, les plateformes de livraison de repas ont réalisé, sur le dos d'une masse esclavisée de livreurs et grâce à l'argent de 410 millions d'utilisateurs, un chiffre d'affaires de 51 milliards de dollars en 2020. Pour dominer ce marché, les plateformes ne font pas payer le coût réel du service aux récepteurs de leur bouffe. Les deux géants sont Meituan (Tencent) et Ele.me (Alibaba) (3).

Et puis, que le Fordisme est devenu ringard (progrès de la régression !) quand on le compare à la microentreprise toujours en ligne ! Ceux qui acceptent des tafs pour "M Turk", en dehors de l'Inde ou des États-Unis, sont payés en bons d'achat utilisables sur Amazon.com, en toute indépendance et de leur plein gré, bien entendu : la boucle est bouclée et les besogneux sont doublement pressés, pardon, mis à contribution, dans cette Économie libérale libre et détestant les impôts. Et le mérite se matérialise en toute sa splendeur : la manne de leurs bienfaits très compétitifs, car le salaire horaire moyen sur "M Turk" est de 2$, tombe, pluie d'or, trickle up effect, sur Jeff Bezos et ses actionnaires. À quoi bon les impôts quand on a la plus-value... D'ailleurs, ils se démerdent fort bien pour pratiquer une évasion fiscale très agressive (4), mot tendance.

Tous les témoignages des galériens de la Gig Economy évoquent une vie misérable et une exploitation méthodique, sans répit : « On peut se donner à fond et ne gagner que 10$ par jour. » « La nuit, je laisse l'ordinateur allumé. Parfois, un boulot arrive à 2h du matin et ça me réveille, je me lève aussitôt et je le fais. Mais une fois que j'ai terminé, j'ai du mal à me rendormir. » Et caetera. Y'a pire, bien pire : c'est à gerber. 

À qui profite ce crime ? se demande Srnicek. Le plus pénible, c'est qu'il y a toujours des croyants en la possibilité de réforme de ce vampirisme qu'est le Capitalisme, aujourd'hui finance + tech. « Réformer » cela... ? 

Et puis, quand on contemple, abasourdi, cette image improbable de millions de vélos colorés —avant hier partagés— amoncelés dans une décharge de Shenzhen, en Chine, on se dit... on se demande... on... 

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(1) Dans le chapitre NO PODER PODER (sic; en fait nicht können können, pouvoir ne pas pouvoir), de La Agonía del Eros (version castillane, 2017, de Agonie des Eros, 2012, de Raúl Gabás et Antoni Martínez Riu), l'essayiste et philosophe sud-coréen et allemand Byung-Chul Han écrit :

La sociedad del rendimiento está dominada en su totalidad por el verbo modal poder, en contraposición a la sociedad de la disciplina, que formula prohibiciones y utiliza el verbo deber. A partir de un determinado punto de productividad, la palabra deber se topa pronto con su límite. Para el incremento de la producción es sustituida por el vocablo poder [de la même façon que challenge, défi, remplace problème après Newt Gingrich, 1996, dis-je, d'abord aux États-Unis, puis dans toutes nos langues colonisées de l'orbe capitaliste.] La llamada a la motivación, a la iniciativa, al proyecto, es más eficaz para la explotación que el látigo y el mandato. El sujeto del rendimiento, como empresario de sí mismo, sin duda es libre en cuanto que no está sometido a ningún otro que le mande y lo explote (1.1); pero no es realmente libre, pues se explota a sí mismo, por más que lo haga con entera libertad. El explotador es el explotado. Uno es actor y víctima a la vez. La explotación de sí mismo es mucho más eficaz que la ajena, porque va unida al sentimiento de libertad.

(1.1) Ce qui n'est même pas le cas sous la férule de sociétés genre Uber, où le Big Brother existe bel et bien, et agit, après envoûtement, comme une Épée de Damoclès normative et structurelle et comme une pompe à fric et à être aspirant une partie souvent grandissante des revenus et de la substantifique moelle en général du soi-disant entrepreneur de soi. C'est-à-dire, le désir d'autonomie, la catalepsie capitaliste ou le besoin de survie matérielle (sous le triomphe de l'immatériel et des misères du présent), ou juste d'air, poussent un nombre croissant de travailleurs à devenir des soi-disant micro-entrepreneurs —sans contrat de travail salarié ni couverture sociale pour les assurances maladies, chômages ou retraites, leur indépendance se bornant à leur solitude face aux risques, aux gages et à la maladie : les grandes entreprises des applications ou des plateformes immatérielles s'en déchargent sur eux, dirait André Gorz, ou du beurre dans les épinards.
Ces travailleurs faussement appelés autonomes ou indépendants, car
foncièrement hétéronomes (ils reçoivent de l'extérieur les lois qui les gouvernent et sont soumis à la ponction d'une lourde dîme sur le fruit de leurs sueurs), sont en fait plus aliénés que les prolétaroïdes de Theodor Geiger (Begriff qu'il tire en 1932 de Werner Sombart et de Goetz Briefs à propos de ces travailleurs qui se situent dans la strate inférieure de l'échelle productive), puisque, d’un point de vue juridique et de l’organisation du travail, le prolétaroïde était « patron de sa vie laborieuse » et n'était pas soumis à un patron, à ses ordres et à son commandement sur son travail. Cf. Sergio Bologna, Crisis de la clase media y posfordismo, voir ch. 5, Akal, 2006, repris par Marie-Christine Bureau et Antonella Corsani, Du désir d’autonomie à l’indépendance. Une perspective sociohistorique, La nouvelle revue du travail, 5 | 2014, § 6, mis en ligne le 17 novembre 2014, ou par Alberto Santamaría, En los límites de lo posible. Política, Cultura y Capitalismo Afectivo, p. 132-133, Akal, Pensamiento crítico, 2018.

(2) Toute manipulation du langage cherche à rendre invisible l'évident (le très visible) et à faire miroiter l'illusoire, l'impossible. Pour y réussir, il faut une puissance médiatique (une médiation permanente) que le Capital s'achète sans lésiner car il faut occuper tous les espaces, ne rien lâcher en la matière.

(3) De la même façon que nous avons les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) aux États-Unis, 4 géants se sont développés au XXIe siècle chinois : les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). 

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(4Mise à jour du 15 mai 2021 :

Amazon localise + de 75% de ses bénéfices au Luxembourg sans payer quasiment aucun € d'impôt.

Over the last decade, Amazon has generated greater untaxed profits than the total amount of taxes it has ever owed. Much of this has taken the form of “loss carryforwards”—an accounting term that describes qualifying net operating losses that are used to reduce future tax liabilities. Amazon’s net total operating loss carryforwards reached US$ 13.4 billion by 2020. This figure was higher than the total taxes payable by the group for the entirety of the group’s history to date (US$11.71 billion). Much of those losses originated from Amazon’s non-European subsidiaries. Unfortunately, Amazon’s reporting of its international affairs is perplexing and raises doubts about its tax affairs. Subsidiary data reveals that loss-making has been a common and recurring feature distributed across many members of the corporate group. For instance, one of Amazon’s Indian subsidiaries alone generated over US$3.46 billion in cumulative operating losses over the last decade. Its operating expenses averaged 220 percent greater than the level of operating revenues reported by the company.

The conclusion of this study is that Luxembourg is at the centre of Amazon’s system of globally coordinated losses that simultaneously generate also unrepatriated profits. This is supported by observation that Luxembourgish set of entities account for the inexplicable ~75% of all Amazon’s international sales.

(Extraits de Richard Phillips, Jenaline Pyle et Ronen Palan, The Amazon Method. How to Take Advantage of the International State System to Avoid Paying Tax, 14 mai 2021)
D'autre part, Rob Urie analyse dans un article en anglais l'actualité de ceci et de cela dans le régime de la destinée manifeste. Il a bien choisi son titre, il n'y va pas par quatre chemins : Capitalism and Fascism (CounterPunch, le 14 mai 2021).

jeudi 22 avril 2021

Sarah El Haïry récite sa leçon pour éviter de (trop) dire (car elle en dit assez)

La voilà, la solution : avec un choc de confiance, fini les idées suicidaires
(Samuel Gontier, 9/02/2021).

Il faut voir comme on nous parle. Comme on nous parle.
(Alain Souchon, Foule sentimentale, 1993).

Lo importante no es la gestión, sino la sugestión.
(El Roto, El País, 22/04/2021)

 

Ceci est un cours de novlangue générale
(pour apprendre le panache et sa syntaxe)
Panache
: « Brio et bravoure spectaculaires » (selon Le Robert)


Le journaliste HEC Hugo Travers dispose d’un moyen d’information et d’analyse à gros succès, dépassant largement le million d'abonnés, qui s’appelle Hugo Décrypte. L’actualité expliquée. Ce média est hébergé par la plateforme YouTube, mais Travers se produit également sur Instagram (chaque jour, du contenu exclusif et un résumé clair et rapide de l’actu en moins d’1 minute ! Instantané comme un cliché ?), Facebook et Twitter.
Son cœur de cible, ce sont les 15-25 ans. Grâce à son audience, il a été choisi verbi gratia par Léa Salamé pour interpeller Marine Le Pen, le 14 mars 2019 en direct, sur France 2, puis par Emmanuel Macron en mai 2019 pour une opération de com, vu que le youtubeur était facile à gérer, selon l'agence de son choix, Blog Press Agency, qui avait recruté Travers en 2016. La vidéo concoctée par le jeune décrypteur prescripteur sur la liste européenne de LREM proférait des énormités propres à un naïf ou un collabo : on y apprenait que la Macronie défend "un certain nombre de mesures censées lutter contre le réchauffement climatique", que sa "préoccupation principale" en matière d'économie est de "taxer les géants du numérique" ou encore, qu'elle veut "davantage protéger les travailleurs". Mais, y'a des fois, quand même, que trop, c'est trop...

Voyons, il y a deux mois, Travers a très bien réalisé (très pro) et diffusé sur sa chaîne L’appel à l’aide de notre génération, une compilation vidéo de témoignages de maints étudiants français exprimant une détresse à vraiment faire frémir. Un cri collectif de douleurs individuelles : 30% avouent avoir déjà eu des idées suicidaires ou songé à se mutiler. Très nombreux sont les jeunes qui pensent qu'il ne leur reste que les réseaux sociaux dans cette société libre, plurielle et impitoyable...


C'était le dimanche 31 janvier 2021. Le 2 février, on a montré cette vidéo à Sarah El Haïry, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement (sic), et puis, le Live Toussaint, une émission de BFMTV, a proposé un échange en direct entre Hugo Travers et Sarah El Haïry, présenté et modéré par Bruce Toussaint. J’en ai eu vent à travers Clément Viktorovitch.

La prestation verbale de Sarah El Haïry m’a semblé une telle illustration et défense de l’arnaque linguistique libérale que je me suis administré la punition scientifique de l’écouter plusieurs fois afin d’en faire la transcription 99% littérale, tâche éprouvante et probante, dont je vous fais cadeau un peu plus bas comme aide à la compréhension, si j’ose dire, et à l’analyse d’une logorrhée caractérisée. Tous les liens et les remarques entre crochets sont de mon cru.

Je vous signale tout de suite, mesdames et messieurs, qu’elle va parler pour ne rien dire, car elle n’est pas ennemie du colloque ; qu’elle va parler de la situation, tenez ! qu'elle va parler de la situation, sans préciser laquelle ! Ou plutôt du constat, qu'elle va faire à n’en pas finir l’historique du constat, quel qu’il soit ! Il y a quelques mois, souvenez-vous, la situation, ou plutôt le constat, déjà, nous le partagions, et dans cette situation de constat partagé, nous allions vers la catastrophe et nous le savions, nous en étions conscients, le gouvernement et vous, si vous voyez ce que je veux dire, car il ne faudrait pas croire que les responsables d’hier, de juillet, par exemple, étaient plus ignorants de la situation, ou plutôt du constat, que ne le sont ceux d’aujourd’hui ! D’ailleurs, ce sont les mêmes...

Après une telle Devos pédagogique, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ne tarderait pas à se pointer chez Travers, mais ça, c'est une autre histoire, car ici, il est question d'un cours de novlangue bien précis, même s'il peut y en avoir d'autres.
Visionnez-écoutez, donc, ici ce laïus péremptoire de Madame El Haïry...


Vous pouvez suivre sa transcription ci-dessous —battez bien les concepts opérationnels avant de débiter votre sermon, à votre tour, si l'idée vous prend de saboter votre cerveau et de vous foutre du monde. Puis vous trouverez une glose faite à la va-vite de trois dizaines de commentaires de téléspectateurs, plus excédés les uns que les autres, que j’ai lus sur le compte Twitter d’Hugo Travers.

— ... Bien sûr que j’ai regardé cette vidéo, et ce que j’ai envie de dire [c’est le cas de le dire !], c’est que le constat, on le partage et depuis le 26 juillet, où j’ai rejoint le gouvernement, en fait, on est dans cette situation de... de constat partagé, on a conscience absolument de la situation des étudiants, mais aujourd'hui, ma responsabilité, elle, est d’être dans l'action, elle est comment on apporte des réponses à ces jeunes, et ces réponses, euh, ils [sic] sont multiples, puisqu’il y a des situations et, donc, des étudiants. D’abord, évidemment, des réponses économiques et ça, c’est... ça, c’est notre job, c’est, être ce moteur ; ensuite, des réponses sociales, avec... très concrètement, parce que les jeunes, des étudiants... j’en ai vu à Aurillac, à Reims, à Bordeaux... ils disent la même chose que les mots utilisés dans la vidéo d’Hugo [Depuis quand vous le tutoyez, madame ?]. Et aujourd’hui notre challenge [Madame adore le lexique du GOPAC, Newt Gingrich's political action committee], notre enjeu, c'est de se mobiliser plus fortement, parce que la réponse à leur moral, la réponse à leur énergie, la réponse à leur élan, c’est une réponse sociétale, et moi, je dis, euh, beh, bravo, Hugo, tu as concentré dans cette vidéo des mots qu’on entend, qui sont partagés. Maintenant [, puisque vous, Hugo Travers, lancez l'alerte], passons à l'action et passons à l'action ensemble, puisque tu as utilisé ta force de frappe... pour consolider, eh bien, partageons encore plus fortement les solutions. Les solutions, elles sont multiples. Moi, je pense qu’il faut continuer à accompagner les associations qui se mobilisent. Nightline, par exemple, que je connais, qui est un réseau d’écoute entre étudiants et qui crée la solidarité. Mais aussi, parler encore plus fortement du « chèque psy » [annoncé plus tôt que littéralement la veille] qui permet de créer de la solidarité et une réponse plus... médicale, plus forte à ces jeunes-là. Mais avant tout, notre responsabilité, c’est évidemment de créer l’élan, de garder ce choc de confiance, et donc, c’est une responsabilité partagée entre les familles, les enseignants, les entreprises... c’est tout un pays qui se mobilise pour le moral de sa jeunesse. Et pour ça, moi, c’est un appel, un appel à la mobilisation collective. Parce que, oui, nos étudiants, c’est notre priorité. Et pour ça, on peut tous apporter quelque chose et c’est... et c’est... typiquement des réponses et des solutions que j’ai vues, je pense, à Aurillac ou à Reims, en particulier, où ce sont les associations qui se mobilisent avec les étudiants. » [Là, après deux timides tentatives, l’interrompt Bruce Toussaint, abasourdi, j'imagine, histoire, je me figure, de respirer un peu : « Hugo vous répond ».]

— Moi, je me retrouve face à vous aujourd’hui, mais surtout avec des centaines, encore une fois, des milliers de témoignages [, réplique avec fermeté et humanité Hugo Travers,] qu’on a reçus ces derniers jours, qu’on a essayé de compiler dans le cadre de cette vidéo. Si je devais..., et c'est un peu le travail qu'on a fait ces derniers jours, avec mon équipe de journalistes aussi, de comprendre les problèmes, comprendre aussi le... la vision de ce que ressentent les jeunes, et au-delà de cette détresse, c'est aussi un sentiment de ne pas être écoutés et de ne pas être suffisamment entendus par le gouvernement, c’est quelque chose qui est partagé par beaucoup de jeunes. Y'a eu des annonces qui ont été faites, qu’on a eu l’occasion d’évoquer, nous, sur la chaîne, les questions des repas à 1 euro pour tous les étudiants, le retour en présentiel un jour par semaine, le chèque psy aussi qui a été détaillé notamment hier, d’ailleurs ces mesures ont été... ont été plutôt bien reçues, mais y’a qu’un écho qui est encore très important et qu’on voit d’ailleurs dans cette série de témoignages qu’on a eu l’occasion de publier ces derniers jours, c’est que ces mesures-là sont très loin d’être suffisantes pour la détresse actuelle et on voit les chiffres actuellement encore à l’écran, 40% des jeunes font état d’un trouble anxieux généralisé, une part très importante des jeunes qui pensent à mettre fin à leurs jours et qui sont dans cette situation très très difficile et...

— Hugo, je suis d’accord avec toi [, interrompt la secrétaire d’État]. Il faut se mobiliser, il faut passer à l’action.

— La question, c’est sur... la question... la question, moi, que je vois, à partir des retours que j’ai sur... des jeunes aujourd’hui : est-ce que les mesures aujourd’hui, qui sont mises en place par le gouvernement, sont suffisantes ? Et un certain nombre de jeunes, c’est ce que je vois à travers les messages que je vois tous les jours, ont le sentiment que ce n’est pas suffisant et que même, celles avancées par le gouvernement (...).

— Y’se trouve... y’s trouve que... hier, on discutait avec Hugo sur : qu’est-ce qu’on peut faire ? Parce que la solution, c’est, OK : le constat, il est partagé. Maintenant, on passe... on continue à passer à l’action [continue-t-on...?]. Quand on parle d’isolement, quand on parle, de fait, de se sentir seul et pas trouver sa place, c’est comment on accompagne chaque étudiant pour qu’il puisse se mobiliser ? La semaine dernière, à peine, on a changé les règles du service civique, pour permettre à chaque étudiant de s’engager, de trouver sa place, de rompre son isolement en se sentant utile. Parce que ces étudiants, ils disent aussi : “Eh bien, je me sens seul, je me sens seul après une journée entière de cours à distance.” Eh bien, engagez-vous ! Et nous on est là pour accompagner ces engagements. Et c’est pour ça que je dis à Hugo, c’était... c’était notre discussion d’hier, c’est... il y a des réponses. Économiques, bien sûr, parce que... il faut soutenir l’emploi, mais il y a aussi des réponses sociales, avec les repas, avec les chèques psy... tu l’as dit, tu l’as rappelé... il y a des réponses pour les jeunes diplômés, mais... l’énergie, le moral, l’élan, c’est notre responsabilité collective. Et c’est pour ça que moi, j’apporte une des solutions : le fait de rendre le service civique accessible à tous. Parce que c’est moteur [Hugo Travers rit jaune, alors que la torsion de la lèvre supérieure, côté gauche, de la secrétaire d’État fait mal à voir]. Maintenant, il faut une mobilisation des assos également [autrement dit : aux gens de se bouger le cul, nous ne sommes que le gouvernement].

— Mais ce moral, justement, et encore une fois, c’est ce que... moi, chuis pas... chuis pas militant, quoi, [précise Hugo Travers, « ça se décrète pas », se superpose, épanouie, Sarah El Haïry], je suis juste... j’ai un média en ligne et j’ai relayé, via cette vidéo, les témoignages, donc, je me permets de faire aussi à... face à vous aujourd’hui... les témoignages qu’on a là, ils montrent justement que le moral, il est pas présent et donc..., malheureusement, il suffit pas de dire : “Eh ben, les jeunes, mobilisez-vous, engagez-vous ! il va falloir changer les choses !” La réalité, elle est plus complexe que ça et y'a une détresse sociale qui est immense, une détresse économique, une détresse psychologique, y’a des jeunes qui vont devant les... faire les collectes alimentaires tous les jours pour aller à s’y alimenter, y'a des jeunes qui mettent fin à leurs jours, qui tentent de mettre fin à leurs jours dans des résidences étudiantes…

— Mais tu as raison, chuis... chuis d’accord avec toi, Hugo, mais tu vois, sur la détresse alimentaire, y'a des réponses, moi, ma mission, elle est dans, elles est dans... elle était dans l’action [temps verbal, s.v.p. ?]. Quand tu as une détresse alimentaire... c’est pour ça que le Président... le Président de la République a décrété deux repas par jour à un euro, dans tous les CROUS, parce que ça répond à une... à un... un problème, à une réalité dans notre pays. De l’autre côté, la question aujourd’hui des petits jobs et des petits boulots, c’est aussi une réalité ; c’est pour ça qu’on crée 20 000 jobs dans les campus. Mais moi, ce que je dis, c’est au-delà de ça. Moi, je crois que la réponse, elle vient pas exclusivement de l’État, et encore plus quand ça touche les... le moment [« Mais l’État peut faire davantage, l’interrompt Hugo Travers, c’est ce qui est relayé par plusieurs... plusieurs étudiants qui disent... »], le moral, les aspects psychologiques, l’isolement… [visiblement, notamment dans ce contexte, l'envie de se suicider ne découle de nulle part, il n'y a jamais de cause efficiente, juste des mous et des molles.]

— Mais l’État peut faire davantage..., c’est ce qui est relayé par plusieurs... plusieurs étudiants qui disent... Et voilà, on a... et d’ailleurs... voilà, on a des organisations plus politisées d’étudiants qui..., syndicats étudiants, qui vont parler d’un RSA pour les jeunes, qui vont parler de davantage de moyens qui doivent êt(re) mis. Mais, ne serait-ce que même d’un point de vue de l’université qu'ils vont dire: il faut que l’on puisse revenir davantage qu'un jour par semaine à l’université, puisque c’est une question de lien social, c’est une question de limiter le décrochage scolaire et universitaire, c’est des questions qui sont très présentes et, encore une fois, là, je me fais simplement le... le porte-parole des milliers de messages qu’on a reçus ces derniers jours sur les réseaux sociaux et de cette vidéo qui a été beaucoup partagée : pourquoi est-ce qu’elle a fait plus de cinq millions de vues ? Pourquoi elle a été autant partagée ? C'est parce que c’est autant de personnes qui... [« Mais parce qu’elle est juste, Hugo, parce qu’elle est juste, oui », se superpose empressée Madame El Haïry.] ... partagent ce sentiment de ne pas être suffisamment écoutées, qu’il n’y a pas suffisamment de mesures qui sont mises en place par le gouvernement aujourd’hui.

— Hugo, moi, tu sais ce que je réponds ? C’est... il y a des mesures, et tu le sais puisqu’on en a parlé. Un jeune sur deux ne connaît pas toutes les solutions qu’il peut... qu'il peut utiliser, qu’il peut saisir. Et aujourd’hui, notre responsabilité, c’est évidemment d’améliorer des propositions et des solutions quand il y a des manques. Ça pour le coup, il faut être extrêmement à l’aise avec ça. C’est pour ça que, juste, cette semaine, il y a l’accompagnement par Pôle Emploi pour les jeunes diplômés qui étaient boursiers et qui ne trouvent pas leur premier job, parce que c’est aussi ça la réalité [surtout quand on supprime délibérément la politique]. Et les solutions, elles, continueront à évoluer autant que nécessaire. Parce que la jeunesse, parce que les étudiants, aujourd’hui, c’est notre responsabilité collective. Mais, moi, ce que je dis, c’est sur la question du moral, sur la question de la mobilisation… Il faut qu’on fasse bloc ; plus de cours, bien sûr, et différenciés. Plus de, plus de... moins d’isolement, plus de solidarité, oui, c’est possible [le slogan comme syntaxe]. Et c[e n’]est possible que si on apporte tous des solutions. C’est pour ça que, moi, je dis : moi, je compte sur toi, tu as fait le..., tu as partagé ce constat, je te dis : oui, il est juste, ton constat, puisque c’est la parole des étudiants en tant que telle, mais partageons tous les solutions, parce que plus les étudiants auront et sauront tous à quoi ils peuvent avoir accès aussi, plus on se mobilisera et plus on pourra améliorer ce qui manque certainement là.

— [Hugo Travers essaie de déclouer le bec, mais il n’y parvient pas devant un tel écoulement...]

— Moi, je suis hyper à l’aise [Blaise] avec ça. Moi, ce que je veux, c’est surtout que nos étudiants, eh bien, ils trouvent l’énergie et le moyen, eh bien, de continuer à persévérer et à trouver le panache nécessaire, parce que c’est notre priorité [sic !!!!]

— Là-dessus, je maintiens qu’il y a deux choses. Il y a des aides existantes qui méritent d’être connues et nous, on en travaille en tant que ... même en tant que média, nous, sur la chaîne, avec mon équipe de journalistes, de faire connaître ces choses-là. Quand Emmanuel Macron a annoncé des repas à un euro, quand Emmanuel Macron a annoncé le retour en présentiel un jour par semaine, on l’a relayé, on en a parlé, et c’est la même chose pour toutes les initiatives qui ont pu être faites et qui peuvent permettre de... d’aider ces jeunes, on est, encore une fois, suivis par essentiellement... individus de vingt-quatre ans ; on est là pour relayer aussi ces éléments qui peuvent les aider. Maintenant, les... les..., la réalité, c’est que ces éléments-là, aux yeux des témoignages qu’on a aujourd’hui, qui remontent au sein de notre média sur les (...) décrites, ne sont pas suffisants pour répondre à ce problème très important de la détresse des jeunes. Et donc, c’est un peu le, le... ce que j’essaie de montrer ici, c’est que... et il y a des jeunes qui peuvent se mobiliser, s’il le faut, mais les jeunes, ils sont aussi... ils sont dans un état aujourd’hui qui est unique, qui est très grave et très très inquiétant, et y’a surement des mesures, en tout cas, c'est ce qu'un certain nombre de jeunes conçoit, qui je... faut aller plus loin.

— Ce que je voulais surtout, s’immisce Bruce Toussaint, c’était vous entendre discuter tous les deux. Mais, en tant que jeune également, poursuit le présentateur, même si je vois beaucoup de gens rire sur le plateau, non, non, plus sérieusement, j’ai le sentiment…

— C’est un état d’esprit…, souffle rigolote Sarah El Haïry.

— ..., bien sûr, je vous remercie, haha, je vous remercie. Je vais vous dire mon sentiment, reprend Bruce Toussaint, c'est que..., oui, je crois qu’il y a une prise de conscience de... de cette détresse et... et qu’effectivement, peut-être que pour la première fois, depuis le début de cette crise, grâce à la mobilisation de gens comme... comme Hugo, y'a une mobilisation, une... une prise de conscience au sommet de l’État [sans rire !]. Mais permettez-moi de vous dire, malgré tout, Sarah El Haïry, que ça ne suit pas, et que cette prise de conscience est déjà pas mal ! mais ça ne suit pas derrière, et j’entends votre discours et je suis certain qu’il est très sincère, mais malheureusement, derrière... je crois que ça ne... ça ne suit pas, si vous... v'voyez ce que je veux dire ?

— Mais... est-ce que vous me rejoignez quand je dis... est-ce que vous me rejoignez quand... quand je dis que le moral, ça ne se décrète pas ? Que l’État, la responsabilité, aujourd’hui, effectivement... ma responsabilité, c’est d’être dans l’action... [persiste et signe Sarah El Haïry]

— On parle pas de moral, Sarah El Haïry, excusez-moi,... [tente Toussaint de l'amadouer]

— Non, non... je veux juste, je veux juste... [persiste, juste, Sarah El Haïry]

— ... on parle pas de moral, on parle de gens qui ont envie de se suicider, qui ont envie de se suicider... [nuance Toussaint, au cas où elle voudrait écouter la prière] [Hugo Travers complète sur la même ligne : « ce sont des jeunes qui déclarent avoir déjà eu... pensé à mettre fin à leurs jours... »]

— Oui ! Et on parle, on parle, [Laverdure, Laverdure ! El Haïry] on parle d’urgence psychologique, et typiquement, typiquement, là, y'a deux choses, y'a Hugo qui parle de... de jeunes qui ne mangent pas. À cela, on apporte des réponses... sociales... so-sociales, économiques, pour aller se nourrir, euh, des aides financières, mais ça, c’est un sujet, mais il n'y a pas que ça. Quand vous parlez de jeunes qui sont dans une détresse psychologique, qui sont prêts effectivement à se suicider, tellement c’est lourd, ça fait onze mois qu’on a une situation sanitaire grave dans notre pays et, eux, ils l’ont vécue de plein fouet, ah, ah... vraiment, pour eux, moi, je dis, oui, la réponse, soit on fait le constat et on fait rien, soit on fait le constat et on apporte des réponses, les réponses que l’État peut apporter à l'heure, à l’instant T, oui, c’est un accès aux psys et aux médecins au plus vite et le plus rapidement possible. Mais c’est pas que ça. Je crois que notre mobilisation, elle doit aussi être au niveau des familles, au niveau des assos, au niveau des enseignants, je vais vous dire pourquoi. Parce que le choc de confiance, la nécessité de croire en demain, l’énergie, tu la trouves pas tout seul. Et c’est là où... effectivement, on peut continuer à se dire qu’on partage le constat, mais vous ne faites pas assez. Moi, je vous dis : Chiche ! Allez, challengez-nous ! [toujours les ravages du GOPAC] Allons ensemble, faisons plus encore ! [Déchaînée] C’est la priorité... et c’est là où il y a… où il y a le constat et il y a l’action, et moi je vous propose de passer à l’action [En dépit de l'horripilation de l'animateur, elle est parvenue à le redire].

— Et je vous propose aussi de saisir une chose [passablement agacé, Hugo Travers se fait pédagogue]. Beaucoup de jeunes proposent aussi de passer à l’action, sauf que, encore une fois, j’ai un média... j'ai un média qui est suivi en ligne, j’ai simplement des jeunes qui ont des témoignages, vous remontez ces témoignages parce que ces jeunes demandent au gouvernement d’agir et la question, c’est « est-ce que le gouvernement répond suffisamment à cette détresse (...) des jeunes ? »
[11h33 du 2 février 2021]

Bref, « La Parole s'est faite bruit... et nous matraque », les panoplies veulent manger le peuple. Voilà, les nullités surévaluées qui nous gouvernent tiennent à nous épater, pour mieux nous obnubiler et nous avoir, mais ne sauraient pleinement y réussir : les commentaires du compte Twitter d’Hugo Travers reflètent le déclenchement d'un véritable tollé, sont l'expression d'un sentiment général accablant de sidération face au spectacle servi par Sarah El Haïry en quête d'incantation, et soulignent les mêmes motifs d’exaspération, à savoir, son tutoiement condescendant (« le tutoiement est complètement déplacé, dévalorise presque ton discours et te décrédibilise. », raisonne l’un des commentaires), comme si Hugo Travers était devenu son pote, et son échappée moche du vif du sujet à travers un usage immodéré de la langue de bois, débitée, qui plus est, en boucle itérative : on n’en revient pas devant sa manière de ressasser les mêmes éléments de langage, repris souvent à l'aide d'anaphores, pour brasser du vent et ne pas dire directement que c’est aux jeunes et à la société de se bouger (même sous confinement ou avec des restrictions sévères) et que l’État n’en a rien à faire. Du libéralisme pure verve.
Clément commente là-dessus : « Elle était à deux doigts de dire que c’était la faute des étudiants ».
Suffrence écrit : « J’ai l’impression qu’on s’attaque aux conséquences du problème plutôt qu’aux causes... aucune mesure sur le long terme... dommage. ».
Clt résume : « Tutoiement tout le long de l’intervention, réponses à côté de la plaque, aucune solution proposée... le chèque psy, c’est bien beau, mais on demande une chose, c’est pouvoir retourner en cours [présentiel :] ça fait bientôt 1 an que ce n’est plus le cas. Y’a un moment où c’est plus possible. »
Cette idée de retourner en classe est une revendication étudiante largement répandue en France et prouve les ravages de la télétude, c’est-à-dire, d’un apprentissage basé sur les seules nouvelles technologies, en isolement, une horreur indésirable et un sujet capital dont on parle plutôt peu dans la moderne société libérale.

 

 

vendredi 23 octobre 2020

Coup de gueule du Dr. Jean-Jacques Houben contre une déprédation qui tue

Voici une vidéo mise en ligne le 22 octobre 2020. Un ras-le-bol se lâche. Le chirurgien Jean-Jacques Houben décrit la situation de l'hôpital, accuse et pose des questions en Belgique, mais il aurait pu en faire autant dans n'importe quel pays de la globalisation libérale désastreuse, car la situation dénoncée ne concerne pas que tel ou tel pays, mais tout un système criminel.

 


COUP DE GUEULE du Dr. Jean-Jaques Houben, de l'hôpital Erasme en Belgique

« J’accuse, je persiste et je signe.
En Belgique, en 2 000, il y avait assez d’hôpitaux, assez de lits et assez de personnel soignant. En 20 ans, on a non seulement fermé onze hôpitaux bruxellois, mais dans les 17 restants, on a fermé plus de 3 000 lits. Plus de 50 000 lits fermés en Belgique en 20 ans.
La durée de la vie professionnelle d’une infirmière est de 14 ans ; plus de 60% des infirmières belges ne pratiquent plus de clinique. Cessez de mentir aux gens. Il y a suffisamment de lits hospitaliers, mais ils sont fermés ou convertis en bureaux. Il y a des milliers d’infirmières compétentes disponibles, mais vous les avez perdues, parce que vous les avez méprisées, traitées de bonniches et sous-payées.
Après avoir privé la santé publique de moyens, vous avez détruit des stocks stratégiques, démonté des circuits logistiques, vous avez favorisé des monopoles pharmaceutiques scandaleux par une législation des marchés publics qui a tué nos fabricants locaux et engraissé des holdings internationaux.
La pandémie du COVID a démarré il y a près d’un an. Le commun des mortels connaît le COVID depuis 240 jours et 240 nuits. Interdire de travailler, interdire d’apprendre, de soigner, interdire d’opérer, de sortir, de se cultiver, interdire de fêter, de se marier, même d’aimer, interdire de voyager, même mourir dans la dignité et oxygéné est interdit. Mais qu’avez-vous fait à part passer quelques nuits à vociférer, insulter, négocier des accords dont on ignore tout ? Au lieu d’interdire, avez-vous multiplié les sources de matériel ? Avez-vous rouvert des lits hospitaliers ? Avez-vous préparé les laboratoires de dépistage ? Avez-vous recontacté les milliers d’infirmières compétentes en proposant un statut de crise pour qu’elles dépannent ? Avez-vous sollicité les médecins privés d’activité pour aider les généralistes submergés ? Avez-vous achalandé les pharmacies en masques, en vaccins antigrippaux, par exemple ? Avez-vous anticipé ? Avez-vous financé des centres de dépistage de crise pour la seconde ou la troisième vague ? Avez-vous équipé les O pour soigner dignement nos vieux ? Allez-vous instaurer des procédures de vidéo-teaching pour les écoles, pour les professeurs, réengager des centaines de professeurs compétents en pré-retraite ? Que nenni…
Pour défendre un État, il faut réfléchir, écouter, reconnaître ses erreurs et, surtout, les corriger. Il faut agir et non tergiverser. Vous avez le temps de fermer les restaurants et les blocs opératoires, le temps de fermer le Bois de la Cambre [grand poumon vert bruxellois] et de faire des pistes cyclables, le temps de verbaliser et de juger ; le reste, vous n’avez encore rien à prouver : vous n’êtes ni des hommes ni des femmes d’État. »

 

Non, en effet, ils/elles ne sont ni des hommes ni des femmes d'État, loin de là. Ou si, ça dépend ; cela dépend du concept d'État que l'on ait. En tout cas, ils/elles ne sont pas là pour défendre l'intérêt commun (ça se saurait !), mais pour favoriser coûte que coûte les grandes affaires, le Grand Capital pour lequel ils/elles travaillent avec acharnement, donc, contre tout sens commun, contre tout bien commun.

(...) And so ‘the yearning peoples appear, wearied with struggle and way-worn: “I have no liberty, I have no equality, I have no fraternity.”’ But the bourgeois ‘goes on muttering incoherent phrases about progress and liberty’.
[Et ainsi « apparaissent les peuples bouillants d'impatience, fatigués par la lutte et usés par la route : “Je n'ai pas de liberté, je n'ai pas d'égalité, je n'ai pas de fraternité” ». Mais le bourgeois « continue à marmonner des phrases incohérentes sur le progrès et la liberté »]
Pankaj Mishra, At the Helm of the World, London Review of Books, Vol. 39 No. 11 · 1 June 2017, excellente recension de The Discovery of Chance: The Life and Thought of Alexander Herzen, par Aileen Kelly. Les citations correspondent justement à Alexandre Herzen (1812-70).
Il y en avait qui croyaient que cette pandémie exceptionnellement létale serait une belle occasion pour que la donne changeât, n'est-ce pas ? Il n'en fut rien, loin de là. Eh ben, quand dans ce contexte, la tergiversation, l'absence de mesures dans le sens de l'humanité et la suite dans les idées prédatrices sont les réponses permanentes dans tous nos pays développés à vos questions, M. Houben, il faut commencer à surtout ne pas se leurrer là-dessus. Car il ne faut pas être docteur pour saisir la force d'attraction et de production de sociopathes de ce système sans États d'âme, ou pour observer sa flèche. Tout choc —survenu, produit ou mélange des deux— devient pour eux source d'opportunité, c'est-à-dire, l'occasion de se hâter à progresser à fond dans la feuille de route de leur religion définitive.
Nos dirigeants sont des liquidateurs à gages qui commettent certainement des bavures, car ils sont trop médiocres (cf. ici, ici et ), mais ce ne sont certainement pas les erreurs suggérées par la ferme et digne dénonciation du Dr. Houben, pour laquelle néanmoins, je le remercie très sincèrement.

lundi 8 juin 2020

Y a-t-il des George Floyd en France ?

"Expliquez-moi pourquoi un policier qui fait son
devoir tire toujours sur un arabe, en tombant, derrière
dans le dos ? Expliquez-moi ce que les policiers foutent
dans le dos des Arabes avec un révolver à la main, et à
chaque fois, ils tombent ! Racontez-moi pourquoi !"
Coluche, le 10 mars 1980, 
Antenne 2 Midi (France 2 aujourd'hui).

Il y aurait (...) une sorte de satisfaction politique
à ce que, comme aux États-Unis, ce soit dans la 
brèche ouverte par la révolte contre l’injustice raciste
que s’engouffrent, à sa suite, toutes les autres révoltes. 


 
 
Bob Dylan chante "Only A Pawn In Their Game" à Washington, le 28 août 1963,
en hommage à Medgar Evers, activiste noir étasunien assassiné le 12 juin 1963.

 
Y a-t-il des George Floyd en France ? Malheureusement, on dirait que oui.
Si l'on réfléchit à la manière, à l'aspect purement technique (le plaquage ventral et le manque d'air qui tuent), deux cas me sont venus rapidement à l'esprit : celui de Lamine Dieng (en 2007) et celui, plus récent, de Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans qui a été étranglé en janvier 2020 sur le quai Branly, dans le 7e arrondissement de Paris (1).
Pas de mystère, oui, il y a des George Floyd en France, même si le ministère français de l’Intérieur refuse de fournir des chiffres officiels. On le sait depuis longtemps, depuis toujours (2), malgré certains négationnistes, y compris des récidivistes dans le déni célèbres pour leur amour de la castagne, nomen omen, et du LBD.
Autrement dit, tout le monde le sait, sauf les déclarations de politiciens, keufs au pouvoir et chiens de garde, qui ont néanmoins cette vérité très présente à l'esprit : ce n'est pas par des lois et des professions scélérates qu'on vient à bout d'extirper l'évidence.

Il arrive de surcroît que la liste des Floyd français est trop longue, malgré le silence avenant des grands moyens de la communication de référence et sérieuse (les moyens de fabrication du consentement).
Voilà pourquoi un (vrai) journaliste (David Dufresne) s'est proposé de lancer des signalements à l'adresse de la place Beauvau —pour pas que leur cynisme ne dise au moins qu'ils n'en savent que dalle. 
Voilà pourquoi on déniche tellement de citoyen.ne.s dénonçant ici (3), ici (4) ou (ouuuh là là), par exemple, ces dites bavures —imaginez à quel point les dicos se leurrent quand ils définissent le mot bavure par « erreur grave, voire tragique ». Erreur ? Sauf qu'on admette directement que l'erreur, acte de l'esprit qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement, est la substance intellectuelle même de la Maison Poulaga.
Il arrive d'ailleurs qu'à une brutalité disons générale, s'ajoutent trop souvent des positions nettement racistes, connues et sans conséquences. Oui, connues et sans conséquences (5). "Bougnoule, bicot, youpin, négro, c'est rigolo pour eux" (BFMTV). Sans oublier bamboula ; je me rappelle un syndicaliste policier de l’Unité SGP-FO, Luc Poignant, qui avait jugé l’insulte « bamboula » comme « à peu près convenable ». Un suprémaciste comme il faut ne saurait jamais se priver de condescendance.
Pourtant, apparence oblige, il ne faut surtout pas que ça se sache trop ouvertement et, donc, mieux vaut ajouter l'interdiction à la répression. (6)

À cet égard, je vous suggère la lecture complète de l'avant dernier article de Frédéric Lordon (7). Il porte sur les violences policières comparées en France et dans la nation de George Floyd. En voici deux extraits :

Comme toujours, la levée des censures révèle les vraies natures. Même si nous étions déjà très au courant, la police [française] a parfait son autoportrait en deux mois de confinement. Le site Rebellyon tient les comptes que le reste de la presse ne veut pas tenir : 12 morts pendant le confinement, dans des conditions qui sont claires comme du jus de chique, ou plutôt qui ont la seule clarté des rapports de police. Mais il y a aussi toutes les interpellations qui ont montré le vrai visage de la police : celui qu’elle se donne quand elle est laissée à elle-même. Le journal Regards en a fait une compilation et c’est un enchantement républicain.
Comme la police se surpasse elle-même chaque jour, les compilations sont obsolètes au moment même où elles sont publiées. Entre-temps, la police française, qui n’est pas économe de son courage, a décidé de s’en prendre à un môme de 14 ans. En général, les policiers s’y mettent à quatre ou cinq sur un seul homme, ou s’arment jusqu’aux dents pour envoyer à l’hôpital une femme de 70 ans (comme Geneviève Legay).
(...)
Là où la comparaison devient spectaculairement accablante — pour la France — c’est que, si la police américaine est structurellement comme on la voit — casquée, armée, violente, raciste —, des shérifs, des chefs de police, de simples flics, sans doute très minoritaires, peut-être diversement sincères, mais tout de même, sont au moins capables d’oblats symboliques, font connaître publiquement leur sentiment de scandale au meurtre de George Floyd, mettent le genou à terre. Ça ne modifie aucune interprétation, mais ça donne des éléments de comparaison péjorative. Car ça n’est pas en France qu’on verrait des errements pareils. Chez nous la maison est bien tenue, et le front syndical bétonné. Quand un manifestant se fait arracher une main devant l’Assemblée nationale, le secrétaire général de Unité SGP Police commente sobrement que « c’est bien fait pour sa gueule ». On comprend dans ces conditions que poursuivre Camélia Jordana lui soit la moindre des choses.

Pour aller plus loin, en ciné, je vous conseille le visionnement de À nos corps défendants, un film documentaire sorti le 4 avril 2020, réalisé et monté en 2019 par IanB, avec l’aide précieuse de DoraBenderra (montage son).
IanB est membre fondateur d’un collectif qui existe et se bat depuis 2012 contre les violences d’Etat, Désarmons-les ! 
Ce film, il l’a pensé à la fois comme une manière de clore un chapitre dans son combat personnel, une déclaration de guerre et un message sans concession à l’attention de celles et ceux qui oseraient encore nier le caractère systémique des violences policières.

Intervenant.es, par ordre d’apparition :
Zohra, Aziz, Wassil KRAIKER ; des habitants d’Argenteuil ; Amine et Mustapha MANSOURI ; Ali ALEXIS ; Ramata DIENG ; Farid EL YAMNI ; ainsi que Amal BENTOUNSI ; Assa TRAORÉ.
Musique : « Breil », NOOJ.
En hommage à toutes celles et ceux, rencontrés depuis 2012, qui luttent pou leur dignité face aux violences d’État :
Amal Bentounsi, pour Amine (Noisy le Sec),
Farid El Yamni, pour Wissam (Clermont-Ferrand),
Hamid Aït Omghar, pour Lahoucine (Montigny een Gohelle),
Jessica Koumé, pour Amadou (Paris/Saint Quentin),
Abourahmane Camara, pour Abdoulaye (Le Havre),
Awa Gueye, pour Babacar (Rennes),
Le Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri (Argenteuil),
Sylvie, pour Abou (Nantes),
Milfet Redouane, pour Zineb (Marseille),
Aurélie Garand, pour Angélo (Seur),
Isabelle Shaoyao, pour Liu (Paris),
Geoffrey, son père Christian (IDF),
Pierre Douillard, sa mère Emmanuelle (Nantes),
Aymen, son père Lies (Villiers sur Marne),
Bediss, sa mère Wedad (Sartrouville),
Hadi (Saint-Étienne),
Laurent Théron, Florent Castineira, Joachim Gatti, Yann Zoldan, Davy Graziotin, Quentin Torselli, Damien Tessier, Jean-François Martin, Robin Pagès, ainsi que tou.tes les Gilets Jaunes mutilé.es par les armes des forces de l’ordre...
Avec le soutien du « Collectif DÉSARMONS-LES ! » et de l'« Assemblée des blessés ».

Hommage particulier à...
Ali ZIRI, 69 ans. Interpellé et violenté par la police d’Argenteuil le 9 juin 2009. Meurt deux jours plus tard des suites de ces violences.
Zineb Redouane, 80 ans. Blessée au visage par une grenade à Marseille le 1er décembre 2018. Meurt le lendemain des suites des blessures.
Synopsis :
Ce film ne raconte pas une histoire. Il se veut une approche sensible et radicale des violences psychologiques et physiques infligées aux habitant·es des quartiers populaires par la police. Les récits prennent place dans la France des vingt dernières années, celle de l’après Sarkozy, et sont rapportés par les premier·e·s concerné·e·s : pas de sociologue, pas d’historien, pas de journalistes ni de storytelling. Juste la parole de celles et ceux qu’on voudrait voir silencieux·ses : Wassil Kraiker et ses parents Zohra et Abdelaziz, des jeunes d’Argenteuil, Amine Mansouri et son père Moustapha, Ali Alexis et son épouse, Ramata Dieng et Farid El Yamni…
On y aborde la question de la domination, ou comment l’Etat traite les corps étrangers pour mieux les contrôler. Il est question de racisme, de torture et d’un combat vital pour la vérité. Les protagonistes de ce film n’avaient pas choisi de devenir un jour visibles, mais les violences systémiques en ont fait des combattant·e·s, à leurs corps défendants.
Disons que IanB s'est fait interpeller le 25 mars 2019 à la gare Montparnasse pour "port d'arme prohibée de catégorie A". Je vous propose de ne pas louper l'explication de IanB à la suite de cette garde-à-vue (en cliquant ci-contre) pour port d'armes.
Selon le site Désarmons-le !...
Le journaflic du Point Aziz Zemouri, habitué de ce type de papiers puants, s'est empressé de pondre un article diffamatoire à partir d'informations confidentielles fournies par une taupe de la police, se rendant coupable de recel d'informations couvertes par le secret de l'enquête.
Cette vidéo est une réponse à cet article et une clarification concernant le matériel transporté, qui a d'ailleurs été restitué à la fin de la garde-à-vue et l'affaire classée sans suites...
La police, force de frappe du système, a toujours été au service du racisme. Réjouissons-nous donc (même combat) du déboulonnage et du renversement des statues des idoles négrières du libéralisme —sœurs dans la cupidité et la cruauté d'un Saddam Hussein—, dont celle de l'ancien marchand d'esclaves Edward Colston, par exemple, à Bristol, qui vient d'être jetée dans l'eau. Justice fut faite. Jubilons de ce mouvement mondial de dignité, à Madrid aussi.


_________________________
(1) Bastamag, le 22 janvier 2020 :
Le 3 janvier, Cédric Chouviat, livreur de 42 ans, fait l’objet d’un contrôle par des agents de la police nationale, tandis qu’il circule à scooter dans le 7ème arrondissement de Paris. Alors qu’il filme le contrôle avec son téléphone, le livreur est plaqué au sol par plusieurs fonctionnaires puis fait un arrêt cardiaque causé, selon l’autopsie, par une asphyxie avec « fracture du larynx ».
Une base de données de Bastamag, compilé et analysée par Ivan du Roy et Ludo Simbille, recense 676 morts, en 43 ans (de janvier 1977 à décembre 2019), à la suite d'interventions policières ou du fait d'un agent des forces de l'ordre établi en dehors de son service (77 cas ; ces drames surviennent souvent lors de violences familiales).
Parmi ces 676 personnes, 412 ont été tuées par arme à feu (61%). Précisons que parmi ces 412 personnes, 235 n’étaient pas armées, soit 57%. 68 des suspects abattus avaient préalablement attaqué les policiers. Les parties du corps les plus fréquemment touchées par les balles mortelles sont la tête, le cœur et la nuque.
Parmi ces 676 personnes, 77 étaient des enfants ou des adolescents de moins de 18 ans. La moitié des morts recensés avaient moins de 26 ans. 82 personnes sont mortes alors qu’elles étaient en état d’arrestation dans un commissariat ou une gendarmerie, ou lors de leur transfèrement alors qu’elles venaient d’être interpellées. 149 personnes sont mortes dans le cadre d’un contrôle d’identité ou de ses suites.
Près de la moitié de ces affaires se concentrent en région parisienne et au sein des agglomérations lyonnaises et marseillaises. Pourtant, ces territoires n’abritent qu’un quart de la population française.
Concernant la scène de l'asphyxie de Cédric Chouviat, on peut voir aussi le site de l'Obs, par exemple, qui propose une chronique de Lucas Burel du 7 janvier 2020 contenant une vidéo très dure après contextualisation :
L’avis médical de cet homme de 42 ans, donné à la famille, a fait état d’un décès par « hypoxie », causé par « un arrêt cardiaque consécutif à une privation d’oxygène ». Et selon de nouvelles images, obtenues dans le cadre d’un appel à témoins lancé par les avocats de la famille, le décès du livreur pourrait être lié aux conditions violentes dans lesquelles il a été interpellé.
VIDÉO
(...)
Les images diffusées par la défense de la famille, réalisée par des témoins présents quai Branly, le montrent dans un premier temps en train d’essayer de filmer les forces de l’ordre qui procèdent à son contrôle. Puis, sur deux vidéos, on voit Cédric Chouviat au sol, allongé sur le ventre, plusieurs policiers sur lui. Les images permettent de distinguer les jambes du chauffeur, toujours casqué, en train de se débattre quelques secondes.
« La Préfecture de Police n’a jamais évoqué ce plaquage ventral », ont rappelé les avocats de la famille, qui ont dénoncé les nombreuses « incohérences » de « la communication vaseuse de la Préfecture de Police » et « le risque létal de ce type de plaquage ventral » – une technique d’immobilisation dénoncée par Amnesty international.
(2) Site Urgence-notre-police-assassine [NOTE POSTÉRIEURE : créé par Amal Bentounsi, il a été détourné ; il répertoriait des bavures et s’insurgeait contre l’impunité dont bénéficient les policiers assermentés par rapport à un citoyen lambda]. Puis Coluche, en 1980, à propos des violences policières.
(3) Compte Twitter de Sihame Assbague.
(4) Compte Twitter de Taha Bouhafs.
(5) Ronan Maël, sur StreetPress : Des milliers de policiers s'échangent des messages racistes sur un groupe Facebook.
Dans un groupe Facebook privé, réservé aux forces de l’ordre et qui compte plus de 8.000 membres, des policiers surtout et quelques gendarmes postent de nombreux montages, messages et commentaires racistes et sexistes.
(6Didier Lallement interdit deux rassemblements prévus samedi à Paris contre les violences policières.
La Préfecture de police de Paris a mis en avant les risques de troubles à l’ordre public et rappelé les interdictions de rassemblements de plus de 10 personnes dans la ville en raison de la situation sanitaire.
Le Monde avec AFP. Publié le 05 juin 2020 à 12h15 - Mis à jour le 05 juin 2020 à 21h01.
(7) Frédéric Lordon, La pompe à phynance, blog hébergé par Le Monde diplomatique, le 2 juin 2020.
[NOTE POSTÉRIEURE : le dernier est bon aussi, il s'intitule Clusters  et il date du 5 juin 2020 ; il arrive que je n'avais pas eu le temps de le lire au moment de la rédaction de ce billet]

Quant au...
Site de Rebellyon : 
(Je me permets de reproduire ci-dessous cette information dans toute son intégralité à cause de son importance. Cliquez ci-après pour accéder à sa SOURCE)

Meurtres et mensonges d’État : la police française a tué au moins 12 personnes durant le confinement

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Durant ces 2 mois de confinement, si un certain nombre de violences policières ont pu être dénoncées grâce aux images et aux révoltes dans les quartiers populaires et mises en lumière dans les médias, les morts liées aux interventions de la police sont restées dans l’angle mort. Malgré un article publié le 20 avril sur cette situation, largement relayé et suivi de tribune, aucun média national n’a titré sur ces morts. À la fin de ce confinement, ce sont 12 personnes qui sont mortes à cause de la police. À ce rythme, personne ne peut continuer à parler de bavures isolées. Ils s’agit de meurtres systémiques validés par l’État français.

Le macabre bilan

  • 5 personnes mortes dans un commissariat
  • 3 personnes mortes suite à des tirs à balles réelles
  • 2 personnes mortes suite à une poursuite routière
  • 2 personnes mortes en sautant dans le vide

Liste des morts et contre-analyse de leurs traitements par la presse

  • Le 4 avril à Toulouse :
    Jimmy Boyer, 47 ans, est tué par balle dans le quartier Soupetard de Toulouse. La police aurait été appelée pour un différent conjugal. Un premier équipage est arrivé sur place suite à l’appel et aurait enjoint l’homme à quitter le lieu. L’homme, apparemment alcoolisé, aurait fait durer en rassemblant ses affaires. Un deuxième équipage a ensuite été appelé. Les policiers affirment que l’homme se serait précipité sur l’un d’eux avec un couteau, et que ce dernier aurait riposté en lui tirant dessus, le blessant mortellement à l’abdomen. La police parle de légitime défense. Sa femme, elle, affirme que ce n’est pas le policier incriminé qui a tiré mais un autre, et que le couteau ne se trouvait pas dans les mains de son mari mais sur la table. Le Procureur de la république a répondu que les flics étaient formels et que la femme se trompait et vu l’angle n’avait pas pu voir directement la scène, l’enquête est close pour lui. Pour la femme de Jimmy, ce meurtre ne sera jamais clos [1].
  • Le 8 avril à Béziers :
    Mohammed Gabsi, 33 ans, est mort au commissariat de Béziers vers 23h30 le mercredi 8 avril, après son interpellation par la police municipale pour “non respect du couvre-feu”. Ce n’est pas une des armes à feu dont est équipée la police municipale de Béziers qui l’a tué, mais sans doute une “technique d’immobilisation”. Au moins l’un des agents s’est assis sur l’homme allongé à plat ventre et menotté dans la voiture. La presse insiste dès le lendemain sur le caractère instable de l’homme, qui serait un SDF... Bien qu’elle semble difficilement prouvable faute de témoin, la vérité semble simple : les flics l’ont tué par étouffement en s’asseyant sur lui. [2]
  • Le 10 avril à Cambrai :
    Les flics veulent arrêter deux hommes qui, pris de panique - car dehors sans autorisation de sortie - prennent la fuite. Les flics les prennent en chasse, puis en pleine ligne droite la voiture part en tonneau au milieu de la route... pas de caméra, pas de témoin, on ne saura sans doute jamais ce qu’il s’est passé. Pourtant faire un tonneau au milieu d’une ligne droite sans aucun obstacle ne semble que peut probable. [3]
  • Le 10 avril à Angoulême :
    Même scénario : Boris, 28 ans, est intercepté par les flics, sûrement lui aussi sans autorisation de sortie. Il prend la fuite et, pris de panique, stoppe sa voiture au milieu d’un pont et saute dans l’eau. Il n’en ressortira pas vivant. On ne saura là encore sûrement jamais ce qu’il s’est passé, faute de témoin. Entre se soumettre à un contrôle censé être "routinier" et sauter d’un pont, certains font donc le choix de sauter... Ce constat en dit long sur l’état de confiance de la population envers la police [4].
  • Le 10 avril à Sorgues :
    Un homme de 49 ans est arrêté pour une rixe avec son colocataire au cours d’une soirée alcoolisée. Légèrement blessés, les deux hommes sont d’abord transportés à l’hôpital puis emmenés à la brigade de gendarmerie de Sorgues pour y être entendus. Ils auraient ensuite été placés en cellule de dégrisement avec une audition prévue le lendemain. Pendant la nuit, à deux et cinq heures du matin, les deux hommes auraient réagi au passage des gendarmes lorsque ceux-ci ont effectué leur ronde. Les gendarmes affirment qu’ils auraient trouvé l’homme décédé dans sa cellule vers 9 heures, au moment de venir le chercher pour procéder à son audition. La police affirme aussi qu’il serait mort de cause “naturelle”, sans aucun témoin pour confirmer ou infirmer cette version [5].
  • Le 15 avril à Rouen :
    Un homme, âgé de 60 ans, est décédé en garde à vue dans la nuit du mardi au mercredi 15 avril, au commissariat de police de Rouen. Le sexagénaire avait été placé en garde à vue la veille en fin de journée, pour une conduite sous l’emprise de l’alcool. Vers 5h, alors qu’il était extrait de sa cellule pour être entendu, il fait un "malaise". Malgré les tentatives de réanimation, il décède. Selon la police, les causes de sa mort ne sont pas encore connues. Comme bien souvent, avec des policiers comme seuls témoins, il sera bien difficile d’imputer une quelconque responsabilité à ses geôliers ou aux conditions de détention. [6]
  • Le 15 avril à la Courneuve (93) :
    Un jeune de 25 ans est aperçu par des flics à cheval dans le parc de La Courneuve (qui est fermé pour cause de confinement). Ils s’approchent de lui et, selon eux, le voient tenir un couteau. Le jeune aurait alors attaqué un des chevaux, suite à quoi les flics auraient pris la fuite avant de prévenir leurs potes à vélo, qui l’encerclent un peu plus loin. Selon eux, l’individu se serait jeté sur eux et les flics n’auraient eu d’autres choix que de lui tirer 5 balles dont 3 en pleine tête... Comme d’habitude avec les flics, on ne comprend pas comment 3 personnes entraînées et armées avec des lacrymos et taser en viennent à tuer quelqu’un de plusieurs balles... Bien sûr les journaux ont titré sur le fait que le jeune était afghan, tout en précisant à la marge que sa situation était parfaitement en règle. Certains retiendront que les flics ont fait leur boulot... Nous retiendrons que les flics ont encore tué quelqu’un de 5 balles parfaitement ajustées, non pour désarmer mais pour tuer. [7]
  • Le 28 avril à Clermont-Ferrand :
    Après avoir tenté d’esquiver un contrôle de police, un adolescent de 14 ans au volant de la voiture d’une amie aurait perdu le contrôle du véhicule en raison d’un dos-d’âne et se serait encastré dans une devanture de magasin et serait mort sur le coup. Le passager, âgé de 17 ans, a été légèrement blessé. Mais la police est-elle entrée sur le parking ? Surveillait-elle les jeunes depuis longtemps ? A-t-elle mit son gyrophare ? Selon le Proc’ les flics se sont rendu compte dès le départ qu’il s’agissait d’ados au volant. Dans ce cas, le fait d’engager une poursuite était-il vraiment approprié ? Les conducteurs de la voiture étaient-ils en état d’ébriété ? Pourquoi ont-ils tourné en pleine ligne droite ? Le Proc dit que le conducteur aurait paniqué. Mais qu’est-ce qui l’a fait paniquer à cet endroit précis plutôt que 100m avant ? Des questions, il y en a en réalité beaucoup, et il ne fait nul doute que, comme d’habitude, la famille n’aura jamais toutes les réponses. [8]
  • Le 29 avril à Albi :
    Le 28 avril, vers 18h30, un quadragénaire est arrêté par les flics alors qu’il serait complètement ivre. Les flics le conduisent aux urgences où un certificat de non-admission est délivré. Au lieu de le ramener chez lui ou dans un foyer hébergement, les agents le balancent alors en cellule de dégrisement. Dans la nuit, il aurait été découvert « inconscient » dans sa cellule de dégrisement à l’occasion d’une ronde et n’a pas pu être réanimé par les secours. Le Proc du Tarn a indiqué quelques heures plus tard dans un communiqué qu’une enquête a été ouverte visant à la « recherche des causes de la mort », et que les images de vidéosurveillance de la cellule ont été placées sous scellés et qu’une autopsie a été diligentée. Nulle mention par contre de potentielles caméras dans le bureau des policiers pour vérifier s’ils regardaient les caméras ou s’ils étaient en train de regarder une vidéo de chat sur Instagram pendant ce temps-là. Et si les caméras montrent quelque chose, nul doute que comme d’habitude, elles seront en panne... [9]
  • Le 1er mai à Saint-Denis :
    Romain B., 30 ans, a été interpellé en état d’ivresse dans la rue. Il a été conduit dans la foulée au commissariat et admis en cellule de dégrisement, son état ne permettant pas un placement en garde à vue. Ne se sentant pas bien, il aurait été consulté par un médecin, qui aurait délivré à 18h55 un certificat de non-admission. Il serait finalement mort dans la nuit vers 1h30. Les premiers actes de l’enquête sont confiés aux mêmes policiers du commissariat de Saint Denis où la victime est morte. La famille n’a été informée que 48h après sa mort. Les informations transmises ont déjà changé 2 fois depuis le début. Dans quelles circonstances s’est passée l’interpellation de Romain ? Peut-on attester qu’elle s’est déroulée sans altercation ou sans violences de la part des policiers ? Y a-t-il des témoins ? Romain a-t-il été réellement transporté à l’hôpital dans un premier temps ? Le cas échéant, pour quelle raison ? Romain a-t-il été réellement placé en garde-à-vue (ou en dégrisement) ? Le cas échéant, pour quel motif, le “tapage” étant un délit contraventionnel ne justifiant pas un placement en GAV ? Romain est-il mort en cellule sans que personne ne s’en aperçoive ? Le cas échéant, peut-on établir s’il a tenté d’appeler à l’aide alors qu’il se sentait mal en cellule ? Ou était la police à 1h30 ? Toutes ces questions restent pour l’instant sans réponse. [10]
  • Le 7 mai à Grenoble :
    Les policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST) interviennent en tout début d’après-midi, au 54 avenue de Constantine à Grenoble à la demande du bailleur social qui gère cet immeuble, pour vérifier qu’un des logements était illégalement occupé. Les deux occupants flippent et tentent de s’échapper en descendant sur le balcon d’en dessous. L’un d’eux chute du treizième étage et meurt sur le coup. Pour rappel, la trêve hivernale qui interdit toutes les expulsions locatives a été prolongée deux fois depuis le début du confinement et court désormais jusqu’au mois de juillet. Le bailleur aurait dû simplement envoyer un huissier de justice pour constater l’occupation puis demander par voie de justice une expulsion locative à la fin de la trêve hivernale. Oui mais voilà : pourquoi payer un huissier de justice quand on peut envoyer des cow-boys gratuitement. Comment s’est déroulée exactement cette intervention ? Nous ne le saurons jamais, par contre le casier judiciaire de la victime fuitait dans la presse avant même toute autopsie. Une seule chose est sûre, sans intervention des flics, personne n’aurait sauté par la fenêtre. [11]
  • Le 10 mai vers Bordeaux :
    Au nord de Bordeaux, dans le petit village de Saint-Christoly-Médoc vers 6h30 un homme de 53 ans, alcoolisé, serait allé sans motif apparent agresser et blesser avec un couteau un voisin. À l’arrivée des gendarmes, l’homme armé d’un fusil a tiré à plusieurs reprises en direction des militaires, blessant « très légèrement » l’un d’entre eux, a-t-on précisé de source proche de l’enquête. Les flics ont riposté et se sont mis à l’abri, avant que le forcené ne se retranche dans sa maison. Le GIGN est appelé. Vers 14 h 15, alors que l’homme apparaissait à sa fenêtre et s’apprêtait à tirer une nouvelle fois, avec un fusil à lunette, un gendarme du GIGN a procédé à un « tir de neutralisation ». L’homme n’a pas pu être ranimé malgré les efforts des secours, et est décédé sur place. Deux enquêtes ont été ouvertes, a indiqué le parquet : l’une pour violence avec arme [sur le voisin] et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique, et l’autre sur l’intervention du GIGN, confiée au Bureau des enquêtes judiciaires de la gendarmerie. Oui mais voila, les journaux parlent de "sources concordantes" sauf que les seuls présent était bien les gendarmes et le GIGN. Sachant que ce sont les gendarmes qui vont enquêter sur le GIGN on se demande bien où est la neutralité dans l’enquête. Surtout, se pose cette éternelle question avec concernat la Police Française : comment l’une des polices les mieux formées du monde, avec des tireurs d’élites appuyés par des forces de gendarmerie ayant bouclé tout un village pendant 6h, n’arrive pas à arrêter sans tuer un quinquagénaire alcoolique retranché avec un fusil de chasse ? Pourquoi ne pas attendre qu’il n’ait plus de munitions ? Pourquoi ne pas balancer de tas de lacrymo dans la maison ? Pourquoi faut il toujours que la police tue ? [12]

La question de la preuve

Les 12 affaires évoquées ci-dessus ont un plusieurs points communs : pas de preuve, pas de témoins, pas d’enquête journalistique.
Globalement c’est le cas dans la majorité des affaires de morts liées à la police. Les flics enquêtent sur eux-mêmes avec des preuves qu’ils apportent eux-mêmes et la presse recrache les communiqués de la préfecture ou du procureur comme s’ils étaient irréfutables. Pas même d’enquête de voisinage bidon dans la presse locale en mode "oui c’était un voisin sympathique on ne pensait pas que ça arriverait". Non juste du copier/coller indécent.
Si les familles de victimes ne se mobilisent pas, l’affaire s’arrête là. Si elles se mobilisent, on cherche par tous les moyens à ressortir en toute illégalité des affaires sur la victime qui devient forcément "délinquant·e", donc coupable.
Et même quand, dans de rares cas, des témoins sont présent·es, iels ne sont pas écouté·es. Quand des experts internationaux sont diligentés par les familles [13]et publient des rapports incontestables montrant que les experts de la police se sont trompés, les juges refusent de lire les dossiers.
La preuve quand elle n’est pas apportée par la police elle-même n’a aucune valeur. Dans ce cas comment prouver que la police cache ses meurtres ? Pourquoi les enquêtes et les procès durent-ils toujours 10 ans si les flics sont si innocents ?
Des exaction en Algérie Française à aujourd’hui en passant par le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, les violences et meurtres policiers n’ont pas changé. Les violences et meurtres policiers n’ont rien d’accidentel, il n’existe pas de bavure. Il s’agit d’un fonctionnement normal et rationnel produit et régulé par l’État.


Au nom de la lutte contre le covid-19, la police française a déjà tué 5 personnes et fait plus de 10 blessés graves  | 11 mai Dès les premiers jours du confinement d’une grande partie de la population, de nombreuses vidéos montrant des violences policières ont été relayées. Les militant·es des quartiers populaires avaient alors averti du danger (...)

Notes

[1Source : LaDepeche
[2Source : Desarmons les et France bleue
[3Source : LaVoixDuNord
[4Source : Charente Libre
[5Source : FranceBleue
[7Source Le Parisien
[8Source LaMontage et Rebellyon
[9Source FranceBleue et 20minutes
[10Source LeParisien et DesarmonsLes
[11Source LeDauphiné et Cric.info
[13comme dans l’affaire Wissam El Yamni par exemple, lire ici