lundi 27 février 2012

Vers où Israël, webdoc de Camille Clavel

À partir du 24 février et jusqu'au 6 avril, le site de Courrier international diffuse un dossier spécial sur le webdoc écrit et réalisé par Camille Clavel, Vers où Israël, une production de Mélisande Films. Quant à Camille Clavel, il est pertinent de rappeler que son arrière-grand-mère est morte dans un camp de concentration nazi.
Le film a été tourné en Israël et en Cisjordanie en mai 2011, cinq mois avant la demande du Président de l'Autorité palestinienne de reconnaître la Palestine comme État membre de l'ONU. Suite à cette demande, la Palestine est devenue le 195e membre de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). L'annonce a été officialisée lundi 31 octobre.
Le premier épisode des sept qui composent le film a donc été mis en ligne vendredi. On compte en diffuser un chaque semaine. Dans ce premier volet, on voit bien que le documentaire s'appuie sur les interventions de nombreux Israéliens, juifs ou arabes, anonymes ou bien connus, dont le romancier et poète Aharon Appelfeld, l'historien médiéviste Gadi Algazi et l'historien Shlomo Sand, professeur à l'université de Tel Aviv et auteur de Comment le peuple juif fut inventé.
Ce documentaire a été sélectionné par le festival Visions du réel 2012 (section Media Library), qui se déroulera à Nyon du 20 au 27 avril.

dimanche 26 février 2012

¿Hablando se entiende la gente? Lenguaje: ¿Limitación o posibilidad?

Le 26 février 2012, au Café El Fin del Mundo, calle Dr. Fourquet 28, Madrid, Café Philo nº 26 autour du langage :

¿Hablando se entiende la gente? Lenguaje: ¿Limitación o posibilidad?


Moderadora: Zara Fernández de Moya

Ponentes:

Rosana Acquaroni: Es poeta y doctora en Filología Hispánica (Universidad Complutense de Madrid).  Ha publicado varios libros de poesía: entre ellos, Del Mar bajo los puentes, (1988) o Discordia de los dóciles (2011). Ha sido incluida en diversas antologías: Ellas tienen la palabra (1997) o Poetas en blanco y negro (2006). En este enlace está su intervención en la sesión: Rosana Acquaroni.

Juan Luis Conde: Escritor de novela y ensayo, es profesor en Filología Clásica (Universidad Complutense de Madrid) y ha colaborado varios años en la Escuela de Letras de Madrid.  De sus cursos sobre creación literaria, nació El segundo amo del lenguaje (Debate, 2001). En 2008 publica La lengua del Imperio.

Antonio Carlos Martín: Doctor en Psicología de la salud y psicólogo clínico. Ha publicado su investigación Infertilidad femenina y psicosomática (2007). Ha publicado varios artículos en revistas especializadas y en prensa.

Ángela Tejero: Formadora de Programación Neuro-Lingüística (PNL) y Directora de Formación en PNL Madrid donde desarrolla diferentes programas enfocados al Liderazgo tanto Personal como Profesional. Está especializada en Comunicación, Lenguaje Persuasivo y Creatividad.

Alberto Conde Calvo: Filólogo, traductor entre otros de Le Clézio y profesor de francés en la Escuela Oficial de Idiomas. Actualmente, ha desarrollado también su investigación en nuevas tecnologías y aprendizaje.
___________________________________
Voici le lien du nouveau blog, "Filosofar en Libertad" .

samedi 25 février 2012

À Dakar comme à Valencia, dommage - Hommage au Sénégal

À Dakar (voir plus bas), à Valence (Valencia, Espagne), à Saint-Denis de la Réunion... Nous voilà beaux.

Sénégal Sénégal, par Ismaël Lô.


Le 1er février 2012

Sénégal: affrontements entre étudiants et forces de l'ordre à Dakar

Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP. ( © AFP Seyllou Diallo)

DAKAR (AFP) - Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les incidents ont éclaté lorsqu'un groupe d'étudiants de l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) a voulu sortir du campus pour aller assister dans un hôpital voisin à la levée du corps du manifestant tué, étudiant en Lettres modernes.
Il est décédé des suites de ses blessures après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion du rassemblement des opposants à la candidature du chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade à la présidentielle de février.
Les affrontements, jets de pierres contre gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, se poursuivaient dans l'après-midi.
Quelques dizaines de policiers déployés à deux sorties du campus de l'université tentaient de disperser de petits groupes d'étudiants qui les harcelaient de pierres à partir de bâtiments du campus.
© 2012 AFP
_____________________
Sanou Mbaye, économiste et écrivain sénégalais, auteur de L'Afrique au secours de l'Afrique (L'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2009), a publié un article à propos du « marasme sénégalais » dans Le Monde diplomatique de février 2012, page 17. En voilà un extrait —qui prouve la pertinence absolue de l'avant dernier roman de Michel Rio, Coupe réglée, Fayard 2009, une « non-enquête » de son héros de B. D. le commissaire divisionnaire Francis Malone— :
« (…) De tels phénomènes s’inscrivent dans un rapport de soumission à la France et à ses intérêts, qui durent depuis cinquante ans. Le secteur privé est entièrement aux mains de groupes hexagonaux : Bolloré, Bouygues, Total, France Télécom, Société Générale, BNP Paribas, Air France… En outre, les politiques de change et de crédit, si cruciales pour le développement, sont liées à l’Hexagone à travers les mécanismes de la zone franc [1]. Contre le dépôt de 50% des réserves de devises des pays membres sur un compte du Trésor français, le franc CFA est convertible et arrimé à l’euro à un taux de change fixe surévalué, alors que toutes les autres monnaies du continent ont, elles, des cours flottants. La convertibilité permet aux entreprises françaises et aux classes dominantes de transférer librement les fortunes qu’elles engrangent en étant prémunies contre toute dépréciation monétaire. (…) »

[1] Franc CFA : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mali, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad et Togo). Le franc comorien a été rattaché à l’euro comme le franc CFA.

jeudi 16 février 2012

100jours : courts métrages sur plusieurs thèmes

Je vous relaie telle quelle une dépêche du Monde sur le projet "100 jours" -un film documentaire par jour du 27 janvier au 6 mai- qui pourrait vous intéresser :

Un documentaire par jour jusqu'à la présidentielle
Le projet "100 Jours" a été lancé en 2007, à l'approche de l'élection présidentielle, par les documentaristes Odile Magniez, Zoé Liénard et Isabelle Taveneau. Leur collectif mettait en ligne un court documentaire quotidiennement et ce pendant les 100 jours précédant l'élection. Le projet renaît cette année (Rue89 y consacre d'ailleurs un article). Depuis le 27 janvier et jusqu'au second tour de la présidentielle, le 6 mai, un court-métrage est diffusé chaque jour sur 100jours.org. Cent réalisateurs français et étrangers ont été sollicités pour réaliser, bénévolement, un film de cinq minutes sur un thème "politique au sens large". Ces films sont également diffusés dans des cinémas, des établissements scolaires ou encore dans le cadre de festivals. Le site du collectif comporte par ailleurs une rubrique intitulée "100 Nuits", ouverte à d'autres formes de création (photo, dessin, bande dessinée, son, texte). Afin de stimuler le débat et de rendre accessibles les travaux au plus grand nombre, toutes les créations sont sous licence Creative Commons, donc librement téléchargeables et diffusables.
Voici le MANIFESTE qui est à la base de cette initiative :
Cinq ans plus tard, le rituel des élections reprend son cours, les protagonistes sont identiques, la représentation spectaculaire et les enjeux confisqués.En 2007, nous avions réuni soixante réalisateurs et réalisatrices pour créer et diffuser 100 films les 100 jours précédant le deuxième tour des élections présidentielles. Cinq ans plus tard, nous décidons de renouveler l’expérience avec 100jours en 2012.
Nous voulons réinventer ce projet politique, cinématographique et artistique. Nous voulons à nouveau créer collectivement et bénévolement.
Et nous faisons le pari de mettre en œuvre un décalage : un autre rapport à l’individu, à l’esthétique, à l’actualité, un autre rapport à l’Autre, où notre système est un espace qui s’invente.
Imaginer des rencontres, approcher des trajectoires, capturer des instants, considérer cette période comme un moment d’expérimentation, de création, d’ouverture des possibles, un moment pour prendre la parole, brutalement ou joyeusement, empli de colère ou d’espoir.
En se projetant de la place du village à l’utopie bien nommée, nous affirmons par ce projet notre désir de saisir le présent. 100jours, c’est 100jours et 100nuits.
Dans 100jours nous proposons à des auteurs et à des collectifs la réalisation de 100 films documentaires de 5 minutes. Nous imaginons ces films comme des créations singulières, des points de vue affirmés, des tentatives documentaires, des essais.
Dans 100nuits, d’autres expressions documentaires, sous différentes formes (photo, dessin, bande dessinée, son, texte…) seront produites par des auteurs invités.
100jours s’envisage autant comme une succession de propositions que comme une œuvre singulière, un espace d’expressions libres et un tout pensé et construit. De 100jours doit émaner une entité propre, où chaque œuvre vient en écho aux précédentes, où les publications se répondent, se mêlent ou se heurtent pour au final se compléter et former un tout cohérent. Durant cette période (de janvier à mai 2012) il s’agira donc de faire : faire des films et des créations, organiser des diffusions, débattre, faire de la politique. En réinventant notre place, en tant que créateur et spectateur, individu et collectif, nous souhaitons réaffirmer que ce sont les rencontres qui produisent le politique.
Collectif 100jours (100jours.org) 
“C’est l’art qui dispose constitutivement de tous les moyens d’affecter, parce qu’il s’adresse d’abord aux corps, auxquels il propose immédiatement des affections : des images et des sons. Non pas que l’art aurait pour finalité première de véhiculer des idées (…). Mais il peut aussi avoir envie de dire quelque chose. Sans doute cette forme de l’art a-t-elle largement perdu les faveurs dont elle a pu jouir dans la deuxième moitié du XX° siècle, au point que l’art engagé soit presque devenu en soi une étiquette risible, dont on ne voit plus que les intentions lourdement signifiantes, les propos délibérés et le magistère pénible. On peut bien avoir tous les griefs du monde pour l’art -qui- veut- dire, le problème n’en reste pas moins entier du “côté opposé” : car en face de l’art qui dit, il y a les choses en attentes d’être dites. Or elles ont impérieusement besoin d’affections et, l’art politique refluant, les choses à dire menacent de rester en plan -ou bien de vivoter dans la vitalité diminuée, dans la débilité, de la pure analyse.”
Frédéric Lordon – Post-scriptum de “D’un retournement, l’autre”, Seuil, mai 2011.

mardi 14 février 2012

Puro teatro

... lo tuyo es puro teatro, falsedad bien ensayada, estudiado simulacro.

Nouvelle mise en scène de l'Élysée. Pour l'intox, il fallait utiliser bon nombre de figurants dans le but que le cabotin Nicolas Sarkozy joue les vedettes. À moins huit, il ne fallait pas filmer à froid et quand on n'a pas froid aux yeux... Un tripotage à la hauteur de sa taille.
Version du Monde :

L'Elysée compose un public pour accueillir le président sur un chantier
LEMONDE.FR | 03.02.12 | 07h46   •  Mis à jour le 09.02.12 | 08h39

Quelques jours après ses annonces télévisées, le président de la République était, jeudi 2 février, dans l'Essonne pour défendre son plan, très critiqué, pour tenter de régler la crise du logement par la hausse de 30 % des droits à construire. Afin de mettre le tout en images pour les médias audiovisuels, il a visité un chantier à Mennecy où il fut accueilli par des ouvriers, en tenue de travail : la photo a depuis été reprise par toutes les rédactions, dont Le Monde.fr.

Nicolas Sarkozy parle avec des ouvriers lors de la visite d'un chantier à Mennecy, près de Paris, le 2 février 2012.
REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

Mais Europe 1 révèle ce vendredi matin qu'une partie des ouvriers présents ne travaillaient pas sur ce chantier. Certains ne seraient même pas des ouvriers en bâtiment, mais de simples figurants. Selon un cadre du chantier qui s'est confié à la radio :"Ils voulaient plus de monde autour de Nicolas Sarkozy". L'Elysée aurait été jusqu'à demander de doubler les effectifs le temps du passage du président.
Selon Europe 1, ce seraient ainsi plusieurs dizaines de personnes n'appartenant pas au chantier qui seraient venues jouer la comédie en se glissant parmi les soixante vrais ouvriers. Certains aurait été rapatriés de chantiers voisins, d'autres seraient des fournisseurs, des chefs de chantiers...


Des ouvriers "sont venus d'autres chantiers" par Europe1fr
 
Les présents auraient par ailleurs été priés de faire semblant de travailler devant la presse alors qu'en raison des températures glaciales des derniers jours, il leur aurait été normalement interdit de travailler. Selon Europe 1, ils seraient d'ailleurs rentrés chez eux juste après le chantier.

Interrogé, l'Elysée n'a pas nié. "Nous avons simplement voulu donner la possibilité d'être présents, à tous ceux qui ont, par le passé, ou qui auraient à l'avenir à travailler sur ce chantier", a expliqué le service communication de la présidence à Europe 1.
____________________
RÉACTIONS
Denise 04/02/12 - 19h47 - Et que pensez-vous de la petite phrase de Sarkozy à un travailleur noir : "Cela change du pays, quand il fait moins 8". ? De quel pays parle-t-il donc ? Parce qu'il est noir son pays ne serait évidemment pas la France ?
LES GUIGNOLS DE L'INFO (voir à partir de 1' 05'')
Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

samedi 11 février 2012

Langue de bois et sacré culot de Masuch à Dublin

Dublin, le 19 janvier 2012.
Lors d’une conférence de presse de la Troïka UE (Istvan Szekely, de la Commission européenne, renforcé par Barbara Nolan), BCE (Klaus Masuch) et FMI (Craig Beaumont), Vincent Browne interpelle Klaus Masuch sur la légitimité du plan de sauvetage financier et les ravages qu'il entraîne. C'est-à-dire, cet insolite journaliste irlandais tient à savoir exactement pourquoi la BCE veut ratisser encore plus un perplexe peuple irlandais qui ne comprend toujours pas très bien pourquoi on lui demande de payer des milliards d’euros à des porteurs de bons ou obligations non garantis pour cause de dettes (d'une banque défunte) qui ne le concernent pas.
Cinq minutes suffisent à sortir du bois la profondeur et le rôle important de la langue de bois économique qu’on nous inflige. Cinq minutes suffisent à sortir du bois l’ouverture des discussions ouvertes et des débats encore plus ouverts en la matière. Cinq minutes suffisent à sortir du bois l’efficacité informative de l’expression corporelle et son déni d’une expression verbale effarante, qui balbutie des bourdes à son corps défendant. Désolé pour la gueule de bois concomitante.
Il se peut qu'il s'ensuive la parution d'un néologisme que je m'apprête à définir :
Masuchisme : Comportement des financiers orthodoxes persuadés que le peuple a besoin de ressentir de la douleur pour accomplir la jouissance sans entraves des membres de la Caste et qu'il finit toujours par obtempérer grâce à sa croyance en Santa Klaus.
[Note postérieure : une anacycle ou anacyclique est une expression dont la lecture à l'envers produit un autre sens. Mon ami Arturo me fait remarquer qu'en castillan Masuch égale Chusma. Et chusma veut dire racaille.]



Transcription du cafouillage central pur bois de Klaus Masuch :
Klaus Masuch: “(...) I can understand that this is a difficult decision to be made by the government and there’s no doubt about it but there are different aspects of the problem to be, to be balanced against each other and I can understand that the government came to, came to the view that, all in all, the costs for the, for the Irish people, for the, for the stability of the banking system, for the confidence in the banking system of taking a certain action in this respect which you are mentioning could likely have been much bigger than the benefits for the taxpayer which of course would have been there. So the financial sector would have been affected; the confidence of the financial sector would have been negatively affected, and I can understand that there were, that there was a difficult decision but that the decision was taken in this direction.”
Dans La dette ou le vol du temps, article publié par Le Monde diplomatique de février 2012, page 28, le sociologue et philosophe Maurizio Lazzarato nous rappelle un aveu peu conventionnel de la part d'un ministre des finances européen de cette époque particulièrement renflouante :
Peu avant son décès, l’ancien ministre des finances irlandais Brian Lenihan déclarait : « Dès ma nomination, en mai 2008, j’ai eu le sentiment que nos difficultés –liées au secteur bancaire et à nos finances publiques- étaient telles que nous avions pratiquement perdu notre souveraineté. » En appelant l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) à l’aide, poursuivait-il, « l’Irlande abdiquait officiellement sa capacité à décider de son propre destin » (The Irish Times, 25 avril 2011).
Et c'était lui qui les avait appelés. N'empêche, il savait que l'Irlande avait livré son destin à l'Empire du discours masuchiste et il l'admettait, tout près de la mort.

Enfin, dans ce même article, Maurizio Lazzarato nous prévient des dangers d'autres dettes qui commencent à jouir parmi les amis de Santa Klaus d'un solide prestige très bien induit par les libéraux et leurs média (de formation) de masse :
Aux États-Unis, par exemple, 80% des étudiants qui terminent un master de droit cumulent une dette moyenne de 77 000 dollars s’ils ont fréquenté une école privée et de 50 000 dollars s’il s’agit d’une université publique. Un étudiant témoignait récemment sur le site du mouvement Occuper Wall Street, aux États-Unis : « Mon emprunt étudiant s’élève à environ 75 000 dollars. Bientôt, je ne pourrai plus payer. Mon père, qui avait accepté de se porter garant, va être obligé de reprendre ma dette. Bientôt, c’est lui qui ne pourra plus payer. J’ai ruiné ma famille en essayant de m’élever au-dessus de ma classe. »
C'est l'un des témoignages cités par Tim Mak dans « Unpaid student loans top $1 trillion », 19 octobre 2011. Il y en a beaucoup d'autres : cliquez dessus, si cela vous tente, pour mieux comprendre la logique esclavagiste à laquelle vous acculent ces emprunts universitaires qu'on nous vend comme des panacées. Du coup, vous saisirez également peut-être pourquoi il faut que les masters soient presque obligatoires et... payants. Bien entendu, la première conséquence de la hausse des droits de scolarité, c'est d'extirper de l'enseignement supérieur bon nombre de candidats... pauvres. C'est ainsi qu'au Royaume Uni, par exemple, pays où les frais d'inscription se sont envolés, 10 % des "bacheliers" britanniques renoncent maintenant à aller à l'université, tandis que d'autres envisagent de partir, etc. : témoin The Guardian.

jeudi 9 février 2012

Truffaut sur Curiosphère.tv

Les amateurs de cinéma et, concrètement, de Nouvelle Vague ("mouvement esthétique marquant du cinéma des années 60 – 70") disposent désormais d'un dossier concernant la vie et l'œuvre de François Truffaut sur curiosphere.tv, le site de France5.
Les textes du dossier ont été rédigés par François Robin. En voici un exemple :

Dans le cinéma français des années 1955-60, une pléiade d’acteurs excellents anime les écrans : Raimu, Fernandel, Jouvet, De Funès, Arletty, Casarès, Simon. Mais une poignée de jeunes gens, emmenés par François Truffaut, a décidé de tourner le dos à l’Industrie du cinéma qu’ils jugent sclérosée et peu créative.

 
Les Quatre Cents CoupsLes Quatre Cents Coups, de François Truffaut. Jean-Pierre Léaud - Antoine Doinel. © André Dino - MK2/DR

Exit
donc la star système et les monstres sacrés qui grèvent les budgets : la Nouvelle Vague se produira elle-même et le haut de l’affiche sera occupé par la star montante des castings, le réalisateur ! Comme les sujets que cette jeune avant-garde a l’intention de porter à l’écran sont des histoires de jeunes gens, ce sont de nouveaux acteurs, de nouvelles actrices, jamais vus à l’écran, moins chers qui sont trouvés et qui ne feront pas d’ombre, sur le plateau, à leurs pygmalions, les réalisateurs.

Voici la liste des sujets abordés. On dispose de plusieurs vidéos en la matière.

BIOGRAPHIE ET CHRONOLOGIE FRANÇAISE
FRANÇOIS TRUFFAUT ET LA NOUVELLE VAGUE

lundi 6 février 2012

Étrangers répudiés par la France

Le vendredi 27 janvier, j'avais vent de la parution d'un webreportage au titre drôlement gainsbarre sur six étrangers venus faire leurs études en France et qui s'y sont vu refuser, comme tant d'autres, la possibilité d'entamer une activité professionnelle. Oh les beaux mots toc des libéraux !
Je t'aime moi non plus : tel est le nom de ce reportage sur des "cibles faciles" —pour reprendre l'expression de Ian, l'Étasunien interviewé— qui racontent leurs rêves brisés par la circulaire du 31 mai 2011 signée par le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant.
Les auteurs du travail sont deux jeunes journalistes : les images sont l'œuvre d'Edouard de Mareschal ; le son est dû à Jean-Baptiste Gauvin. Ils précisent à l'égard de la circulaire de Guéant :
Depuis plusieurs mois, il est devenu quasiment impossible pour un étranger non ressortissant de l'Union européenne d'obtenir un changement de statut sur son titre de séjour lui permettant d'acquérir une première expérience professionnelle en France après y avoir fait des études. En cause, une circulaire, promulguée par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et le ministre du Travail, Xavier Bertrand, le 31 mai dernier. Lire la circulaire Guéant.
Devant la multiplication des refus de changement de statut, beaucoup de jeunes diplômés étrangers ont dû renoncer à des promesses d'embauches, parfois des CDI dans de grandes entreprises. Un certain nombre ont tenté un recours, aidé par un collectif qui s'est formé pour sensibiliser le public sur cette situation. Le collectif du 31 mai a dénoncé ces refus et il a demandé, avec le soutien de personnalités politiques et d'intellectuels, au gouvernement de revoir sa position.
Une polémique a suivi, de nombreux articles de presse ont relayé cette histoire, et le gouvernement a admis avoir commis une maladresse. Le 23 décembre 2011, Claude Guéant est convoqué à l'Elysée. A la sortie, il annonce qu'il va revoir sa copie. Le 4 janvier, il déclare qu'une nouvelle circulaire vient se greffer à celle du 31 mai pour alléger cette dernière. L'idée principale est de revoir les situations au cas par cas afin que les jeunes diplômés étrangers à "haut potentiel" puissent rester en France. (...)

"Haut potentiel". Beurk. Oh les beaux mots toc des libéraux, quel TOC décalé ! Dans un article publié le 4 février 2012 par le quotidien madrilène El País ("El saldo de la lengua"), Antonio Valdecantos nous prévenait, avec une rare acuité, contre ce genre d'expressions qu'on nous débite souvent et avec la plus grande solennité en conjuguant la cupidité et la pédanterie...
Revenons à nos moutons ; les jeunes diplômés et bilingues qui s'expliquent sont donc :

Ian, l'Étasunien "indigné" :
Américain, Ian s'est installé en France il y a presque huit ans. A 30 ans, il est actuellement en quatrième année de thèse à l'université Paris Dauphine.
Avant, il a fait un master d'affaires publiques à Sciences po Paris.
Malgré son parcours prestigieux et sa nationalité, il a été touché par la circulaire.
Indigné, il estime qu'il s'agit d'une simple stratégie électoraliste.
Zineb, la Marocaine "militante" :
Au Maroc, déjà, Zineb était dans un lycée français. Après son baccalauréat (français), elle vient faire ses études en France.
Une prépa (Janson de Sailly), puis l'école des Mines de Saint-Etienne. Une fois diplômée, elle décroche un CDI dans un cabinet d'audit très connu.
Elle demande alors un renouvellement de son titre de séjour en août. Pas de nouvelles pendant plusieurs mois.
Le 2 décembre, la lettre est là. On lui refuse sa demande.
Depuis, elle participe activement au collectif du 31 mai qui rassemble les étudiants touchés par la circulaire.
Elle y trouve un réconfort et elle espère que ce mouvement fera changer la politique du gouvernement.
César, le Vénézuélien "pragmatique" :
César, 25 ans, est venu en France pour étudier l'architecture. Six ans qu'il est ici.
Il vient de terminer son diplôme et il est touché par la circulaire.
Vénézuélien, il rêvait de revenir dans son pays après une première expérience professionnelle en France.
Tant pis, il la fera ailleurs, aux Etats-Unis par exemple. Pour lui, il n'y a pas de temps à perdre.
Nous l'avons rencontré lors d'une réunion du collectif du 31 mai. Des personnalités sont venus soutenir les étudiants étrangers. Lui a reçu le soutien de la journaliste Caroline Fourest que nous entendons à ses côtés.
Teddy, le Chinois "déçu" :
Teddy, 32ans, est amoureux de la France. Il aime l'esprit du pays, la beauté du paysage et la culture qui s'y dégage. Il est venu faire des études pour construire sa vie ici. Il veut développer les liens entre la Chine et la France.
Trois formations: l'Ens-cinéma Lyon, la fac Lyon 3 en "Profession des médias", du management et stratégie d'entreprise dans une école de commerce. Cet été, une entreprise lui propose un CDI. Elle veut étendre son activité en Chine et a donc besoin d'une personne comme Teddy, maniant les deux langues.
Le 2 décembre dernier, il reçoit une lettre de refus à son renouvellement.
Tu, la Vietnamienne "jusqu'au-boutiste" :
Le combat quoi qu'il arrive. Tu, 26 ans, vietnamienne, veut rester ici.
Après des études en Ressources Humaines à Nanterre, elle décroche une promesse d'embauche dans une entreprise française.
En septembre dernier, on lui refuse le renouvellement de son titre de séjour.
Depuis, elle a entamé une série de recours. Son titre de séjour a expiré.
Elle vit au jour le jour, attendant une ultime décision de la préfecture.
Ting, la Chinoise "affligée"
Chez Ting, c'est la colère qui domine. Deux fois qu'on lui refuse son titre de séjour pour travailler en France. A 29 ans, elle y a fait des études pourtant brillantes. Un Master de droit à l'université d'Assas à Paris après une école à Clermont-Ferrand.
Neuf ans qu'elle est ici, neuf ans qu'elle espère vivre sa première expérience professionnelle en France...
Mais maintenant, elle en a marre. Elle songe sérieusement à retourner en Chine.

Sur ce même sujet, on peut lire le reportage Etudiants étrangers : portraits de "nouveaux sans-papiers" du Monde du 23/01/2012. Pour connaître de nombreuses histoires de sans-papiers renvoyés dans leurs pays, découvrez expulses.net.
_____________________________________
NOTE du 1er juin 2012 : La circulaire Guéant a été abrogée le 31 mai 2012.
Hervé Le Tellier a écrit dans son "Papier de verre" quotidien :
L'absurde circulaire Guéant abrogée, les étudiants étrangers diplômés pourront plus aisément postuler pour un emploi en France. Reste à faire perdre aux préfets les réflexes acquis.