samedi 28 mars 2020

Attention danger travail (Pierre Carles, 2003)

Attention danger travail est un film de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe, sorti en salles de cinéma le 8 octobre 2003. Il propose un autre discours sur le travail, heureusement.
Durée : 105 minutes.

Ce documentaire est disponible en VOD sur la boutique des Mutins de Pangée, une coopérative audiovisuelle dont je vous conseille de fréquenter le site. Cliquez ici pour accéder à la page qu'ils consacrent au film.



En 1998, lors de la sortie de son premier long-métrage Pas vu pas pris, Pierre Carles exposait à Olivier Cyran, dans une interview publiée par Charlie Hebdo, son souhait de réaliser un reportage sur «  les chômeurs qui revendiquent le droit de ne plus travailler  ».
Depuis la fin des années 1970, il était impensable, aussi bien à la télévision qu’au cinéma, de donner la parole à des réfractaires du salariat (à moins de les présenter comme des «  parasites  » et de condamner d’emblée leur comportement). Une seule exception : La Comédie du travail, le long-métrage de Luc Moullet sorti en 1987.

Le projet de Carles a fait l’objet d’un accueil favorable de la part du lectorat du journal satirique. Les propositions de témoignages ont afflué. En 1999, la rencontre avec Christophe Coello et Stéphane Goxe, deux réalisateurs indépendants intéressés par ces questions, a marqué le début du tournage d’une série d’entretiens avec des «  déserteurs du marché du travail  ».
Deux films sont nés cette collaboration : Attention danger travail (2003) et Volem rien foutre al païs (2007), tous deux produits par Annie Gonzalez (C-P Productions). (...)
Source : pierrecarles.org.
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Peut-on considérer la question du travail sous l’angle du refus sans provoquer d’emblée la réprobation générale ? Est-il possible d’aborder le thème du chômage sans le présenter sous le signe exclusif de la tragédie, mais en y décelant au contraire un des moyens d’échapper aux griffes de l’exploitation et de reconquérir son temps de vie ?
Attention Danger Travail (version de Danger travail) en propose l’expérience en présentant une série d’entretiens avec des chômeurs qui ne paraissent ni accablés ni désespérés par leur situation. Ces sans-emplois qui n’en demandent pas pour autant ont tous fui l’usine, l’entrepôt ou le bureau, bien décidés à ne plus accepter les règles de la guerre économique contemporaine.
Face à un discours menaçant, sans cesse martelé, sur le malheur, la douleur et la honte d’être au chômage, ou devant ces portraits édifiants de « privés d’emplois qui se battent pour retrouver leur dignité », des chômeurs visiblement bien dans leur peau rétorque avec bonne humeur qu’ils ne sont pas prêts de monnayer à la légère leur temps retrouvé. Rompant avec un climat d’angoisse et de peur sciemment entretenu, des personnes aux profils très distincts évoquent leur acte de désertion du marché du travail et la volonté de ne plus perdre leur vie à la gagner. Ces témoignages inédits sont ici prolongés par des extraits de documents dépeignant un univers de labeur peu fréquentable.
Source : Les Mutins de Pangée.

Pour aller plus loin, sur ce blog :

— Pierre Carles a déjà été cité sur ce blog ICI et .
— Les Mutins de Pangée ont déjà été cité sur ce blog ICI, , et ENCORE LÀ.
« La mise à mort du travail », de Jean-Robert Viallet
« Travail, salaire, profit », de Gérard Mordillat et Bertrand Rothé.
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Mise à jour du 5 avril 2020 :
 
 

mercredi 25 mars 2020

Manu Dibango : La Javanaise

Emmanuel N'Djoké Dibango, mondialement connu comme Manu Dibango, était un grand saxophoniste et chanteur camerounais de jazz que j'aimais beaucoup. Il était né le 12 décembre 1933 à Douala et nous a quittés hier, mardi 24 mars 2020 (date aussi du décès d'Albert Uderzo, le dessinateur d'Astérix et Obélix), à Melun, Seine-et-Marne, des suites du coronavirus. On l'avait hospitalisé le 18 mars.
« Il rendait les gens heureux ».
Hommage.





La Javanaise était le premier extrait de la face A de son album en vinyle Live' 91, édité en 1991, enregistré au festival Printemps de Bourges, le 30 avril 1991.
Le disque comportait des compositions de Manu Dibango excepté bien entendu cette Javanaise, que nous devons à Serge Gainsbourg, et la première pièce de la face B, Duke in Bushland, de Duke Ellington.

L'INA vous propose une autre version en direct de La Javanaise (cliquez sur le lien ci-contre). C'était en 1992, dans l'émission de Michel Field, Le cercle de minuit.

Dans une nécrologie de Josiane Kouagheu, que publie aujourd'hui le quotidien Le Monde Afrique, on peut lire, entre autres témoignages, celui de l’écrivain Arol Ketchiemen. Profitons-en pour rappeler la variété des rythmes populaires camerounais :
« Manu Dibango était le patriarche de la musique camerounaise. Il a eu le mérite de s’exercer à la pratique de la majorité des rythmes camerounais : makossa, bikutsi, assiko, mangambeu [la danse traditionnelle de Bangangté], bolobo… Manu Dibango a surtout été une école », souligne M. Ketchiemen, rappelant que son orchestre a accueilli et révélé plusieurs grands noms de la musique nationale.

lundi 23 mars 2020

Sénégal, Senghor et La belle histoire de Leuk-Le-Lièvre

 À tou.te.s mes élèves d'hier,
d'aujourd'hui et de demain,
j'espère.



Nous préparons ces jours-ci des cours en ligne pour nos élèves. Ce qui suit en fait partie...

On a déclaré que le 20 mars soit la Journée internationale de la Francophonie. Comme je vous le disais la semaine dernière, la OIF célèbre le cinquantenaire de la Francophonie cette année 2020. J'en profite pour vous faire visiter un tant soit peu le Sénégal.

Au Sénégal, le français est toujours langue officielle : les documents gouvernementaux sont rédigés en français, l'éducation des enfants se fait en français, les journaux sont publiés en français et la plupart de la littérature est écrite en français. Mais bien entendu, le Sénégal a plusieurs langues nationales: « La langue officielle de la République du Sénégal est le Français. Les langues nationales sont le diola, le malinké [mandingue], le pular [peul], le sérère, le soninké, le wolof et toute autre langue nationale qui sera codifiée. », signale l'Article premier de la Constitution sénégalaise du 7 janvier 2001. Les emprunts du français au wolof, lingua franca du pays, sont considérables.

Nous apprenons depuis un certain temps que Saint-Louis, la vieille capitale coloniale de l'A.-O.F. (l'Afrique-Occidentale française), et d'autres villes côtières du Sénégal se trouvent aujourd'hui menacées par plusieurs dangers :

Des villes sénégalaises menacées par l'érosion côtière.
18 novembre 2017
Au Sénégal l’avancée de la mer dicte sa loi aux habitants de Rufisque et Saint Louis, deux villes ayant marqué l’une des plus belles pages de l’histoire de ce pays. Dans ces localités, plusieurs maisons ont fini dans les eaux, effaçant le souvenir de plusieurs générations. Aujourd’hui ces habitants veulent être relogés.

France 24 - Sénégal : à Saint-Louis, nos observateurs se mobilisent face au changement climatique.
Le 12 octobre 2018


La menace du plastique et des déchets à Saint-Louis du Sénégal.
Réalisation et montage Yaguemar Diagne,
avec la participation de Mamadou Moustapha Ngère, Malamine Gaye et Zeyroube Fall.
Aides tecniques: Ababacar Touré. Saint-Louis du Sénégal, Juin 2018.

Au mois d'août 1996, je fis un voyage inoubliable au Sénégal, en Gambie et en Guinée-Bissau, en Afrique occidentale. Disons que la Guinée-Bissau avait été colonisée par le Portugal, la Gambie par les britanniques, le Sénégal par la France, déchirure qui persiste de mille manières encore aujourd'hui, bien évidemment, mais passons là-dessus, pour l'instant.
Donc, en août 1996, j'achetai plusieurs livres, surtout à la librairie Clairafrique de Dakar, dont La belle histoire de Leuk-Le-Lièvre (Cours Élémentaire des écoles d'Afrique Noire, Hachette - EDICEF, 1953). C'est une fable écrite par le professeur, poète et écrivain Léopold Sédar Senghor (1906-2001) et l'écrivain et inspecteur de l'Enseignement primaire Abdoulaye Sadji (1910-1961), qui fut illustrée par Marcel Jeanjean. J'en ai déjà parlé une fois sur ce blog.
L'ouvrage est un manuel scolaire destiné à la lecture. Il fournit des activités pour le travail de la compréhension écrite et de la phonétique qui « consistent en exercices oraux d'observation, de prononciation, de vocabulaire et en exercices écrits de grammaire. Tous les quatre jours, un exercice d'écriture est prévu, qui sert en même temps de récitation. C'est le plus souvent un passage du texte même. » C'étaient des démarches pédagogiques innovantes en 1953.


Couverture de mon édition achetée à Dakar


Léopold Sédar Senghor avait été reçu, en 1935, à l'agrégation de grammaire et s'était vu confier en 1944 une chaire à l'École Nationale de la France d'outre-mer. À la Libération (de la France, non du Sénégal), il fit paraître son premier recueil de poèmes, Chants d'ombre.
À l'époque de l'édition de ce Leuk-le-Lièvre, Senghor était député français (depuis 1945) et avait déjà publié, en 1948, sa célèbre Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, concrètement à l'occasion du centenaire de la Révolution de 1848 et de la publication des décrets abolissant définitivement l'esclavage (les 4 mars et 27 avril 1848) et instituant l'instruction gratuite et obligatoire dans les colonies (le président de la commission chargée d'examiner le projet de loi tendant à rendre l'enseignement primaire obligatoire, était Victor Schoelcher). Puis il prolongerait une carrière littéraire et politique pleine d'honneurs, un véritable cursus honorum ; il serait, entre autres, membre de l’Académie française et président de la République du Sénégal de 1960 à 1980.
Avec Aimé Césaire, Birago Diop et autres Léon-Gontran Damas, il fut le chantre de la Négritude, concept contesté par Wole Soyinka, par exemple : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore. »
Quant à la logique fataliste qui poussa Sédar Senghor et tant d'autres auteurs africains à écrire en français, anglais ou portugais au détriment de leurs langues maternelles, elle est très sensiblement critiquée par Ngũgĩ wa Thiongʼo, dans son ouvrage Décoloniser l'esprit (1986) (1).

Mais revenons à La belle histoire de Leuk-Le-Lièvre ; Senghor et Sadji expliquaient dans leur préface :
La vie profonde du Négro-Africain est animé par l'« l'intuition surréaliste des forces invisibles et surhumaines, des forces cosmiques ». Cette intuition s'exprime par les mythes, légendes, contes, fables, proverbes et devinettes qui peuplent les veillées noires d'êtres plus vivants que ceux du jour. Notre manuel se compose de récits d´jà entendus par l'enfant dans sa langue maternelle et déjà vécus de lui. C'est une première cause d'intérêt.
Nous n'avons pas voulu procéder par pièces détachées, selon la tradition des livres de contes. Présenter à l'enfant noir des récits isolés, sans aucun lien qui les rattache les uns aux autres, serait tuer la vie et le mouvement dont son imagination anime ces récits. Il n'y a pas, pour lui, des histoires de bêtes, mais l'histoire des bêtes. Il fallait donc trouver ce lien, et nous l'avons fait en groupant les récits autour d'un même personnage, Leuk-le-Lièvre. Ce n'est pas par hasard que nous avons choisi ce personnage. Dans les contes et fables de l'Afrique Noire, il jouit, avec Diargogne-l'Araignée, du même renom que le Renard [cf. Roman de Renart en France] dans les contes et fables de l'Europe. Il représente l'intelligence qui triomphe partout et toujours dans les situations les plus difficiles. Mais il fallait, pour renforcer l'intérêt des récits, faire de l'ensemble un vaste drame. D'où, en face de Leuk-le-Lièvre, son antagoniste, Bouki-l'Hyène, stupide et méchant, dont le rusé lièvre fait l'éternel trompé.
L'entreprise des auteurs était carrément coloniale :
Éduquer signifie non seulement cultiver dans le milieu naturel, mais aussi, selon l'étymologie du mot, transplanter. Il est question, sur ce plan, d'amener l'enfant noir à assimiler les éléments fécondants de l'esprit français. Comme dans les récits contemporains en langue indigène, nous intégrons, nous assimilons, prudemment il est vrai, les objets et les techniques de la civilisation européenne. Nous entendons aussi, retouchant le caractère de Leuk-le-Lièvre, donner à l'écolier noir des leçons de morale.
C'est justement le sentiment contraire qui m'anime, qui m'intéresse ; mon élan serait plutôt de tenter de saisir le mieux possible les traditions africaines qu'on décèle sous les mots en français.

Pour aller plus loin, je vous suggère de lire cet article (du 13 avril 2014) de Jean-René Bourrel, spécialiste en Francophonie qui a déjà publié un essai intitulé Leuk-le-Lièvre, un acte de Négritude dans Présence Africaine 2009/1 (N° 179-180).

Le prof de français que je suis vous propose maintenant d'aborder cette fable africaine à partir de plusieurs matériaux qui vous permettront de cultiver à la fois le français écrit et oral. Les voici :

— Une édition du conte en pdf (extraits de l'œuvre originales, 24 sur les 84 chapitres ou textes de lecture).

— Un travail pédagogique sur le conte pour les élèves de la 6e année, par Mme Grare Christabel, au cas où cela pourrait servir quelqu'un.

— 9 morceaux audios d’environ 3 minutes chacun hébergés par SoundCloud (cliquez sur les liens pour y accéder et pouvoir écouter les lectures en français des épisodes sélectionnés. Profitez-en pour entraîner la prononciation et la diction) :
1. - Le plus jeune animal.
2 et 3. - Leuk découvre la brousse.
4. - Les conseils de Diargogne-l’araignée.
5. - Leuk découvre la forêt.
6 et 7. - Leuk découvre la mer.
8. - Leuk découvre l’Homme.
9. - Les serviteurs de l’Homme.
10. - La captivité de Leuk.
11. - Mame-Randatou, la fée.
— Les images des premières pages de cette belle histoire, pour que vous voyez un peu les illustrations et les exercices conçus par Senghor/Sadji pour l'édition de 1953. Elles correspondent aux chapitres 1, 2, 3 et 4.
 Bonne lecture !



 




D'autres histoires, pièces ou contes africains sur ce blog :
11 & 12 et Amkoullel, l'enfant peul.
Contes et légendes du Congo.
Baobab.

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(1) Dans Décoloniser l'esprit, Ngũgĩ wa Thiongʼo commente à deux reprises la lyrique soumission au français de Léopold Sédar Senghor. À la page 53 de mon édition en castillan, il reproduit cet extrait de la postface de son recueil de poémes Éthiopiques, écrit entre 1947 et 1956 :
C'est le sceau de la Négritude, l'incantation qui fait accéder à la vérité des choses essentielles : les Forces du Cosmos. Mais on me posera la question : "Pourquoi, dès lors, écrivez-vous en français ?" Parce que nous sommes des métis culturels, parce que, si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle. Car je sais ses sources pour l'avoir goûté, mâché, enseigné, et qu'il est la langue des dieux. Écoutez donc Corneille, Lautréamont, Rimbaud, Péguy et Claudel. Écoutez le grand Hugo. Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l'orage. Il est, tour à tour ou en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits —si rares dans nos langues maternelles—, où les larmes se font pierres précieuses. Chez nous, les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang ; les mots du français rayonnent de mille feux, comme des diamants. Des fusées qui éclairent notre nuit.
Il trouve également éloquente la réponse de Senghor sur la question de la langue à Armand Guibert (1906-1990 ; sur leurs rapports), publiée dans Présence Africaine (1962) sous le titre « Léopold Sédar Senghor » (j'en profite pour rappeler que les concepts "nature" et "culture" sont nettement différenciés y compris en français) :
Il est vrai que le français n'est pas ma langue maternelle. J'ai commencé de l'apprendre à sept ans, par des mots comme "confitures" et "chocolat". Aujourd'hui, je pense naturellement en français, et je comprends le français —fait-il en avoir honte ? Mieux qu'aucune autre langue. C'est dire que le français n'est plus pour moi un "véhicule étranger", mais la forme d'expression naturelle de ma pensée.
Ce qui m'est étrange dans le français, c'est peut-être son style : son architecture classique. Je suis naturellement porté à gonfler d'image son cadre étroit, sans la poussée de la chaleur émotionnelle.






samedi 21 mars 2020

Coronavirus libre et pluriel

La presse libre et plurielle est toujours libre et plurielle, elle ne saurait s'y soustraire.
Elle est toujours libre de dire ses consignes, de suivre ses automatismes.
Elle est toujours prête à jauger la pluralité humaine à l'aune dichotomique de ses deux poids deux mesures, de respirer naturellement son classisme, tout ce qu'il y a de plus naturel.
Je viens d'en voir un exemple outre mesure dans l'un de mes journaux préférés.
C'est le jeudi 19 mars 2020.
Les normes sont exactement les mêmes pour tous les inégaux (1).
Voilà pourquoi le récit des mêmes conduites relève de l'inégalité des perspectives la plus pure.
Et Le Parisien excelle en la matière.

Voici sa vision de ce qui se passe en Seine-Saint-Denis, où des gens mettent en danger la vie d'autrui, car « Comment convaincre les Français indisciplinés d'arrêter de jouer avec la santé des autres ? » :

Confinement : premières gardes à vue pour «mise en danger de la vie d’autrui»

Selon nos informations, au moins cinq personnes ayant refusé de respecter le confinement, en Seine-Saint-Denis et dans le Pas-de-Calais, ont été placées jeudi en garde à vue sous ce motif juridique.


Voyons maintenant son récit à propos de Paris, où il y a beaucoup de gens qui en font autant.
Non, pardon, c'est l'attrait irrésistible du soleil, c'est le goût du plaisir et du risque, ce sont des héros qui bravent les dangers, car c'est dur de ne pas sortir. Quatre pelés et un tondu ? Non, « Sur les voies sur berge de la Seine, les riverains n’ont « jamais vu » autant de joggeurs » :


Confinement à Paris: «Avec ce temps, c’est dur de ne pas sortir»

Comme Lucy, de nombreux Parisiens n’ont pas résisté à l’appel du soleil et ont bravé l’épidémie de coronavirus. Les patrouilles de police vont être renforcées dans la capitale.


J'en profite pour poser une question très simple. Qu'est-ce qu'il y a dans la tête de ces cognes qui ont décidé, toute honte bue, de verbaliser des sans-abris à Lyon, à Paris ou à Bayonne pour non-respect du confinement ?
Mais le roman est beaucoup plus long et touffu, et il se renouvelle tous les jours dans la France du coronavirus, le confinement, la répression et les résistances. Acta.zone en prend acte : cliquez ici pour accéder à leur suivi en continu.

[Ajouté le 26 mars : Macron disait qu'on était en guerre et on dirait que la police est en première ligne de la guerre... de classe de toujours. Regardez, si vous le pouvez, la vidéo où l'on voit et l'on entend plusieurs keufs défoncer un jeune homme avec acharnement dans un quartier populaire en banlieue.
Évidemment, le recours à des sources d'information indépendantes s'avère une nécessité absolue. Vous pouvez accéder à des infos dont on parle plutôt peu ou à d'autres réflexions, témoignages, vidéos en cliquant, par exemple, sur les liens ci-contre : Sébastien Fontenelle, Raphaël Kempf, Sihame Assbague, Jean Gadrey, Taha Bouhafs, David Dufresne et Pouyoul Schmorr]

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(1) En effet, le confinement qui a été décrété pour arrêter l'épidémie de coronavirus admet une lecture en clé très sociale.
Chapeau à la sociologue française Anne Lambert, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques, directrice de l’unité de recherche "Logement et Inégalités Spatiales". Le 19 mars, elle nous rappelle sur son blog, hébergé par un média du système (le Huffington Post), à quel point éclate le scandale des inégalités sociales avec le coronavirus et le confinement. Je me permets de reproduire l'essentiel de son texte :

Avec le coronavirus et le confinement, le scandale des inégalités sociales éclate

Soignants, fonctionnaires, prolétariat urbain endiguent l'épidémie tandis que les classes supérieures fuient. Il faudra s'en souvenir. Il faudra que justice se fasse.

(...) La crise sanitaire majeure que nous vivons aggrave dans des proportions inédites les inégalités sociales. Elle les décuple à tous les points de vue, en même temps qu’elle les rend visibles, palpables, immédiates: conditions de vie, exposition à la maladie, gestion de la vie domestique, de la parentalité, du travail éducatif. Les personnels de soin, les fonctionnaires (police, professeurs), mais aussi le prolétariat urbain (éboueurs, agents de sécurité…) sont en première ligne pour endiguer l’épidémie de covid19 et assurer la continuité de la vie sociale (sécurité des personnes, des musées, etc.) tandis que les classes supérieures, surexposées initialement au virus par leur nombre élevé de contacts sociaux et la fréquence de leurs voyages, ont déserté les villes pour se mettre à l’abri. Et de cela, nous ne parlons pas.Le confinement imposé depuis mardi midi décuple en effet les inégalités de conditions de vie: petites surfaces, logements surpeuplés ou insalubres, sont le fait des étudiants logés en résidence universitaire ou dans le parc privé (chambre de bonne, studio, souplex…), mais aussi des classes populaires et des classes moyennes qui habitent dans les métropoles et peinent, depuis près de dix ans (hausse du marché locatif privé et des prix à l’achat), à se loger et à se maintenir dans les centres urbains. Des logements parfois tout juste suffisants pour répondre à la norme du “logement décent” défini par la loi SRU. Mais les logements qui se sont vidés suite à l’exode sanitaire ne sont pas ceux-là. Non, ce sont les logements spacieux, lumineux, propres, connectés, des arrondissements aisés de la capitale, des logements habités par les familles de classes supérieures parties se mettre au vert dans une résidence secondaire, ou alors dans une villa connectée à internet, louée pour l’occasion.
En première ligne, dans les villes, les personnels soignants et les fonctionnaires gèrent donc l’urgence médicale au quotidien, et assurent la continuité de la vie sociale (écoles, sécurité des musées et du patrimoine de l’État, administrations, etc.). Ces personnels ont obligation de résidence. Ils ne peuvent pas fuir. Et parfois ne le veulent pas, conformément à leur éthique et à leur mission de “service public”.
Mais tandis que les personnels soignants sont mobilisés et que les salariés modestes nettoient et approvisionnent nos villes, jour et nuit, au risque d’être contaminés à leur tour, leurs enfants, pendant ce temps, ne sont pas au vert. Non, ils sont confinés dans ces mêmes appartements étroits, quand ils ne sont pas accueillis dans des structures de garde d’urgence laissées ouvertes à leur intention. Leurs parents ne pourront pas assurer la continuité pédagogique proposée en urgence par le ministre de l’éducation. Il leur est, dans ces conditions matérielles et professionnelles, impossible d’assurer le travail éducatif et parental requis. Mais à qui servent-elles, au final, ces injonctions de “continuité pédagogique”? Car les cours en ligne demandés aux professeurs sont en réalité pris en charge par de nombreux vacataires de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur (ATER, chargés de TD, vacataires…), aux conditions de vie elles-mêmes dégradées, comme l’ont médiatisé récemment les nombreux mouvements contre la réforme des retraites et la LPPR. À bien y réfléchir, comment la continuité pédagogique ne pourrait-elle pas nourrir les inégalités? Suivre un cours sur un téléphone portable n’a jamais été facile, tandis que disposer d’un ordinateur portable, d’une chambre à soi, d’une imprimante, reste un bien très inégalement partagé. De cela, il faudra se souvenir après la crise.
Enfin, il y a bien sûr les inégalités d’exposition au risque de contamination au covid19. Ceux et celles qui sont en première ligne - infirmières, médecins généralistes, aides-soignantes, brancardiers, mais aussi blanchisseurs, personnels de nettoyage- s’occupent de soigner, nettoyer, laver, récurer, endiguer la montée du coronavirus dans la population française. Ils curent une maladie de cadres supérieurs mais sont, par les processus profonds de ségrégation urbaine, de montée des inégalités économiques, de casse des services publics, durablement exclus des formes récentes d’enrichissement. De cela aussi, il faudra se souvenir après la crise.
Et pendant ce temps, les départs au vert s’accélèrent (enfin, jusqu’à hier midi). Les arrondissements riches de Paris se sont vidés de leurs familles. Pouvait-il en être autrement? Devaient-ils rester à Paris? Aider un voisin âgé à faire ses courses, ou un jeune couple atteint par le confinement total? Ou partir dans une résidence secondaire permettait-il de faire baisser la pression sur les lits des hôpitaux déjà presque saturés de la région parisienne? Mais n’allaient-ils pas transporter  avec eux (dans les commerces locaux de campagne et de station balnéaire) le fameux virus dont ils étaient potentiellement porteurs?
Il faudra que justice se fasse, non pas individuellement, mais à l’échelle collective. Je veux dire qu’il faudra lever un impôt spécial sur la fortune pour réparer, rattraper, compenser les inégalités, et payer les soins sans faille apportés par les personnels soignants et l’ensemble des fonctionnaires (police, professeurs, gardiens) mobilisés dans la gestion de la crise et la continuité de la vie sociale.
(...)
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Mise à jour du 25 mars 2020 :

Les experts osent tout. La com ne s'arrête jamais. Pauline Perrenot l'analyse sur le site d'ACRIMED :

Docteur Cymès et mister Michel, experts médiatiques en coronavirus

par Pauline Perrenot,
Le soir du 16 mars, Emmanuel Macron annonce le renforcement des mesures de confinement. Après son intervention, l’émission « Vous avez la parole » (France 2) était consacrée au coronavirus et Michel Cymès, le bien nommé « médecin de la télé préféré du PAF », est (à nouveau) en plateau. L’expert admettait, quelques heures plus tôt sur France 5, avoir contribué à minimiser l’épidémie par ses prises de paroles médiatiques. Mais cela ne l’empêche visiblement pas de revenir en plateau pour culpabiliser « les Français indisciplinés » vis-à-vis des mesures de confinement… Voire de sermonner une infirmière membre du collectif Inter-Urgences, venue témoigner des conditions de travail actuelles et exiger des moyens. Car on le sait, les experts osent tout. Mais ce que l’on redécouvre, c’est que leur magistère ne connaît pas la crise.


Qu’ils sévissent dans le domaine de la médecine, de l’économie, de la sécurité, etc., les experts médiatiques ont en commun, on le sait, cette redoutable faculté de s’exprimer publiquement avec aplomb – et à longueur d’antenne – sans maîtriser le sujet dont ils parlent. Quitte à se corriger (ou non) d’une heure sur l’autre. Comme le dit Christophe Barbier, « la vérité de 6h50 n’est pas celle de midi ».
On aurait pu penser que la crise du coronavirus changerait la donne : dans la période actuelle, l’exigence d’une information grand public de qualité s’impose d’autant plus que les informations ont des conséquences vitales, tout particulièrement dans le domaine médical. Et que le rapport comme l’accès au savoir scientifique, médical, sont socialement discriminants. Dès lors, les tenants de la parole publique ont une responsabilité plus grande encore que d’ordinaire. Et pourtant, les grands médias n’ont pas l’air de vouloir changer leurs bonnes vieilles habitudes : recourir aux experts, les regarder se tromper, commenter leurs bourdes à coup d’articles tapageurs, et, sans l’ombre d’une hésitation, les réinviter.
En témoigne la fabuleuse histoire de Michel Cymès et du coronavirus. Le 15 mars, Arrêt sur images consacrait déjà un article au « médecin de la télé » sous le titre « Coronavirus : un Cymès matin, midi et soir ». Et de constater : « Plus rapide que la diffusion du coronavirus, la démultiplication de Michel Cymès sur les écrans. Depuis deux semaines, c’est matin, midi et soir sur France 2, RTL mais aussi France 5, TMC, La 1ere. […] Celui qui dit continuer ses consultations à l’hôpital deux matinées par semaine, passe surtout son temps dans les loges de maquillages. »
Pour y dire quoi ? Pour affirmer par exemple sur Quotidien, le 10 mars, que le coronavirus « reste une maladie virale comme on en a tous les ans » ou encore : « Il y a moins de risque [qu’en Italie], on est mieux préparés et puis je ne crois pas qu’un jour on va mettre toute la France en quarantaine ». Ou encore sur Europe 1 (le 10 mars également) : « Je ne suis absolument pas inquiet. C’est un virus de plus, on le dit souvent, c’est une forme de grippe. Je ne suis pas inquiet pour moi parce que je suis en bonne santé et que je ne fais pas partie des cas les plus graves. »

EN LIRE PLUS (Allez-y, vraiment, c'est à ne pas en revenir).

 

mercredi 18 mars 2020

Les fantassins combattent sans protection et les généraux se gargarisent de grands mots

Y el planeta mandó parar.


L'Économie est l'alibi qui nous tue.



Je lis le témoignage d'une infirmière de près de Pornic qui déclare à actu.fr tenter en vain d'avoir de la solution hydroalcoolique.
J'ai le plaisir d'avoir un ami médecin avec qui j'ai un peu parlé aujourd'hui au téléphone. Il travaille à Salamanque, en Espagne. Il doit faire tous les jours des visites domiciliaires à des patients atteints de coronavirus "les mains dans les poches" (sans masques, même pas chirurgicaux, sans gants...), faute des protections les plus élémentaires. Le démon de la perversité donne toujours des idées, comme celle d'envoyer tout foutre en l'air et se jeter dans la piscine. Car les héros, tout sages et savants soient-ils, sont aussi habités par ce démon théorisé par Edgar Allan Poe.

Et nos autorités savaient —sont au courant de ce qui se passe, en Chine, en Italie, depuis deux mois. Et puis, cela fait belle lurette que des virologues comme Bruno Canard rédigent des rapports officiels et publient des articles.

Ici et là, on multiplie le blabla, mais on a du mal à allouer les sous nécessaires et on continue à ignorer où il faut puiser le pognon : là où il est.
Pour ne pas parler des effets dramatiques de toutes nos délocalisations : seules des sociétés débiles, suicides, acceptent de se désarmer stratégiquement. On a (presque) tout privatisé, puis, en belle partie, délocalisé. Et on s'est acharné à démanteler le service public à coups de brutales saignées budgétaires, à coups de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, à coups de baisses d'impôts pour les grandes fortunes et les grandes entreprises, à force d'yeux doux pour l'évasion fiscale, à coups d'assistanat et de perfusions au grand capital et à ses médias, fiondations, laboratoires d'idées chiantissimes (dits think tanks), à grands coups de répression...
Et ce ne sont pas du tout les experts en finances, gestion, administration des entreprises, marketing, publicité, mode, commerce international et autres informatiques de la nullité surévaluée qui vont nous rendre la vraie vie, ou simplement, la vie. En fait, bon nombre de ces startupistes ont aujourd'hui les chocottes.
Hélas, dans la lutte sociale en France contre les inégalités, pour le service public, pour l'existence d'un système national de retraites digne, etc, il y a eu et il y a énormément de résistants...

Coupure de la page 6 du Siné mensuel nº 95, mars 2020.
Reportage à plusieurs témoignages : L'État, c'est nous (pages 6-11)
Dans la rue, dans les grèves, dans les manifs, dans les combats pour une vie meilleure, contre [le projet macronite de réforme d] es retraites, les conditions de travail, la sale vie provoquée par le libéralisme présidentiel. Portraits de deux gilets jaunes, d'une étudiante, d'un journaliste, d'une infirmière, d'un conducteur de métro, d'un prof et d'une chercheuse.

..., mais il n'y a pas d'instance comparable au Conseil national de la Résistance, essentiel pour faire la pression nécessaire dans le bon sens, comme à partir de 1945, quitte à admettre que ce rôle pourrait revenir au personnel de la Santé publique. Car l'après-coronavirus devrait être un moment de démantèlement pur et dur du système capitaliste-ultra libéral-financier, une stratégie du choc à rebours.

Justement, puisqu'on évoque la Santé publique, Là-bas si j'y suis se penche sur ce sujet infernal de la purée hospitalière provoquée par les chantres de la mondialisation heureuse : « on ne peut pas envoyer les soignants au front sans gilet pare-balles », déclare le docteur François Salachas. Et il me fait penser au casse-pipe de la IGM :

Quand tout sera privé, nous serons privés de tout

« On ne peut pas envoyer les soignants au front sans gilet pare-balles »

Le
Depuis des années, ils se battent contre le démantèlement programmé de l’hôpital public, contre une logique de management, contre une santé à deux vitesses, contre « le remplacement de la carte vitale par la carte bleue ».
Le pouvoir les prend de haut au nom des impératifs économiques, au nom de la « dette », mais ne manque jamais de flatter, la main sur le cœur, « ces héros en blouse blanche ». Pourtant, cette fois, la ficelle est trop grosse. L’explosion de l’épidémie a dévoilé l’ampleur du désastre sanitaire des politiques néolibérales mises en place depuis des années, et encore plus radicalement avec Macron et sa bande. Cette fois, tout le monde est touché, tout le monde a compris.
Pourtant, rien dans l’allocution présidentielle de lundi, devant 30 millions de Français, pas une annonce chiffrée pour l’hôpital public, pas de recrutement en urgence, pas de réquisitions des cliniques privées, comme en Espagne, mais encore et encore des flatteries qui sont reçues comme des insultes.
Le docteur François Salachas, neurologue et membre du collectif Inter-Hôpitaux, avait interpellé Macron lors de sa visite à la Pitié-Salpêtrière le 27 février dernier : « nous sommes au bout ! (…) Il faut absolument refinancer en urgence l’hôpital public (…) Vous pouvez compter sur moi. L’inverse reste à prouver », avait-il balancé au président devant les caméras. Rendez-vous devait être pris.
Et depuis ? Au lendemain des nouvelles annonces d’Emmanuel Macron, nous sommes retournés voir le docteur Salachas, pendant sa pause, en plein service : « pour l’instant, ce ne sont que des mots. »
C’est la guerre. Macron le répète, et c’est vrai, c’est une guerre entre la vie et le profit. Cette crise nous met face à face.
journaliste : Dillah Teibi
image : Kévin Accart
montage : Jérémie Younes
Et l'on pense aux saisonnières éjaculations orales présidentielles en la matière. À chaque crise, à chaque campagne électorale... la même abjection.

Je me rappelle Jacques Chirac et sa rengaine, sa farce immonde de la « fracture sociale », qui existait en raison, littéralement, disait-il en 1995, devant le très libéral Lionel Jospin (oui, on va voir), « d'un système socialiste » (ultrasic), ce qui montre le respect de ces culottés et pour la langue et pour nos oreilles.
En fait, ce que l'on avait vis-à-vis, lors de ce soi-disant débat électoral, c'étaient deux grands champions de la politique économique ultralibérale et du bradage du patrimoine public, les représentants des deux ailes du moment du même poulet républicain. Car, en effet, nous devons admettre que toutes les volailles disposent d'une aile droite et d'une aile gauche, qui bougent toujours où les mènent les mêmes pattes. Et qui volent parallèlement.
Jacques Chirac donna le coup d'envoi des privatisations en France à partir de 1986 (source Finance Orange, par exemple, car son résumé suffit et fait l'affaire) :
C'est en tant que Premier ministre de cohabitation que Jacques Chirac, décédé ce jeudi à 86 ans, a donné le coup d'envoi des privatisations en France, mettant un terme à la vague de nationalisations lancée par François Mitterrand.
Deux fois président de la République, deux fois Premier ministre et deux fois Maire de Paris. La carrière politique de Jacques Chirac, décédé ce jeudi à 86 ans, est impressionnante, jalonnée de décisions marquantes comme son "non" à la seconde guerre d'Irak. Sur le plan économique, il est l'homme politique français qui a lancé le mouvement des privatisations d'entreprises françaises, à partir de 1986.
Cette année là, après l'échec du PS aux législatives, Jacques Chirac devient le Premier ministre de cohabitation de François Mitterrand. En deux ans, son gouvernement est revenu sur les grandes nationalisations de 1981-1982 menées par le Parti socialiste, et a lancé plusieurs privatisations, des opérations qui ont rapporté à l'Etat environ 100 milliards de francs, soit 13 milliards d'euros.
Banques, télécoms, médias
Ainsi, entre 1986 à 1988, le gouvernement Chirac a partiellement privatisé Saint-Gobain, la CGE (devenu Alcatel), Havas, TF1 et Suez ainsi que les banques Paribas, BTP, BIMP, CCF et Société générale.
Pendant cette période, l'exécutif cède aussi la Compagnie générale de constructions téléphoniques (CGCT) et la Mutuelle générale française. En 1988, Matra et la mutualisation de la Caisse nationale de Crédit agricole sont également partiellement privatisées.
Après une pause de 1988 à 1992, les privatisations sont reprises à partir de 1993 par le gouvernement d'Edouard Balladur, et poursuivies à partir de 1995 par Jacques Chirac, devenu président de la République, et son Premier ministre Alain Juppé.
Premier mandat présidentiel de 1995 à 2002
A partir de 1997, en cohabitation avec Jacques Chirac, c'est le socialiste Lionel Jospin qui poursuit les privatisations, et cède pour un total d'environ 30 milliards d'euros des parts de nombreuses entreprises.
Sous le premier mandat de président de Jacques Chirac, de 1995 à 2002, seront successivement ouvert le capital de nombreuses entreprises majeures, dont France Telecom (devenu Orange), Thomson-CSF, Air France ou Eramet ainsi que les banques CIC, Société marseillaise de crédit et Crédit lyonnais. Les assureurs Gan et CNP sont également totalement ou partiellement cédés.
Disons que le soutien de beaucoup de gauchistes français en 2002, pour contrecarrer Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle, ne l'empêcha point de continuer sa, disons, mission (celle de tous ces vautours) :
Privatisation controversée des autoroutes
Sous la deuxième présidence de Jacques Chirac, de nouvelles privatisations seront engagées notamment dans les transports, en 2004-2005, par les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin puis de Dominique de Villepin. Seront alors concernés le motoriste aéronautique Snecma, qui fusionne avec la Sagem pour former le groupe Safran, ainsi que des sociétés d'autoroutes SANEF, SAPRR et ASF. Ces dernières font polémique aujourd'hui en raison de prix élevés des péages autoroutiers.
C'est pendant cette même période que l'Etat est passé sous le seuil de 50% dans le capital de France Télécom, et qu'il a lancé l'ouverture du capital d'EDF et GDF.
Quant à l'ultralibéral Lionel Jospin, son gouvernement (1997-2002) fut celui qui privatisa le plus d’entreprises publiques de l'histoire de France, comme il est mondialement reconnu : environ 31 milliards de recettes ; grâce notamment à l'activité du très honnête Dominique Strauss-Kahn à la tête de Bercy (le ministère de l'Économie et des Finances).
Donc, Chirac et Jospin, deux monstres à l'heure de privatiser... et d'augmenter la dette publique. Bref, il s'agissait de défendre la justice sociale et de combler en urgence les fractures sociales, et leur recette a consisté à brader le patrimoine de tous. Le peuple était propriétaire et, grâce à leurs privatisations, il a été privé de son patrimoine.

Je me rappelle également le Nicolas Sarkozy d'après l'éclatement de la bulle financière, le 25 septembre 2008. Vous souvenez-vous de son discours de Toulon ? Il s'amusa à nous dire, entre autres...
Une certaine idée de la mondialisation s'achève avec la fin d'un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir.
L'idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle.
Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l'industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu'on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques inconsidérés. On a fait semblant de croire qu'en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d'assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation.
Dans ce petit florilège, comment oublier l'air penaud, le geste contrit du publireportage électoral de François Hollande au Bourget, le 22 janvier 2012, lorsqu'il introduisit et débita son affligée déclaration « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ») :




Voilà pourquoi il nommerait, par exemple, le radical gauchiste Manuel Valls premier ministre et cautionnerait, en 2016, la « loi Travail » marrainée par la ministre du Travail Myriam El Khomri, destinée à rapetisser, réduire à la portion congrue les déjà frêles protections accordées aux travailleurs par le Capitalisme modernisateur.
Mais comme ce n'était pas assez, et en dépit d'un tollé énorme dans la rue, voilà pourquoi il fallait nommer héroïquement —après presque 2 ans de Moscovici et 5 mois de Montebourg, et après une réforme bancaire de pacotille, aussi vidée de substance que ses discours— l'en même temps et l'au fond d'Emmanuel Macron au Ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, à Bercy.

Un Macron qui devint plus tard, le 14 mai 2017, Président de la République. Un président qui travaille sans désemparer pour les plus démunis et qui adore les, disons, cessions de participations de l'État (1).

Disons qu'entretemps, l'hôpital français a vu 17 500 lits de nuit fermés en six ans (2013-2019). Selon le ministère de la Santé, et non Poutine, l’hôpital a perdu 5,3 % de ses lits depuis 2013. À eux seuls, les établissements publics en ont perdu 13 631.
Il faut avouer que la haine de la Finance et l'en même temps sont mortifères pour les services de Santé.

Revenons au sérieux. Soudain, le coronavirus se pointa et révéla l'importance stratégique et littéralement vitale d'un service public fort en toute circonstance. Et Macron de lancer à la télé, le 12 mars 2020 —téléprompteur à l'appui, vélotypiste hors d'haleine—, sa première “Adresse aux Français” en l'occurrence, dont voici un extrait particulièrement époustouflant dans sa bouche de fondé de l'oligarchie financière à l'Élysée :
Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai.
Le 27 février, le neurologue François Salachas, de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, avait déjà manifesté au Chef de l'État qu'il fallait refinancer l'hôpital public, qu'« nous sommes au bout... on ne peut plus se contenter d'effets d'annonce »,...  « on est passé par un an de déni »,... Bref : « Vous pouvez comptez sur nous... l'inverse reste à prouver. »

Note : CIH = Collectif interhospitalier, qui a pour but la défense de l'hôpital public. Ce collectif a organisé, par exemple, la démission de plusieurs centaines de chefs de service de leurs fonctions administratives. Le 14 février, ils ont fait une grosse manif : les soignants ont déclaré leur amour à l'hôpital public pour la Saint-Valentin.

Ensuite, le 16 mars 2020, lors d'une nouvelle adresse, beaucoup plus dramatique [soudain plongé dans un bain de réalité, mais attention, beaucoup plus guerrière : il a prononcé six fois « nous sommes en guerre », rhétorique inquiétante dans la bouche d'un Jupiter, Maître du tonnerre (2)], car ça barde —le loup, un nanoloup invisible et Titan, dévore le troupeau ; confinement (presque) total (3), il faut une attestation pour sortir—, il insistait :
Nous gagnerons, mais cette période nous aura beaucoup appris. Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause. Beaucoup de choses que nous pensions impossibles adviennent. Ne nous laissons pas impressionner. Agissons avec force mais retenons cela : le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant. Nous serons plus forts moralement, nous aurons appris et je saurai aussi avec vous en tirer toutes les conséquences, toutes les conséquences. 
Mais en même temps qu'il accordait beaucoup de milliards d'euros aux entreprises, il n'avait aucune annonce à l'endroit des hôpitaux, déjà en situation pénible avant l'arrivée du coronavirus, et il envoie toujours ses fantassins à la « guerre » contre le coronavirus sans gilet pare-balles, après leur avoir serré la main :


Donc, comment dire... Macron, désolé, mais "on connaît la chanson".

Peut-on vraiment croire qu'il a beaucoup appris ? Est-ce possible ? Attendons la suite. Mais l'Histoire nous a beaucoup enseigné. Les dirigeants charismatiques, les hommes d’État (4), sont de grands producteurs de serments et de promesses qui ne leur coûtent pas plus à faire qu'à violer et des stimulateurs de penser en creux. C’est leur fonction. La guerre, c’est la paix ; la liberté, c’est l’esclavage ; l'ignorance, c'est la force. Les hautes et prestigieuses fonctions sont là pour creuser les écarts, les inégalités, les abîmes et, donc, pour tripoter sans vergogne et rendre creux, altérés, abîmés, lunatiques les mots les plus lourdes de sens en leur enlevant toute leur substance. Elles sont là pour évider les mots comme une évidence, pour détourner les mots et, par là, pervertir la perception des pompés, fin prêts à cogiter la tête déroutée, à investir une illusion par l’esprit, voire à s’investir dans la mouvance du Führer à la manœuvre de l’entourloupe cautionnant leur vertueux pompage à fond. On cultive dans nos rangs le consentement, l'intérêt scélérat et la collaboration.


Banderole déployée le soir du 16 mars 2020 à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière.
Source :
@LabasOfficiel (Là-bas si j'y suis, Twitter)



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(1) Faut-il se rappeler l'insolence de son ton comme le racisme de caste et la psychopathie de ses décisions politiques ? L’abrogation de l’ISF, le CICE (allégement de cotisations consenti aux entreprises depuis le début du quinquennat de François Hollande, cadeau impressionnant au patronat. Le principe du CICE est clair : plus une entreprise emploie de personnes à bas salaires (moins de 2,5 smics), plus elle peut réclamer d’aides), la réduction des APL (Aides personnalisées au Logement), la dite flat-tax, son projet de réforme des retraites, son usage massif, mutilant, tueur des LBD40 et des grenades GLI-F4 et de désencerclement contre les Gilets Jaunes ou contre les manifestants du Premier Mai...
(2) Jean de La Fontaine, Les Fables, Livre V, fable X, La Montagne qui accouche :
Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une Souris.

Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.
(3) Confinement qui exclut les exclus et s'avère terrible pour les plus pauvres.
(4) NOTE du 19/3/2020 : et leurs médias libres et pluriels.


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Mise à jour du 25 mars 2020 :

Pascal Marichalar : Savoir et prévoir. Première chronologie de l'émergence du COVID-19.

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Mise à jour du 23 avril 2020 :

Des nouvelles de l'enmêmetantpisme (expliquant sa substance) :
Fin de la blague Macron  
Où l'on voit que le président trader n'a pas tardé à rassurer les puissances d'argent, on s'en doutait.

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Mise à jour du 18 juin 2020 :

Et c'était une blague particulièrement sinistre.
 
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Mise à jour du 6 novembre 2020 :

Encore des nouvelles du gars des leçons du moment que nous traversons, de celui qui se disait prêt à interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies...
Le Monde publie aujourd'hui une tribune signée par un collectif de 200 personnes sur l'approbation en première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 par la majorité macronite :

Le budget 2021 de la Sécurité sociale ne permet pas de financer la totalité des mesures annoncées en juillet lors du Ségur de la santé, alertent, dans une tribune au « Monde », plus de deux cents signataires à l’initiative du Collectif inter-hôpitaux. 
Le Monde - Publié aujourd’hui à 03h02, mis à jour à 07h09.

(...) l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), voté chaque année pour la ville et l’hôpital dans le cadre du PLFSS depuis dix ans, ne couvre pas les besoins.
L’évolution tendancielle des dépenses de santé est chaque année de 4 % environ (correspondant, entre autres, à l’évolution des charges fixes, du coût des pratiques et innovations médicales). Or, l’Ondam voté depuis 2008 n’a jamais dépassé 2,4 %, ce qui est revenu à voter des économies de 1,5 à 2 % chaque année. Voilà ce qui permet aux ministres de la santé successifs de communiquer sur l’augmentation du budget… alors que ce sont des économies qui sont imposées. (...)



mercredi 4 mars 2020

(2019-20) 5e Journal des infos dont on parle plutôt peu

...Car loin du psittacisme médiatique, il y a bon nombre d'événements qui nous interpellent autrement dont on ne parle que peu ou sous l'angle de la propagande unique. Nous essayons de repérer et de glaner des faits/sujets/positions en dehors de l'actu ou de l'éditocratie.
Voici notre cinquième sommaire de cette année scolaire, pour notre conférence de rédaction médiatrice des 26 février et 4 mars 2020.
Merci à mes élèves pour leurs contributions !













lundi 2 mars 2020

Manuel de chansons manuthématiques

Une époque, j'ai beaucoup joui des historiettes et des personnages de Frank Margerin ; je me rappelle surtout Lucien, le rocker à la banane, et son évolution. En classe, on a lu, par exemple, des extraits de Lucien se met au vert, Les “Anti-Noël” notamment. Puis il a créé un autre soi-disant héros, Manu : d'abord L'insupportable Manu (1990), puis L'abominable Manu (1991). Mais l'Histoire, la grande Histoire a été plus forte que lui et, en matière de Manus insupportables, voire abominables, elle en a créé un de particulièrement atroce, comme on n'en fait pas en BD. En fait, je ne l'appelle jamais Manu, vu son sinciput plaqué de hargnosités jupitériennes ; je tiendrais plutôt à le désigner de l'oxymore polysémique Macron le Micro, micro micro. D'autant qu'on nous en mettra un autre, lorsqu'il sera définitivement usé, car ce sont la classe pour laquelle il travaille et ses structures qui commandent*, pas la divinité apparente et apparemment obnubilante. En fait, il est déjà bien cramé. Du coup, on remarque que le nombre de dupes n'est pas tellement élevé en France.
Donc, les étoiles filent, le régime demeure, au moins pour l'instant. Ce que deux ans sont longs, longs, combien ils semblent éternels. Au point qu'il y a un petit chansonnier (recueil de chansons) destiné à traîner dans la boue celui qui s'y vautre volontiers. Et parmi toutes ces compositions satiriques, il y en a qui partagent la source : Renaud.
Hélas, ça fait longtemps que Renaud Séchan, chargé à plusieurs sauces, y compris le prestige, a été phagocyté par le régime, mais heureusement, la rage de ses meilleurs chansons a échappé à cette vampirisation ; elles font aujourd'hui, pour ainsi dire, leur chemin, assez en marge de leur créateur. Quant à moi, "Manu" n'en faisait pas précisément partie, mais elle avait un titre incontournable, trop bon pour ne pas en profiter, et a été reprise ces derniers temps par plusieurs indigné.e.s qui en ont adapté les paroles pour la circonstance. Petit florilège...

Le 27 juin 2018, Agnès Bihl lança en vidéo sa version Ça va, Manu ?, sur l'air de Renaud :

Elle explique : "Ca va Manu? Petite chanson écrite à l'arrache hier, rien que pour toi mon Manu... Pour te remercier du Glyphosate, des violences policières, des futures obsèques du service public et de l'humiliation d'un gamin de 15 ans... entre autres... c'est cadeau!"


Également en juin 2018, sous un titre vianesque, Manu (M. le Président), Lionel Thura a composé ces paroles et réussi cette interprétation sur l'air de Renaud :

La "leçon" infligée par Macron au jeune Joris ne se limite pas à un rappel de courtoisie. Le plus révélateur est ce retour permanent sur une vision de la méritocratie otage de l'économie (réussite = gagner sa vie), avec sa cohorte de dérives libérales… et morales…


Le 8 décembre 2018, sur la même mélodie et sous le titre Eh Manu tu fous l'camp ?!, Franck Laurent proposait cette parodie pour rire jaune, couleur du moment :



Le 23 janvier 2020, lors d’un concert en direct, au Cirque Phénix, en soutien aux grévistes contre le projet de réforme des retraites, Agnès Bihl présentait une nouvelle version de son Ça va, Manu ?
C'était une soirée organisée par la CGT spectacle. De nombreux chanteurs et humoristes se produisaient sur scène, Agnès Bihl commence son interprétation à la minute 1h09'45'' de l'enregistrement ci-dessous :



Aide à la compréhension :
Hé Manu, rentre chez toi, t’es trop plein d’arrogance
Et pour un chef d’État, tu frôles l’indécence
Si tes petits copains déboursaient leurs impôts
Au lieu de s' planquer dans leurs paradis fiscaux
Ça ferait des retraites pour les retraité.e.s
Je sais que tu trouves ça bête, mais bon, ça peut aider
Oh Manu, démission, là y’a saturation
Rien n’est bon dans le Macron, sauf pour les grands patrons

Monsieur le Président, s’il te plaît, va mourir
Monsieur le méprisant, tu mens comme tu respires
Les violences policières, non, ça n’existe pas
Que d’ailleurs Castaner, c’est la mère Thérésa
De Rugy continue de te prendre pour un Dieu
Quand tu nous pisses dessus, BFM dit qu’il pleut
Allez, casse-toi, Manu, cette fois, la coupe est pleine
On t’a tous assez vu, c’est la fin de ton règne

Arrête un peu Manu tes grands airs à la con
Va traverser la rue, c’est la seule solution
Avec un peu de chance, ils embauchent au Mac Do
Ça change de la Finance et d’ailleurs pour info
Tu verras que c’est marrant de ne même pas gagner
Le prix du carburant pour aller travailler
Allez, Manu, ciao, tu manqueras à personne
Sauf, bien sûr, Monsanto, Google et Amazon

Manu dans la vraie vie, y a pas que des milliardaires
Du dimanche au samedi, y a tous ceux qui galèrent
Ceux qui n’ont pas de quoi faire bouillir la marmite
Ceux pour qui les fins de mois commencent à peine le 8
Tous ceux qui ont la dalle et qui osent se plaindre
Alors que les aides sociales coûtent un pognon de dingue
Allez, Manu, va-t’en, maintenant, c’est urgent
Dégage, fous le camps… il faut te le dire comment ?


Allez Manu, casse-toi... ouste !... casse-toi !... casse-toi !!!

En voici la version studio, en ligne depuis le 6 février 2020 :

Ça va manu ? · Agnes Bihl. Album : Il était une femme. ℗ Un Week End A Walden / Signe Particulier.

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Monde Macron ou à propos de traverser la rue/travailler et posséder :

 El Roto - El País, le 23 janvier 2020.