mercredi 27 mars 2013

"Chaos" et "Dimensions" ou les maths pour tout public

Vous aimez les mathématiques ? Je fais état ici d'un site qui vous propose Chaos et Dimensions, deux films produits par Jos Leys (Graphiques et animations), Étienne Ghys (Scénario et mathématiques) et Aurélien Alvarez (Réalisation et post-production).
Diffusés pour tout public sous une licence Creative Commons, ces métrages plongent directement dans des sujets passionnants des maths, cette discipline regroupant différentes branches qui ont pour objet, selon Le Robert, la quantité et l'ordre, l'étude des êtres abstraits (nombre, figure, fonction, etc.), ainsi que les relations qui existent entre eux.
En ce qui concerne leur mode d'emploi, on nous explique —mis à part quelques remaniements de mon cru :
Les films sont disponibles sur YouTube dans différentes langues et c'est la version française que vous trouverez ci-dessous. La version française est également accompagnée de nombreux sous-titres (voir la page Merci). Il est possible de modifier la taille (et donc la qualité) des vidéos et on peut facilement accèder à la liste de tous les chapitres ou passer en mode plein écran grâce aux petits boutons sur le côté bas droit des vidéos. Si vous rencontrez des difficultés pour passer d'un chapitre à l'autre, nous vous recommandons de naviguer sur le site avec l'onglet Les chapitres pour vous rendre directement au chapitre de votre choix.

Ces différents boutons, de gauche à droite, vous permettent de : choisir le chapitre, les sous-titres,  la taille de la vidéo, regarder plus tard, regarder sur YouTube et regarder en mode plein écran.
Vous pouvez télécharger les films en utilisant des logiciels comme YouTube Downloader ou Free Video Downloader. Vous pouvez également télécharger le dossier des sous-titres et lire les films et sous-titres, y compris en bengali, avec le lecteur de votre choix. Vous trouverez quelques conseils supplémentaires et des logiciels que nous avions testés sur la page de téléchargement de Dimensions. Enfin, si vous êtes utilisateurs d'un i-appareil (iPhone, iPad, iPod), il est probable que vous n'ayez pas accès aux boutons ci-dessus : vous pouvez toujours regarder les films via l'app de YouTube, ce qui vous permettra quand même d'avoir accès aux sous-titres.
Par rapport aux contenus, Chaos est...
... un film mathématique tout public constitué de neuf chapitres de treize minutes chacun qui tournent autour des systèmes dynamiques, de l'effet papillon et de la théorie du chaos.
Quant à Dimensions, c'est...

Une promenade mathématique... 

Un film pour tout public.  Neuf chapitres, deux heures de maths, pour découvrir progressivement la quatrième dimension. Vertiges mathématiques garantis !
Trouvez des informations supplémentaires pour chaque chapitre : voir "En détail".

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Téléchargement gratuit et on peut regarder en ligne! 
Vous pouvez commander le film en format DVD.
Maintenant avec encore plus de langues de commentaires et sous-titres :
Commentaires en allemand, anglais, arabe, espagnol, français, italien, japonais et russe.
Sous-titres en allemand, anglais, arabe, bosniaque, chinois, espagnol, français, grec, hebreu, italien, japonais, néerlandais, persan, polonais, portugais, russe, serbe (latin et cyrillique), slovène, tcheque, turc.

vendredi 22 mars 2013

Répression affolée à Salamanque

Alfonso Fernández, Alfón, fut écroué le 14 novembre, journée de grève générale en Espagne. Il demeura 56 jours dans la prison de Soto del Real en régime d'isolement FIES (Ficheros de Internos de Especial Seguimiento, Fichiers ou Registres des Internés au Suivi Spécial). Alfón fut libéré faute de preuves le 9 janvier.
Puis, il avait été invité par le Colectivo Estudiantil Alternativo (CEA) et Acción Antifascista de Salamanque à un colloque universitaire contre la criminalisation des mouvements sociaux ("Contra la criminalización de los movimientos sociales"). Le CEA, c'est le collectif majoritaire au sein des étudiants salmantins.
Ce débat aurait dû avoir lieu aujourd'hui, à 19h, dans la Faculté de Philosophie de l'Université de Salamanque, mais fut déplacé à la Salle des Réunions du syndicat CGT (Calle de Pérez Oliva, 2), à la même heure. Pourquoi ? Parce que M. le Rector (le Président) de l'Université de Salamanque, Daniel Hernández Ruipérez, n'a finalement pas autorisé la participation d'Alfonso Fernández, sous prétexte qu'il manquait "de relevancia" (disons... prestige) pour intervenir dans une institution académique. Son véto est intervenu juste après une campagne médiatique fulgurante et diffamatoire promue par les caciques et les néonazis locaux.

En tant qu'ancien étudiant de l'Université de Salamanque, et professeur circonstanciel dans ses salles de classe à plusieurs reprises, je tiens à dénoncer cet acte de censure (néo et vieux con par-dessus le marché) et adhère au manifeste pour la liberté d'expression qui s'en est suivi —pour signer la pétition, on peut cliquer sur le lien ci-contre. Son premier signataire est le poète salmantin Marcos Ana, un homme admirable qui resta presque 23 ans dans les prisons franquistes.

Viennent maintenant à mon esprit bon nombre de fragments des Chiens de Garde, essai signé et publié par Paul Nizan en 1932 qui est toujours, hélas, d'actualité, car justement, il y dénonçait l'intense soumission des universitaires et des philosophes aux ordres du capital. Il y disait, par exemple, à leur propos :
"Il est grandement temps de les mettre au pied du mur. De leur demander leur pensée sur la guerre, sur le colonialisme, sur la rationalisation des usines, sur l'amour, sur les différentes sortes de mort, sur le chômage, sur la politique, sur le suicide, les polices, les avortements, sur tous les éléments qui occupent vraiment la terre. Il est grandement temps de leur demander leur parti. (...) Lorsque Démétrios assiégeait Athènes, Épicure marchait au milieu des Athéniens. Épicure prenait parti. S'ils refusent publiquement (et je vois d'ici, je palpe d'ici, je mesure d'ici le monceau ordonné de leurs belles raisons, de leurs nobles raisons de refuser la marche parmi nous), alors le moindre adolescent comprendra qu'ils ont en vérité choisi, qu'ils préfèrent réellement —et non par erreur, et non par omission, et non par aveuglement guérissable— leur confort spirituel, et les garanties temporelles de leur confort, aux questions bassement humaines." (Paul Nizan : Les Chiens de Garde)
Monsieur le Rector de l'Université de Salamanque a bien pris parti mais n'est pas Épicure, loin s'en faut. Il a pris parti pour la "relevancia", l'importance, le prestige... du parti pris, de la vérité officielle. Il a obtempéré aux ordres des garants de l'ordre bien établi qui ont vite fait de commencer à couiner. Il aurait pu penser qu'un jeune homme soumis pendant presque deux mois à un régime FIES —pour ensuite être libéré faute de preuves— pourrait s'avérer une vraie autorité en matière de répression libérale (1) ou de dictature du monétariat, mais non —Nizan avait encore oublié d'être con et organique quand il écrivait :
"Il a toujours paru plus facile à l'oppresseur qu'à l'opprimé de s'adapter à l'oppression" (Ibidem)
Ou encore, après avoir transcrit une citation du "clerc" Léon Brunschvicg sur l'indignation que provoque toujours la violation des garanties du justiciable :
"On pense à l'affaire Dreyfus, on se dit qu'il en est bien ainsi. Mais on reprend ensuite dans sa mémoire le jugement et la mort de Sacco et Vanzetti, on pense aux conditions juridiques dans lesquelles se déroulent en Indochine les procès des révolutionnaires : on est bien contraint de conclure que les limites de la pratique cléricale coïncident avec celles des intérêts de la bourgeoisie. Défendre Dreyfus, c'était affirmer la bourgeoisie, défendre Sacco, défendre Tao, au nom de la justice, c'est travailler contre soi, c'est vouloir se détruire. Si la violation de la Justice atteint un prolétaire, la philosophie ne la sent point. L'homme prolétarien est situé en dehors de la philosophie. Il n'a point de titres réels à l'intérêt de la philosophie bourgeoise."
Alfón n'a point de "relevancia"... Ce dernier extrait appartient au sixième et dernier chapitre des Chiens de Garde qui s'intitule Défense de l'Homme ; nous pouvons toujours y lire :
"(...) la bourgeoisie veut détruire les causes extérieures apparentes de son mal et croit qu'elle pourra se remettre avec les anciens remèdes et le renfort de quelques remèdes nouveaux sans abandonner le monde auquel elle tient et qu'elle a fait. Cette défense comportera promptement une division du travail : il appartient aux politiques d'abattre la révolution et aux penseurs de produire des remèdes, de fabriquer des recettes, qui inspireront confiance à la bourgeoisie et persuaderont aux forces mêmes de la révolution de rester liées aux destins bourgeois.

Que font ici cependant les hommes
qui ont pour profession de parler au nom de l'Intelligence et de l'esprit ? Que font ici les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ?
Ils gardent encore leur silence. Ils n'avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L'écart entre leur pensée et l'univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. Et ils n'alertent pas. L'écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu'il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barrière. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d'attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire.
"

(1) "Cuanta más libertad se otorga a los negocios, más cárceles se hace necesario construir para quienes padecen los negocios." (dixit Eduardo Galeano dans son introduction à Las venas abiertas de América Latina, Siglo XXI Editores, México, 1971 ; dernière édition en date : Siglo XXI de España Editores, Tres Cantos, Madrid, 2011)

dimanche 17 mars 2013

Forbes démontre Archimède et la gravité n'existe pas dans la Finance

La matemática tiene padre: es Arquímedes, quien
en el siglo III a.C. intuye casi todo: el cálculo de
números como el omnipresente π, el cálculo
infinitesimal, el cálculo integral, la teoría de los grandes
números, la combinatoria, la geometría de las cónicas,
la geometría de los poliedros, los volúmenes y
superficies de revolución, las sucesiones y series de
números, la reducción al absurdo en lógica...
Jorge Wagensberg, Sólo se puede tener fe en la duda.
Pensamiento concentrado para una realidad dispersa
Tusquets Ed., Barcelona, février 2018, [37]
(Citation ajoutée en juillet 2018)



Le risque économique était traditionnellement l'atout de celui qui avait quelque chose à risquer ; la majorité de la population s'en passait car elle n'avait que le travail (le salariat, la petite initiative entrepreneuriale ou la coopérative) pour accéder à des revenus autorisant la survie, d'abord, et puis, éventuellement, quelques joies.
Les aventuriers du Grand Capital d'aujourd'hui sont des profiteurs qui ont supprimé le risque de leurs "investissements" : si ces spéculations vont bien, ils empochent l'argent ; si elles s'avèrent un pur délire, ils empochent tout de même le pognon et nous transfèrent les retombées ruineuses de leurs innovations. Pourquoi ? Parce que c'est le Grand Capital qui contrôle les pouvoirs publics —y compris le trésor public— et la propagande (par le truchement de dealers politiques, experts et journalistes de garde), et il s'en sert à loisir.
Benoît Mandelbrot, l'inventeur de la théorie mathématique des fractales, déclarait en 2009 au quotidien Le Monde :
Les gens ont pris une théorie inapplicable - celle de Merton, Black et Scholes, issue des travaux de Bachelier qui datent de 1900 -, et qui n'avait aucun sens. Je l'ai proclamé depuis 1960. Cette théorie ne prend pas en compte les changements de prix instantanés qui sont pourtant la règle en économie. Elle met des informations essentielles sous le tapis. Ce qui fausse gravement les moyennes. Cette théorie affirme donc qu'elle ne fait prendre que des risques infimes, ce qui est faux. Il était inévitable que des choses très graves se produisent. Les catastrophes financières sont souvent dues à des phénomènes très visibles, mais que les experts n'ont pas voulu voir. Sous le tapis, on met l'explosif !
En effet, les catastrophes financières sont souvent dues à des phénomènes très visibles que les experts et les grands journalistes s'évertuent à escamoter. D'ailleurs, ces marchands de statu quo sont payés pour ça, et grassement. Car ils savent que la Banque ne perd jamais dans ce casino et que les catastrophes ne concernent que les petits porteurs et les non porteurs, c'est-à-dire, les simples mortels.

Traditionnellement le trésor public servait à couvrir les frais des services publics et, mis à part les taxes et les impôts indirects, il existait un système de prélèvements directs et progressifs fournissant des sommes conséquentes à la caisse commune. Cette progressivité fut constitutionnalisée dans certains États, comme l'Espagne (cf. Constitution espagnole, article 31.1).
Comme la contre-réforme fiscale libérale a réduit, voire supprimé les impôts des très riches (le génie fiscal, la fraude, l'évasion et les paradis complétant les bonnes œuvres de la contre-réforme) et que le Trésor public se destine de plus en plus à transférer —de mille manières— des quantités énormes et croissantes au grand Capital, les grands vautours de la Finance se sentent parfaitement en sécurité, parce qu'ils le valent, et se foutent pas mal des actifs toxiques et des margin calls ; du coup, contrepartie sociale, nous voilà soudain tous (les simples mortels) condamnés à l'insécurité sociale.
Ajoutons, pour parachever le tableau, que l'avidité actionnariale a condamné le salariat traditionnel, qui est remplacé aujourd'hui à toute plombe par un état de choc mélangeant précariat (1) et chômage hypertrophié.

Pourtant, une lecture régulière des moyens de communications de masse risquerait de faire croire que la "crise" atteint à peu près tout le monde, qu'il s'agit d'un problème qui nous concerne tous, un peu comme la grêle soudaine, alors que, bien évidemment, ce n'est pas ça exactement, comme on a tout loisir d'imaginer au moins depuis la formulation du principe d'Archimède, déjà évoqué ici.
En effet, la théorie nous explique que la poussée d'Archimède est la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans un fluide (liquide ou gaz) soumis à un champ de gravité. Ce principe se formule habituellement ainsi : « Tout corps plongé dans un fluide au repos, entièrement mouillé par celui-ci ou traversant sa surface libre, subit une force verticale, dirigée de bas en haut et opposée au poids du volume de fluide déplacé ; cette force est appelée “poussée d'Archimède”. »

Analysons la force de cette poussée de manière pratique, à la lumière verbi gratia de la liste Forbes des "milliardaires" paraissant depuis 27 ans ; je vous rappelle que pour y figurer, il faut disposer d'une "Ten-figure fortune", c'est-à-dire, d'une fortune à dix chiffres mesurée en dollars.
Eh bien, il y a 27 ans, en 1986, on recensait 140 milliardaires sur la planète.
En 2007, on en dénombrait 946 (cumulant 3.500 milliards de dollars).
En 2008, 1.125 (concentrant 4.400 milliards de dollars).
En 2009, juste 793 (réunissant seulement 2.400 milliards de dollars) : une baisse de 373 Übermenschen (dont seulement 18 morts). Année d'étourdissement vite rattrapée car...
En 2010, retour à la normale, le crescendo (et des montants détenus par les richissimes et de leur nombre) ; les grands nantis étaient 1.011 sur la liste Forbes et totalisaient 3.600 milliards de dollars. L'article du magazine précisait :
(...) In his annual shareholder letter Buffett wrote, "We've put a lot of money to work during the chaos of the last two years. When it's raining gold, reach for a bucket, not a thimble."
Many plutocrats did just that. Indeed, last year's wealth wasteland has become a billionaire bonanza.
 
La terre gaste où nous crevons est devenue une aubaine milliardaire. Reach for a bucket... Quand il pleut de l'or, sortez un seau, pas un dé à coudre... Et ce n'est pas moi qui le dis.
À propos d'aubaines, soit dit en passant, un journal gratuit espagnol publiait il y a quelques jours que les capitaux étrangers "optaient pour l'Espagne" (2) et "étaient en train de sauver les ventes immobilières dans quelques régions espagnoles" :
Los extranjeros apuestan por España: un 30% más de compras en 2012.
Los rusos ya son segundos, tras los británicos. Los extranjeros están salvando la venta de viviendas en algunas zonas de España, básicamente las de carácter turístico. Si ya en 2012, frente a la caída de las compraventas, crecieron las adquisiciones por parte de ciudadanos extranjeros, este 2013 se mantiene la tónica.
Según el Consejo General del Notariado, 38.312 ciudadanos extranjeros compraron una vivienda en España en 2012. Los datos indican que crece el número de extranjeros no residentes que compra casa en nuestro país, respecto al 2011, un 28,4% más. En el inicio de la crisis, en 2007, fueron 41.787 los extranjeros que optaron por adquirir una propiedad en España. (…)

Transsubstantiation du lexique, "rafler" devient "miser sur", "s'arracher les dépouilles d'un mourant", "sauver les ventes immobilières" et "profiter de la ruine d'autrui", "opter pour acquérir" *.

Continuons. En 2012, on comptait 1.226 nababs qui disposaient en moyenne de 3,7 milliards de dollars. Une croissance de 16 titans par rapport à 2011, qui avait déjà été "A Record Year In Numbers, Money And Impact - This 25th year of tracking global wealth was one to remember. The 2011 Billionaires List breaks two records: total number of listees (1,210) and combined wealth ($4.5 trillion)". Dit en français, en 2011, 1.210 moghols se partageaient environ 4.500 milliards de dollars.
Cette année 2013, la liste Forbes de ces ploutocrates qui façonnent (shape) le monde a atteint le chiffre de 1.426 noms, soit 200 de plus que l'an dernier. L'addition de leurs fortunes égalerait 5.431.810.000.000 dollars (somme qui multiplie par six celle de l'année 2000, il y a à peine 13 ans...). Joli montant : s'ils composaient un pays, ils seraient le quatrième le plus riche du monde tout près du troisième, le Japon.

Donc, on voit bien que le volume des liquidités déplacées vers le haut par les contre-réformes et par l'assistanat aux grands égale l'addition des soustractions (coupes budgétaires dans les services publics, réductions et non indexations salariales, suppression ou diminution des prestations, etc.) opérées en bas, autrement dit, que la force verticale dirigée de bas en haut n'est que le transfert de richesse du monde du travail (qui chôme en partie non négligeable ou se précarise) vers le monde du grand Capital (qui travaille, Buffet dixit) et des grands Loisirs.
Bref, on vérifie que la gravité n'existe pas en Haute Finance, ce qui explique qu'au lieu de trickle down effect ("effet de ruissellement"), on ait plutôt trait à un trickle up effect : oui, il pleut à l'envers en Économie. Et à seaux (buckets) par ces temps-ci, comme on vient de voir : ce ne sont pas les Atlas qui soutiennent les peuples, mais les peuples qui soutiennent, supportent et financent les Atlas.
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(1) Néologisme que j'emprunte au sociologue Robert Castel, décédé le 12 mars.

(2) C'était l'idée sous-jacente bien que le quotidien en question employât une expression traduisible, en principe, par "misaient sur". L'ombre de "to bet" est allongée... et tout bête, bien entendu.

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* Mise à jour du 20/10/2013 :

El Mundo
El Economista
eldiario.es

mercredi 13 mars 2013

L'Histoire par l'image

L'Histoire par l'image est un site conçu pour l'apprentissage de l'Histoire de France à travers la consultation d'images de tout poil. Vous pouvez y procéder à des recherches thématiques, chronologiques, par index ou "avancées". Le portail fournit en plus beaucoup d'études thématiques avec animation. Ils en publient en écho à des expositions ayant lieu en France -par exemple, à la Maison Balzac ou à la Maison Victor Hugo, ces derniers temps. L'image d'aujourd'hui 13 mars illustre un sujet majeur du XIXe siècle...

Talleyrand au Congrès de Vienne et la déclaration du 13 mars 1815

Le site a été réalisé à l'initiative des ministères français de la Culture et de l'Éducation nationale, et des musées nationaux français. Ils s'expliquent ainsi :

L’Histoire par l’image explore l’Histoire de France à travers les collections des musées et les documents d'archives.
Ce site s’adresse aux enseignants et à leurs élèves mais aussi aux curieux et à l'amateur d'art et d'histoire.
Actuellement en ligne sur L’Histoire par l’image :
2291 œuvres, 1214 études et 119 animations

vendredi 1 mars 2013

Une émission sur les mystères de la dette : qui empoche l'argent ?

"Peu importe que le chat soit blanc ou noir
du moment qu'il attrape les souris.
"
Deng Xiaoping, puis Felipe González.

"L'Espagne est le pays d'Europe et peut-être du monde
où l'on peut gagner le plus d'argent à court terme.
Il n'y a pas que moi qui le dis : c'est aussi ce

qu'affirment les consultants et les analystes boursiers."
Carlos Solchaga, ministre de l'Économie et des Finances
du gouvernement "socialiste" de Felipe González,
le 4 février 1988, au Palais des Congrès de Madrid.

Harald Schumann, essayiste et journaliste allemand que nous avons déjà cité ici (1), a voulu connaître les dessous d'une "crise", la nôtre, provoquée par un système de faucons avides —et affranchis de tout risque— qui ne roule donc qu'en roulant des dindons, les vrais cons, dans la farine. À ce propos, en collaboration avec Árpád Bondy, il a mené une enquête en Irlande, en Espagne, à Bruxelles et en Allemagne.
On connaît la chanson : on nous contraint à payer des dettes contractées par des tarés (2), et la diète de la dette n'est ni éthique ni diététique, c'est plutôt un Régime. Époustouflés et excédés, nous voulons savoir exactement pourquoi une belle partie "des risques des investisseurs privés est prise en charge par les États", donc par nous les contribuables, et quels sont "nos" créanciers, les gros poissons bénéficiant des plans de sauvetage qui nous con-damnent, nous, des millions de con-citoyens européens (3).
Comme réponse à nos questions, nous n'avons droit qu'au secret le plus épais, un silence "cousu de fil blanc", retentissant : "L'opinion publique n'a accès à aucune donnée précise", constate Harald Schumann. Peut-être parce qu'on a socialisé une dette privée et que l'on a du mal à justifier des doses si exagérées d'Interventionnisme du Capitalisme d'État Libéral au Service d'une Élite dans l'Économie de Marché et des Risques (Sachons, soit dit en passant, que l'argent des petits investisseurs est appelé "de l'argent stupide" dans le jargon des affaires). En effet, le peuple a du mal à saisir que pour couvrir les délires des agioteurs (4), on ferme des hôpitaux et on cache l'information à ce sujet par-dessus le marché.
Bref, voici le résultat de l'enquête de Schumann : Quand l'Europe sauve ses banques, qui paye ? Il s'agit d'un reportage diffusé avant hier sur ARTE que je vous insère un peu plus bas. Attention notamment aux réponses sado-masuchistes des employés (tour à tour pétulants, cyniques ou fatalistes) des faux-cons qui en disent long sur le degré de crétinisme dont ils nous croient capables (5). Puis, il est vrai qu'on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace : celle qu'arbore Joaquín Almunia (vice-président de la Commission européenne et commissaire à la Concurrence, ultra sic) juste à la fin de cette enquête, après avoir débité "on ne peut pas être les seuls à dire la vérité", est particulièrement démentielle.

Vous pouvez lire d'abord la présentation de l'émission :

QUAND L'EUROPE SAUVE SES BANQUES, QUI PAYE ?
50 milliards d'euros en Grèce, 70 milliards en Irlande, 40 milliards en Espagne : au sein de la zone euro, les États se sont vus contraint les uns après les autres - moyennant des sommes astronomiques - de venir en aide aux banques pour compenser les pertes subies suite à des prêts pourris. Mais qui sont les bénéficiaires de telles opérations ?
C'est en posant cette question très simple qu'Harald Schumann, essayiste en économie et brillant journaliste, sillonne l'Europe. Et obtient des réponses pour le moins sidérantes. Car ceux qui ont été "sauvés" ne se trouvent pas - comme on tend à vouloir nous le faire croire - dans les pays en détresse, mais surtout en Allemagne et en France. En effet, une part importante des sommes débloquées finit dans les caisses des créanciers de ces banques sauvées. Quant aux financiers qui ont fait de mauvais investissements, ils se retrouvent protégés contre toute perte aux frais de la collectivité. Et ce contrairement aux règles de l'économie de marché. Pourquoi ? Qui encaisse l'argent ?

(Allemagne, 2013, 52 minutes)
RBB

Date de première diffusion :
Mar., 26 févr. 2013, 22h23



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(1) Hans-Peter Martin und Harald Schumann: Die Globalisierungsfalle. Der Angriff auf Demokratie und Wohlstand. Rowohlt 1996.
Publié en français par Actes Sud, coll. Babel, novembre 2000 (traduction d’Olivier Mannoni sous le titre Le Piège de la Mondialisation). Et en castillan, la même année, par Taurus.

(2) Stephen Donnelly, député irlandais de centre droite, déclare : "La BCE oblige une nation à renoncer à sa souveraineté juste pour renflouer je ne sais quels investisseurs. La BCE agit illégalement".

(3) Du grand cru du social-libéralisme ; Schumann évoque, par exemple, le cas de Hypo Real State, banque immobilière allemande "victime" des subprimes en 2008, notamment depuis le dépôt de bilan de Lehman Brothers. Il explique que les gros poissons qui ont bénéficié du sauvetage de HRS en Allemagne étaient Unicredit SA, Deutsche Post AG, DZ Bank AG, Deutsche Bank AG, Commerzbank AG, Deutsche Apotheker-und-Ärztebank...
Schumann nous rappelle également au fil de son enquête que la Banque des Règlements Internationaux (la « banque centrale des banques centrales ») nous permet de consulter, par le biais de son service de statistiques, les transactions mondiales et les créanciers de cette foire à la liberté économique.

(4) Agiotage :
  « L'étude et l'emploi de manœuvres les moins délicates pour produire des variations inattendues dans le prix des effets publics et tourner à son profit les dépouilles de ceux qu'on a trompés » ().  spéculation.
Agioteur :
Aujourd'hui, spéculateur utilisant des informations obtenues plus ou moins malhonnêtement pour influencer le cours des valeurs à son profit.  initié. (Définition du Petit Robert)

(5) Le pompon revient probablement à Wolfgang Schäuble, membre de la CDU et ministre merkelien des Finances (ah la fine Hanse), qui exhibe une insolente pétulance ou une pétulante insolence —allez savoir !— de maître d'école allemand (aurait dit mon ami Golo Mann, j'en suis persuadé). 
Brian Hayes (Ministre Adjoint irlandais des Finances) nous explique que cette politique a été imposée à son peuple par la BCE et "ce qui compte, c'est que le peuple irlandais doit payer l'addition". Le reportage nous rappelle qu'en Irlande, le niveau de vie est descendu en moyenne de 25% en cinq ans, 80% des foyers comptent au moins un chômeur et chaque individu (y compris les bébés) paie mensuellement 300 € à l'étranger, "un fardeau colossal", intenable. Hayes nous laisse un message à la fin du reportage : "Transférer toutes les dettes des banques à l'État est une terrible erreur".
Justement, en ce qui nous concerne, De Guindos considère la spoliation du peuple espagnol pour combler les trous (placements délirants) des spéculateurs comme la condition sine qua non de la création d'un climat de confiance (selon Harald Schumann, les emprunteurs espagnols avaient contracté en trois ans, jusqu'en début 2008, 322 milliards d'euros auprès de banques allemandes et françaises. Évidemment, le plus gros était placé dans l'immobilier car ils étaient prêts à carreler la péninsule, si ça se trouvait. Où bronzaient les régulateurs ?). Oui, l'arnaque de cette majorité qui ne peut vivre que de son travail n'est pas révoltante car elle vise un grand bien : la multiplication du pèze des grands banquiers et des grands actionnaires ; lorsqu'ils empochent les sommes mirobolantes dont ils ont besoin, la con-fiance est rétablie. Car cela fait chier et que l'on obtient de la fiente de con, ou de pigeon, en fonction du registre linguistique.

Quant aux sommes "injectées", c'est-à-dire "shootées", dans notre système bancaire, De Guindos assure qu'il s'agit de 20 milliards d'euros plus un prêt de 40 milliards du Fonds européen de Stabilité financière (FESF). Juan Ramón Rallo, du très libéral Institut Juan de Mariana, corrige le ministre et apporte le chiffre de 90 milliards.