dimanche 30 janvier 2011

Charlatans et menteurs

Ces jours-ci, nous assistons à quelques exemples nord-africains qui prouvent que les charlatans, les voyants et les strausskahns ne l'emportent pas toujours forcément. Parfois on se demande pourquoi les choses ne pourraient pas se passer comme dans la vidéo qui suit :


Notre cher Chamfort (1741-1794) écrivit quelques maximes et anecdotes inspirées par charlatans et menteurs. En voici un exemple :
M. de..., menteur connu, venait de raconter je ne sais quel fait peu croyable. « Monsieur, lui dit quelqu'un, je vous crois ; mais convenez que la Vérité a bien tort de ne pas daigner se rendre plus vraisemblable. »
Chamfort : Maximes, pensées, caractères et anecdotes ; Garnier-Flammarion, Paris 1968 (Appendice II, nº 1305)
Ce qui impressionne, c'est que, malgré son piteux état, la Vérité des menteurs est toujours servie avec dévouement par une énormité invraisemblable de fidèles.

mercredi 26 janvier 2011

Pierre Bourdieu, sociologue énervant

Le portail du magazine de l'Homme moderne héberge plusieurs sites dont un consacré à Pierre Bourdieu (1930-2002). Éric Chabel, son concepteur, explique ses motivations et signale que ce site n'a rien d'officiel :
Il est tenu à titre personnel, depuis septembre 1998. Je remercie tous ceux qui m'ont signalé ou envoyé des textes, les traducteurs, Raphaël Desanti qui m'a longtemps aidé.
Son but était de donner à lire des textes de Pierre Bourdieu ou traitant de son travail. Bourdieu est mort, mais rien n'a changé, ce travail reste utile, à mon sens.
Au menu, l'internaute peut accéder aux contenus suivants :


Pierre Bourdieu
Avec Bourdieu
Presse; Textes anti- ou pro-
Abécédaire Bourdieu
Liste de discussion
Sites extérieurs***

Ce pourrait être une manière de commencer à connaître les textes et les idées de l'auteur de La Distinction, Ce que parler parler veut dire ou La Domination masculine. Bref, d'un type que dédia le plus clair de son temps à analyser la langue légitime, les mécanismes de hiérarchisation et domination, la confusion génétique (ou biologie) - culture (ou histoire ou société), ou à développer son concept de "habitus". Ses textes prouvaient, plus qu'il ne le pensait et sans contester l'importance du symbolique et du social, que sociologie et Économie sont deux disciplines au service de deux causes ouvertement antagonistes ; la première tient compte des êtres humains, la seconde complote contre eux en stimulant la guerre de tous contre tous et son seul horizon est cette Terre Gaste (1) qui constitue le dernier théâtre des méditations du Merlin de Michel Rio. D'ailleurs, lors des événements de mai 68, Pierre Bourdieu eut la présence d'esprit de rompre avec Raymond Aron (taupe des grands pouvoirs étasuniens, pilier de ce libéralisme qui n'a vraiment eu d'autre issue que la prédation à outrance et la consolidation d'inassouvissables Marchés convoitant même la part des sans-part, pour transposer la formule de Jacques Rancière). C'est dire s'il oublia vite fait d'être traître aux victimes du genre humain.

(1) Michel Rio : La Terre Gaste, Le Seuil, Paris, 2003. Un opuscule qui est une œuvre majeure.


NOTE DE JANVIER 2012 : À cent contre un, article de Pierre Rimbert sur Bourdieu, Le Monde diplomatique, janvier 2012.

vendredi 21 janvier 2011

Travail et chanson

Le travail, c'est la santé ? Travailler, c'est trop dur ? Le travail, entraîne-t-il la bonne vie ou juste le contraire ? Pourquoi y a-t-il autant de nantis parmi ceux qui ne travaillent pas ? Pourquoi on utilise le mot "travail" pour des concepts tellement différents ? On peut se poser beaucoup de questions de ce genre et nous avons pas mal de livres -signés par Thorstein Veblen, André Gorz, Gilles Châtelet et autres Rafael Sánchez Ferlosio- comportant des remarques éclairantes à cet égard.
Pour l'instant, dans le but de vous aider à compléter vos activités au sujet du travail, vocabulaire et coordonnées, je vous suggère aussi des chansons.
La Cité des Sciences et de l'Industrie et le Hall de la Chanson vous proposent un florilège d'œuvres musicales évoquant les liens entre celles-ci et le monde du travail. En écoutant ces pièces, vous aurez la possibilité de secouer un petit peu vos certitudes et de rénover vos idées là-dessus. Attention, ce ne sont que des fragments de 30" ; si vous voulez écouter ces compositions dans leur intégralité, il vous faudra suivre leur piste...
La page distribue ses morceaux choisis en sept rubriques : en ville, du charbon à l'usine, sur la route / sur la mer, aux champs, femmes, farniente, chômage et luttes.

Le Hall de la Chanson :  Centre national du Patrimoine de la Chanson, soutenu par le Ministère français de la Culture et la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique). Podcasts et vidéos.
Cité des Sciences et de l'Industrie.

mardi 18 janvier 2011

Les restavecs (ou restavèks) d'Haïti

Un an après le terrible séisme d'Haïti, la vie est pénible pour la plupart de ses habitants. Bien entendu, ce sont les plus vulnérables qui en souffrent le plus : les femmes (le nombre de viols est brutal), les handicapés, les enfants... Si vous cherchez le mot "restavec" dans Wikipédia, vous pourrez lire :
Les restaveks (restavèk en créole haïtien, dérivé du français reste avec) sont une des catégories d'enfants d'Haïti vivant dans une famille autre que leur famille biologique. Ce terme ne recouvre aucune définition juridique mais a une acception très péjorative dans le contexte haitien. Il sert à désigner les enfants - mais aussi des adultes - qui sont traités comme domestiques sans aucun respect pour leur dignité. Toutefois, tous les enfants vivant dans une famille autre que leur famille biologique ne sont pas des "restavèk" dans la mesure où il est très courant, dans les Caraibes, qu'un enfant soit pris en charge par des membres de sa parentèle avec le consentement de ses parents.
Haïti Culture, le site culturel de la communauté haïtienne de Suisse, consacre une toile aux restavèks. Je vous conseille de la lire en entier, mais je vous avance l'explication qu'on nous donne au sujet des conditions de vie de ces gosses :
Des raisons principalement économiques poussent les familles pauvres des zones rurales à "donner" un de leurs enfants à des familles citadines en mesure de leur offrir un peu de nourriture et un coin pour dormir, espérant ainsi, assurer à leur enfant une vie plus décente.
Le placement des enfants comme domestiques est une pratique ancienne, mais l'aggravation de la situation politique et économique des dernières décennies a largement contribué à augmenter le nombre des enfants ainsi placés.
Le travail d'un enfant domestique est souvent très dur, jusqu'à l8 heures par jour. L'enfant-restavek, parfois âgé de 5 ans seulement, fréquemment sous-alimenté, ne reçoit aucune instruction et aucun salaire, la loi haïtienne ne prévoyant pas de rémunération pour ce type de travail. L'enfant "restavek" subit, parfois, des violences physiques ou sexuelles. Il est souvent coupé de tout lien avec sa propre famille, en raison des distances qui les séparent, de l'analphabétisme et de l'absence de tout moyen de communication. 
Un reportage récent du journal canadien Le Devoir, concrètement du 15 janvier, fait état d'une situation calamiteuse : en Haïti, un enfant sur dix serait utilisé comme domestique, voire comme forçat...
En Haïti, au moins 400 000 enfants, aux trois quarts des filles, vivent en domesticité. Au service de leurs maîtres, ces enfants sont généralement traités comme des moins que rien. Notre collaboratrice Monique Durand s'est intéressée à une question au centre d'un débat national dans ce pays, qui rouvre la plaie jamais refermée du passé esclavagiste de l'île.

Ils sont debout depuis 4h ou 5h le matin. Ils ont dormi sous la table de la cuisine de leur maître. Ils ont parfois seulement six, huit ou dix ans. Ils ont balayé, astiqué, récuré toute la journée. Ils ont reconduit les enfants du maître à l'école. Ils sont allés chercher de l'eau, du bois, du charbon. Ils ont fait des courses, préparé des repas. Ils n'ont pas mangé à leur faim, ont été battus, insultés, humiliés tout au long du jour. Le soir venu, les plus «chanceux» vont à l'école. Mais pas à la même école que les enfants de leur maître. Non. Ils vont à l'école des restavèks, entre 17h et 20h, quand ils sont à moitié crevés et titubants de fatigue, et quand les enseignants n'en peuvent plus eux non plus. (...)
Lire la suite et d'autres infos sur Haïti
.
Encore l'esclavagisme. Et d'enfants. Que dire. Il faut ne pas oublier Haïti.

____________________________
Mise à jour du 2 mars 2015 :
Emmanuelle Bastide a proposé le 18 février 2015 un reportage radiophonique au sujet des Restaveks. C'était dans 7 milliards de voisins, sur RFI :
Les restaveks d’Haïti sont des enfants qui ont été placés et qui sont honnis par la population. Bien souvent exploités, placés en domesticité, ils sont privés d’affection, d’éducation, et même martyrisés. Le tremblement de terre de 2010 a empiré la situation de ces enfants sans famille. Le père Miguel Jean-Baptiste se bat, depuis des années, pour améliorer la vie de ces enfants.

lundi 17 janvier 2011

La Tunisie où la macroéconomie du FMI allait si bien

(...) Pitié pour la nation qui acclame le tyran comme un héros
et prend le conquérant en grande pompe pour un bienfaiteur…
Pitié pour la nation qui dédaigne une passion dans son rêve et
s’y soumet à son réveil… Pitié pour la nation qui n’élève la voix
que lors des funérailles, ne tire gloire qu’au milieu de ses ruines
et ne se révolte que lorsque son cou se trouve entre l’épée et le billot…
Pitié pour la nation dont le politicien est un renard, dont le philosophe
est un bateleur et dont l’art est celui du rapiècement et de la contrefaçon…
Pitié pour la nation qui accueille son nouveau souverain
au son des trompettes et lui fait ses adieux sous les huées
pour en accueillir de nouveau un autre au son des trompettes
… (...)

Gibran Khalil Gibran (Bcharré, Liban ; 1883-1931) :
Le Prophète, 1923 (réed. Albin Michel 1990, 1996
).

À cette heure-ci, chacun devrait éprouver des frissons troubles rien qu'en écoutant que "l'Économie va bien". Cela fait longtemps que le mot "économie" ne veut plus dire Art de bien administrer une maison, mais Art de se faire des sommes folles sur le dos de populations complètes. Le terme équivaut maintenant aux grands chiffres concoctés par des gourous experts en magouilles —allègrement relayés par des médias qui ne sont que la courroie de transmission des grands pouvoirs et de leur argot mensonger et bourreur de crânes ; c'est ainsi que lorsque la macroéconomie croît, on nous dit que l'économie "va bien", même si visiblement, on en crève.
Le cas de la Tunisie est un exemple évident du cynisme de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui gouvernent l'Économie mondiale : la population de ce pays maghrébin connaissait de graves difficultés, l'accès à un emploi rémunéré s'avérait extrêmement difficile, la microéconomie ne faisait que chuter, mais la Tunisie était, comme l'Argentine pré-Corralito, un très bon élève du FMI (Fonds Monétaire international ou Fraude mondiale innocente) et son Économie, un parangon pour l'orbe. La tyrannie en place n'avait aucune importance et l'injustice économique flagrante était un simple détail sans valeur comptable, contrairement aux performances très économiques du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, l'un des meilleurs amis de l'or. Donc, le 18 novembre 2008, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI et grand serviteur du grand capital, acceptait volontiers et ému d'être décoré par le dictateur tunisien et élevé au grade de « Grand officier de l'ordre de la République ». Il profitait de l'occasion pour transmettre l'évidence : l' « économie tunisienne va bien », et rappelait le jugement très positif du FMI sur la politique tunisienne, « saine » et « un bon exemple à suivre ». Au bout du compte, DSK se connaît en la matière après avoir bradé le patrimoine commun des Français. N'oublions que c'est lui, adorateur des fonds de pension et d'une fiscalité amicale pour les stock-options, qui avait piloté, comme ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie du gouvernement Jospin, les processus de privatisation de France Télécom, EADS, Thomson, Air France, Airbus, Autoroutes du Sud de la France... ou du secteur financier public qu'il a entièrement liquidé : Crédit Lyonnais, Crédit Foncier de France, GAN, CIC, Marseillaise de Crédit, le groupe Caisse d'Épargne...


« En Tunisie, les choses continueront de fonctionner correctement », concluait le loup... Oufffff. Je ne sais pas ce que va donner cette révolution sociale tunisienne où se sont immolées ou ont été assassinées des dizaines de personnes. Je ne sais pas de quoi vont accoucher ces terribles sacrifices : de sons de trompettes comme ceux évoqués par Khalil Gibran ? La dernière dépêche que j'ai lue là-dessus souligne que...
Le premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a annoncé la formation d'un gouvernement chargé de gérer la transition jusqu'à la tenue des prochaines élections. Les ministres de la défense, de l'intérieur, des finances et des affaires étrangères sont reconduits à leur poste. Trois responsables de l'opposition font leur entrée au gouvernement. (AFP et Reuters)
Mohamed Ghannouchi, un membre du régime de Ben Ali. Ben Ali, soutenu jusqu'à la dernière minute par le gouvernement Sarkozy qui lui proposa même "une coopération policière" à travers Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires Étrangères (1). C'était le mardi 11 janvier, devant l'Assemblée nationale française, et le gouvernement tunisien avait déjà reconnu un bilan de 21 civils tués par balles. Ben Ali, fondateur du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) de Tunisie, parti politique faisant parti de l'Internationale socialiste. [Note postérieur : dont il n'a été exclu que le 18 janvier 2011]
Les forces en présence contre le peuple tunisien sont et seront trop puissantes. We will see to that, conclut Robert Fisk dans un article publié aujourd'hui par The Independent qui m'a suggéré la citation de Khalil Gibran. Et puis, la survie est une affaire de tous les jours et termine par épuiser presque tout un chacun : elle pompe trop d'énergies. Saluons en tout cas la digne réaction des jeunes tunisiens et espérons que la nouvelle donne comporte un peu plus de justice dans leur pays que le statu quo ante.
Cette année où les jeunes tunisiens —jusqu'à présent Candides terrorisés dans et par la meilleure des Économies— se sont dit qu'il fallait faire quelque chose et ont fait la révolution, je vous colle ci-dessous quelques "informations" que nous avons pu lire ces derniers temps à propos de la Tunisie. Elles prêtent à réflexion.

TUNISIE : La révolte du bassin minier de Gafsa
Depuis le début de l’année, le bassin minier de Gafsa, en Tunisie, est en état d’ébullition sociale. Dans cette région d’exploitation du phosphate, la Compagnie des Phosphates de Gafsa règne en maître absolu. Elle est appuyée par le régime despotique et corrompu de Ben Ali. Outre la pollution liée aux activités d’extraction et de traitement, la pauvreté et le chômage de masse ont déclenché un vaste mouvement de protestation.
Les travailleurs et les jeunes du bassin minier se mobilisent pour leur dignité, pour des emplois, pour de meilleures conditions de logement, de santé et d’éducation. Ils dénoncent un régime de spoliation, de pillage économique et social. Les grèves se sont multipliées. Les enseignants, certaines branches de la fonction publique et même des petits commerçants se sont mobilisés.
(Site du CETRI, le 10 juin 2008)
_________________________________________
Tunisie : le FMI salue un bon élève
Écrit par Médiaterranée
Samedi, 05 Juillet 2008
Le Fonds monétaire international ( FMI) salue "l'excellente performance économique" tunisienne en 2007, selon le journal tunisien "Le quotidien" et suite à une récente mission de l’institution à Tunis. L’institution dresse un tableau fort positif de la situation dans ce pays. Il est question de « bonne gestion de l'économie ». Selon le FMI, la politique sociale également continuerait « de porter ses fruits ». Et de décliner : « une accélération de la croissance, une amélioration des indicateurs sociaux et la préservation des grands équilibres macroéconomiques".
(...)
"Les recettes de la privatisation ont permis de ramener la dette publique de 53.9% du produit intérieur brut (PIB) en 2006 à 50.9% en 2007, tandis que le niveau des réserves en devises étrangères a atteint plus de 8.5 milliards de dollars", a fait remarquer la mission du FMI.
Le rapport a également noté que le déficit du compte courant s'était creusé, passant de 2% du PIB en 2006 à 2.6% en 2007, dû essentiellement à une dégradation des termes de l'échange. (Source: Xinhua)
Il reste que les critères du FMI, qui s’appliquent aux seuls facteurs d’ordre économique et financier, ne permettent pas d’apprécier la situation du pays au plan social. Les recommandations du Fonds sont connues pour leur retombées généralement désastreuses de ce point de vue. Afin de disposer d’un tableau plus lisible, sans doute faut-il pouvoir écouter d’autres sons de cloche.
___________________________________
Le FMI souligne les bonnes performances de la Tunisie
La Tunisie, le bon élève du FMI, a t-on l'habitude de dire. Le DGA de cette institution, le Brésilien, Morilo Portugal qui a tenu vendredi après midi une conférence de presse avec le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, M. Taoufik Baccar n'en pense pas moins et a tenu à le souligner, saisissant cette occasion pour se féliciter de la politique macroéconomique exemplaire de la Tunisie qui lui a permis de résister à la crise et de réduire au minimum ses effets.
(Leaders, 11/12/2009)
_______________________________
L'Etat tunisien dépense t-il trop dans le secteur de la santé ?
Par Habib Touhami
Invité au colloque organisé les 17 et 18 décembre 2010 par l’unité de recherche « Population, Famille et Education » de la Faculté des sciences humaines de Tunis, sur le thème « Population, vieillissement et santé » M. Habib Touhami, a donné une conférence sur le thème « Impacts des évolutions démographiques, socio-économiques et institutionnelles sur la santé et les dépenses de santé ».
De cette conférence, on retiendra quelques idées-force : d’abord, il pourfend l'insistance (maladive) des institutions financières internationales et notamment le FMI et la Banque Mondiale auprès des pays émergents à maîtriser leurs dépenses sociales comme si elles étaient un frein au développement alors que les études ont montré que les pays dans lesquels l’état de santé et l’éducation des individus étaient d’une qualité médiocre avaient plus de difficultés à assurer un développement durable.
Quant aux incidences des dépenses nationales de santé sur les comptes financiers et sociaux de la Tunisie, le conférencier souligne que les injonctions du FMI et de la Banque Mondiale sont injustifiées. Chiffres à l’appui, il s’inscrit en faux contre « la thèse selon laquelle notre pays dépense trop dans le secteur social et notamment dans la santé », indiquant que la contribution de l’Etat représente moins du quart des dépenses nationales de santé (DNS). En fait, la Tunisie n'a pas dépassé un seuil dangereux au niveau du ratio DSN/PIB par rapport à la moyenne des pays à revenu intermédiaire, soit 6% comparés aux 9,8% du Liban et aux 9,4% la Jordanie pays considérés comme des références en matière de santé au niveau arabe. Quant au dépenses per capital, elles sont de 118 dollars en Tunisie (70,9% en 2000 et 49,4 en 1995), contre 398 au Liban et 134 en Jordanie. S'agissant de la part des dépenses publiques dans le budget de l'Etat, elle est passée de 7,6% en 2004 à 6,5% en 2008. Sur le long terme,la part de la DSN est passée de 36,6% à 26,1% en 2002, contre 14,9% et 21,4% pour la Sécurité sociale et 47,6% et 51,2% pour les ménages.
Habib Touhami ne conteste pas les progrès réalisés par notre pays en matière de ressources humaines et d'infrastructure, mais il constate que la Tunisie n'a pu échapper à la dégradation de la qualité des soins qu'il partage avec les pays où «les les systèmes de santé ont été ébranlés par les politiques d'ajustement structurel imposées par les institutions financières », reprenant ainsi le diagnostic de l'OMS.
(Leaders, 12/2010).
______________________________
RAID-ATTAC / CADTM TUNISIE, 17 janvier 2011
Tunisie : la révolution sociale et démocratique est en marche !
Les masses populaires tunisiennes viennent de faire une irruption spectaculaire sur la scène politique ! Elles ont réussi, au bout de 29 jours, d’une révolution sociale et démocratique, de chasser le dictateur Ben Ali ! C’est une grande victoire ! C’est un grand jour pour nous toutes et nous tous, que nous partageons avec toutes celles et tous ceux qui luttent contre l’ordre capitaliste mondial ! Avant tout, nous avons reconquis notre dignité et notre fierté, longtemps bafouées et trainées dans la boue par la dictature. Maintenant, nous avons une nouvelle Tunisie à construire : libre, démocratique et sociale.
Mais, d’ores et déjà la contre révolution est en marche ! Le pouvoir de Ben Ali est tombé mais son régime, certes déstabilisé et affaibli, tente de se maintenir en place. Le Parti/Etat Destourien est toujours là, sa politique économique et sociale capitaliste libérale aussi.
Ce régime qui est donné en exemple du ‘bon élève’ par les institutions financières internationales, qui a saigné les masses populaires tunisiennes pendant 23 ans, pour le compte d’un capital mondial avide de profits, tout en engraissant une minorité de familles autour du pouvoir et organisées en clans mafieux, doit dégager. C’est ce que nous voulons !
Nous refusons la tentative en cours, qui vise à confisquer notre révolution. Cette manœuvre se présente sous la formule de ‘gouvernement d’unité nationale’ autour de laquelle ce régime illégitime, tente de se maintenir en place. (...)

(1) Note postérieure : Le Canard enchaîné affirme, dans son édition d'aujourd'hui 2 février, que pour son réveillon (la révolte avait commencé quelque 15 jours auparavant), elle a profité à titre gracieux d'un jet privé appartenant à un proche du clan Ben Ali-Trabelsi. Le cabinet de la ministre s'est expliqué... mais le Nouvel Observateur renchérit : MAM et ses proches auraient repris ce jet privé pour un deuxième vol afin d'"éviter des villes en révolte" comme Sidi Bouzid et Kasserine. Est-ce à cause de cette expérience gênante pour une bling-bling qu'elle a proposé l'expertise en répression de son gouvernement au clan Ben Ali ?


Ajout du 30.11.2013


Hamzaoui Med Amine & KAFON - "Houmeni"

Ce vidéo-clip de la chanson de rap Houmeni montre le quotidien des habitants de la banlieue nord de Tunis. La vie n'y est toujours pas aisée presque trois ans après la chute de Ben Ali.

vendredi 14 janvier 2011

Hyperappels du dictionnaire Le Robert en ligne

Je vous conseille en classe les dictionnaires Le Robert , notamment les généralistes -unilingues-, car je trouve qu'ils sont toujours les meilleurs en français pour vos consultations de tout poil : transcription phonétique, étymologies, définitions, synonymes et contraires, conjugaison, citations...
Cela fait longtemps que vous savez qu'il existe -mis à part leurs tirages imprimés- des versions électroniques interactives, en CD ou en ligne, qui profitent des possibilités ouvertes par la technologie digitale : liens hypertextes, recherche par critères (y compris recherche par texte intégral), écoute de la prononciation de plusieurs milliers de termes jugés "difficiles", enregistrés par des comédiens, etc.
On accède aux éditions en ligne depuis l'espace numérique du portail. Elles sont payantes, bien entendu, comme toutes les autres ; l'abonnement annuel au Petit Robert en ligne coûte actuellement 24 € et vient d'ajouter une nouvelle fonctionnalité assez pratique : l'intégration du dictionnaire dans le navigateur (Firefox ou Explorer) :
Grâce aux nouvelles fonctions d'hyperappels du Petit Robert en ligne, vous pouvez ajouter le Petit Robert comme nouveau moteur de recherche de votre navigateur Internet Explorer (versions 7 et suivantes) ou Firefox, en haut à droite de la fenêtre principale.
L'installation est simple et immédiate et comporte une nouveauté considérable à l'égard des recherches :
Cette nouvelle fonctionnalité, une fois installée, vous permet à tout moment de rechercher un mot dans le Petit Robert : il suffit de taper le mot dans la zone de saisie et d'appuyer sur la touche Entrée.
Vous pouvez rechercher un mot sous sa forme habituelle mais aussi sous l'une de ses , par exemple un féminin (heureuse, active, bergère...), un pluriel (chevaux, spéciales...) ou une forme conjuguée (naquis, faisaient, pouvions...). En effet, comme pour toutes les fonctions d'hyperappels, la recherche dans le Petit Robert s'effectue toujours par défaut dans l'index des formes fléchies
(...)
L'intégration du Petit Robert comme moteur de recherche du navigateur vous permet également d'effectuer par la même occasion des recherches en hypertexte en utilisant le (c'est-à-dire le clic droit) dans les pages web que vous consultez.
Hmmm, cette potentialité vous dispense de penser la morphologie, ce qui pourrait entraîner à la longue des dégâts en la matière comparables aux ravages causés par la calculette sur votre capacité de calcul. Pensez-y (1). Hélas, en échange, vous avez de moins en moins d'alibis pour expliquer vos calques...
_______________________________
(1) N'arrêtez jamais de réfléchir à la crétinisation des esprits occasionnée par un usage (production sans scrupules ou bâclée - consommation écervelée, récipient) abrutissant ou abruti des nouvelles technologies. Un exemple à ce propos...

jeudi 13 janvier 2011

Arnaques et plaintes

Comme je vous avais proposé d'écrire en français formel des courriels de réclamation, j'ai scruté un peu le Réseau pour vous dégoter un portail francophone rompu aux misères des escroqueries. C'est ainsi que je suis tombé sur le site du CRIOC (Centre de Recherche et d'Information des Organisations de Consommateurs), spécialement conçu pour en découdre avec l'arnaque.
Il me semble doublement utile car il est belge -et illustre donc la francophonie- et qu'il fournit une base de modèles de lettres de réclamation. Je ne vous souhaite pas de pépins dans la matière mais, le cas échéant —étant donné qu'ils s'avèrent inexorables, notamment dans la civilisation du Tout-Profit—, s'il y a de l'arnaque dans l'air, vous pourrez consulter ce portail afin de ne pas vous retrouver à court d'inspiration.
Si vous voulez savoir ce que c'est que le CRIOC, ils s'expliquent sous leur rubrique Qui sommes-nous :
Selon ses statuts, le CRIOC a pour but de 'fournir une aide technique aux organisations de consommateurs, de valoriser la fonction de consommation et de promouvoir la protection des consommateurs'.
Le CRIOC contribue tant par le choix de ses activités que par l’information qu’il délivre, au développement d’une consommation plus durable selon les trois pôles: économique, social et environnemental. Le CRIOC a développé un processus de responsabilité sociétale qui s’est traduit par l’obtention des labels "Social" et "Egalité-Diversité". Il poursuit son développement en développant un processus de management environnemental (EMAS).
Centre de documentation

Le centre de documentation du CRIOC rassemble et traite depuis 1976, une documentation très vaste sur tous les aspects relatifs à la consommation, en Belgique comme à l'étranger, ceci dans une perspective pluridisciplinaire (sciences exactes, droit, économie, sociologie,...)

N'oubliez pas que vous disposez d'autres portails d'intérêt à l'heure d'écrire des lettres.

lundi 10 janvier 2011

Cabots et foot, langue et pensée

Les amis de l'anthropocentrisme obligatoire seront déçus ces jours-ci en apprenant qu'un border collie comprend plus d'un milliers de mots en anglais. Cliquez sur le lien ci-contre pour accéder à l'article du New Scientist, si cette info vous intéresse.
Le border collie est traditionnellement une race de chien de berger. Ce clebs s'appelle Chaser et est donc, minimum, bilingue, ce qui est époustouflant, en effet, car il évolue en Caroline du Sud, état membre d'un pays en général farouchement monolingue (cf. Enrique Bernárdez: El Lenguaje como cultura - Una crítica del discurso sobre el lenguaje).

Voici une vidéo prouvant les capacités compréhensives de Chaser en anglais étasunien.


Hervé Le Tellier, oulipien et collaborateur du Monde, nous rappelle l'approche qui convient dans cette histoire :
papier de verre
Hervé Le Tellier
Un coolie nommé Chaser connaît 1 022 mots. C'est énorme pour un chien. Mais j'aurais été plus admiratif encore si Chaser avait été un footballeur.
Ça y est. Vu les évolutions comparées des hommes et des animaux, on a droit à bien se douter que la métaphore imaginée par Pierre Boulle dans La Planète des Singes n'est pas aussi loin qu'on pourrait le penser.

P.-S.- Le Tellier (ou son rédacteur) a eu un petit lapsus : un "coolie" est un portefaix chinois ou hindou, ou un antillais d'origine indienne ou pakistanaise —anglicisme dont l'étymologie probable serait l'ourdou qulī qui veut dire "journalier, ouvrier agricole" ; l'adaptation castillane en est "culi". Le nom de la race de Chaser, en revanche, est bien border collie (cf. les Scottish Borders, région écossaise berceau de la race).