mardi 18 janvier 2011

Les restavecs (ou restavèks) d'Haïti

Un an après le terrible séisme d'Haïti, la vie est pénible pour la plupart de ses habitants. Bien entendu, ce sont les plus vulnérables qui en souffrent le plus : les femmes (le nombre de viols est brutal), les handicapés, les enfants... Si vous cherchez le mot "restavec" dans Wikipédia, vous pourrez lire :
Les restaveks (restavèk en créole haïtien, dérivé du français reste avec) sont une des catégories d'enfants d'Haïti vivant dans une famille autre que leur famille biologique. Ce terme ne recouvre aucune définition juridique mais a une acception très péjorative dans le contexte haitien. Il sert à désigner les enfants - mais aussi des adultes - qui sont traités comme domestiques sans aucun respect pour leur dignité. Toutefois, tous les enfants vivant dans une famille autre que leur famille biologique ne sont pas des "restavèk" dans la mesure où il est très courant, dans les Caraibes, qu'un enfant soit pris en charge par des membres de sa parentèle avec le consentement de ses parents.
Haïti Culture, le site culturel de la communauté haïtienne de Suisse, consacre une toile aux restavèks. Je vous conseille de la lire en entier, mais je vous avance l'explication qu'on nous donne au sujet des conditions de vie de ces gosses :
Des raisons principalement économiques poussent les familles pauvres des zones rurales à "donner" un de leurs enfants à des familles citadines en mesure de leur offrir un peu de nourriture et un coin pour dormir, espérant ainsi, assurer à leur enfant une vie plus décente.
Le placement des enfants comme domestiques est une pratique ancienne, mais l'aggravation de la situation politique et économique des dernières décennies a largement contribué à augmenter le nombre des enfants ainsi placés.
Le travail d'un enfant domestique est souvent très dur, jusqu'à l8 heures par jour. L'enfant-restavek, parfois âgé de 5 ans seulement, fréquemment sous-alimenté, ne reçoit aucune instruction et aucun salaire, la loi haïtienne ne prévoyant pas de rémunération pour ce type de travail. L'enfant "restavek" subit, parfois, des violences physiques ou sexuelles. Il est souvent coupé de tout lien avec sa propre famille, en raison des distances qui les séparent, de l'analphabétisme et de l'absence de tout moyen de communication. 
Un reportage récent du journal canadien Le Devoir, concrètement du 15 janvier, fait état d'une situation calamiteuse : en Haïti, un enfant sur dix serait utilisé comme domestique, voire comme forçat...
En Haïti, au moins 400 000 enfants, aux trois quarts des filles, vivent en domesticité. Au service de leurs maîtres, ces enfants sont généralement traités comme des moins que rien. Notre collaboratrice Monique Durand s'est intéressée à une question au centre d'un débat national dans ce pays, qui rouvre la plaie jamais refermée du passé esclavagiste de l'île.

Ils sont debout depuis 4h ou 5h le matin. Ils ont dormi sous la table de la cuisine de leur maître. Ils ont parfois seulement six, huit ou dix ans. Ils ont balayé, astiqué, récuré toute la journée. Ils ont reconduit les enfants du maître à l'école. Ils sont allés chercher de l'eau, du bois, du charbon. Ils ont fait des courses, préparé des repas. Ils n'ont pas mangé à leur faim, ont été battus, insultés, humiliés tout au long du jour. Le soir venu, les plus «chanceux» vont à l'école. Mais pas à la même école que les enfants de leur maître. Non. Ils vont à l'école des restavèks, entre 17h et 20h, quand ils sont à moitié crevés et titubants de fatigue, et quand les enseignants n'en peuvent plus eux non plus. (...)
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Encore l'esclavagisme. Et d'enfants. Que dire. Il faut ne pas oublier Haïti.

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Mise à jour du 2 mars 2015 :
Emmanuelle Bastide a proposé le 18 février 2015 un reportage radiophonique au sujet des Restaveks. C'était dans 7 milliards de voisins, sur RFI :
Les restaveks d’Haïti sont des enfants qui ont été placés et qui sont honnis par la population. Bien souvent exploités, placés en domesticité, ils sont privés d’affection, d’éducation, et même martyrisés. Le tremblement de terre de 2010 a empiré la situation de ces enfants sans famille. Le père Miguel Jean-Baptiste se bat, depuis des années, pour améliorer la vie de ces enfants.

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