jeudi 29 octobre 2009

Dossier peinture-ciné

Je vous relaie deux informations utiles extraites du quotidien Le Monde concernant notre dossier peinture-ciné.
Sachez premièrement qu'il existe un site Web spécialement conçu pour aider à "apprendre à recevoir une œuvre d'art, la décrypter, la replacer dans les grands mouvements esthétiques, s'initier aux œuvres des grands peintres", bref, pour mieux se connaître en peinture et pouvoir en parler en français. Il s'agit de peintre-analyse, un site au demeurant abondamment illustré. (Cf. La Toile de l'Éducation, 28 octobre 2009)
Puis,
s'adressant aux passionnés de toiles (en salle ou sur le Web), Cinetrafic est un nouveau réseau social dédié à la cinéphilie. Parmi les services proposés, il est par exemple possible pour l'internaute de se construire une filmothèque - à partir d'une base de données de plus de 25 000 films -, de publier des critiques ou de créer des listes thématiques. Libre à l'internaute de naviguer dans cette communauté où près de 500 listes circulent déjà. Le site agrège également des photos ainsi que des vidéos issues de Youtube et Dailymotion (extraits de films, bandes-annonces...). A l'image de Facebook, Cinetrafic offre la possibilité à ses membres de partager leurs derniers coups de cœur, de devenir fan d'un film, d'établir un palmarès, ou simplement de noter des films. (Le Monde, 22/10/09)
À vous d'en profiter.

mercredi 28 octobre 2009

Les Enfants du Paradis

Le réalisateur Marcel Carné et son scénariste de chevet, le poète Jacques Prévert, réussirent de superbes collaborations. Après la libération de Paris, ils présentèrent au public Les Enfants du Paradis (1945), un film extraordinaire qui, tout en affichant l'histoire d'amour fou et manqué entre Garance et Baptiste, illustrait magnifiquement la vie des artistes de la rue, bateleurs et autres baladins, dans la première moitié du XIXe siècle en France. Précisons que Baptiste Debureau (1796-1846) était lui-même un mime d'origine tchèque qui devint la vedette du Théâtre des Funambules à force de provoquer les éclats de rire du poulailler... ou paradis.

En voilà un morceau du film : Garance (Arletty) et Baptiste (Jean-Louis Barrault) face à face. Nous aurons la possibilité de voir en classe, le 13 novembre, L'Homme blanc, la 2ème époque des Enfants du Paradis -dont la totalité dure trois heures.


Baptiste : « Quand j'étais malheureux, je dormais, je rêvais mais les gens n'aiment pas qu'on rêve. Alors ils vous cognent dessus histoire de vous réveiller un peu. Heureusement j'avais le sommeil dur, plus dur que leurs coups et je leur échappais en dormant. Oui je rêvais, j'espérais, j'attendais. » (...)
Garance : « C'est tellement simple l'amour. »
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NOTE du 25/10/2012 :
En harmonie avec l'exposition consacrée aux Enfants du paradis, la Cinémathèque française propose un site spécial dédié au film. Au programme, les archives manuscrites de Carné, des extraits de films, des dessins, des photographies, des entretiens d'époque et la planche en couleurs dessinée par le scénariste, Jacques Prévert.

samedi 24 octobre 2009

L’anniversaire d’Astérix et Obélix - Le Livre d’or


Hier, justement, Albert Uderzo mit sur le marché un nouvel album d'Astérix et Obélix, résistants récalcitrants, pour fêter les 50 ans de ses héros. En effet, ils naquirent le 29 octobre 1959. Cet album nº 34 s'appelle L’anniversaire d’Astérix et Obélix - Le Livre d’or. Voilà ce que j'en ai lu sur le site blog.asterix.com :
Albert Uderzo a dévoilé la couverture de son nouvel album à paraître le 22 octobre prochain : L'Anniversaire d'Astérix et Obélix - Le Livre d'or. Un album de 56 pages de bandes dessinées où s'enchaînent de courtes histoires au cours desquelles de nombreux personnages de l'univers d'Astérix préparent dans le plus secret une inoubliable fête d'anniversaire. Pendant ce temps, Astérix et Obélix sont partis en forêt chasser le sanglier sans se douter de rien…
Albert Uderzo avoue s'être beaucoup amusé en redessinant pour cette occasion de nombreux personnages des anciens albums. Et si le nouvel opus ne pouvait les rassembler tous (il y en a près de 400 !), peu manquent à la fête, les uns imaginant des cadeaux d'anniversaire, les autres envoyant leurs messages de vœux.
Albert Uderzo n'oublie pas son ami René Goscinny, disparu en 1977, qui aurait été si heureux et si fier de voir célébrés de si belle manière les personnages qu'ils ont créés ensemble. Il a donc décidé d'illustrer de ses dessins un texte, jamais paru en album, du génial scénariste !
D'autres surprises sont annoncées et, dans l'assemblée, l'impatience est palpable. Vivement le 22 octobre 2009, par Toutatis !
Ceci dit, ou reproduit, je ne peux pas m'empêcher de me rappeler l'amère critique faite par François Reynaert dans le nº 2138 du Nouvel Observateur, en octobre 2005, suite à la publication de l'album Le Ciel lui tombe sur la tête (album 33 de la série), et qui visait Albert Uderzo très directement. Voici son dernier paragraphe :
Cet album est consternant, dans un sens, on est heureux que l'immense Goscinny soit mort avant d'avoir vu ça, mais, après tout, ce n'est ni le premier ni le dernier mauvais livre de l'année. Le problème est que, si l'on en croit les spécialistes, il est déjà assuré d'être celui qui se vendra le plus. Le voilà, le drame. En tant qu'auteur, Uderzo est resté coincé quelque part dans la ringardise des années 1960 ; en tant qu'éditeur, il a compris les leçons de la pire modernité. Son Astérix, maintenant, c'est du poulet en batterie ; à part la carcasse et les deux plumes qu'on a laissées autour pour tromper le chaland, il n'a plus rien à voir avec la volaille qu'il prétend être. Et quelle importance, placé en tas dans tous les hypermarchés, il se vend dix fois mieux ! Il est vrai qu'on y a mis les moyens. Il paraît que depuis le mois de septembre cette pauvre Belgique a été réquisitionnée au service de l'astérixo-marketing, le Manneken-Pis lui-même a été déguisé en Obélix. Notez, ça, c'est plutôt drôle, cette statue est mondialement célèbre pour le petit silex qui lui pend devant, la voir avec un gros menhir derrière doit être un vrai changement. Les pires ressources du merchandising ont été mises à profit, jusqu'à cette volonté de garder le « secret » sur l'album jusqu'à sa mise en vente. Vous voyez l'idée : il s'agissait d'éviter à la critique de faire son métier. Depuis, dans tous les journaux, en Belgique, en France, au Canada, elle l'a fait. Trop tard, le coup est parti, les piles étaient mises en place, les pauvres gens pouvaient se faire plumer et nous autres en sommes réduits à rêver en silence aux aventures premières du petit Gaulois à casque ailé qui fit frémir notre enfance : c'est sûr, il doit bien exister quelque part dans ce monde une potion magique qui nous aidera à vaincre cette plaie du temps, les légions du marketing et du profit, mais quel druide nous en indiquera la recette ?
À vous d'en juger.

mardi 20 octobre 2009

L'Armée du crime

« Je trouvais leur histoire tellement belle et héroïque que j'avais un peu peur de la raconter », dit Robert Guédiguian à l’AFP, après avoir présenté au 62e Festival de Cannes son film L'armée du crime, un hommage à un groupe des Francs-tireurs et Partisans (FTP), issu de la Main-d’œuvre immigrée (la MOI, qui avait aussi des Français) et composé de jeunes résistants communistes immigrés, juifs, hongrois, arméniens, polonais, espagnols, roumains ou italiens, qui combattait le nazisme à Paris. Le groupe était dirigé par Missak Manouchian, ouvrier et poète.

L’expression « l’armée du crime » fut créée par la propagande nazi-collabo ; une affiche rouge montrait les membres du groupe sous le slogan : « Des libérateurs ? La Libération ! Par l'armée du crime »

Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir le film de Guédiguian, sorti en salles le 16 septembre. On peut visiter son site web qui dispose de surcroît d’un espace enseignant muni de ressources pédagogiques à télécharger (en partenariat avec le musée de la Résistance nationale et avec le soutien de l'Association des Professeurs d'Histoire et Géographie). Parmi les différents commentaires déclenchés par cette reconstruction historique —dont le budget a atteint 9 millions d’euros—, j’ai retenu des extraits de la critique de Mehdi Benallal publiée par Le Monde diplomatique :
La première scène du film est l'une des plus belles. Dans l'ombre du fourgon de police qui les conduit vers la torture et la mort, Missak Manouchian et ses camarades, serrés comme des sardines, menottés, regardent passer les Parisiens, hommes, femmes et enfants, libres dans la douce lumière d'une journée ensoleillée. Bouleversant contraste car, en réalité, le responsable des Francs-tireurs et partisans de la main-d'oeuvre immigrée de Paris et ses amis ont choisi d'être libres jusqu'au bout, alors que Paris est une prison à ciel ouvert.
(...) L'Armée du crime insiste sur l'idée de contradiction. Contradiction, par exemple, entre l'organisation et les militants de base : ceux-ci sont sommés de sacrifier leur vie familiale, amoureuse, en souffrent et le disent. Contradiction aussi entre l'obligation de tuer et l'amour de la vie qui anime ces « terroristes ». Quand il jette une grenade sur une patrouille nazie, Manouchian revient sur les lieux, regarde les corps, et son visage exprime la plus profonde amertume.
(...) Ainsi Manouchian pouvait écrire à Mélinée, sa femme, le 21 février 1944, jour de son exécution : « Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. »
Décidément, Robert Guédiguian s'éloigne comme toujours de l'actualité pour lui préférer la vie réelle, celle des gens en chair et en os, que ce soit à travers l'intrahistoire (cf. Marius et Jeannette, La Ville est tranquille, etc.) ou une Histoire plus célèbre, comme dans L'Armée du crime. Si vous le souhaitez, cliquez dessus pour voir sa Bande-annonce.

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Mise à jour du 6.08.2018 :

Dans les pages du Monde, dans un long et soigné article, Dominique Buffier fait état de la disparition d'Arsène Tchakarian (Sabandja, Empire Ottoman, 1916), dernier survivant, dernier témoin, du groupe résistant dirigé par Missak Manouchian. Historien, il habitait à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et s'est éteint à l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, le samedi 4 août, à l'âge de 101 ans.
Lorsqu’il commentait cette période [de la résistance], Arsène Tchakarian disait :
« Nous n’étions pas des hérosIl ne faut pas croire que nous n’avions pas peur. Nous avons résisté parce que nous en avions la possibilité : pas de famille, pas de travail. Et parce que nous aimions la France. Elle nous avait adoptés. »
«La France c’était le pays des libertés, mais on se battait aussi par anti-fascisme», racontait Arsène Tchakarian à l’AFP en 2011.
Le Monde nous rappelle également qu' à l’occasion de l’inauguration de la rue du Groupe-Manouchian, dans le 20e arrondissement de Paris, Louis Aragon écrivit le poème Strophes pour se souvenir. Ces vers seraient publiés en 1956 dans Le Roman inachevé (Gallimard), puis mis en musique et interprétés par Léo Ferré en 1959 sous le titre L’Affiche rouge, composition qui fait partie de son album Les Chansons d’Aragon (1961).