mercredi 25 juin 2014

Information, écrans et cerveaux, selon Albert Jacquard

Le spectacle se présente comme une énorme
positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit
rien de plus que « ce qui apparaît est bon
ce qui est bon apparaît ». L’attitude qu’il exige
par principe est cette acceptation passive qu’il
a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître
sans réplique, par son monopole de l’apparence.

(Guy Debord, La société du spectacle, 12 ; 1967)


Cela fait très longtemps que je réfléchis à un sujet qui m'enquiquine, celui de la toute-puissance des écrans face au piètre rôle du bon livre ou de l’école.
L’école du XXIe siècle serait, dans le meilleur des cas, une presqu’île pataugeant dans un bouillon de culture qui est un véritable étouffoir de l’intelligence, la sensibilité et la coopération —qui se porte encore relativement bien, malgré les pouvoirs en place.
Parents et profs savent que beaucoup d'élèves —écoliers, collégiens, lycéens, étudiants...— ont du mal à cultiver leur jardin ; comme le rappelaient il y a quelques jours les patates de Martin Vidberg, ils lisent vaguement deux lignes, regardent une télésérie, vérifient leur twitter, plongent dans leur Facebook et autres réseaux sociaux pendant des heures... Bref, ils ignorent la concentration, la patience et la réflexion en dehors de la plus bête actualité servie sur mille écrans. En fait, selon les vignettes de Vidberg, cet envoûtement stérilisant nous concernerait tous...
Avouons que, malheureusement, l'école pourrait difficilement contrecarrer ce bouillon de culture qui nous accable, autrement influent —voire surpuissant—, pathétique, redoutable.
Au demeurant, soit dit en passant, il y en a même qui ont osé chiffrer la piètre influence de l'école actuelle ;
la journaliste Dana Goldstein affirme que « Depuis une dizaine d’années, les chercheurs sont parvenus à un consensus qui n’a pas été remis en cause. Au mieux, l’éducation compte pour 15 % dans les résultats des élèves ; leur environnement socio-économique, pour environ 60 % » (1). Pourcentages à part, le fin fond de cette position s'avère confirmé par les faits.

Et qu'est-ce qu'elle véhicule, cette société des écrans omniprésents : en quoi consiste son actualité, son spectacle ? Vu qu'il y en a encore qui cherchent de l'information sur les écrans proposés par les grands média, je suggère la lecture d'un extrait du dernier essai du généticien Albert Jacquard : Mon Utopie (Ed. Calmann-Lévy - 2006). Celui qu'il consacre au Droit à l'information :


Droit à l’information

Parmi les innovations qui rendent nécessaire une redéfinition des rapports entre les personnes ou entre les collectivités, les plus inattendues concernent les échanges d’informations. Elles impliquent de nouveaux droits et de nouveaux devoirs, car tout dans ce domaine a été transformé, en à peine plus d’un siècle. L’élément déclencheur a été la découverte des ondes hertziennes : leur utilisation annule pratiquement la durée de transmission.
Un des effets bénéfiques a été de provoquer une meilleure conscience de l’unité de notre espèce, donc du partage par tous d’un destin commun. Que ce soit à propos d’une catastrophe naturelle comme le tsunami de décembre 2004, d’une catastrophe provoquée par les hommes comme le génocide du Rwanda ou d’un exploit technique comme le parachutage d’une sonde sur une lointaine planète, le fait que le même regard soit proposé simultanément à tous les humains crée le sentiment d’une participation généralisée à un devenir collectif.
Grâce à ce réseau, nous comprenons que les fureurs de la Terre nous concernent tous, qu’une folie meurtrière collective peut surgir chez tous les peuples, que nous sommes collectivement capables d’explorer l’univers non pour nous l’approprier, mais pour le comprendre. Les mêmes événements participent à l’enrichissement du regard de tous sur la réalité. Nous accédons à la source des mêmes émotions, des mêmes hontes, des mêmes fiertés. Les conséquences heureuses de cette technique sont donc importantes, mais son pouvoir est si nouveau et si étendu qu’il est nécessaire d’en mesurer les risques.
Ces risques sont limités en ce qui concerne la radio, car notre cerveau est habitué, depuis la plus lointaine préhistoire, à traiter des flots de sons et de paroles. Ce que nous apportent les haut-parleurs de nos chaînes hi-fi s’insère tout naturellement dans ce flot, ils fournissent une nourriture que nous sommes prêts à digérer. En revanche, aucun entraînement ne nous a préparés à réagir face au déluge d’images que fournissent les écrans. Jamais, avant la généralisation du cinéma et de la télévision, les yeux et système nerveux central de nos ancêtres n'avaient été agressés par tant de formes et de couleurs constamment changeantes, et dont le rythme est d'autant plus rapide que le discours associé est plus insignifiant. Aucun de nos prédécesseurs humains n'avait été soumis à un tel traitement qui désarçonne notre capacité de réaction, fascine notre regard, envahit nos neurones et leurs connexions, et structure sans nous, ou même malgré nous notre cerveau. Il peut avoir sur lui le même effet qu'une drogue, mettant en place un écran entre la réalité et notre perception de cette réalité, créant une accoutumance, un besoin.
La présence de l’image, loin d’être un complément, crée bien souvent un obstacle à la compréhension du message. Cet effet néfaste est manifeste lorsque le visage d’un orateur accompagne ses paroles ; l’attention portée à sa mimique trouble la signification de ses phrases. Il est plus grave encore lorsqu’il s’agit de transmettre des informations à propos de drames comme les émeutes ou les guerres. S'il est possible de parler d'un conflit, d'une révolution, il n'est pas possible de les montrer. Tout au plus peut-on en présenter quelques aspects si partiels qu'ils sont soit insignifiants soit trompeurs. Ceux qui ont « fait » une guerre sont conscients d'y avoir participé, mais refusent d'en parler car ils n'en ont rien vu —seuls quelques grands chefs en ont une perception globale, mais il s'agit d'une autre guerre, celle qui s'est déroulée non sur le terrain mais sur les cartes d'état-major. Les cameramen chargés de couvrir les événements tragiques devraient avoir la même sagesse et se déclarer incapables de montrer autre chose que l'anecdotique.
Présenter la télévision comme un prolongement des moyens d'information d'autrefois est lui faire beaucoup trop d'honneur. Elle ne succède nullement aux journaux ou aux revues qui décrivaient les faits et proposaient une réflexion à leur propos. Elle a plutôt pris la place des bonimenteurs qui jadis, sur les boulevards, vendaient des poudres miraculeuses, et celle des camelots qui distribuaient des chansons illustrées paraphrasant l'actualité. Autant la radio, dont le matériau est la parole, est dans la continuité des moyens d'information de la presse, autant la télévision, dont le matériau est l'image en mouvement, constitue une mutation dans notre rapport à la réalité aussi inquiétante que les mutations de notre patrimoine génétique.
Cette inquiétude est aggravée par le pouvoir fabuleux que détiennent ceux qui diffusent ces émissions. Nombre d'historiens ont insisté sur le rôle de la radio dans la mise en place par Hitler du filet dans lequel il a enserré le peuple allemand. Certains, refaisant l'histoire, ont imaginé les conséquences qu'aurait eues la télévision dans sa prise de pouvoir si elle avait été disponible à cette époque. On sait l'efficacité du matraquage des esprits par les mots ; et combien plus efficace encore est le matraquage des cerveaux par les images. Toute société désireuse de préserver le libre arbitre de chaque citoyen doit donc prendre garde aux excès dans l'usage de ces outils et exiger de ceux à qui ils sont confiés de préciser leurs objectifs, que ceux-ci leur soient assignés par l'État ou qu'ils se les attribuent eux-mêmes.
Il se trouve que, récemment, le président de la chaîne TF1 s'est livré à cet exercice et a décrit la finalité de son activité. Le résultat mérite réflexion. Je reproduis sa déclaration telle qu'elle a été fournie par le bulletin de la Société civile des auteurs multimédias, la SCAM, qui regroupe les animateurs et auteurs des émissions de radio et de télé : « Le métier de TF1, dit son président, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »
Vous avez bien lu. Dans l'esprit de ce patron de télé, son métier consiste à décerveler les téléspectateurs afin de vendre, à des entreprises avides de chiffre d'affaires, cette marchandise qu'est la disponibilité des esprits. On imagine combien Joseph Goebbels, de triste mémoire, aurait amélioré son efficacité dans la mise au pas de son peuple s'il avait disposé d'un collaborateur tenant un discours semblable.
Le pire, dans ce texte, est que son auteur exprime sans doute ses véritables objectifs. Pour lui, diffuser un opéra, programmer une discussion entre philosophes ou faire s'affronter des hommes politiques devant la caméra n'est justifié que par l'état de réceptivité dans lequel est mis le spectateur. Ce qui a de l'importance n'est pas l'émission elle-même, c'est le moment vide qui la suit ; car ce moment, justement parce qu'il est vide, peut-être mis à profit pour persuader les spectateurs qu'en entrant chez McDonald's ils vont se régaler.
Les bonimenteurs et les camelots des boulevards n'étaient guère dangereux car leur impact était limité ; ils n'étaient que des amuseurs. Aujourd'hui, les télévisions participent largement à ce rôle d'amuseurs, mais elles interviennent simultanément, sans en avoir le mandat, dans la formation des esprits. Qu'elles puissent se donner comme objectif de décerveler les citoyens donne la mesure du danger. Ce décervelage n'est pas seulement un risque pour la rigueur de l'information, il l'est surtout pour la construction de l'intelligence des jeunes. Par un glissement spontané intervenu depuis quelques décennies, ce n'est plus à l'école mais à travers ce que les écrans leur présentent qu'ils découvrent le monde. De multiples précautions ont été prises pour que les programmes scolaires participent à l'émergence d'esprits libres, capables de critique, ouverts à l'interrogation ; chaque novation pédagogique fait heureusement l'objet de longs débats. Mais cette mise au point difficile, jamais achevée, est balayée par le bulldozer des émissions débiles qui, orientées par le seul Audimat, n'ont pour objectif que de plaire au plus grand nombre. Elles entrent dans les cervelles plus profondément que le contenu des cours.
Comment réagir ? En comprenant combien le flot des
« images qui bougent » est l'équivalent d'une drogue mise sans précaution à la disposition de tous et surtout à la disposition de ceux qui sont les moins bien armés pour se défendre contre elle. Notre société a enfin compris qu'elle devait faire reculer l'alcoolisme et le tabagisme et que le meilleur moyen n'était pas à base d'interdictions mais à base de réflexions, de lucidité, de décisions personnelles. De façon semblable, elle doit convaincre le téléspectateurs qu'il s'offre un plaisir dont l'abus est dangereux. On peut imaginer que les émissions de télé prennent exemple sur Gide donnant comme conseil à son lecteur : « Si tu m'as compris, tu me jettes. »


Andrés Rábago, El Roto.



Pour en savoir plus sur la citation de Patrick Le Lay, PDG de la chaîne de télévision privée TF1 (privatisée en mai 1986 par le gouvernement bradeur de Jacques Chirac), vous pouvez lire :
— SCAM : TF1 dans les bas-fonds du cynisme (21/07/2004).
"Les propos tenus par le Président d’un des plus importants médias européens permettent de s'interroger sur le point de dégradation culturelle, dans son sens le plus large, atteint par nos sociétés qui se veulent emblématiques de la démocratie. Parfaite définition de la marchandisation des esprits, des comportements et des valeurs, on aimerait que les mots utilisés soient seulement le fruit de l'inconscience. Ils sont en réalité, délibérément, le signe du cynisme, du mépris et de l'arrogance. Ils ont un mérite : celui de rappeler aux hommes politiques, toutes tendances confondues, leurs responsabilités dans la destruction de l'outil audiovisuel. (...)"

— Libération : Patrick Le Lay, décerveleur (10/07/2004)
— Antonio Molfese (ACRIMED) : Quand les cerveaux ne pensent pas à la pub, TF1 sort son revolver (11/07/2004)

_________________________
(1)
Cf. « Can teachers alone overcome poverty ? Steven Brill thinks so - The journalist blames teachers unions, not economic inequality, for students’ failure to achieve », The Nation, New York, 10 août 2011).
C'était John Marsh qui nous facilitait cette référence dans son article L’éducation suffira-t-elle ?, publié par Le Monde diplomatique, janvier 2012, page 3.

mardi 3 juin 2014

Mon prince, quelle pétulance !

L’Histoire moderne d’Espagne s’écrit à coup de quarantaines.
Nom féminin, une quarantaine est un nombre d’environ quarante, comme les années que dura le régime du généralissime Francisco Franco ou qu’a duré le règne de son successeur désigné, Juan Carlos Ier de Bourbon.
Une sainte quarantaine est un carême.
Une quarantaine est aussi l’exclusion effective que subit la majorité du peuple frappée d’ostracisme par des élites farouchement avides qui n’en ont jamais assez.

Le régime de Franco fut —notamment au début— une dictature sanguinaire à la logorrhée ineffable. Comme elle n’était plus présentable dans une civilisation qui avait choisi d’autres modalités de contrôle du pouvoir, le temps vint pour la classe dominante espagnole d’avoir recours à une autre pantalonnade pour assurer sa reproduction : la Monarchie parlementaire.

Monarchie veut dire, étymologiquement, « gouvernement d'un seul ». La Monarchie est un « Régime politique dans lequel le chef de l'État est un roi héréditaire ». C’est ainsi que la Constitution espagnole précise (Art. 57-1) :
« La Corona de España es hereditaria en los sucesores de S. M. Don Juan Carlos I de Borbón (…). La sucesión en el trono seguirá el orden regular de primogenitura y representación, siendo preferida siempre la línea anterior a las posteriores ; en la misma línea, el grado más próximo al más remoto ; en el mismo grado, el varón a la mujer (…) »
(« La Couronne d’Espagne est héréditaire pour les successeurs de Sa Majesté le roi Juan Carlos Ier (...). La succession au trône suivra l’ordre régulier de progéniture et de représentation, la ligne antérieure étant toujours préférée aux postérieures; dans la même ligne, on précédera le degré le plus proche au plus lointain; au même degré, l’homme à la femme (...). »)
Ce qui ne lui avait pas empêché d’établir ailleurs (Art. 14) :
« Los españoles son iguales ante la ley, sin que pueda prevalecer discriminación alguna por razón de nacimiento, raza, sexo, de religión, de opinión o cualquiera otra condición o circunstancia personal o social. »
(« Les Espagnols sont égaux devant la loi ; ils ne peuvent faire l’objet d’aucune discrimination pour des raisons de naissance, de race, de sexe, de religion, d’opinion ou pour n’importe quelle autre condition ou circonstance personnelle ou sociale. »)
Vous voyez bien qu’en matière d’oxymores, on fait difficilement mieux. Ajoutons que l’article 56-3 de la CE reconnaît à la personne du roi l’inviolabilité et lui retire par avance toute responsabilité, manière d’ajouter du beurre aux épinards à propos d’égalité.

Le prestigieux roi d’Espagne, Juan Carlos I, vient de communiquer sa décision d’abdiquer, hier matin. Au nom du "rey-nouveau". Ah, l'intérêt général.
Il s’est adressé aux Espagnols et nous a expliqué, entre autres, que son fils, le prince Felipe, « offrira la stabilité qui convient à l’institution monarchique ». On s’en doutait. « Il est mûr et prêt. Il a le sens des responsabilités ».
C’est en lisant ce dernier morceau que je me suis souvenu d’une scène d’il y a trois ans, presque exactement, car elle eut lieu le 31 mai 2011, en Navarre. La voilà :




Drôles d'associations d'idées, il y a trois ans, devant la scène en question, je m’étais rappelé une situation comparable : en 1738, une femme avait osé soutenir une polémique publique avec le cartésien Dortous de Mairan, secrétaire de l'Académie des Sciences. « Agacé pour ne pas dire exaspéré, il répond sur un ton qui frise la condescendance, à la limite de la courtoisie », selon la description que nous en fait Élisabeth Badinter dans sa préface au Discours sur le bonheur, petit essai d'Émilie du Châtelet, justement la dame qui voulait se mêler de science, de Leibniz et de Newton… N'oublions pas qu’entre autres, elle commenta et traduisit en 1759 les Principia mathematica (1687) newtoniens du latin en français.
Eh ben, presque 300 ans plus tard, une jeune femme bloquée par le cordon policier de la sûreté du couple princier que formaient Philippe de Bourbon, prince des Asturies, et son épouse Letizia, leur lança un cri républicain. Le prince, habitué aux compliments et aux flatteries d’un public en général bien tamisé, décida illico d’engager un entretien avec cette jeune femme rétive et inoffensive. Elle en profita pour lui suggérer la convocation d’un référendum, ou son abdication, afin de savoir, par exemple, si nous, les Espagnols, souhaitions la monarchie ou la république. À notre grand étonnement, Philippe avoua qu’il croyait au système et qu’il ne partageait pas les désirs de la jeune fille anonyme, qu’il tutoyait d’ailleurs le plus naturellement du monde. Entretemps, une voix masculine appartenant au cortège princier eut le courage et la délicatesse de demander à la jeune femme :
C’est le seul problème que tu as dans la vie ?
Je veux cesser simplement d’être sujette pour devenir citoyenne, répliqua-t-elle.
Bien entendu, tu as réussi à avoir ta minute de gloire, fut la réaction mesquine, hors sujet, la condescendance éhontée, m'as-tu-vu, ramenarde et cynique du prince mûr, prêt et responsable en mal d’arguments.
Ce n’est pas ce que je voulais, réagit doucement la modération insatisfaite.
Mais tu l’as eue. Maintenant, cette conversation ne mène nulle part, conclut le dévergondage avant d’entamer sa fuite, vu que cette jeune femme-là manquait affreusement de courbettes.

Les droits ont du mal à s’ouvrir un chemin au milieu des prérogatives. Nous sommes d’abord contraints d’endurer un chef de l’État et puis, de le voir surgir non de la totalité du peuple espagnol mais juste d’une famille, celle des Bourbons.
De la même façon que Le Nôtre avait grande raison de demander au pape des tentations au lieu d’indulgences (1), notre jeune Navarre avait grande raison de demander au prince un référendum au lieu de con-descendances. Rêveur, je me plais à imaginer : si elle s’était écriée Mon prince, quelle pétulance !, il aurait peut-être répondu, comme dans la blague, depuis quand tu me tutoies ?


(1) Mme. du Châtelet : Discours sur le bonheur, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 1997, page 33.