"Please join me in helping my friend Ronnie Barkan and all the other Palestine Action heroes.
They are helping us open our eyes to the dystopia that we live in.
And expose its deadly entrails.
Entrails like the warmongering Israel armaments company Elbit Systems.
More power to you, Ronnie, hang in there.
Love
R."
- Roger Waters, 6 Aug. 2022
They are helping us open our eyes to the dystopia that we live in.
And expose its deadly entrails.
Entrails like the warmongering Israel armaments company Elbit Systems.
More power to you, Ronnie, hang in there.
Love
R."
- Roger Waters, 6 Aug. 2022
Voici un cas peu fréquent, qui nous remplit d'espoir.
C'est le cas des ainsi nommés « Bristol 7 », militants de Palestine Action. Le 15 mai 2022, jour de la Nakba, ils ont occupé le siège de Bristol d’Elbit Systems UK, sinistre entreprise qui fabrique des armes et des systèmes de surveillance utilisés par Israël à Gaza et en Cisjordanie.
Deux des impliqués étaient des dissidents d’origine juive ; dressés dans le système éducatif sioniste israélien (école, armée, médias... lavage de cerveau sans désemparer), ils s'en sont libérés pour en faire la critique et résister, passer à l'action, en solidarité avec leurs semblables en Palestine, leurs frères et sœurs. Ils sont interviewés par Real Media —je traduis ici en français, en version personnelle très élargie, l'information qu'ils fournissent. La calme détermination de Stavit Sinai et de Ronnie Barkan est vraiment prenante.
Stavit Sinai a effectué des recherches sur la sociologie de l’apartheid et de l’oppression, et Ronnie Barkan a rejoint les mouvements de résistance protégeant les Palestiniens sous occupation illégale, avant de s’expatrier pour enseigner.
Extrait de Empire Files : Les Israéliens parlent franchement à Abby Martin des Palestiniens,
vidéo diffusée le 2.10.2017.
Ronnie Barkan explique pourquoi ces attitudes racistes et de haine dominent la société israélienne.
Voir plus bas la transcription complète, traduite en français, d'un discours inéluctable cassant la hasbara.
Ronnie Barkan explique pourquoi ces attitudes racistes et de haine dominent la société israélienne.
Voir plus bas la transcription complète, traduite en français, d'un discours inéluctable cassant la hasbara.
Après leur arrestation à Bristol, Sinai et Barkan ont tous deux passé un mois en détention provisoire, puis près d’un an en résidence surveillée.
Comme dans de nombreux procès récents liés à des manifestations, presque toutes les circonstances atténuantes légales ont été exclues par le juge, et ils ont été reconnus coupables de dommages criminels et de cambriolage, après un procès de quatre semaines.
Ils ont été condamnés à deux ans de prison avec sursis et à payer des frais de poursuite de 1 000 £ chacun. Ils sont également condamnés à verser une indemnité de 5 000 £ à Elbit, mais contestent cette décision, la jugeant illégale, en raison de la complicité de l’entreprise dans des crimes de guerre et un génocide : ils n'en démordent pas, ils ne lâchent rien.
Pendant le procès de Bristol, le 26.01.2024, la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye a rendu son Ordonnance Application de la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide dans la Bande de Gaza (Afrique du Sud c. Israël).
CIJ, 3. Conclusion quant à la compétence prima facie (par. 31-32) :Etc, etc.
« la Cour conclut que, prima facie, elle a compétence en vertu de l’article IX de la convention sur le génocide pour connaître de l’affaire et que, en conséquence, elle ne peut accéder à la demande d’Israël tendant à ce qu’elle raye l’affaire de son rôle. »
CIJ III. Qualité pour agir de l’Afrique du Sud (PAR. 33-34) : « La Cour conclut, prima facie, que l’Afrique du Sud a qualité pour lui soumettre le différend qui l’oppose à Israël concernant des violations alléguées d’obligations prévues par la convention sur le génocide. »
Mais les autorités impériales et proconsulaires font la sourde oreille et s'évertuent à protéger, justifier, financer et armer l'entité sioniste dans ses crimes ordinaires contre l'humanité tous azimuts.
Écoutez Sinai et Barkan, écoutez leurs histoires, leurs motivation : ils sont une leçon de lucidité, d'humanité, d'engagement et de ténacité souriante.
PROPOS DE RONNIE BARKAN Recueillis par ABBY MARTIN (version française) :
Comme tous ceux qui ont grandi en Israël, j’ai suivi tout le processus d’endoctrinement. On nous entraîne à être des soldats dès la maternelle, littéralement ! Dès l’instant où j’ai compris, j’ai réussi à surmonter cet endoctrinement, et tout est devenu très clair, car la situation est limpide. L’un des principaux succès de la propagande israélienne est de convaincre le monde que la situation est compliquée, mais elle est loin d’être compliquée : c’est probablement le conflit le moins compliqué du monde aujourd’hui [Ta-Nehisi Coates est du même avis]. Et tout cela concerne essentiellement ceux qui ont le pouvoir, ceux qui oppriment, soumettent et font du commerce avec le peuple autochtone du pays, qui a été opprimé, soumis et expulsé de sa terre. C’est de cela qu’il s’agit. La situation ici n’est pas très différente, autre, de la façon dont elle est perçue dans le monde et au sein de la société israélienne elle-même. Ils aimeraient se percevoir comme quelque chose d’autre, comme étant… libéraux et progressistes et tout ça. Et je me considérais aussi comme tel, jusqu’à ce que je me rende compte qu’en fait, ce n’était pas le cas. L’affaire est très claire et je ne suis pas du bon côté de l’histoire. Et c’est à ce moment-là, vous savez, avec tout cela, que j’ai réussi à surmonter ce genre de lavage de cerveau. Puis, le reste a été très facile.
Donc, Israël a pour objectif de créer un endroit réservé à un groupe choisi, et uniquement à lui. Ce n’est pas seulement le fait qu’ils voulaient prendre le contrôle, usurper la terre et les ressources et tout ça ; c’est aussi le caractère exclusif de cet endroit, qui est le nôtre et seulement le nôtre. Et même tout Palestinien né en Israël, même s’il est citoyen israélien, est déjà considéré comme une sorte de menace pour l’État. Le besoin de ségrégation, le besoin de séparer et de ne pas interagir avec les Palestiniens fait partie de l’identité israélienne. Nous devons donc comprendre que l’identité israélienne dépend du déni de l’identité palestinienne et du déni… soit de l’existence des Palestiniens tous ensemble, soit, à tout le moins, du déni de leur identité, de leur culture, etc. Et puis, juste après le nettoyage ethnique de la Palestine, juste après que les Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons – beaucoup sont devenus des réfugiés –, la Bibliothèque nationale d’Israël a mené une campagne concertée de pillage massif de livres et d’autres objets culturels dans les maisons palestiniennes. Il y a donc une raison pour laquelle… quand nous disons que « l’existence est une résistance », pour les Palestiniens, c’est vrai. Le simple fait d’exister sur leur terre est un acte de résistance en soi. Plus encore, quand ils revendiquent réellement leurs droits, revendiquent leur identité, font des œuvres culturelles, produisent la culture palestinienne : tout cela est un acte de guerre.
(…)
Les gens qui pensent comme moi sont très peu nombreux, et je dirais qu’il n’y a pas de gauche en Israël et qu’elle n’a jamais existé. Ce que vous avez, ce sont ces soi-disant gauchistes, les sionistes libéraux, qui parlent essentiellement le langage de la paix et des droits de l’homme dans tous les domaines, etc., afin d’édulcorer leur racisme et leur suprématie. Et ils parlent un langage très différent de celui du gouvernement en place, par exemple, parce que le gouvernement en place est clairement un gouvernement de droite, ils n’ont aucune honte à exprimer leurs attitudes racistes, etc., ils disent en gros : « tout cela est à nous et à nous seuls » ; beaucoup d’entre eux sont assez honnêtes pour dire : « oui, il y a eu un nettoyage ethnique en Palestine et c’est une bonne chose. Le problème est que nous n’avons pas fini le travail, qu’il reste encore des Palestiniens en Palestine ». Avec l’autre type de sionistes, avec la soi-disant gauche, en Israël, nous ne pouvons même pas nous mettre d’accord sur les faits de base. Mais pour qu'ils se sentent à la fois sionistes et moraux, ils doivent se mentir à eux-mêmes en permanence, à chaque instant de chaque jour. Ils ont donc perfectionné tout ce discours de mensonges pour se mentir à eux-mêmes et pour mentir à la communauté internationale, pour justifier leur existence ici.
(…)
Les opinions des Israéliens sur la situation n’ont absolument rien à voir avec la question de savoir comment changer la situation, elles manquent absolument de pertinence. Est-ce que ce que les Blancs pensaient de l’apartheid en Afrique du Sud à l’époque avait de l’importance ? La question est de savoir comment mettre fin à l’apartheid et aux crimes israéliens. Vous savez, tous les responsables israéliens le diront, prétendront parler au nom du peuple juif et demanderont même aux Palestiniens de reconnaître le droit d’Israël à être un État juif, etc. Je ne reconnais pas le droit d’Israël à être un État juif, car il n’est pas juif par la religion, il est seulement juif par la suprématie blanche. Israël est juif tout comme l’Afrique du Sud était blanche, exactement dans le même contexte, avec exactement la même signification. Et, évidemment, toute personne décente dans le monde devrait s’opposer à cela, car c’est intrinsèquement raciste, et plus que cela. Et c’est aussi tout à fait contraire au droit international. Alors, quand on dit qu’Israël est un État d’apartheid, même s’il n’est pas exactement comme l’Afrique du Sud, il tombe parfaitement sous la définition juridique du crime d’apartheid, qui est un crime très grave, l’un des rares crimes considérés comme des crimes contre l’humanité, ce qui signifie que toutes les parties du monde sont obligées de faire quelque chose contre lui, de ne pas s’en rendre complices. Et ce que nous disons, c’est… non, il y a des droits humains fondamentaux qui doivent être respectés. L’un d’eux est la fin de l’occupation, bien sûr, mais ce n’est pas le problème principal, c’est une partie du problème. Les deux autres droits sont l’égalité à l’intérieur d’Israël même, ou ce que nous appelons la Palestine de 1948, et les droits des réfugiés qui ont été expulsés de là depuis la fondation même de l’État d’Israël. Ce sont des droits fondamentaux ; ils doivent être respectés. Et maintenant, nous pouvons débattre, nous pouvons discuter de la manière dont nous mettons en œuvre ces droits. Je suis prêt à en discuter, je ne vais pas discuter, vous savez, devrions-nous avoir l’égalité ou non ? Ce n'est pas négociable.
Comme tous ceux qui ont grandi en Israël, j’ai suivi tout le processus d’endoctrinement. On nous entraîne à être des soldats dès la maternelle, littéralement ! Dès l’instant où j’ai compris, j’ai réussi à surmonter cet endoctrinement, et tout est devenu très clair, car la situation est limpide. L’un des principaux succès de la propagande israélienne est de convaincre le monde que la situation est compliquée, mais elle est loin d’être compliquée : c’est probablement le conflit le moins compliqué du monde aujourd’hui [Ta-Nehisi Coates est du même avis]. Et tout cela concerne essentiellement ceux qui ont le pouvoir, ceux qui oppriment, soumettent et font du commerce avec le peuple autochtone du pays, qui a été opprimé, soumis et expulsé de sa terre. C’est de cela qu’il s’agit. La situation ici n’est pas très différente, autre, de la façon dont elle est perçue dans le monde et au sein de la société israélienne elle-même. Ils aimeraient se percevoir comme quelque chose d’autre, comme étant… libéraux et progressistes et tout ça. Et je me considérais aussi comme tel, jusqu’à ce que je me rende compte qu’en fait, ce n’était pas le cas. L’affaire est très claire et je ne suis pas du bon côté de l’histoire. Et c’est à ce moment-là, vous savez, avec tout cela, que j’ai réussi à surmonter ce genre de lavage de cerveau. Puis, le reste a été très facile.
Donc, Israël a pour objectif de créer un endroit réservé à un groupe choisi, et uniquement à lui. Ce n’est pas seulement le fait qu’ils voulaient prendre le contrôle, usurper la terre et les ressources et tout ça ; c’est aussi le caractère exclusif de cet endroit, qui est le nôtre et seulement le nôtre. Et même tout Palestinien né en Israël, même s’il est citoyen israélien, est déjà considéré comme une sorte de menace pour l’État. Le besoin de ségrégation, le besoin de séparer et de ne pas interagir avec les Palestiniens fait partie de l’identité israélienne. Nous devons donc comprendre que l’identité israélienne dépend du déni de l’identité palestinienne et du déni… soit de l’existence des Palestiniens tous ensemble, soit, à tout le moins, du déni de leur identité, de leur culture, etc. Et puis, juste après le nettoyage ethnique de la Palestine, juste après que les Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons – beaucoup sont devenus des réfugiés –, la Bibliothèque nationale d’Israël a mené une campagne concertée de pillage massif de livres et d’autres objets culturels dans les maisons palestiniennes. Il y a donc une raison pour laquelle… quand nous disons que « l’existence est une résistance », pour les Palestiniens, c’est vrai. Le simple fait d’exister sur leur terre est un acte de résistance en soi. Plus encore, quand ils revendiquent réellement leurs droits, revendiquent leur identité, font des œuvres culturelles, produisent la culture palestinienne : tout cela est un acte de guerre.
(…)
Les gens qui pensent comme moi sont très peu nombreux, et je dirais qu’il n’y a pas de gauche en Israël et qu’elle n’a jamais existé. Ce que vous avez, ce sont ces soi-disant gauchistes, les sionistes libéraux, qui parlent essentiellement le langage de la paix et des droits de l’homme dans tous les domaines, etc., afin d’édulcorer leur racisme et leur suprématie. Et ils parlent un langage très différent de celui du gouvernement en place, par exemple, parce que le gouvernement en place est clairement un gouvernement de droite, ils n’ont aucune honte à exprimer leurs attitudes racistes, etc., ils disent en gros : « tout cela est à nous et à nous seuls » ; beaucoup d’entre eux sont assez honnêtes pour dire : « oui, il y a eu un nettoyage ethnique en Palestine et c’est une bonne chose. Le problème est que nous n’avons pas fini le travail, qu’il reste encore des Palestiniens en Palestine ». Avec l’autre type de sionistes, avec la soi-disant gauche, en Israël, nous ne pouvons même pas nous mettre d’accord sur les faits de base. Mais pour qu'ils se sentent à la fois sionistes et moraux, ils doivent se mentir à eux-mêmes en permanence, à chaque instant de chaque jour. Ils ont donc perfectionné tout ce discours de mensonges pour se mentir à eux-mêmes et pour mentir à la communauté internationale, pour justifier leur existence ici.
(…)
Les opinions des Israéliens sur la situation n’ont absolument rien à voir avec la question de savoir comment changer la situation, elles manquent absolument de pertinence. Est-ce que ce que les Blancs pensaient de l’apartheid en Afrique du Sud à l’époque avait de l’importance ? La question est de savoir comment mettre fin à l’apartheid et aux crimes israéliens. Vous savez, tous les responsables israéliens le diront, prétendront parler au nom du peuple juif et demanderont même aux Palestiniens de reconnaître le droit d’Israël à être un État juif, etc. Je ne reconnais pas le droit d’Israël à être un État juif, car il n’est pas juif par la religion, il est seulement juif par la suprématie blanche. Israël est juif tout comme l’Afrique du Sud était blanche, exactement dans le même contexte, avec exactement la même signification. Et, évidemment, toute personne décente dans le monde devrait s’opposer à cela, car c’est intrinsèquement raciste, et plus que cela. Et c’est aussi tout à fait contraire au droit international. Alors, quand on dit qu’Israël est un État d’apartheid, même s’il n’est pas exactement comme l’Afrique du Sud, il tombe parfaitement sous la définition juridique du crime d’apartheid, qui est un crime très grave, l’un des rares crimes considérés comme des crimes contre l’humanité, ce qui signifie que toutes les parties du monde sont obligées de faire quelque chose contre lui, de ne pas s’en rendre complices. Et ce que nous disons, c’est… non, il y a des droits humains fondamentaux qui doivent être respectés. L’un d’eux est la fin de l’occupation, bien sûr, mais ce n’est pas le problème principal, c’est une partie du problème. Les deux autres droits sont l’égalité à l’intérieur d’Israël même, ou ce que nous appelons la Palestine de 1948, et les droits des réfugiés qui ont été expulsés de là depuis la fondation même de l’État d’Israël. Ce sont des droits fondamentaux ; ils doivent être respectés. Et maintenant, nous pouvons débattre, nous pouvons discuter de la manière dont nous mettons en œuvre ces droits. Je suis prêt à en discuter, je ne vais pas discuter, vous savez, devrions-nous avoir l’égalité ou non ? Ce n'est pas négociable.
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