mardi 8 octobre 2024

Atrocity Inc : Comment Israël vend sa destruction de Gaza



Susan Abulhawa told Al Jazeera’s investigative unit (I-Unit).
Richard Sanders and Al Jazeera Investigative Unit,
Al Jazeera, 3.10.2024

Chaque accusation israélienne est un aveu
(dicton populaire) 


L’État d’Israël plonge ses racines dans des formalismes légaux foncièrement coloniaux et racistes, ou directement déments : la Bible hébraïque (sic), la Déclaration du raciste judéophobe Lord Balfour (1) de 1917, un Mandat de la SDN octroyé aux Britanniques (2), avec ses agissements et manquements, et le Plan de Partage de la Palestine, un vol à main armée perpétré contre les intérêts des indigènes par le Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine, appuyé tactiquement par le Yichouv (3) et entériné par une Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 181, qui était contrôlée par des puissances impériales-coloniales : c’était le 29.11.1947.
Donc, la légitimité morale et politique de l’entité sioniste est zéro. Si les Occidentaux avaient été véritablement contrits pour leurs épouvantables méfaits contre les Juifs, et bien entendu qu’ils auraient dû l’être, ils auraient dû adopter une solution et assumer des compensations qui, en aucun cas, n’auraient dû retomber sur un peuple qui n’avait rien à voir avec l’Holocauste, un peuple innocent et pacifique. La magouille très scélérate consistant à se débarrasser des Juifs au détriment des Palestiniens, ignorés, dé-considérés, traités comme des NO-PEOPLE, sent ce qu’elle est : un suprémacisme raciste et colonial.

J’ai déjà cité dans ce blog un article de Craig Mokhiber et Phyllis Bennis, du 8 janvier 2024, intitulé A Crack in a 75-year-old Wall of Impunity: South Africa Challenges Israeli Genocide in Court, FPIF.org, où ils nous rappellent à ce propos :
« 1948 fut une année d’ironie tragique. Cette année-là a vu l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, promettant ensemble un monde dans lequel les Droits de l’Homme seraient protégés par l’Empire de la Loi. La même année, l’Afrique du Sud adopta l’apartheid et les forces israéliennes exécutèrent la Nakba, la violente dépossession massive de centaines de milliers de Palestiniens. Les deux systèmes s’appuyaient sur le soutien colonial occidental. »
Le 7 Octobre, mis à part d'autres aspects louches qu'il faudra établir opportunément (4), est la récolte de ce que le Sionisme a laborieusement semé depuis notamment 1947 ; à partir des racines décrites, le Sionisme a administré et continue d'administrer aux Palestiniens, sans désemparer, depuis presque huit décennies, une épuration ethnique, des massacres régulières, le carnage méthodique des enfants palestiniens perpétré par les bombes et les tireurs d'élite israéliens (cf. Mark Perlmutter), la destruction de villages, des démolitions constantes, l'empoisonnement du bétail palestinien, l'arrachage ou le bombardement des oliviers, les citronniers et autres arbres fruitiers, des terrassements (ou écrasements) fréquents au bulldozer dans les rues et les terres palestiniennes —et la presse libre confond vandale et vandalisé—, un écocide dont presque personne ne parle, la suppression et le remplacement de la toponymie palestinienne historique, les falsifications historiques et archéologiques (cf. à cet égard Yigael Yadin, en fait Sukenik, fils d'un couple polonais, Benjamin Mazar, en fait le polonais Binyamin Zeev Maisler, ou l'allemand Yohanan Aharoni), le pillage archéologique, voire gastronomique ou textile, un « scolasticide » (5) qui concerne le système éducatif général, les universités et la vie culturelle, l'assassinat de grand nombre de journalistes, de soignants, de personnel de l'ONU et humanitaire, la soumission à un régime militaire, l'établissement de contrôles rendant la vie impossible, des murs partout, l'emprisonnement de tout un chacun et tout une chacune (y compris les mineurs) dans des conditions épouvantables, la torture, les viols et abus sexuels en général (y compris avec des chiens, oui, avec des chiens), l'interdiction des déplacements, la famine, le blocage de l'eau potable, les médicaments et d'autres marchandises essentielles, la limitation de la pêche ou de l'entrée et de la sortie du territoire, une polymutilation généralisée (via arrosages, via francs-tireurs), en fait, des traumatismes physiques et psychiques inconmensurables, un méticuleux dé-développement économique, etc. etc. etc., le tout dans un processus infernal et progressif, avec des accélérations de plus en plus monstrueuses. Truffées d'enfumages gerbants.

Le 7 Octobre est le résultat de tout cela, c'est un produit nettement sioniste. Judith Butler (membre de Jewish Voice for Peace), le 5.04.2024 :
« Je pense que nous pouvons avoir des points de vue différents sur le Hamas en tant que parti politique, nous pouvons avoir des points de vue différents sur la résistance armée. Mais je pense qu’il est plus honnête, et correct, historiquement, de dire que le soulèvement [uprising] du 7 octobre était un acte de résistance armée. Ce n'est ni une attaque terroriste, ni une attaque antisémite. C’était une attaque contre les Israéliens et vous savez, je n’ai pas aimé cette attaque, je l’ai dit publiquement, j’ai eu des problèmes pour avoir dit ce que j’ai dit. Cela a été angoissant pour moi, c’était angoissant, c’était terrible. Toutefois, je serais vraiment déraisonnable si je décidais alors que la seule violence à cet endroit était la violence à l’encontre du peuple israélien. La violence contre les Palestiniens a lieu depuis des décennies. C’était un soulèvement qui résulte d’une situation de soumission [subjugation] et contre un appareil d’État violent. Soyons clairs. Alors, on peut être pour ou contre la résistance armée, on peut être pour ou contre le Hamas, mais mettons-nous d’accord au moins sur le terme ‘résistance armée’ et ensuite, nous pourrons débattre de la question de savoir si l’on pense que c’est juste ou s’ils ont fait ce qu’il fallait faire, ou [applaudissements] s’il y a d’autres stratégies… Mais le problème est que, si vous appelez cela résistance armée, vous êtes immédiatement considéré comme étant en faveur de la résistance armée, et en faveur de cette résistance armée et de cette stratégie. Et de dire, bon, en fait, peut-être pas cette stratégie, mais nous pouvons débattre de la résistance armée. Le débat est ouvert, mais je pense qu’il est correct, de manière descriptive, si l’on décide que c’était seulement, ou principalement, antisémite, encore une fois, nous effaçons la structure politique et la structure violente qui est à l’origine de ce soulèvement. Je vais avoir des problèmes pour avoir dit ça, mais vous me défendrez lorsque je serai attaquée demain ! »
Mais il n'y eut pas que des atrocités, y compris celles commises par l'armée israélienne : en application de la directive ou procédure Hanniballes chars et les hélicoptères de Tsahal tirèrent sur le taspour empêcher le Hamas de capturer des soldats —but essentiel de l'opération de la résistance—, et tuèrent ainsi bon nombre d'Israéliens ce 7 octobre 2023. Combien ? Impossible pour l'instant, probablement pour toujours, d'en savoir la quantité exacte (cf. note 6, déclarations de Richard Sanders).
Il y eut aussi, du premier abord, une épouvantable campagne de diffamation, des canulars affreux propagés de concert par les autorités et les médias de l'empire du mal en pire [cf. ici, iciici, ici, ici, iciici, ici, ici, iciici, ici ou ou encore et ... : et des faits avérés cachés]. Et, tout récemment, il y a au moins un film et un livre qui abordent cette campagne d'intoxication en détail (6). Il s'agit d'Atrocity Inc. et de 7 octobre, enquête sur la journée qui a changé le monde. On en parle ensuite.

Atrocity Inc. est un documentaire réalisé par Max Blumenthal et Sut Jhally qu'ils viennent de diffuser, aujourd'hui 7.10.2024, un an après le Sept Octobre, date à laquelle n'ont commencé ni le nettoyage ethnique ni le génocide coloniaux des Palestiniens par le Sionisme.
Les auteurs présentent ainsi leur film :
Dans un nouveau documentaire exclusif, Max Blumenthal lève le voile sur les tromperies médiatiques et les canulars atroces qu'Israël a diffusés après le 7 octobre dans le but de créer un espace politique pour son assaut macabre sur la bande de Gaza. Blumenthal expose le rôle des médias grand public étasuniens comme porte-voix du gouvernement israélien, introduisant de nouveaux mensonges même après que les premiers ont été démystifiés.
Atrocity Inc. soulève de sérieuses questions sur le récit officiel du 7 octobre, tout en révélant comment l'armée israélienne s'est consciemment engagée dans les mêmes atrocités hideuses dont elle a faussement accusé les militants palestiniens. [...accusatio non petita, excusatio manifesta...]



Ces sombres craques, bien connues, sont parfois sujet de débat sur les plateaux des télévisions israéliennes. C'est ainsi que Mickey Rosenthal peut se lâcher et reconnaître tranquillement qu'il ne suffit pas de massacrer des enfants palestiniens ou de pilonner sans opposition une population désarmée en général et ses moyens de subsistance. Cette guerre où il n'y a presque pas de combats comporte aussi d'autres impératifs :
— Journaliste : Mickey Rosenthal, why were things that didn’t happen said? [Mickey Rosenthal, pourquoi on dit des choses qui ne se sont pas produites ?]
— Mickey Rosenthal, Politicien: I assume that, in order to increase the magnitude of the hatred for Hamas, as if it’s necessary to say, as if what happened wasn’t enough… [Je suppose que pour augmenter l’ampleur de la haine envers le Hamas, comme s’il était nécessaire de le dire, comme si ce qui s’est passé ne suffisait pas…]
— Journaliste : But what, are people inventing, serious people are inventing these events? [Mais quoi alors ! les gens inventent, des gens sérieux inventent ces événements ?]
— Mickey Rosenthal: The answer is that maybe they heard it... as a rumor, and maybe… But, and that’s the most important thing to say in this context: the war is not only military, and not only political, but it’s also mainly media, and I’m not sure it’s not the most important part. Also to our Prime Minister! [La réponse est qu’ils ont peut-être entendu cela... comme une rumeur, et peut-être… Mais, et c’est la chose la plus importante à dire dans ce contexte : la guerre n’est pas seulement militaire, et pas seulement politique, elle est aussi principalement médiatique, et je ne suis pas sûr que ce ne soit pas la partie la plus importante. Et pareil pour notre Premier ministre !]
La fabrication des fictions de la désinformation est soumise à des experts se connaissant en techniques du marketing genre HEC, vous savez, briefings, targets, brainstormings et autres anglicismes recouvrant les activités du service production de ventes. Blumenthal suggère une piste intéressante sur la généalogie, dans ce cas précis, de l'adaptation de l'horreur narrative requise par la machine génocidaire sioniste au dé-goût du public :
« Le soutien initial de l’opinion publique étasunienne à une réponse militaire israélienne aux attaques du 7 octobre a commencé à diminuer après plusieurs mois, les sondages montrant qu’une forte majorité des électeurs du Parti Démocrate étaient favorables à un cessez-le-feu immédiat. Face à cette crise de relations publiques, Israël a cherché un nouveau dispositif de propagande qui permettrait de stopper l’hémorragie politique tout en entretenant celle de Gaza. Pour déterminer l’angle à adopter, Israël s’est tourné vers Frank Luntz, un célèbre sondeur [et consultant politique et en communication] qui, par le passé, avait aidé le Parti Républicain à façonner son programme de réduction d’impôts favorable aux entreprises. Il a également conçu le célèbre dictionnaire de langue globale [The Israel Project’s 2009 for Security, Freedom and Peace (ultra-sic) - Global Language Dictionary], qui conseille aux militants pro-israéliens les mots et expressions à utiliser lors de groupes de discussion pour maintenir le soutien étasunien à Israël dans sa guerre contre les Palestiniens.
En mars dernier, j’ai reçu un tuyau d’un initié politique qui avait assisté à plusieurs séances d'information [formation ?] que Luntz avait données aux législateurs de l’État de New York et à divers influenceurs. Il s’agissait de diaporamas de données que Luntz avait collectées lors de groupes de discussion qu’il avait dirigés sur la guerre à Gaza.
Dans l’un des groupes de discussion, Luntz a demandé aux participants d’identifier quel crime présumé du Hamas du 7 octobre les avait le plus bouleversés. Une majorité des répondants ont déclaré qu’ils étaient plus bouleversés par l’affirmation selon laquelle le Hamas aurait « violé des civils », 19 % de plus que ceux qui ont exprimé leur indignation face au Hamas qui aurait exterminé des civils. Il est donc tout à fait clair que les recherches de Luntz ont influencé l’étape suivante de la guerre [blitz] de propagande d’Israël, lorsque Tel-Aviv est vite passée des bébés décapités et d’autres atrocités complètement inventées au fléau soudainement découvert du viol systématique par le Hamas le 7 octobre. »
Petite digression : Frank Luntz mériterait un billet pour lui tout seul. Il est l'auteur de Words That Work. It’s not what you say, it’s what people hear, New York: Hyperion, 2007. Cf. les pages 116, 117 de «Reto» y retórica: el concepto de «Franquicia Léxica», un essai récent (Revista Española de Retórica, 19.07.2024) de Juan Luis Conde —voir aussi ici.
James Salzer, (The Words of Newtspeak Transformed U.S. Politics, The Atlanta Journal-Constitution, 2016) rappelle qu'en 1990, Luntz avait travaillé avec le Républicain Newt Gingrich dans le but de publier un mémo de mots testés par des groupes de discussion que les candidats du GOP pourraient utiliser dans leurs campagnes politiques. La lettre d’accompagnement, signée par Gingrich, était intitulée « La langue, un mécanisme clé de contrôle » [“Language, a Key Mechanism of Control” (version 1996), cf. Political Memo; For G.O.P. Arsenal, 133 Words to Fire, 9.09.1990] et encourageait les candidats à « parler comme Newt ». « Cette liste a été préparée pour que vous puissiez avoir un répertoire de mots à utiliser dans la rédaction de littérature et de courrier, dans la préparation de discours et dans la production de médias électroniques », disait la note. « Les mots et les phrases sont puissants. Lisez-les. Mémorisez-en autant que possible. » Les « mots de gouvernance (sic) positifs et optimistes » comprenaient « challenge » (défi), « empowerment », « legacy » (héritage), « share » (partager), « sens commun », « changement », « morale », « courage », « réforme », « liberté » (freedom et liberty), « bon sens »... Les mots négatifs et contrastants à utiliser pour les adversaires comprenaient « destructeur, libéral, traîtres, radical, corruption, impôts, welfare (terme qui renvoie à bien-être, providence, aide sociale, assistance sociale...) », voire « anti- (issue): flag, family, child, jobs » (« anti-(enjeu) : drapeau, famille, enfant, emplois »). Ce lexilavage de cerveau, ce conditionnement ou bourrage de crâne à travers le langage —à travers des expressions transformées en de vrais slogans de franchise— a triomphé dans le monde entier par mille voies directes et indirectes, et les activistes appartenant aux mouvements féministes et aux mouvements sociaux parlent en bonne partie, à leur insu, la langue de Gingrich, avec son agenda mental, cela va sans dire, ce qui est consternant.

Revenons à nos moutons. Dans son documentaire, Max Blumenthal se demande, au sujet de l'application de la procédure Hannibal par l'armée israélienne le 7 octobre :
Combien d'Israéliens l'armée israélienne a-t-elle tués le 7 octobre ? Des dizaines, des centaines ? Ont-ils tué la majorité des civils enregistrés dans le bilan officiel ? Nous ne le saurons peut-être jamais, non seulement parce que le Département d'État américain affirme constamment le droit d'Israël à enquêter sur lui-même, mais aussi parce que les médias occidentaux ont montré si peu d'intérêt à enquêter, ou même à rendre compte, de la directive Hannibal, car elle ne correspond tout simplement pas au récit préféré de la sauvagerie du Hamas...
Parmi d'autres informations effrayantes, il évoque Bienvenue en enfer : le système pénitentiaire israélien, un réseau de camps de torture, un rapport glaçant de B'Tselem datant du 6.08.2024 :
Dans un rapport choquant s’appuyant sur le témoignage de 55 anciens prisonniers palestiniens, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a démontré que le système pénitentiaire israélien après le 7 octobre s’était transformé en ce que le groupe a appelé un réseau de camps consacré aux abus des détenus par principe.
Selon B’Tselem, ces installations, dans lesquelles chaque détenu est délibérément soumis à des souffrances et des douleurs incessantes, fonctionnent de facto comme des camps de torture. Au cœur du réseau de centres de torture israéliens se trouve Sde Teiman, un établissement dans le désert du Néguev qui a été construit après le 7 octobre pour emprisonner les milliers d’hommes capturés par l’armée israélienne à Gaza. Les groupes de défense des droits de l’homme du monde entier ont démontré que beaucoup de ceux qui croupissent dans cet établissement sont des civils innocents, notamment des médecins kidnappés dans des hôpitaux de Gaza et soumis à des actes sadiques de violence et de torture.
Au moment même où l’appareil de propagande international israélien diffusait des histoires inventées de toutes pièces selon lesquelles des militants du Hamas auraient agressé sexuellement des femmes juives lors d’une fête le 7 octobre, des membres de l’unité militaire israélienne de l’ombre, connue sous le nom de Force 100, violaient en réunion des hommes palestiniens sans défense à Sde Teiman. Nous savons que c’est vrai, non seulement grâce aux témoignages d’anciens prisonniers, qui ont déclaré aux médias et aux groupes de défense des droits de l’homme qu’ils avaient été sodomisés par des soldats israéliens avec des barres de métal électrifiées, mais aussi parce qu’il y avait des preuves vidéo réelles. Les soldats responsables de ces crimes odieux ont été clairement filmés en train d’agresser sexuellement les prisonniers. Une fois de plus, une allégation formulée par les propagandistes israéliens contre des Palestiniens s’est avérée une confession. La culpabilité des soldats pour avoir sodomisé des prisonniers palestiniens n’a jamais été contestée. En fait, une douzaine de membres de la Force 100 ont été signalés et accusés auprès d’un tribunal militaire israélien pour avoir abusé sexuellement des prisonniers, et ce qui s'est passé ensuite a révélé à quel point les poursuites étaient creuses en réalité, car alors que les soldats étaient transportés vers la base militaire de Beit Lid, en Cisjordanie occupée, les nationalistes israéliens ont déclenché une série d'émeutes en soutien aux violeurs collectifs accusés. Et personne n'a été arrêté lors des émeutes et, au moment du tournage de ce documentaire, les soldats n'ont pas encore été inculpés. Tandis que des manifestations se poursuivaient à travers Israël en soutien aux soldats et à la pratique même de la sodomisation des prisonniers palestiniens, des appels à l'exonération des soldats ont afflué de la part de hauts ministres du gouvernement israélien, comme Itamar Ben-Gvir.
[Cf. Gideon Levy, Haaretz, 7.04.2024 :
Des membres sont régulièrement amputés au centre de détention de Sde Teiman et il n'y a aucune réaction. À Gaza, il y a 17 000 enfants orphelins ou séparés de leurs parents, et rien. Les médecins israéliens ne protestent pas pour Sde Teiman, pas plus que leurs travailleurs sociaux pour les enfants affamés et ceux qui sont morts ou assassinés. Nous sommes devenus des monstres. Non seulement dans nos actions, mais surtout dans notre apathie.]
Désolé, Gideon, mais c'est encore pire : l'action criminelle l'emporte sur l'apathie, y compris chez les médecins israéliens

Justement, en ce qui concerne l'interminable après-7-Octobre, il faut conseiller aussi la possibilité du visionnement de Gaza. Depuis le 7 octobre, le film, de montage d'Aymeric Caron, diffusé à l'Assemblée nationale française le 29 mai dernier (avant la dissolution). Il montre le quotidien des Gazaouis sous les pilonnages et le harcèlement terrestre des Israéliens à partir du 7 octobre 2023. Sa matière sont les documents filmés par des journalistes palestiniens diffusés sur les réseaux sociaux entre octobre 2023 et mai 2024. Attention : c'est brutal. Le médecin français (et juif) Rony Brauman a commenté à son propos :
« Ce film est écrasant, effroyable… Voilà ce qu’est vraiment la supposée “guerre contre le Hamas”. Cette réalité terrible doit être montrée crûment. Il est bon que ce film puisse être vu. On aimerait qu’il soit vu en Israël. »
Le film est hébergé par le site des Mutins de Pangée qui nous préviennent :
Attention, si vous décidez d’appuyer sur le bouton de lecture, vous ne sortirez pas indemne de ce visionnage. Personne n’a envie de voir des images aussi effroyables, mais elles témoignent de ce qui se passe à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023.
(...) Le film contient beaucoup d’images du journaliste palestinien Motaz Azaïza, aujourd’hui en exil, et qui vient de recevoir le prix Liberté à Caen, décerné par la région Normandie avec l’Institut international des droits de l’homme et de la paix.
Oui : une armée sioniste soutenue par la première puissance militaire et technologique de la planète pilonne sans arrêt... des armées arabes ? Non, plutôt désarmés arabes.

Il faut également faire état, en la matière, de la publication de deux livres (qui en cachent d'autres) édités par Investig'action, qui annonce —sous le titre Israël-Palestine : comprendre et agir— une conférence de présentation le 17 octobre 2024, de 18h00 à 22h00, dans la salle Aladin, à Molenbeek (Bruxelles), avec la participation des trois auteurs concernés, Michel Collon, Jean-Pierre Bouché et Saïd Bouamama.

Saïd Bouamama présentera Le Manuel stratégique de la Palestine et du Moyen-Orient,
un livre superbement documenté et illustré, qui refait toute l’historique de la région et qui montre que la décision de créer Israël fut prise à Londres et Washington. Il raconte ensuite 76 ans de luttes du peuple palestinien pour leurs droits, face aux puissances impériales. Sa conclusion est que la victoire de la Palestine sera aussi une libération pour l’humanité tout entière.
Michel Collon et Jean-Pierre Bouché avaient déjà publié le 18 décembre 2023 une compilation éloquente de citations glosées, ordonnées chronologiquement, sur les délires criminels théoriques et analytiques des mandarins sionistes historiques intitulée Israël, Les 100 pires citations, 232 pages :
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années.
Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps.
Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est concrétisé. Pour comprendre ce qui semble être une guerre perpétuelle entre Israéliens et Palestiniens, il faut donc replacer les acteurs en présence dans le temps long de l’Histoire.
Cette démarche permet de déconstruire certains mythes : de l’idée « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre » au caractère égalitaire de l’État d’Israël, de « la seule démocratie du Moyen-Orient » à l’inscription des tensions actuelles dans une prétendue « guerre des civilisations ». Ce livre apporte ainsi sa pierre à l’édifice de la compréhension d’un conflit que beaucoup de journalistes définissent comme « trop complexe ».
La compréhension est pourtant la première des conditions pour aller vers une paix juste dans la région.
Comme complément de lecture démystifiante, je suggère un autre bouquin, signé par l'historien israélien Ilan Pappé, déjà abordé dans ce blog : Les dix légendes structurantes d'Israël, traduction française de son essai Ten Myths About Israel, Verso, New York, 2017, 192 pages.

Finalement, Michel Collon et Jean-Pierre Bouché vont présenter dans la salle Aladin à Bruxelles l'ouvrage qu'ils viennent de co-écrire : 7 octobre, enquête sur la journée qui a changé le monde,
Une analyse précise et illustrée des manipulations médiatiques qui ont eu lieu dans les jours qui ont suivi le 7/10 2023. Objectif de ces manipulations ? Justifier au préalable la destruction de Gaza et l’élimination de tout ce qui se rapproche de près ou de loin à des “terroristes”. Cette enquête approfondie passionnera tous ceux qui veulent comprendre les conflits en recherchant la vérité dans les faits, en confrontant les versions, en étudiant les causes.
Autrement dit, et pour conclure : L'armée israélienne et les principaux médias et gouvernements occidentaux agissent de concert : tandis que l'une massacre avec une cruauté sans limites, se moque de ses victimes et le publie, les autres diffament les massacrés pour justifier un bain de sang brutal et sans fin.

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NOTES :

(1) Auteur de The Aliens Act 1905 et heureux de voir les Juifs déguerpir.

(2) Traîtres à leurs promesses aux peuples arabes, joueurs sur deux tableaux.

(3) ...qui envisageait d’en avoir encore plus, à commencer par Ben Gourion —cf. les débats internes de l’Agence juive au sujet du rapport de la Commission Peel—, comme les fascistes purs de l’Irgoun et du Lehi, qui n’acceptèrent pas le Plan de Partage.

(4) Au sens figuré, le mot récolte veut dire aussi ce qu'on recueille à la suite d'une quête, d'une recherche. L'histoire sioniste est bourrée d'actions disons sournoises, à l'hôtel David comme à Bagdad, et dans l'affaire du 7 Octobre, il serait insensé d’écarter certaines hypothèses plus que plausibles.

(5) « Ce terme fait référence à l’anéantissement systémique de l’éducation par l’arrestation, la détention ou l’assassinat d’enseignants, d’étudiants et de membres du personnel éducatif, ainsi que par la destruction des infrastructures éducatives. »

(6) Évidemment, il y en a eu d'autres. Côté films, il est juste de citer le pionnier en la matière, October 7, dont la vidéo n'est visionnable que sur YouTube et soumise à une limite d'âge. Il fut produit par Al Jazeera Investigations (et commenté illico, ici, par Electronic Intifada le 11.03.2024). À l'époque, j'en eus vent par Novara Media, ce même 11.03.2024. Leur information là-dessus était très pertinente et ils proposaient en prime un entretien très intéressant avec le très compétent journaliste d'investigation anglais Richard Sanders, réalisateur du documentaire.
EXTRAIT de ses déclarations (à écouter dans leur intégralité) :
It's quite difficult really pinning down the specifics of how many people die and in what way they die. We've put an enormous amount of work into this and have this a list we've drawn up. We can't pretend it's definitive. One of the oddities of the whole story is that the Israelis farm out the collection of bodies to this organization called Zaka, which is a voluntary Ultra-Orthodox religion organization, which firstly is, you know, they're amateurs, they're not professionals, they're not trained in this sort of thing, they're particularly not trained in forensics, and also, to be fair to them, they were simply overwhelmed that the scale of this was something they'd never done before. But it's quite clear that photographs… bodies were not photographed in situ, carefully noted of exactly where bodies were found, and in what state they were found were not made. So, an absolutely clear and definitive map of who died, where they died, how they died, why they died… will probably never be done, simply because of the mistakes that were made in the first sort of 48 hours after the massacre itself. Now, it's quite clear that a number of people were killed by Israeli forces. The Israeli newspaper Yedioth Ahronoth [Ynetnews] has reported that the Hannibal directive was issued at midday on the 7th. Now, the Hannibal directive is something the Israelis have used in the past. It results from the embarrassments they've had where they've had to exchange hundreds, even thousands of Palestinian prisoners for just one Israeli soldier. They clearly wanted to avoid that happening again and a directive… it's widely accepted, was issued to the Israeli military that if soldiers look like they're going to be captured and taken off to Lebanon or to the Gaza Strip or wherever, better to kill everyone than to allow that to happen. Now, that directive was supposedly rescinded a few years ago, but it's been reported in the Israeli press or, specifically, by Yedioth Ahronoth, that it was revived at midday on the 7th, and the Israeli Army has not denied this.
Now, we have two types of friendly fire that happened. The first is Apache gunships, which are mobilized from very early on the 7th for a long time: in fact, they're the only sort of presence the Israeli Defence Force has in the area at all. Now, we have definitive proof that one person, one hostage is killed by an Apache gunship. But if you actually just look at the footage, and the Israelis released enormous amounts of footage, gun camera footage, I think in an effort to show they were doing something on the 7th; if you just look at that footage, common sense tells you in a lot of those shots at least they can't possibly know who they're shooting at. Now, we scrutinized the data very carefully and we came up with a figure of 27 people who are clearly taken hostage and clearly… and leave their homes, are taken from their homes, or taken into the sort of possession of Palestinian gunman, but never make it to the fence, and die in circumstances that have not been explained. It seems to me there is a fairly strong probability that a number of them were killed by fire from helicopter gunships. Zaka told us they had handed over 21 bodies to the authorities which they identified as Palestinian bodies, which were then sent back; they said: no, no, no, these are Israeli bodies, and again common sense would suggest those were bodies that were not found in their homes and were found surrounded by Palestinians. Again, that may be an indication of people who were killed by helicopter gunships.
You then have people who are killed by friendly fire from ground forces. There's one particular incident in Kibbutz Be’eri, where 12 people are killed, and they're almost certainly killed by the Israeli police and army. And we know about this because we have survivors. It's quite likely there are a number of other incidences where people are killed by Israeli forces. We don't know about this, because there are no survivors.
And you just have to… it was a very interesting thing as the Press went into the Kibbutzim in the day after, days after October the 7th. They… you can often hear them sort of looking around them, saying hang on, this scale of damage here can't have been done by people with RPGs (rocket-propelled grenades ) and machine guns; something bigger has been used there. Now, some of that damage is fire damage: Hamas were setting fire to houses to try and drive people out of their safe rooms. So, you know, sometimes houses are destroyed by fire and that is very likely to be Hamas, but a lot of houses are ruined, they just collapsed, and had not been burned down, they'd clearly been hit by Israeli fire. So, we came up with a figure of 18 people where we're quite certain were killed by Israeli Ground Forces, but again, there's a potential larger number of people who were found under their destroyed home and we simply don't know how they died.

J'insère en plus deux vidéos : d'abord Gaza - Enquêtes d'Al Jazeera (War crimes in Gaza), un long-métrage (1h 20' 59'') d'investigation littéralement impressionnant, que nous devons encore à Richard Sanders et l'Unité d'enquête d'Al Jazeera, qui, tout comme le montage de Caron, expose la brutalité sanguinaire de l'acharnement israélien contre une population affamée, mutilée, malade, en déplacement perpétuel et désarmée, tout en soulignant l'expression d'un sadisme particulièrement retors, car ce film intègre (comme celui de Max Blumenthal, d'ailleurs) des photos et vidéos mises en ligne par les soldats de Tsahal (Brigade 261-Pelech compagnie,101 bataillon, parachutistes, groupes du génie de combat, 890 bataillon de parachutistes, 614 bataillon, 460 brigade, compagnie de la division de Gaza, brigade Givati, brigade Golani, 8219 bataillon, 551 brigade...) sur les réseaux sociaux pour crâner et se réjouir avec copains et proches.
C'est horrible. À rendre tripes et boyaux. Al Jazeera a compilé et analysé une base de données de plus de 2 500 comptes sur les différentes plateformes des réseaux sociaux. La plupart des photos et vidéos relèvent de trois catégories : destructions injustifiées, mauvais traitements infligés aux détenus et utilisation de boucliers humains. Ces trois cas pourraient constituer des violations du droit international humanitaire (DIH) et des crimes de guerre au sens du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, explique la chaîne qatarie. Tout y est : destructions de tout poil, enfants brûlés, vols dans les maisons palestiniennes, chansons et danses très macabres... les selfies du génocide tiktoké, la jubilation des génocidaires instagramer, avec la présence très fréquente dans leurs images et vidéos publiées de leurs enfants éduqués dans le plus pur antisémitisme : voilà l'image de marque insurmontable d'une civilisation pathétique et psychotique, voilà le portrait de nos valeurs.

Le documentaire d’Al Jazeera est dédicacé à la mémoire de toutes les personnes travaillant pour des médias ayant été assassinées par l’armée israélienne à Gaza.


Puis le résumé d’une année de génocide atroce, One Whole Year of Genocide, sous forme de chanson prenante proposée par BBOBBYY, chez Double Down News. Une chanson qu’Israël ne voudrait aucunement que vous entendiez :


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Mise à jour du 20 octobre 2024 :

Pour les plus hâtés, Double Down News (DDN) vient de sortir ce que nous pourrions considérer comme une version courte (17'29'') de War crimes in Gaza, glosée par Richard Sanders, le journaliste directeur d'Aljazeera Investigation, qui est le principal responsable du documentaire.
Voici cette longue bande-annonce :


Extrait transcrit :
Richard Sanders : Il n'y a aucune équivalence entre, d'un côté, une puissance occupante toute puissante qui construit des colonies illégales sur les terres palestiniennes et, de l'autre côté, un peuple prostré, impuissant et sans défense. Il n'y a là aucune équivalence morale, politique ou militaire. Mais le 7 octobre, deux bébés sont tués, d'accord, c'est horrible, c'est épouvantable. Eh ben, fin août, lorsque le ministère de la Santé de Gaza a publié des chiffres détaillés, les 14 premières pages, 701 noms, étaient occupées par des enfants de moins d'un an, et cela n'inclut pas 7 000 personnes pour lesquelles il n'y avait aucune documentation, cela n'inclut pas le grand nombre de personnes qui sont encore sous les décombres, ou qui sont mortes par manque d'accès aux soins de santé. [Bâtiments, infrastructures et personnel qui ont été délibérément pilonnés et boycottés par Tsahal, dis-je.]

D'autre part, en ce qui concerne Investig'action et ses dernières publications, Michel Collon, Jean-Pierre Bouché et Saïd Boumama ont présenté à plusieurs reprises leurs ouvrages cités plus haut, ces dernières semaines, un peu partout en Belgique et en Suisse. Dans ce contexte, voici une interview en ligne de Mizane TV avec Michel Collon à propos des fake news du 7 octobre, entretien organisé à la suite de la récente parution de son livre/enquête, co-écrit avec Jean-Pierre Bouché et le Collectif TEST MEDIA, intitulé 7 octobre. Enquête sur la journée qui a changé le monde. Durée de la vidéo : 29'05''.

Table des matières du livre/enquête :

Introduction – À la recherche des faits et des causes
Non, tout n’a pas commencé le 7 octobre
Bébés décapités : un cas d’école
Viols de masse ? Analyse des témoignages
L’opération militaire qu’on ne veut pas voir
Netanyahou a-t-il été surpris ? Prendre des otages pour quoi faire ?
Pourquoi les kibboutz ont-ils été visés ?
Festival Nova : pouvait-on éviter le massacre ?
D’où vient cette violence ? Les effets du colonialisme
Civils tués : combien et pourquoi ?
Doctrine Hannibal : quand des Israéliens tuent des Israéliens
Quand le New York Times reçoit des instructions
Bilan des médias de France, Belgique et Suisse
Comment contrôler Wikipédia et inonder Internet
Conclusion – Il est temps que chacun se bouge contre les mensonges car ils tuent

Michel Collon chez Mizane TV

Dr Gabor Maté, psychothérapeute canadien d'origine juive, extrait de son entretien avec Frank Barat, le 14.10.2024, à propos du sujet le poids des traumatismes et de la culpabilité) :
(...) tout d'abord, les images de ce matin [la nuit du dimanche 13 au lundi 14 octobre]… c'est comme si nous regardions Auschwitz sur Tik Tok, tu sais ? S'il y avait eu YouTube, Instagram et Tik Tok à Auschwitz… c'est ce que nous aurions vu : des gens brûlés vifs et… c'est plus qu'horrible, c'est incompréhensible, et, quant à ton affirmation que cela devrait finir à un moment donné, en fait c'est l'inverse ; lorsque des gens comme ça sont habilités et encouragés, et autorisés, et soutenus, et… perpétrant leurs horreurs, ils deviennent plus fous, ils deviennent plus cruels, ils deviennent plus féroces, plus implacables, plus impitoyables. C'est ce qui est arrivé aux Nazis. Les Nazis n'ont pas commencé avec les chambres à gaz, tu sais, mais ensuite, ils ont commencé à tuer leurs… malades mentaux dans des camions à gaz, puis ils ont commencé à tirer sur les Juifs en Europe de l'Est, et puis ils ont fini par construire les chambres à gaz d'Auschwitz. Donc, c'est une progression de la folie et de la cruauté, c'est presque inévitable de la part du criminel. Et surtout quand c'est encouragé par toutes les puissances impériales. Maintenant, tu demandes s'il y a une culpabilité à Bruxelles. Eh bien, il n'y a pas eu assez de culpabilité à Bruxelles. Les Belges ont tué 12 millions de Congolais à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Ce sujet est à peine évoqué à Bruxelles, même aujourd'hui. Je ne sais pas dans quelle mesure l'enseignement de cet Holocauste est dispensé dans les écoles belges. (...)

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