jeudi 11 avril 2019

Vivre tue et l'Économie y met du sien

Air pollution is the fifth leading risk factor for mortality worldwide. It is responsible for more deaths than many better-known risk factors such as malnutrition, alcohol use, and physical inactivity. Each year, more people die from air pollution–related disease than from road traffic injuries or malaria.
(State of Global Air/2019. A Special Report on Global Exposure to Air Pollution and its Disease Burden)

Vivre tue, mais l'Économie et sa maudite Sainte Croissance* accélèrent notre mort. Mis à part leur amour pour les guerres et autres casse-pipes, elles nous farcissent de produits toxiques de tout poil par la bouche et par le nez. Et nous n'avons pas de tuyaux d'échappement : nous serons tous des morts prématurés car la pollution de l'air extérieur et ses particules fines seraient à l’origine de 800 000 morts prématurées par an en Europe et de près de 9 millions à l’échelle de la planète, deux fois plus que ce qui était estimé jusqu'à présent. Des chiffres de guerre mondiale. En fait, plus nous polluons, le jour comme la nuit, plus nous devenons cons. Ça se voit. Et c'est logique, car la pollution réduit notre intelligence. Voilà ce qui pourrait expliquer notre dérive, au moins en partie.

Si l'humanité était capable de réduire la pollution de l'air aux niveaux acceptés par l'OMS, les enfants qui naîtraient désormais disposeraient d'une espérance de vie 20 mois supérieure à celle d'aujourd'hui. Ce serait la moyenne mondiale car le gain de vie serait encore plus considérable dans les pays dits en voie de développement (cf. carte ci-dessous).


Pour en savoir plus, vous n'avez qu'à lire (en anglais) le rapport État Global de l'Air 2019 (State of Global Air/2019), une étude que viennent de publier le Health Effects Institute (institution indépendante qui siège à Boston, aux États-Unis) et l'Institute for Health Metrics and Evaluation (dépendant de l'Université de Washington), en collaboration avec l'Université British Columbia (Canada).
Le 12 mars 2019, en castillan, La Vanguardia (Cristina Sáez) s'était déjà penchée sur ce désastre à partir d'une recherché menée par des scientifiques allemands et publiée dans la revue médicale European Heart Journal, sous le titre Cardiovascular disease burden from ambient air pollution in Europe reassessed using novel hazard ratio functions. Car il arrive que la pollution de l'air cause deux fois plus de décès prématurés par maladies cardio-vasculaires et crises cardiaques que par pathologies respiratoires.
Pour compléter le tableau, une étude inédite, publiée aujourd'hui dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health, dont le but était d'évaluer le nombre de cas d’asthme imputables au trafic automobile, conclut que « la pollution de l’air générée chaque année par les véhicules automobiles est à l’origine de quatre millions de nouveaux cas d’enfants asthmatiques à travers le monde, soit 13% des cas d’asthme infantile diagnostiqués. » 90% d’entre eux surviendraient dans des grandes agglomérations. C'est ce que nous apprend une info de Stéphane Mandard dans Le Monde d'il y a quelques heures.
Ce travail permet aussi d'inférer que ces limites établies par l'OMS, que nous dépassons largement, ne nous protègent pas non plus :
 « Un des résultats importants de cette étude est d’apporter la preuve supplémentaire que les normes actuelles de l’OMS ne sont pas protectrices contre l’asthme infantile », commente le professeur Rajen Naidoo, de l’université de KwaZulu-Natal en Afrique du Sud.
Je rappelle à ceux qui ignorent cette réalité que les quintes de toux notamment nocturne d'un.e enfant ne sont pas du gâteau : ça déchire tout le monde. Elles sont dues souvent à des crises d'asthme ou des bronchites asthmatiformes et se reproduisent nuit après nuit, même sous traitement, surtout lorsqu'un rhume y met son grain de sel --ça dépend de beaucoup de variables. Donc, il est question ici de quantité comme de qualité de vie.
Ajoutons qu'UNICEF vient de publier également, en mars 2019, avec l'appui scientifique du Pr Jocelyne Just (AP-HP) et de la Fédération Atmo France (réseau des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l'Air), un rapport intitulé Pour chaque enfant, un air pur. LES EFFETS DE LA POLLUTION DE L’AIR EN VILLE SUR LES ENFANTS. On y constate que certains droits fondamentaux que la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) proclame pour ceux-ci sont régulièrement bafoués un peu partout sur l'autel de l'Économie capitaliste :
L’article 3 pose le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant : « dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale » ;
L’article 6 précise que « les États parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le développement de l’enfant » ;
L’article 24 reconnaît « le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. »

D'autres articles abordant la pollution de l'air sur ce blog :
L'agriculture et la vraie vie.
La pollution de l'air...
COP21, urgences planétaires et état d'urgence de l'État dans tous ses états.
92% de la population mondiale vit dans des lieux trop pollués.

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* Elles prennent toutes deux la majuscule qui correspond aux divinités les plus vénérées... et qui rendent le plus vénère.




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