jeudi 22 octobre 2020

«L'islamo-gauchisme» d'aujourd'hui et le « judéo-bolchevisme » des années 20

Grosse fatigue, l'intox du régime de la Finance séparatiste (l'Argent sépare un max) n'en démord pas et nous traque et nous matraque toujours —sans merci, à tout bout de champ— de sa rengaine préférée depuis un certain temps, « l'islamo-gauchisme ». Ahhhhh, ces femmes musulmanes noires qui passent partout à la télé et à la radio du seul fait de leur condition... Voilà pourquoi l'endoctrinement libéral et bigot de garde prône les prénoms souchiens, le rétablissement du service militaire, l'expulsion des binationaux, l'interdiction des associations musulmanes, la laïcité judéochrétienne, l'éloignement du droit européen et les bagnes antarctiques.
Si vous souhaitez accéder à des sources proposant d'autres perspectives, surtout ne vous gênez pas et surfez un peu sur ce blog (ici par exemple) ou sur Twitter (Nassira El Moaddem, Taha Bouhafs, Widad.K, Sihame Assbague, Marwan Muhammad, Sébastian Fontenelle), ou ailleurs (Union Juive française pour la Paix, ACRIMED, MEDIAPART, Le Monde diplomatique, Les mots sont importants, Investig'action, Bastamag, Alternatives Économiques, etc.), car ça peut vous changer même la respiration, par ces temps de masques, tout comme le sens de l'indignation. 

Justement, le journaliste Sébastien Fontenelle nous rappelle la publication en 2017 sur Retronews (le site de presse de la BnF) d'un écho historique de presse concernant le mythe de l'extrême droite des années 1920 : le « judéo-bolchevisme ». Rappel pertinent pour ne pas oublier l'utilité de la prestidigitation et de la chasse aux sorcières pour les puissances d'argent —traditionnellement très à l'aise avec tous les intégrismes religieux, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans, querelles de famille à part—, raison pour laquelle la Libre Parole de la Presse Libre et Plurielle s'y met en chœur écholalique à fond la caisse. Plus ça change, plus c'est la même chose, aurait dit mon ami Golo Mann.

Voici le début de cette lecture instructive que nous devons au journaliste Pierre Ancery :

Après 1917 se diffuse en Europe le fantasme selon lequel les Juifs contrôlent le mouvement bolchevik. En France, l'idée irrigue toute l'extrême droite antisémite et anticommuniste.

Après la Révolution d'octobre 1917, une thèse antisémite se répand partout en Europe : les Juifs, à l'origine d'un « complot mondial », seraient les véritables artisans de la conquête du pouvoir par les bolcheviks en Russie et viseraient à étendre leur domination sur le reste de l'Occident.

Une idée relevant totalement de l'amalgame et du fantasme, le rôle joué par la minorité juive de Russie dans la Révolution ayant été déformé et exagéré, entre autres par la propagande d'une partie des Russes blancs fidèles au tsar. Certains émigrés russes ont en effet crédité les Juifs des tueries commises après la Révolution, en particulier le meurtre de Nicolas II et de sa famille en 1918, décrit comme un « crime rituel » juif, comme le rapporte notamment Pierre-André Taguieff dans son ouvrage « La judéophobie des modernes ».

À noter que dès le XIXe siècle, les mouvements conservateurs antisémites avaient attaqué les idées marxistes en insistant sur les origines juives de Karl Marx. Trotski sera attaqué pour les mêmes motifs.

En France, ce mythe conspirationniste, alliant haine des Juifs et détestation du communisme, se développe aussi et vient se greffer sur un antisémitisme préexistant. Dans l'entre-deux-guerres, il est repris par toute une partie de la presse – y compris non partisane : en 1920, dans un reportage de Louise Weiss intitulé « Le chaos bolchevique », Le Petit Parisien rapporte en une ces propos d'un anonyme « envoyé en mission à Moscou par un gouvernement étranger » :

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Pierre Tevanian a l'habitude d'écrire des articles médités, touffus et sensés. Lisez son papier intitulé Je suis prof publié dans le site de Les Mots sont importants. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en hommage à Samuel Paty, professeur d'Histoire affreusement assassiné à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020.

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Mise à jour du 1er novembre 2020 :

Je relaie ci-dessous un texte instructif d'Éric Fassin très en rapport avec ce billet. Il l'a publié aujourd'hui sur son blog Identités politiques hébergé par MEDIAPART :

Qui est complice de qui? Les libertés académiques en péril

1 nov. 2020 - Par - Blog : Identités politiques

Professeur, me voici aujourd’hui menacé de décapitation. L’offensive contre les musulmans se prolonge par des attaques contre la pensée critique, taxée d’islamo-gauchisme. Celles-ci se répandent, des réseaux sociaux au ministre de l’Éducation, des magazines au Président de la République, pour déboucher aujourd’hui sur une remise en cause des libertés académiques… au nom de la liberté d’expression !

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