mardi 10 octobre 2023

Gaza, mon amour

[Billet toujours en chantier. Quant aux références et liens (à partir de >), il est régulièrement complété avec des contenus antérieurs au 17.11.2023, date limite de cet article, sauf précision contraire normalement entre crochets]


«  Le premier assassinat politique commis contre un Juif
en Palestine est celui d'un Juif religieux, Jacob de Haan,
tué par les Sionistes (1) parce qu'il demandait aux
Britanniques l'abrogation de la déclaration Balfour. »
(Pierre Stambul, Le Sionisme en questions,
Éd. Acratie, septembre 2014, p. 57)

David Ben Gourion, lettre à son fils, 1937
(lu dans Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing Of Palestine, 19.10.2006)

“We are imposing a complete siege on Gaza. No electricity,
(Yoav Gallant, ministre de la Défense d'Israël, 9.10.2023.

"La pregunta no sería ¿cómo ha sucedido esto ahora? 
sino ¿cómo no ha ocurrido antes? Gaza fue
siempre un experimento inhumano."
(« La question ne serait pas de savoir comment cela s'est produit
maintenant, mais plutôt comment cela ne s'est pas produit auparavant.
Gaza a toujours été une expérimentation inhumaine. »)
Carne Cruda, 9.10.2023)




Savoir et ne rien dire, c'est être complice (2). C'est bien le cas de tous les pouvoirs politiques et médiatiques occidentaux, l'Occident, et, concrètement, de tous les média mainstream [presstitution, dixit Uri Avnery] et de tou.te.s les dirigeant.es de l'UE, cette institution sinistre dont la dégradation éthique et politique déboule dans des profondeurs abyssales. 
Les horreurs quotidiennes infligées par les Sionistes aux Palestiniens depuis des décennies ne suscitent aucune réaction, voire sanction, occidentale (3), n'altèrent la digestion d'aucun de nos décideurs politiques ou médiatiques. Les enfants palestiniens ne méritent aucune compassion libre, plurielle et von-der-leyen —finalement, on vérifie avec horreur que tous nos hiérarques adhèrent aujourd'hui aux thèses de Yigal Allon [de son vrai nom Peikowitz ; son père était biélorusse d'origine roumaine, sa femme était allemande] et compagnie. Nos experts, éditocrates et autres chiens de garde n’ont jamais qualifié d’otages les 1 200 Palestiniens non inculpés détenus par une armée coloniale qui, souvent nocturne, séquestre avec traîtrise, brutalité et totale impunité. Ou les milliers d'adultes et d'enfants écroués après des procès bidon ou des procès reposant sur des lois coloniales d'apartheid. Soudain, des gens en Israël subissent une contre-attaque terrible que je ne souhaite à personne, après deux années particulièrement criminelles des forces d'occupation et des colons d'Israël, 2022 et 2023, et l'État colonial et névrotique sioniste, nous dit-on, a le droit de re-pilonner d'une manière massive deux millions de personnes déjà bien martyrisées, en cage dans 360 km², et de leur couper l'eau, les aliments, l'électricité et les combustibles pour compléter un énième massacre, ce qui inclut démunir complètement, voire cibler, pulvériser leurs hôpitaux débordés. Santiago Alba Rico écrivait dans "Islamofobia" (Icaria, Barcelona, 2015) : « Tous ces pilonnages suscitent en nous autant d’émotion qu’un orage d’été et, assurément, bien moins qu’un coup de poignard dans le métro ».

Gaza, toujours martyrisée : son carnage ne s'arrête jamais. C'est toujours la même chose, une armée coloniale juive contre désarmés arabes : ce n'est pas une guerre, c'est un génocide, et il ne date pas d'avant-hier précisément (4). Écoutez Yara Eid.
J'ignore encore les dessous de cette nouvelle explosion abominable, aux relents d'ailleurs très louches. On verra. Ce n'est même pas une affaire exclusivement sioniste ou israélienne, il y a tout un assemblage de puissances et d'avidités sans scrupules, sans états d'âme, derrière : toutes les modalités des fascismes ou extrêmes droites modernes soutiennent, sont derrière Israël. Car la militarisation de l'existence n'est pas que le résultat d'une volonté géopolitique de pouvoir, c'est aussi une économie, une manière de vivre biocide (sur le cadavre, les mutilations et la dévastation affective de la chair à canon, et sur la propre déshumanisation), une inertie, une flèche semée («  Toutes les armes, dans le silence de leurs panoplies et arsenaux, contiennent un présage, écrivait Rafael Sánchez Ferlosio). Dans les salons du crime industriel, où l'on boude même le silence, on ne se gêne plus ; la parade, les cravates, les muscles, les gros cous, les tapes, les arsenaux, les technologies de pointe et le pognon de dingue y font excellent ménage.
Au-delà des dessous, dans le cas qui nous occupe, les mensonges (5), les canulars et les omissions, la diffamation, le musellement ou le silence, une hasbara, une presse-libre-et-plurielle tous azimuts, une suppression de journalistes sur le terrain (Israël ne veut pas de témoins) tentent de voiler ou d'édulcorer un nettoyage ethnique planifié depuis longtemps (plus tard assumée par d'autres), une destruction méthodique qui peut [destiné à, selon Chomsky] déclencher, oui, des horreurs. Prévisibles. Gideon Levy, journaliste de Haaretz, comprend très bien l'abîme auquel nous entraîne et pousse la cruauté ordinaire : « Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel ». Emprisonner et martyriser tous les jours comme si de rien n'était entraîne des retombées, une contre-violence. Jean-Paul Sartre (6) : « Qu'est-ce donc que vous espériez quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires ? Qu'elles allaient entonner vos louanges ? Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu'à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l'adoration dans leurs yeux ? »  Raji Sourani : « La loi de la jungle n'est pas un aller simple, mais un aller-retour. Si vous choisissez l'apartheid, le racisme et la jungle, attendez-vous aux conséquences. C'est triste, mais ne vous attendez pas à ce que les gens soient de bonnes victimes, qu'ils se laissent agresser et tuer en toute sagesse. » Un crime de génocide (acte commis dans l'intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel, selon Le Petit Robert de la langue française) est un crime de génocide
Rappel : s'opposer au Sionisme, c'est s'opposer à un racisme génocidaire. Les mots sont plus importants que jamais.

Quant aux images, je me demande depuis très longtemps : en quoi peut-on différencier une photo de Guernica en 1937, ou du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943, de celles de la Bande de Gaza, du bantoustan de Gaza, du grand camp de concentration en plein air de Gaza, après les atroces pilonnages qu'elle/il a subis ou subit régulièrement, et aujourd'hui ?

En juin 2021, Serge Halimi commençait son éditorial du diplo comme cela :
Depuis quinze ans, Gaza a subi cinq expéditions punitives : 2006 (« Pluie d’été ») ; 2008-2009 (« Plomb durci ») ; 2012 (« Pilier de défense ») ; 2014Bordure protectrice ») ; et 2021 (« Gardien des murailles »). Israël a choisi ces noms pour mieux maquiller les assaillants en assiégés. Et, depuis quinze ans, les mêmes personnages débitent les mêmes slogans pour légitimer les mêmes châtiments. 
Rappel : liste non exhaustive. En fait, Israël a mené pas moins de 12 offensives militaires d'envergure contre Gaza en 18 ans, depuis septembre 2005 jusqu'au 7 octobre 2023, dont « Geshem Rishon » (« Première pluie ») en septembre 2005 ou « Fruits Pressés » en automne 2006, sans oublier parallèlement l'attaque et l'abordage illégaux et criminels de la flottille humanitaire pour Gaza (2010). Avant septembre 2005, il y en avait eu d'autres ; déjà deux en 2004 : « Arc-en-ciel », du 18 au 24.05.2004, et « Jours de Pénitence », menée par Tsahal [abréviation de Tsva Haganah Le’Israel, littéralement et paradoxalement « Forces de Défense d’Israël »] dans le Nord de la Bande de Gaza, notamment à Beit Hanoun et Beit Lahia, et dans le camp de réfugiés de Jabaliya, du 30.09 au 16.10.2004. Après 2021, il faut citer encore « Aube naissante » (Alout Ha'Shahar), du 5 au 7 août 2022, ou « Bouclier et flèche » (Magen vé-Hetz), en mai 2023.
Donc, les participants aux atrocités du 7 octobre 2023 avaient été traumatisés et envenimés par pas moins de 12 grandes attaques israéliennes, certainement par des morts et mutilations à répétition de proches, amours, amis, voisins ou camarades, certainement par la destruction d'habitations propres ou voisines, affaires personnelles et objets de mémoire, et enfin, par l'extermination de tout projet d'existence et d'avenir... Quelle vie ont-ils menés n'importe quel jour de ce siècle dans leur camp de concentration assiégé et coupé du monde ? Dans quelles conditions matérielles et spirituelles ? Qui peut dormir toutes ses nuits d'un sommeil de Plomb durci ? Dans le chapitre V (Guerre coloniale et troubles mentaux) des Damnés de la terre, Frantz Fanon nous rappelait que la colonisation est une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques, et, concernant les effets de la colonisation et la guerre d'Algérie, le docteur précisait : « Et nous aurons à panser des années encore les plaies multiples et quelquefois indélébiles faites à nos peuples par le déferlement colonialiste. »

Et Halimi de conclure :
Toutefois, comme cinq « guerres » viennent de le prouver, ce « Dôme de fer » diplomatique ne garantira pas sa tranquillité. La violence de la résistance répond toujours à la violence de l’oppression, sauf quand un peuple est écrasé et soumis. Le peuple palestinien est debout. 
Serge Halimi, Un peuple debout, Le Monde diplomatique, juin 2021, page 1. 

Ce billet est un pauvre et engagé HOMMAGE À GAZA, GHAZZA, aux Gazaoui.es —gentilé imprécis car les deux tiers d'entre eux sont des enfants et des petits-enfants de réfugié.es venu.es d'autres régions de Palestine—, et apporte des références —car ce sujet a déjà été décortiqué d'une manière minutieuse, compétente et lumineuse par une quantité considérable de témoins et chercheurs, y compris bon nombre d'Israélien.nes ou de Juif.ves du monde entier, honneur à elles, honneur à eux— à l'usage des gens de bonne volonté ; n'hésitez pas à chercher les bouquins ou cliquer sur les liens, ce sont des contributions précieuses !

Gilad Atzmon and Orient House Ensemble - Gaza Mon Amour



> 1) Quelques références bibliographiques essentielles pour mieux comprendre le martyre de Gaza ou l'idéologie sioniste et le drame palestinien en général. Bien entendu, les opinions exprimées par leurs auteurs ne sont pas forcément les miennes :

— Heinrich Graetz (1817-1891), „Geschichte der Juden von den ältesten Zeiten bis auf die Gegenwart“ (volumes publiées entre 1853 et 1875), Leipzig, O. Leiner, 1909 ; traduction française de M. Wogue et M. Bloch, Histoire des Juifs, Paris, A. Lévy, 1882-1897. Selon l'historien israélien Shlomo Sand, Graetz est une figure essentielle de la généalogie sioniste : son influence dans la formation de la future conscience sioniste serait significative et centrale. Les premiers intellectuels nationalistes de l’Empire russe dévorèrent son œuvre avec enthousiasme. Ce serait Graetz et nul autre qui forgea le modèle national d’écriture de l’histoire des « Juifs » (avec un « J » majuscule). Graetz accusa l’historien Isaak Markus Jost, auteur d’une préalable Histoire des israélites du temps des Maccabées jusqu’à nos jours (Geschichte der Israeliten seit der Zeit der Makkabäer bis auf unsere Tage. Nach den Quellen bearbeitet I-IX, Berlin, Schlesinger’sche Buch, 1820-1828), d’avoir détruit la charpente du peuple des juifs : « Il émiette en tout petits fragments cet admirable drame héroïque de plusieurs milliers d’années. » Alea jacta erat…
Graetz chercha à ressouder l’abîme insupportable créé, à ses yeux, par [les historiens juifs] Jost, Zunz, Geiger et d’autres, qui, dans leur « aveuglement », n’avaient pas vu dans la période antique et royale un chapitre historique légitime du passé juif et qui, par ce manque de discernement, avaient condamné les juifs à s’identifier à une civilisation « uniquement » religieuse et non à une « tribu-peuple » (Volksstamm) éternelle. (Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008)

— Moses Hess, Rom und Jerusalem. Die Letzte Nationalitätenfrage. Briefe und Noten (Rome et Jérusalem. La question finale de la nationalité. Lettres et notes), Leipzig, 1862. Ces 12 lettres marquent le début du mouvement sioniste dans le contexte du développement des nationalismes européens. Hess, dit le « rabbin communiste », mentor de Karl Marx, prônait le « retour » des Juifs sur la « Terre d’Israël » et proposait un pays socialiste dans lequel les Juifs seraient agraires à travers un processus de « rédemption du sol ». Shlomo Sand écrit à son propos (Sand, 2008, p. 356) :
« (…) nous avons présenté Heinrich Graetz comme le père de l’historiographie ethnonationale. Celui-ci adopta les hypothèses d’historiens allemands sur l’idée d’une nation née au début des temps, dotée d’une essence immuable et progressant sur les chemins de l’histoire. Sa « spiritualité » à outrance l’éloigna toutefois des interprétations trop matérialistes de l’histoire, tandis que son ami Moses Hess, qui fut, à bien des égards, le premier penseur national juif à s’éloigner de la tradition par ses hypothèses, eut besoin, pour rêver le peuple « éternel », de se fonder largement sur la notion de « race ». Hess avait été imprégné de l’état d’esprit « scientifique » de son époque, en particulier de l’anthropologie physique [cf. Juanma Sánchez Arteaga, 2007], dont l’influence se reflète dans sa nouvelle théorie identitaire. S’il fut le premier à adopter cette démarche dans l’élaboration de l’idée nationale juive, il ne fut pas le dernier à s’en satisfaire.
Trente-cinq ans après la publication de son essai Rome et Jérusalem en 1862, l’Europe comptait déjà davantage de sionistes, et beaucoup plus d’antisémites. La « science » raciste, qui, à l’ère de l’impérialisme de la fin du XIXe siècle, se développa dans tous les laboratoires d’Europe, pénétra les territoires de l’identité nationale ethnocentriste jusque sur la scène publique, et imprégna profondément le tissu idéologique des nouveaux mouvements politiques, dont le jeune sionisme faisait partie. »
Shlomo Sand ajoute (Ibid, p. 357) :
« Nathan Birnbaum, que l’on peut, dans une large mesure, définir comme le premier intellectuel sioniste (il fut l’inventeur du concept de « sionisme » dès 1891*), prolongea la pensée de Moses Hess : « Seules les sciences naturelles peuvent expliquer la spécificité intellectuelle et affective d’un peuple particulier. ‘La race est tout’, a dit l’un de nos grands coreligionnaires, lord Beaconsfield [Benjamin Disraeli], la spécificité du peuple se trouve dans celle de la race. Les différences de Races sont à l’origine de la multiplicité des variétés nationales. C’est en raison de l’opposition entre les races que l’Allemand ou le Slave pensent et sentent différemment du Juif. Ainsi s’explique également le fait que l’Allemand ait créé la Chanson des Nibelungen, alors que le Juif a engendré la Bible. » [Cité in « Nationalisme et langage », un article datant de 1886 publié dans le livre de Joachim Doron, La Pensée sioniste de Nathan Birnbaum (en hébreu), Jérusalem, La Bibliothèque sioniste, 1988, p. 177.] 
*[Le nom « Sionisme » apparaît pour la première fois dans son journal (fondé en 1885) Selbstemanzipation! III, 4, du 16 mai 1890 : „Neben Erwägungen wirtschaftlicher Natur haben auch solche national-politischer Natur den Zionismus hervorgerufen und gereift“ (« Outre les considérations d'ordre économique, celles d'ordre national-politique ont également amené et mûri le sionisme ». Les buts des aspirations nationales juives. Une série d'articles. II. Partie politique nationale. P. 1 ). Voir Michael Kühntopf-Gentz, Nathan Birnbaum, Tubingen, 1990, p. 40.]

— Theodor Herzl (austro-hongrois né à Pest), Der Judenstaat. Versuch einer modernen Lösung der Judenfrage, M. Breitenstein’s Verlags-Buchhandlung, Leipzig - Wien, 14.02.1896 (manuscrit achevé le 17.06.1895). Huitième édition en allemand, Jüdischer Verlag, Berlin, 1920. Mon édition en français : L'État des Juifs, présentation notes, postface inédite et traduction de l'allemand par Claude Klein, Éd. La Découverte, 1990, 2003. Bible du Sionisme. Extrait (pp 24-25, 8e édition) :
Palästina ist unsere unvergeßliche historische Heimat. Dieser Name allein wäre ein gewaltig ergreifender Sammelruf für unser Volk. Wenn Seine Majestät der Sultan uns Palästina gebe, könnten wir uns dafür anheischig machen, die Finanzen der Türkei gänzlich zu regeln. Für Europa würden wir dort ein Stück des Walles gegen Asien bilden, wir würden den Vorpostendienst der Kultur gegen die Barbarei besorgen. Wir wurden als neutraler Staat im Zusammenhange bleiben mit ganz Europa, das unsere Existenz garantieren müßte. Für die heiligen Stätten der Christenheit ließe sich eine völkerrechtliche Form der Exterritorialisierung finden. Wir würden die Ehrenwache um die heiligen Stätten bilden und mit unserer Existenz für die Erfüllung dieser Pflicht haften. 
Traduction en français et glose : Où l’Austro-hongrois Theodor Herzl ne se gêne pas à l’heure de publier que « La Palestine est notre patrie historique inoubliable (sic). Ce nom constituerait à lui seul un cri de ralliement puissamment émouvant pour notre peuple. Si Sa Majesté le Sultan nous donnait la Palestine (sic), nous pourrions entreprendre de réguler complètement les finances de la Turquie (sic). » Et maintenant, le pompon : « Pour l’Europe, nous formerions une partie du mur (sic) contre l’Asie ; nous fournirions un avant-poste culturel contre la barbarie (sic). Nous resterions un État neutre à l'égard de l'ensemble de l'Europe, qui devrait garantir notre existence (sic). Une forme d’extraterritorialisation au regard du droit international pourrait être trouvée pour les lieux saints du christianisme. Nous formerions la garde d'honneur autour des lieux saints et serions responsables de l'accomplissement de ce devoir par notre existence. » Demandez aux Palestiniens chrétiens. Quant à l’opinion en général de tous les habitants de la Palestine, les Palestiniens, que dalle : Herzl était de l’avis que l’opinion des barbares ne nous regarde pas. J'ignore quelle aurait été la deutsche Staatsräson de Merkel et de ses compatriotes sionistes si Herzl et les Sionistes avaient choisi de former un mur contre la barbarie en, que sais-je, Bavière par exemple, espèce de sortilège contre les réminiscences du Tegernsee, encore par exemple. Et pourtant, c'était / c'est à l'Allemagne de payer les vies cassées, exterminées...
À lire chez Victor Klemperer, LTI, l'impression que lui produisit la lecture sous la botte Nazi de cet ouvrage fondateur sioniste ainsi que d'autres textes intimes de Theodor Herzl, où celui-ci se lâche.

[Cf. The Complete Diaries of Theodor Herzl, Volume I-V OCR, Internet Archive, en anglais. Le volume I couvre l'étape séminale de mai 1895 au 21.07.1896, où il écrit par exemple, p. 6, je traduis, « Par-dessus tout, j'ai reconnu la vacuité et la futilité des efforts destinés à « la défense contre l'antisémitisme ». (...) Un homme qui invente un terrible engin explosif fait plus pour la paix que mille apôtres doux. »). Auf Deutsch, p.7: „Vor allem erkannte ich die Leere und Nutzlosigkeit der Bestrebungen „zur Abwehr des Antisemitismus". (...) Ein Mann, der ein furchtbares Sprengmittel erfindet, tut mehr für den Frieden als tausend milde Apostel.“
Puis (9.06.1895, p. 63-64) : „Anfänglich werden wir von Antisemiten unterstützt werden durch recrudescence der Verfolgung“ (Dans un premier temps, nous serons soutenus par les antisémites à travers une recrudescence des persécutions).
Ou, un peu plus loin, extrait correspondant au 12.06.1895 (p. 92-93) :
Es wird sich übrigens wie ein Lauffeuer verbreiten.
Eine vortreffliche Idee wäre es, anständige und akkreditierte Antisemiten zu den Vermögens-Liquidatoren heranzuziehen.
Sie wären vor dem Volk unsere Bürgen, daß wir keine Verarmung der verlassenen Länder herbeiführen wollen.
Anfänglich dürften sie dafür nicht reichlich bezahlt werden, sonst verderben wir uns die Instrumente, machen sie als „Juden knechte" verächtlich.
Später werden ihre Bezüge wachsen, endlich werden wir in den verlassenen Ländern nur christliche Beamte haben.
Die Antisemiten werden unsere verläßlichsten Freunde, die antisemitischen Länder unsere Verbündeten.
Wir wollen als geachtete Leute fortziehen.

En français : Soit dit en passant, cela se propagera comme une traînée de poudre. Une excellente idée serait de recruter des antisémites honnêtes et accrédités pour être des liquidateurs d’actifs. Ce seraient nos garanties aux peuples que nous ne voulons pas appauvrir les pays abandonnés. Au début, ils ne devraient pas être payés cher pour cela, sinon nous ruinerions les instruments et les mépriserions en les traitant de « serviteurs juifs ». Plus tard leurs salaires augmenteront, et finalement nous n'aurons plus que des fonctionnaires chrétiens dans les pays désertés. Les antisémites seront nos amis les plus fiables, les pays antisémites nos alliés. Nous voulons repartir en tant que personnes respectées.
La judéophobie n'est pas un racisme que le Sionisme ou l'État d'Israël ont cherché à combattre, mais plutôt l'alibi, le catalyseur et l'allié nécessaire qu'il a toujours fallu materner pour ne jamais perdre les ficelles d'une intrigue, d'un échafaudage trop dingues. La confluence Judéophobie-Sionisme est une constante historique qui s'avère impeccablement de nos jours. Ce sont deux extrêmes droites ayant une vision du monde et des intérêts en commun]. 

Ce jugement de Klemperer, philologue juif, en dit long et sur la nature du Sionisme et, selon sa réception, sur l'idée qu'Adolf Hitler (austro-hongrois né à Braunau am Inn —et passé par Vienne, comme Herzl) "avait de nous, les Juifs". Il faudrait un gros pavé pour analyser à fond les divers textes et activités de Herzl, ce contempteur de la fraternité et, donc, du socialisme. Échantillon : en 1902, il recherchait le soutien de Cecil Rhodes, champion britannique de l'expansion coloniale qui est à l'origine du nom Rhodésie (l'actuel Zimbabwe), et lui écrivit sa rengaine : "(...) mon programme est un programme colonial (...) un avant-poste de la civilisation pour faire contrepoids à la barbarie (...) un bastion de la culture occidentale."
En effet, Herzl adhérait fanatiquement au suprémacisme occidental, gros paradoxe délirant car ce suprémacisme insupportable nourrissait dans ses tripes la judéophobie européenne (je rejette le terme usuel dû à Wilhelm Marr : "antisémitisme" pour des raisons philologiques et politiques) dont il était conscient, à juste titre, et qui justifiait à ses yeux le projet sioniste en Palestine. J'ignore le diagnostic de son psychiatre.

— Ben-Zion Dinur (1884-1973, en réalité Dinaburg, né à Khorol, Empire russe, Ukraine d’aujourd’hui), Histoire d’Israël (en hébreu), Kiev, Société de diffuseurs d’éducation en Israël, 1918. Publié 3 ans avant son émigration en Palestine mandataire, c’est « une narration historique continue et « organique » de l’histoire des juifs », selon Shlomo Sand (2008, 149).

— Ben-Zion Dinur, Israël en Exil (en hébreu), Tel-Aviv, Dvir, 1926.
Shlomo Sand (2008, p. 149), à propos :
« On peut dire que, si Graetz fut le premier à poser les piliers et les échafaudages de la construction rétroactive de la nation juive, ce fut Dinur qui posa les briques sur ces fondations, compléta la pose des plafonds et fixa même définitivement les fenêtres et les portes. Il le fit par un double processus : en tant que professeur d’histoire juive à l’université, il tint, avec [l’allemand Yitzhak] Baer, un rôle central dans l’élaboration du champ des rapports de force dans le domaine de la recherche ; en tant que militant de gauche sioniste, député à la première Knesset et ministre de l’Éducation en 1951, il fut l’architecte principal de l’infrastructure de l’enseignement de l’histoire dans le système éducatif israélien. »
À ce sujet, voir l’article d’Uri Ram, Zionist Historiography and the Invention of Modern Jewish Nationhood: The Case of Ben Zion Dinur, History and Memory, VII, 1, Printemps-Été 1995, p. 91-124.
Sand ajoute (p. 153) :
« Parmi les activités variées de Dinur, on compte sa participation au cercle biblique permanent qui se réunit, dans les années 1950, au domicile du premier chef du gouvernement israélien, David Ben Gourion. Le charismatique dirigeant de l’État n’était pas seulement un fidèle lecteur de l’antique Livre hébreu, il sut aussi l’utiliser avec intelligence, en fin stratège politique. Il comprit relativement tôt que le texte sacré pouvait devenir un livre laïco-national, constituant le réservoir central de représentations collectives du passé, contribuant à faire de centaines de milliers de nouveaux émigrants un peuple unifié, et reliant les jeunes générations à la terre. / Les récits bibliques servirent de structure à sa rhétorique politique quotidienne, et son identification à Moïse ou à Josué était profonde et semble, d’une façon générale, honnête. (…) Dans l’imaginaire historique de Ben Gourion, le nouvel Israël était la royauté du Troisième Temple, (…) »
Cf. David Ben Gourion 7.11.1956. Parmi les fondamentalistes qui se réunissaient toutes les deux semaines chez Ben Gourion se trouvaient, en plus de Dinur, Yehezkel Kaufmann, le doyen des archéologues bibliques Benjamin Mazar [le polonais Binyamin Zeev Maisler], le président de l'État Yitzhak Ben Zvi [l'Ukrainien Yitzhak Shymshelevitch] ou le futur troisième président Zalman Shazar [le biélorusse Shnéour Zalman Rubashov].

— Yehezkel [Hezkal] Kaufmann (Donivitz, district de Podolie, Empire russe, aujourd’hui centre-ouest de l’Ukraine, 1889-1963), Exil et terre étrangère (en hébreu), I, Tel Aviv, Dvir, 1929. Shlomo Sand à propos des subterfuges et élisions historiques de ce texte et de sa réception et utilisation éducative sionistes, vu son potentiel pour étayer le récit national (Sand, 2008, pp 200 et 201) :
« Dans Exil et terre étrangère de, on trouve beaucoup d’« exil » et beaucoup de « nation » mais pas la moindre trace d’« expulsion ». Ce livre constitue l’une des tentatives les plus intéressantes pour prouver que, au cours de leur long exil, les juifs se maintinrent en tant que nation têtue et dissidente et non pas « tout simplement » en tant que communauté de croyance. Mais, dans sa reconstitution minutieuse de l’essence de l’Exil juif, Kaufmann se garde bien de toucher aux conditions historiques à l’origine de la création de ce rassemblement « bizarre, dispersé et étranger » qui continua, selon lui, à former un « peuple » en toutes circonstances et face à toute adversité. De temps en temps, Kaufmann fait référence à « Israël qui fut exilé de son pays et dispersé », mais il est bien difficile, en lisant son texte, d’évaluer quand, comment et pourquoi il fut expulsé. L’origine de l’Exil est considérée comme une évidence, un fait allant de soi qu’il n’est pas nécessaire d’élucider, malgré le sous-titre prometteur du livre : Recherche historique-sociologique sur la question du sort du peuple juif de l’Antiquité à nos jours. De façon très surprenante, le processus d’« expulsion », événement fondateur et central de l’« histoire du peuple juif », qui aurait dû faire l’objet de nombreux essais, n’a jamais été traité et n’a produit aucune recherche approfondie.
Ce qui était d’une évidence naturelle et connue de tous rencontrait une unanimité que personne n’osait remettre en cause ni discuter. Chaque historien savait très bien que le grand public percevait comme une réalité vivante ce mythe associant « destruction » et « exil », qui avait germé dans la tradition religieuse mais qui, retransmis dans la laïcité populaire, s’y était solidement enraciné. Dans le discours populaire tout comme dans les déclarations politiques ou les manuels de l’Éducation nationale, le déracinement du peuple d’Israël après la destruction du Temple était considéré comme une vérité incontournable, dure comme la pierre. La majorité des chercheurs raisonnables excellaient à contourner cette « vérité » avec une grande élégance professionnelle. Très souvent et malgré eux, ils ajoutaient à leurs essais d’autres explications sur la formation de l’« Exil » et sa prolongation. »

— Victor Klemperer, LTI - Lingua Tertii Imperii: Notizbuch eines Philologen (« Langue du Troisième Reich : carnet d'un philologue »), 1947. Mon édition : LTI, La lengua del Tercer Reich. Apuntes de un filólogo, version castillane de Adan Kovacsics. Éd. Minúscula, Barcelona, 2001. À lire notamment, par rapport à ce sujet, le chapitre XXIX : Sion. Des pages vraiment marquantes. Exemple :
"¡Señor, protégeme de mis amigos! Si uno posee la voluntad necesaria, encontrará en estos dos volúmenes pruebas de lo que Hitler, Goebbels y Rosenberg alegan contra los judíos, no se necesita una enorme habilidad para interpretar y distorsionar los hechos." (« Seigneur, protège-moi de mes amis ! Si l'on possède la volonté nécessaire, on trouvera dans ces deux volumes la preuve de ce qu'Hitler, Goebbels et Rosenberg allèguent contre les Juifs, aucune grande compétence n'est nécessaire pour interpréter et déformer les faits. » —Victor Klemperer, ibidem, après lecture des écrits sionistes et du premier volet des journaux de Theodor Herzl).
À propos de Victor Klemperer, citons encore ce que l'on peut lire aujourd'hui sur la plaque commémorative que lui consacre la ville de Berlin : „Ich will Zeugnis ablegen bis zum letzten“ (« Je veux témoigner jusqu'au bout »).

— Yossef Klauzner, Histoire du Second Temple (en hébreu), Jérusalem, Achiassaf, 1952, et Au temps du Second Temple (en hébreu), Jérusalem, Mada, 1954. Historien officiel de la période du second temple et de l'exil avec Yehezkel Kaufmann. Shlomo Sand écrit à son propos (Sand, 2008, p. 200) :
« Klauzner composa une œuvre en cinq tomes, Histoire du Second Temple, qui eut droit à de nombreuses rééditions et à d’innombrables lecteurs. À la fin du dernier volume, l’auteur présente les événements de la grande révolte, dont il n’omet pas le moindre détail dans le but de glorifier l’héroïsme des combattants et leur courage national. Après la description du triste sort de Massada, Klauzner scelle son œuvre par les mots suivants : « C’est ainsi que prit fin la grande révolte et la guerre de libération la plus extraordinaire qu’ait connues l’humanité au cours de l’Antiquité. La destruction du Second Temple a été totale. La Judée perdit tout pouvoir, elle ne conserva même pas une autonomie interne digne de ce nom. L’esclavage, le deuil, la dévastation — telles furent les horreurs causées par la seconde destruction. » [Klauzner, 1952, p. 290]
L’ouvrage se termine donc sur cette conclusion historique abrupte. Même cet historien « très nationaliste », puisqu’il appartenait à la droite révisionniste, n’avait pas osé ajouter l’expulsion à ses conclusions sur le Second Temple, c’est-à-dire à la fin très dramatique de son livre. Il avait tout à fait conscience qu’une description historique de ce genre serait en flagrante contradiction avec le fait que, soixante ans plus tard, éclatait une nouvelle rébellion de masse au sein de cette même grande population judéenne qui ne pouvait pas avoir été expulsée, et qui de plus était dirigée « par le héros Bar Kokhba, à la tête d’une armée de héros aussi nombreuse que les troupes de Betar » [Klauzner, 1954, p. 80]. Pour cette raison, il préféra lui aussi, comme les autres historiens sionistes, reléguer les conditions de la création de l’Exil dans les limbes de l’historiographie.

— Walid Khalidi, Plan Dalet : Master Plan for the Conquest of Palestine, Middle East Forum, novembre 1961. Republié avec un nouveau commentaire par le Journal of Palestine Studies, Beyrouth, vol. XVIII, nº 69, 1988. À propos du Plan Dalet et du nettoyage ethnique de la Palestine, voir un peu plus loin Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine, One World Oxford, 2006.

— Edward W. Said, Orientalism, Pantheon Books, 1978. Superbe analyse et critique d'une vision du monde suprémaciste et de sa culture de la domination (ainsi que, concrètement, des tenants et aboutissants de la déclaration Balfour de 1917). L'étude de Said permet de mieux comprendre la caricature et la diabolisation structurelles de l'Arabe par nos productions politiques et culturelles, et les raisons de la cause palestinienne. [Mon édition en castillan : Orientalismo, présentation de Juan Goytisolo, traduction  de Mª Luisa Fuentes, Debate, mai 2002. La version française propose un titre au double sens qui en annonce mieux la couleur : L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, Le Seuil, 14.10.2005.]

— Edward W. Said, The Question of Palestine, Vintage Books Edition, avril 1992. Nouvelle préface et nouveau épilogue (écrit entre 1977 et 1978, il fut publié originellement par Times Books, New York, 1979).

— Walid Khalidi, Before Their Diaspora, a photographic essay on Palestinian society prior to 1948, Institute for Palestine Studies, 1984, 351 pages. Walid Khalidi : Avant leur Diaspora : une histoire photographique des Palestiniens, 1876-1948, Institut des Études Palestiniennes, 1986. À l'intention du public castillanophone, je rappelle également une publication plus récente : Contra el olvido. Una memoria fotográfica de Palestina antes de la Nakba, 1889-1948, Ediciones del Oriente y del Mediterráneo, novembre, 2015. 238 pages. Billet à propos de la Palestine d'avant 1948. On dispose en plus d'un véritable trésor, la collection de photographies G. Eric et Edith Matson, copieuse source d'images historiques du Moyen-Orient dont la grande majorité représentent la Palestine historique de 1898 à 1946. Il s'agit surtout de plus de 22 000 négatifs et plaques photographiques de verre et sur film, dont bon nombre de stéréoscopies, créés par l'American Colony Photo Department et la société qui lui a succédé, Matson Photo Service. Plus de 1 000 tirages photographiques et onze albums font également partie de cette collection. Des images numériques des négatifs et des pellicules transparentes ainsi qu'un échantillon des photographies sont disponibles en ligne. Chaque image est expliquée par une fiche.

— Tom Segev, 1949: The First Israelis (hébreu), 24.02.1986, traduit illico en anglais, beaucoup plus tard en français : Les premiers Israéliens, Calmann-Lévy, 18.02.1998 (traduction de Sabine Porte). Le Monde en publia une recension : Georges Marion, Le mythe de l’État pionnier écorné. À partir des archives israéliennes, l’historien Tom Segev bat en brèche l’historiographie officielle, qui passa longtemps sous silence les violences perpétrées contre les Palestiniens, 22.05.1998. Amorce :
Ainsi donc l’histoire réelle ne ressemblait pas à l’histoire officielle et la création de l’État d’Israël, entre 1947 et 1949, passa aussi par les violences exercées contre des centaines de milliers de Palestiniens, expulsés de leurs maisons et de leurs champs, détroussés de leurs biens, privés de leur droit à demeurer ou à revenir sur la terre qui était la leur depuis des siècles et plus. Cette « révélation »-là, si contraire à la « mythologie nationale » qui nourrit des générations d’écoliers et d’adultes israéliens, est, en vérité, loin d’en être une. Mais parce que, jusqu’ici, elle était le fait d’auteurs antisionistes ou palestiniens, elle était considérée comme partisane, c’est-à-dire sans intérêt.
Tom Segev, auteur des Premiers Israéliens, dont Calmann-Lévy publie la traduction française, douze ans après sa première version en anglais, n’est ni antisioniste, ni palestinien. Journaliste et historien reconnu dans l’establishment culturel de son pays, il ne saurait être soupçonné de nourrir un a priori hostile à l’égard d’Israël. Surtout, et contrairement à ses prédécesseurs, il a eu la chance de pouvoir travailler sur des archives qui venaient d’être rendues accessibles aux chercheurs, notamment celles du Parti travailliste et de l’Agence juive, ainsi que sur le journal de David Ben Gourion, futur premier Premier ministre du jeune État. Non sans paradoxe, ce sont des documents israéliens qui, explorés par un historien israélien, confirment ce que la mémoire palestinienne avait gardé sans jamais parvenir à en faire une indiscutable vérité : la violence faite aux uns pour tenter d’apaiser l’injustice faite aux autres, par d’autres, en Europe. Servi par un riche matériau, Tom Segev chemine avec austérité au plus près des textes. Nul besoin d’en faire trop pour décrire ce que les rapports administratifs détaillent : les atrocités commises par les troupes juives contre des civils palestiniens peu pressés de laisser la place ou soupçonnés d’appuyer les armées arabes entrées en Palestine pour s’opposer au plan de partage ratifié par les Nations unies ; les pillages, la redistribution du butin et la corruption qu’elle suscite ; les déplacements forcés pour les Arabes qui s’incrustent ; les expulsions pour ceux qui parviennent à revenir. (…)

— Michael Palumbo, The Palestinian Catastrophe: The 1948 Expulsion of a People from their Homeland, Faber and Faber, Londres, 1987.

— Simha Flapan, The Birth of Israel: Myth and Realities, Pantheon Books, New York, 1987. Pour comprendre l'importance révélatrice, démystifiante de cet ouvrage, je m'en remets à mon édition francophone d'Ilan Pappé, La Propagande d'Israël, Investig'action, 2016, p.153-154 (pour une compréhension plus complète, en lire minimum jusqu'à la page 157) :
Un chapitre plus familier de la remise en question locale de la version israélienne officielle des événements de la guerre de 1948 débuta avec le journaliste Simha Flapan [Pologne, 1911]. (...) / (...) retraité, il se rendit à Harvard et y rencontra Walid Khalidi, à l'époque doyen de l'historiographie palestienne et qui avait consacré sa vie à la chronique de la catastrophe palestinienne de 1948. C'est Khalidi qui convainquit Flapan que la version officielle israélienne, celle qui avait été inventée par Ben Gourion, était une falsification. Comme l'écrivit Flapan : « À l'instar de bien des Israéliens, j'avais toujours été sous l'influence de certains mythes qu'on avait fini par accepter comme vérité historique. » Ce n'est qu'à l'âge de soixante-treize ans qu'il décida d'examiner de près les mythologies fondamentales de l'État d'Israël. Le livre résumant ses conclusions parut en 1987 sous le titre The Birth of Israel : Myth and Realities (La naissance d'Israël : mythes et réalités). Tristement, l'ouvrage ne fut publié qu'après sa mort. Dans le livre, il déboulonne chacun de ces mythes de façon efficace et convaincante. Le travail de ceux qui vinrent après lui fut à de nombreux égards une tentative d'appuyer ses recherches en se servant de tout un matériel qui venait d'être rendu accessible.

— Nur Masalha, Expulsion of the Palestinians: The Concept of "Transfer" in Zionist Political Thought, 1882-1948, Institute for Palestine Studies, Washington, 1.01.1992, 236 pages (L'expulsion des Palestiniens : le concept de « transfert » dans la pensée politique sioniste, 1882-1948). Résumé : Depuis le début de l’entreprise sioniste visant à fonder un foyer national ou un État juif en Palestine, les Sionistes ont été confrontés à ce qu’on a appelé le « problème arabe » – le fait que la « Terre d’Israël » était déjà peuplée. Dans ce travail minutieux, Nur Masalha examine l’une des solutions proposées à ce problème : le transfert de la population palestinienne indigène vers les terres arabes voisines. Le livre de Masalha est l’étude la plus complète à ce jour sur le concept de « transfert » dans la pensée sioniste de la fin du XIXe siècle jusqu’à la guerre de 1948. L’expulsion des Palestiniens est d’une valeur inestimable car elle jette une lumière sur l’attitude des décideurs politiques et militaires israéliens à l’égard des Palestiniens à la veille de l’exode de quelque 750 000 Palestiniens pendant la guerre de 1948.

— Walid Khalidi, éd., All That Remains: The Palestinian Villages Occupied and Depopulated by Israel in 1948, Institute for Palestine Studies, Washington, 1992.

— Naeim Giladi, Ben-Gurion's Scandals : How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews, Glilit Publishing Company, 1992 - 261 pp. « The Jews of Iraq », entretien de trois heures avec Naeim Giladi, le 16.03.1998, par The Link, Volume 31, Issue 2, Avril-Mai 1998. À propos des Juifs d'Iraq en Israël sur ce blog.

— Israël Shahak, Jewish history, Jewish religion : the weight of three thousand years, London Boulder, Colo, Pluto Press, 28.04.1994, et septembre 2008. Prologues par Gore Vidal (1ère édition, 1994) et par Edward Said (2e, 1997). Internet Archive.  [Édition en castillan par A. Machado Libros, 2002, avec traduction de Juan Aranzadi et Celia Montolio. En français, Histoire juive, religion juive, le poids de trois millénaires, La Vieille Taupe, 1996].

— Joe Sacco, Palestine, Fantagraphics, fév. 1993 - oct. 1995. Dans l'édition que je connais en castillan, publiée en un seul volume, comme l'édition étasunienne de 2007, avec sa préface d'Edward Said, Joe Sacco nous propose, comme prologue, Quelques réflexions sur la Palestine, texte où il réexplique les deux grandes raisons pour lesquelles il tint à se mêler de cette affaire : grosso modo, parce qu'en tant que citoyen étasunien, il en avait ras le bol de financer avec ses impôts, directement ou indirectement, la brutale occupation sioniste de la Palestine, et parce qu'il trouvait plus déchirant et scandaleux encore le fait que la couverture journalistique de ce pillage inhumain fût tellement déficiente et honteuse qu'elle diabolisait les victimes et les taxait de terroristes par-dessus le marché.

— Nadia Abu El-Haj, Facts on the Ground. Archaeological Practice and Territorial Self-Fashioning in Israeli Society, The University of Chicago Press, Chicago & Londres, février 2002, 363 pages. Traduction du résumé :
L’archéologie en Israël est véritablement une obsession nationale, une pratique par laquelle l’identité nationale – et les droits nationaux – ont été affirmés depuis longtemps. Mais comment et pourquoi l’archéologie est-elle devenue une force aussi omniprésente dans ce pays ? Comment les pratiques de l’archéologie peuvent-elles aider à répondre à ces questions ? Dans ce livre émouvant, Nadia Abu El-Haj aborde ces questions et précise pour la première fois la relation entre l’idéologie nationale, la colonisation et la production de connaissances historiques. Elle analyse des exemples particuliers d’histoire, d’artefacts et de paysages en devenir pour montrer comment l’archéologie a contribué non seulement à légitimer des visions culturelles et politiques, mais, bien plus puissamment, à les remodeler. De plus, elle place l’archéologie israélienne dans le contexte d’une discipline plus large pour déterminer ce qui unit le domaine au-delà de ses traditions et de ses lieux locaux disparates. En découvrant avec audace un Israël dans lequel la science et la politique sont mutuellement constituées, ce livre montre le rôle continu que joue l’archéologie dans la définition du passé, du présent et de l’avenir de la Palestine et d’Israël.

— Chaim Simons, A Historical Survey of Proposals to Transfer Arabs from Palestine 1895 - 1947, Gengis Khan Publishers, Ulaan Baator, Internet, février 2004, 297 pages. Chaim Simons est un rabbin juif qui prône ouvertement le transfert de la population arabe de la Palestine historique vers d'autres pays arabes. Il présenta cet ouvrage pour la première fois sur Internet en mai 1998. Dernière révision du texte : 3 juin 2003. Extrait de la conclusion, page 289 :
Very few people have had the courage to support publicly the transfer of Arabs from Palestine. Most leaders of the Zionist movement publicly opposed such transfers. However, a study of their confidential correspondence, private diaries and minutes of closed meetings, made available to the public under the "thirty-year rule", reveals the true feelings of the Zionist leaders on the transfer question. We see from this classified material that Herzl, Ben-Gurion, Weizmann, Sharett [Moshe Chertok, né à Kherson, aujourd'hui en Ukraine] and Ben-Zvi [de son vrai nom Shymshelevitch, Ukrainien de Poltava, commanditaire de l'assassinat en 1924 de Jacob de Haan et deuxième président d'Israël], to mention just a few, were really in favour of transferring the Arabs from Palestine. Attempts to hide transfer proposals made by past Zionist leaders has led to a "rewriting of history" and the censoring and amending of official documents!
Page 31, et pour contrecarrer la position d'Efraim Karsh, Simons avait déjà cité Benny Morris d'une manière assez concluante :
Morris gives a number of examples of how Ben-Gurion supported the transfer of Arabs from Palestine, and he wrote: "But at no point during the 1930s and 1940s did Ben-Gurion ever go on record against the idea or policy of transfer. On the contrary, Ben-Gurion left a paper trail a mile long as to his actual thinking, and no amount of ignoring, twisting and turning, manipulation, contortion, and distortion can blow it away."

— Ilan Pappé, A History of Modern Palestine. One Land, Two Peoples, Cambridge University Press, 2004, 2006, 2nd edition 2012 [Mon édition : Historia de la Palestina moderna. Un territorio, dos pueblos, Akal, 1.02.2007]. Pour bien comprendre que la Palestine n'était pas du tout « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre. »

— Juan Manuel Sánchez Arteaga, La razón salvaje. La lógica del dominio : tecnociencia, racismo y racionalidad, Ed. Lengua de Trapo, 1.01.2007, 352 p. Un superbe essai pour comprendre les vrais problèmes que créent les faux concepts, comme celui de "race" (essentiel aux Juifs qui fabriquèrent l'idéologie sioniste), soutenu par biologistes, anthropologues et autres soi-disant scientifiques au service d'une domination blanche occidentale, européenne ou d'origine européenne.

— Ilan Pappé,  Le nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, février 2008, traduit en français par Paul Chemla. Édition originale en anglais : The Ethnic Cleansing of Palestine, One World Oxford, 2006. Mon édition en castillan : La limpieza étnica de Palestina, Crítica, Barcelona, 28.02.2008, 432 pages. Extrait de sa quatrième de couverture en français : 
« A l'aide de documents d'archives, de journaux personnels, de témoignages directs, [Ilan Pappé] reconstitue en détail ce qui s'est vraiment passé à la fin de 1947 et en 1948, ville par ville, village par village. Apparaît alors une entreprise délibérée, systématique, d'expulsion et de destruction: un "nettoyage ethnique" de la Palestine. En quelques mois, forts de leur supériorité militaire, de leur accord secret avec le roi de Jordanie, de la passivité complice des soldats britanniques et de l'impéritie de l'ONU, les dirigeants du mouvement sioniste ont organisé le "transfert", par la violence et l'intimidation, d'une population arabe plutôt pacifique, sans défense, abandonnée de tous. »

— Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé. De la Bible au sionisme, trad. de l'hébreu par Sivan Cohen-Wiesenfeld et Levana Frenk, Fayard, 3.09.2008, 448 pages. Dédicacé à Basel Natsheh et à tous les Israéliens et Palestiniens de sa génération désireux de vivre dans la liberté, l'égalité et la fraternité. Apéro publié dans Le Monde diplomatique, août 2008, page 3 : Comment fut inventé le peuple juif  [Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.] Excellent résumé d'un ouvrage dense et majeurNouvelle édition augmentée d'une préface de l'auteur, 612 pages, 26.09.2018. Note de la maison d'édition :
Quand le peuple juif fut-il créé? Est-ce il y a quatre mille ans, ou bien sous la plume d’historiens juifs du XIXe siècle qui ont reconstitué rétrospectivement un peuple afin de façonner une nation future? Dans ce livre qui a fait date, Shlomo Sand a montré pour la première fois comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d’une nation. Si ses propos ont soulevé une onde de choc dans le monde entier, c’est que derrière le débat historiographique se cache une question brûlante : à l’heure où certains généticiens israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d’un ADN spécifique, que cache aujourd’hui le concept d’«État juif», et pourquoi cette entité n’a-t-elle pas réussi jusqu’à maintenant à se constituer en une république appartenant à l’ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, c’est une critique de la politique identitaire de son pays que propose Shlomo Sand.
Conclusion du chapitre II, « MYTHISTOIRE ». AU COMMENCEMENT, DIEU CRÉA LE PEUPLE (p. 179) :
« (…) comme ce chapitre a tenté de le montrer, ce n’est qu’avec l’essor de l’historiographie protosioniste, dans la seconde partie du XIXe siècle, que la Bible a clairement joué un rôle clé dans le drame de la formation de la nation juive moderne. Du rayon des livres théologiques, elle est passée à celui de l’histoire, et les adeptes de la nation juive ont entrepris de la lire comme un document fiable sur les processus et les événements historiques. Plus encore, elle a été élevée au rang d’une « mythistoire », qui ne saurait être mise en doute parce qu’elle constitue une évidente vérité. Elle est donc devenue le lieu de la sacralité laïque intouchable, point de départ obligé de toure réflexion sur les notions de peuple et de nation.
La Bible a principalement servi de marqueur « ethnique » indiquant l’origine commune de femmes et d’hommes dont les données et les composantes culturelles laïques étaient complètement différentes, mais qui étaient détestés en raison d’une foi religieuse à laquelle ils n’adhéraient pratiquement plus. Elle fut le fondement de l’intériorisation de la représentation d’une « nation » antique dont l’existence remontait presque à la création du monde dans la conscience du passé d’hommes qui furent déplacés et se sont perdus dans les labyrinthes d’une modernité rapide et décapante. Le giron identitaire douillet de la Bible, malgré son caractère de légende miraculeuse, et peut-être grâce à lui, a réussi à leur procurer un sentiment prolongé et presque éternel d’appartenance que le présent contraignant et pesant était incapable de fournir.
Ainsi l’Ancien Testament se transforma-t-il en un livre laïque, enseignant aux jeunes enfants quels furent leurs « antiques aïeux » et avec lequel les adultes eurent tôt fait de partir glorieusement vers des guerres de colonisation et de conquête de la souveraineté. »

— Joe Sacco, Footnotes in Gaza, Henry Holt and Company (États-Unis) - Jonathan Cape (Royaume Uni), juillet 2009, 432 pages. Mon édition en castillan : Notas al pie de Gaza, trad. Marc Viaplana, Reservoir Dogs Mondadori, mars 2010, 418 pages.

— Ilan Pappé et Noam Chomsky, Gaza in Crisis. Reflections on Israel's War Against the Palestinians, Haymarket Books, 2011. Mon édition en castillan : Gaza en crisis, trad. Miguel Marqués Muñoz, Taurus Pensamiento, Santillana, 2011.

— Gilad Atzmon, The Wandering Who? A Study of Jewish Identity Politics (Zero Books, Winchester, RU; Washington, États-Unis, 2011). Mon édition en castillan : Gilad Atzmon, La identidad errante. La identidad judía a examen, trad. de l'anglais par Beatriz Morales Bastos, Ed. de Oriente y del Mediterráneo, Disenso, 30.10.2012.

— Shlomo Sand, Comment j’ai cessé d’être juif. Un regard israélien, traduit de l’hébreu par Michel Bilis, Café Voltaire, Flammarion, 13.03.2013. Il existe une édition postérieure, Champs (n° 1140) - Champs actuel, en format poche, parue le 07.01.2015.

Norman G. Finkelstein, Method and Madness. The hidden story of Israel's assaults in Gaza, OR Books LLC, New York, 2014. Mon édition en castillan : Método y locura. La historia oculta de los ataques de Israel en Gaza, trad. Sandra Chaparro, Ed. Akal, 2015, 143 pages.

— Salman Abu Sitta, Mapping My Return: A Palestinian Memoir, The American University in Cairo Press, EPUB et PDF, mai 2016, édition imprimée 20.12.2016. Recension par Anne Irfan. Palestine Land Society : consultez ses atlas de la Palestine historique et ses livres, rapports, articles, débats, etc. Cf. Vacy Vlazna, Nakba: The man reconstructing Palestine’s lost villages. Driven by a desire to return to his childhood village, Salman Abu Sitta is rebuilding the map of historic Palestine, Aljazeera, 19.05.2016. Extraits de cet article :
Enfant de la Nakba, à l’âge de 10 ans, l’éminent intellectuel palestinien Salman Abu Sitta, 77 ans, est devenu le gardien des clés du retour pour sept millions de réfugiés palestiniens. Si les termes courants du jargon politique pour décrire la Nakba sont nombreux, pour lui, c’est très simple : « Ils ont pris ma maison par la force et ont fait de moi un réfugié et je veux retrouver ma maison et y vivre dans la liberté et la dignité », a déclaré Abu Sitta à Al Jazeera.
Le retour en Palestine, dit-il, n’a rien à voir avec la politique, la souveraineté, l’occupation ou même l’apartheid. « Les Palestiniens ont vécu dans leurs maisons sous les Mamelouks, les Ottomans, les Britanniques et certains sous les Israéliens », dit-il.
« Vous voyez, les Palestiniens n’ont pas d’« objectifs », ils ont des droits. Parce que ces droits sont inaliénables, ils représentent la ligne rouge inférieure au-delà de laquelle aucune concession n’est possible. Parce que cela détruirait leur vie. Cela, ils ne le permettront pas. » (...)
« Aucun autre mouvement de colonisation n’a dépendu d’un vaste éventail de mythes, de mensonges et de désinformation, alimentés régulièrement par des médias consentants et des politiciens payés. Les Palestiniens n’avaient pas besoin de telles tactiques. Le sionisme, si. Sa politique et sa pratique vont à l’encontre de tous les principes du droit international et des faits fondamentaux de l’histoire et de la géographie. »
(...) « Dans toutes les recherches que j’ai faites, je n’ai trouvé aucune raison morale, juridique, démographique, historique ou géographique pour laquelle je devrais être et rester un réfugié. »
« La Nakba est une aberration de l’histoire et je suis convaincu que ses nombreuses conséquences meurtrières ne dureront pas. Elle restera cependant une tache noire indélébile dans l’histoire des Juifs sionistes et de ceux qui les soutiennent pour les siècles à venir. »
« Le revers de la médaille est la résilience et la détermination des Palestiniens, qui resteront une lumière brillante pour ceux qui recherchent la liberté et la dignité. » (...)
Il prouve que l’intégrité de la Palestine historique ne peut être compromise ni par des machinations impériales telles que la Déclaration Balfour, ni par le stratagème de partition des Nations Unies, ni par la perfidie du soutien international à l’occupation sioniste, ni certainement par un argument facétieux de droit divin dans lequel Dieu est mobilisé comme « le premier colonisateur ».
« Pour moi, la Nakba est un tremblement de terre, non pas causé par les forces de la nature, mais par les pouvoirs du mal. Il n’est pas instantané mais dure des décennies. Je n’ai jamais pu comprendre pourquoi les sionistes ont détruit ma vie et celle de millions d’autres Palestiniens, ni comment ce crime a été présenté comme une victoire de la civilisation et l’accomplissement de la volonté divine. » (...)


— Sara Roy, The Gaza Strip: The Political Economy of De-development (Expanded Third Edition), Institute for Palestine Studies, 2016, 616 pages.

— Ilan Pappé, La propagande d'Israël, traduit de l'anglais par Jean-Marie Flémal, Investig'action, 22.06.2016.

— Thomas Suárez, State of Terror. How terrorism created modern Israel, Skyscraper Publications, Bloxham, 13.10.2016, 417 pages ; US Edition, Interlink-Olive Branch, 23.11.2016, 288 pages. Errata concernant cette première édition. Version PDF en anglais. Édition en français : Comment le terrorisme a créé Israël, traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal, Investig’action, 29.09.2018, 542 pages. Quatrième de couverture de cette édition francophone : « Israël, Palestine. Juifs, Arabes. Gaza, Jérusalem. Des affrontements qui remontent à la nuit des temps, insolubles, entend-on ! Ce livre examine les débuts de la question israélo-palestinienne : les centaines d'attentats à la bombe et de massacres de civils perpétrés par les mouvements sionistes juifs jusqu'en 1948. But ? Chasser les Palestiniens de leurs terres. Cette terreur frappa aussi l'administration britannique et des juifs "non-coopérants". / Cette page oubliée de l'Histoire, Thomas Suárez nous la révèle ici grâce à une enquête minutieuse dans les archives de Londres, de l'Irgoun et de l'Agence juive. « Une grande part des souffrances dont nous sommes aujourd'hui témoins, s'explique par cette époque décisive », souligne Ilan Pappé, historien israélien. Voici la pièce manquante dans le conflit Israël — Palestine. / Qui ignore hier, ne peut comprendre aujourd'hui. » Recension de David Gerald Fincham pour Mondoweiss, 13.10.2016. UNE BRÈVE RÉPONSE de Thomas Suárez au PDF pseudo-intellectuel "Hate and Errors" ("La haine et les erreurs") commis par les sionistes David Col*ier et Jonathan Hof*man. Michel Collon interroge l’historien Thomas Suárez, 17.06.2019. Selon la version officielle, les Arabes n’ont pas voulu accueillir les juifs en 1948 car « ils n’aimaient pas les juifs ». Faux ! L’historien anglais Thomas Suarez révèle les centaines de massacres de civils et d’attentats à la bombe commis par les terroristes sionistes entre 1936 et 1948. Cette page oubliée de l’Histoire permet de comprendre tout ce qui s’est passé ensuite. (Vidéo à visionner de 1:55 à 40:30). [Et qu'est-ce qui se passe lorsque la Terreur la plus psychopathe enfante un État colonial particulièrement délirant ? C'est le louchébem Bibi N*** qui nous l'explique brièvement, en 1986 : « Ceux qui combattent avec des moyens terroristes finissent par devenir les maîtres d'États terroristes », nous rappelle Assal Rad, le 18.09.2024. Citation exacte, originalement en anglais : "I think that you can tell a lot about terrorists, about what happens when they come to power. Those who fight for freedom and come to power do not impose terrorism. Those who do, who fight in terroristic means, end up as being masters of terrorist states." Evil knows itself best.]

— Ilan Pappé, The Biggest Prison on Earth. A History of the Occupied Territories, OneWorld Publications, 22.06.2017, 304 pages. Publié 50 ans après la Guerre des Six Jours. Mon édition en castillan : La cárcel más grande de la Tierra. Una historia de los territorios ocupados, trad. Ricardo García Pérez, Ed. Capitán Swing, 5.02.2018.

— Norman G. Finkelstein, Gaza. An Inquest into Its Martyrdom, University of California Press, janvier 2018 (Gaza. Une enquête sur son martyre). Mon édition en castillan : Gaza. Una investigación sobre su martirio, Siglo XXI de España, Col. Hitos, trad. Ana Useros Martín, 2019, 533 pages. Long entretien à propos accordé à Democracy Now!, mené par Amy Goodman : Norman Finkelstein: The “Big Lie” about Gaza Is That The Palestinians Have Been the Aggressors, vidéo diffusée le 19.01.2018.

— Ronen Bergman, Rise And Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted assassinations, Random House, 1.02.2018. Mon édition en français : Lève-toi et tue le premier. L’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj, Bernard Grasset, Paris, 2020, 944 pages. Avocat et vrai grand spécialiste du renseignement, l'auteur nous explique : « Ce livre traite principalement des assassinats et des liquidations ciblés opérés par le Mossad et d’autres branches du gouvernement israélien, en temps de paix ou de guerre – et, dans les premiers chapitres, j’évoque ceux commis par les milices clandestines antérieures à l’État hébreu, des organisations qui, après sa fondation, devaient servir de matrice à son armée et à ses services de renseignement. Depuis la Seconde Guerre mondiale, Israël a assassiné de la sorte plus de monde que n’importe quelle autre nation occidentale. » L'étroit partenariat criminel sioniste-impérial y trouve son compte. Bergman élucide les synergies que développe cette association symbiotique de domination biocide : « Les États-Unis ont pris pour modèle les techniques de collecte de renseignement et d’assassinat ciblé mises au point en Israël et, après le 11 Septembre et la décision du président Bush de lancer une campagne d’assassinats ciblés contre Al-Qaïda, ils ont transposé certaines de ces méthodes dans leurs propres dispositifs de renseignement et de guerre contre le terrorisme. Les systèmes de commandement et de contrôle, les salles d’opérations, les méthodes de collecte d’information et la technologie des avions sans pilote, ou drones, dont se servent désormais les Américains et leurs alliés, ont été pour une large part élaborés dans ce pays [en Israël]. » Dans cet ouvrage, le terme "assassinat" apparaît 354 fois. Cela ne veut pas dire que les termes "liquidation" (14), "crime" (14), "élimination" (127), "meurtre" (97), "assassiner" (13), "tuer" (362) (et différentes formes de sa conjugaison, des centaines de fois) n'y soient pas à profusion. Disons que la grande démocratie de l'apartheid contemporain utilise au moins trois grands systèmes juridiques en même temps : l'un pour les citoyens israéliens, un autre pour les Palestiniens et un troisième pour les membres des Renseignements intérieur et extérieur et de la hiérarchie militaire. Pour réfléchir aux concepts contenus dans les expressions "terrorisme"/"terroristes" ou "combattants pour la liberté", ou à la temporalité historique des campagnes de « terreur individuelle » ou de « terreur collective » (concrètement à partir de l'application de l'alphabet du crime, Beth, Gimmel, Daleth), je vous propose de lire un petit extrait du livre de Bergman :
Wilkin commandait l’Unité juive du Département d’enquête criminelle (le Criminal Investigation Department, ou CID) du Mandat britannique en Palestine, et il excellait dans sa mission, notamment pour tout ce qui concernait l’infiltration et la déstabilisation d’une clandestinité juive rétive. Agressif, mais aussi exceptionnellement patient et calculateur, Wilkin parlait couramment l’hébreu et, au bout de treize années à ce poste en Palestine, avait fini par tisser un vaste réseau d’informateurs. Grâce aux renseignements que ceux-ci lui fournissaient, on avait pu procéder à l’arrestation de combattants de l’ombre, faire saisir leurs caches d’armes et déjouer les opérations qu’ils fomentaient, toutes destinées à forcer les Britanniques à quitter la Palestine.
C’était pour cela que Shomron allait le tuer.
Shomron, et son coéquipier ce soir-là, Yaakov Banai (nom de code Mazal – « la Chance »), étaient des agents du Lehi, le plus radical des mouvements clandestins sionistes combattant les Britanniques au début des années 1940. Le Lehi avait beau être l’acronyme d’une formule en hébreu, « Combattant pour la liberté d’Israël » (Lohamei Herut Israël), les Britanniques considéraient ce groupement comme une organisation terroriste et préféraient opter pour cette appellation méprisante : Stern Gang, ou Groupe Stern, du nom de son fondateur Avraham Stern, un romantique ultranationaliste. Stern et son groupuscule de partisans semaient la violence avec des assassinats et des attentats à la bombe ciblés – une campagne de « terreur individuelle », ainsi que la qualifiait Yitzhak Shamir, chef des opérations du Lehi (et plus tard Premier ministre) [et de son vrai nom Icchak Jaziernicki, né à Roujany, en Biélorussie].

— Rashid Khalidi, The Hundred Years' War on Palestine: A History of Settler Colonialism and Resistance, 1917-2017, Metropolitan Books, Henry Holt, New York, 2020, 336 pages.

Palestina. Arte y Resistencia en Nayi Al-Ali, Ediciones del Oriente y del Mediterráneo, col. Azulejos, Guadarrama (Madrid), novembre, 2020, 271 pages. Prologue de Antonio Altarriba, présentation de Teresa Aranguren, édition de Zuhur Dalo et Mohamed Bitari. Volume essentiel, splendide et émouvant présentant en castillan les vignettes de Naji Al-Ali, une conscience intègre, précise et tranchante, incroyablement bouleversante. Naji Al-Ali a écrit: « L’enfant Handala est ma signature, tout le monde me parle de lui partout où je vais. J’ai donné naissance à cet enfant dans le Golfe et je l’ai présenté à la population. Son nom est Handala et il a promis aux gens de rester fidèle à lui-même. Je l’ai dessiné comme un enfant qui n’est pas beau; ses cheveux sont comme les cheveux d’un hérisson qui utilise ses épines comme une arme. Handala n’est pas un enfant gros, heureux, détendu ou choyé. Il est pieds nus comme les enfants du camp de réfugiés et c’est une icône qui me protège des erreurs. Même s’il est rugueux, il sent l’ambre. Ses mains sont jointes derrière son dos en signe de rejet à un moment où des solutions nous sont présentées à l’américaine. / Handala est né à dix ans et il aura toujours dix ans. À cet âge, j’ai quitté mon pays natal et à son retour, Handala aura toujours dix ans, puis il commencera à grandir. Les lois de la nature ne lui sont pas applicables. Il est unique. Les choses redeviendront normales lorsque la patrie reviendra. / Je le présentai aux pauvres et le nommai Handala, symbole d’amertume. Au début, c’était un enfant palestinien, mais sa conscience s’est développée pour devenir un horizon national puis mondial et humain. C’est un enfant simple mais dur, et c’est pourquoi les gens l’ont adopté et ont estimé qu’il représentait leur conscience. »

— Jeff Halper, Decolonizing Israel, Liberating Palestine: Zionism, Settler Colonialism, and the Case for One Democratic State, Pluto Press, Londres, 2021. Sommaire. Pour les soutiens, une fois sur le site, cliquez sur "endorsements". Ce livre explore comment le concept de colonialisme de peuplement permet de mieux comprendre le projet du mouvement sioniste visant à établir un État juif en Palestine, déplaçant la population arabe palestinienne et marginalisant sa présence culturelle. Jeff Halper soutient que la seule issue à une situation coloniale est la décolonisation : le démantèlement des structures sionistes de domination et de contrôle et leur remplacement par un État démocratique unique, dans lequel les Palestiniens et les Juifs israéliens forgent une nouvelle société civile et une communauté politique commune. Pour montrer comment cela peut être réalisé, Halper utilise le programme en 10 points de la campagne pour un État démocratique comme guide pour réfléchir au processus de décolonisation jusqu’à sa conclusion postcoloniale. Halper est un excellent contempteur de la (fausse et coloniale) solution à deux États, qui n'en a jamais été une. [Cf. la One Democratic State Campaign.]

Palestine Remembered. Grande mosaïque de l'histoire palestinienne, site de mémoire. À propos.

Journal of Palestine Studies.
Depuis 1971, le Journal of Palestine Studies (JPS) est le principal trimestriel consacré exclusivement au conflit israélo-arabe et aux affaires palestiniennes. Le JPS offre un forum international pour l'étude de la région et la résolution pacifique du conflit. Il comprend une analyse complète des développements actuels du processus de paix ainsi qu'une série d'articles allant des dernières recherches historiques à la couverture des tendances culturelles et sociétales. Des articles de fond rédigés par des auteurs reconnus et des entretiens en coulisses sont complétés par une abondante documentation concise. Chaque numéro du Journal of Palestine Studies contient également des critiques de livres, des documents et des sources, une chronologie et une bibliographie de la littérature périodique. Il existe également un observateur des colonies qui évalue les colonies israéliennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.


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2) Références disparates (articles, webgraphie, films, textes légaux, témoignages et textes intimes, données...) contribuant à compréhension et réflexion en la matière :


— Karl Marx, The Indian Revolt, The New York Daily Tribune, 16.09.1857. Texte écrit à Londres le 4.09.1857. Version en français : Quand Karl Marx raillait la presse britannique, Le Monde diplomatique, août 2007, pages 18 et 19. Amorce :
Les excès commis par les cipayes révoltés, en Inde, sont en vérité horrifiants, hideux, ineffables, tels qu’on peut s’y attendre seulement dans les guerres d’insurrection, de nationalités, de races, et surtout de religion ; en un mot, tels que ceux auxquels la respectable Angleterre avait coutume d’applaudir, quand ils étaient perpétrés par les Vendéens sur les « Bleus », par les guérillas espagnoles sur les mécréants français, par les Serbes sur leurs voisins allemands et hongrois, par les Croates sur les rebelles de Vienne, par la garde mobile de Cavaignac ou les décembriseurs de Bonaparte sur les fils et les filles de la France prolétarienne. Si infâme que soit la conduite des cipayes, elle n’est qu’un reflet concentré de la conduite de l’Angleterre en Inde non seulement durant l’époque de la fondation de son Empire oriental, mais même durant les dix dernières années de sa longue domination. Pour caractériser cette domination, il suffit de dire que la torture formait une institution organique de sa politique fiscale. Il existe dans l’histoire humaine quelque chose qui ressemble à la rétribution ; et c’est une règle de la rétribution historique que ses instruments soient forgés non par les offensés mais par les offenseurs eux-mêmes. (...)

— José Mª Fernández Sánchez et Francisco Freire Barreiro, Santiago, Jerusalén, Roma; Diario de una peregrinación a estos y otros lugares de España, Francia, Egipto, Palestina, Siria e Italia en el año de 1875, publié en 1881. Paragraphe décrivant la région de Jaffa en 1875 :
"Existen extensos bosques de granados, naranjos, limoneros, manzanos, cañas de azúcar y palmeras. Sus preciosos jardines tienen gran variedad de plantas, huertos con toda clase de legumbres y hortalizas, regados todos con agua sacada de multitud de norias. La naturaleza es prodigiosa... Posee unos extraordinarios jardines que posiblemente dan las primeras naranjas del mundo... Son los mejores naranjales del mundo."

— 1882. La Palestine atteignit une population de 470 000 habitants environ dont 5% étaient juifs (à peu près, 23 000 personnes).

— Ahad Ha‘am (pseudonyme de l’écrivain juif russe Asher Ginsberg, Skvyra 1856-Tel Aviv-Jaffa 1927), Vérité de la Terre d’Israël, revue HaMelitz, Saint-Pétersbourg, 1891, cité dans Ilan Halévi, Sous Israël, la Palestine, Le Sycomore, Paris, 1978, 247 pages. Extrait en castillan (cité dans Contra el olvido, 2015, voir plus haut) et traduction en français :
“Tenemos la costumbre de creer, los que vivimos fuera de Israel, que allí la tierra es ahora casi completamente desértica, árida y sin cultivar y que cualquiera que quiera adquirir tierras allí puede hacerlo sin ningún inconveniente. Pero la verdad es muy otra. En todo el país es difícil encontrar campos cultivables que no estén ya cultivados, solo los campos de arena o las montañas de piedras que no sirven para plantaciones permanecen sin cultivar.” / « Ceux d’entre nous qui vivons en dehors d’Israël avons l’habitude de croire que la terre là-bas est maintenant presque entièrement déserte, aride et inculte et que quiconque souhaite y acquérir une terre peut le faire sans aucun inconvénient. Mais la vérité est très différente. Dans tout le pays, il est difficile de trouver des champs arables qui ne soient pas déjà cultivés ; seuls les champs de sable ou les montagnes de pierres qui ne conviennent pas aux plantations restent incultes. »
Cf. Nathan Weinstock, 1891-1907 : le mouvement sioniste découvre l’existence des Arabes de Palestine, Honoré Champion, Paris, 2016, 153 p., ainsi que la très congrue recension d'Aline Schlaepfer sur cet ouvrage. Cf. aussi Nathan Weinstock, Terre promise, trop promise. Genèse du conflit israélo-palestinien (1882-1948), Paris, Odile Jacob, 2011.
La première visite en Palestine d'Ahad Ha'Am date de 1892, donc, avant le premier congrès sioniste et 10 ans après le lancement de la première aliyah. Il prévient : « On prend les Arabes pour des ignorants et pour des sauvages. Actuellement, ils acceptent avec bienveillance notre présence. Qu’advienne chez eux que le développement juif se fait à leur détriment, ils ne nous cèderont pas la place. Nous allons vers une guerre difficile. » En 1892, il ne se passait rien en Palestine, il n’y avait pas de risques ni de conflits, ni ouverts ni dissimulés, entre Juifs et Arabes. Cf. Denis Charbit, A'had Haam, l'adversaire de Herzl, AkademTV, 18.03.2019.

— Theodor Herzl, Tagebücher, 1895-1904, Erster Band, extrait de la journée du 12.06.1895, p. 98 :
Bei der Landnahme bringen wir dem Aufnahmestaate gleich Wohlfahrt zu. Den Privatbesitz der angewiesenen Ländereien müssen wir sachte expropriieren.
Die arme Bevölkerung trachten wir unbemerkt über die Grenze zu schaffen, indem wir ihr in den Durchzugsländern Arbeit verschaffen, aber in unserem eigenen Lande jederlei Arbeit verweigern.
Die besitzende Bevölkerung wird zu uns übergehen. Das Expropriationswerk muss ebenso wie die Fortschaffung der Armen mit Zartheit und Behutsamkeit erfolgen.
Die Immobilienbesitzer sollen glauben, uns zu prellen, uns über dem Wert zu verkaufen.
Aber zurückverkauft wird ihnen nichts.
Le racisme de Herzl (tout comme celui du Sionisme en général) est notamment un racisme de classe, un élitisme très européen méprisant les misérables, et se lâche souvent dans des tirades de ce genre —on dirait qu'il y prend du plaisir, tellement il rabâche son antienne—, à ce moment-là, en 1895, quel que fût le pays qu'on cédât aux Sionistes : « Lorsque nous occuperons les terres, nous apporterons des bénéfices immédiats à l’État qui nous reçoit. Nous devons exproprier en douceur la propriété privée des terres qui nous seront allouées. Nous inciterons la population pauvre à passer de l'autre côté de la frontière en lui fournissant du travail dans les pays de transit, mais en lui refusant tout travail dans notre propre pays. La population propriétaire sera de notre côté. Tant l’œuvre d’expropriation que l’expulsion des pauvres doivent être menées avec discrétion et circonspection. Laissons les propriétaires de biens immobiliers croire qu’ils nous trompent en nous vendant des choses au-dessus de leur valeur. Mais en retour, rien ne leur sera revendu. » La flèche de cette pulsion se vérifie très clairement aujourd'hui dans les pratiques génocidaires de l’État d’Israël, qui martyrise toujours plus les Palestiniens, la population native non-juive de la Palestine historique, confinés depuis des décennies dans des bantoustans verrouillés, délibérément dé-développés, astreints à la malnutrition, voire la famine, et à des conditions de soins limités ou, directement, sabotés.

— Theodor Herzl (sous le pseudonyme de « Benjamin Seff »), Mauschel, Die Welt, 15.10.1897, article paru dans le nº 20 de l’organe sioniste « Die Welt », fondé par Herzl qui utilisa à dessein un terme judéophobe allemand, Mauschel [comparable à « youpin », terme péjoratif attesté en France dès 1878], pour désigner les Juifs assimilés qui rejetaient et combattaient le sionisme. Traduction en français du premier paragraphe :
« Mauschel est un antisioniste. Nous le connaissons depuis longtemps et nous avons toujours ressenti du dégoût lorsque nous le regardions, lorsque la vie nous rapprochait de lui ou même en contact avec lui. Mais le dégoût que nous éprouvions pour lui était toujours accompagné de pitié ; nous avons cherché des explications historiques douces pour expliquer pourquoi il était un homme si déformé, réprimé et minable. Et puis : c'est notre camarade après tout - même s'il n'y a pas la moindre raison d'imaginer quoi que ce soit à propos de sa camaraderie (qualité de confrère). Nous nous disions que nous devions le supporter, que c'était notre haute tâche de l'ennoblir, que nous grandirions tous de cette tâche, et nous prenions soin de lui avec une sorte de tendresse ou de faiblesse romantique parce qu'il était un scélérat. Si Mauschel commettait quelque chose de méchant, nous essayions de le dissimuler. Lorsque Mauschel était assez bas, nous avons rappelé au monde les grands de notre peuple. Lorsque Mauschel nous compromettait tous, nous avions honte ou bouillonnions secrètement - mais nous gardions le silence. Mauschel a finalement fait quelque chose qui méritait d'être loué, qui nous a fait honneur et nous a compensé certaines des choses que nous avons dû endurer à cause de lui. Il s'est séparé de nous. Mauschel, c'est une belle décision ! (…) » [Cf. Note (1)]

— Theodor Herzl, Tagebücher, 1895-1904, Dritter Band, extrait de la journée du 10.08.1903, pp. 466-467 :
Nun hat sich die Lage in der letzten Zeit noch dadurch verschlechtert, weil die Juden zu den Umsturzparteien übergehen. Ihre zionistische Bewegung war uns früher sympathisch, solange sie auf die Emigration hinarbeitete. Sie brauchen mir die Bewegung nicht erst zu begründen. Vous prêchez à un converti. Aber seit dem Minsker Kongresse bemerken wir un changement des gros bonnets. Es ist weniger vom palästinensischen Zionismus die Rede, als von Kultur, Organisation und jüdischer Nationalität. Das paßt uns nicht. Wir haben insbesondere bemerkt, daß Ihre Hauptleute in Rußland — die in ihren Kreisen sehr geachtete Personen sind — Ihrem Wiener Komitee keine rechte Gefolgschaft leisten. Sie haben eigentlich nur den einen Ussischkin, der in Rußland zu Ihnen hält.“
(...) „Helfen Sie mir, das Land früher zu erreichen, und die Revolte hört auf. Aber auch der Abfall zu den Sozialisten hört auf.“
Viatcheslav Plehve, ministre tsariste de l’Intérieur (de 1902 à sa mort lors d’un attentat le 17 juillet 1904 organisé par Yevno Azév, espion de l’Okhrana, la police secrète tsariste) et impeccable « converti » à l’idée sioniste de lui débarrasser des Juifs, expliquait à Herzl qu’il n’avait pas besoin de lui « prêcher » les vertus du Sionisme, mais qu’il fallait tenir compte de la situation :
[Plehve :] Dernièrement, la situation s'est encore aggravée parce que les Juifs se tournent vers les partis révolutionnaires. Nous avions de la sympathie pour votre mouvement sioniste, tant qu’il œuvrait en faveur de l’émigration. Vous n’avez pas besoin de me vanter votre mouvement. Vous prêchez à un converti [sic en français dans le Journal. Herzl et Plehve s'entretenaient/écrivaient en français]. Mais depuis le congrès de Minsk, on constate un changement des gros bonnets [sic]. On parle moins aujourd’hui du Sionisme palestinien que de culture, d’organisation et de nationalisme juif. Cela ne nous convient pas. Nous avons remarqué notamment que vos dirigeants en Russie, qui sont des personnalités très respectées dans leurs propres cercles, n'obéissent pas vraiment à votre Comité de Vienne. En fait, Ussishkin est le seul homme qui vous soutient en Russie.
(...) [Herzl :] « Aidez-moi à atteindre le pays plus tôt et la révolte cessera. Tout comme la défection [des Juifs] vers les Socialistes.»

— 1900. La population juive en Palestine ottomane était d'environ 60 000 personnes. L’immigration juive débuta en Palestine vers la fin du XIXe siècle. Les deux premières vagues amenèrent environ 55 000 à 70 000 Juifs entre 1882 et 1914, principalement des Russes qui fuyaient la judéophobie. Cf. Justin McCarthy, Palestine’s Population during the Ottoman and the British Mandate, 2001.

— Raphaël Marchand, MAX NORDAU. Juifs contre Juifs, La Libre Parole, Lundi 21.12.1903 (sous le titre général, à la Une, Max Nordau condamné à mort par les Juifs). De son vrai nom Simon (Simcha) Maximilian Südfeld, ou Südfeld Simon Miksa. Nordau était né le 29.07.1849 à Pest, royaume de Hongrie. Il changea son nom à Berlin, en 1873 : il préféra une clairière du Nord (Nordau) à un champ du Sud (Südfeld). Il est intéressant de lire toute la chronique de Marchand ; un médecin sioniste hongrois —qui a failli se faire assassiner par Chaïm Selik Louban, membre du groupe des dissidents russes du houleux 6e Congrès sioniste de Bâle, qui lui tira dessus au cri de : « Mort à Nordau ! Mort à l’Est africain ! », en référence au sioniste projet Ouganda de l'époque— s'entend à merveille avec le judéophobe et anti-dreyfusard d'extrême droite Édouard Drumont (ils s'approuvent mutuellement) et se livre à son journal, La Libre Parole, dont l'exergue hurlait La France aux Français ! (rengaine très en vogue de nos jours parmi des politiciens français sionistes, "amis d'Israël", très invités par les médias hexagonaux d'aujourd'hui). 
Extrait éloquent des confidences de Nordau au journal de Drumont :
« Le but que je poursuis, vous le savez, est le Retour à Jérusalem, la reconstitution de la nationalité juive sur une terre indépendante.
« Je suis, moi aussi, un nationaliste, mais un nationaliste juif.
« Quand une race a des caractères aussi marqués, aussi diagnosticables que la mienne, cette race ne peut pas et ne doit pas se fondre dans les autres. Il faut qu’elle redevienne une nation.
« Il n’y a pas là une question de religion, mais une question de race exclusivement et il n’y a pas d’homme avec lequel je sois plus d’accord sur ce point que M. Drumont en personne.
« M. Drumont, nationaliste français, dit : « La France aux Français ! »
« Mon nationalisme à moi, crie : « La Palestine aux Juifs ! »
« Nous ne sommes ni Allemands, ni Français, ni Anglais, ni autre chose : Nous sommes Juifs !
« Mon rêve, jusqu’à ces derniers mois, était la reprise de Jérusalem, la reconstruction du temple, comprenez-vous ? Mais non, vous ne pouvez pas comprendre avec votre mentalité de chrétien qui n’est pas la nôtre. »
Les délires honnêtement assumés par le médecin hongrois Max Nordau, paladin du racisme scientifique, ses quérulences, me font toujours penser à Juanma Sánchez Arteaga et son ouvrage « La Razón salvaje. La lógica del dominio : tecnociencia, racismo y racionalidad » (Lengua de Trapo, Madrid, 2007) —ou ses articles postérieurs—, indépassable démonstration de la construction scientifique du racisme sans race grâce aux offices psychopathes de la biologie, de l’anthropologie et de la Science en général, notamment au XIX siècle et dans la première partie du XX siècle. La quatrième de couverture de cette recherche sur l’histoire de la science éclaire parfaitement mon association mentale. En voici la traduction en français :
Nous aimons croire que nos connaissances reposent sur de solides piliers rationnels. Que les coordonnées qui nous aident à comprendre le monde sont dépourvues de superstitions et de croyances irrationnelles. En tant que membres de la société techno-scientifique, nous regardons l'avenir avec sérénité, sachant que la communauté scientifique, depuis ses laboratoires aseptiques et coûteux, est prête à déchiffrer les grands mystères avec rigueur et objectivité. Mais tout n’est pas aussi clair : Juanma Sánchez Arteaga, s’appuyant directement sur des sources fondatrices, remet en question l’utilisation frauduleuse de la méthode scientifique et explicite le réseau de conditionnements moraux et mythiques et d’intérêts matérialistes qui se cachent sous une apparente objectivité.
L'entente Nordau-Drumont peut évoquer d'autres connivences de la sorte, apparemment contre-nature mais intellectuellement très cohérentes (dans leur égarement), comme celle qui s'établira, par exemple, en 1933, entre Arthur Ruppin et Hans F. K. Günther (cf. plus bas).
Par rapport à ces abominations racialistes, ce qui est effrayant, c’est que, même au XXIe siècle, l’historien israélien Shlomo Sand trouve des raisons solides pour écrire dans Comment j’ai cessé d’être juif :
En ce début de XXIe siècle, à la lecture de journaux, de revues ou de livres, je ne pense pas qu’il soit exagéré d’affirmer que les juifs sont trop souvent présentés comme porteurs de traits de caractère ou de cellules cérébrales particulières et héréditaires qui les distingueraient de tous les autres humains, tout comme les Africains se différencient des Européens par leur couleur de peau.
Après d’autres remarques pertinentes à ce sujet, il parvient à une conclusion terrible (qui nous fait penser à Victor Klemperer sous Hitler —voir plus haut) :
Je ressens, depuis pas mal de temps, un malaise face aux modes de définition de la judéité qui se sont installés au cœur de la culture occidentale durant la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe siècle. De plus en plus, j’ai comme l’impression que, sous certains aspects, Hitler est sorti vainqueur de la Seconde Guerre mondiale. Il a bien sûr été militairement et politiquement vaincu, mais, en quelques années, son idéologie perverse s’est infiltrée et a refait surface jusqu’à émettre, de nos jours, de fortes pulsations, frappantes et menaçantes.

The Aliens Act 1905, 5 Edw. 7. c. 13, 11.08.1905. La Loi sur les Étrangers de 1905, loi du Parlement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande entérinée sous le gouvernement d’un tel Arthur Balfour. Balfour avait réussi à faire adopter cette loi scélérate et judéophobe avec des discours passionnés sur la nécessité de restreindre la vague d'immigration en Grande-Bretagne de Juifs fuyant l’Europe de l’Est et, notamment, l'Empire russe (soit dit en passant : parmi les révolutionnaires russes de 1905, il y avait un bon nombre de Juifs). Balfour adorait les Juifs le plus loin possible, comme tant de judéophobes britanniques de l'époque ; voilà peut-être pourquoi quelques années plus tard, il n'aurait rien à redire qu'ils s'installent en Palestine, territoire d'un No-People. Wikipédia : La loi introduisit pour la première fois les contrôles et l'enregistrement de l'immigration et confia au ministre de l'Intérieur la responsabilité globale des questions concernant l'immigration et la nationalité. Ceux qui « semblaient incapables de subvenir à leurs besoins » ou « risquaient de devenir une charge sur les tarifs » furent déclarés « indésirables ». La loi permettait également de refuser des immigrants potentiels pour des raisons médicales. Les demandeurs d'asile fuyant les persécutions religieuses ou politiques étaient censés être exemptés de cette loi, mais leurs demandes furent néanmoins souvent ignorées. Alors que la loi était apparemment conçue pour empêcher les pauvres ou les criminels d'entrer dans le pays et mettre en place un mécanisme pour expulser ceux qui s'y infiltraient, l'un de ses principaux objectifs était de limiter l'immigration juive en provenance d'Europe de l'Est.

— Isaac ou Yitzhaq Epstein, Une question occultée, HaShiloah, Odessa, 1907 (texte présenté sous forme de conférence au septième Congrès Sioniste de Bâle, qui eut lieu du 27 juillet au 2 août 1905). Epstein, pédagogue biélorusse installé depuis plus de vingt ans en Palestine lorsqu’il publie ce texte, nous livre un tableau détaillé des conditions de vie et de travail des agriculteurs palestiniens. « Parmi les questions difficiles concernant la renaissance de notre peuple dans sa patrie, une question les surpasse toutes : nos relations avec les Arabes. Cette question, dont dépend la résolution correcte de la renaissance de notre espoir national, n’a pas été oubliée par les sionistes mais est passée complètement inaperçue pour eux et, sous sa véritable forme, est à peine mentionnée dans la littérature de notre mouvement. (...) Le manque d’attention des sionistes sur une question si fondamentale pour le règlement n’est pas intentionnel ; cela est passé inaperçu parce qu'ils ne connaissaient pas le pays et ses habitants et, de surcroît, n'avaient aucune conscience nationale ou politique. Le triste fait qu'il soit possible d'ignorer une question fondamentale comme celle-ci et, après 30 ans d'activités de colonisation, d'en parler comme si elle était nouvelle, prouve virtuellement l'irresponsabilité de notre mouvement, qui traite les questions de manière superficielle et ne se penche pas sur leur noyau. » « L’heure est venue d’extirper des esprits l’idée discréditée, répandue parmi les sionistes, que l’on trouve en Palestine des terres incultes par suite du défaut de main-d’œuvre et de l’indifférence de ses habitants. Il n’existe pas de champs inoccupés. C’est tout le contraire : chaque fellah s’efforce d’agrandir le terrain dont il dispose en y adjoignant la terre en friche qui est contiguë pour autant que cela ne requière pas un labeur excessif. » Epstein ne prônait pas le nettoyage ethnique, loin de là, il envisageait une coexistence disons condescendante ou paternaliste entre propriétaires juifs et locataires palestiniens, « leurs enfants seront acceptés dans nos écoles », etc. Ses visées et sa prévision se sont avérées trop éloignées de la réalité : « Même si au début ils nous considéreront avec méfiance, ne croyant pas aux innovations et encore moins aux innovateurs, de jour en jour notre intégrité deviendra évidente et ils verront l'innocence de nos aspirations et les bénéfices de nos réformes, qui sans aucun doute réussiront entre les mains d'un peuple si diligent, sage et économe. Le fellah arabe est intelligent et fait preuve de plus de bon sens que les agriculteurs de nombreux autres pays. Et alors les locataires arabes nous connaîtront au mieux, et ils ne maudiront pas le jour où les Juifs sont venus s'installer sur leurs terres mais s'en souviendront comme d'un jour de rédemption et de salut. » Cf. le compte-rendu détaillé et critique d'Aline Schlaepfer sur l'ouvrage de Nathan Weinstock, 1891-1907 : le mouvement sioniste découvre l’existence des Arabes de Palestine, Honoré Champion, Paris, 2016, 153 p. À propos de la réception de la conférence d'Epstein, elle constate : « (...) l’accueil de la pensée d’Epstein fut loin d’être des plus chaleureux. En dehors de quelques réponses extrêmement hostiles (Y. Ben Tsvi [Ben-Zvi], Klausner, Jabotinsky et Pukhachewsky), qui contribuèrent à crisper le débat plus qu’à l’enrichir, ses idées ne connurent pas de véritable postérité. » Schlaepfer rappelle aussi des sources pour réfléchir à la généalogie de la conscience nationale palestinienne, antérieure aux premières publications et démarches du Sionisme : « (...) lorsque la notion de Palestine commence à émerger dans les esprits et sur les cartes britanniques, ce n’est qu’à travers le prisme du rejet de la pensée sioniste ou de l’établissement d’un foyer juif en Palestine, affirme Weinstock, qui semble ignorer la pléthore de littérature sur l’émergence de l’idée de Palestine à travers les textes. La multiplicité des outils philosophiques, légaux et historiques, mobilisés pour penser, inventer et imaginer la collectivité et l’espace palestiniens à l’heure de la fabrique des nations a ainsi fait l’objet de nombreuses études (par exemple Rashid Khalidi, L’identité palestinienne : la construction d’une conscience nationale moderne, La Fabrique, 2003 [1997]). Dans son ouvrage intitulé Remembering and Imagining Palestine (Palgrave Macmillan, 2008), Haim Gerber s’intéresse à l’émergence d’une identité palestinienne avant l’occupation britannique et démontre la récurrence du terme « Palestine », accompagné de la formule « notre pays », dans les sources arabes locales, bien avant l’arrivée des premières aliyot. » Schlaepfer critique aussi une grave omission du livre de Weinstock, car celui-ci « passe complètement sous silence l’existence de l’importante classe moyenne, composée d’hommes d’affaires, entrepreneurs, banquiers, assureurs et autres encore, dont l’influence sera déterminante lors des premières mobilisations palestiniennes. »

— Khalil al-Sakakini (intellectuel chrétien palestinien, 1878-1953), entretien avec le quotidien Al-Iqdam, mars 1914 :
The Zionists want to take over Palestine, which is the heart of the Arab lands and the central link between the Arabian Peninsula and Africa. As if they wanted in this manner to cut this chain and split the Arab nation into two parts for which unity and solidarity will be difficult. Let the inhabitants of the homeland watch out for these bad intentions and let the Arab nation know that it has its place and tongue. If you want to kill a nation, cut off its tongue and seize its place and this is what the Zionists want [to do] with the Arab nation.

Les Sionistes veulent s’emparer de la Palestine, qui est le cœur des terres arabes et le lien central entre la péninsule arabique et l’Afrique. Comme s'ils voulaient ainsi couper cette chaîne et diviser la nation arabe en deux parties pour lesquelles l'unité et la solidarité seront difficiles. Que les habitants de la patrie soient attentifs à ces mauvaises intentions et que la nation arabe sache qu'elle a sa place et sa langue. Si vous voulez tuer une nation, coupez-lui la langue et prenez sa place : c’est ce que les Sionistes veulent faire avec la nation arabe.

— Sir Edwin Montagu, Secrétaire d'État pour l'Inde et seul membre juif du cabinet britannique de Lloyd George en 1917, avait une position sur le Sionisme et la Palestine absolument minoritaire, car décente, au sein du gouvernement. Pas mal pour un secrétaire d'État impérial. Cf. United Nations, The Question of Palestine, Origins and Evolution of the Palestine Problem: 1917-1947 (Part I), 1978 :
"(...) Son désaccord sur la nature politique des objectifs sionistes provenait de sa conviction que le judaïsme était une foi universelle, distincte de la nationalité, et qu’à l’ère de l’État-nation moderne, le peuple juif ne constituait pas une nation. Il remit en question le pouvoir de l'Organisation sioniste de parler au nom de tous les Juifs. Dans des notes secrètes (rendues publiques par la suite), il écrivit:
“Zionism has always seemed to me to be a mischievous political creed, untenable by any patriotic citizen of the United Kingdom … I have always understood that those who indulged in this creed were largely animated by the restrictions upon and refusal of liberty to Jews in Russia. But at the very time when these Jews have been acknowledged as Jewish Russians and given all liberties, it seems to be inconceivable that Zionism should be officially recognized by the British Government, and that Mr. Balfour should be authorized to say that Palestine was to be reconstituted as the ‘national home of the Jewish people’. I do not know what this involves, but I assume that it means that Mohammedans and Christians are to make way for the Jews, and that the Jews should be put in all positions of preference and should be peculiarly associated with Palestine in the same way that England is with the English or France with the French, that Turks and other Mohammedans in Palestine will be regarded as foreigners, just in the same way as Jews will hereafter be treated as foreigners in every country but Palestine … When the Jews are told that Palestine is their national home, every country will immediately desire to get rid of its Jewish citizens, and you will find a population in Palestine driving out its present inhabitants, taking all the best in the country … (...)"
Cf. British Government, British Public Record Office, Cabinet No. 24/24 (Août 1917)

— Déclaration Balfour (Ministre britannique des Affaires étrangères), 2.11.1917 (version en français) :
« Foreign Office,
2 November 1917
“Dear Lord Rothschild,
I have much pleasure in conveying to you on behalf of His Majesty’s Government the following declaration of sympathy with Jewish Zionist aspirations, which has been submitted to and approved by the Cabinet:
‘His Majesty’s Government view with favour the establishment in Palestine of a national home for the Jewish people, and will use their best endeavours to facilitate the achievement of this object, it being clearly understood that nothing shall be done which may prejudice the civil and religious rights of existing non-Jewish communities in Palestine or the rights and political status enjoyed by Jews in any other country.’
I should be grateful if you would bring this declaration to the knowledge of the Zionist Federation.
Yours sincerely,
Arthur James Balfour. »

— David Ben Gourion et Yitzhak Ben Zvi, Eretz Israel dans le passé et dans le présent (en hébreu), Jérusalem, Ben Zvi, 1980, p. 196. Ouvrage publié par The Poale Zion Palestine Committee, New York, 1918, d'abord en hébreu, puis en yiddish, lorsque ses jeunes auteurs faisaient partie du Poalei Sion, courant politique marxiste sioniste dirigé par Ber Borokhov. Extrait :
« L’origine des fellahs ne remonte pas aux conquérants arabes, qui soumirent Eretz Israël et la Syrie au VIIe siècle de notre ère. Les conquérants n’éliminèrent pas la population des laboureurs agricoles qu’ils y rencontrèrent. Ils n’expulsèrent que les souverains byzantins étrangers ; ils ne firent aucun mal à la population locale. Les Arabes ne se préoccupèrent pas d’implantation. Les fils des Arabes ne pratiquaient pas plus l’agriculture sur leurs lieux de résidence antérieure. (…) Quand ils faisaient la conquête de terres nouvelles, ils n’y cherchaient pas de nouveaux terrains en vue d'y développer une classe de paysans-colons qui d’ailleurs était presque inexistante aussi chez eux. Ce qui les intéressait dans leurs nouvelles conquêtes était d’ordre politique, religieux et financier : gouverner, diffuser l’Islam et lever l’impôt. »
Ibid., p. 198 :
« Venir prétendre qu’avec la conquête de Jérusalem par Titus et avec l’échec de la révolte de Bar Kokhba, les Juifs cessèrent complètement de cultiver la terre d’Eretz Israel découle d’une ignorance totale de l’histoire d’Israël et de sa littérature de l’époque. (…) Le cultivateur juif, comme tout autre cultivateur, ne se laisse pas si facilement déraciner de son sol, qui regorge de la sueur de son front et de celui de ses ancêtres. (…) La population paysanne, en dépit de la répression et des souffrances, resta sur place fidèle à elle-même. »
Shlomo Sand: « Ces mots précèdent de trente ans ceux de la Déclaration d’indépendance qui nous rappellent l’expulsion par la force d’un peuple tout entier. » Lire la suite pp. 261-263 de Sand, 2008.

In a memorandum to Lord Curzon on 11 August 1919, [Arthur] Balfour candidly wrote [Arthur Balfour, dans un mémorandum adressé à Lord Curzon le 11.08.1919 où il ne mâche pas ses mots et donc, où l'on voit les vraies valeurs d'une civilisation coloniale particulièrement cruelle, dont les méfaits abominables façonnent toujours notre pauvre monde]:
“The contradiction between the letters of the Covenant and the policy of the Allies is even more flagrant in the case of the ‘independent nation’ of Palestine than in that of the ‘independent nation’ of Syria. For in Palestine we do not propose even to go through the form of consulting the wishes of the present inhabitants of the country, though the American Commission has been going through the form of asking what they are.
“The four Great Powers are committed to Zionism. And Zionism, be it right or wrong, good or bad, is rooted in age-long traditions, in present needs, in future hopes, of far profounder import than the desires and prejudices of the 700,000 Arabs who now inhabit that ancient land.
“In my opinion that is right. What I have never been able to understand is how it can be harmonized with the (Anglo-French) declaration of November 1918, the Covenant, or the instructions to the Commission of Enquiry.
“I do not think that Zionism will hurt the Arabs, but they will never say they want it. Whatever be the future of Palestine, it is not now an ‘independent nation’, nor is it yet on the way to become one. Whatever deference should be paid to the view of those living there, the Powers in their selection of a mandatory do not propose, as I understand the matter, to consult them. In short, so far as Palestine is concerned, the Powers have made no statement of fact which is not admittedly wrong, and no declaration of policy which, at least in the letter, they have not always intended to violate;…”
Les Nations Unies nous rappellent que la disposition finale concernant la Palestine fut décidée par le Conseil Suprême Allié lors de la Conférence de San Remo, le 25.04.1920 :
« L'attribution du mandat a été, pour plusieurs raisons, un processus lent. Elle dépendait en premier lieu de l'accord anglo-français sur la validité des arrangements Sykes-Picot pour l'ensemble des ex-territoires turcs, et celui-ci fut retardé par les discordes sur la Syrie et Mossoul, impliquant des discussions très vives de ton entre [Georges] Clemenceau et M. Lloyd George. Grâce à ce compromis, la Palestine, qui, selon le plan Sykes-Picot, était destinée à une administration internationale, est finalement passée d'un commun accord sous la tutelle britannique. »
La décision fut prise sans tenir compte de l'exigence de l'article 22 du Pacte selon laquelle « les souhaits de ces communautés doivent constituer une considération principale dans la sélection d'un mandataire ».

— David Hacohen (Gomel, Russie, Biélorussie aujourd'hui, 1898-1984), étudiant sioniste à Londres, en Droit et en Économie, de 1919 à 1923, il devint Directeur du Bureau des Travaux publics et de la Planification (qui se transformerait ensuite en une société sous le nom de Solel Boneh) dans la Histadrout des années 20 en Palestine. Expert en apartheid sioniste antiarabe, personne ne peut l'expliquer mieux que lui :
« Déjà à Londres après la Première Guerre mondiale (...) J’ai dû combattre mes amis sur la question du socialisme juif, pour défendre le fait que je n’accepterais pas les Arabes dans mon syndicat, la Histadrout, pour défendre la demande pressante aux ménagères de ne pas acheter dans les magasins arabes, pour défendre le fait que nous montions la garde dans les vergers pour empêcher les travailleurs arabes d’y trouver un emploi… pour verser du kérosène sur les tomates arabes; pour attaquer les ménagères juives sur le marché et détruire les œufs arabes qu’elles avaient achetés… pour acheter des dizaines de dounams [de terres] à un Arabe mais pour interdire, à Dieu ne plaise, de vendre un dounam juif à un Arabe, pour considérer Rothschild, l’incarnation du capitalisme, comme un socialiste et le qualifier de “bienfaiteur” – faire tout ceci n’a pas été facile. » Cité dans Michel Warschawski (Mikado), Israël-Palestine: le défi binational, Textuel, 14.02.2001, p. 32, ainsi que dans l'article de Charleroi pour la Palestine, La Histadrout : instrument de domination coloniale et de propagande, 1.05.2019 (mis à jour 3.05.2021).

— Délégation Arabe, Lettre envoyée à Sir Winston Churchill, secrétaire britannique aux Colonies, 24.10.1921. La Délégation arabe voyagea à Londres pour s'opposer à l'inclusion de la Déclaration Balfour dans les conditions du Mandat Britannique sur la Palestine. Extrait :
El grave y creciente malestar entre la población palestina proviene de su convicción absoluta de que la actual política del Gobierno británico se propone expulsarlos de su país con el fin de convertirlo en un Estado nacional para los inmigrantes judíos... La Declaración Balfour fue hecha sin consultarnos y no podemos aceptar que ella decida nuestro destino...

L'agitation grave et croissante au sein de la population palestinienne vient de sa conviction absolue que la politique actuelle du gouvernement britannique vise à les expulser de leur pays afin d'en faire un État national pour les immigrants juifs... La Déclaration Balfour a été faite sans nous consulter et nous ne pouvons pas accepter qu'elle décide de notre destin...
[Extrait cité dans A. W. Kayyali, Palestina. Una historia moderna, Bósforo Libros, Madrid, 2014 —ouvrage qui, entre autres, atteste l'intense opposition palestinienne à l'agenda politique sioniste depuis les années 1900.]

A Special Edition in English issued on the occasion of the visit to Palestine of LORD BALFOUR, the statesman with whose name is associated the Declaration which to the Arabs signifies the death knell of all the hopes they cherished when the victorious British Armies entered their country in 1918 [Édition spéciale en anglais publiée à l'occasion de la visite en Palestine de LORD BALFOUR, l'homme d'État au nom duquel est associé la Déclaration qui, pour les Arabes, sonne le glas de tous les espoirs qu'ils nourrissaient lorsque les armées britanniques victorieuses entrèrent dans leur pays en 1918 —en fait, le général d’Allenby fit son entrée à pied dans Jérusalem le mardi 11 décembre 1917], Filastin / La Palestine, Jaffa, 25.03.1925. Exergue : “For We Wrestle Not Against Flesh and Blood, But Against Principalities and Powers, Against the Rulers of the Darkness of This World, Against Spiritual Wickedness in High Places” (Ephesians VI, 12) [« Non, nous ne nous battons pas contre le sang et la chair, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les maîtres du monde de la nuit, contre les forces du souffle maléfique du ciel » (Éphésiens VI, 12), trad. de La Bible de Bayard]. Amorce du texte : “J’ACCUSE ! / 1. THE BRITISH GOVERNMENT, of having allowed itself to become a tool in the hands of the Jews for the purpose of furthering their Nationalist aims in Palestine. / 2. THE LEAGUE OF NATIONS, of seeking to administer in Palestine a Mandate which is incompatible with Article 22 of the Covenant of the League under which the Mandatory system is set up. / 3. THE GOVERNMENT OF PALESTINE, of pursuing with open eyes a policy which, by granting a favoured position to the Jewish minority, is unjust to the Arab majority in Palestine. (...)"

— Abraham Isaac Kook, Orot HaTeshuva, 1925 ; traduit en français Les lumières du retour (l'hébreu Orot veut dire Lumières, mais Teshuva « repentance » ou « repentir ») par Albin Michel en janvier 2000. Abraham Kook (né à Griva, aujourd’hui en Lettonie, 1865-1935), connu comme HaRav Kook (« le Rav Kook »), fut de 1919 à 1935 le premier Grand Rabbin ashkénaze orthodoxe dans la Palestine Mandataire Britannique. Il fonda chez lui en 1924 la Yechiva Merkaz HaRav, littéralement Le Centre du Rav ; elle déménagea en 1964 dans le quartier Kyriat Moshe de Jérusalem, à côté du Mossad Harav Kook. Le Rav Kook fut considéré comme l’un des pères du Sionisme religieux, mouvance où son fils, le rabbi Zvi Yehouda Kook, eut aussi une influence décisive : le Goush Emounim, mouvement politique et messianique fondamentaliste d’extrême droite créé pour lancer la colonisation juive de la Cisjordanie, fut fondé en février 1974 par les étudiants de Yehouda Kook, qui demeura le chef du mouvement jusqu'à sa mort en 1982. À propos de l'importance du Rav Kook, Shlomo Sand écrit dans Comment j’ai cessé d’être juif. Un regard israélien :
« Pendant des siècles, les juifs ont plus étudié le Talmud que la Bible. Certes le Pentateuque était bien connu dans les écoles talmudiques, grâce aux Parashiot Hashavoua (l’extrait hebdomadaire de la Torah lu publiquement chaque shabbat), mais il n’y avait pas de débats sur les messages des grands prophètes. Les aspects universels de la prophétie biblique ont davantage imprégné la tradition chrétienne que la tradition juive. La position d’inégalité envers l’ « autre » non juif n’est toutefois pas toujours aussi univoque que celle formulée, par exemple, dans le Talmud : « On vous appelle homme, et les peuples du monde ne sont pas appelés homme » (Yevamot 51, 1). Ce n’est pas cependant le fait du hasard si Abraham Yitzhak HaCohen Kook, principal architecte du processus de nationalisation de la religion juive au XXe siècle, et premier grand rabbin de la communauté de colons en Palestine avant la création de l’État d’Israël, a pu écrire dans son ouvrage intitulé Lumières : « La différence entre une âme d’Israël, avec son authenticité, ses souhaits intérieurs, son aspiration, sa qualité et sa vision, et l’âme de tous les non-juifs, à tous les niveaux, est plus grande et plus profonde que la différence entre l’âme d’un homme et celle d’un animal ; parmi ces derniers, il n’y a qu’une différence quantitative, tandis qu’entre ceux-ci et les premiers existe une différence qualitative spécifique. »
Les écrits du rabbin Kook servent aujourd’hui encore de guide spirituel à la communauté des colons nationaux-religieux installés dans les territoires occupés. »

— Israël Belkind, Les Arabes en Eretz Israël (en hébreu), Tel-Aviv, Hameïr, 1928, pp. 8 et 10-11 :
« Les historiens de notre temps ont l’habitude de raconter qu’après la destruction de Jérusalem par Titus, les Juifs se dispersèrent dans tous les pays de l’univers et cessèrent de vivre dans leur pays. Mais là, nous nous heurtons à une erreur historique qu’il est nécessaire d’écarter pour rétablir la situation exacte des faits. » [cf. les révoltes juives ultérieures, celle de Bar Kokhba (seconde guerre judéo-romaine, 132-135 a. C.) et plus tard, au début du VIIe siècle, celle de Galilée]. « Ceux qui partirent furent les couches supérieures de la société, les Sages, les penseurs de la Torah qui diffusaient la religion à travers le pays. (…) Et peut-être que le mouvement toucha aussi des citadins qui pouvaient se déplacer avec plus de facilité. Mais les travailleurs de la terre restèrent attachés à leurs terroirs ».
Israël Belkind était un colon russe juif arrivé en Palestine en 1882 et fut dirigeant du mouvement Bilou, les Bilouïm.

— Ilan Pappé dans mon édition espagnole du Nettoyage Ethnique de la Palestine, trad. de Luis Noriega, éd. Crítica, p. 35-37 :
"En 1917, cuando lord Balfour (...) prometió al movimiento sionista la creación de un hogar nacional para los judíos en Palestina, abrió la puerta al conflicto interminable en el que pronto se hundirían el país y sus gentes. En la declaración que hizo en nombre de su gobierno, Balfour prometía que se respetarían los derechos de la comunidad no judía (una forma extraña de referirse a los palestinos nativos que conformaban la vasta mayoría de la población), pero el texto chocó con rapidez con las aspiraciones y los derechos naturales de los palestinos, que deseaban ser una nación independiente.
Hacia finales de la década de 1920, cuando ya se había cobrado la vida de centenares de palestinos y judíos, resultaba evidente que el núcleo de esta propuesta era potencialmente violento. Esto empujó a los británicos a realizar un intento serio, aunque poco entusiasta, de resolver el conflicto que se cocinaba a fuego lento.
Hasta 1928, el gobierno británico había tratado a Palestina como un Estado dentro de su esfera de influencia, no como una colonia; un Estado en el que, bajo la tutela británica, la promesa hecha a los judíos y las aspiraciones de los palestinos podían hacerse realidad al mismo tiempo. Los británicos intentaron crear una estructura política que representara a ambas comunidades en igualdad de condiciones tanto en el parlamento como en el gobierno. En la práctica, cuando la oferta se hizo no fue precisamente equitativa: beneficiaba a las colonias sionistas y discriminaba a la mayoría palestina. El equilibrio dentro del nuevo consejo legislativo propuesto favorecía a la comunidad judía que había de aliarse con los miembros nombrados por la administración británica.
Dado que los palestinos conformaban la mayoría de la población (entre un 80 y un 90 por 100 del total en la década de 1920), era natural que se negaran en un primer momento a aceptar la propuesta de paridad británica, que además los desfavorecía en la práctica, una posición que animó a los líderes sionistas a apoyarla. A partir de aquí emerge una pauta: en 1928, cuando los líderes palestinos, que veían con aprensión el aumento de la inmigración judía y la expansión de sus asentamientos en el país, acordaron aceptar la fórmula como base de las negociaciones, la dirección sionista se apresuró a rechazarla. El levantamiento palestino de 1929 fue consecuencia directa de la negativa de Gran Bretaña a poner en marcha siquiera su promesa de paridad incluso después de que los palestinos hubieran accedido a renunciar al principio democrático de la política mayoritaria, que los británicos habían abanderado como base para las negociaciones en todos los demás Estados árabes dentro de su esfera de influencia.
Después del levantamiento de 1929, el gobierno laborista en Londres parecía inclinado a abrazar las exigencias de los palestinos, pero el grupo de presión sionista consiguió reorientarlo con facilidad de vuelta a la senda marcada por Balfour. Esto hizo que un nuevo levantamiento fuera inevitable. Éste estalló a su debido tiempo en forma de una rebelión popular en 1936 y se libró con tal determinación, que el gobierno británico se vio obligado a estacionar más tropas en Palestina que en el subcontinente indio. Después de tres años de ataques brutales e implacables contra el campo palestino, los militares británicos consiguieron sofocar la revuelta. Los líderes palestinos se exiliaron y las unidades paramilitares que habían sostenido la guerra de guerrillas contra las fuerzas del Mandato se disolvieron. Durante este proceso muchos de los aldeanos involucrados fueron arrestados, heridos o ejecutados. La ausencia de la mayoría de los líderes palestinos y la falta de unidades de combate viables permitiría que en 1947 las fuerzas judías se movieran con facilidad por el campo palestino."

— Sukarno (Koesno Sosrodihardjo), lors de son procès de août-décembre 1930 : « Un peuple assujetti, donc tout peuple qui ne peut gérer sa propre administration comme le prescrivent son intérêt et son bien-être, vit en état de “désordre permanent”. (…) Le peuple indonésien est aujourd’hui un peuple vivant dans l’affliction. Et ce n’est pas notre incitation, pas l’incitation de “provocateurs”, mais cette affliction, ces larmes du peuple, qui sont la cause de ce mouvement populaire. » Cité dans David Van Reybrouck, La Commission européenne est comme l'administration coloniale de jadis, elle méprise les peuples, chronique, Le Monde, 12.01.2018.

— Accord de Haavara [Transfert], 25.08.1933, conclu par l'Organisation sioniste mondiale avec l'Allemagne d'Adolf Hitler. Les signataires de l'accord étaient la Banque Anglo-Palestine (une institution sioniste), l'Organisation sioniste allemande et le ministère allemand de l'Économie nazi (cf. Haaretz). Bien que cette entente ait aidé certains Juifs à émigrer, cela les a forcés à abandonner la plupart de leurs biens à l’Allemagne hitlérienne avant de partir. Ces actifs pourraient ensuite équiper la communauté juive en Palestine, le Yishouv, en tant que marchandises d'exportation allemandes. Cf. "Haavara Agreement Germany Entrance Document" (1937), Bulmash Family Holocaust Collection. Rencontres Adolf Eichmann-Feivel Polkes (agent de la Haganah, milice du sionisme travailliste). Lenni Brenner s'est donné la peine de recueillir, ordonner chronologiquement, présenter/contextualiser et publier en 2002 une anthologie de 51 textes, souvent sionistes, illustrant la collaboration Sionisme-Nazisme : 51 Documents. Zionist Collaboration with the Nazis (Fort Lee, New Jersey, Barricade Books, 2002. En castillan argentin). Il s'agit pour la plupart de textes constituant la base d'un autre livre, Le Sionisme à l'époque des dictateurs, que Brenner avait publié en 1983. En principe, ce sont des documents authentiques (lettres, articles, memoranda, discours, chapitres de bouquins, la transcription d'un entretien avec le rabbin Joachim Prinz) à réviser attentivement et à y réfléchir, et la tâche n'a pas trop l'air diabolique. Et pourtant... Voici le démarrage de l'introduction rédigé par Brenner pour 51 Documents :
This book presents 51 historic documents to indict Zionism for repeated attempts to collaborate with Adolf Hitler. The evidence, not I, will convince you of the truth in the issue.
Most selections formed the basis of my 1983 book, Zionism in the Age of the Dictators. An unknown Trotskyist doesn’t expect a London Times review. Yet they liked it: “Brenner is able to cite numerous cases where Zionists collaborated with anti-Semitic regimes, including Hitler’s.” Moscow’s Stalinist Izvestia said likewise, and the book became well known worldwide to specialists in Zionism. However, mainstream book reviewing in my America was then fanatically defensive of Israel.
The New Republic raged against me for being the historic source of Jim Allen’s 1987 play, Perdition. Americans never heard of it, but theater historians will testify that, thanks to Zionist efforts to suppress it, it is one of the most famous plays in British history. I replied. But the magazine’s notoriously eccentric publisher wouldn’t run it, violating the right of reply upheld even by most Zionist reviewing journals.
A Village Voice editor told me they wouldn’t review the book. “If you don’t like it, set up your own paper.” So it went, and the general public in modern Zionism’s second home never heard of the tome.
However, the media’s silence in regard to my book isn’t the cause for modern American ignorance of Zionism’s Holocaust role. In 1948, Albert Einstein wrote a letter to The New York Times, denouncing Menachem Begin and his Zionist Herut/Freedom Party as “closely akin in its organization, methods, political philosophy and social appeal to the Nazi and Fascist parties.”
In 1960, Life magazine ran some of Adolf Eichmann’s memoir, written In hiding. He described deals with Hungarian Zionist Rezsö Kasztner. In 1961, celeb writer Ben Hecht published Perfidy, exposing Kasztner.
In 1963, Hannah Arendt critiqued the Zionist role in her celebrated Eichmann in Jerusalem, getting their customary brickbat reviews in return. Lucy Dawidowicz translated a secret German Zionist offer of collaboration with Nazism in her Holocaust Reader.
None of these triggered significant public reevaluation of Zionism. Unless dead Yanks are involved, most Americans stay away from reading about foreign history and politics like the devil hates holy water.
Et voici le dernier mot de cette introduction : "(...) there is no way to understand an important ideology without studying its history. Many will be upset. The material here is shocking. But all of it is true."

— Arthur Ruppin (allemand de Rawicz, Prusse, aujourd'hui en Pologne, 1876-1943), Chapitres de ma vie (en hébreu), Tel-Aviv, Am Oved, p. 223 [cité dans Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008]. Obsédé racial. Extrait du 8.11.1933 (attention à la date !!!) :
À la suggestion du docteur Landauer, je me suis rendu à Iéna le 8-11 pour y rencontrer le professeur Günther, fondateur de la théorie de la race national-socialiste. La conversation a duré deux heures. Günther a été très amical. Il déclara n'avoir aucun droit d'auteur sur le concept d'aryanité et fut d'accord avec moi sur le fait que les Juifs n'étaient pas inférieurs, mais qu'ils étaient différents et qu'il fallait résoudre le problème avec décence.
Dans les pages 363-367 de son ouvrage cité ci-dessus et recommandable dans sa totalité, Sand explique à propos d'Arthur Ruppin :
Ruppin fut une personnalité particulièrement fascinante de l'histoire du sionisme. Comme Hans Kohn, il commença son parcours au sein du mouvement national juif dans la petite et nouvelle « communauté de sang » du cercle de Bar Kokhba, à Prague. Il avait déjà participé auparavant, en 1900, à un concours de rédaction en Allemagne portant sur la question : « Qu'est-ce que la théorie évolutionniste peut nous apprendre sur les événements de politique intérieure et sur la législation politique ? » Le premier prix fut accordé à Wilhelm Schallmayer, l'un des inventeurs de la théorie de l'eugénisme, consacré par les nazis après sa mort. Ruppin reçut le deuxième prix de consolation pour son travail sur le « darwinisme scientifique et social », thème qui devint son sujet de doctorat en 1902. / Ruppin fit toute sa vie un darwinien convaincu. Dès le début de son parcours sioniste, il supposa que l'idée de nation juive était fondée, avant tout, sur l'entité biologique. À ce stade, il était clair pour lui que les juifs ne constituaient pas une « race pure », (…) mais, malgré cela, ils formaient selon lui une entité héréditaire qui seule donnait un sens à leur revendication nationale : « (...) non seulement les Juifs ont préservé leurs grandes qualités naturelles raciales, mais celles-ci se sont de plus renforcées au travers d'un long processus de sélection. Les terribles conditions dans lesquelles ils vécurent lors de ces cinq dernières années ont exigé d'eux de mener une lutte amère pour la vie à laquelle seuls les plus intelligents et les plus forts ont survécu (...). En conséquence, les Juifs d'aujourd'hui représentent d'une certaine façon un type humain d'une valeur particulière.. Certes, d'autres nations leur sont supérieurs sur de nombreux points, mais, sur le plan des dons intellectuels, les Juifs ne peuvent guère être dépassés par aucune d'entre elles. (...) C'est peut-être en raison de ce sévère processus de sélection que les Ashkénazes sont aujourd'hui supérieurs, sur le plan de l'action, de l'intelligence et des capacités scientifiques, aux Sépharades et aux Juifs des pays arabes, en dépit de leurs origines ancestrales communes » [Cf. Arthur Ruppin, The Jews of To-Day, Londres, Bell and Sons, 1913, p. 216-217.] Le dirigeant sioniste hésitait donc quant à savoir si la venue en Israël des juifs du Yémen, du Maroc et du Caucase aurait une influence positive : « Mais le statut spirituel et intellectuel de ces Juifs est si bas qu'une immigration en masse diminuerait le niveau culturel général des Juifs de Palestine et serait mauvais à de nombreux points de vue. »

(...) Il n'est pas exagéré d'affirmer que [Ruppin] représenta pour la colonisation sioniste ce que Herzl fut pour le mouvement national organisé : on peut donc le considérer comme le père de la colonie de peuplement juif. Bien que seulement 10 pour cent du territoire de la Palestine mandataire aient été acquis jusqu'en 1948, c'est en grande partie à Ruppin que l'État d'Israël doit son infrastructure agro-économique. (...) Il contribua également largement à ce que l'appropriation des terres soit réalisée en rupture totale avec le secteur agricole palestinien [cf. à cet égard Herzl, Hacohen et toute la bande]. La spécificité biologique devait trouver sa mise en œuvre dans le cadre d'une séparation « ethnique » systématique. (...) Tout aussi surprenant reste le fait que, jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, Ruppin conserva des liens universitaires avec les cercles de la pensée eugéniste en Allemagne, où, comme l'on sait, elle connaissait un grand succès. La victoire du nazisme n'a, étonnamment, pas entièrement rompu ces liens. Après l'arrivée au pouvoir de Hitler, Arthur Ruppin rendit visite à Hans Günther, « pape » de la théorie de la race, qui rejoignit le parti nazi dès 1932, devint l'architecte de l'extermination des Tziganes et resta négationniste jusqu'à la fin de ses jours.
Jérôme Mancassola aborde dans son article La notion de « race juive » sous la plume d’Arthur Ruppin (1876-1943) (juin 2018) le poids écrasant des legs allemands (nationalisme exacerbé, usage des statistiques, eugénisme, darwinisme…) prêts à être mis en application en Palestine, mais aussi la vision unitaire de la « race juive » dans le temps et l’espace, ainsi que la peur maladive de sa dégénérescence et son obsessionnel souci de pureté.

— David Ben Gourion [polonais : David Yosef Grün, Płońsk (Pologne), 1886, kibboutz de Sde Boker (Israël), 1973], déclaration effectuée en 1935 : « Le Sionisme porte les obligations d'un État. Il ne peut par conséquent entamer une bataille irresponsable contre Hitler aussi longtemps que celui-ci restera un chef d'État. » Cf. Hava Eshkoli-Wagman, Yishuv Zionism: Its Attitude to Nazism and the Third Reich Reconsidered, revue Modern Judaism: a journal of Jewish ideas and experience, Vol. 19, No. 1 (Février 1999), p. 25-26. La « bataille irresponsable » désignait le boycott, nous rappelle Ilan Pappé (Cf. Ilan Pappé, 2016, p. 224).

“Jerusalem Calling” in English, Arabic, Hebrew. Palestine Broadcasting Begun, The Palestine Post, Jérusalem, mardi 31.03.1936. Cf. l'analyse intéressante d'Andrea L. Stanton, Jerusalem Calling: The Birth of the Palestine Broadcasting Service, Jerusalem Quarterly, Issue 50, Summer 2012.

— Ze’ev Jabotinsky [1880-1940], « Lettre sur l’autonomisme », in Écrits choisis. Exil et assimilation (en hébreu), Tel-Aviv, Zalman Shazar, 1936. En fait il s’appelait Vladimir Ievguéniévitch Jabotinski : c’était un russe né à Odessa, aujourd’hui en Ukraine. Il serait le fondateur de la Légion juive pendant la IGM, inspirateur de l‘Irgoun et père de l’aile la plus à droite du mouvement sioniste. En 1923, il quitta l’organisation Sioniste Mondiale et, en 1925, il fonda le Parti Révisionniste qui réclamait un État juif sur les deux rives du Jourdain et prônait le Capitalisme et les solutions musclées et d’extrême droite pour la conquête du territoire convoité. Son héritier serait le Hérout, de Menahem Begin, noyau du futur Likoud. Jabotinsky avait la marotte, comme tant d’autres, que le sang différencie les groupes humains ; en voici son raisonnement :
« (…) Il est clair que ce n’est pas dans l’éducation de l’homme qu’il faut chercher l’origine du sentiment national, mais dans quelque chose qui la précède. Dans quoi ? J’ai longuement médité cette question, et y ai répondu : dans le sang. Et je persiste dans cette opinion. Le sentiment de l’identité nationale réside dans le “sang” de l’homme, dans son type physique et racial, et là seulement. (…) Le type physique du peuple reflète sa structure mentale de façon encore plus totale et parfaite que l’état d’esprit individuel. (…) C’est pourquoi nous ne croyons pas en l’assimilation spirituelle. Il est physiquement impossible qu’un Juif, né de plusieurs générations de parents de sang juif pur de tout mélange, s’adapte à l’état d’esprit d’un Allemand ou d’un Français, tout comme il est impossible pour un Nègre de cesser d’être nègre. » (Ibid. p. 143-144)

— David Ben Gourion [polonais : David Yosef Grün, Płońsk (Pologne), 1886, kibboutz de Sde Boker (Israël), 1973], devant la commission Peel, 7.01.1937 : « la Bible est notre Mandat. » Explication : l’athée jambon-phage David Ben Gourion (1886-1973), grand manitou laïc du sionisme juif et alors à la tête de l’Agence juive, déclarait devant la commission britannique Peel, venue en Palestine pour faire des propositions politiques après la grande révolte palestinienne de 1936 :
« Notre droit en Palestine n’est pas dérivé du Mandat [de la SDN] et de la déclaration Balfour. Il lui est antérieur. Je crois qu’il a été dit par le Président de la Commission royale, ou par un de ses collègues, que le Mandat est notre Bible (…), mais je dis de la part des Juifs (sic) que la Bible est notre Mandat (resic). »
C’est délirant, mais c’est un fait : on arbore le Tanakh comme source de Droit… et ça marche ! Donc, les légendes de la « Bible hébraïque », sont parmi nous, théocrates, source de légitimité et de possession, de discrimination et de dépossession, de nettoyage ethnique et de génocide. Cf. Walid Khalidi (The Hebrew Reconquista of Palestine: From the 1947 United Nations Partition Resolution to the First Zionist Congress of 1897, Journal of Palestine Studies, Vol.39 Nº1-Autumn 2009), Nur Masalha (The Zionist Bible. Biblical Precedent, Colonialism and the Erasure of Memory, Acumen Publishing, 2013, 295 pages), ou The New York Times. Dans son essai, Walid Khalidi nous rappelle, entre autres, que les sous-textes messianiques ne sont - n'ont jamais été, nullement, l'apanage des partis religieux :
(…) But messianic subtexts were by no means confined to religious parties. The secular Right under Menachem Begin in 1948 called “for the restoration of the whole Land of Israel to its God-covenanted owners.” The secular biochemist and centrist leader Chaim Weizmann, the president of the WZO, testified before the Palestine Royal (Peel) Commission in 1936 that the Balfour Declaration was the fulfillment of God's “promise to his people,” comparable to the Persian Cyrus's sponsorship of the “return” of the Jews to Jerusalem to “rebuild their Temple.” And speaking before that same royal commission, the ham-eating socialist leader Ben-Gurion affirmed that “the Bible is our Mandate.” The “eternal Book of Books” is mentioned in the first paragraph of Israel's Declaration of Independence. (...)
[Les notes de son texte précisent chaque affirmation.]

Palestine Royal Commission Report (Rapport sur le Mandat en Palestine de la Commission Royale d’Enquête Palestine, dite Peel Commission), presented by the Secretary of State for the Colonies to Parliament by Command of His Majesty, Londres, 7.07.1937. PDF en version bilingue français-anglais.
La Commission royale d’enquête sur la Palestine, présidée par Lord Peel, fut créée par le gouvernement britannique en 1936, à la suite du déclenchement du Grand soulèvement des Arabes palestiniens, et chargée de proposer des changements dans le statut de la Palestine. En 1937, la Commission recommanda le partage du pays entre Arabes et Juifs. Ben Gourion accepta le plan à contrecœur, mais il le fit pour des raisons tactiques, dans l’espoir que la colonisation sioniste pourrait se poursuivre dans toute la Palestine, dixit Moshé Machover (voir ensuite Moshé Machover, 2006)

— David Ben Gourion, 1937 (après le 7.07.1937), selon Moshé Machover, citant Moshé Dayan, in Israelis and Palestinians: Conflict and Resolution, Barry Amiel and Norman Melburn Trust Annual Lecture, 30.11.2006 :
(…) Le 16 février 1973, le général Moshé Dayan prononce un discours programmatique lors d’une réunion de l’Israeli Bar Association. Le quotidien Ha’aretz (18.2.73) rapporte que Dayan « surprit ses auditeurs » : les avocats qui l’avaient invité s’attendaient à ce qu’en tant que ministre de la Défense, il parle de questions militaires. Au lieu de cela, il lut un cours idéologique préparé au préalable dans lequel il exposa la « doctrine » de son mentor, le fondateur de l’État d’Israël, David Ben Gourion. Ce dernier était encore vivant à l’époque – il devait mourir fin 1973 – et on peut supposer que Dayan était certain de son approbation. (En effet, il n’est pas trop fantaisiste de supposer que Ben Gourion délivrait un message à la nation par l’intermédiaire de son protégé favori.) Dayan cita ce que Ben Gourion avait dit de nombreuses années auparavant, lors de débats internes sur le rapport de la Commission Peel [publié le 7.07.1937], mais il souligna que ces mots, prononcés en 1937, étaient « également pertinents aujourd’hui ». C’est l’essentiel de la doctrine de Ben Gourion, telle que citée par Dayan :
Entre nous [les Sionistes], il ne peut y avoir aucun débat sur l’intégrité de la Terre d’Israël [c’est-à-dire la Palestine], et sur nos liens et notre droit à l’ensemble de la Terre… Quand un sioniste parle de l’intégrité de la Terre, cela ne peut signifier que la colonisation [hityashvut] par les Juifs de la Terre dans son intégralité. Autrement dit, du point de vue du Sionisme, la véritable pierre de touche ne se limite pas à la question de savoir à qui appartient politiquement tel ou tel segment de la Terre, ni même à la croyance abstraite en l'intégrité de la Terre. Le but et la pierre de touche du Sionisme sont plutôt la mise en œuvre effective de la colonisation par les Juifs de toutes les régions de la Terre d'Israël.
Les dirigeants historiques du Sionisme, comme Ben Gourion, exprimèrent de mille manières leurs vrais desseins, mis à part les différences tactiques entre révisionnistes et réalistes, et bien évidemment, la partition n'a jamais été leur but, éventuellement juste une étape vers la construction du Grand Israël —un très Grand Israël. Noam Chomsky, dans The Fateful Triangle, 1983, p. 161 (Israel and Palestine : Historical Backgrounds, 9.1), fait référence à une réunion en interne de 1938 —d’autres sources évoquent l’été 1937—, en tout cas postérieure à la publication du rapport Peel. Voici ce fragment :
It might be noted that the “boundaries of Zionist aspirations” in Ben-Gurion’s “vision” were quite broad, including southern Lebanon, southern Syria, today’s Jordan, all of cis-Jordan, and the Sinai. This was, in fact, one of Ben-Gurion’s constant themes. In internal discussion in 1938, he stated that “after we become a strong force, as the result of the creation of a state, we shall abolish partition and expand to the whole of Palestine… The state will only be a stage in the realization of Zionism and its task is to prepare the ground for our expansion into the whole of Palestine by a Jewish-Arab agreement… The state will have to preserve order not only by preaching morality but by machine guns, if necessary.” The “agreement” that Ben-Gurion had in mind was to be with King Abdullah of Jordan, who would be induced to cede areas of cis-Jordan under his control, while many of the Arab residents would leave. Earlier, Ben-Gurion had explained to Arab interlocutors that “our land” included Transjordan, and that it extended from the Sinai to “the source of the Jordan.”

— David Ben Gourion, Lettre à son fils Amos, 5.10.1937. Obtenue des archives Ben Gourion en hébreu et traduite en anglais par l'Institut d'Études Palestiniennes, Beyrouth. Extraits :
« (...) Of course, the partition of the country gives me no pleasure. But the country that they [the Royal (Peel) Commission] are partitioning is not in our actual possession; it is in the possession of the Arabs and the English. What is in our actual possession is a small portion, less than what they [the Peel Commission] are proposing for a Jewish state. If I were an Arab, I would have been very indignant. But in this proposed partition we will get more than what we already have, though of course much less than we merit and desire. The question is: would we obtain more without partition? If things were to remain as they are [emphasis in original], would this satisfy our feelings? What we really want is not that the land remain whole and unified. What we want is that the whole and unified land be Jewish [emphasis original]. A unified Eretz Israeli would be no source of satisfaction for me–if it were Arab. / From our standpoint, the status quo is deadly poison. We want to change the status quo [emphasis original]. But how can this change come about? How can this land become ours? The decisive question is: Does the establishment of a Jewish state [in only part of Palestine] advance or retard the conversion of this country into a Jewish country? / My assumption (which is why I am a fervent proponent of a state, even though it is now linked to partition) is that a Jewish state on only part of the land is not the end but the beginning. (...) We must expel Arabs and take their place. (...) A Jewish state must be established immediately, even if it is only in part of the country. The rest will follow in the course of time. A Jewish state will come. (...) »

— David Ben Gourion, Discours au Comité politique du Mapaï, le 7.06.1938, cité dans Simha Flapan, Zionism and the Palestinians, 1979 (Le Sionisme et les Palestiniens) :
« Dans notre argumentation politique à l’étranger, nous minimisons l’opposition arabe à notre égard. Mais ne nous cachons pas la vérité ici... Et politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent. (…) Ce pays est le leur, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons venir nous y installer et, selon eux, nous voulons leur enlever leur pays. »
(Cf. Noam Chomsky, The Fateful Triangle : The United States, Israel, and the Palestinians, 1983, pp. 91-2 / Israël, Palestine, États Unis ; le triangle fatidique, 2006, essai préfacé par Edward Saïd.

— Mohandas Karamchand Gandhi (2.10.1869-30.01.1948) : Les Juifs, 26.11.1938. Texte à propos des Juifs, du Sionisme et de la Palestine. Extrait :
Dans l’état actuel des choses, [les Juifs de Palestine] partagent avec les Britanniques la spoliation d’un peuple qui ne leur a fait aucun tort. Je ne défends pas les excès arabes. J’aurais aimé qu’ils choisissent la voie de la non-violence pour résister à ce qu’ils considèrent à juste titre comme un empiètement injustifiable sur leur pays. Mais selon les canons acceptés du bien et du mal, rien ne peut être dit contre la résistance arabe face à des obstacles écrasants.

— David Ben Gourion devant le Comité central du Mapaï, parti sioniste social-démocrate, le 7.12.1938, au sujet de la proposition britannique d’accueillir des milliers d’enfants juifs allemands et autrichiens après la Kristallnacht (Nuit de Cristal) qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée suivante :
« Si je savais qu’il était possible de sauver tous les enfants [juifs] d’Allemagne en les emmenant en Angleterre, ou juste la moitié en les transférant en Palestine, je choisirais cette deuxième solution. Car nous devons prendre en compte non seulement le nombre de ces enfants, mais aussi le calcul historique du peuple juif. » [David Ben-Gurion's Speech, Labour Party Archives, Beit Berl, Mapai Secretariat, 7.12.1938. Cf. Nathaniel Flakin, Est-ce que l'État d'Israël protège les Juifs de l'antisémitisme ?, Révolution Permanente, 11.11.2023.]
Déclaration citée par Tom Segev dans son ouvrage (très critique de la politique sioniste et de ses attitudes et contacts avec les Nazis) Le Septième million. Les Israéliens et le génocide, traduit de l’hébreu et de l’anglais (The Seventh Million: Israelis and the Holocaust) par Eglal Errera, Liana Lévi, Paris, 1993. Dans sa recension de cet ouvrage, Simone Bitton écrit, page 27 du Monde diplomatique de février 1994 :
(…) l’auteur constate que « la lutte contre l’antisémitisme ne faisait pas partie des postulats sionistes ». Dans les années 30, la montée du nazisme étant perçue comme « la confirmation du pronostic historique avancé par la théorie sioniste », les dirigeants sionistes n’ont rien fait, ou presque, contre le régime hitlérien dont la victoire inéluctable devait être transformée en « force fertile », c’est-à-dire en émigration des juifs européens vers la Palestine.
Les sionistes ont donc négocié les accords de Haavara (transfert) qui ont permis l’immigration de quelque 20 000 juifs allemands. Qualifiés de « matériel humain », par les dirigeants sionistes, ces candidats à la vie sauve étaient « sélectionnés » tout comme l’ont souvent été, au fil des années, ceux qui aspiraient à immigrer en Israël. En utilisant des expressions telles que « matériel humain » ou « sélection ». Tom Segev ne cherche pas à provoquer, il ne fait qu’utiliser les termes employés à l’époque par les dirigeants sionistes. Plus de 70 pages de notes bibliographiques succinctes lui sont d’ailleurs nécessaires pour citer l’origine des innombrables extraits d’archives sionistes et israéliennes, de correspondances bureaucratiques, de coupures de presse et d’entretiens qui émaillent son texte. Souvent surprenantes, ces citations donnent au travail de l’historien une force et une densité exceptionnelles.
La rudesse avec laquelle furent accueillis les rescapés des camps d’extermination nazis par les « vétérans » israéliens, le détail des négociations avec la République fédérale allemande (RFA) pour l’octroi de réparations matérielles, le procès d’Adolf Eichmann, autant de dossiers rouverts par l’auteur et analysés à travers une nouvelle grille de lecture : l’utilisation du traumatisme pour le renforcement des dogmes idéologiques et des stratégies politiques. (…)

— Yitzhak Tabenkin (1888-1971), russe né à Babruysk (en Biélorussie aujourd’hui), fut déjà un activiste sioniste en Pologne, comme sa mère. Membre de la milice Hashomer (antécédent de la Haganah), il est considéré comme le père spirituel du mouvement de colonisation agraire sioniste avant la Seconde Guerre mondiale, qui donna naissance aux kibboutzim. Le 29.08.1939, il écrivit dans son journal intime :
« Les idéaux d’Hitler que j’aime : l’homogénéité ethnique, la possibilité d’échange de minorités ethniques, les transferts de groupes ethniques au profit d’un ordre international sont pour moi une caractéristique particulièrement précieuse ». [En anglais]
Cf. Eyal Kafkafi, Vérité ou Foi (1992, en hébreu), cité par Israel Shahak, The New Israeli Historians, Shahak Reports #150, 12.02.1995.

— Yossef Weiz (1890, Boremel, oblast de Rivne, Ukraine – 1972, Israël). Cet Ukrainien est connu comme "Père des Forêts" pour son travail de reboisement en Israël, et comme "Architecte du Transfert" pour son rôle dans l'expulsion de la population palestinienne —le Yichouv (ou Yishouv), soutenu par bien des capitaux notamment occidentaux, achetait toutes les terres possibles et procédait à chasser les paysans natifs, les métayers palestiniens, tâches auxquelles Weiz s'adonna volontiers déjà pendant la période du mandat britannique. Malgré cette frénésie, vers la fin du mandat, en 1948, la communauté juive ne possédait qu’environ 5,8% de la terre en Palestine. « Colonialiste sioniste par excellence », selon Ilan Pappé, il écrivit dans son journal intime pas si tard qu'en 1940 : « La seule solution est une Terre d’Israël dépourvue d’Arabes. Il n’y a pas ici de place pour le compromis. Il faut tous les déplacer. Il ne peut subsister aucun village, ni aucune tribu. Ce n’est que grâce à ce transfert des Arabes vivant en Terre d’Israël que la rédemption viendra. » (Cf. Judy Maltz, Zionist Icon or Arab Oppressor? A Filmmaker Explores the Mixed Legacy of Her Great-grandfather. Yosef Weitz, who led the Jewish National Fund, was revered by his family. But a new film, set for release next week at the DocAviv festival, delves into some of the more troubling policies he promoted in Israel's early years, Haaretz, 29.06.2021).
Le manuscrit du journal intime de Weiz se trouve dans les Archives Sionistes Centrales, A246, à Jérusalem. Si les traductions diffèrent dans le choix des mots, elles sont unanimes quant à leur sens ou esprit. [Édition israélienne en anglais : My Diary and Letters to the Children, vols 1-6, Masada, Ramat Gan, 1965, 1973]. Dans Le nettoyage ethnique de la Palestine, Pappé cite d’abord, concrètement, à ce propos, la page 181 du volume 2, correspondant au 20.12.1940. Il en extrait plus tard plusieurs citations intimes de Weiz : « Le transfert ne sert pas qu’à un seul but, réduire la population arabe, il sert également à un second objectif aucunement moins important : obtenir la terre actuellement cultivée par les Arabes et la libérer pour qu’elle soit colonisée par des Juifs. » Weiz conclut : « la seule solution est de transférer les Arabes d’ici aux pays voisins. Aucun village ni tribu ne devrait être épargné. », citation trouvable aussi chez Ilan Halévi, Sous Israël, la Palestine, Le Sycomore, Paris, 1979. Le chapitre 4 du Nettoyage… détaille bien les positions de Weiz et sa participation à l’épuration ethnique sioniste en Palestine. Pappé cite le journal de Ben Gourion du mercredi 31 décembre 1947, qui recueillit cette déclaration de Weiz devant le gang du Conseil sioniste (The Consultancy), dont il était membre en qualité de chef du Département Foncier ou de Colonisation du Fonds national juif [Keren Kayemeth LeIsrael (KKL), en hébreu « Fonds pour la Création d'Israël »], juste quelques heures avant le massacre de la population de Bilad el-Cheïkh (Balad Al-Shaykh en anglais, où, soit dit en passant, les Sionistes vandaliseraient en 1999 la tombe de Izz al-Din al-Qassam, l’un des pères de la résistance palestinienne) par la Haganah, après une attaque palestinienne contre la raffinerie de Haïfa : « Le moment n'est-il pas venu de s'en débarrasser ? Pourquoi devons-nous continuer à garder ces épines dans notre environnement alors qu’elles ne présentent plus aucun danger pour nous ? » Les simples représailles constituaient à ses yeux un programme suranné. Benny Morris prouve aussi le soutien de Weiz au transfert des Arabes en 1948 à travers une citation dont voici la version française : « Il doit être clair qu'il n'y a pas d'espace dans le pays pour deux peuples [...] Il n'y a pas d'autre moyen que de transférer les Arabes d'ici vers les pays voisins, de les transférer tous » (cf. Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem 1947/1949, Cambridge University Press, 1987, p. 27.) Après le nettoyage ethnique de la Palestine par les Sionistes en 1947-48, Weiz croyait fermement qu'Israël ne devrait pas permettre le retour des Palestiniens et il convainquit les dirigeants israéliens de raser les maisons et les villages palestiniens vides afin d'empêcher le retour des réfugiés.

— Thomas Suarez, reproduit TNA WO 169/4334 (The National Archives, War Office, Royaume Uni), 8.04.1942, et cite dans State of Terror le journaliste Robert Weltsch, qui avait fui les Nazis et avertit que les dirigeants sionistes « n’ont pas encore compris que l’ennemi cherche à détruire les Juifs. Nous, qui ne sommes ici – en Palestine – que depuis quelques années, nous savons ce qu’est le nazisme. Les Sionistes, au contraire, ne participent à l’effondrement du Judaïsme européen qu’en tant que spectateurs. (…) Ils ne veulent pas combattre Hitler parce que ses méthodes fascistes sont aussi les leurs. » [Zionist leaders “have not yet understood that the enemy seeks the destruction of the Jews. We, who have been here —in Palestine— only a few years, we know what Nazism is. The Zionist, rather, are taking part in the crash of European Jewry only as spectators. (…) They do not want to fight against Hitler because his fascist methods are also theirs.”]

— Thomas Suarez, reproduisant TNA FO 1093/330 (The National Archives, Foreign Office, Royaume Uni). Un rapport des services de renseignement étasuniens de 1943 décrit avec précision le sionisme comme "a type of nationalism which in any other country would be stigmatized as retrograde Nazism."
[Page -4-] Take nationalism. Assimilated Jews in Europe and America are noted for being in the van of all liberal movements, sympathetic supporters of international collaboration, stout opponents of racialism and discrimination, the champions of the negro [sic] and the outcast. In Palestine on the other hand, Zionism has steadily sought to make them fanatically nationalistic — (…)
[Page -4-] An inevitable by-product of this intense nationalism is a spirit closely akin to Nazism, namely, an attempt to regiment the community, even by force, and to resort to force to get what they want. This applies not only to their relations with outsiders, but above all themselves.
(…)[Page -4-] Incidents of fanatics bombing premises in which German Jews were printing a paper in German, because they did not understand Hebrew, or bombing cinemas and cafes because they did not stay closed until the end of the Sabbath, [Page -5-] might be regarded as isolated instances of enthusiasm gone mad. But what is more significant is the creation of illegal military organizations of various political complexions which look not only to the defence of the Jews against a possible recurrence of Arab attacks, but also in many cases actually look to the day when they shall seize by force of arms the whole of Palestine, if it is not granted to them by the Great Powers. Add to this the series of political assassinations which have chequered the history of the country, the murder of British and Jewish policemen who sought to curb their activities, and the bombing and shooting of people who did not contribute to party funds, and you have a phase in the life of the new Jew which must be taken into consideration.
(…)[Page -6-] In short, Zionism in Palestine, apart from all its good aspects, has bred a type of nationalism which in any other country would be stigmatized as retrograde Nazism. Indeed, the very same doctrine of blood and soil is being inculcated. It permeates the main Jewish systems of education. The youth are being brought up in the most narrow school of political thought. Outwardly liberal and in sympathy with liberalism abroad, the type of thought being promoted by official bodies is the very antithesis. Socialism in economics is associated with fanatical nationalism and racialism in political ideas. (…)

[Page -4-] Prenez le nationalisme. Les Juifs assimilés en Europe et en Amérique sont connus pour être à l’avant-garde de tous les mouvements libéraux, pour soutenir avec sympathie la collaboration internationale, pour s’opposer farouchement au racisme et à la discrimination, pour défendre les Noirs et les parias. En Palestine, par contre, le sionisme a constamment cherché à les rendre fanatiquement nationalistes — (…)
[Page -4-] Un sous-produit inévitable de ce nationalisme intense est un esprit très proche du nazisme, à savoir une tentative de régimenter la communauté, même par la force, et de recourir à la force pour obtenir ce qu’ils veulent. Cela s’applique non seulement à leurs relations avec les étrangers, mais surtout à eux-mêmes. (…)
[Page -4-] Les incidents de fanatiques bombardant des locaux dans lesquels des Juifs allemands imprimaient un journal en allemand, parce qu’ils ne comprenaient pas l’hébreu, ou bombardant des cinémas et des cafés parce qu’ils ne restaient pas fermés jusqu’à la fin du sabbat, [Page -5-] peuvent être considérés comme des cas isolés d’enthousiasme devenu fou. Mais ce qui est plus significatif, c’est la création d’organisations militaires illégales de diverses tendances politiques qui ne cherchent pas seulement à défendre les Juifs contre une éventuelle récurrence des attaques arabes, mais qui, dans de nombreux cas, attendent aussi le jour où elles s’empareront par la force des armes de toute la Palestine, si elle ne leur est pas accordée par les grandes puissances. Ajoutez à cela la série d’assassinats politiques qui ont jalonné l’histoire du pays, le meurtre de policiers britanniques et juifs qui cherchaient à freiner leurs activités, et les bombardements et les exécutions de personnes qui ne contribuaient pas aux fonds du parti, et vous avez une phase de la vie du nouveau Juif qui doit être prise en considération. (…)
[Page -6-] Bref, le sionisme en Palestine, en dehors de tous ses bons aspects, a engendré un type de nationalisme qui dans tout autre pays serait stigmatisé comme un nazisme rétrograde. En fait, la même doctrine du sang et du sol est inculquée. Elle imprègne les principaux systèmes d’éducation juive. La jeunesse est élevée dans l’école la plus étroite de pensée politique. En apparence libérale et en sympathie avec le libéralisme étranger, la pensée promue par les organismes officiels est l’antithèse même. Le socialisme en économie est associé au nationalisme fanatique et au racisme en politique. (…)

— Le physicien Wolfgang Yourgrau, Juif allemand qui émigra en Palestine mais la quitta en 1948, décrivit le Sionisme en février 1943 dans Orient, l’hebdomadaire indépendant de langue allemande dont il était le rédacteur en chef :
« Le développement du fascisme en Palestine, à une époque où les nations libérées le conduiront à sa tombe, est une tragicomédie. » [The National Archives (Kew), FO 1093/330].
Sous sa direction, Orient déclara la guerre « à tout mouvement fasciste, à toute tentative de restreindre le droit à la libre expression d'opinion... »

— Meurtre de Lord Moyne, le 6.11.1944. Eliahou Beit Tsouri et Eliahou Hakim, les deux membres du Lehi, l'assassinèrent au Caire. Lord Moyne était le représentant officiel (secrétaire d'État) du Royaume-Uni en Égypte. Il avait eu le toupet de dire la vérité en affirmant à Londres, le 9 juin 1942, devant la Chambre des Lords, que les Juifs n’étaient pas les descendants des Hébreux antiques, et qu’ils n’avaient aucune « réclamation légitime » sur la terre sainte. Déjà, le 8 août 1944, le haut commissaire britannique pour la Palestine (gouverneur), sir Harold MacMichael, avait échappé à une tentative d’assassinat du Lehi. Eliahou Beit Tsouri et Eliahou Hakim furent jugés en Égypte et exécutés le 22 mars 1945. En 1975, les corps des deux tueurs, enterrés en Égypte, seraient échangés contre 20 prisonniers arabes, et enterrés au mont Herzl, dans un secteur réservé aux citoyens éminents de l'entité sioniste. Le gouvernement britannique déplorera qu’Israël honore des assassins comme des héros.

A Survey of Palestine. Prepared in December 1945 and January 1946 for the information of the Anglo-American Committee of Inquiry, Volumes I & II, Printed by the Government Printer, Palestine, 18.02.1946. Réimpression en avril 1946 destinée à la vente au public, avec modification ou suppression d'un certain nombre d'assertions ou de chiffres incorrects ou "susceptibles de donner lieu à des interprétations erronées". Résumé dérivé du texte concernant la production agricole en Palestine au moment de l'étude, décembre 1945-janvier 1946 :
Surface totale cultivée par les Palestiniens (excepté les agrumes) : 5 484 700 dunums (1 dunum = 1 000 m2).
Surface cultivée dans les colonies du mouvement sioniste : 425 450 dunums.
Bananes : 60% propriété palestinienne.
Vignobles : 86% propriété palestinienne.
Pastèques : surface totale de culture 125 979 dunums, dont 120 304 palestiniens.
Oliviers : surface totale 600 133 dunums, 99% de propriété palestinienne.
Légumes : surface totale des exploitations 279 940 dunums, dont 239 733 de propriété palestinienne.
Oranges : 122 958 dunums de propriété palestinienne ; colonies sionistes : 114 352.

— Attentat de l'hôtel King David à Jérusalem, 22.07.1946, à 12h37. Cette attaque à la bombe fut menée par des membres de l'organisation armée juive Irgoun (considérée par les Britanniques comme terroriste et dirigée alors par Menahem Begin), avec l'aval du Mouvement de la résistance hébraïque (structure fédérant la Haganah, l'Irgoun et le Lehi, ou groupe Stern), et visait les autorités britanniques en Palestine mandataire dont les bureaux étaient situés au sein de l'hôtel. Cet attentat fit 91 morts et 46 blessés. Photo de l'hôtel après l'explosion. D'autres bombes non explosées seraient découvertes dans le sous-sol du bâtiment prouvant que l'explosion aurait pu être encore plus dévastatrice, mais, dans la précipitation, les terroristes, qui étaient déguisés en Arabes, ne purent exécuter leur plan jusqu'au bout.
Quant à Menahem Begin, biélorusse de Brest-Litovsk, il était caporal à la 5e division d’infanterie polonaise en Palestine lorsqu’il déserta en septembre 1943, pour devenir ensuite le commandant de l’Irgoun le 1er décembre. Il serait premier ministre d’Israël de 1977 à 1983.

— Toward Common Archive, 18 anciens membres du Palmach témoignent de la manière dont ils ont procédé à nettoyer ethniquement, massacrer et raser des villages palestiniens pendant la période de la Nakba. Il s'agit de Yerachmiel (Yerach) Kahanovich, Michael (Mickey) Cohen, Aharon Gur-Arie, Amos Harpaz, Aharon Koperman, Arie Melkin, Avraham (Amka) Kinarti, Avri Ya'ari, Binyamin (Roski) Eshet, Dov Haklay, Eliezer Shimoni, Yigal Naor, Dubi Goldshmit, Yitzhak Tishler, Micha Lin, Moshe (Morris) Zilka, Shmuel and Bat Sheva Grosfeld, Yehoram (Rami) Shlomo Yivzori. Témoignages enregistrés entre le 23 et le 31 juillet 2012.

— Albert Einstein, Lettre à Shepard Rifkin, directeur exécutif des American Friends of the Fighters for the Freedom of Israel (Amis étasuniens des Combattants pour la Liberté d'Israël / Lohamei Herut Yisrael), New York, 10.04.1948. Benjamin Gepner, un commandant en visite aux États-Unis, avait prié à Rifkin de demander son aide à Einstein. Rifkin s’exécuta à son corps défendant et la lettre ci-dessous est la réponse d'Einstein :
"Dear Sir,
"When a real and final catastrophe should befall us in Palestine the first responsible for it would be the British and the second responsible for it the Terrorist organizations build [sic] up from our own ranks. I am not willing to see anybody associated with those misled and criminal people.
"Sincerely yours, Albert Einstein."

Traduction en français :

Cher Monsieur:
Lorsqu’une catastrophe réelle et définitive devait s’abattre sur nous en Palestine, les premiers responsables en seraient les Britanniques et les seconds responsables seraient les organisations terroristes constituées à partir de nos propres rangs.
Je ne veux voir personne associé à ces gens égarés et criminels.
Cordialement

— Où l'on voit que Einstein ne se leurrait aucunement et que les traditions viennent de loin...
Dès juillet 1948, [Itzhak Rabin] s’illustre dans l’expulsion de 70 000 Palestiniens de Lydda et de Ramleh. « Nous marchions dehors aux côtés de Ben Gourion ; [Yigal] Allon répéta la question : “Que devons-nous faire de la population ?” Ben Gourion agita la main en un geste qui signifiait : “Chassez-les !” Allon et moi avons tenu conseil. J’étais d’accord avec lui qu’il était essentiel de les chasser. » Cette citation ne figure pas dans le texte français des Mémoires de Rabin. Mais le New York Times en a reproduit la version originale, le 23 octobre 1979...
(...) Retour en politique en 1984, comme ministre de la défense. A ce titre, il coordonne le retrait israélien du Liban, mais fait aussi bombarder le quartier général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Tunis – 60 morts. Décembre 1987 : le voilà confronté à la première Intifada. « Cassez-leur les os ! », ordonne-t-il. Un an après, les insurgés comptent 400 morts. Plus Abou Jihad, le bras droit de Yasser Arafat, qu’il a fait assassiner à Tunis. Cette confrontation avec le nationalisme palestinien aura en tout cas convaincu le général que « la question n’a pas de solution militaire ».
C'est moi qui ai mis en gras les deux injonctions citées. Extraits tirés de Dominique Vidal, Itzhak Rabin - « Faucon », puis « colombe », Le Monde diplomatique, Manières de Voir #98 - avril-mai, 2008.
Cf. Le fantôme d’Yitzhak Rabin : « Cassez leurs os ! », UJFP, 24.06.2006. Cf. Torture of Gazans : Bone Breaking Method of Israel Soldiers (vidéo terrible ! Mieux vaut ne pas la voir). À propos de Rabin et sa politique des os cassés, etc., lire Max Blumenthal, 'I Would Like to See Gaza Drown in the Sea': Remembering the True Yitzhak Rabin, 20 Years After His Assassination [« J'aimerais voir Gaza sombrer dans la mer » : hommage au véritable Yitzhak Rabin, 20 ans après son assassinat], AlterNet, 5.11.2015 (ou dans The Grayzone). Cf. également, un peu plus bas dans cette anthologie, pour découvrir une autre modalité sinistre-sioniste extrêmement productive pour casser les os des jeunes palestiniens, Hilo Glazer, 6.03.2020 et Gideon Levy, 7.03.2020. Quant au nom de Rabin, disons que son père s'appelait en fait Nehemiah Rubitzov, du shtetl Sydorovychi, province d'Ivankiv, en Ukraine occidentale.
Quant aux Palestiniens de Lydda et de Ramleh, Rabin signa leur ordre d'expulsion, qui comprenait ces deux injonctions : 1. Les habitants de Lydda doivent être expulsés rapidement sans tenir compte de l'âge. 2. Mettre en œuvre immédiatement. La transformation des actions d'une cruauté extrême en faits accomplis est fonction de leur vitesse d'exécution. Cette maxime a toujours cours essentiel dans la pratique sioniste. On s'en fout de la moralité, de la justice, des droits de l'Homme, du droit international ou du qu'en dira-t-on. Le seul droit en Palestine et région, c’est le… droit au but sioniste. Voir les 11 et 12 juillet 1948.

— Moshé Dayan à Lydda, 11.07.1948, et Ramleh, 12.07.1948 (pendant l'Opération Dani) :
[Dayan with his column] drove at full speed into Lydda, shooting up the town and creating confusion and a degree of terror among the population . . . its Arab population of 30,000 either fled or were herded on the road to Ramallah. The next day Ramle also surrendered and its Arab population suffered the same fate. Both towns were sacked by the victorious Israelis.
[Dayan avec sa colonne] est entré à toute vitesse dans Lydda, tirant sur la ville et créant la confusion et un certain degré de terreur parmi la population. . . sa population arabe de 30 000 personnes a fui ou a été parquée sur la route de Ramallah. Le lendemain, Ramleh se rendit également et sa population arabe subit le même sort. Les deux villes furent pillées par les Israéliens victorieux.
Cf. Jon and David Kimche, A Clash of Destinies. The Arab-Jewish War and the Founding of the State of Israel, Frederick A. Praeger, 1960, Library of Congress number 60-6996, P. 225; ouvrage publiquement approuvé par David Ben Gourion. Extrait cité par Erskine B. Childers, The Other Exodus, 12.05.1961.
Childers ajoute :
Ramallah, sur la route vers laquelle ces Arabes — plus de 60 000 de cette seule région — furent conduits, se trouvait dans les collines de Judée, en dehors du territoire contrôlé par les sionistes. La « route de Jéricho », que les Arabes de Jérusalem avaient été avertis de prendre, les conduisait dans la vallée du Jourdain. Quelque 85 000 d’entre eux se trouvent encore là-bas, dans un seul camp de l’ONU, sous le mont de la Tentation. La population arabe d’Acre, mentionnée par Chofshi, dépassait les 45 000 personnes : Acre fut attaquée par les troupes sionistes officielles.

— Meurtre de Folke Bernadotte, 17.09.1948. Sources : Pierre Prier (27.06.2014), Jean-Pierre Filiu (14.10.2018) et Wikipedia.
Le plan Bernadotte comportait des aspects insupportables pour les Sionistes, dont le droit au retour des réfugiés palestiniens chassés de leurs terres et de leurs maisons. Sa liquidation fut décidée en août par les trois responsables du « Centre » [la direction du Lehi : Nathan Yalin Mor (le biélorusse Nathan Friedman), Yitzhak Shamir (le biélorusse Icchak Jaziernicki, chef des opérations militaires) et Israël Eldad (Israel Scheib, né à Pidvolotchysk, en Galicie, aujourd'hui en Ukraine de l'Ouest, alors en Autriche)], planifiée par Yehoshua Zettler, le commandant du Lehi de Jérusalem, et l'exécution en fut confiée à Yehoshua Cohen. Les deux autres tireurs étaient Yitzhak Ben-Moshe et « Gingi » Zinger —le quatrième participant étant Meshulam Makover, le conducteur de la jeep utilisée.
Le surlendemain de l’assassinat, le gouvernement israélien saisit l’occasion pour démanteler la structure militaire du Lehi, qui fut officiellement dissous au titre d'une loi « pour la prévention du terrorisme ». Yehoshua Zettler affirmera avoir reçu une promesse explicite du ministre de l'Intérieur, Yitzhak Gruenbaum : « Vous serez condamnés pour satisfaire l'opinion mondiale. Après quoi, vous serez amnistiés. » De fait, Nathan Yalin Mor et son adjoint Mattiyahu Shmulovitz furent condamnés le 2 février 1949 à plusieurs années de prison, non pour meurtre, mais pour appartenance à une organisation terroriste ; ils seraient relâchés le 20 février et libérés de la prison d'Acre. Tous les autres détenus du Lehi bénéficièrent d'une amnistie générale et furent également libérés. Nathan Yalin Mor serait élu à la Knesset lors des premières élections législatives israéliennes en janvier 1949. Puis, à la suite du massacre de Deir Yassin, il aura une épiphanie pacifiste. Il participera le 11 mai 1973 à la conférence de Bologne pour la paix aux côtés, par exemple, d'Uri Avnery.
Le tueur du comte Bernadotte et du colonel André Sérot, Yehoshua Cohen, sera en 1952 un des créateurs et chef de la sécurité du kibboutz à Sde Boker, puis garde du corps de David Ben Gourion, résident de ce kibboutz quand il ne sera plus Premier ministre de l'État d'Israël entre 1953 et 1955, puis de 1963 jusqu'à son décès. Yitzhak Shamir deviendra un des cadres supérieurs du Mossad après 1950, où il restera des années, avant de diriger le Hérouth, le principal parti de la droite israélienne. Il sera député en 1973, président de la Knesset de juin 1977 à mars 1980, ministre plusieurs fois et Premier ministre à deux reprises (1983-1984 et 1986-1992).
Le musée du Lehi se situe dans le quartier branché de Florentine à Tel Aviv. Il occupe la maison même où le fondateur de l’organisation, Avraham Stern, a été tué, le 12 février 1942, par la police britannique. Ce musée est placé officiellement sous l’autorité de l’État d’Israël, par le biais de « l’unité des musées » du ministère de la Défense. Les visiteurs sont accueillis par un (ou une) militaire en uniforme. Le ministère israélien de la Défense propose d’ailleurs un ticket combiné permettant de visiter à Tel Aviv, outre le musée du Lehi, deux musées célébrant l’action de l’Irgoun, un musée consacré à l’histoire de la Haganah et un autre à celle de l’armée israélienne. C’est comme cela qu’Israël rend hommage aux groupes « terroristes ».

— Yosef Nahmani, officier supérieur de la Haganah, la force armée de l’Agence juive qui deviendra l’armée d’Israël, écrivit dans son journal, en date du 6.11.1948 :
« À Safsaf, après […] que les habitants eurent hissé le drapeau blanc, [les soldats] ont rassemblé les hommes et les femmes séparément, ligoté les mains de cinquante ou soixante villageois, et les ont abattus et tous enterrés dans une même fosse. Ils ont également violé plusieurs femmes du village. […] Où ont-ils appris un comportement aussi cruel, pareil à celui des nazis ? […] Un officier m’a raconté que les plus acharnés étaient ceux qui venaient des camps. » [Cf. Arieh Biro (1967), plus bas. Heureusement, parmi les rescapés des camps, on trouve des exemples opposés.]
Cf. Idith Zertal, Des rescapés pour un État. La politique sioniste d’immigration clandestine en Palestine 1945-1948, Calmann-Lévy, 23.02.2000, 390 pages (trad. Jacqueline Lahana, Jacqueline Carnaud) et Thomas Vescovi (enseignant et chercheur indépendant en histoire contemporaine) dans son article Ce que les combattants juifs de 1948 disent sur la Nakba, Middle East Eye, 1.06.2018.

— Jean-Paul Sartre, amorce d'Orphée noir, Préface à l'Anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française de Léopold Sédar Senghor, PUF, 1948, p. IX : 
« Qu'est-ce donc que vous espériez quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires ? Qu'elles allaient entonner vos louanges ? Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu'à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l'adoration dans leurs yeux ? »
Plus tard, en 1961, dans sa célèbre et formidable préface aux Damnées de la terre de Frantz Fanon, à lire dans son intégralité, Sartre produisit un fragment qui a tout l'air à nos yeux d'avoir été prophétiquement conçu en rapport avec les sanglants événements du 7 octobre :
(...) ce combattant brûle les étapes ; vous pensez bien qu'il ne risque pas sa peau pour se retrouver au niveau du vieil homme “ métropolitain ”. Voyez sa patience : peut-être rêve-t-il quelquefois d'un nouveau Dien-Bien-Phu ; mais croyez qu'il n'y compte pas vraiment : c'est un gueux luttant, dans sa misère, contre des riches puissamment armés. En attendant les victoires décisives et, souvent, sans rien attendre, il travaille ses adversaires à l'écœurement. Cela n'ira pas sans d'effroyables pertes ; l'armée coloniale devient féroce : quadrillages, ratissages, regroupements, expéditions punitives ; on massacre les femmes et les enfants. Il le sait : cet homme neuf commence sa vie d'homme par la fin ; il se tient pour un mort en puissance, il sera tué : ce n'est pas seulement qu'il en accepte le risque, c'est qu'il en a la certitude ; ce mort en puissance a perdu sa femme, ses fils ; il a vu tant d'agonies qu'il veut vaincre plutôt que survivre ; d'autres profiteront de la victoire, pas lui : il est trop las. Mais cette fatigue du cœur est à l'origine d'un incroyable courage.

— Ordre nº 40, 25.11.1948. Cet ordre et son accomplissement par les forces coloniales sionistes permettent de mieux réfléchir au nettoyage ethnique de Palestine, ainsi qu'à l'histoire de Gaza, à sa réalité d'aujourd'hui et au 7-Octobre. [Extrait (traduit en français) de l'intervention en anglais d'Ilan Pappé dans la conférence GAZA, une étude de cas sur le génocide : Jacques Baud, Ilan Pappé, Craig Murray, Gilles Devers et +, vidéo Investig'Action, 26.01.2024. Il s'agissait d'une conférence organisée par CRI Voix des Victimes et Investig'action, en partenariat avec la Commission des Droits de l'Homme islamique IHRC, la Coordination des organisations islamiques suisses COIS et la Fondation islamique culturelle d'Ahl-El-Beit, tenue à Genève le 20 janvier 2024, avec Jacques Baud, Rania Madi, Haim Bresheeth, Ilan Pappé, Christophe Oberlin, Gilles Devers et Craig Murray :
Peu de gens se souviennent qu’avant 1948, il n’y avait pas de bande de Gaza. La bande, la bande elle-même, est une invention israélienne. Gaza était une ville cosmopolite sur la Via Maris, la route d’Alexandrie à Alexandrette, en Turquie, et parce que c’était la route principale sur la mer, de nombreuses personnes de différents pays et cultures passèrent par Gaza et y laissèrent une empreinte qui en avait fait l’une des villes les plus cosmopolites avant 1948. Elle avait également un très bon système de coexistence entre musulmans, chrétiens et juifs. Tout récemment, un de nos amis a trouvé une déclaration intéressante de 1905 des trois chefs des religions de la ville de Gaza exprimant leur joie en 1905 et la façon dont les trois communautés géraient les problèmes de frictions, de désaccords et de conflits. Israël créa la bande de Gaza parce que, contrairement à d’autres endroits où il avait pu expulser les nombreux Palestiniens qu’il avait expulsés pendant la Nakba, pendant la catastrophe de 1948, contrairement à d’autres pays, comme le Liban, la Syrie et la Jordanie, qui s'étaient montrés prêts à accueillir les centaines de milliers de Palestiniens qu’Israël avait expulsés, l’Égypte ferma sa frontière, l’Égypte refusa d’accepter ne serait-ce qu’un seul Palestinien, et à cause de cela, le leader d’Israël, le grand architecte du nettoyage ethnique de 1948, David Ben Gourion —qui a honteusement donné son nom à un boulevard à Paris, c’est un criminel de guerre—, il décida qu’Israël était prêt à céder 2% de la Palestine historique pour en faire le plus grand camp de réfugiés du monde. Et c’est ainsi que la bande de Gaza fut créée, par les Israéliens, comme une sorte de structure rectangulaire, une sorte de structure géométrique, dans laquelle Israël poussa les Palestiniens, du centre de la Palestine et du Sud, que l’Égypte ne voulait pas accepter. Le dernier groupe de Palestiniens qui fut poussé vers la bande de Gaza était celui des habitants de 11 villages sur les ruines desquels Israël construisit les colonies qui ont été attaquées le 7 octobre par le Hamas. Le Hamas, donc, attaqua les colonies construites sur les ruines des derniers villages de Palestine qui furent détruits par l'armée israélienne et expulsés vers Gaza. Dans les archives israéliennes, nous avons un document très connu appelé Ordre numéro 40. L’ordre numéro 40 date du 25 novembre 1948 et fut envoyé par le commandement central israélien au commandant de la région de Gaza. Il porte le nom des 11 villages, et l’ordre dit, je cite littéralement : « Occupez le village, expulsez tous les habitants de Gaza, brûlez les maisons et démolissez les maisons en pierre », car certaines des maisons des villages palestiniens en 1948 étaient construites en huttes, en mortier et en paille, et il était donc possible de les brûler, mais les maisons en pierre devaient être détruites par l’armée israélienne. Donc, le contexte historique que nous avons ici est celui d’une génération de grands-pères et de grands-mères, de pères et de mères, de petits-enfants qui vivent, directement ou indirectement, la Nakba de 1948 de manière très vivante au quotidien, non seulement parce qu’ils pensent à Jaffa, ou à Beersheba, ou à tout autre endroit d’où ils ont été expulsés, mais aussi en regardant les colonies israéliennes de l’autre côté de la barrière d’où venaient la plupart de leurs parents et grands-parents. Et Rania a mentionné la Marche du Retour en 2018 ; c’était exactement l’un des objectifs de la Marche du Retour : rappeler au monde que les colonies de l’autre côté de la barrière, celles qui seraient attaquées le 7 octobre, étaient des villages palestiniens détruits par le nettoyage ethnique de 1948.

— Isidore Abramowitz, Hannah Arendt, Abraham Brick, Rabbi Jessurun Cardozo, Albert Einstein, Herman Eisen, M. D. Hayim Fineman, M. Gallen, M. D., H. H. Harris, Zelig S. Harris, Sidney Hook, Fred Karush, Bruria Kaufman, Irma L. Lindheim, Nachman Majsel, Seymour Melman, Myer D. Mendelson, M. D., Harry M. Orlinsky, Samuel Pitlick, Fritz Rohrlich, Louis P. Rocker, Ruth Sageb, Itzhak Sankowsky, I. J. Schoenberg, Samuel Shuman, M. Znger, Irma Wolfe, Stefan Wolfe, New Palestine Party. Visit of Menachen Begin and Aims of Political Movement Discussed, Lettre à l'éditeur du NYT, 2.12.1948, publiée par The New York Times le 4.12.1948. Extrait :
Among the most disturbing political phenomena of our time is the emergence in the newly created state of Israel of the "Freedom Party" (Tnuat Haherut), a political party closely akin in its organization, methods, political philosophy and social appeal to the Nazi and Fascist parties. It was formed out of the membership and following of "the former Irgun Zvai Leumi, a terrorist, right-wing, chauvinist organization In Palestine. (...) The public avowals of Begin's party are no guide whatever to its actual character. Today they speak of freedom, democracy and anti-imperialism, whereas until recently they openly preached the doctrine of the Fascist state. It is in its actions that the terrorist party betrays its real character; from its past actions we can judge what it may be expected to do in the future.
Attack on Arab Village
A shocking example was their behavior in the Arab village of Deir Yassin. This village, off the main roads and surrounded by Jewish lands, had taken no part in the war, and had even fought off Arab bands who wanted to use the village as their base. On April 9 (THE NEW YORK TIMES), terrorist bands attacked this peaceful village, which was not a military objective in the fighting, killed most of its inhabitants — 240 men, women and children— and kept a few of them alive to parade as captives through the streets of Jerusalem. (...)]

— Nations Unies, Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide / Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, adoptée le 9.12.1948 par l'Assemblée Générale, résolution 260 A (III).
Article II
Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.

Article III
Seront punis les actes suivants :
a) Le génocide; b) L'entente en vue de commettre le génocide; c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide; d) La tentative de génocide; e) La complicité dans le génocide.

Article IV
Les personnes ayant commis le génocide ou l'un quelconque des autres actes énumérés à l'article III seront punies, qu'elles soient des gouvernants, des fonctionnaires ou des particuliers.
Relisez, s'il vous plaît, ces trois articles en douceur ferme.

Assemblée générale des Nations Unies, Résolution 194 (III), adoptée le 11.12.1948, « portant création de la Commission de conciliation des Nations Unies pour la Palestine afin d’aider les parties à parvenir à un règlement définitif, et réaffirmer le droit des réfugiés palestiniens de rentrer dans leur foyer et de recouvrer leurs biens. »
Article 11. Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables ;
Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le payement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations Unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriés de l’Organisation des Nations Unies ;

— Moshe Sharett, 1950. En réalité, Moshe Chertok. Ukrainien de Kherson, ministre israélien des Affaires étrangères de 1948 à 1956 et Premier ministre du 26 janvier 1954 au 3 novembre 1955. Voici un cas de figure de la modération du Nazisme ordinaire qui était la sienne :
« Les réfugiés trouveront leur place dans la diaspora. Grâce à la sélection naturelle, certains résisteront, d’autres pas. (…) La majorité deviendra un rebut du genre humain et se fondra dans les couches les plus pauvres du monde arabe. »
(Archives du Ministère des Affaires Étrangères, dossiers « Réfugiés », nº 2444/19. Cf. Alain Gresh et Dominique Vidal, Palestine 47. Un partage avorté, Complexe, Bruxelles, 1994 (1re éd. : 1987). Cf. aussi Alain Gresh, La Palestine, toujours recommencée, Le Monde diplomatique, juin 2017, pp. 14 et 15.
Il évoquait le sort que son analyse sioniste modérée réservait aux 700 000 Palestiniens encore en vie expulsés de leurs foyers et de leurs terres. C'était son concept (darwiniste) de paix. De son propre aveu, il vénérait David Ben Gourion.

- Shamai Kahane, 7.03.1951. Cf. Gabriel Piterberg, Erasing the Palestinians, New Left Review, 1.07-08.2001. Gabriel Piterberg signa un article excellent qui montre comment on fait pour effacer un peuple et gommer sa mémoire, pour modeler un récit, pour essayer de tromper tout le monde, y compris les siens, enfin, pour tenter de rebuter les misérables. C'est un document précieux pour vérifier comment a agi depuis toujours la propagande sioniste : dans l'épuration ethnique et la fabrication de mythes, ils joignent toujours le très tordu au très retors. Parmi les sources consultées par Piterberg pour l'élaboration de son article, il puisa l'essentiel des informations contenues dans l'extrait qui suit dans les Israeli State Archives, section Foreign Office, Corpus of the Minister and Director General :
Dès le début, les responsables israéliens étaient bien conscients de l’importance de la mémoire et de la nécessité de l’effacer. La répression de ce qui avait été fait pour créer l’État était essentielle parmi les Juifs eux-mêmes. Il était encore plus important d’éradiquer la mémoire parmi les Palestiniens. Shamai Kahane rédigea l’un des documents les plus marquants de la campagne officielle à cette fin. Haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, Kahane fut secrétaire personnel et diplomatique de [Moshe] Sharett en 1953-1954 et joua un rôle déterminant dans la création de l’immense archive bureaucratique connue sous le nom d’« Opération Refugee File ». Le 7 mars 1951, il fit une proposition au directeur par intérim du département du Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères, Divon. Voici le texte de son mémorandum :
PROPAGANDE AUPRÈS DES RÉFUGIÉS [PALESTINIENS] POUR REFROIDIR LEURS ILLUSIONS DE RETOURNER EN ISRAËL
Il vous faudrait l’appui efficace d’une propagande de photos qui montreraient de manière très tangible [aux réfugiés] qu'ils n'ont nulle part où retourner. Les réfugiés s'imaginent que leurs maisons, leurs meubles et leurs biens sont intacts, et qu'il leur suffit de revenir et de les récupérer. Il faut leur ouvrir les yeux pour voir que leurs maisons ont été démolies, leurs biens ont été perdus et que des Juifs qui ne sont pas du tout disposés à les abandonner ont pris possession de leurs lieux. Tout cela peut être transmis d'une manière indirecte qui ne provoquerait pas inutilement des sentiments de vengeance, mais montrerait la réalité telle qu'elle est, aussi amère et cruelle soit-elle.
Les moyens d’infiltrer ce matériel : une brochure ou une série d’articles accompagnés de photos publiées en Israël ou à l’étranger, à tirage limité, qui ne ferait pas de vagues dans le monde non arabe, mais qui parviendrait aux journalistes arabes qui, après accord préalable, porteraient les documents pertinents à l’attention des réfugiés. Une autre solution : imprimer les photos avec les titres appropriés (ce sont les titres qui comptent !) dans une brochure censée être publiée dans l’un des pays arabes. Le matériel photographique devrait établir un contraste entre les villages arabes d’autrefois et ce à quoi ils ressemblent aujourd’hui, après la guerre et l’installation des Juifs dans les sites abandonnés. Ces photos devraient prouver que les colons juifs ont trouvé tout en ruines et ont beaucoup travaillé à restaurer les villages abandonnés, qu’ils lient leur avenir à ces lieux, qu’ils en prennent soin et qu’ils ne sont pas du tout disposés à les abandonner. Cette proposition comporte un certain risque, mais je pense que ses avantages seraient plus importants que les dommages qu’elle pourrait causer, et nous devrions réfléchir très soigneusement à la manière de la mettre en œuvre efficacement.
Le mémorandum de Kahane illustre parfaitement l’état d’esprit impitoyable de l’establishment israélien qui s’est employé à transformer la conscience et la mémoire de ses victimes. On peut le considérer comme le préambule d’un rapport complet sur tous les aspects imaginables du « problème des réfugiés » que Kahane a préparé plus tard dans l’année, en ayant à l’esprit les activités du Comité d’apaisement de l’ONU et une conférence qu’il organisait à Paris. Ce document est remarquable à plusieurs titres : il montre à quelle vitesse l’héritage arabe de la Palestine était devenu un épisode passager dans l’esprit officiel ; et à quel point tout retour des réfugiés était désormais présenté comme une impossibilité objective, plutôt que comme une éventualité que l’État lui-même était résolu à bloquer à tout prix. Réaffirmant la thèse bien connue selon laquelle les Arabes étaient les coupables de leur propre déplacement, Kahane a révélé à quel point la Palestine était déjà devenue, pour lui, sans Arabes. « À l’échelle nationale, écrit-il, la croissance d’une minorité arabe entravera le développement de l’État d’Israël en tant qu’État homogène. » Le rapatriement, ajoute-t-il de manière altruiste, serait un malheur pour les réfugiés eux-mêmes :
Si les réfugiés étaient retournés en Israël, ils se seraient retrouvés dans un pays dont les structures économiques, sociales et politiques différaient de celles du pays qu’ils avaient quitté. Les villes et la plupart des villages arabes désertés ont depuis été colonisés par des Juifs qui y laissent une empreinte indélébile… Si les réfugiés étaient revenus aux réalités qui se sont développées en Israël, ils auraient certainement eu du mal à s’y adapter. Les professionnels urbains, les commerçants et les fonctionnaires auraient dû mener une lutte désespérée pour survivre dans une économie nationale au sein de laquelle tous les postes clés sont occupés par des Juifs. Les paysans auraient été incapables, dans la plupart des cas, de retourner sur leurs terres.
Kahane reprend ici l’argumentation d’un rapport antérieur du Foreign Office, du 16 mars 1949, rédigé également en vue de la création du Comité d’apaisement, en vertu de la résolution 194 de l’ONU. Ses auteurs semblent avoir été Michael Comay, directeur du Département du Commonwealth au Foreign Office, et Zalman Lifshitz, ancien membre du Comité de transfert et conseiller de Ben Gourion sur les questions foncières. Rédigé en anglais et intitulé « Le problème des réfugiés arabes », ce document souligne lui aussi l’impossibilité d’un quelconque « rapatriement » palestinien dans un registre rhétorique détaché, celui d’une réalité qui a changé20. Il y ajoute cependant une intrigue tragique. Dans ce récit, le sort des réfugiés est décrit comme s’il était le résultat d’une catastrophe naturelle, dont l’issue est lugubre, mais inévitable et irrévocable. L’auteur de l’expatriation, l’État dont parle le document et que les auteurs servent, n’y sont pour rien. Notez l’utilisation de constructions impersonnelles et de la voix passive :
Pendant la guerre et l’exode arabe, la base de leur vie économique [celle des réfugiés] s’est effondrée. Les biens meubles qui n’ont pas été emportés avec eux ont disparu. Le bétail a été abattu ou vendu. Des milliers d’habitations dans les villes et les villages ont été détruites au cours des combats, ou afin d’en interdire l’utilisation aux forces ennemies, régulières ou irrégulières ; et parmi celles qui restent habitables, la plupart servent de foyers temporaires aux immigrants [juifs]… Mais même si le rapatriement était économiquement faisable, est-il politiquement souhaitable ? Serait-il judicieux de recréer cette société duale, qui a tourmenté la Palestine pendant si longtemps, jusqu’à ce qu’elle conduise finalement à une guerre ouverte ? Dans les circonstances les plus heureuses, une situation complexe et incertaine est créée où un seul État doit être partagé par deux ou plusieurs peuples qui diffèrent par leur race, leur religion, leur langue et leur culture.


— Moshe Dayan, Éloge funèbre de Roi Rutenberg, 29.04.1956. Jeune officier israélien chargé de la sécurité du kibboutz Nahal Oz, situé à un peu plus d'un kilomètre de la frontière de la bande de Gaza, Roi Rutenberg avait rencontré son commandant en chef, Moshe Dayan, la veille et avait été assassiné après, dans un champ de blé voisin, par des Palestiniens, dont j'ignore les noms, habitant à Gaza. Audition du texte original en hébreu. Traduction en anglais. Récit sioniste en français de cette histoire et texte complet de Dayan par The Times of Israel. Amorce en français (à partir de l'anglais) :
Hier, au lever du jour, Roi a été assassiné. Le calme d’un matin de printemps l'éblouit et il ne vit pas ceux qui l'attendaient en embuscade, au bord du sillon. Ne rejetons pas aujourd’hui la faute sur les meurtriers. Pourquoi devrions-nous nous plaindre de leur haine à notre égard ? Pendant huit ans, ils sont restés dans les camps de réfugiés de Gaza et ont vu, de leurs propres yeux, comment nous avons fait une patrie des terres et des villages où vivaient autrefois eux et leurs ancêtres. (...)

— Yitzhak Rabin (1922-1995). Ce nettoyeur ethnique irréprochable, qui avait été le chef des opérations du Palmach dès octobre 1947, dirigerait le commandement du Nord d'Israël de 1956 à 1959. Une semaine avant d'être nommé à ce poste par David Ben Gourion, donc en 1956, il affirma devant lui :
La plupart d’entre eux [les Palestiniens de Cisjordanie] peuvent être chassés. S’ils étaient moins nombreux, ce serait plus facile, mais on peut résoudre le problème en principe. Ce ne serait pas un geste humain, mais la guerre en général n’est pas une affaire humanitaire.
Cf. Amir Oren, Book : Rabin Backed Transfer of Arabs in '56, Haaretz, 1.07.2005, citant un ouvrage publié par les Archives de l'État d'Israël.

— La soi-disant Crise du Canal de Suez, 29.10.1956-7.11.1956. L'Égypte fut attaquée par une alliance secrète actée par le protocole de Sèvres, dont les entretiens se tinrent du 21 au 24 octobre 1956, formée par la France, le Royaume-Uni et l'État d'Israël à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l'Égypte de Gamal Abdel Nasser le 26 juillet 1956. Cette alliance répondait à des intérêts communs : la France et le Royaume-Uni avaient des intérêts politiques, économiques (ils en étaient actionnaires) et commerciaux (il était principalement utilisé pour le transport de pétrole) dans le canal de Suez. Israël avait besoin du canal pour assurer son transport maritime entre Méditerranée et Mer Rouge, mais utilisait comme prétexte à son intervention militaire une réponse aux attaques de fédayins qu'il subissait sur son territoire. Le renversement de Nasser était également prévu.
Le 29 octobre 1956, conformément aux accords secrets, Israël envahit l'Est du canal, suivi rapidement par les Français et les Britanniques qui bombardèrent à partir du 31 octobre, parachutèrent et débarquèrent leurs troupes le 5 novembre, officiellement comme des troupes de maintien de la paix. Finalement, alors que les Égyptiens furent battus militairement (cessez-le-feu le 7 novembre), les coalisés, en échange de certaines concessions d'ordre économique, furent obligés de battre en retraite sous la pression à l'époque des États-Unis et de l'Union soviétique. La Force d'urgence des Nations unies débarqua le 27 novembre, les coalisés finirent de rembarquer le 22 décembre. Benny Morris (Israel's Border Wars, 1949-1956, Oxford, 1993, pp 407-409), cité par Norman Finkelstein (Gaza. Una investigación sobre su martirio, Siglo XXI de España Editores, 2019, pp 22-23), documenta que, jusqu'à l'incursion israélienne sur Gaza de 1955, la « préoccupation dominante » de l'Égypte « dans ses relations avec Israël était d'éviter de provoquer des attaques de Tsahal [la Force coloniale militaire d'Israël] » ; « L'Égypte recherchait normalement la tranquillité de sa frontière avec Israël ». Néanmoins, « à partir d'un certain moment en 1954 », le général de Tsahal, Moshé Dayan, « cherchait la guerre » et, périodiquement, il espérait qu'une incitation particulière embarrasserait ou provoquerait l'État arabe attaqué et le forcerait à réagir, donnant ainsi à Israël une raison d'intensifier sa réponse armée, spirale qui aboutirait à une guerre. » [Un classique, cet obscur objet du désir de toutes les stratégies sionistes, d'hier et aujourd'hui]. La « politique consistant à tendre des pièges pour que Nasser entrât en guerre fut imaginée par Ben Gourion et Dayan ». Lorsque « l’Égypte refusa de tomber dans les pièges successifs que lui tendait Dayan », Israël complota avec la Grande-Bretagne et la France pour attaquer directement l’Égypte, donc en octobre 1956. [Robert Solé, Automne 1956, la crise de Suez, Le Monde 20.10.1996, modifié le 25.07.2014 :
Tout cela débouchera sur une réunion ultra-secrète, à Sèvres, du 22 au 24 octobre, à laquelle participent notamment, du côté français, Guy Mollet, président du conseil, Christian Pineau, ministre des affaires étrangères, Bourgès-Maunoury, ministre de la défense ; du côté britannique, Selwyn Lloyd, secrétaire du Foreign Office ; et, du côté israélien, le premier ministre Ben Gourion, Shimon Pérès et Moshé Dayan.
On convient que les forces israéliennes pénétreront en Égypte le 29 octobre et que, le lendemain, Paris et Londres adresseront un ultimatum aux belligérants, leur enjoignant de se retirer à 15 kilomètres de part et d'autre du canal. Si le gouvernement égyptien ne s'incline pas, les forces anglo-françaises interviendront à leur tour, dès les premières heures du 31 octobre, « pour séparer les combattants ».]
Voici la description de ce qui se passa ensuite (par Benny Morris, cf. ouvrages cités), en anglais et en castillan :
Many Fedayeen and an estimated 4,000 Egyptian and Palestinian regulars were trapped in the Strip, identified, and rounded up by the IDF [Israel Defense Forces], GSS [General Security Service], and police. Dozens of these Fedayeen appear to have been summarily executed, without trial. Some were probably killed during two massacres by the IDF troops soon after the occupation of the Strip. On 3 November, the day Khan Yunis was conquered, IDF troops shot dead hundreds of Palestinian refugees and local inhabitants in the town. One UN report speaks of “some 135 local residents” and “140 refugees” killed as IDF troops moved through the town and its refugee camp “searching for people in possession of arms.”
In Rafah, which fell to the IDF on 1–2 November, Israeli troops killed between forty-eight and one hundred refugees and several local residents, and wounded another sixty-one during a massive screening operation on 12 November, in which they sought to identify former Egyptian and Palestinian soldiers and Fedayeen hiding among the local population...
Another sixty-six Palestinians, probably Fedayeen, were executed in a number of other incidents during screening operations in the Gaza Strip between 2 and 20 November...
The United Nations estimated that, all told, Israeli troops killed between 447 and 550 Arab civilians in the first three weeks of the occupation of the Strip.

Muchos fedayín y calculo que unos 4.000 soldados regulares egipcios y palestinos quedaron atrapados en la Franja, fueron identificados y detenidos por las IDF [Fuerzas Coloniales de Israel], la GSS [Servicio General de Seguridad] y la policía [israelí]. Docenas de estos fedayín parecen haber sido ejecutados sumariamente, sin juicio. Algunos probablemente fueron asesinados durante dos masacres que cometieron las tropas de las IDF inmediatamente después de la ocupación de la Franja. El 3 de noviembre, el día que se conquistó Jan Yunis, las tropas de las IDF fusilaron a cientos de refugiados palestinos y habitantes de la ciudad. Un informe de la ONU habla de "unos 135 residentes locales" y "140 refugiados" asesinados a medida que las IDF se adentraban en la ciudad y en su campo de refugiados "buscando gente en posesión de armas".
En Rafah, que había caído ante las IDF entre el 1 y el 2 de noviembre, las tropas israelíes asesinaron a entre 48 y 100 refugiados y a varios residentes locales, e hirieron a otros 61 durante una operación de cribado masivo (sic) el 12 de noviembre, en las que buscaban identificar a los antiguos soldados egipcios y palestinos y a los fedayin que se ocultaban entre la población local [...].
Otros 66 palestinos, probablemente fedayín, fueron ejecutados en una serie de incidentes durante operaciones de cribado en la Franja de Gaza entre el 2 y el 20 de noviembre [...].
Las Naciones Unidas calculan que, en conjunto, las tropas israelíes mataron entre 447 y 550 civiles árabes en las tres primeras semanas de ocupación de la Franja.
Norman Finkelstein conclut ce fragment de son exposé :
In March 1957, Israel was forced to withdraw from Gaza after US president Dwight Eisenhower exerted heavy diplomatic pressure and threatened economic sanctions. By the operation’s end, more than a thousand Gazans had been killed. “The human cost of the four-month Israeli occupation of the Gaza Strip was alarmingly high,” a historian recently observed. “If the figures for those wounded, imprisoned and tortured are added to the number who lost their lives, it would seem that one inhabitant in 100 had been physically harmed by the violence of the invaders.” [Cf. Jean-Pierre Filiu, Gaza: A History, (New York: 2014), p. 105.]

En marzo de 1957, Israel fue obligado a retirarse de Gaza después de que el presidente de Estados Unidos, Dwight Eisenhower, ejerciera una fuerte presión diplomática y amenazara con sanciones económicas. Para cuando finalizó la operación, más de 1.000 habitantes de Gaza habían sido asesinados. "El coste humano de los cuatro meses de ocupación israelí de la Franja de Gaza fue alarmantemente elevado", observaba un historiador. "Si las cifras de quienes fueron heridos, torturados o encarcelados se suman al número de personas que perdieron la vida, se diría que 1 de cada 100 habitantes fue físicamente dañado por la violencia de los invasores". [Jean-Pierre Filiu, Gaza: A History, New York, 2014, p. 105]

— Arieh Biro. Trois massacres perpétrés sous sa direction, pendant la crise de Suez de 1956 et la guerre des Six Jours de 1967. Arieh Biro (1927-2006), qui était général de brigade en réserve durant les guerres de 1956 et celle de 1967, dirigea par exemple le massacre de prisonniers égyptiens commis à Ras Sedr, le 8.06.1967. Quant à 1956, il avoua :
« Nous ne savions pas ce qu’il fallait faire d’eux [les prisonniers de guerre égyptiens non armés en 1956]. Il n’y avait pas d’autre choix que de les tuer. Ce n’était pas une telle affaire si vous prenez en considération que je dormais bien après avoir échappé aux fours crématoires d’Auschwitz. » Cf. Le Monde, 20.08.1995.
"We did not know what to do with them [surrendered Egyptian POWs in 1956]. There was no choice but to kill them. This is not such a big deal if you take into consideration that I slept well after having escaped the crematories of Auschwitz." Retired Israeli brigadier general Arieh Biro, The New York Times, August 21, 1995. [After a General Tells of Killing P.O.W.'s in 1956, Israelis Argue Over Ethics of War, By Serge Schmemann, Aug. 21, 1995, Section A, Page 5 of the National edition. Où l'on lit également :
M. Biroh a donné de nombreuses interviews depuis sa révélation, n'exprimant aucun remords et avertissant que s'il est jugé, alors la moitié de l'armée, « qui s'est trouvée dans des situations similaires, devra être jugée ».]
Cf. le témoignage de Yosef Nahmani (1948) sur le massacre de Safsaf.

— David Ben Gourion, télégramme publié dans le quotidien Davar, 7.11.1956 [cité dans A. Israeli (A. Orr et M. Machover), Paix, paix et il n'y a pas de paix (en hébreu), Jérusalem, Bokhan, 1961, p. 216-217]. Lorsque Tsahal conquit le Sinaï et atteignit Charm el-Cheikh, Ben Gourion écrivit (extrait) :
Et l'on pourra de nouveau entonner l'antique chant de Moïse et des fils d'Israël (...) dans un immense élan commun de toutes les armées d'Israël. Vous avez renoué le lien avec le roi Salomon qui fit d'Eilat le premier port israélien, il y a trois mille ans. (...) Et Yotvata, surnommé Tiran, qui constituait il y a mille quatre cents ans un État hébreu indépendant, redeviendra une partie de la troisième royauté d'Israël. [Cf. Dinur, 1926]

— Larbi Ben M'hidi, 4.03.1957, avant de se faire suicider par les hommes de Paul Aussaresses sur ordre du gouvernement de Paris, lors d'une conférence de presse organisée par la puissance coloniale française afin de se vanter de la capture de ce combattant pour la liberté de son peuple : « Donnez-nous vos chars et vos avions, et nous vous donnerons nos couffins » [qui servaient à transporter les bombes lors des attentats]. Dans le film La bataille d'Alger (Gillo Pontecorvo, 1966), il y a une reconstruction de la scène avec un dialogue légèrement différent. Extrait :
— Jeune journaliste très pimpant : « Monsieur Ben M’hidi, ne trouvez-vous pas plutôt lâche d'utiliser les sacs et les couffins de vos femmes pour transporter vos bombes, ces bombes qui font tant de victimes innocentes ? »
— Larbi Ben M’hidi : « Et vous ? Ne vous semble-t-il pas bien plus lâche de larguer sur des villages sans défense vos bombes napalm qui tuent 1000 fois plus d'innocents ? Évidemment, avec des avions c’aurait été beaucoup plus commode pour nous. Donnez-nous vos bombardiers, monsieur, et on vous donnera les couffins. »
— Journaliste anglophone : “Mister Ben M’hidi, in your opinion, does the FLN still have some chance of defeating the French army?” [« selon vous, le FLN, a-t-il encore quelque chance de battre l'armée française ? »]
— « Selon moi, le FLN a beaucoup plus de chance de battre l'armée française que celle-ci n’en a d'arrêter le cours de l'Histoire. »
J'ai trouvé un commentaire à cette scène, sur Internet, signé par Abdelkader Malaoui :
Dans le film documentaire d'Yves Boisset sur La Bataille d'Alger réalisé en 2006, le colonel Jacques Allaire, à l'époque lieutenant, qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi en 1957, déclare à son sujet :
« Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’Hidi. Ben M’Hidi était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais: « Vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la bataille d’Alger est perdue », et j’extrapolais un peu : « La guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant ! ». Il dit : « Ne croyez pas ça ! » Et il me rappelait les chants de la résistance, Le chant des Partisans : un autre prendra ma place. Voilà ce qu’il m’a dit, Ben M’Hidi. »
Chef historique du FLN, « Jean Moulin algérien », Larbi Ben M'hidi fut arrêté le 15.02.1957. Il fut torturé puis finalement pendu, après une première tentative ratée, le 5.03.1957 (Cf. Le Monde, 28.10.2004]. Petite digression sur Aussaresses : parmi ces nombreux crimes d'État, il fut attaché militaire au Brésil en 1973, durant la dictature militaire, où il enseigna au Centro de Instrução de Guerra Na Selva de Manaus. Vous pouvez imaginer le contenu de ses cours sur la bataille d'Alger. Disons aussi qu'Israël soutint la France lors de la guerre coloniale d'Algérie.

— Erskine Childers (1929-1996), The Other Exodus, The Spectator, 12.05.1961 [pages 8-11 du fac-similé consulté]. Texte essentiel à lire dans son intégralité. Extrait :
Les réfugiés arabes palestiniens attendent, se multiplient et sont matière de débat aux Nations Unies. En treize ans, leur nombre est passé de 650 000 à 1 145 000. La plupart d'entre eux survivent uniquement grâce aux rations fournies par l'agence des Nations Unies, l'UNRWA. Leur subsistance a déjà coûté 110 millions de livres. Chaque année, l'UNRWA doit plaider à New York pour obtenir les fonds nécessaires à la poursuite de ses activités, malgré le manque de sympathie généralisé, surtout de la part des Occidentaux. Il y a une raison à cette impatience : l'attitude provoquée envers ces réfugiés par l'argumentation israélienne. (...)
Voici ce qu’écrit Nathan Chofshi, l’un des pionniers juifs d’origine en Palestine, dans une réfutation penaude des accusations d’un rabbin sioniste étasunien concernant les ordres d’évacuation :
Si le rabbin Kaplan voulait vraiment savoir ce qui s’est passé, nous, les anciens colons juifs de Palestine qui avons été témoins des combats, pourrions lui dire comment et de quelle manière nous, les Juifs, avons forcé les Arabes à quitter les villes et les villages… certains d’entre eux ont été chassés par la force des armes ; d’autres ont été contraints de partir par la tromperie, le mensonge et de fausses promesses. Il suffit de citer les villes de Jaffa, Lydda, Ramle, Beersheba, Acre, entre autres [dans Jewish Newsletter, New York, 9 février 1959].
(...)
Les Arabes de Palestine entrent maintenant dans leur quatorzième année d’exil. Si vous allez parmi eux dans les collines de Judée, ils vous prendront par le bras jusqu’à une crête de terre et vous montreront du doigt vers le bas, à travers les écheveaux rouillés de barbelés. « Pouvez-vous la voir – là-bas, à côté de ces arbres ? C’est ma maison. »
C’est une honte au-delà de toute description brève de se déplacer parmi ces millions de personnes, en tant qu’Occidental. C’est une honte pour de nombreux Juifs, et certains s’expriment ouvertement, comme Nathan Chofshi l’a courageusement fait :
Nous sommes venus et avons fait des Arabes autochtones des réfugiés tragiques. Et nous osons encore les calomnier et les dénigrer, salir leur nom. Au lieu d’avoir profondément honte de ce que nous avons fait et d’essayer de réparer une partie du mal que nous avons commis… nous justifions nos actes terribles et tentons même de les glorifier.
Ce texte est superbe et comportait, à sa date de publication, en 1961, une bouleversante révélation pour beaucoup, étant donné l'état d'obnubilation semé par les mensonges abominables du récit mythique des génocidaires sionistes. Childers était correspondant de la BBC, constata sur le terrain les couacs de la narrative coloniale —selon laquelle en 1948, les Palestiniens auraient quitté leur terre en suivant les consignes des radios arabes— et tint à dévoiler la réalité historique : existait-il des preuves que les Palestiniens avaient volontairement fui à la demande de leurs dirigeants ? La bibliothèque du ministère israélien des Affaires étrangères se refusa à fournir les prétendues évidences sensibles dont Israël s'était targué aux Nations Unies. En se tournant vers une autre source, il découvrit que la BBC avait suivi et retranscrit chaque émission diffusée au Moyen-Orient en 1948, et qu’aucune n’avait enregistré un seul ordre de ce genre donné par les dirigeants arabes aux Palestiniens – en fait, loin de là, ils avaient été nombreux à leur demander de rester chez eux, de ne pas bouger. [Cf. aussi l'éloquent article In Memoriam de Ian Williams, Erskine Childers, 1929-1996, Washington Report on Middle East Affairs, 25.10.1996, p. 24 : la biographie de Childers en dit long sur le travail souterrain d'Israël et de ses alliés occidentaux pour enterrer la vérité et empêcher la divulgation de leurs agissements. Cf., plus bas, Dominique Vidal, 2008]

— Lieutenant-Colonel Netanel Lorch, 1961 :
« La victoire d’Israël dans la guerre fut un miracle accompli par une autorité divine, par un Dieu qui n’avait pas abandonné son peuple à l’heure de la détresse. Dans une génération qui a vu la destruction de la magnifique civilisation juive en Europe, Dieu a réconforté son peuple (…) C’est une nouvelle période pour les fils d’Israël afin qu’ils célèbrent leur liberté dans leur propre patrie. / Devant nos yeux, l’immense miracle de la rédemption d’Israël se répète. Nous assistons aux formidables victoires de l’armée israélienne engagée dans une campagne après l’autre contre ses nombreux ennemis. L’esprit des Hashmonaim [les Maccabées qui avaient combattu les Grecs dans les temps anciens] s’éveille à nouveau. Nous avons occupé chaque parcelle de la Terre sainte. » Cf. Le fil de l’épée, La guerre d’indépendance d’Israël, 1947-1949 (Koroth Milkhemeth Ha’atzmauth, 1961, titre de l’original hébreu, ou The Edge of the Sword : Israel’s War of Independence, 1947-1949, New York, Textbook Publishers, 2003, p. 1)
Cet extrait est mis en exergue par Ilan Pappé dans le chapitre 3 (La guerre de 1948 par le texte et par l’image, p. 72) de son ouvrage très recommandable La propagande d’Israël, [The Idea of Israel: A History of Power and Knowledge, Londres, Verso Books, 2014. L’édition francophone a été traduite de l’anglais par Jean-Marie Flémal et publiée en Belgique par Investig’action en 2016]. Pappé explique ensuite : « Les paragraphes qui précèdent se trouvent dans le livre d’histoire (sic) traitant de 1948 et qui a été utilisé comme principal texte professionnel en Israël durant de nombreuses années — The Edge of the Sword (Le fil de l’épée). Comme nous le voyons, ce compte rendu, bien que laïc, admet la possibilité que l’issue de la guerre ait été une question d’autorité divine. Cela résume bien la façon dont la guerre fut étudiée et présentée par les départements universitaires chargés de l’enseignement de l’histoire sioniste. »

— Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, Librairie François Maspero, décembre, 1961. À lire dans son intégralité. Extrait (pages 44-46 de mon édition, La Découverte & Syros, Paris, 2002) :
La mise en question du monde colonial par le colonisé n'est pas une confrontation rationnelle des points de vue. Elle n'est pas un discours sur l'universel, mais l'affirmation échevelée d'une originalité posée comme absolue. Le monde colonial est un monde manichéiste. Il ne suffit pas au colon de limiter physiquement, c'est-à-dire à l'aide de sa police et de sa gendarmerie, l'espace du colonisé. Comme pour illustrer le caractère totalitaire de l'exploitation coloniale, le colon fait du colonisé une sorte de quintessence du mal [Nous avons montré dans Peau noire, Masques blancs (éditions du Seuil) le mécanisme de ce monde manichéiste]. La société colonisée n'est pas seulement décrite comme une société sans valeurs. Il ne suffit pas au colon d'affirmer que les valeurs ont déserté, ou mieux n'ont jamais habité, le monde colonisé. L’indigène est déclaré imperméable à l'éthique, absence de valeurs, mais aussi négation des valeurs. Il est, osons l'avouer, l'ennemi des valeurs. En ce sens, il est le mal absolu. Élément corrosif, détruisant tout ce qui l'approche, élément déformant, défigurant tout ce qui a trait à l'esthétique ou à la morale, dépositaire de forces maléfiques, instrument inconscient et irrécupérable de forces aveugles. Et M. Meyer pouvait dire sérieusement à l'Assemblée nationale française qu'il ne fallait pas prostituer la République en y faisant pénétrer le peuple algérien. Les valeurs, en effet, sont irréversiblement empoisonnées et infectées dès lors qu'on les met en contact avec le peuple colonisé. Les coutumes du colonisé, ses traditions, ses mythes, surtout ses mythes, sont la marque même de cette indigence, de cette dépravation constitutionnelle. (...)
Parfois ce manichéisme va jusqu'au bout de sa logique et déshumanise le colonisé. À proprement parler, il l'animalise. Et, de fait, le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, au pullulement, au grouillement, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire. L’Européen bute rarement sur les termes « imagés ». Mais le colonisé, qui saisit le projet du colon, le procès précis qu'on lui intente, sait immédiatement à quoi l'on pense. Cette démographie galopante, ces masses hystériques, ces visages d'où toute humanité a fui, ces corps obèses qui ne ressemblent plus à rien, cette cohorte sans tête ni queue, ces enfants qui ont l'air de n'appartenir à personne, cette paresse étalée sous le soleil, ce rythme végétal, tout cela fait partie du vocabulaire colonial. Le général de Gaulle parle des « multitudes jaunes » et M. Mauriac des masses noires, brunes et jaunes qui bientôt vont déferler. Le colonisé sait tout cela et rit un bon coup chaque fois qu'il se découvre animal dans les paroles de l'autre. Car il sait qu'il n'est pas un animal. Et précisément, dans le même temps qu'il découvre son humanité, il commence à fourbir ses armes pour la faire triompher.
À propos du Rwanda, selon le journaliste du Figaro Patrick de Saint-Exupéry, qui en fit état dans un article de 1998, le détestable François Mitterrand aurait dit « à des proches », à l’été 1994, que « dans ces pays-là, un génocide, c’est pas trop important ».

— Fayez A. Sayegh, Zionist Colonialism in Palestine, Research Center, Palestine Liberation Organization, Beirut, 1965. Cf. Settler Colonial Studies, 2:1, 206-225, Volume 2, 2012 - Issue 1: Past is Present: Settler Colonialism in Palestine. Voir PDF. Extrait du résumé de l’article :
« (…) le 10 novembre 1975 (…), en tant que délégué du Koweït, [Fayez A. Sayegh] a co-rédigé et présenté la résolution 3379 de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui a défini le Sionisme comme une forme de racisme et de discrimination raciale. Cette résolution sera révoquée en 1991 par la résolution 46/86 de l’Assemblée générale des Nations Unies, une condition préalable posée par Israël pour sa participation à la Conférence de Madrid. Les extraits suivants sont tirés de son « Colonialisme sioniste en Palestine », qui est probablement l’une des descriptions les plus claires et les plus concises de sa génération pour discuter de la structure organisationnelle du mouvement colonial de peuplement sioniste, de ses stratégies diplomatiques, ainsi que de l’idéologie et des caractéristiques structurelles qui le sous-tendent. En tant que document de son époque, il place le colonialisme de peuplement sioniste dans le contexte du colonialisme européen, tout en distinguant le projet sioniste des autres mouvements coloniaux de peuplement. Sayegh le fait en soulignant l’aspiration du Sionisme à l’auto-ségrégation raciale, son rejet de toute forme de coexistence ou d’assimilation, sa volonté inébranlable d’expansion territoriale et la violence nécessaire, structurelle et physique, qu’il doit employer pour atteindre ses objectifs. (...) Les extraits suivants du Colonialisme sioniste en Palestine ont été préparés par les éditeurs de ce numéro [des Settler Colonial Studies]. »

— Guerre des Six Jours, 5-10-06.1967. Guerre déclenchée par Israël contre l’Égypte, la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie. Son but premier était de « restaurer la crédibilité de la capacité de dissuasion israélienne », selon explique l’analyste israélien de stratégie Zeev Maoz dans Defending the Holy Land : A Critical Analysis of Israel’s Security and Foreign Policy, Ann Arbor, 2006, p. 89. [Recension par David S. Sorenson].
En citant l'historien israélien Benny Morris, Righteous Victims: A History of the Zionist-Arab Conflict, 1881-2001, New York, 2001, pp. 340-343, 568, ainsi que Zeev Schiff et Ehud Ya'ati, Intifada: The Palestinian Uprising-Israel's Third Front, New York, 1990, Norman Finkelstein écrit dans Gaza. Una investigación sobre su martirio, Siglo XXI de España Editores, 2019, pp 24 :
La etiología de las desdichas actuales de Gaza se remonta a la conquista israelí. A lo largo de la guerra de 1967, Israel reocupó la Franja de Gaza (junto con Cisjordania) y desde entonces ha seguido siendo la potencia ocupante. Tal como Morris cuenta la historia, "la gran mayoría de los árabes de Cisjordania y de Gaza aborrecieron desde el inicio la ocupación"; "Israel pretendía quedarse [...] y su gobierno no se habría derrocado mediante la desobediencia civil o la resistencia civil, que se aplastaba con facilidad. La única posibilidad real era la lucha armada"; "como todas las ocupaciones, la de Israel se basaba en la fuerza bruta, en la represión y en el miedo, en el colaboracionismo y la traición, en las palizas y las cámaras de tortura, y en la intimidación, humillación y manipulación cotidianas"; "la ocupación siempre fue una experiencia brutal y mortificante para el ocupado".

— Arieh Biro. Massacre de prisonniers égyptiens non armés commis à Ras Sedr, le 8.06.1967. Arieh Biro (1927-2006), général de réserve durant les guerres de 1956 et celle de 1967, dirigea ce massacre de prisonniers. Cf., dans ce répertoire, « — Arieh Biro. Trois massacres perpétrés sous sa direction (…) »

— Levi Eshkol [L'Ukrainien Levi Yitzhak Shkolnik, né en 1895 dans le shtetl (village) d'Oratov (aujourd'hui Orativ), près de Kiev, Premier ministre israélien de 1963 à 1969], Conseil des ministres, le 15.06.1967, juste après la guerre des Six Jours (5-10.06.1967) : “If it were up to us, we’d send all the Arabs out to Brazil” (« Si cela ne tenait qu'à nous, nous enverrions tous les Arabes au Brésil. »). Cf. Ofer Aderet, Israeli Cabinet Minutes From Six-Day War: From Fear to Euphoria to Arrogance. Fifty years after the Six-Day War, the State Archives are releasing the transcripts of government meetings in 1967, Haaretz, 18.05.2017. La destination imaginée par Levi Eshkol pour les Arabes n'était pas dû au hasard. En 1967, le Brésil était soumis à une dictature militaire et Israël cherchait ses alliés pour les basses besognes parmi ses pairs politiques : des régimes pourris contrôlées par les États-Unis. À propos de la collaboration d'Israël avec les dictatures ibéro-américaines, voir plus bas Ramona Wadi (5.10.2020).

— Résolution 242 des Nations Unies, 22.11.1967. Le Conseil de sécurité condamne l’« acquisition de territoire par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Il affirme « l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique » de chaque Etat de la région. Voir en général Au mépris du droit. 1947-2009 : une impunité qui perdure. Résolutions de l’ONU non respectées par Israël, Le Monde diplomatique, février 2009.

— Charles de Gaulle, conférence de presse du 27.11.1967 (Vidéo). Donc, cinq jours après cette résolution de condamnation du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Sioniste pragmatique [« (...) beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur État sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances. (...) » (en 1948, le "Tiers-Monde" était encore énormément colonisé, beaucoup d'indépendances se faisaient encore attendre, l'ONU était pour l'essentiel le club des vainqueurs de la IIGM)], le général de Gaulle ne se leurrait quand même pas à l'égard de certaines choses. Extrait :
« On sait que la voix de la France n'a pas été entendue, Israël ayant attaqué, s'est emparé en six jours de combat des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui la résistance qu'à son tour, il qualifie de terrorisme, (...) »

— David Ben Gurion, Iyunim BaTanach (hébreu. En français : Lectures de la Bible), Tel-Aviv, Am Oved, 1969. En anglais Ben Gurion looks at the Bible, W. H. Allen, London/New York, 1972, traduction par Jonathan Kolatch. C'est un recueil d'articles époustouflants et atrocement fanatiques à ne pas en revenir ; Shlomo Sand (2008, pp. 154-155) :
(...) nous sommes surpris de cet état d'esprit qui oscille entre le pragmatisme politique manipulateur et la foi honnête dans la vérité antique. Ben Gourion déclarait à toute occasion que le Livre des Livres était la carte d'identité du peuple juif et la preuve de son mandat sur la Terre d'Israël. Sa conception de l'histoire était simple et claire :
« En partant vers la diaspora, notre peuple a été arraché de la terre sur laquelle la Bible a germé, et extrait du cadre de la réalité politique et spirituelle dans lequel il s'est développé (...). En exil, l'image de notre peuple a été distordue, déformée comme celle de la Bible. Les chercheurs bibliques chrétiens, dans leur parti pris chrétien et antisémite, ont fait de la Bible le marchepied du christianisme, et les commentateurs juifs eux-mêmes, retirés de l'environnement biblique et de son climat spirituel et matériel, ne pouvaient plus comprendre le Livre des livres comme il le méritait. C'est maintenant seulement que, redevenus libres dans notre pays, nous respirons de nouveau l'air qui environnait la Bible. Le temps, il me semble, est venu d'appréhender son essence et sa fiabilité, sur le plan tant historique et géographique que religieux et culturel. »
Ben Gourion était plus bibliste que les historiens sionistes. Donc, pourquoi accepter que la recherche scientifique vienne gâcher les certitudes de son intégrisme bibliste ? Un faussaire, « sur le plan scientifique pur », est toujours en garde contre les traquenards de toute constatation :
« Quand je trouve une contradiction entre les propos de la Bible et des sources externes [les découvertes archéologiques ou épigraphiques], je ne suis pas obligé d'accepter systématiquement la version de la source étrangère. Celle-ci ne peut-elle pas être erronée ou falsifier les faits ? Je suis autorisé, sur le plan scientifique pur, à accepter le témoignage de la Bible, même si la source extérieure s'y oppose, s'il n'y a pas de contradictions internes dans ce témoignage, ou s'il n'est pas entièrement certain qu'il soit défectueux. »
Bref, Sand ne lésine pas sur le potentiel du sarcasme et prolonge :
« Malgré cette approche « scientifique » et laïque, Ben Gourion s'appuya aussi, quand il en eut besoin, sur les injonctions divines. Ainsi pouvait-il écrire que « l'événement ayant une signification déterminante dans l'histoire juive est la promesse du pays de Canaan à la descendance d'Abraham et de Sarah ». Toutes les opinions s'accordent pour affirmer qu'aucune source externe n'a pu contredire ce témoignage écrasant et catégorique des auteurs bibliques sur la promesse divine. Ce dirigeant au tempérament intellectuel et messianique, aidé par des historiens, façonna ainsi toute une culture nationale. »

— Golda Meir [de son vrai nom Mahovitch ; elle était née dans une famille ukrainienne de Kiev à l'époque de l'empire russe], Première ministre d'Israël, séance d’ouverture du 75e congrès jubilaire de l’Organisation sioniste étasunienne, 17.07.1972 : « Êtes-vous certain que vos enfants et petits-enfants resteront juifs ? » « Je redoute le verdict de l’histoire sur cette génération si, compte tenu de l’opportunité qu’offre l’existence de l’État d’Israël de renforcer le peuple juif, nous échouons. Il ne pourrait y avoir de plus grande tragédie que celle-ci… La grande question est la suivante : la judéité, peut-elle s’épanouir dans des sociétés libres ? Nous voyons maintenant que le nombre de Juifs peut être diminué non seulement par la haine et l’oppression, mais aussi par l’amour et la liberté. » (Cf. Jewish Telegraphic Agency, Meir Warns American Jews of Dangers of Assimilation, 17.07.1972).

— Noam Chomsky, Paul Jacobs, Rabbi Michael A. Robinson, Rabbi Steven S. Schwarzschild, Alan Solomonow, et al., The Case of Giyora Neuman, The New York Review of Books, 20.07.1972. Giyora Neuman est devenu un symbole des refuzniks israéliens, des jeunes qui refusent ou ont refusé de s'enrôler dans l'armée génocidaire d'occupation israélienne. Dernier paragraphe de cette pétition :
(...) Nous soutenons l’instauration du statut d’objecteur de conscience en Israël et partout ailleurs, pour les hommes et les femmes, pour des raisons de convictions personnelles ou religieuses profondes. Nous soutenons le droit de Giyora Neuman à résister pour des raisons de conscience à ce qu’il considère comme des politiques oppressives des forces israéliennes dans les territoires occupés, et son refus d’entretenir un quelconque lien avec ce qui est pour lui « une armée d’occupation ». Nous demandons sa libération.

— 1975. Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a été créé en 1975 par la résolution 3376 de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans laquelle celle-ci a également demandé au Comité de la conseiller sur des programmes destinés à permettre au peuple palestinien d’exercer ses droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination sans ingérence extérieure, le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationales et le droit au retour des Palestiniens dans leurs foyers et vers leurs biens, d’où ils ont été déplacés. Depuis, l’Assemblée a adopté chaque année une résolution renouvelant le mandat du Comité.

Vorster and Rabin Meet in Jerusalem, The New York Times, 10.04.1976. « Le Premier ministre sud-africain John Vorster a entamé aujourd'hui des pourparlers avec les dirigeants israéliens, qui ont ordonné des mesures de sécurité rigoureuses pour sa visite de quatre jours. / M. et Mme Vorster sont arrivés en avion de nuit rapide avec la ministre des Affaires étrangères Hilgard Muller. Le voyage de M. Vorster est la première visite en Israël d'un Premier ministre sud-africain depuis près de 25 ans. / Les fonctions d'aujourd'hui comprenaient des entretiens avec le Premier ministre Yitzhak Rabin, au milieu de spéculations selon lesquelles M. Vorster pourrait vouloir discuter des armes. Les responsables ont refusé de commenter les informations en provenance d'Afrique du Sud concernant un éventuel accord d'armement, dans le cadre duquel Israël fournirait son chasseur à réaction Kfir et d'autres armes. (...) ». Cf. article de Sasha Polakow-Suransky, via Alex Kane (6.12.2023), et reportage de Chris McGreal (6 et 7.02.2006) là-dessus dans ces références.

— Moshé Dayan, Vivre avec la Bible (en hébreu), Jérusalem, Idanim, 1978. En français : Vivre avec la Bible - Les liens d'un grand combattant avec la terre de ses ancêtres, Éditions Albin Michel, Paris XIV, 1980. En anglais. [Comprendre Tuer avec la Bible. Les liens d’un grand boucher d’Arabes caractérisé, très cinglé, et d’un destructeur systématique de mosquées* avec la terre de ses lubies et quérulences]. J’en eus vent par Shlomo Sand (Sand, 2008, p. 158) qui trouve cette lecture pertinente « pour avoir une idée des résultats de l’usage de l’histoire antique dans l’élaboration de l’idéologie de la première génération des sabras. Cet essai, rédigé par l’un des principaux héros de la nouvelle société [israélienne], exemplifie la façon dont a été insufflé un imaginaire national inventé, en parfait accord avec les buts politiques d’une société colonisatrice. »
*Y compris Mash’had Nabi Hussein, mausolée construit vers 1080, sous le Califat fatimide, par le vizir Badr al-Jamali. Voir article de Meron Rapoport, History Erased, Haaretz, 5.07.2007.

— Moshé Machover and Mario Offenberg, Zionism and Its Scarecrows (Le Sionisme et ses épouvantails), 1975 —article publié par Matzpen le 10.10.1978. Perspective juive très instructive sur la réaction sioniste contre ses critiques, notamment contre ses critiques juifs. Enseignements à appliquer encore aujourd'hui quand la hasbara (propagande sioniste) vous taxera d'antisémite. Cette version en anglais est la traduction d’un article intitulé « Der Zionismus und sein Popanz: Eine Antwort an die „linken” Zionisten » (PDF), publié dans la revue allemande Probleme des Klassenkampfs (Problèmes de la lutte des classes), vol. 19/20/21, 1975, pp. 299–327. Une note éditoriale de Khamsin dit : « Dans la présente traduction, nous avons omis un passage traitant de la propagande sioniste actuelle concernant les Juifs soviétiques, car ce sujet est traité plus en détail dans un article de l’un des deux auteurs dans Critique 9. » Il s’agit de l’article de Moshé Machover « Sionisme ou droits de l’homme », Critique 9, 1978, pp. 121–125. Machover est un militant socialiste israélien antisioniste, co-fondateur du Matzpen avec Oded Pilavsky, Haim Hanegbi et Akiva Orr. Il est aujourd'hui professeur de philosophie au King's College de Londres. Pour mieux comprendre ses positions vis-à-vis du Sionisme, lisez le texte de Israéliens et Palestiniens : conflit et solution, part 1/2 et part 2/2, conférence que Machover donna à Londres le 30/11/2006 dans le cadre de la « Barry Amiel and Norman Melburn Trust Annual Lecture ».

— Oded Yinon, Israël - Une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe, 13.06.1982. Lisible dans L'Harmattan, « Confluences Méditerranée » 2007/2, n°61, pages 149 à 164. Distribution électronique Cairn.info pour l'Harmattan.
Yinon était journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères. Confluences Méditerranée explique en avril 2007 les raisons de la republication de ce texte, préfacé par l'incontournable Israël Shahak, dans son nº 61 :
A l’automne 1982, soit quelques mois après l’invasion israélienne du Liban, la Revue d’Etudes Palestiniennes avait publié un article d’Oded Yinon, intitulé : « Stratégie pour Israël dans les années 80 », qui lui avait été adressé, avec une courte préface, par le regretté professeur Israël Shahak, ancien président de la Ligue israélienne des droits de l’homme.
Nous le republions, avec l’accord de nos amis de la REP, car nous le jugeons toujours d’actualité en ce qui concerne la situation du Moyen-Orient (et cela, même s’il commence par des considérations sur l’URSS et ses visées expansionnistes, totalement démenties par les faits ultérieurs).
Dans sa préface, Israël Shahak avait attiré l’attention des lecteurs sur la proximité entre cette « stratégie pour Israël » et la pensée néo-conservatrice américaine, la même qui présidera à la politique étrangère des Etats-Unis depuis l’accession de George W. Bush au pouvoir. L’éclatement de l’Irak, les tensions communautaires dans la plupart des pays arabes, l’annexion aussi de Jérusalem et d’une bonne partie de la Cisjordanie dotent l’article d’Oded Yinon, vingt-cinq ans après sa publication, d’une funeste actualité.
Malheureusement, il s'avère toujours de référence comme indicateur de flèche systémique : c'est le texte d'un prédateur sioniste sans scrupules, contempteur de tout compromis, de toute politique d'apaisement, partisan de diviser pour mieux régner. Ceci dit, comme le signale l'éditeur, le démarrage de Yinon nous semble aujourd'hui un pur sarcasme, tout comme certaines forfanteries risibles genre « Israël ne doit donc compter que sur ses propres forces ». Il écrit : « le principe de paix entre les nations, de coexistence, n’a pas de sens face à la doctrine politico-militaire professée par une superpuissance telle que l’URSS ». Gorbatchev prouva que Yinon ignorait complètement la réalité et taisait le choix de l'hégémonie face à la paix de l'autre superpuissance (la seule qui ait utilisée jusqu'à présent l'arme atomique), avec la collaboration de ses pays vassaux, ainsi que le choix de l'expansionnisme et du nettoyage ethnique de son pays, l'entité sioniste. La phrase « le principe de paix entre les nations, de coexistence, n’a pas de sens face à la doctrine politico-militaire professée et appliquée par une superpuissance telle que les États-Unis, soutenue et impulsée par son sinistre alevin, l’État d’Israël » me semble bien plus appropriée. Et puis... impressionne le cynisme de ces croisés néo-cons juifs, capables d'écrire : « Le monde arabe islamique n’est qu’un château de cartes construit par des puissances étrangères – la France et la Grande-Bretagne dans les années 1920 – au mépris des aspirations des autochtones. » Pas mal pour un fonctionnaire d'une entité coloniale de base européenne qui a eu recours et a recours pour exister au nettoyage ethnique, à l'apartheid et au génocide progressif —de plus en plus brutal. Voici un exemple significatif de son hubris, mais y'a pis :
La Jordanie ne peut plus survivre longtemps dans sa structure actuelle, et la tactique l’Israël, soit militaire, soit diplomatique, doit viser à liquider le régime jordanien et à transférer le pouvoir à la majorité palestinienne. Ce changement de régime en Jordanie résoudra le problème des territoires cisjordaniens à forte population arabe ; par la guerre ou par les coalitions de paix, il devra y avoir déportation des populations de ces territoires, et un strict contrôle économique et démographique – seuls garants d’une complète transformation de la Cisjordanie comme de la Transjordanie. A nous de tout faire pour accélérer ce processus et le faire aboutir dans un proche avenir. (...), il n’est plus possible de laisser se perpétuer ici la situation actuelle sans séparer les deux nations : les Arabes en Jordanie et les Juifs en Cisjordanie. Il n’y aura de véritable coexistence pacifique dans ce pays que lorsque les Arabes auront compris qu’ils ne connaîtront ni existence ni sécurité qu’une fois établie la domination juive depuis le Jourdain jusqu’à la mer. Ils n’auront une nation propre et la sécurité qu’en Jordanie.

— Première Intifada, appelée « Guerre des pierres », 9.12.1987 – 13.09.1993. « Cassez-leur les os ! », ordonna Yitzhak Rabin, Ministre de la Défense du gouvernement du criminel Yitzhak Shamir et futur Prix Nobel de la Paix, en janvier 1988 aux commandants de Tsahal (Cf. plus haut Einstein, 1948. Cf. aussi Pierre Razoux, Tsahal : nouvelle histoire de l'armée israélienne, Éditions Perrin, Paris, 2006, 618 pages, p. 407). Cette Première Intifada débuta à Jabalia, dans la Bande de Gaza, puis s’étendit à la Cisjordanie et aboutit aux accords d’Oslo signés par Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. L'OLP devenait sous-traitante ou collaboratrice de la puissance coloniale occupante dans la tâche d'écraser toute Intifada, toute révolte palestinienne à venir, traîtrise qui contribuera décisivement désormais au développement du Hamas.
« (…) Ces enfants qui lancent, / Des pierres vers les soldats, / C'est perdu d'avance, / Les cailloux sur des casques lourds, / Tout ça pour des billets retour, / D'amour, d'amour, d'amour, d'amour, d'amour. (…) » (Francis Cabrel, Tout le monde y pense, Sarbacane, 1989). Norman Finkelstein écrit (Finkelstein, 2018) :
In December 1987, a traffic accident on the Gaza-Israel border that left four Palestinians dead triggered a mass rebellion, or intifada, against Israeli rule throughout the occupied territories. “It was not an armed rebellion,” Morris recalled, “but a massive, persistent campaign of civil resistance, with strikes and commercial shutdowns, accompanied by violent (though unarmed) demonstrations against the occupying forces. The stone and, occasionally, the Molotov cocktail and knife were its symbols and weapons, not guns and bombs.” It cannot be said, however, that Israel reacted in kind. Morris continued: “Almost everything was tried: shooting to kill, shooting to injure, beatings, mass arrests, torture, trials, administrative detention, and economic sanctions”; “A large proportion of the Palestinian dead were not shot in life-threatening situations, and a great many of these were children”; “Only a small minority of [IDF] malefactors were brought to book by the army’s legal machinery—and were almost always let off with ludicrously light sentences.” (Cf. Benny Morris, Righteous Victims, pp. 561, 580, 587, 591, 599)
Max Blumenthal, 'I Would Like to See Gaza Drown in the Sea': Remembering the True Yitzhak Rabin, 20 Years After His Assassination, AlterNet, 5.11.2015 (trouvable aujourd'hui sur The Grayzone):
At an election debate in 1988, Israeli statesman Yitzhak Rabin touted his achievements as the Defense Minister who enacted the “broken bones” policy to suppress the first Palestinian Intifada.
“They also know: 260 Palestinians were killed in the last two months!” he proclaimed to boisterous applause from his audience. “7,000 were wounded!” Rabin bragged. “18,000 were arrested!”
He continued boastfully, “5,600 are currently in prison. Are these trivial numbers? Are these trivial numbers?”
Zeev Schiff et Ehud Yaari (Intifada, 1990) :
« Dans de nombreux cas, des sous-officiers participèrent avec leurs soldats à des tabassages injustifiés. Il n'était pas facile de savoir quand on pouvait frapper […] on frappait même les gens chez eux, sans raison, et des familles entières étaient rouées de coups. »
Puis, on peut lire dans Finkelstein, 2018 :
By the early 1990s, Israel had successfully repressed the first intifada. It subsequently entered into an agreement secretly negotiated in Oslo, Norway, with the Palestine Liberation Organization (PLO) and ratified in September 1993 on the White House lawn. Israel intended via the Oslo Accord to streamline the occupation by removing its troops from direct contact with Palestinians and supplanting them with Palestinian subcontractors. “One of the meanings of Oslo,” former Israeli foreign minister Shlomo Ben-Ami observed, “was that the PLO was [...] Israel’s collaborator in the task of stifling the intifada and cutting short [...] an authentically democratic struggle for Palestinian independence.” (1)  In particular, Israel contrived to reassign to Palestinian surrogates the sordid tasks of occupation. “The idea of Oslo,” former Israeli minister Natan Sharansky acknowledged, “was to find a strong dictator to [...] keep the Palestinians under control.”(2)  “The Palestinians will be better at establishing internal security than we were,” Israeli prime minister Yitzhak Rabin told skeptics in his ranks, “because they will not allow appeals to the Supreme Court and will prevent the Association for Civil Rights in Israel from criticizing the conditions there. [...] They will rule by their own methods, freeing, and this is most important, the Israeli soldiers from having to do what they will do.” (3)
In July 2000, PLO head Yasser Arafat and Israeli prime minister Ehud Barak joined US president Bill Clinton at Camp David to negotiate a final settlement of the conflict. The summit collapsed in mutual recrimination. But which side bore primary culpability for the aborted talks? “If I were a Palestinian,” Ben-Ami, one of Israel’s chief negotiators at Camp David, later commented, “I would have rejected Camp David as well,” while Israeli strategic analyst Zeev Maoz concluded that the “substantial concessions” Israel demanded of Palestinians at Camp David “were not acceptable and could not be acceptable.” (4)

(1). Shlomo Ben-Ami, Scars of War, Wounds of Peace: The Israeli-Arab Tragedy, New York, 2006, pp. 191, 211.
(2). Andy Levy-Ajzenkopf, “Sharansky on Tour Promoting Identity, Freedom,” Canadian Jewish News, 1.07.2008. Sharansky occupa plusieurs postes ministériels entre 1996 et 2005.
(3). Graham Usher, “The Politics of Internal Security: The PA’s new intelligence services,” Journal of Palestine Studies, hiver 1996, p. 28; The B’Tselem Human Rights Report, printemps 1994. [Law Enforcement vis-a-vis Israeli Civilians in the Occupied Territories, Jérusalem, mars 1994. PDF.]
(4). Shlomo Ben-Ami, entretien sur Democracy Now!, avec Norman Finkelstein, 14.02.2006 ; Zeev Maoz, Defending the Holy Land: A critical analysis of Israel’s security and foreign policy (Ann Arbor, 2006), p. 476 (voir aussi p. 493).

— Israel Shahak, lettre au rédacteur en chef, Kol Ha’ir, 19.05.1989 :
« Je ne suis pas d’accord (…) que le système d’éducation israélien soit parvenu à inculquer à ses élèves une « conscience de l’Holocauste ». Ce n’est pas une conscience de l’Holocauste, mais plutôt du mythe de l’Holocauste ou même d’une falsification de l’Holocauste (dans le sens qu’une « demi-vérité » est pire qu’un mensonge) qui a été inculquée ici ».
Cité par Ilan Pappé dans La propagande d’Israël, Investig’action, 2016, p. 217, où il ajoute : « Dans un autre passage, Shahak fait allusion à la crainte éprouvée en Israël au sujet de l’explication du rôle crucial assumé par les collaborateurs juifs qui ont aidé les Nazis à mener à bien leur extermination des Juifs et il justifie les exécutions de ces collaborateurs par la résistance, à l’époque, de la même manière qu’il explique pourquoi les Palestiniens ont tué les collaborateurs [avec les oppresseurs sionistes] au cours de la Première Intifada :
Si nous connaissions un peu la vérité sur l’Holocauste, nous comprendrions au moins (en étant d’accord ou pas) pourquoi les Palestiniens éliminent aujourd’hui leurs collaborateurs. C’est le seul moyen dont ils disposent s’ils désirent continuer à lutter contre notre régime de briseurs de membres [allusion au fameux appel adressé aux soldats israéliens par Yitzhak Rabin, durant la Première Intifada, pour qu’ils rompent les membres des Palestiniens]. »
À ce propos, il faut citer un essai incontournable en la matière : Norman G. Finkelstein, La industria del Holocausto. Reflexiones sobre la explotación del sufrimiento judío, Siglo XXI de España Editores, mai 2002 (traduction castillane de María Corniero à partir de l'original anglais étasunien, The Holocaust Industry. Reflections on the Exploitation of Jewish Suffering, Verso Books, 2000). Ce texte courageux met en exergue la citation suivante :
« J'ai l'impression qu'au lieu d'enseigner l'Holocauste, on le vend », Rabbin Arnold Jacob Wolf, directeur de la Fondation Académique Hillel à l'Université de Yale (Cf. Michael Berenbaum, After Tragedy and Triumph, Cambridge, 1990, p. 45)

— Résolution de l'Assemblée Générale des Nations Unies, Quarante-cinquième session, 68e séance plénière, Droit à l'Autodétermination (Right of peoples to self-determination/Struggle by all available means), 45/130 Importance, pour la garantie et l'observation effectives des droits de l'homme, de la réalisation universelle du droit des peuples à l'autodétermination et de l'octroi rapide de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux [je me figure que l'on voulait vraiment dire colonisés], 14.12.1990. Téléchargement de la résolution en plusieurs langues. L'Assemblée générale réaffirmait sa foi dans l'importance de l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, contenue dans sa résolution 1514 (XV) du 14.12.1960. Elle considérait les résultats de la Conférence international sur l'alliance entre l'Afrique du Sud et Israël, tenue à Vienne du 11 au 13 juillet 1983 et consacrait beaucoup de paragraphes à dénoncer l'activité misérable du système d'apartheid, ses conséquences destructrices en Afrique australe, les actes d'agression terroristes que le régime de Pretoria continuait de perpétrer contre les États africains voisins, notamment le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe, la politique d'hostilité persistante menée par ce régime raciste d'Afrique du Sud contre l'Angola. Elle rappelait également la Déclaration de Genève sur la Palestine et le Programme d'action pour la réalisation des droits des Palestiniens et considérait, littéralement, que le déni des droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à la souveraineté, à l'indépendance et au retour en Palestine, la répression brutale de l'Intifada, soulèvement héroïque de la population palestinienne dans les territoires occupés par les forces israéliennes, ainsi que les agressions répétées d'Israël contre la population de la région font peser une lourde menace sur la paix et la sécurité internationales, avait à l'esprit les résolutions du Conseil de sécurité 605 (1987) du 22.12.1987, 607 (1988) du 5.01.1988 et 608 (1988) du 14.01.1988 et ses propres résolutions 43/21 du 3.11.1988, 43/177 du 15.12.1988 et 44/2 du 6.10.1989 concernant la détérioration de la situation du peuple palestinien dans les territoires occupés, se montrait profondément préoccupée et alarmée par les conséquences déplorables des actes d'agression commis par Israël contre le Liban, de ses pratiques et de son occupation continue de certaines parties du sud du Liban, ainsi que de son refus d'appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 425 (1978) du 19.03.1978. Il faut continuer à lire les 37 points que l'on déclare ensuite, car cela vaut vraiment la peine, mais citons ici juste le point nº 2 : « Réaffirme la légitimité de la lutte que les peuples mènent pour assurer leur indépendance, leur intégrité territoriale et leur unité nationale et pour se libérer de la domination coloniale, de l'apartheid et de l'occupation étrangère par tous les moyens à leur disposition, y compris la lutte armée; ».

— Capture et déportation, sur ordre d'Yitzhak Rabin, de 415 Palestiniens, le 17.12.1992. Ce jour-là, Israël exila de force 415 responsables et membres du Hamas et du Jihad islamique à Marj al-Zohour (la « Vallée des Fleurs »), dans le sud du Liban, à la suite d'une opération de résistance —visant à libérer des prisonniers palestiniens— menée par les Brigades Al-Qassam et au cours de laquelle le soldat d'occupation israélien Nissim Toledano fut détenu et tué. Cf. The Palestinian Information Center, 17.12.2022. Alors débute une formidable saga médiatique, diplomatique et juridique, tandis que les exilés, pacifiques et intellectuels pour la plupart, s’organisent, fondent une université et font fructifier leur exil qui va durer une année. La presse se saisit de l’événement, l’ONU, l’Europe et les États-Unis condamnent l’expulsion. De quelle manière cette réunion forcée, cinq ans seulement après la fondation du Hamas, a-t-elle pu constituer un efficace « séminaire de formation » ? Après des protestations constantes, Israël accepta le retour de 189 d'entre eux en septembre 1993 et les autres restèrent au Liban jusqu'en décembre de la même année.
Christophe Oberlin, professeur à l’Université Paris VII, publia un livre à ce sujet : La Vallée des Fleurs, Éd. Erick Bonnier, 224 pages, 20.06.2013. Cf. aussi Hamas mourns its greatest martyr: Robert Fisk in Marj al-Zohour, southern Lebanon, hears how a Palestinian came to die for the Islamic 'revolution' in Israel, The Independent, 29.11.1993, et Hamas chief visits place of his exile in south Lebanon after 27 years, Middle East Monitor, 14.09.2020.

— Moshé Zalman Feiglin, Haaretz, 1995 :
“Hitler was an unparalleled military genius. Nazism promoted Germany from a low to a fantastic physical and ideological status. The ragged, trashy youth body turned into a neat and orderly part of society and Germany received an exemplary regime, a proper justice system and public order. Hitler savored good music. He would paint. This was no bunch of thugs. They merely used thugs and homosexuals.”
En français : « Hitler était un génie militaire inégalé. Le Nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous. Ils se bornaient à utiliser des voyous et des homosexuels. » (lire Yossi Sarid, Feiglin, His Cronies Are Fascists by Any Definition, Haaretz, 10.12.2008, ou Khalid Amayreh, Likud Leader, Moshe Feiglin, Israel’s Emerging Hitler, to Join Parliament, Al-Jazeera, 12.12.2008. Lire également Alain Gresh, Feiglin, Hitler et Netanyahou : compétition au Likoud, blogs du Monde diplomatique, 30.01.2012)
Depuis, il a fait du chemin, ce petit de colon exacerbé en Cisjordanie : ses proférations hitlériennes ne l'ont rendu en Israël que plus populaire, au point qu'il en est devenu non seulement agitateur à succès, mais député du Likoud et le candidat du parti qui affronté N*tanyahou le 31 janvier 2012.

— B'Tselem, A Policy of Discrimination. Land Expropriation, Planning and Building in East Jerusalem, 14.05.1995 (édition révisée en janvier 1997). Où l'on peut lire bon nombre d'aveux très éloquents de Teddy Kollek, maire sioniste de Jérusalem de 1965 à 1993, sur les fourberies sionistes au racisme gratiné, genre :
[Kollek:] We said things without meaning them, and we didn't carry them out. We said over and over that we would equalize the rights of the Arabs to the rights of the Jews in the city - empty talk... Both Levi Eshkol [de son vrai nom Shkolnik, né dans le shtetl d'Oratov, en Ukraine] and Menachem Begin also promised them equal rights -- both violated their promise... Never have we given them a feeling of being equal before the law. They were and remain second - and third-class citizens.
[Question:] And this is said by a mayor of Jerusalem who did so much for the city's Arabs, who built and paved roads and developed their quarters?
[Kollek:] Nonsense! Fairy tales! The mayor nurtured nothing and built nothing. For Jewish Jerusalem I did something in the past twenty-five years. For East Jerusalem? Nothing! What did I do? Nothing. Sidewalks? Nothing. Cultural institutions? Not one. Yes, we installed a sewerage system for them and improved the water supply. Do you know why? Do you think it was for their good, for their welfare? Forget it! There were some cases of cholera there, and the Jews were afraid that they would catch it, so we installed sewerage and a water system against cholera...
Nous avons répété à maintes reprises que nous mettrions à égalité les droits des Arabes et les droits des Juifs de la ville. Un discours vide. (...) Jamais nous ne leur avons donné le sentiment d’être égaux devant la loi. Ils étaient et restent des citoyens de deuxième et de troisième classe. (...) Pour la Jérusalem juive, j'ai fait quelque chose au cours des vingt-cinq dernières années. Pour Jérusalem-Est (arabe) ? Rien ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Rien ! Trottoirs? Rien. Des institutions culturelles ? Pas une. Oui, nous avons installé un système d'égouts pour eux et amélioré l'approvisionnement en eau. Savez-vous pourquoi ? Pensez-vous que c'était pour leur bien, pour leur bien-être ? Oubliez ça ! Il y avait quelques cas de choléra là-bas, et les Juifs avaient peur de l'attraper, alors nous avons installé un système d'égouts et un réseau d'eau contre le choléra...

— Anthony Bevins, Nelson Mandela: From 'terrorist' to tea with the Queen, The Independent, 8.07.1996. Bevins nous rappelle plusieurs citations dans son article ; exemples :
« Ce culte du héros est tout à fait déplacé » - John Carlisle, député, lors de la projection par la BBC du concert Free Nelson Mandela en 1990.
« L'ANC est une organisation terroriste typique... Quiconque pense qu'elle va diriger le gouvernement en Afrique du Sud vit au pays des nuages » - Margaret Thatcher, 1987.
« Combien de temps encore la Première ministre se laissera-t-elle frapper au visage par ce terroriste noir ? » - Terry Dicks, député, milieu des années 1980.
« Nelson Mandela devrait être abattu » - Teddy Taylor, député, milieu des années 1980.
Précisions à propos par Andy McSmith, Margaret Thatcher branded ANC 'terrorist' while urging Nelson Mandela's release. The Tories don't have a great record on acknowledging his contribution to peace in South Africa, 9.12.2013.

— Nourit (Nurit) Peled-Elhanan, « Bibi, qu’as-tu fait ? », propos recueillis par Amnon Kapeliouk,  Le Monde diplomatique, octobre 1997, page 11. Nurit... cela fait très longtemps que je l'aime beaucoup. Elle est, comme moi, philologue et traductrice, et professeur de littérature comparée à l'université hébraïque de Jérusalem. Elle et son mari, Rami, sont bien connus comme militants pacifistes en Israël. Leur fille, Smadar, 14 ans, fut tuée dans un attentat aveugle et épouvantable. J'ai une fille de 10 ans... Texte majeur qu'on aura du mal à lire sans fondre en larmes, mais qui est à lire, relire, réciter et apprendre par cœur, par cœur, absolument. Il montre la voie qui pourrait mener à la paix, à la justice et à la réconciliation. Extraits :
À plusieurs reprises, dans le passé, on m’a posé une question en forme de défi, à moi, la fille de Matti Peled, le combattant pour la paix, qui est passé outre frontières et tabous pour contribuer à une réconciliation historique entre les peuples palestinien et israélien : « Qu’est-ce que vous diriez si votre fille ou votre fils était tué dans une opération terroriste palestinienne ? » J’avais l’habitude de rétorquer : « Je continuerais d’affirmer que la politique désastreuse qui réduit les Palestiniens au désespoir est la source de cette catastrophe. Un tel malheur, s’il devait tomber sur moi, me renforcerait dans ma conviction que seule la coexistence entre les deux peuples mettra fin au cycle de la violence et de la mort d’innocents. »
Et voilà : la plus monstrueuse parmi les monstruosités qu’on puisse imaginer a frappé notre foyer. Je répète donc aujourd’hui ce que j’ai dit, et avec encore plus de détermination, alors même que mes yeux ruissellent de larmes et que le visage mutilé de Smadar, notre petite et si belle princesse, est toujours là devant moi. Et j’ajoute : c’est la politique du premier ministre, « Bibi » Nétanyahou, qui a amené le malheur dans notre famille. (...)
Depuis trente ans, Israël a mené une politique désastreuse pour nous comme pour nos voisins. « Nous » avons occupé de vastes territoires, humilié et spolié des hommes et des femmes, détruit des maisons et des cultures. Et, par la force des choses, la riposte est arrivée. On ne peut pas tuer, affamer, « boucler » dans des enclaves et abaisser tout un peuple sans qu’un jour il explose. C’est la leçon de l’histoire. Mais « Bibi » n’a pas la moindre notion d’histoire.
Pour moi, en tout cas, il n’y a pas de différence entre le terroriste qui a tué ma fille et le soldat israélien qui, en plein bouclage des territoires, n’a pas laissé une Palestinienne enceinte franchir un barrage pour se rendre à l’hôpital, si bien qu’elle a finalement perdu son enfant. Je suis persuadée que si les Palestiniens nous avaient traités comme « nous » les traitons, « nous » aurions semé chez eux une terreur cent fois pire. N’oublions pas que chaque famille palestinienne, ou presque, a sacrifié l’un des siens — tué ou blessé — au cours du demi-siècle de conflit qui oppose nos deux peuples.
Comment devrait réagir un Palestinien dont la maison a été dynamitée par les forces d’occupation ? Des milliers de maisons ont été détruites arbitrairement depuis trente ans dans les territoires occupés, sans parler des villages effacés au lendemain de la guerre de 1967. Et que devrait faire un agriculteur dont les oliviers sont arrachés pour faire place à une colonie juive ? Certains de ces oliviers arrachés ont même été emportés à Jérusalem et replantés — quelle honte ! — sur le terrain qui porte le nom de Martin Luther King... Qui sait ? Peut-être que le kamikaze qui a tué ma fille pensait à sa jeune sœur dont la maison est vide et qui a faim à cause du blocus ? « Mon » gouvernement est responsable du désespoir qui l’a poussé à cet acte terrible, injustifiable. (...)
Ce sont nos actes qui engendrent le terrorisme. D’ailleurs, « Bibi » a la mentalité d’un terroriste.
Mon cœur saigne. Pour arrêter cet abominable cycle de provocations, de haine, de sang et de destructions, il faut mettre un terme à ce pouvoir dangereux et irresponsable qui joue avec notre vie, avec le sort de nos enfants, avec l’avenir de notre pays. Si l’on n’arrête pas cette folie, les flammes de la guerre consumeront tout.

— Dominique Vidal, L'expulsion des Palestiniens revisitée par des historiens israéliens (Dix ans de recherches sur la guerre de 1947-1949), Le Monde diplomatique, décembre 1997, pages 24 et 25. Dans sa 4e note au bas de la page, Vidal citait les livres les plus importants des nouveaux historiens révisionnistes israéliens de la seconde moitié des années 80 et du début des années 90, tout en ajoutant une remarque finale qui en dit long sur le voile éternel que jette l'approche occidentale des affres des Palestiniens :
« Simha Flapan, The Birth of Israel : Myth and Realities, Pantheon Books, New York, 1987 ; Tom Segev, 1949. The First Israelis, Free Press Macmillan, New York et Londres, 1986 ; Avi Schlaïm, Collusion Across the Jordan : King Abdallah, the Zionist Movement and the Partition of Palestine, Clarendon Press, Oxford, 1988 ; Ilan Pappé, Britain and the Arab-Israeli Conflict, 1948-1951, Macmillan, New York, 1988, et The Making of the Arab-Israeli Conflict, 1947-1951, I.B. Tauris, Londres, 1992 ; et Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949, Cambridge University Press, Cambridge, 1987, et 1948 and After : Israel and the Palestinians, Clarendon Press, Oxford, 1990. Aucun de ces livres n’a été traduit en français... »
C'était fin 1997.

— Edward Said, Jerusalem revisited, Al-Ahram Weekly (article inclus dans les pages spéciales commémorant les 50 ans de la Nakba), 22.01.1998. Edward Said rentre chez lui 45 ans après la Nakba et découvre que la maison de sa famille à Jérusalem est occupée par un groupe fondamentaliste chrétien d'extrême droite ardemment pro-sioniste et dirigé par un Boer sud-africain par-dessus le marché ! Décennie après décennie, le déni des équations les plus évidentes, les plus vérifiées, continue d’être la marque à l'unisson de nos génocidaires ploutocraties libres et plurielles, où l'aberration fait office de sagesse. Extrait :
(...) It took almost two hours to find the house, ad it is a tribute to my cousin's memory that only by sticking very literally to his map did we finally locate it. Earlier I was detained for half an hour by the oddly familiar contours of Mr. Shamir's unmistakably Arab villa, but abandoned that line of inquiry for the greater certainty of a home on Nahum Sokolow Street, 150 yards away. For there the house was, I suddenly knew, with its still impressive bulk commanding the sandy little square, now an elegant, very manicured park.
My daughter later told me that, using her camera with manic excitement, I reeled off twenty-six photos of the place which, irony of ironies, bore the name plate "International Christian Embassy" at the gate. To have found my family's house now occupied not by an Israeli Jewish family, but by a right-wing Christian fundamentalist and militantly pro-Zionist group (run by a South African Boer, no less, and with a record of unsavory involvement with the Contras to boot), this was an abrupt blow for a child of Palestinian Christian parents.
Anger and melancholy took me over, so that when an American woman came out of the house holding an armful of laundry and asked if she could help, all I could blurt out was an instinctive, "no thanks." (...)

Nelson Mandela, Discours devant le Conseil législatif palestinien à Gaza, 20.10.1999. Lors d’une visite à Gaza, invité par Yasser Arafat, Nelson Mandela (président alors de l’Afrique du Sud) prononça un discours devant le Conseil législatif palestinien pour demander à Israël son retrait des territoires occupés. Dans son adresse aux Palestiniens, il affirma aussi : « Préférez la paix à l’affrontement, sauf dans les cas où c’est impossible, où ne nous ne pouvons pas continuer, où nous ne pouvons plus avancer. Alors, si la seule alternative est la violence, nous utiliserons la violence. » ("Choose peace rather than confrontation, except in cases where we cannot get, where we cannot proceed, where we cannot move forward. Then, if the only alternative is violence, we will use violence.") « Nous ne savons que trop bien que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens”, avait déclaré Mandela en 1997 à l’occasion du 20e anniversaire de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, qui a lieu le 29 novembre.

— Sommet de Camp David II (Yasser Arafat, Ehoud Barak, Bill Clinton), 11-25.07.2000. Shlomo Ben Ami (ancien ministre israélien des Affaires étrangères), “If I were a Palestinian, I Would Have Rejected Camp David” [« Si j’étais palestinien, j’aurais rejeté Camp David »], Democracy Now!, Entretien avec Norman Finkelstein, 14.02.2006. Ben Ami était l’un des principaux membres de l’équipe de négociation israélienne à Camp David II. Dans cet entretien, il évoque également les pourparlers de paix qui ont suivi à Taba en janvier 2001. [Cf., dans cette anthologie, Première Intifada, appelée « Guerre des pierres », 9.12.1987 – 13.09.1993, Finkelstein, 2018.]

— Le Premier ministre israélien Bibi N*tanyahou se lâche en famille [en fait, Bibi Mileikowsky : il est le fils de Benzion Mileikowsky, polonais de Varsovie d'extrême droite] et est enregistré en vidéo, en 2001 —enregistrement probablement calculé, on connaît la bête. Divulguée postérieurement, via TRT World, par exemple, cette vidéo montre ce barbare génocidaire expliquant qu'Israël doit frapper intentionnellement les Palestiniens de façon répétée et « douloureuse », « si fort qu’ils trouvent que le prix à payer est insoutenable ». Il explique également comment il a trompé les États-Unis afin de casser les accords d'Oslo et comment les Étasuniens soutiendront toujours Israël, quoi qu’il arrive, car « on peut facilement les manipuler ».

— Baruch Kimmerling, A matter of conscience: Israeli democracy's decline, The New York Times, 3.04.2002 (Malheureusement, cher et courageux Baruch Kimmerling, ce n'était pas un problème de déclin, c'était une pourriture idéologique de base, une infamie d'épuration ethnique ab ovo)

— Juan Goytisolo, Memoricidio en Ramala, El País, 14.04.2002. 
"(...) El pasado 25 de marzo, los delegados del Parlamento Internacional de Escritores [Wole Soyinka, José Saramago, Russell Banks, Breyten Breytenbach, Bei Dao, Juan Goytisolo, Vincenzo Consolo et Christian Salmon] acudimos a una bella mansión centenaria en la que nos aguardaban Mahmud Darwish y una treintena de intelectuales palestinos que conversaron largamente con nosotros antes de la visita a la Universidad de Bir Zeit. El Centro Cultural Jalil Sakakini abrigaba una magnífica biblioteca y era la sede de la revista Al Karmel, dirigida por el poeta. Dicha revista es, sin lugar a dudas, la más prestigiosa y abierta del menesteroso mundo cultural árabe. Editada primero en Líbano y luego en Chipre después del asedio a Beirut, se trasladó a Ramala tras la firma de los Acuerdos de Oslo. / Ayer, el Ejército israelí, en una de sus llamadas 'operaciones antiterroristas', dinamitó varias habitaciones del edificio, destruyó los archivos de la revista Al Karmel y saqueó la vivienda del propio Darwish. / La perversión del lenguaje ha llegado a extremos inconcebibles. ¿Quién es el terrorista? ¿El castigado mundo cultural palestino o el Ejército que lo ataca? La quema de libros de Sarajevo -y de otros episodios históricos de aún más siniestro recuerdo- se repite en Ramala a ojos del mundo entero sin que nadie logre detener la máquina de muerte de Sharon [Ariel Sharon, de son vrai nom Scheinerman : ses parents, des migrants russes, se sont rencontrés à Tbilissi], para quien la sangrienta Operación Muro Defensivo culmina su brillante carrera de miles gloriosus, desde Sabra y Chatila a Yenín. / ¿Podemos soportar aún con los brazos cruzados cuanto acaece en las ruinas de Palestina?". Cf. information de Ferrán Sales, El País, 14.04.2002.

— Edward Said, Punishment by Detail, Al Ahram Weekly, Le Caire, 8-14.08.2002. Article trouvable sur le site de Monthly Review, An Independent Socialist Magazine. À lire dans son intégralité. Il contient ce fragment éloquent en particulier :
(...) But to return to Israeli practices and the mind-set that has gripped the country with such obduracy during the past few years, think of Sharon’s plan. It entails nothing less than the obliteration of an entire people by slow, systematic methods of suffocation, outright murder, and the stifling of everyday life. There is a remarkable story by Kafka, In the Penal Colony, about a crazed official who shows off a fantastically detailed torture machine whose purpose is to write all over the body of the victim, using a complex apparatus of needles to inscribe the captive’s body with minute letters that ultimately causes the prisoner to bleed to death. This is what Sharon and his brigades of willing executioners are doing to the Palestinians, with only the most limited and most symbolic of opposition. Every Palestinian has become a prisoner. Gaza is surrounded by an electrified wire fence on three sides; imprisoned like animals, Gazans are unable to move, unable to work, unable to sell their vegetables or fruit, unable to go to school. They are exposed from the air to Israeli planes and helicopters and are gunned down like turkeys on the ground by tanks and machine guns. Impoverished and starved, Gaza is a human nightmare, each of whose little pieces of episodes—like what takes place at Erez, or near the settlements—involves thousands of soldiers in the humiliation, punishment, and intolerable enfeeblement of each Palestinian, without regard for age, gender, or illness. Medical supplies are held up at the border, ambulances are fired upon or detained. Hundreds of houses demolished, and hundreds of thousands of trees and agricultural land destroyed in acts of systematic collective punishment against civilians, most of whom are already refugees from Israel’s destruction of their society in 1948. Hope has been eliminated from the Palestinian vocabulary so that only raw defiance remains, and still Sharon and his sadistic minions prattle on about eliminating terrorism by an ever-encroaching occupation that has continued now for thirty-five years. That the campaign itself is, like all colonial brutality, futile, or that it has the effect of making Palestinians more, rather than less, defiant simply does not enter Sharon’s closed mind. (...)
VERSION FRANÇAISE :
Mais pour revenir aux pratiques israéliennes et à l’état d’esprit qui a saisi le pays avec tant d’obstination ces dernières années, songez au plan de Sharon. Il ne s’agit rien de moins que d’anéantir un peuple entier par des méthodes lentes et systématiques d’asphyxie, de meurtre pur et simple et d’étouffement de la vie quotidienne. Kafka a écrit une histoire remarquable, La colonie pénitentiaire, à propos d’un fonctionnaire fou qui exhibe une machine de torture aux détails fantastiques dont le but est d’écrire sur tout le corps de la victime, en utilisant un appareil complexe d’aiguilles pour inscrire des lettres minuscules sur le corps du prisonnier, ce qui finit par provoquer une hémorragie mortelle. C’est ce que Sharon et ses brigades de bourreaux volontaires font aux Palestiniens, avec seulement une opposition très limitée et très symbolique. Chaque Palestinien est devenu prisonnier. Gaza est entourée sur trois côtés d’une clôture en fil de fer électrifié ; parqués comme des bêtes, les Gazaouis ne peuvent plus se déplacer, travailler, vendre leurs fruits et légumes, aller à l’école. Ils sont exposés aux frappes aériennes des avions et hélicoptères israéliens et abattus au sol comme des dindes par des chars et des mitrailleuses. Appauvri et affamé, Gaza est un cauchemar humain où chaque petit incident – comme ce qui se passe à Eretz ou près des colonies – se solde par la participation de milliers de soldats dans l’humiliation, la punition et l’affaiblissement intolérable de chaque Palestinien, sans égards à l’âge, le sexe ou la maladie. Les fournitures médicales sont bloquées à la frontière, les ambulances sont la cible de tirs ou retenues, des centaines de maisons sont démolies et des centaines de milliers d’arbres et de terres agricoles détruits dans des actes systématiques de punition collective contre des civils, dont la plupart sont déjà des réfugiés de la destruction de leur société par Israël en 1948. L’espoir a été éliminé du vocabulaire palestinien, de sorte que seul le défi brut demeure, et Sharon et ses sbires sadiques continuent à bavarder sur l’élimination du terrorisme par une occupation toujours plus envahissante qui dure maintenant depuis trente-cinq ans. Que la campagne elle-même soit, comme toute brutalité coloniale, futile, ou qu’elle ait pour effet de rendre les Palestiniens plus, plutôt que moins, réfractaires, n’entre tout simplement pas dans l’esprit buté de Sharon.

— John Pilger et Tony Stark, Palestine Is Still The Issue, film documentaire, Carlton International Media, Ltd., 2002. 53'

— Naissance de Zochrot en 2002. Zochrot est une ONG qui travaille depuis 2002 à exposer et à diffuser des informations historiques sur la Nakba palestinienne en hébreu, en vue de promouvoir une prise de conscience et une responsabilisation à cet égard parmi le public juif d'Israël et la mise en œuvre du droit au retour des réfugiés palestiniens. Ils expliquent que la Nakba (نكبة), mot arabe signifiant grande catastrophe, désigne un processus continu de privation du droit du peuple palestinien de ses terres et de ses biens. Ce processus avait commencé bien avant 1948, avec l’ambition sioniste de convertir autant de terres que possible à l’usage exclusif des Juifs. La guerre de 1948 en fut la culmination : outre les atrocités de la guerre, les massacres, les viols et les pillages, la Nakba, c'est aussi la destruction de plus de 600 villages, transformant en réfugiés plus de 750 000 hommes et femmes, soit environ 85 pour cent des habitants palestiniens du pays, territoire où l'État d'Israël a été établi. Plutôt qu'un simple événement historique, la Nakba est un processus qui se poursuit encore aujourd'hui, d'une part par l'empêchement du retour des réfugiés en violation du droit international, et d'autre part par la poursuite des privations et de l'oppression du peuple palestinien de diverses manières, y compris leur fragmentation en unités distinctes ayant des statuts juridiques différents (réfugiés, sujets d'une occupation militaire en Cisjordanie, résidents de Jérusalem, résidents de villages non reconnus), confiscation systématique des terres et des biens, recours à la force militaire, détentions administratives, déplacements restrictions, discrimination dans la planification et le logement, et plus encore. Entre-temps, l'expulsion des Palestiniens n'a pas cessé avec la fin de la guerre de 1948, se poursuivant tout au long des années 1950, en passant par 1967 – où plus de 350 000 hommes et femmes ont été déplacés – jusqu'à nos jours (entre autres à Jérusalem-Est, dans le Néguev et dans les collines au sud de Hébron en Cisjordanie).

Lettres de Rachel Corrie, jeune étasunienne écrasée délibérément, à deux reprises, par un bulldozer D9 israélien, le 16.03.2003, alors qu'elle tentait pacifiquement d'empêcher la démolition de la maison d'un médecin palestinien dans le quartier de Hi Es Salam, à Rafah. Ses courriels éloquents sur la situation à Gaza à l'époque ont été publiés le 18.03.2003 en anglais par le quotidien The Guardian (ici et ) et réunis ensuite par If Americans Knew, dans une édition en ligne téléchargeable, en pdf, avec une introduction signée par la fondatrice de cette admirable organisation, Alison Weir, intitulée Israel, We Won't Forget Rachel. Cf. BBC, When Killing Is Easy, 14.01.2012. En français, Hélène Sallon, Le Monde, 28.08.2012. 
Simone Bitton, Rachel, film, Ciné-Sud Promotion, France 2009, 1h39. Bande-annonce. Sinopsis : Elle s’appelait Rachel Corrie. Elle avait 23 ans. Elle est arrivée en Palestine croyant que sa nationalité américaine suffirait à faire d’elle un bouclier humain efficace pour sauver des vies, des oliviers, des puits et des maisons. Mais Rachel est écrasée par un bulldozer le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza. Comme beaucoup de jeunes gens, elle tenait un journal de voyage sous forme de e-mails qu’elle envoyait à sa famille et à ses amis aux Etats-Unis...

— Alison Weir, Israel, We Won't Forget Rachel, CounterPunch, 3.04.2003.

If Americans Knew, Off the Charts - Accuracy in Reporting of Israel/Palestine, ABC World News Tonight, CBS Evening News, NBC Nightly News. Périodes d'étude : 29.09.2000-28.09.2001 et 1.01-31.12.2004. Un exemple : en 2004, « les décès d'enfants israéliens ont été couverts à des taux 9,0, 12,8 et 9,9 fois supérieurs aux décès d'enfants palestiniens par ABC, CBS et NBC, respectivement. Étant donné qu'en 2004, 22 fois plus d'enfants palestiniens ont été tués que d'enfants israéliens, cette catégorie revêt une importance particulière. Nous n'avons trouvé aucune base permettant de justifier cette inégalité de couverture. » À propos de l'organisation If American Knew, voici un extrait de leur déclaration de principes :
Israel is the largest recipient of US. aid in the entire world. It receives more aid than that given to all the countries of sub-Saharan Africa, Latin America and the Caribbean, put together.
Israel receives over $10 million dollars per day from the United States, and there is evidence that the total cost to American taxpayers is closer to $15 million a day. Yet this information is almost never printed in American newspapers. Coverage of the Middle East in general, and of Israel in particular, virtually never reports this enormous American connection with this region.
Empowered by American money, Israel is occupying land that does not belong to it, is breaking numerous international laws and conventions of which it is a signatory, and is promulgating policies of brutality that have been condemned by the United Nations, the European Union, the National Council of Churches, Amnesty International, the International Red Cross, and numerous other international bodies. This truth is also rarely reported.
Through the money and weaponry provided by the United States, Israel is imposing an ethnically discriminatory nation on land that was previously multicultural. There is ethnic and religious discrimination inherent in its national identity, and a doctrine of the supremacy of one group over all others permeates its political, financial, and military policies. This also is virtually never reported.
There are a variety of organizations and individuals in Israel who are protesting their government's policies, and who are working strenuously and courageously on behalf of human rights and justice. It is their intent to create a just and fair nation with equal rights for all its citizens. They are refusing to serve in the military occupation of the West Bank and Gaza, and are actively trying to prevent Palestinian homes from being bulldozed. These actions are also not covered in the American media.
American support of the Israeli government is against our national interest on every level: It places us at war with populations whose desperate plight we are helping to create, and who, quite correctly, place the responsibility for their sufferings on us. It makes us an accomplice to war crimes and an accessory to oppression. This also is not reported. (...)

— Opération «Arc-en-ciel dans les nuages», du 13 au 25.05.2004. Serge Dumont, L'opération «Arc en ciel dans les nuages» jette des milliers de Palestiniens sur les routes de Gaza [Une division de l'armée israélienne est entrée mardi dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour une durée «indéterminée». L'opération, qui vise à couper les lignes d'approvisionnement de la résistance palestinienne, entraîne des destructions qualifiées de «crimes de guerre»], Le Temps, 19.05.2004 à 2h10. Cf. Crimes de guerre à Gaza. Rafah, mai 2004. « La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et Médecins du Monde (MDM) ont mandaté deux missions d’enquête simultanées et coordonnées sur la situation des droits de l’Homme et du droit humanitaire à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, telle qu’elle a évolué depuis le début de l’opération « Arc-en-Ciel » menée par l’armée israélienne entre le 13 et le 25 mai 2004. Les rapports, distincts, viennent d’être publiés : FIDH, Crimes de guerre à Rafah : les violations du droit international humanitaire et des droits de l’Homme au cours de l’opération "Arc-en-ciel (13-25 mai 2004), 12.10.2004 [Rapport complet en PDF], et Médecins du Monde, Opération Arc-en-ciel : Impact sur la santé de la population de Rafah. [Synthèse] »

— Simone Bitton, Le Mur, film, Ciné-Sud Promotion, France 2004, 1h35. Bande-annonce. Synopsis : MUR est une méditation cinématographique, sur le conflit israélo-palestinien, d’une réalisatrice qui brouille les pistes de la haine en affirmant sa double culture juive et arabe. Dans une approche originale, le film longe le tracé de séparation qui éventre l’un des paysages les plus chargés d’histoire du monde, emprisonnant les uns et enfermant les autres.
Simone Bitton : « (…) Ce mur que j’ai filmé fait partie de moi-même comme il fait partie de l’horizon mental et humain de mes personnages. Il est, en quelque sorte, le constat de notre échec. MUR est un film politique car tout est politique, mais il ne parle pas de politique. Il parle de moi, de nous. Au-delà de la tragédie moyen-orientale, j’ai réalisé ce film en pensant chaque jour à ce qui se passe ailleurs sur la planète entre les riches et les pauvres, entre les faibles et les puissants, entre les “démocrates” et les “autres”, entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien. Partout les faibles veulent franchir les murs qu’on érige devant eux, et partout les forts ont peur de se retrouver à la place des faibles, comme si le bonheur des uns exigeait forcément le malheur des autres. Parfois, le fort a tellement peur du faible qu’il fait tout pour que sa peur soit fondée, il s’arrange pour que le faible devienne une vraie menace. La paix viendra. Elle finit toujours par venir. Mais pour le moment, l’époque du mur ne fait que commencer et je crains qu’elle ne soit terrible. »

— Human Rights Watch (HRW), Israel: 'Disengagement' Will Not End Gaza Occupation, 28.10.2004. Extrait:
Israeli Government Still Holds Responsibility for Welfare of Civilians.
The Israeli government’s plan to remove troops and Jewish settlements from the Gaza Strip would not end Israel’s occupation of the territory. As an occupying power, Israel will retain responsibility for the welfare of Gaza’s civilian population.
Under the “disengagement” plan endorsed Tuesday by the Knesset, Israeli forces will keep control over Gaza’s borders, coastline and airspace, and will reserve the right to launch incursions at will. Israel will continue to wield overwhelming power over the territory’s economy and its access to trade.
“The removal of settlers and most military forces will not end Israel’s control over Gaza,” said Sarah Leah Whitson, Executive Director of Human Rights Watch’s Middle East and North Africa Division. “Israel plans to reconfigure its occupation of the territory, but it will remain an occupying power with responsibility for the welfare of the civilian population.” (...)

— Chris McGreal, Worlds Apart et Brother in Arms - Israel's Secret Pact with Pretoria, reportage spécial publié en deux jours, The Guardian, 6 et 7.02.2006 respectivement. Voir plus loin Chris McGreal (23 et 24.05.2010). 
Cf. aussi Sasha Polakow-Suransky, via Alex Kane, The Unspoken Alliance: Israel's Secret Relationship with Apartheid South Africa, Mondoweiss, 6.12.2013. Note de l’éditeur : les éloges funèbres des dirigeants israéliens en réponse à la mort de Nelson Mandela affluent. Ce qui n’est pas dit dans leurs souvenirs, c’est qu’Israël entretenait une relation étroite avec le régime de l’apartheid sud-africain. Voici un extrait du livre révolutionnaire de Sasha Polakow-Suransky qui scrute en profondeur cette alliance. Intitulé « L’Alliance tacite : la relation secrète d’Israël avec l’Afrique du Sud de l’apartheid », il a été publié en 2010. Candide : Même si je ne cautionne aucunement les analyses de l'auteur au sujet du Sionisme et de ses dirigeants, cet ouvrage fournit bien des détails sur l'alliance secrète Israël-Afrique du Sud de l'apartheid qui peuvent intéresser en la matière.

— Gideon Levy, A Black Flag, Ha'aretz, 2.07.2006 (via Asa Winstanley). "(...) The “summer rains” we are showering on Gaza are not only pointless but are first and foremost blatantly illegitimate. It is not legitimate to cut off 750,000 people from electricity. It is not legitimate to call on 20,000 people to run from their homes and turn their towns into ghost towns. It is not legitimate to penetrate Syria’s airspace. It is not legitimate to kidnap half a government and a quarter of a parliament. / A state that takes such steps is no longer distinguishable from a terror organization. The harsher the steps, the more monstrous and stupid they become, the more the moral underpinnings for them are removed and the stronger the impression that the Israeli government has lost its nerve. (...) We are bombing and shelling, darkening and destroying, imposing a siege and kidnapping like the worst of terrorists and nobody breaks the silence to ask, what the hell for, and according to what right?" Version tronquée en français : « UN DRAPEAU NOIR » PAR GIDEON LEVY, EuroPalestine, 3.07.2006.

— Amnon Kapeliouk, « Tsahal », défense et illustration de l'armée israélienne, Cinémas engagés, Manière de Voir nº 88, Le Monde diplomatique, août-septembre 2006. Critique très pointue du film « Tsahal », réalisé par Claude Lanzmann.

— Ilan Pappé, Genocide in Gaza, The Electronic Intifada, 2.09.2006. Dernier paragraphe traduit en français:
« Rien d’autre que la pression sous forme de sanctions, de boycott et de désinvestissement ne pourra arrêter le massacre de civils innocents dans la bande de Gaza. Nous, en Israël, ne pouvons rien y faire. Des pilotes courageux refusent de participer aux opérations, deux journalistes sur 150 ne cessent d’écrire sur le sujet, mais c’est tout. Au nom de la mémoire de l’Holocauste, espérons que le monde ne permettra pas que le génocide à Gaza se poursuive. »

— Farid Esack, "It's much worse": Anti-Apartheid Activist Farid Esack Speaks on Palestine and South Africa, Audio, The Electronic Intifada, 9.09.2006. En quoi la situation actuelle en Israël/Palestine est-elle similaire à celle de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ? En quoi est-ce différent ? Le sionisme est-il une forme de racisme ? Que pouvons-nous apprendre de l’expérience sud-africaine pour renforcer et responsabiliser le mouvement pour la justice et la paix en Palestine et en Israël ? Farid Esack, éminent théologien musulman sud-africain et militant anti-apartheid, a abordé ces questions dans une conférence opportune, engageante et émouvante à la bibliothèque publique d'Oak Park, dans l'Illinois, le 6 septembre 2006, un événement organisé et parrainé par le Comité pour une paix juste en Israël et la Palestine.

— Alison Weir, USA Today and the USS Liberty, CounterPunch, 23.06.2007. À lire en détail pour bien comprendre à quel point il n'y a aucun rapport entre les menées des faiseurs dirigeant la République étasunienne et les intérêts de ses simples citoyens. Et pour comprendre le statut très spécial d'Israël vis-à-vis du pouvoir impérial. Pour lire la très intéressante totalité des articles d'Alison Weir sur CounterPunch, cliquez ci-contre.

— Rafael Sánchez Ferlosio, Sobre el rearme, El País, 16.08.2007.

— Maryse Gargour, La terre parle arabe, film documentaire, Palestine-Grèce, 2007. Présenté, entre autres, dans les compétitions officielles de la 13ème édition du Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranéen de Turin, du 14 au 20 juin 2008, et des Journées Cinématographiques de Carthage, du 25 octobre au 1er novembre 2008. Synopsis : «La Terre parle arabe» est un film sur le sionisme. La réalisatrice —née à Jaffa, en Palestine— met en relief le concept de « transfert » des Palestiniens, une théorie dont elle dresse les contours et qu’elle fait remonter aux débuts du mouvement sioniste dans l’esprit de ses dirigeants. A base de citations des agitateurs sionistes, d’entretiens et d’archives audiovisuelles alors inédites, de presse de l’époque, de documents diplomatiques occidentaux croisés avec des témoignages de personnes ayant vécu directement la période analysée, elle décrit les moyens mobilisés au service de cet objectif de nettoyage ethnique. Le fil conducteur historique est donné par l’historien Nur Masalha. Petit rappel : Pierre Stambul écrit, dans Le sionisme en questions (Acratie, novembre 2014) : « L'idée du "transfert" de la population arabe au-delà du Jourdain était hégémonique parmi les dirigeants sionistes » [à l' époque du terrorisme juif dans la Palestine mandataire].


— Dominique Vidal, 1948 : la Palestine des archives aux cartes, 18.02.2008. Ce billet d'un blog du Monde diplo fut transféré sur le nouveau site de Visions cartographiques le 27 janvier 2017. Auteur, avec Sébastien Boussois, de « Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949) », publié aux Editions de l’Atelier et qui propose une synthèse de vingt ans de travaux des « nouveaux historiens israéliens », Dominique Vidal fait ici le lien entre les révélations de ces chercheurs et leur traduction cartographique. Extrait du texte :
– Contrairement à la légende dépeignant un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » établissent la supériorité croissante des forces juives (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...). Israël domine aussi stratégiquement, bénéficiant du soutien politique, diplomatique et militaire des Etats-Unis comme de l’Union soviétique. À quoi s’ajoute l’accord passé le 17 novembre 1947 par Golda Meïr avec le roi Abdallah de Transjordanie : la Légion de ce dernier, seule armée arabe digne ce nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe ;
– Contrairement à la vision d’un État juif recherchant, après la guerre, la paix avec ses voisins, les « nouveaux historiens » montrent qu’Israël accepte, dans un premier temps, un protocole reprenant le droit onusien - plan de partage et droit au retour des réfugiés – afin de devenir membre de l’ONU. Mais ses dirigeants saboteront ensuite systématiquement la conférence de Lausanne, comme Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étrangères, le reconnaîtra : « Mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies ».
– Contrairement à la thèse expliquant le départ des Palestiniens par un appel de leurs dirigeants, les « nouveaux historiens » prouvent que, dans l’immense majorité des cas, il s’est agi d’une expulsion. Ni les archives ni les programmes des radios arabes – enregistrés par la BBC – ne recèlent d’appel national à la fuite. En revanche, les services de renseignement de la Hagana, l’armée clandestine juive, évaluent à près de 400 000 les départs survenus dans la première phase de l’exode (novembre 1947-juin 1948), qu’ils attribuent aux quatre cinquièmes à l’action des armées et milices juives. Et, dans la seconde phase, à partir de juillet 1948, le processus d’expulsion ne fait plus le moindre doute. Un symbole : le transfert forcé, à la mi-juillet 1948, de 70 000 Palestiniens de Lydda et de Ramla - près d’un dixième de l’exode total ! - à la demande de David Ben Gourion par Igal Alon et... Itzhak Rabin...

— Ali Abunimah, Israeli minister [Matan Vilnai] threatens "holocaust" as public demand ceasefire talks (Le ministre israélien Matan Vilnai menace les Gazaouis d’« holocauste » alors que le public exige des pourparlers de cessez-le-feu), The Electronic Intifada, 29.02.2008.

— Glenn Greenwald, Israel imposes a 10-year ban on American critic of Israeli policies. The denial of entrance to Norman Finkelstein is part of a broader trend of suppressing free debate when it comes to Israel. Salom.com, 27.05.2008. Israël impose une interdiction de 10 ans à un critique étasunien de la politique israélienne. Le refus d’entrée à Norman Finkelstein fait partie d’une tendance plus large visant à supprimer le libre débat lorsqu’il s’agit d’Israël. Vendredi [23.05.2008], les forces de sécurité israéliennes, le Shin Bet, ont arrêté Norman Finkelstein alors qu’il tentait d’entrer en Israël, l’ont gardé dans une cellule de détention à l’aéroport pendant 24 heures, ont ordonné son expulsion du pays, puis lui ont imposé une interdiction d’entrée de 10 ans. Finkelstein, fils d'un survivant de l'Holocauste, est un auteur et universitaire juif étasunien qui a fréquemment critiqué le gouvernement israélien et provoqué une extrême animosité parmi les factions de droite aux États-Unis. Il s'était rendu en Israël 15 fois auparavant sans incident et n'avait jamais été inculpé, et encore moins reconnu coupable, d'aucun crime. Haaretz, le 24.05.2008. The Guardian, 26.05.2008.

— Donald Macintyre, 'This is like apartheid': ANC veterans visit West Bank, Hebron, The Independent, 11.07.2008. « Des vétérans de la lutte anti-apartheid ont déclaré hier soir que les restrictions subies par les Palestiniens dans les territoires occupés par Israël étaient, à certains égards, pires que celles imposées à la majorité noire sous la domination blanche en Afrique du Sud. Les membres d'une équipe de défense des droits de l'homme composée de 23 personnalités sud-africaines éminentes ont évoqué l'impact de la barrière de séparation militaire israélienne, des points de contrôle, du système de permis de voyager pour les Palestiniens et de l'ampleur avec laquelle les Palestiniens n'ont pas le droit d'utiliser les routes de Cisjordanie. Après une visite de cinq jours en Israël et dans les territoires occupés, certains délégués ont exprimé leur choc et leur consternation face aux conditions qui règnent dans le cœur d'Hébron sous contrôle israélien. Fait unique parmi les villes de Cisjordanie, 800 colons y vivent désormais et la ségrégation a entraîné la fermeture de près de 3 000 entreprises et logements palestiniens. Les voitures palestiniennes (et dans certaines sections, les piétons) n'ont pas le droit d'emprunter les rues autrefois très fréquentées. » Bien entendu, c'était ainsi en 2008 : tout est beaucoup pire aujourd'hui... pour les Palestiniens qui ont réussi à survivre. La veille, le 10.07.2008, Gideon Levy écrivait dans Haaretz (Twilight Zone 'Worse Than Apartheid') : « Je pensais qu'ils se sentiraient comme chez eux dans les ruelles du camp de réfugiés de Balata, à la Casbah et au checkpoint de Hawara. Mais ils ont dit qu’il n’y avait pas de comparaison possible : pour eux, le régime d’occupation israélien est pire que tout ce qu’ils ont connu sous l’apartheid. Cette semaine, 21 militants des droits humains d’Afrique du Sud se sont rendus en Israël. Parmi eux se trouvaient des membres du Congrès national africain de Nelson Mandela ; au moins un d’entre eux avait pris part à la lutte armée et au moins deux avaient été emprisonnés. Il y avait deux juges de la Cour suprême sud-africaine, un ancien vice-ministre, des députés, des avocats, des écrivains et des journalistes. Des Noirs et des Blancs, dont environ la moitié sont des Juifs aujourd'hui en conflit avec les attitudes de la communauté juive conservatrice de leur pays. Certains d’entre eux étaient déjà venus ici ; pour d'autres, c'était leur première visite. »

— Gabi Siboni, Disproportionate Force: Israel's Concept of Response in Light of the Second Lebanon War, INSS (The Institute for National Security Studies, Tel Aviv University), Insight Nº 74, 2.10.2008. Gadi Eisenkot [alors Chef d'État Major de la division Nord de Tsahal], formulation publique de la doctrine "Dahiya" [(du nom de ce quartier de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du groupe résistant Hezbollah, rasé par les bombardements sionistes en 2006)], dans Israel Warns Hezbollah War Would Invite Destruction, Reuters / YnetNews.com, 3.10.2008. Extrait de l'article :
"What happened in the Dahiya quarter of Beirut in 2006 will happen in every village from which Israel is fired on," said Gadi Eisenkot, head of the army's northern division.
Dahiya was a Hezbollah stronghold that Israel flattened in sustained air raids during a 34-day war with the Shiite group two years ago.
"We will apply disproportionate force on it (village) and cause great damage and destruction there. From our standpoint, these are not civilian villages, they are military bases," Eisenkot told the Yedioth Ahronoth newspaper.
"This is not a recommendation. This is a plan. And it has been approved," Eisenkot added.
Ce qui est arrivé au quartier Dahiya de Beyrouth en 2006 arrivera à tous les villages qui servent de base à des tirs contre Israël. […] Nous ferons un usage de la force disproportionné sur ces lieux et y causerons de grands dommages et destructions. […] Il ne s’agit pas d’une recommandation, mais d’un plan qui a été approuvé. »]
Cf. Amos Harel, ANALYSIS IDF Plans to Use Disproportionate Force in Next War, Haaretz, 5.10.2008 et l'épouvantable article de Yaron London, The Dahiya Strategy, Ynetnews.com, 6.10.2008. Après le 7 octobre 2023, Eisenkot a été nommé dans le conseil de guerre israélien (War Cabinet) et dès lors, Tsahal applique à la lettre la doctrine Dahiya pour terroriser et massacrer un maximum de Palestiniens. [Il présenterait sa démission le 9.06.2024 : « Comme Gantz, Eisenkot a des mots durs pour la façon dont le conseil de guerre s'est conduit pendant la guerre dans une lettre de démission adressée au Premier ministre Benjamin Net*nyahu. ». Neuf jours plus tard, Net*anyahu dissoudrait ce cabinet de guerre.]

— Opération Plomb Durci (‘Cast Lead’), 27.12.2008-18.01.2009. Cf. HRW, rapport de juillet 2009. Intro :
During the recent fighting in Gaza from December 27, 2008, to January 18, 2009, the Israel Defense Forces (IDF) killed dozens of Palestinian civilians with one of the most precise weapons in its arsenal: missiles launched from an unmanned combat aerial vehicle (UCAV)—the latter more commonly known as a drone. Alongside weapons that affect large areas, such as high explosive artillery and artillery-fired white phosphorous, Israeli forces in Gaza used drones in precisely targeted attacks that killed and wounded civilians.

En français : Lors des récents combats à Gaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, les forces de défense israéliennes (FDI) ont tué des dizaines de civils palestiniens avec l’une des armes les plus précises de leur arsenal : des missiles lancés depuis un véhicule aérien de combat sans pilote (UCAV) – ce dernier étant plus communément appelé drone. En plus d’armes qui frappent de vastes zones, comme l’artillerie à haut explosif et l’artillerie au phosphore blanc, les forces israéliennes à Gaza ont utilisé des drones dans des attaques ciblées avec précision qui ont tué et blessé des civils.
Cf. CJPMO, Fiche-info 67, publiée en janvier 2010 (PDF). Cette fiche d’information, qui contient une vingtaine de sources d’information hautement fiables, porte sur l’utilisation de nouvelles armes illégales par les Israéliens lors de l’opération Plomb Durci sur la bande de Gaza. Des armes comme du phosphore blanc, des drones, des fléchettes, des bombes au tungstène ainsi que d’autres armes.

— George E. Bisharat, Israel's Invasion of Gaza in International Law, Denver Journal of International Law & Policy, Volume 38, Number 1 Winter, Article 2, pdf, janvier 2009.

— Ilan Pappé, Israel's Message, London Review of Books, 1.01.2009. Traduction en français des deux premiers et des deux derniers paragraphes de cet article :
En 2004, l’armée israélienne a commencé à construire une fausse ville arabe dans le désert du Néguev. C’est la taille d’une vraie ville, avec des rues (toutes avec des noms), des mosquées, des bâtiments publics et des voitures. Construite pour un coût de 45 millions de dollars, cette ville fantôme est devenue une Gaza factice à l'hiver 2006, après que le Hezbollah a eu combattu Israël sur un score nul au nord, afin que Tsahal puisse se préparer à mener une « meilleure guerre » contre le Hamas au sud. Lorsque le chef d’état-major israélien Dan Halutz s’est rendu sur place après la guerre du Liban, il a déclaré à la presse que les soldats « se préparaient au scénario qui se déroulerait dans le quartier dense de la ville de Gaza ». Une semaine après le début du bombardement de Gaza, Ehud Barak assistait à une répétition de la guerre terrestre. Des équipes de télévision étrangères l’ont filmé alors qu’il regardait les troupes terrestres conquérir la ville factice, prendre d’assaut les maisons vides et tuer sans aucun doute les « terroristes » qui s’y cachaient.
(…)
La résistance en Palestine a toujours été basée dans les villages et les villes ; où pourrait-elle autrement surgir ? C’est pourquoi les villes et villages palestiniens, factices ou réels, ont été décrits depuis la révolte arabe de 1936 comme des « bases ennemies » dans les plans et ordres militaires. Toute mesure de représailles ou toute action punitive ciblera forcément les civils, parmi lesquels il peut y avoir une poignée de personnes impliquées dans la résistance active contre Israël. Haïfa a été traitée comme une base ennemie en 1948, tout comme Jénine en 2002 ; aujourd'hui, Beit Hanoun, Rafah et Gaza sont considérées comme telles. Lorsque vous disposez de la puissance de feu et de l’absence d’inhibitions morales face au massacre de civils, vous obtenez la situation à laquelle nous assistons actuellement à Gaza.
Mais ce n’est pas seulement dans le discours militaire que les Palestiniens sont déshumanisés. Un processus similaire est à l’œuvre dans la société civile juive en Israël, et il explique le soutien massif apporté au carnage à Gaza. Les Palestiniens ont été tellement déshumanisés par les Juifs israéliens – qu’il s’agisse de politiciens, de soldats ou de citoyens ordinaires – que les tuer vient naturellement, tout comme les expulser en 1948 ou les emprisonner dans les territoires occupés. La réponse occidentale actuelle indique que ses dirigeants politiques ne parviennent pas à voir le lien direct entre la déshumanisation sioniste des Palestiniens et la politique barbare d’Israël à Gaza. Il existe un grave danger qu’à la fin de « l’Opération Plomb Durci », Gaza elle-même ressemble à la ville fantôme du Néguev.

— Amnesty International, Israël a utilisé du phosphore blanc dans des zones civiles de Gaza, 19.01.2009. AI explique que le phosphore blanc a un important effet incendiaire ; lorsqu'il entre en contact avec la peau, il brûle le muscle en profondeur jusqu'à l'os, et il continue de brûler les tissus tant qu'il est en présence d'oxygène. Ses effets sont donc simplement atroces. Le nombre d'enfants atteints, considérable.

— Yoav Shamir, Defamation, film documentaire, 5.02.2009 (Berlinale), en salles 20.11.2009 (États-Unis), 1h 31'. London Film Fest. Proposition de Là-bas« Bien que Juif israélien, je n’ai jamais subi l’antisémitisme, mais c’est un terme qui semble toujours très en vogue. Habitant dans un pays qui fût fondé pour donner aux Juifs un endroit sûr ou vivre, je trouvais ça très perturbant. J’ai décidé d’en savoir plus sur le sujet ». Au cours d’une enquête à la fois très instructive et pleine d’humour, Yoav Shamir cherche à démêler les mythes et réalités de l’antisémitisme. L'un des thèmes majeurs du film est la Ligue Anti-Diffamation. Defamation a remporté le prix du meilleur long métrage documentaire aux Asia Pacific Screen Awards 2009. Dans une interview pour le Jerusalem Post à propos des critiques sur le film, Shamir a déclaré : "À la fin de Defamation, Finkelstein et Foxman étaient en colère contre moi. J'avais l'impression d'avoir fait du bon travail." Note candide et philologique : si le terme antisémitisme (nous lui préférons judéophobie) veut dire quelque chose, on peut affirmer sans hésiter que le Sionisme et l'État d'Israël, car foncièrement arabophobes, sont antisémites. Mais cette simple possibilité n'est pas envisagée dans l'honnête film de Yoav Shamir.

— Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk, Gaza-strophe, Palestine, film documentaire, France, 2009, 1h35. Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk pénètrent dans Gaza le 20 Janvier 2009. Bande-annonce. Ils découvrent l’étendue de la « Gaza-Strophe » après les bombardements de l'armée israélienne... C'était il y a 15 ans déjà. À travers poèmes, chants et nokta (blagues ou histoires orales), les Gazaouis montraient une résistance morale exceptionnelle qui force l'admiration…. (Source : Les Mutins de Pangée).

— Human Rights Watch - Israel/Occupied Palestinian Territories, White Flag Deaths: Killings of Palestinian Civilians during Operation Cast Lead, août 2009. Cf. aussi HRW, Israel: Investigate ‘White Flag' Shootings of Gaza Civilians. Internal Israeli Military Investigations Inadequate :
(Jérusalem) - Au cours de la récente offensive israélienne contre Gaza, des soldats israéliens ont illégalement abattu 11 civils palestiniens, dont cinq femmes et quatre enfants, qui se trouvaient en groupes agitant des drapeaux blancs pour signaler leur statut civil, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. L'armée israélienne devrait mener des enquêtes approfondies et crédibles sur ces décès afin de s'attaquer à la culture d'impunité qui règne, a déclaré Human Rights Watch.
Le rapport de 63 pages, intitulé « Décès sous le drapeau blanc : meurtres de civils palestiniens pendant l'opération Plomb durci », s'appuie sur des enquêtes de terrain menées sur sept sites d'incidents à Gaza, notamment sur des preuves balistiques trouvées sur place, sur les dossiers médicaux des victimes et sur de longs entretiens avec de multiples témoins - au moins trois personnes séparément pour chaque incident.
Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont refusé les demandes répétées de Human Rights Watch d'organiser une réunion pour discuter de ces cas et n'ont pas répondu aux questions soumises par écrit.
« L’armée israélienne fait obstruction face aux preuves montrant que ses soldats ont tué des civils agitant des drapeaux blancs dans des zones qu’elle contrôlait et où il n’y avait pas de combattants palestiniens », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Ces cas doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et indépendantes. »
Les 11 civils tués et au moins huit blessés ne représentent qu’une petite fraction des plus de 1 100 civils et combattants palestiniens tués au cours de ce qu’Israël a appelé l’opération Plomb durci en décembre 2008 et janvier 2009. Cependant, ces décès sont remarquables car les civils se trouvaient en groupes agitant un tissu blanc, un t-shirt ou une écharpe, et aucun combattant palestinien ne se trouvait dans la zone à ce moment-là, a déclaré Human Rights Watch.

— Alberto Arce et Mohammad Rujailah (réalisateurs), To Shoot an Elephant, documentaire co-produit par Eguzki Bideoak en 2009, sorti en cinémas le 19.01.2010 et distribué sous licence Creative Commons. Il illustre la situation à Gaza pendant l'Opération Plomb Durci [Jonathan Cook à propos : Le premier jour de l’offensive sur Gaza, Yoav Galant, le commandant en charge, a expliqué succinctement l’objectif : il s’agissait de « renvoyer Gaza des décennies dans le passé ». Le vice-ministre de la Défense Matan Vilnai pensait peut-être dans des termes similaires lorsque, quelques mois avant l’Opération Plomb Durci, il avait averti qu’Israël se préparait à infliger à Gaza une « shoah », le mot hébreu désignant l’Holocauste.]. Le film fut présenté dans de nombreux festivals, dont le Festival dei Popoli di Firenze, 2009, où il remporta le I Premio alla miglior regia. Le titre du documentaire fait référence à l'essai To Shoot an Elephant (1936), de George Orwell, qui traite de l'impérialisme britannique. Amorce :
La bande de Gaza est sous occupation israélienne depuis quelques décennies. Depuis janvier 2006, l'état de siège a été imposé à un million et demi d'habitants, les laissant sans accès à la couverture de tous les besoins humains fondamentaux. Le 20 décembre 2008, la trêve de six mois déclarée entre le Hamas et Israël prit fin. Le gouvernement israélien a empêché la plupart des médias internationaux et des organisations de défense des Droits de l’Homme d'accéder à Gaza. Le Mouvement Free Gaza et Solidarité International établit un groupe d’observateurs des Droits de l’Homme sur le terrain. Ce film ne montre qu’une partie de ce qu’ils virent entre le 25 décembre 2008 et le 16 janvier 2009.
Lors de Plomb Durci, l'État génocidaire d'Israël massacra ou brûla terriblement des civils, des enfants, y compris au phosphore blanc. Les résultats effectifs de cette opération sioniste furent la destruction d'une grande partie des bâtiments gouvernementaux (bureau du Premier ministre, siège du ministère de l'Intérieur, commissariats...), le bombardement de l'Université islamique de Gaza, de mosquées, maisons privées, écoles, entrepôts alimentaires (y compris ceux gérés par l'ONU), hôpitaux,... Le bilan du carnage s'éleva à 1 400 Palestiniens tués (dont un tiers d'enfants) et plus de 5 000 blessés, par neuf soldats sionistes, dont quatre par des « tirs amis », plus un civil. « (...) Les délégués d'Amnesty International ont enquêté à Gaza sur plusieurs attaques et conclu que la destruction s’était la plupart du temps avérée gratuite, délibérée et non justifiée par une « nécessité militaire ». Les forces israéliennes ont à maintes reprises pris pour cibles des ambulances et des équipes médicales, tuant plusieurs professionnels de la santé alors qu’ils tentaient de porter secours à des blessés ou de récupérer des dépouilles. Des civils blessés qui auraient pu être sauvés sont morts simplement parce que les forces israéliennes ont fréquemment refusé de laisser passer des ambulances ou des équipes médicales tentant de secourir les blessés, de récupérer les corps et de porter assistance à ceux qui en avaient besoin. Tout au long de l’opération « Plomb durci », les frontières de Gaza sont restées fermées, empêchant les civils de fuir, alors qu’ils ne se trouvaient nulle part en sécurité à Gaza. » Remarquez que c'est un schéma qui se répète à chaque fois qu'Israël organise un massacre à Gaza. Libération expliquait l'année suivante, le 1er juin 2010, sous le titre Gaza, l'interminable châtiment : « Après avoir dévasté l’enclave palestinienne avec l’opération Plomb durci, Israël empêche sa reconstruction. » Un sadisme inhumain.

— Jonathan Cook, Israel's Notorious Hannibal ProcedureThe Palestine Chronicle, Nazareth, 10.12.2009. « Uri Avnery, a former Israeli legislator and leader of Gush Shalom, a small radical peace group, defined the procedure as meaning: "Liberate the soldier by killing him". »

Intervista ad Alberto Arce, réalisateur du documentaire To Shoot an Elephant (2009), Piombo fuso di Alesia Arcurio, Giulia Verrini e Margherita Violi, Fuori TV, 9.03.2010.
Vidéoentretien avec Alberto Arce sur Gaza et Palestine-Israël, Sicom TV, 9.03.2011.



— Hajo Meyer, An Ethical Tradition Betrayed, Blog Huffpost, 29.03.2010. Titre et chapeau du billet en français : Une tradition éthique trahie. Je suis peiné par les parallèles que j’observe entre mes expériences en Allemagne avant 1939 et celles vécues par les Palestiniens aujourd’hui. Je ne peux m’empêcher d’entendre des échos du mythe nazi du « sang et de la terre » dans la rhétorique du fondamentalisme des colons.

— Chris McGreal, Israel and apartheid: a marriage of convenience and military might. Secret documents revealing offer to sell nuclear warheads to South Africa cast fresh light on alliance, The Guardian, 23.05.2010.

— Chris McGreal, Revealed: how Israel offered to sell South Africa nuclear weapons. Exclusive: Secret apartheid-era papers give first official evidence of Israeli nuclear weaponsThe Guardian, Washington, 24.05.2010. Audrey Fournier en français pour Le Monde. Je me rappelle toujours la saillie d'Hervé Le Tellier sur son Papier de verre du lendemain pour les abonnés du quotidien parisien : « En 1975, Israël a offert de vendre des têtes nucléaires à l'Afrique du Sud raciste, prouve le Guardian. Mensonge. C'était un échange équilibré de savoir-faire, l'Afrique du Sud a offert l'apartheid. »

— Michel Warschawski, "One, two, three, four / Occupation no more, / Five, six, seven, eight / Israel is an apartheid State !", UJFP, 31.07.2011. Je dispose de ce texte dans mes archives. Des années plus tard, quand j'ai voulu le retrouver sur le site d'UJFP ou sur Internet, je ne l'ai déniché qu'ici.

— Nurit Peled-Elhanan : La Palestine dans les manuels scolaires israéliens, 23.11.2011.

Palestine in Israeli School Books: Nurit Peled-Elhanan

Alternate Focus interviews Nurit Peled-Elhanan, author of the forthcoming book Palestine in Israeli School Books: Ideology and Propaganda in Education. Nurit Peled-Elhanan argues that the textbooks used in the school system are laced with a pro-Israel ideology, and that they play a part in priming Israeli children for military service. She analyzes the presentation of images, maps, layouts and use of language in History, Geography and Civic Studies textbooks, and reveals how the books might be seen to marginalize Palestinians, legitimize Israeli military action and reinforce Jewish-Israeli territorial identity.
[Mise à jour du 28.11.2023. Rien ne peut l'en faire démordre. J'admire absolument sa sensibilité et son courage ; sa vision serait la graine d'une vraie vie pour tous en Palestine : lisez cet entretien (en castillan) avec Olga Rodríguez. Lucide et émouvant.]

— UNRWA, Gaza in 2020: A liveable place?, rapport (pdf), New York, août 2012.

— Jonathan Cook, Israel's Starvation Diet for Gaza (Le régime de famine qu'Israël réserve à Gaza), The Electronic Intifada, Nazareth, 24.10.2012. Une première version de cet article fut publiée par The National News, Abu Dhabi. Extrait traduit en français :
« (...) Après une bataille juridique de trois ans menée par [Gisha,] un groupe israélien de défense des droits de l’homme, Israël a été contraint de divulguer son document dit des « Lignes rouges ». Rédigé début 2008, alors que le blocus était encore renforcé, le document du ministère de la Défense présentait des propositions sur la manière de traiter Gaza, gouvernée par le Hamas. / Les responsables de la santé ont fourni des calculs du nombre minimum de calories dont ont besoin les 1,5 million d’habitants de Gaza pour éviter la malnutrition. Ces chiffres ont ensuite été traduits en camions de nourriture qu’Israël était censé autoriser chaque jour. / Les médias israéliens ont tenté de présenter sous le meilleur jour possible ces discussions effrayantes, tenues en secret. Même le journal libéral Haaretz a décrit par euphémisme cette forme extrême de comptage des calories comme étant destinée à « garantir que Gaza ne meure pas de faim ». / Mais une image assez différente apparaît à la lecture des petits caractères. Alors que le ministère de la Santé a déterminé que les habitants de Gaza avaient besoin quotidiennement d’une moyenne de 2 279 calories pour éviter la malnutrition – ce qui nécessitait 170 camions par jour – les responsables militaires ont alors trouvé une foule de prétextes pour réduire le nombre de camions à une fraction du chiffre initial. / La réalité est qu’au cours de cette période, seulement 67 camions en moyenne – bien moins de la moitié du minimum requis – sont entrés quotidiennement dans Gaza. Cela se compare aux plus de 400 camions avant le début du blocus. / Pour parvenir à cette réduction importante, les autorités ont déduit les camions en se basant à la fois sur une évaluation trop généreuse de la quantité de nourriture pouvant être cultivée localement et sur les différences dans la « culture et l’expérience » de la consommation alimentaire à Gaza, une justification qui n’a jamais été expliquée. (...). »

— Institute for Middle East Understanding (IMEU), The "Neighbor Procedure": Israel's Use of Palestinian Human Shields, 15.11.2012. L'IMEU propose cette fiche d'information sur l'utilisation par Israël de boucliers humains palestiniens.
Page Web de B'Tselem sur son site à propos de cette utilisation récurrente. 
Vidéos là-dessus fournies par Breaking The Silence.

— Efrat Yardai, Israel's Ethiopians suffer different 'planned' parenthood. The revelation that Israel is sterilizing Ethiopian women adds to a shameful history of abuse of powerless women and communities, Ha'aretz, 12.12.2012. Sic dans mes archives. Le Monde s'en faisait écho le lendemain : « Les femmes éthiopiennes sont stérilisées en Israël aujourd'hui encore, révèle le quotidien Haaretz, qui rappelle que les juifs éthiopiens sont victimes de discriminations de la part de Tel Aviv depuis des décennies. » Je viens de vérifier l'existence de cette information sur le site de Haaretz et je vois qu'elle a été révisée : les modifications concernent la transcription du nom de la journaliste, la date, le titre (qui contient une coquille, "inconveivable" au lieu de "inconceivable"), le sous-titre ainsi que le corps du texte. La référence serait : Efrat Yerday, An Inconceivable Crime. Israel's patronizing and inhumane treatment of Ethiopian women is nothing new, Haaretz, 11.12.2012. Au lecteur d'en juger...
Cf. Mathieu Olivier, Juifs mais Éthiopiens, Israël ne veut plus d'eux, Jeune Afrique, 3.07.2013. Voilà, l'État des Juifs de Herzl-N*tanyahou ne veut pas de Juifs noirs.

— Allan Kaval, recension publiée dans Les Clés du Moyen-Orient, 13.12.2012 sur David Ben Gourion, Les Secrets de la création de l’État d’Israël – Journal 1947-1948, Éditions de la Martinière, Paris, 2012 (sélection d’extraits du journal de Ben Gourion, de discours, de lettres et de comptes-rendus de réunions stratégiques datant pour l’essentiel de la période de création de l'entité sioniste.). Kaval affirme, entre autres :
Les événements des années 1947-1948 y apparaissent non pas comme le résultat d’une nécessité historique liée à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la prise de conscience mondiale de la Shoah mais comme le résultat d’un processus long, commencé plusieurs décennies plus tôt dans la Palestine ottomane où David Grün (nom d’origine de David Ben Gourion, originaire de l’Empire russe) s’est installé en 1906, puis s’est poursuivi sous le mandat britannique établi en 1922.

— Yotam Feldman, The Lab - Israel's Weapons-Testing Human Laboratory (המעבדה, HaMaabadaVendeurs de guerre), Gumfilms, France-Belgique, 2013. Vidéo (60'). Un laboratoire de guerre à ciel ouvert... Depuis le 11 septembre, les industries d'armement israéliennes font des affaires plus importantes que jamais. De grandes entreprises israéliennes développent et testent les navires de guerre du futur, qui sont ensuite vendus dans le monde entier par des agents privés israéliens, qui manipulent un réseau de politiciens et de commandants de l'armée israéliens, tandis que des théoriciens israéliens expliquent à divers pays étrangers comment vaincre la résistance civile et paramilitaire [, y compris dans mon cher Brésil]. Le tout basé sur la vaste expérience israélienne. Le film met en évidence The Lab, qui a transformé l'occupation militaire israélienne de Gaza et de la Cisjordanie d'un fardeau en un actif national, commercialisable et extrêmement rentable.
Un très gros filon plutôt qu'un fardeau. Dans le film, Amiram Levin, ancien général et chef du commandement nord de Tsahal (1994-1998) et, donc, criminel en série, nous explique le concept de défense pour l'équilibre et le nettoyage ethnique, si j'ose dire : 
« Puisque nous voulons préserver un équilibre, nous devons mettre la punition au centre de notre stratégie. La punition offre une marge de manœuvre. (...) L'objectif principal de nos forces est de tuer l'ennemi (...). La quantité est plus importante que la qualité (...). Entre nous, dès leur naissance, la plupart de ces gars sont destinés à mourir. Alors, aidons-les. »
Puis, côté chiffres d'affaires, le Général à la retraite et ministre de la guerre 2007-2013 Ehud Barak [éclair en hébreu, en fait il s'appelle Brog, père lituanien, mère polonaise] explique dans le film, fier comme Artaban : "These investments have made Israel a superpower in defense (sic) export at almost 7 billion dollars per year. 150,000 households [150 000 familles !!!! dans un pays qui avait 7.592.106 habitants en 2012] depend on the industry, as well as the mutual buying foreign currency and workplaces. It plays a principal role in our economic policy. Thank you." Dix ans plus tard environ, le 14.06.2023, après de nouveaux carnages, déclaration du porte-parole du ministère des Massacres : Israël établit un nouveau record en matière d'exportations de défense (sic) : plus de 12,5 milliards de dollars en 2022. La guerre est la paix des affaires.

— Yotam Feldman, « Les guerres à Gaza sont devenues un aspect du système de gouvernance israélien », interview sur Agence Media Palestine, 15.07.2013. En anglais, sur 972mag.com. En hébreu, sur le blog Eretz Haemori. Yotam Feldman est un journaliste spécialisé dans les affaires militaires qui pense, comme moi, que la guerre est devenue un mode de vie d'opulence, une assiette au gros gros beurre. Rafael Sánchez Ferlosio mit noir sur blanc maintes réflexions sur la Guerre. Dans un entretien avec José Mª Ridao (Nunca se convence a nadie de nada, El País, 22.05.2007) lors et autour de la publication de Sur la Guerre, recueil de ses écrits polémologiques, Ferlosio soutenait :
Existe un estado de guerra permanente desde que existe una industria del armamento permanente. Una industria que, además, tiene que vigilar que sus ingenios no se queden obsoletos. No sólo por el desgaste en la guerra o por el simple paso del tiempo, sino en comparación con los ingenios de otros. La fabricación de armas es una competición constante entre los países, y recuerdo un ejemplo ilustrativo. En un determinado momento, todavía no había caído la Unión Soviética, Kissinger dijo esta frase en un episodio que tenía lugar en Líbano o en Siria, no sé bien: "No podemos consentir que armamento americano sea derrotado por armamento soviético en una batalla importante". 
Il y a un état de guerre permanent dès lors qu’il y a une industrie d’armement permanente. Une industrie qui doit, de surcroît, veiller à ce que ses engins ne deviennent pas obsolètes. Non seulement à cause de l’usure de la guerre ou du simple passage du temps, mais aussi en comparaison avec les engins des autres. La fabrication d’armes est une concurrence constante entre les pays, et je me souviens d’un exemple illustratif. À un moment donné, l'Union soviétique n'était pas encore tombée, Kissinger a prononcé cette phrase à l'occasion d'un épisode qui s'est déroulé au Liban ou en Syrie, je ne m'en souviens plus : « Nous ne pouvons pas permettre que les armes étasuniennes soient vaincues par les armes soviétiques dans une bataille importante. »
Par ailleurs, un activiste bien intentionné comme Uri Avnery a écrit : "Putting an end to the war is a necessary precondition for any real effort to bring social justice and a welfare state to Israel." (Dogs of War, London Review of Books blog, 6.09.2011). Hélas, ce n'est point du tout le but des maîtres de nos démocraties occidentales, encore moins aux États-Unis ou en Israël. Pour les castes au pouvoir, la Guerre Permanente est une source formidable de pognon (Économie), de domination (Gouvernance) et de consolidation et expansion de leur pré carré (Stratégie géopolitique).

— Moran Azulay, MDA reject blood of MK of Ethiopian decent, Ynet News, 11.12.2013. Histoire-tradition à vraiment frotter ses yeux ; ce parcours de la combattante sioniste noire (elle avait servi dans l'armée) illustre l'esprit de caste pathologique du racisme israélien, qui est aussi, visiblement, un endoracisme (mais cela mériterait un autre long billet). Le Sionisme est une banalisation/institutionnalisation du racisme. Version plus courte en français : Israël : scandale après le refus d'accepter un don de sang d'une députée noire, Le Monde.fr avec AFP, 11.12.2013. Amorce : L'organisation caritative israélienne Magen David Adom, société nationale du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a refusé mercredi 11 décembre le don de sang de la députée noire d'origine éthiopienne Pnina Tamano-Shata. Une responsable de l'organisme, filmée et enregistrée par une caméra vidéo, a expliqué que « selon les directives du ministère de la santé, il n'est pas possible d'accepter le sang spécial d'origine juive éthiopienne » (...). C'était dans un centre de don spécial ouvert à la Knesset ! Vu son insistance, après un examen complémentaire de son cas, elle fut informée qu'elle ne pouvait pas donner de sang. Après avoir poussé le sujet encore plus loin, elle a eu droit à écouter qu'elle pouvait faire un don, mais que son sang serait congelé et non utilisé. Elle déclara finalement : « il est triste qu'après tant de décennies, l'État n'ait pas réussi à arrêter de faire la différence entre le sang et le sang. C'est une expérience honteuse qui me hante depuis l'âge de 16 ans (...). »

Desmond Tutu: U.S. Christians Must Recognize Israel as Apartheid State. Veteran anti-apartheid campaigner Desmond Tutu wants Presbyterian Church, currently meeting in Detroit, to pass series of anti-Israel resolutions (Desmond Tutu, militant anti-apartheid chevronné, souhaite que l'Église presbytérienne, qui se réunit actuellement à Détroit, adopte une série de résolutions anti-israéliennes), Haaretz, 17.06.2014.

— Ilan Pappé, Israel's Incremental Genocide in the Gaza Ghetto, The Electronic Intifada, 13.07.2014.

UN Special Advisers' Statement on the situation in Israel and the occupied Gaza strip, PDF, New York, 24.07.2014.

— Collectif de médecins et scientifiques ayant travaillé à Gaza, Une lettre ouverte pour le peuple de Gaza, The Lancet, 26.07.2014 (Version anglaise).
"Nous sommes des médecins et des scientifiques, nous passons nos vies à développer des moyens pour soigner et protéger la santé et les vies. Nous sommes aussi des personnes informées ; nous enseignons l’éthique de nos professions, en même temps que leurs connaissances et leurs pratiques. Nous avons tous travaillé à Gaza et en connaissons la situation depuis des années.
Sur la base de notre éthique et de notre pratique, nous dénonçons ce dont nous sommes témoins dans l’agression de Gaza par Israël
. (...)" En lire plus.

— Suzanne Weiss, Holocaust survivor condemns Gaza massacre, Greenleft.org.au, 17.08.2014 (voir plus bas la perspective de Haaretz à cet égard). Suzanne Berliner Weiss est une femme admirable, survivante de l'Holocauste, fille d'une mère assassinée à Auschwitz et fière de son appartenance à la Coalition Against Israeli Apartheid (Coalition contre l'apartheid israélien) ainsi qu'à Not In Our Name – Jewish Voices Opposing Zionism. Elle habite à Toronto (Canada). Elle signa ici un texte impressionnant, émouvant, juste, courageux, qu'il faut lire dans son intégralité. Elle y faisait référence à la lettre ouverte Jewish survivors and descendants of survivors of Nazi genocide unequivocally condemn the massacre of Palestinians in Gaza, du 10.08.2014, dont voici l'amorce :
I am proud to join more than 250 Jewish holocaust survivors and descendants of survivors in condemning the massacre of Palestinians in Gaza and the ongoing genocide of the Palestinian people.
Our statement of solidarity (published below) calls for "An immediate end to the siege against Gaza" and a "full economic, cultural and academic boycott of Israel".
We believe that "never again", the often-repeated lesson of Hitler's holocaust, "must mean never again for anyone!" -- especially the Palestinians. We also protest the full-page advertisement published in the New York Times and elsewhere by Zionist Elie Wiesel. It holds Palestinians responsible for the deaths of the hundreds of Palestinian children in Gaza killed by Israeli bombs.
We say: “Nothing can justify bombing UN shelters, homes, hospitals and universities.”
Wiesel, a Nobel laureate and holocaust survivor, accuses the Palestinian resistance group Hamas for having supposedly embraced a "death cult of child sacrifice" because Hamas has launched rockets against Israel.
In reality, it is Israel that has deliberately bombarded densely packed civilian residential areas, says Raji Sourani, director of the Palestinian Centre for Human Rights. (...)

Je suis fier de me joindre à plus de 250 survivants juifs de l’Holocauste et descendants de survivants pour condamner le massacre des Palestiniens à Gaza et le génocide en cours du peuple palestinien.
Notre déclaration de solidarité (publiée ci-dessous) appelle à « une fin immédiate du siège de Gaza » et à un « boycott économique, culturel et universitaire total d’Israël ».
Nous pensons que « plus jamais », la leçon souvent répétée de l’holocauste d’Hitler, « doit signifier plus jamais pour personne ! » – en particulier pour les Palestiniens.
Nous protestons également contre la publicité pleine page publiée dans le New York Times et ailleurs par le sioniste Elie Wiesel. Elle tient les Palestiniens pour responsables de la mort des centaines d’enfants palestiniens à Gaza tués par les bombes israéliennes.
Nous disons : « Rien ne peut justifier le bombardement des abris, des maisons, des hôpitaux et des universités de l’ONU. »
Wiesel, prix Nobel de la paix et survivant de l'Holocauste, accuse le groupe de résistance palestinien Hamas d'avoir soi-disant adopté un « culte de la mort par le sacrifice d'enfants » parce que le Hamas a lancé des roquettes contre Israël.
En réalité, c'est Israël qui a délibérément bombardé des zones résidentielles densément peuplées de civils, affirme Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l'homme. (…)
[Cf. Raji Sourani, Why a Gaza ceasefire isn’t enough, The Electronic Intifada, Bande de Gaza, 3.08.2014]. La liste finale des signataires est vraiment longue. Y figurent tout d'abord Hajo Meyer, Henri Wajnblum, Renate Bridenthal, Marianka Ehrlich Ross, Irena Klepfisz, Karen Pomer, Hedy Epstein, Lilian Rosengarten, Suzanne Weiss et un très long et significatif et caetera.

National Lawyers Guild (NLG) and Other Legal Groups Send Letter to ICC Urging an Investigation into Potential War Crimes Committed by Israel and US in Gaza under "Operation Protective Edge", 22.08.2014. Le NLG et d'autres groupes juridiques envoient une lettre à la CPI appelant à une enquête sur les crimes de guerre potentiels commis par Israël et les États-Unis à Gaza dans le cadre de « l'Opération Bordure Protectrice ».

Holocaust Survivors Condemn Israel for 'Gaza Massacre', Call for Boycott, Haaretz, 23.08.2014 (cf. plus haut Weiss, 17.08.2014). 327 survivants de la Shoah condamnent Israël pour le « massacre de Gaza » et appellent au boycott. En réponse à la publicité d'Elie Wiesel comparant le Hamas aux Nazis, 40 survivants et 287 descendants juifs de l'Holocauste publièrent dans le New York Times une annonce accusant Israël du « massacre continu du peuple palestinien » ; plus jamais, à leurs yeux, devait vouloir dire plus jamais pour personne ! Le groupe appelait à un boycott économique, culturel et universitaire total d’Israël en raison de son « effort global visant à détruire Gaza ». « Le génocide commence par le silence du monde », indiquait le communiqué. « Nous devons élever nos voix collectives et utiliser notre pouvoir collectif pour mettre fin à toutes les formes de racisme, y compris le génocide en cours du peuple palestinien. » Les signataires condamnaient également les États-Unis pour leur soutien financier et diplomatique à Israël, et exprimaient leur inquiétude face à « la déshumanisation extrême et raciste des Palestiniens dans la société israélienne, qui a atteint son paroxysme ». Je suis ravi qu'ils aient trouvé incontournable de signer également une précision riche en clarifications : « Nous sommes dégoûtés et indignés par l’abus qu’Elie Wiesel fait de notre histoire […] pour justifier l’injustifiable. » Au moment de la publication de cette lettre ouverte, Tsahal avait assassiné 2,100 Palestiniens, dont 500 enfants, pendant l'opération dite Bordure Protectrice.
L'une des signataires, Suzanne Weiss, survivante de la Shoah, perdit sa mère à Auschwitz. Mme Weiss tenait à souligner sa fierté individuelle pour avoir rejoint ce groupe et souhaitait clarifier sa position : Holocaust survivor condemns Gaza massacre, Greenleft.org, 17.08.2014. Lisez son texte, vous n'allez pas le regretter.

— Miguel Hernández, Last summer's Israeli aggression is sending Gaza back to the Middle Ages, International Solidarity Movement, Gaza, Occupied Palestine, 31.03.2015. Cf. l'affirmation du ministre israélien de l'Intérieur Eli Yishai selon laquelle le but de l'opération Bordure Protectrice était "to send Gaza back to the Middle Ages, destroying all of its infrastructure".

— Daniel J.N. Weishut, Sexual torture of Palestinian men by Israeli authorities, 2015. Étude sur la torture sexuelle perpétrée par les autorités israéliennes révélant que la torture sexuelle des détenus palestiniens adultes par les autorités israéliennes est systématique et comprend le harcèlement sexuel verbal, la nudité forcée et les agressions sexuelles physiques. L'auteur est psychologue clinicien et associé pédagogique [Université Bar Ilan (Ramat Gan, Israël), École professionnelle de psychologie (Sacramento, Californie)].

— Gideon Levy, proposition, Débat sur la [fausse] solution à deux États, OxfordUnion, Vidéo, en anglais (12'), 25.06.2016.

— 28.09.2016 : mort à Tel Aviv de Szymon Persky, polonais de Wiszniew connu sous le nom de guerre coloniale de Shimon Pérès (1923-2016). Membre de la Haganah pendant la Nakba, grand nettoyeur ethnique, grand voleur de terres palestiniennes, grand criminel de guerre, grand ami de l'Afrique du Sud de l'apartheid, grand utilisateur de l'adverbe 'unfortunately', grand “The first priority is preserving Israel as a Jewish state. That is our central goal, that is what we are fighting for”, grand cynique inique [“They victimise themselves. They are a victim of their own mistakes unnecessarily.”], grand chemises bien repassées. Lire Ben White, Shimon Peres: Israeli war criminal whose victims the West ignored, Middle East Monitor, 28.09.2016. En castillan.

— Yonatan Shapira, La lutte est désormais pour l'égalité des droits de tous, Middle East Eye (édition française), 15.12.2016. Entretien avec ce refuznik israélien qui publia le 25.09.2003, avec 26 autres pilotes de Tsahal, une lettre ouverte dénonçant les attaques « illégales et immorales que l'État d'Israël effectue dans les territoires palestiniens. » Son engagement en faveur de la paix et de la justice est héroïque. Il soutient le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) : « En tant qu’Israélien, je dois suivre ce que les Palestiniens disent, car c’est eux qui luttent contre l’oppression, ce n’est pas une lutte israélienne. » Puis : « BDS permet une clarification utile : si quelqu’un souhaite la fin de l’apartheid, de l’injustice, alors il doit soutenir les trois éléments de cet appel. Cela permet de dessiner une ligne nette entre ceux qui demeurent à l’intérieur de leur bon droit sioniste, de leur besoin d’être supérieurs sur cette terre, et ceux qui comprennent que si on veut vraiment la paix, elle doit être basée sur l’égalité. » Un jour, il a taggué sur le mur du ghetto de Varsovie un graffiti en hébreu très bouleversant en Israël, très dangereux pour lui : « Libérez tous les ghettos, libérez Gaza ». En 2016, c'était clair et net pour lui : « La situation devient toujours plus extrême, la dévastation causée [en 2014] par l’IDF [l’armée israélienne] rend ce qui s’est passé en 2002 presque insignifiant. À chaque attaque, c’est plus fou, avec plus d’enfants brûlés vivants, plus de gens tués. » Au bout du compte : « L'idée qu'il y aurait une différence entre la destruction des villages palestiniens en 1948 et ce qui s’est passé après 1967 en Cisjordanie est idiote. Ce sont les mêmes méthodes et les mêmes procédures employées alors et maintenant. Nous vivons tous ici, et si nous voulons une solution, il faudra reconnaître les crimes qui ont été commis. » Mais sagement, il nous rappelle aussi à nos devoirs domestiques : « il me semble que, parfois, il est facile pour les gens d'être engagés dans la question palestinienne et d'oublier les problèmes de leur propre pays. Je choisis les mots les plus extrêmes quand je parle de mon pays et des choses qui se font ici, mais je voudrais lutter avec la même passion avec ces gens contre les crimes de leur propre gouvernement, les crimes qui se passent en leur nom dans leur pays. Il est parfois plus facile de devenir un militant de la question israélo-palestinienne et d'oublier ce qui se passe dans son propre pays. J’insiste sur ce point. »

— Charles Enderlin, La lutte armée pour l'indépendance d'Israël 1936-1948, Vidéo 1h 12' 15'', Université populaire - Cycle "Paix et guerres au Moyen-Orient", samedi 4.02.2017. Charles Enderlin a été correspondant à Jérusalem pour France 2 de 1981 à 2015 et il a publié notamment deux ouvrages très importants en la matière : Par le Feu et par le Sang : le combat clandestin pour l'indépendance d'Israël, 1936-1948 (Albin Michel, 2008) et Au nom du Temple : l'irrésistible ascension du messianisme juif en Israël, 1967-2012 (Le Seuil, 2013).

— Atalya Ben-Abba, I Refuse, Israel Social TV, 14.02.2017. Atalya, 19 ans, originaire de Jérusalem, explique son refus de rejoindre Tsahal —niet qui lui a coûté 4 mois de prison militaire. Elle espère que son refus incitera à d'autres à y réfléchir et propose à tous ceux qui sont sur le point de se faire recruter de visiter la Cisjordanie, de participer à des activités communes dans les territoires, d'être exposés à la réalité de l'occupation, avant d'accepter automatiquement de se faire enrôler. Pour plus d'entretiens avec d'autres Israéliens qui refusent le service militaire en Israël, cliquez ici.

— David Cronin, Winston Churchill sent the Black and Tans to Palestine. British politicians who waged war in Ireland used the same tactics and forces in Palestine - and a Dubliner was in charge during the Naqba, The Irish Times, 19.05.2017. Lecture très instructive pour comprendre évolutions et méthodes coloniales en Palestine ayant fait ses preuves en Irlande, experts-faiseurs inclus. Et puis, parallèlement, si les symétries constituent un critère de beauté, jouissez des charmes comparés des massacres britanniques en Irlande et Palestine, d’un côté, des massacres sionistes en Palestine, de l’autre. Un simple échantillon pour stimuler votre appétit : Arthur James Balfour, avant d’être ministre britannique des Affaires étrangères et, donc, futur signataire de sa déclaration, « avait auparavant occupé le poste de secrétaire en chef de l’Irlande. Il était surtout connu pour avoir ordonné à la police d'ouvrir le feu sur une manifestation contre la réforme agraire en 1887 à Mitchelstown, dans le comté de Cork. Faisant trois morts, l'incident lui valut le surnom de Bloody Balfour. » David Cronin a publié un livre fort détaillé à ce sujet : Balfour's Shadow: A Century of British Support for Zionism and Israel, Pluto Press, 2017. Cf. Robert Fisk là-dessus. Précisons que Cronin est originaire de Balbriggan, la ville du comté de Dublin mise à sac par les Black and Tans. [Cf. aussi Ian Williams, Erskine Childers, 1929-1996, Washington Report on Middle East Affairs, 25.10.1996, p. 24 : la biographie de Childers en dit long sur le travail souterrain d'Israël et de ses alliés occidentaux pour enterrer la vérité et empêcher la divulgation de leurs agissements. Cf., plus bas, Dominique Vidal, 2008]

— Nazanin Armanian, ¿Está realizando Israel un nuevo 'experimento' con seres humanos en Gaza?, Público, 30.07.2017. Un résumé irréfutable de l’horreur subie par les Palestiniens de Gaza, de leur génocide progressif calculé. L'article démarre ainsi : « Imaginez un camp de concentration avec deux millions de personnes, sans possibilité de sortir. Pensez à des geôliers qui, entre autres objectifs, étudient le comportement humain dans des situations extrêmes et pour ce faire, ils recourent quotidiennement à la terreur, à la torture et à l'isolement pendant une longue période ; privation de nourriture et de médicaments; démolition des maisons (en tenant compte du fait que les êtres humains sont des tanières), destruction du résultat de leur travail très dur (en appliquant un «écocide» systématique et en déracinant environ 2 000 000 d'arbres fruitiers après avoir battu et assassiné des dizaines de femmes et d'hommes paysans) ; les empêcher de recevoir suffisamment d'eau et de lumière, de travailler, d'avoir des loisirs, de se détendre, en les soumettant à différents degrés de stress ; leur lancer des tonnes de bombes, de missiles et de produits chimiques comme le phosphore blanc, non seulement pour éliminer la population excédentaire du camp, mais aussi pour analyser l'état de choc et le sentiment complexe de douleur et de souffrance des survivants alors qu'ils voient impuissants les corps déchiquetés de leurs enfants, de leurs proches sous leurs yeux. A ces expérimentations commencées il y a 10 ans à Gaza, comme dans une macabre télé-réalité, les Israéliens ont ajouté une nouvelle épreuve : simuler l'âge de pierre, en coupant les heures d'électricité de 7 à 2,5 heures par jour, pour voir comment ils conserveront les banques de sang ou comment les nouveau-nés seront maintenus en vie dans des incubateurs, les patients atteints de cancer ou vivant sous dialyse ; comment ils supporteront la chaleur suffocante de cet été sans ventilateurs ou conserveront les aliments sans réfrigérateur, ou comment ils purifieront l'eau pour se laver, cuisiner, arroser leurs cultures, etc. »
Et Armanian de conclure : « Il n'y a pas de conflit israélo-palestinien, mais une politique sioniste conçue pour achever une population désarmée et kidnappée. Les partis politiques progressistes et les mouvements sociaux doivent inclure dans leur agenda politique l'objectif de mettre fin au blocus de Gaza. / Ayelet Shaked, députée israélienne, a proposé de « tuer toutes les mères palestiniennes pour qu'elles cessent d’accoucher des “petits serpents” », ignorant que les “solutions finales” finissent par exploser au visage de leurs idéologues. »

— Empire Files: Israelis Speak Candidly to Abby Martin About Palestinians, TeleSUR English, 2.10.2017 (Vidéo, 23:13). "Dans les rues de Jérusalem, Abby Martin interviewe des citoyens juifs israéliens de tous horizons. Dans plusieurs entretiens francs, des commentaires troublants révèlent des opinions largement répandues sur les Palestiniens et leur avenir dans la région. Ronnie Barkan, militant des droits humains et antisioniste né en Israël, explique pourquoi ces attitudes dominent la société israélienne." Extraits des déclarations de l'exceptionnel Ronnie Barkan :
"Like anyone growing up in Israel, I went through the whole indoctrination mechanism, and we're being trained to be soldiers from kindergarten, literally! from kindergarten. The moment I realized, I managed to… sort of overcome that indoctrination, then everything became very clear, because the situation is crystal clear. One of the main successes of Israeli propaganda is to convince the world that the situation is complicated, but it's far from being complicated: it's probably the least complicated conflict in the world today. And it's all about, basically, those who have the power, those who oppress and subjugate and trade over the indigenous people of the land, who have been oppressed, subjugated, and expelled from their land. (...) The case is very clear and I'm not on the right side of history. (...) Israel is all about creating a place which is for one select group, and only that. It's not only the fact that they wanted to take over, to usurp the land and the resources and all of that; it's also about this exclusive nature of the place, that this is ours and only ours. And even any Palestinian being born in Israel, even if they are an Israeli citizen, is already regarded as some sort of a threat to the State. The need to segregate, the need to separate and not to interact with Palestinians is part of Israeli identity. So, we have to understand that Israeli identity depends on denying Palestinian identity and denying… either the existence of Palestinians all together or, at the very least, denying their identity, their culture and so on. And also, right after the ethnic cleansing of Palestine, right after the Palestinians were expelled from their homes —many became refugees—, the very next thing that happened was that there was a concerted effort of mass looting of books and other cultural artifacts, from Palestinian homes, which was led by the National Library in Israel. So, it's for a reason that… when we say “existence is resistance”, for Palestinians, this is true. Just by very existing on their land, this is an act of resistance in itself. (...) With the other type of Zionists, with the so-called left, in Israel, we cannot even agree about the basic facts. But for them, in order to feel that they are both Zionists and moral at the same time, they have to keep lying to themselves all the time, every moment of every day. (...) For them to be Zionists and moral, in order for them to have a Jewish and democratic State, they needed, first of all and foremost, to create the Jewish majority by force, by driving away the indigenous people from their land. And this is how the state was founded. And immediately afterwards, they created a whole legal system, which would make sure that those who have been expelled would never be allowed back, and those who remained on their land, because not everyone was expelled, will never be equal citizens. Unfortunately, what we hear on mainstream media, this so-called… discourse, or so-called debate, between the right and the left is about that, it's about: do we want a large Israel, which is Arab free, or do we want a small Israel which is Arab free? (...) The views of Israelis about the situation are totally irrelevant to the question of how we change the situation. Did it matter what the white people think about apartheid in South Africa at the time? The question is how we end apartheid and how we end Israeli crimes. You know, every Israeli official would say, will claim to speak on behalf of the Jewish people, and will… even demand the Palestinians to recognize Israel's right to be a Jewish state and so on. I don't recognize Israel's right to be a Jewish State, then because it is no Jewish by religion, it is only Jewish by white supremacy. Israel is Jewish just like South Africa was white, in the exact same context, with the exact same meaning. And, obviously, any decent person around the world should oppose that, because it is inherently racist, and more than that. And it also happens to be very much against international law. So, when we talk about Israel is an apartheid State, even though it's not exactly like South Africa, it neatly falls under the legal definition of the crime of apartheid, which is a very serious crime, one of the few crimes that is regarded as a crime against humanity, which means that all parties of the world are obligated to do something against it, not to be complicit in that. And what we're coming and saying is… no, there are basic fundamental human rights that must be respected. One of them is ending of the occupation, of course, but that's not the main issue, that's part of the issue. The other two rights are equality inside Israel proper, or what we call Palestine 1948, and the rights of refugees which have been expelled from there since the very foundation of the State of Israel. These are fundamental rights; they must be respected. And now we can debate, we can argue about how we implement these rights. I'm willing to discuss that, I'm not going to discuss, you know, should we have equality or not? This is not negotiable."
Cf. également cet entretien brillant, absolument extraordinaire, avec Kristina Božič, We are part of a global struggle for global human rights and full equality. It is simply the thing to do if you consider yourself to be an anti-racist and opposed to white or ethnic supremacy, 6.07.2020. À lire dans son intégralité. Entre autres, Božič et Barkan y commentent Israeli Practices towards the Palestinian People and the Question of Apartheid, Middle East Policy, Volume 24, Issue 2, Summer 2017, pages 33-40, le rapport sur l'apartheid israélien commandé par la Commission Économique et Sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale (CESAO) aux auteurs, Richard Falk et Virginia Tilley, mais retiré par le secrétaire général António Guterres le 16.03.2017. Ce rapport conclut qu'Israël a établi un régime d'apartheid qui domine le peuple palestinien dans son ensemble. Conscients de la gravité de cette allégation, les auteurs du rapport concluent que les preuves disponibles établissent sans aucun doute qu'Israël est coupable de politiques et de pratiques qui constituent le crime d'apartheid tel que défini légalement dans les instruments du droit international. L'analyse présentée dans ce rapport repose sur le même corpus de lois et de principes internationaux relatifs aux droits de l'homme qui rejettent l'antisémitisme et d'autres idéologies racialement discriminatoires, notamment la Charte des Nations Unies (1945), la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) et la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (1965). Le rapport s'appuie pour sa définition de l'apartheid principalement sur l'article II de la Convention internationale pour l'élimination et la répression du crime d'apartheid. Barkan souligne l'importance de ce rapport des Nations Unies :
The Israeli occupation of 1967 is certainly not the main issue, it is only a symptom of Zionist crimes, including belligerent occupation, ethnic-cleansing, colonialism and apartheid. Occupation and apartheid started at the latest in 1948, after the land was ethnically cleansed of most of its indigenous population. Until 1966 there was an Israeli military rule over Palestinians, those who were not already in forced exile from their land. Then, the military rule ended, and the very same practices were exported a year later to the newly occupied territories of 1967. That is why the talk of fifty years of occupation is no more than a liberal-Zionist propaganda. It purposefully forgets the earlier Israeli occupation and more importantly, the establishment of a new state by wiping out the land of most of its people. The importance of this UN report is not just in explaining how apartheid is a systemic crime which is rooted in the foundation of the State of Israel, but in its argument that those affected by apartheid today include not only those living on that land but also the millions of refugees, who have lived in forced exile for the past seven decades. To achieve this system which differentiates, segregates and denies the rights of people based on their ethnic background, in order to afford superior rights to people of the selected ethnicity that I belong to, a premeditated act of ethnic-cleansing of the indigenous population was needed. And the ethnic-cleansing is ongoing and expanding. Perpetrating the crime of apartheid therefore means that those who were expelled from their land are denied to this day their right to go back home. They suffer for only one reason and that is their “crime” of wrong ethnicity.

— Dan Cohen et Max Blumenthal, Killing Gaza - Un documentaire sur la vie en état de siège. Voir le film ici. Dans Killing Gaza, les journalistes indépendants Max Blumenthal et Dan Cohen ont documenté la guerre d'Israël contre Gaza en 2014. Ce film est bien plus qu'un documentaire sur la résilience et la souffrance des Palestiniens. Il s'agit d'un document visuel effrayant sur les crimes de guerre commis par l'armée israélienne, avec des témoignages directs et des preuves des survivants. Bande-annonce (3 :04), Propagande versus Réalité, 1.02.2018.

— Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts », Tribune Le Monde, 18.02.2018. Extrait : « (...) En ce qui concerne la majorité au pouvoir, les Palestiniens sont condamnés pour l’éternité au statut de population occupée. / La raison en est simple et clairement énoncée : les Arabes ne sont pas juifs, c’est pourquoi ils n’ont pas le droit de prétendre à la propriété d’une partie quelconque de la terre promise au peuple juif. Pour Smotrich, Shaked et Zohar, un juif de Brooklyn, qui n’a peut-être jamais mis les pieds sur cette terre, en est le propriétaire légitime, mais l’Arabe, qui y est né, comme ses ancêtres avant lui, est un étranger dont la présence est acceptée uniquement par la bonne volonté des juifs et leur humanité. Le Palestinien, nous dit Zohar, « n’a pas le droit à l’autodétermination car il n’est pas le propriétaire du sol. Je le veux comme résident et ceci du fait de mon honnêteté, il est né ici, il vit ici, je ne lui dirai pas de s’en aller. Je regrette de le dire mais [les Palestiniens] souffrent d’une lacune majeure : ils ne sont pas nés juifs ». Ce qui signifie que même si les Palestiniens décidaient de se convertir, commençaient à se faire pousser des papillotes et à étudier la Torah et le Talmud, cela ne leur servirait à rien. Pas plus qu’aux Soudanais et Erythréens et leurs enfants, qui sont israéliens à tous égards – langue, culture, socialisation. Il en était de même chez les nazis. (...). »

— Mehdi Hasan & Dina Sayedahmed, Blowback: How Israel Went from Helping Create Hamas to Bombing It, The Intercept, 19.02.2018. Vidéo à propos (6' 11''). 
Cf. Serge Halimi, Un peuple debout, éditorial Le Monde diplomatique, juin 2021 (« Or, à supposer que demain le Hamas disparaisse, tout cela subsisterait. Israël, qui a aidé ce mouvement à prendre son envol et qui contribue à son financement, le sait. ») ; Nazia Nazar, Israel's Role in Hamas' Creation and its Retaliatory Genocide in Gaza, CounterPunch, 23.10.2023. Tal Schneider, For years, Netanyahu propped up Hamas. Now it's blown up in our faces, [Pendant des années, N*tanyahu a soutenu le Hamas. Maintenant, ça nous a explosé au visage], Times of Israel, 8.10.2023. Ishaan Tharoor, How Israel helped create Hamas, The Washington Post, 30.07.2014) ; Stephen Zunes, collaborateur du HuffPost, Professeur de Politique et Coordinateur des Études sur le Moyen-Orient à l'Université de San Francisco, America's Hidden Role in Hamas' Rise to Power, huffpost.com, 5.02.2009 (mis à jour le 25.05.2011); Andrew Higgins, How Israel Helped to Spawn Hamas, The Wall Street Journal, 24.01.2009. Charles Enderlin, Quand Israël favorisait le Hamas. Depuis trente ans, les dirigeants de l'État hébreu ont misé sur les islamistes pour détruire le Fatah, Tribune, Le Monde, 3.02.2006.

— Jesse Rosenfeld, Exclusive: Interrogation Video Surfaces of Palestinian Teen Activist Ahed TamimiThe Daily Beast obtained an exclusive look at video of Israeli military interrogating Palestinian teen activist Ahed Tamimi for slapping a soldier who shot her cousin, 2.04.2018. Lire en français Ahed Tamimi a été harcelée sexuellement par un interrogateur israélien, selon son avocate. Sur les images vidéo d'un interrogatoire, un officier israélien dit à Ahed Tamimi : « Tu as les yeux d'un ange ». [Gaby Lasky] L'avocate [israélienne] de l'adolescente dénonce l'absence d'officier femme lorsque sa cliente était interrogée. Middle East Eye, édition française, 4.04.2018. Oui, elle, une ado, 16 ans, avait osé gifler un soldat israélien qui ne voulait pas quitter le domicile de sa famille après avoir tiré une balle en acier recouverte de caoutchouc sur son cousin Mohammed Tamimi, de 15 ans, qui resta quatre jours dans le coma et subit deux opérations terribles pour lui enlever cette balle logée à l'arrière de son cerveau et qui en est complètement défiguré... Israël était une clameur : il fallait punir la conduite agressive de cette fillette. Voilà pourquoi elle, une mineure, avait été arrêtée et interrogée dans ces conditions —deux mâles menaçants et sans états d'âme, aucun parent ou avocat autorisé à l'accompagner— par l'armée la plus morale de l'univers sioniste : "Vous voyez l'épuisement de Tamimi lors de son troisième interrogatoire en une semaine, et vous voyez la profonde détresse gravée sur son visage alors que les efforts d'intimidation s'intensifient". Elle ne dit mot. Et fut condamnée à huit mois de prison et à une amende de près de 1 500 dollars après une négociation de peine, selon Jesse Rosenfeld, 16-Year-Old Palestinian Activist Ahed Tamimi Would Not Talk. So the Israeli Interrogator Threatened — and Flirted. From the over-dramatized good cop, bad cop displays to creepy come-ons and then frightening threats, the just-released video shows the pressure put on the teenager to break her silence, The Daily Beast, 9.04.2018. Ses parents, Bassem et Nariman, des activistes palestiniens pacifiques de Nabi Salah, Cisjordanie, sont régulièrement emprisonnés par les forces d'occupation israéliennes. Elle a été arrêtée de nouveau le 6.11.2023. Ils endurent, comme tous les Palestiniens, une horreur quotidienne qui n'a jamais suscité de réflexions sur leur droit de défense ou sur leurs droits tout court.

— Sara Roy, 'There is a life behind every statistic', Blog, London Review of Books, 4.06.2018. Extrait :
(...) One of the people killed on 14 May was the father of a boy whose birthday it was. Another was a 14-year-old boy, whose mother had long suffered with infertility and finally became pregnant with him after nine years of trying. The birth of their son seemed miraculous to his parents. My friend did not say so directly, and I did not ask, but he implied and I inferred that the boy was their only child. ‘He was shot in the head and died instantly. The father collapsed on him. Can you imagine these parents now, having lost their precious boy?’
I cannot imagine enduring the loss of a child, especially in such a monstrous way (because he wasn’t Jewish). But the story also speaks to my parent’s story. My mother had a miscarriage in the ghettos of Poland (because she was Jewish) and spent years after the Holocaust trying to get pregnant. My parents always told me that they survived in order to have me.
Yet for many Israelis there are ‘no innocents in Gaza’, as the defence minister, Avigdor Lieberman, said in response to the Great March of Return. His colleague Eli Hazan, a spokesman for Netanyahu’s Likud Party, said that all 30,000 men, women and children who gathered at the Gaza border to protest (the overwhelming majority, non-violently) ‘are legitimate targets’. For too many Israelis and Jews, there are no fathers or mothers or children in Gaza; no homes or nursery schools or playgrounds; no hospitals, museums or parks; no restaurants or hotels. Rather, Gaza is where the grass grows wild and must be ‘mown’ from time to time, as some Israeli analysts have put it.
How is the rest of the world to think about Gaza, about Palestinians? I ask because the deliberate ruination of Palestine – seen most painfully in Gaza – has been well documented. (...)
Gaza will not disappear. It will not ‘sink into the sea’, as the late Yitzhak Rabin once wished it would. Gaza is a human rights catastrophe and an ecologic disaster. ‘In a few years,’ Thomas Friedman wrote recently in the New York Times, ‘the next protest from Gaza will not be organised by Hamas, but by mothers because typhoid and cholera will have spread through the fetid water and Gazans will all have had to stop drinking it.’ Will Gaza’s mothers then be shot dead for protesting, or will they simply be allowed to die, together with their children, from typhoid and cholera? Or will their protests be heard? The answer will determine our humanity, not theirs.

— Raoul Wootliff, Final text of Jewish nation-state law, approved by the Knesset early on July 19. The ‘Basic Law: Israel as the Nation-State of the Jewish People,’ passed by 62-55, with two abstentions, Times of Israel, 19.07.2018. Avec une traduction intégrale en anglais de la version finale du projet de loi entériné par la séance plénière de la Knesset. Aljazeera : Israel passes controversial ‘Jewish nation-state’ law. Law defines the country as Jewish homeland, further marginalising 1.8 million Palestinian citizens of Israel, 19.07.2018. Extrait :
Adalah, the Legal Center for Arab Minority Rights in Israel, called the law a bid to advance “ethnic superiority by promoting racist policies”.
“The Jewish nation-state law features key elements of apartheid, which is not only immoral but also absolutely prohibited under international law,” said Hassan Jabareen, general director of Adalah.
“By defining sovereignty and democratic self-rule as belonging solely to the Jewish people – wherever they live around the world – Israel has made discrimination a constitutional value and has professed its commitment to favouring Jewish supremacy as the bedrock of institutions.”
According to Adalah, there are currently over 65 Israeli laws that discriminate against Palestinian citizens in Israel and Palestinian residents of the Occupied Palestinian Territory (OPT) on the basis of their national belonging.

— Norman G. Finkelstein : Israel Has No Right to Self-Defense Against Gaza, 28.07.2018.

— Michael Lynk (rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés depuis 1967), Gaza "Unliveable", UN Special Rapporteur for the Situation of Human Rights in the OPT Tells Third Committee - Press Release (Excerpts), 73th Session, 31st & 32nd Meetings (AM & PM) GA/SHC/4242, United Nations, The Question of Palestine, 24.10.2018. En français. Extrait de la déclaration liminaire du rapporteur :
M. MICHAEL LYNK a en premier lieu fait état du refus de toute coopération opposé par le Gouvernement israélien à ses services, tout comme cela avait été le cas avec ses prédécesseurs. Il s’est donc vu refuser l’accès tant en Israël que dans les territoires palestiniens occupés, bien que la coopération des États Membres avec les titulaires de mandat de procédures spéciales des Nations Unies soit une obligation fondamentale, inscrite dans les Articles 104 et 105 de la Charte des Nations Unies. Tout en faisant observer que cela ne pouvait pas remplacer sa présence sur les territoires palestiniens, il a remercié la Jordanie d’avoir accueilli sa mission sur son sol et les organisations non gouvernementales palestiniennes de s’être déplacées jusqu’à lui.
En présentant le contenu de son rapport, M. Lynk a insisté sur deux points qu’il a jugés alarmants: la chute libre de l’économie de Gaza, décrite par la Banque mondiale, et les colonies israéliennes. Concernant Gaza, le Rapporteur spécial a précisé avec quelques chiffres: l’économie de la bande, « déjà anémique », s’est contractée de 6% durant le premier trimestre de 2018, le chômage a atteint les 53%, avec celui des jeunes atteignant les 70%. Les Palestiniens vivant à Gaza n’ont accès qu’à cinq heures d’électricité par jour et 97% de l’eau potable y est contaminée par l’eau de mer. « Les Nations Unies ont annoncé, en 2012, que Gaza serait invivable d’ici à 2020 », a-t-il signifié, précisant que, pour lui, cet état était déjà atteint.
Rappelant par ailleurs que la Marche du retour, entamée à la fin du mois de mars dernier, continue toujours sept mois plus tard. M. Lynk a expliqué que les forces de sécurité israéliennes avaient tué, dans ce contexte, plus de 200 Palestiniens -dont plus de 40 enfants– et blessé plus de 23 000 d’entre eux, la moitié nécessitant une hospitalisation dans les centres de santé de Gaza déjà surchargés. Il a joint sa voix à toutes celles qui, au sein de la communauté des droits de l’homme, dénoncent le fait qu’Israël ne respecte pas les principes de base sur le recours à la force, aux termes desquels les armes et la force meurtrière ne doivent être utilisées qu’en dernier recours et seulement en cas de menaces de mort imminentes. (...)

— Emanuele GerosaOne More Jump, film, Universcine, Italie-Suisse-Liban, 11.02.2019. 1h 23'. Le problème, c'est d'être étranger dans son propre pays...  Synopsis : Abdallah, athlète professionnel, a réussi à s’échapper de Gaza. Son ami Jehad, lui, y vit toujours. Il y entraîne de jeunes athlètes pour qui le sport reste le seul espace teinté d’espoir au milieu du conflit. Faut-il partir pour accomplir ses rêves ou rester pour se battre pour son pays ? La question forme le fil rouge de ce récit bouleversant sur le dépassement personnel.

— Ramzy Baroud, Why the Outrage? “Jewish Power” Party is the New Norm in Israeli Politics [Pourquoi cette indignation ? Le parti du « Pouvoir Juif » est la nouvelle norme dans la politique israélienne], CounterPunch, 6.03.2019.

— Jonathan Ofir, Netanyahu tells the truth: 'Israel is not a state of all its citizens', Mondoweiss, 11.03.2019. La très hertzlienne et abominable Loi sur l'État Juif fut entérinée le 19.07.2018. Elle consacre la suprématie juive sur la terre de Palestine : c'est l'inégalité des égaux ancrée dans la loi. Analyse visuelle orwellienne d'Avi Katz. La contrepartie de cette caricature a été son licenciement du Jerusalem Report, le magazine pour lequel il avait travaillé comme pigiste pendant près de trois décennies.

— a) Tamar Pileggi, Embracing racism, rabbis at pre-army yeshiva laud Hitler, urge enslaving Arabs - Recordings show instructors at settlement academy openly promoting Jewish supremacy; principal says Arabs want to live under Israeli occupation due to their genetic inferiority, The Times of Israel, 30.04.2019.
    b) Jonathan Ofir, Israeli rabbis at military prep school are caught on video praising Hitler, Mondoweiss, 30.04.2019.
Lisez ces deux articles et flipez avec les crachats absolument vérifiés proférés par les rabbins Eli Sadan, Yi’gal Levinstein, Eliezer Kashtiel, Giora Redler (ou Radler), Dov Lior, Ovadia Yosef... Ces rabbins dans tous leurs états de délire suprémaciste façonnent le paranoïaque et très nazi système éducatif israélien : ces éducateurs —racistes assumés et proclamés— préparent et envoient des jeunes israéliens à l'armée. Cliquez ci-contre pour accéder à une vidéo sous-titrée par David Sheen, qui explique :
Hier soir, la chaîne d'information Channel 13 a révélé des enregistrements d'instructeurs d'une grande académie religieuse israélienne. Dans la première partie, le directeur du séminaire aspire au retour de l'esclavage - qui serait l'ordre naturel - parce que les Arabes ont des « problèmes génétiques » et qu'ils « veulent donc être sous occupation ». Dans la seconde partie, un professeur de séminaire explique qu’Hitler était « le plus juste » et que l’idéologie nazie était cohérente, morale et constituait un remède pour les Juifs dont la maladie est de ne pas immigrer en Israël. De plus, dit-il, le VRAI Holocauste est la laïcité, le pluralisme et l’humanisme. Ces remarques n’étaient pas des lapsus, elles ont été répétées à maintes reprises pendant des années, reflétant avec précision le programme de la coalition Jewish Home / Kahane dont le chef, le rabbin patron du séminaire, est sur le point de devenir le nouveau ministre de l’Éducation d’Israël. Bienvenue dans mon monde.
L'école Bnei David est la première académie prémilitaire orthodoxe juive Mechina. Elle fut fondée à Eli, en Cisjordanie occupée, en 1988, par les rabbins Eli Sadan et Yi’gal Levinstein. Cette académie nazie en terre usurpée est le chouchou du camp religieux nationaliste pour avoir canalisé des milliers d'officiers religieux vers des postes de combat supérieurs dans l'armée israélienne et a été qualifiée par Shimon Peres de « fierté pour le pays », selon un article impeccablement colonial-sioniste de Wikipédia. [Shimon Peres, en fait Szymon Perski, né le 2 août 1923 à Wiszniew (en Pologne à l'époque, actuellement en Biélorussie), c'est le prestigieux homme d'État israélien qui tenta à l'époque un rapprochement avec le régime d’apartheid sud-africain]. En 2017, cette école de tarés a été financièrement protégée par le procureur général israélien, qui invoquait des raisons juridiques, contre une tentative de suppression de fonds menée par celui qui était alors le ministre de la Défense, le violent arabophobe moldave Avigdor Liberman, de son vrai nom Evik Lvovitch Liberman. Même ce raciste chevronné se disait choqué par le « sexisme constant » de l’académie Eli. En février 2003, quand il était ministre des Transports, il avait déclaré au sujet des prisonniers palestiniens: « Je propose de les transporter en autocars jusqu’à la mer Morte pour les noyer. »

— Carolyn Karcher (Ed.), Reclaiming Judaism from Zionism. Stories of Personal Transformation, 8.05.2019.  « Aujourd’hui, les Juifs sont confrontés à un choix. Nous pouvons être fidèles aux impératifs éthiques qui sont au cœur du Judaïsme – aimer l’étranger, rechercher la justice et réparer le monde. Ou nous pouvons apporter notre soutien inconditionnel à l’État d’Israël. C’est un choix entre le Judaïsme en tant que religion et l’idéologie nationaliste du Sionisme, qui usurpe cette religion.
Dans ce puissant recueil de récits personnels, quarante Juifs d’horizons divers racontent un large éventail d’histoires sur les chemins qu’ils ont parcourus, d’une vision du monde sioniste à un activisme en solidarité avec les Palestiniens et les Israéliens qui s’efforcent de construire une société inclusive fondée sur la justice, l’égalité et la coexistence pacifique.
Reclaiming Judaism from Zionism sera controversée. Ses contributeurs accueillent favorablement le débat public qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps. Ils veulent démolir les stéréotypes selon lesquels les Juifs dissidents sont « haineux envers eux-mêmes », traîtres et antisémites. Ils veulent présenter aux lecteurs la vaste communauté croissante de militants juifs qui ont créé des organisations telles que Jewish Voice for Peace, IfNotNow et Open Hillel. Ils veulent renforcer les alliances avec les progressistes de toutes les confessions. Ils veulent surtout nourrir des modèles d’identité juive qui remplacent l’exclusion ethnique par la solidarité, le Sionisme par un Judaïsme nourri à nouveau d’une vision éthique transcendante. » Avec les témoignages de Joel Beinin; Sami Shalom Chetrit; Ilise Benshushan Cohen; Marjorie Cohn; Rabbi Michael Davis; Hasia R. Diner; Marjorie N. Feld; Chris Godshall; Ariel Gold; Noah Habeeb; Claris Harbon; Linda Hess; Rabbi Linda Holtzman; Yael Horowitz; Carolyn L. Karcher; Mira Klein; Sydney Levy; Ben Lorber; Shoshana Madmoni-Gerber; Carly Manes; Moriah Ella Mason; Seth Morrison; Eliza Rose Moss-Horwitz; Hilton Obenzinger; Henri Picciotto; Ned Rosch; Rabbi Brant Rosen; Alice Rothchild; Tali Ruskin; Cathy Lisa Schneider; Natalia Dubno Shevin; Ella Shohat; Emily Siegel; Rebecca Subar; Cecilie Surasky; Rebecca Vilkomerson; Jordan Wilson-Dalzell; Rachel Winsberg; Rabbi Alissa Wise; Charlie Wood.

— Amnesty International, Amnesty Report: Israeli companies export weapons to countries that systematically violate human rights (Rapport d'Amnesty en hébreu : des entreprises israéliennes exportent des armes vers des pays qui violent systématiquement les droits humains. Selon ce rapport, les entreprises contournent la surveillance internationale, parfois après une chaîne de sous-transactions. C’est ainsi que les fusils Galilee parviennent au sud du Soudan et que d’autres armes fabriquées en Israël sont utilisées dans des pays qui ont commis un génocide), 21.05.2019.

— Barak Ravid, Israeli education minister calls intermarriage rate of U.S. Jews "second Holocaust", AXIOS, 9.07.2019. Le nouveau ministre israélien de l'Éducation, Rafi Peretz, a déclaré lors d'une réunion du Conseil des ministres le 1er juillet que le taux de mariages mixtes parmi les Juifs des États-Unis était « comme un deuxième Holocauste » (...).

— Olivier Pironet, À Gaza, un peuple en cage, reportage, Le Monde diplomatique, septembre 2019, pages 1, 20 et 21.

Gaza Fights for Freedom, documentaire écrit, réalisé et narré par Abby Martin (2019). Versions en anglais et, sous-titrées, en arabe et en castillan.

Ce premier long métrage de la journaliste Abby Martin a démarré lors d'un reportage en Palestine, où le gouvernement israélien lui a refusé l'entrée à Gaza, l'accusant d'être une « propagandiste ». Abby s'est donc connectée avec une équipe de journalistes à Gaza pour produire le film à travers la frontière bloquée. Il s’agit d’un documentaire sur les manifestations historiques de la Grande Marche du Retour [AIMSF], qui ont eu lieu chaque semaine de mars 2018 à décembre 2019, mais qui couvre bien plus encore. Il raconte l'histoire de Gaza passée et présente, montrant des images d'archives rares qui expliquent une histoire jamais reconnue par les médias. Vous entendez le témoignage des victimes du massacre en cours, notamment des journalistes, des médecins et la famille du secouriste de renommée internationale Razan al-Najjar. Dans son fin fond, « Gaza se bat pour la liberté » est un acte d’accusation minutieux contre l’armée israélienne pour crimes de guerre, avec des preuves documentaires exclusives et une représentation cinématographique époustouflante de la résistance héroïque des Palestiniens.


— Hilo Glazer, '42 Knees in One Day': Israeli Snipers Open Up About Shooting Gaza Protesters. Over 200 Palestinians were killed and nearly 8,000 were injured during almost two years of weekly protests at the Israel-Gaza border. Israeli army snipers tell their stories, Haaretz, 6.03.2020.  Reportage absolument sinistre, macabre. On n'en revient pas. Il existe une version en français publiée par l'Agence Médias Palestine le 9.03.2020 : « 42 genoux en un jour » : des tireurs d'élite israéliens relatent la fusillade des manifestants de Gaza. En fait, ils expliquent ouvertement comment ils tirent sur de jeunes manifestants non-armés à Gaza. Ce sont leurs trophées de chasse, ils les dénombrent et ils en font la cotation.

— Gideon Levy, The Israeli Army Doesn't Have Snipers on the Gaza Border. It Has Hunters, Haaretz, 7.03.2020. Version française, amorce : « À Gaza, huit mille jeunes hommes ont été rendus handicapés à vie par les tirs des snipers israéliens. Certains ont dû être amputés et les tireurs y trouvent de la fierté. / L'un est musicien, venant d'un bon lycée, l'autre est scout, diplômé en théâtre. Ils font partie des snipers qui ont tiré sur des centaines de manifestants non-armés. / Dans l'interview accordée à Hilo Glazer pour Haaretz, aucun ne montre de remords. Quand ils s'excusent, c'est de ne pas avoir fait couler plus de sang. / Ils se conduisent tous comme des assassins. Si les deux cents morts qui leur sont dues ne suffisent pas à le montrer, voyez leurs déclarations. Ils ont perdu leur boussole morale et poursuivront ainsi leur vie. / Ils ont handicapé leurs victimes, mais leur propre handicap est bien plus grave. Leurs âmes sont tordues, atrophiées. / Leur morale perdue à tout jamais sur le champ de tir qui fait face à la bande de Gaza, ils sont devenus des dangers pour la société. / Ils sont les fils de vos amis et les amis de vos fils, mais écoutez un peu ce qu'ils disent. "J'ai ramené sept ou huit genoux aujourd'hui, j'ai failli battre le record !", "J'ai fait 28 genoux aujourd'hui !". (...) "Laissez-moi me faire un gosse de 14 ou 16 ans. Laissez-moi lui exploser le crâne devant toute sa famille, tout son village. Laissez couler son sang. Et alors, je n'aurais peut-être plus besoin de prendre encore vingt genoux". (...) »

— Ofer Aderet, Assassinations, Terror Attacks and Even Castration – the Hidden Actions of Israel's Pre-state Militia, Haaretz, 13.06.2020. « Ce mois-ci marque le 100e anniversaire de la formation du précurseur de l'armée israélienne. Si la Haganah se vante de ses actes héroïques et méprise les groupes d'extrême droite similaires, son histoire comprend également des opérations obscures qu'elle préférerait ne pas mentionner. » Chapeau de l'article : « Ce mois-ci marque le 100e anniversaire de la formation du précurseur de l'armée israélienne. Si la Haganah se vante de ses actes héroïques et méprise les groupes d'extrême droite similaires, son histoire comprend également des opérations obscures qu'elle préférerait ne pas mentionner. »

— Ramona Wadi, L’histoire oubliée de l’alliance entre Israël et les dictatures latino-américaines, Orient XXI, 5.10.2020. Histoire qui contient des accords et/ou collaborations avec la crème de la crème des fascistes ibéro-américains [Stroessner, Pinochet, Videla, Ríos Montt...] pantins de la politique néolibérale de l'empire étasunien et des répressions concomitantes. Extrait :
Le Mossad israélien et la dictature paraguayenne d’Alfredo Stroessner concluent un accord en 1969 pour transférer 60 000 Palestiniens, « qui par définition ne sont pas communistes », sur une période de quatre ans. Dans le cadre de cet accord, Israël accepte de payer pour ces transferts forcés. Les Palestiniens recevraient 100 dollars (85 euros) pour couvrir les premières dépenses à leur arrivée au Paraguay. Une partie de l’accord prévoit aussi que le régime dictatorial de Stroessner recevra 33 dollars (28 euros) pour chaque Palestinien transféré, ainsi que 350 000 dollars (300 000 euros) « pour les frais d’immigration de 10 000 personnes ».
La politique de transfert forcé vers le Paraguay échoue après que deux Palestiniens ont tué Edna Peer, employée de l’ambassade d’Israël au Paraguay en mai 1970. Seuls 30 Palestiniens sont transférés en 1970, date à laquelle l’accord est dissous.

— Patrice Forget, Gaza, un ballon, une jambe, film documentaire (fiche technique et site), Artis, 2020.

— Mohammed Nijim, Genocide in Palestine: Gaza as a case study, The International Journal of Human Rights, volume 27, 2023 - Issue 1, article reçu le 18.11.2020, publié le 21.04.2022. S’appuyant sur des données recueillies lors d’entretiens semi-structurés avec des étudiants palestiniens ainsi qu’à partir de rapports sur les droits de l’homme et de documents historiques et sociologiques, composant une copieuse et utile bibliographie, cet article explique comment Israël commet un génocide au ralenti (avec des pics tous les 18 mois en moyenne, dis-je) contre les populations sans défense de la bande de Gaza.

— B'Tselem, A Regime of Jewish Supremacy from the Jordan River to the Mediterranean Sea: THIS IS APARTHEID, 12.01.2021.

— HRW, A Threshold Crossed. Israeli Authorities and the Crimes of Apartheid and Persecution, 27.04.2021.

— Dima Srouji, Living the Nakba, over and over. The latest assaults on Palestinians are resurfacing the intergenerational trauma we all carry. But our resistance is only growing stronger, +972 Magazine,14.05.2021. Réflexion témoignage sur un épouvantable traumatisme intergénérationnel qui n'en finit jamais. Extrait : « Je me sens plus forte que ma mère, qui se rebella contre l'armée israélienne pendant la Première Intifada. Et elle était plus forte que ma grand-mère, qui fut forcée de quitter la ville de Ramallah à l’âge de 12 ans, lors de la Nakba, en 1948, laissant derrière elle sa famille et ses biens. Ses frères furent emprisonnés par Israël pour avoir combattu afin de conserver leur propre maison. Son père, mon arrière-grand-père, décéda après s'être cogné la tête contre le mur chaque nuit à cause de la tristesse qu'il portait, après avoir perdu sa famille, sa maison, ses fermes et, finalement, son esprit. »

— Shaazia Ebrahim, How Israel uses pinkwashing to position itself as a "gay paradise", The Daily Vox, 24.05.2021.

— Noura Erakat, Beyond Discrimination: Apartheid is a Colonial Project and Zionism is a form of Racism, EJIL:Talk! - Blog of the European Journal of International Law, 5.07.2021. À lire très attentivement, ce texte contient grand nombre de liens hypertextes d'intérêt en la matière.

— B'Tselem, Sexism, homophobia and harassment by settlers and soldiers: life's routine in Hebron [Cisjordanie], texte et vidéos à l'appui, 11.07.2021.

JO : [Fethi Nourine] le judoka algérien qui avait refusé d'affronter un Israélien a été suspendu par la Fédération internationale, FranceInfo avec AFP, 24.07.2021. Honneur à Fethi Nourine !!!!! 

— Avi Mograbi, Les 54 premières années - Manuel abrégé d'occupation militaire, film documentaire en deux épisodes, 110 minutes, France-Finlande-Israël-Allemagne, 2021. 54 premières années... : cette quantification est déjà une prise de position politique [qui n'est pas la mienne car je trouve que le 29.11.1947 et le 14.05.1948 sont deux dates funestes qui ont servi à entériner une épouvante. Je suis d'accord avec Ronnie Barkan qui a déclaré à ce propos, la citation complète est à chercher plus haut (cf. Empire Files) : "The talk of 50 years of occupation is no more than a liberal-Zionist propaganda"] d'un cinéaste israélien sioniste dissident courageux et engagé. En fait, Avi Mograbi a affirmé : « Je soutiens sans ambiguïté l'existence de l'État d'Israël, mais j'estime qu'il ne doit plus être un État juif, mais un État pour tous ses citoyens à égalité. » Florian Cordier sur tënk : « Le procédé est implacable. Avi Mograbi, tel le père Castor, son manuel abrégé d’occupation militaire à la main, nous guide de manière particulièrement didactique dans le processus de colonisation des territoires palestiniens. Aidé dans son travail par le témoignage direct des acteurs ; réservistes de Tsahal, administrateurs, nous sommes méticuleusement initiés aux méthodes de violences physiques et psychologiques utilisées pour briser le tissu social. / L’appropriation de la terre, la domination du corps individuel comme collectif n’est pas un processus simpliste, il demande un état-major qui édicte une doctrine stratégique, mais aussi la disponibilité des exécutants sur le terrain, qui disposent d’une marge de manœuvre. / Se dessine alors devant nous une fresque de brutalités, ordinaires comme planifiées (...). » [Mis à jour du 27.01.2024 - Je lis sur la lettre d'information des Mutins de Pangée : On a appris dans les Cahiers du cinéma de janvier (À quoi bon, entretien avec Avi Mograbi, p.76, nº 805), que le cinéaste engagé a décidé de quitter Israël (sa décision était déjà prise avant le 7 octobre), signe d'un délitement extrême de la société israélienne qui devient insupportable et invivable pour une partie de la gauche désemparée. Dans l'entretien, Avi Mograbi s'explique : "(...) ce qui est terrible dans le moment que nous vivons, c'est qu'il nous apprend qu'Israël n'a pas de futur. Nous commençons à comprendre que ce projet est fini, qu'il a échoué. Une telle catastrophe aurait dû signifier une possibilité de changer de cap, mais on ne voit aucun changement arriver."  Quant aux très inexacts 54 premières années, Craig Mokhiber et Phyllis ont publié il y a trois semaines un article plus fort en maths car plus fort en dates, A Crack in a 75-year-old Wall of Impunity: South Africa Challenges Israeli Genocide in Court, FPIF.org, 8.01.2024, qui démarre ainsi, traduit en français : « 1948 fut une année à l'ironie tragique. Cette année-là a vu l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, promettant ensemble un monde dans lequel les Droits de l'Homme seraient protégés par l'empire de la loi. La même année, l'Afrique du Sud a adopté l'apartheid et les forces israéliennes ont exécuté la Nakba, la violente dépossession massive de centaines de milliers de Palestiniens. Les deux systèmes s'appuyaient sur le soutien occidental. »] 
Bande-annonce :



— Avi-ram Tzoreff (chercheur postdoctoral de l'Académie Polonsky à l'Institut Van-Leer de Jérusalem), Carpets, books, and jewelry: Why looting was central to the Nakba. A recent book documents the rampant looting of Palestinian belongings in 1948, but fails to recognize it as part of Israel's wider goal of dispossession (Un livre récent documente le pillage généralisé des biens palestiniens en 1948, mais ne parvient pas à le reconnaître comme faisant partie de l'objectif israélien plus large de dépossession), 24.03.2022. Il faut lire dans son intégralité cette détaillée et documentée argumentation sur un pillage séculaire.

— Jumana Manna, Cueilleurs (Al-Yad Al-Khadra ; Foragers), film, sortie le 26.03.2022 (Toronto Biennal of Art). Synopsis long :
Entremêlant documentaire et fiction, Foragers rend compte du conflit brûlant entre autorités israéliennes en charge des parcs et des réserves naturelles et Palestinien·ne·s – en particulier ancien·ne·s –, cueilleur·euse·s de plantes sauvages essentielles dans leur culture et cuisine. En effet, les restrictions imposées par les Israelien·ne·s interdisent notamment la collecte de ’akkoub (végétal proche de l’artichaut) et de za’atar (thym), et donnent lieu non seulement à des scènes de « chasse » par les patrouilleur·euse·s aussi tristes qu’aberrant·e·s, mais encore à des contraventions à répétition… À travers une composition élaborée et extrêmement fine, des conversations et la mise en scène de défenses en salles d’audience (avec, en passant, une femme appelée par erreur « Varda » ; la référence au film de la grande cinéaste sur les glaneur·euse·s ne passera pas inaperçue), Jumana Manna – elle-même Palestinienne [née à Princeton, États-Unis] et à l’évidence intimement liée à son sujet – parvient à capturer avec grâce l’amour, la résilience et la connaissance hérités de ces traditions, sur une toile de fond éminemment politique.
Info fournie par la réalisatrice :
Foragers dépeint les drames qui entourent la pratique de la cueillette de plantes sauvages comestibles en Palestine/Israël avec un humour ironique et un rythme méditatif. Tourné sur les hauteurs du Golan, en Galilée et à Jérusalem, le film utilise des images de fiction, des documentaires et des archives pour décrire l’impact des lois israéliennes de protection de la nature sur ces coutumes. Les restrictions interdisent la cueillette de l’akkoub et du za’atar (thym), qui ressemblent à des artichauts, et ont donné lieu à des amendes et à des procès pour des centaines de personnes prises en flagrant délit de cueillette de ces plantes indigènes. Pour les Palestiniens, ces lois constituent un voile écologique qui les éloigne encore plus de leur terre tandis que les représentants de l’État israélien insistent sur leur expertise scientifique et leur devoir de protection. En suivant les plantes de la nature à la cuisine, des poursuites entre les cueilleurs et la patrouille de protection de la nature jusqu’aux défenses devant les tribunaux, Foragers capture la joie et les connaissances incarnées par ces traditions ainsi que leur endurance / résistance face à la loi prohibitive. En repensant les termes et les contraintes de la préservation, le film soulève des questions autour des politiques d’extinction, à savoir qui détermine ce qui disparaît et ce qui survit.
Cf. Malik Berkati, Cueilleurs (Foragers) de Jumana Manna ou l’illustration par l’absurde de la perniciosité de l’occupation, j-mag.ch, 25.11.2022.

— Save The Children, Trapped: The impact of 15 years of blockade on the mental health of Gaza’s children, juin 2022. PDF en anglais. Résumé analytique en anglais.

— Alejandro Pozo Martín et Ainhoa Ruiz Benedicto, Centre Delàs d'Estudis per la Pau, Informe 54, Negocios Probados en Combate. Exportar la marca 'Made in Israel' para mantener la ocupación y normalizar la injusticia (Affaires Testées en Combat. Exporter la marque « Made in Israel » pour maintenir l’occupation et normaliser l’injustice), Barcelona, juillet 2022.

— Ilan Pappe, When Will the West Publicly Endorse the Right of the Palestinians to Defend Themselves? (Les Palestiniens ont un droit absolu à se défendre), The Palestine Chronicle, 11.08.2022. À lire absolument pour comprendre, tout en cliquant sur les liens. Amorce dans la version française :
Quand l’Occident approuvera-t-il publiquement le droit des Palestiniens à se défendre ? interroge Ilan Pappe.
Le dernier assaut brutal israélien sur la bande de Gaza a révélé une fois de plus la réponse hypocrite et immorale de l’Occident à la politique génocidaire appliquée par Israël dans les territoires occupés.
La poursuite des politiques impitoyables et les réponses des gouvernements occidentaux, en particulier Étasuniens et Britanniques, peuvent naturellement pousser au désespoir et à l’inaction.
Cependant, le désespoir et l’inaction sont un luxe que les Palestiniens vivant sous l’apartheid, le blocus et l’occupation ne peuvent se permettre … Par conséquent, le mouvement de solidarité devrait également faire de son mieux pour ne pas céder à un sentiment d’impuissance ou de désespoir.
Il est important de prendre note du manque de sincérité permanent de l’Occident, tel qu’il s’est manifesté une fois de plus cette fois-ci, de condamner cette duplicité et de la contrer en exposant les mensonges et les distorsions sur lesquelles elle est basée.
Le président étasunien, le Département d’État et l’envoyé étasunien aux Nations unies ont « soutenu le droit d’Israël à se défendre » en réaction à l’assaut israélien, tout comme la ministre britannique des Affaires étrangères, qui sera probablement la prochaine Première ministre en septembre.
C’est assez inimaginable d’entendre ces déclarations… A une époque où toutes les grandes organisations de défense des droits de l’homme et des droits civiques dans le monde définissent Israël comme un État d’apartheid, les élites politiques occidentales ont choisi de soutenir son prétendu droit à l’autodéfense.
Nous ne devons pas nous lasser. Nous devons rappeler au monde que le peuple qui a le droit de se défendre, ce sont les Palestiniens et qu’ils disposent de moyens très limités pour le faire, que ce soit par la lutte armée ou en faisant appel au droit et aux institutions internationales.
Dans de nombreux cas, ils n’ont pas été en mesure de se défendre, ni à Gaza ce mois-ci, ni nulle part ailleurs dans la Palestine historique depuis 1948. Lorsqu’ils y parviennent, ils sont accusés d’être des terroristes.
Les gouvernements occidentaux semblent se soucier très peu du droit des Palestiniens à la vie, à la dignité et à la propriété. L’ONU s’est engagée à le faire dans la résolution 181 du 29 novembre 1947 et n’a rien fait lorsque tous ces droits ont été violés lors du nettoyage ethnique de la Palestine.
Depuis lors, et en particulier depuis 1967, aucun des gouvernements occidentaux n’a jamais tenté de protéger les Palestiniens lorsque l’armée israélienne les a pris pour cible, tués ou blessés – avec des armes fournies par l’Occident ou développées avec son aide. Il n’a rien fait non plus lorsque leurs maisons ont été démolies, leurs moyens de subsistance détruits ou lorsqu’ils ont été chassés de force, expulsés. (...)

— Sylvain Cypel, Itamar Ben Gvir, l’ascension d’un fasciste israélien vers le pouvoir, Orient XXI.info, 5.12.2022. « L’ascension aux plus hautes fonctions gouvernementales en Israël d’Itamar Ben Gvir, un « suprémaciste juif » assumé et partisan de l’utilisation des méthodes les plus brutales à l’égard des Palestiniens est donc acté. Il devrait être le ministre de la sécurité nationale du prochain gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Hier considéré comme un paria, son parcours incarne l’évolution de la société israélienne en trois décennies. »

— Mira Fox, Were young American Jews lied to about Israel? A new documentary says yes. In ‘Israelism,’ American Jewish kids play IDF games at summer campForward (média juif indépendant), 24.02.2023. Brooklyn Film Festival 2023 et note des réalisateurs (Eric Axelman et Sam Eilertsen) :
J’ai grandi dans une communauté juive rurale du Maine, dans la ville de Skowhegan. Être juif n’était pas quelque chose qui rendait fier – cela rendait au contraire différent, et les images stéréotypées que j’ai vues tout au long de ma vie présentaient les Juifs comme faibles et différents. Puis j’ai découvert Israël, et mon identité juive a changé pour toujours. Pour ma Bar-Mitzvah, on m’a donné le roman « Exodus » [Leon Uris, 1958], une histoire héroïque de la création d’Israël. En tant qu’enfant trans (effrayé par son homosexualité et souhaitant la cacher), ces histoires m’ont donné un sentiment de force et de pouvoir. Je suis tombé amoureux d’Israël. J’ai vite découvert que la plupart des communautés juives étasuniennes – mais pas exactement la mienne – présentaient Israël comme un élément essentiel du judaïsme aux jeunes juifs. J’ai appris que seul l’État d’Israël pouvait permettre aux Juifs du monde entier de se sentir en sécurité et fiers, surtout après les horreurs de l’Holocauste. J’ai commencé à lire tout ce que je pouvais sur l’histoire d’Israël, et même si j’étais le seul enfant juif de mon lycée à m’identifier comme tel, j’ai commencé à porter publiquement une étoile de David autour du cou.
Puis j’ai découvert la Palestine. J'ai étudié pendant un an l'histoire du sionisme en dernière année de lycée et mon professeur m'a donné par hasard des textes historiques palestiniens. Après le premier livre, j'étais confus. Après le deuxième, j'étais dévasté. Après le troisième, j'avais le cœur brisé. Les faits fondamentaux de l'histoire palestinienne ont mis en cause les récits que j'avais appris à associer si étroitement. J'ai appris à la fois la Nakba - le nettoyage ethnique de la Palestine en 1948 qui a conduit 750 000 Palestiniens à être définitivement chassés de leurs foyers - et l'occupation - l'occupation militaire brutale qu'Israël mène en Cisjordanie depuis 54 ans et qui laisse les Palestiniens sans citoyenneté. Peu de temps après, je me suis rendu moi-même en Cisjordanie et j'ai vu les murs de béton de 8 mètres de haut qui entourent les villes palestiniennes, les centaines de points de contrôle militaires limitant les déplacements des civils, et les colons israéliens qui colonisaient activement la Cisjordanie. La transformation que j'ai vécue a été profondément difficile sur le plan émotionnel et a changé ma perception du judaïsme moderne et de la communauté qui avait placé Israël si fortement au centre de tout.
À l’université, j’ai vu, constamment, sans désemparer, que ce qui m’était arrivé arrivait également à des centaines d’autres jeunes juifs. Pour la plupart des étudiants juifs que j’ai rencontrés, l’Israël dont j’étais tombé amoureux à 13 ans les accompagnait depuis leur naissance, et lorsqu’ils entraient en contact avec les récits palestiniens, leur identité fondamentale était ébranlée. J’ai commencé à réaliser que j’étais en train d’assister à un phénomène de masse : des milliers d’étudiants juifs découvraient pour la première fois l’histoire palestinienne, se retrouvaient le cœur brisé et commençaient finalement à œuvrer en solidarité avec la cause palestinienne. J’ai également commencé à être témoin de la réaction massive à cette fragmentation communautaire, alors que les dirigeants juifs établis, qui croyaient encore pleinement en Israël, faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour ramener dans leur giron les juifs étasuniens mécontents – et si c’était impossible, les punissaient et les isolaient culturellement.
Cette histoire de Juifs étasuniens qui ont d’abord aimé Israël, ont appris en profondeur la souffrance palestinienne, puis ont finalement sympathisé avec la cause palestinienne, s’inscrit dans le cadre plus large du conflit israélo-palestinien. En tant qu’équipe, nous avons réuni l’un des castings les plus divers et les plus renommés pour un film sur le conflit israélo-palestinien, et nous avons rassemblé une équipe très expérimentée et primée aux Emmy Awards, dont notre monteur Tony Hale, lauréat d’un Emmy, ainsi que notre producteur exécutif Brian A. Kates, deux fois lauréat d’un Emmy, et notre producteur Daniel Chalfen, quatre fois nominé aux Emmy Awards. Je crois qu’Israélisme racontera le récit encore inédit, jamais révélé, de l’histoire profondément complexe, profondément sincère et profondément tragique de la relation en constante évolution des Juifs étasuniens avec Israël.
Résumé d’Israelism :
Deux jeunes Juifs américains, Simone Zimmerman et Eitan, sont élevés pour défendre l’État d’Israël à tout prix : Eitan rejoint l’armée israélienne, tandis que Simone soutient Israël sur « l’autre champ de bataille », les campus étasuniens. Mais lorsqu’ils voient de leurs propres yeux les mauvais traitements infligés par Israël au peuple palestinien, ils sont horrifiés, le cœur brisé. Israelism remet en question la relation entre l’identité juive étasunienne et le soutien à l’État d’Israël. Avec des entretiens avec d’éminents penseurs comme Jeremy Ben Ami, Noam Chomsky et Cornel West, ce documentaire politique opportun examine un fossé générationnel qui affecte cette communauté. Les dirigeants politiques juifs étasuniens plus âgés et établis assimilent souvent l’antisionisme à l’antisémitisme. L’éducation juive étasunienne traditionnelle est fondée sur le Sionisme et sur la création de l’État d’Israël comme refuge pour les réfugiés juifs du monde entier après l’Holocauste. Inspirés par ce récit, de nombreux Étasuniens ont migré en Israël et ont même servi dans les forces de défense israéliennes (FDI). Parallèlement, un groupe de jeunes Juifs étasuniens, dont des vétérans de l’armée israélienne et des rabbins, se battent contre les déplacements de la population palestinienne, contre la violence persistante et le traitement réservé au peuple palestinien par l’armée israélienne. Ils s’associent à des militants palestiniens et protestent contre la propagande politique qui vise à déshumaniser les Palestiniens. En conséquence, leur identité juive est remise en question par d’autres Juifs étasuniens parce qu’ils ne soutiennent pas le gouvernement israélien. Alors que la violence antisémite s’intensifie aux États-Unis, une fracture majeure apparaît au sein du paysage politique judéo-étasunien.
[Le film deviendrait justement la cible des sinistres pouvoirs sionistes, et leurs campagnes de diffamation et de censure coordonnées, qu’il dénonce.] Bande-annonce :


— Congressional Research Service, U.S. Foreign Aid to Israel, rapport mis à jour le 1.03.2023.

— Ilan Pappe, Using the Right Language: The 'Incremental Genocide' of the Palestinians Continues, Palestine Chronicle, 16.03.2023. Extrait :
I am writing this op-ed on March 10, 2023. Seventy-five years ago, on this date, the military command of the Zionist leadership publicized Plan Dalet, or Plan D, which, among other guidelines, instructed the Zionist forces on their way to occupy hundreds of Palestinian villages and several towns and neighborhoods in historical Palestine, to carry out:
“Destruction of villages (setting fire to, blowing up, and planting mines in the debris), especially those population centers which are difficult to control continuously.
“Mounting search and control operations according to the following guidelines: encirclement of the village and conducting a search inside it. In the event of resistance, the armed force must be destroyed and the population must be expelled outside the borders of the state.”
Similar guidelines were given to the urban areas. This was a softer version of the real commands that were given to the units on the ground. Here is one example of an order sent to a unit entrusted with occupying three large villages in Western Galilee as part of Plan D commands:
“Our Mission is to assault for the purpose of occupation…to kill the men, destroy and set fire to Kabri, Umm al-Faraj and An-Nahr”
So, there is nothing new when Bezalel Smotrich, the minister of finance of Israel calls for the erasure of Huwwara. He apologized because such comments were only meant to be said in Hebrew, but he forgot that this is 2023 and his words were immediately translated into English. Smotrich apologized because it was translated, not because he said it. (...)

— Nada Kiswanson and Susan Power (Éditeurs), Prolonged Occupation and International Law. Israel and Palestine, International Humanitarian Law Series, Volume: 66, 392 pages, 20.03.2023 (avec des contributions de John Quigley, Vito Todeschini, Ray Murphy, Anita Ferrara, Susan Power, Aeyal Gross, John Reynolds, , Rimona Afana, Sahar Francis, Suha Jarrar, John Dugard, Manuel Devers, Tom Moerenhout, Nada Kiswanson, Shane Darcy, Halla Shoaibi, Asem Khalil, Marya Farah, Maha Abdallah, Thomas Hammarberg).

Rappel : 75 ans de Nakba. 15.05.2023 : L'ONU a commémoré lundi 15 mai, pour la première fois de son histoire, le déplacement massif de Palestiniens de la terre qui allait devenir Israël, il y a 75 ans, qui a transformé presque du jour au lendemain 700.000 Palestiniens en réfugiés. En anglais : Commemoration of the 75th anniversary of the Nakba at UN Headquarters in New York.
EXPOSITION au siège de l'ONU à New York à l'occasion du 75ème anniversaire de la NAKBA : Palestine : une terre avec un peuple. Du 29.11.2023 au 8.01.2024.
Cette exposition présente des photographies, des vidéos et des œuvres d'art illustrant différents épisodes du parcours des Palestiniens avant, pendant et après la Nakba. Elle rappelle que près de 6 millions de Palestiniens sont encore aujourd'hui des réfugiés, dispersés dans toute la région. Des centaines de milliers de ces réfugiés ont subi un déplacement forcé supplémentaire et des milliers de personnes ont été tuées pendant la guerre de Gaza de 2023, dans une situation qualifiée de « catastrophe humanitaire » par le Secrétaire général des Nations Unies.

— OMS, Rapport du Directeur Général, Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, Soixante-seizième Assemblée Mondiale de la Santé, Point 18 de l'ordre du jour provisoire, A76/15, 17.05.2023.

— Revital MadarBeyond Male Israeli Soldiers, Palestinian Women, Rape, and War. Israeli State Sexual Violence against Palestinians (Violences sexuelles de l'État israélien contre les Palestiniens), in Conflict and Society, Berghahn Journals, New York - Oxford, 1.06.2023. À l'appui de sa recherche, Revital Madar cite une bibliographie vraiment touffue.

— Emanuel Fabian, Israeli Arms Sales Doubled in a Decade, Hit New Record of $12.5 billion in 2022 (Les ventes d'armes israéliennes ont doublé en une décennie et ont atteint un nouveau record de 12,5 milliards de dollars en 2022), Times of Israel, 14.06.2023.

— Daud Abdullah, Histoire de la politique étrangère du Hamas, traduit de l'anglais et préfacé par Christophe Oberlin, Éd. Erick Bonnier, 22.06.2023. « Ce livre démonte avec brio les représentations biaisées du Hamas dans les pays occidentaux. Une lecture éclairante pour quiconque recherche une présentation honnête de cet important mouvement palestinien. » (Ilan Pappe, College of Social Sciences & International Studies, Université d’Exeter, Royaume-Uni). Vidéo de présentation par Christophe Oberlin, 19.06.2023.

Haaretz (Éditorial), Israël-Palestine. "Ordre permanent pour des pogroms contre les Palestiniens", lu sur le site À l'encontre, 23.06.2023.

— Save The Children, INJUSTICE. Palestinian Children's Experience of the Israeli Military Detention System, 07.2023. Chaque année, l'armée israélienne arrête entre 500 et un millier de mineurs palestiniens dans les territoires occupés, un processus au cours duquel les mineurs subissent des mauvais traitements et toutes sortes d'abus, y compris des abus sexuels, qui affectent leur santé mentale. Les arrestations ont généralement lieu la nuit (dans 65 % des cas) et la moitié des mineurs ont été interpellés à leur domicile. Au cours du processus de détention, plus de 40 % des mineurs interrogés ont subi des blessures, notamment des fractures osseuses et des blessures par balle.

— Shira Kadari-Ovadia, Dozens of School Principals Protest Ban of Israeli-Palestinian Bereaved Families Forum, Haaretz, 3.08.2023. Des dizaines de directeurs d'école protestent contre l'interdiction du Forum des familles israélo-palestiniennes endeuillées. Ils ont signé une lettre de soutien au Cercle des parents - Forum des familles, qui a récemment été exclu par le Ministère de l'Éducation en tant que programme externe approuvé car contraire aux valeurs du ministère.

— Toi Staff, Ex-IDF general [Amiram Levin] likens military control of West Bank to Nazi Germany, The Times of Israel, 13.08.2023.

— Human Rights Watch, Cisjordanie : Hausse du nombre d’enfants palestiniens tués par les forces israéliennes. Les autorités devraient mettre fin à l’impunité systématique en cas de recours illégal à la force létale, 28.08.2023. HRW constate que L’armée israélienne et la police des frontières tuent des enfants palestiniens dans un contexte où l’obligation de rendre des comptes est quasi-inexistante. Vidéo : Israël : Tirs mortels contre des jeunes Palestiniens.

— The Associated Press, 'There Is an Apartheid State Here': Ex-Mossad Chief on Israel's West Bank Occupation. Tamir Pardo, who served as head of Israel's clandestine spy agency from 2011-2016, wouldn't say if he held the same beliefs while heading the Mossad, but noted that he believed among the country's most pressing issues was the Palestinians — above Iran's nuclear program, Haaretz, 6.09.2023. Cf. en français RFI, 7.09.2023.

— Marwan Bishara, Oslo is dead, long live the peace process, Al Jazeera, 12.09.2023.

— Mohammed El-Kurd, Jewish settlers stole my house. It’s not my fault they’re Jewish, Mondoweiss, 26.09.2023. "Palestinians are told the words we use dwarf the decades of violence enacted against us by the self-proclaimed Jewish State. A drone is one thing, but a trope—a trope is unacceptable. No more." (« Des colons juifs ont volé ma maison. Ce n’est pas ma faute s’ils sont juifs... / On dit aux Palestinien.nes que les mots que nous utilisons éclipsent les décennies de violence que nous a infligées l’autoproclamé État juif. Un drone est une chose, mais un trope – un trope est inacceptable. Assez »). Version en français par Jean-Marie Flémal pour Charleroi pour la Palestine. Cet article s’inspire du remarquable article de James Baldwin intitulé Negroes Are Anti-Semitic Because They're Anti-WhiteLes noirs sont antisémites parce qu’ils sont antiblancs »), publié le 9.04.1967. En voici trois extraits :
(...) What will the Christian world, which is so uneasily silent now, say on that day which is coming when the black native of South Africa begins to massacre the masters who have massacred him so long? It is true that two wrongs don't make a right, as we love to point out to the people we have wronged. But one wrong doesn’t make a right, either. [Que dira le monde chrétien, si mal à l’aise en silence maintenant, le jour qui vient où le noir originaire d'Afrique du Sud commencera à massacrer les maîtres qui l'ont massacré si longtemps ? Il est vrai que deux torts ne font pas un bien, comme nous aimons le souligner aux personnes à qui nous avons fait du tort. Mais un mal ne fait pas non plus un bien.]
(...) One can be disappointed in the Jew if one is romantic enough--for not having learned from history; but if people did learn from history, history would be very different. [On peut être déçu par le Juif si l’on est assez romantique – pour ne pas avoir appris de l’histoire ; mais si les gens apprenaient de l'histoire, l'histoire serait très différente]
(...) The crisis taking place in the world, and in the minds and hearts of black men everywhere, is not produced by the star of David, but by the old, rugged Roman cross on which Christendom's most celebrated Jew was murdered. And not by Jews. [La crise qui a lieu dans le monde, ainsi que dans l'esprit et le cœur des hommes noirs du monde entier, n'est pas produite par l'étoile de David, mais par la vieille et robuste croix romaine sur laquelle le Juif le plus célèbre de la chrétienté a été assassiné. Et pas par les Juifs.]


3) Références variées du 7.10.2023 au 17.11.2023.



— Tsedek ! (Collectif Juif Décolonial), Communiqué à la suite de l'offensive de la résistance palestinienne, 7.10.2023. Ils rappellent leur solidarité envers toutes les victimes civiles et l'urgence de mettre fin à la colonisation israélienne et sa violence systématique.

— Tariq Ali, Uprising in Palestine, New Left Review, 7.10.2023. Version en castillan (El Salto Diario).

— Amnesty International, Israel/OPT: Civilians on both sides paying the price of unprecedented escalation in hostilities between Israel and Gaza as death toll mounts, 7.10.2023. Un extrait : 
"The root causes of these repeated cycles of violence must be addressed as a matter of urgency. This requires upholding international law and ending Israel’s 16-year-long illegal blockade on Gaza, and all other aspects of Israel’s system of apartheid imposed on all Palestinians. The Israeli government must refrain from inciting violence and tensions in the occupied West Bank, including East Jerusalem, especially around religious sites. Amnesty International calls on the international community to urgently intervene to protect civilians and prevent further suffering." [« Il faut s’attaquer de toute urgence aux causes profondes de ces cycles répétés de violence. Cela nécessite le respect du droit international et la fin du blocus illégal de Gaza imposé par Israël depuis 16 ans, ainsi que de tous les autres aspects du système d’apartheid imposé par Israël à tous les Palestiniens. Le gouvernement israélien doit s’abstenir d’inciter à la violence et aux tensions en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, notamment autour des sites religieux. Amnesty International appelle la communauté internationale à intervenir de toute urgence pour protéger les civils et éviter de nouvelles souffrances. »] 
Nous craignons tous que, sur les crimes sionistes ordinaires dont on parle plutôt peu, qui suppriment d'ordinaire la vie de grand nombre d'enfants (38 seulement entre janvier et septembre 2023), ne flambent encore aussi en Cisjordanie (plus de 100 Palestiniens assassinés en 18 jours) en dépit de l'absence de l'alibi Hamas. Les pogroms sont des agressions meurtrières contre les habitants d'un ghetto (bantoustan ici) tolérées ou soutenues par le pouvoir, dans ce cas par les autorités et l'armée israéliennes ; donc, les pogroms des colons sionistes contre les Palestiniens sont plus que jamais le pain quotidien des Palestiniens. Ruth Michaelson et Sufian Taha en savent quelque chose.

— Íñigo Sáenz de Ugarte, Israel sufre el trauma que Gaza soporta desde hace décadas, elDiario.es, 8.10.2023.

Carne Cruda (émission de radio en castillan) : Palestina responde a la ocupación de Israel (avec les journalistes Javier Espinosa et Mussa'ab Bashir; Jesús A. Núñez, co-directeur de l'Instituto de Estudios sobre Conflictos y Acción Humanitaria (IECAH), Itxaso Domínguez de Olazábal, experte de la question palestinienne, le photojournaliste Bruno Thevenin et Raquel Martí, directrice exécutive de la UNRWA en Espagne, 9.10.23).

— David Rovics, The Gaza Ghetto Uprising, CounterPunch, 9.10.2023.

— Binoy Kampmark, Indecency’s Conspiracy of Silence: Hamas, Israel and the Use of Force, CounterPunch, 9.10.2023.

— Gideon Levy, Israel Can’t Imprison Two Million Gazans Without Paying a Cruel Price (« Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel »), Haaretz, 9.10.2023. Version en castillan sur palestinalibre.org.

— Amjad Iraqi, Get out of there now, London Review of Books, 10.10.2023.

— Ilan Pappé, My Israeli Friends: This is Why I Support Palestinians, The Palestine Chronicle, 10.10.2023. Version en castillan d'Argentine par Periodismo de Izquierda, 17.10.2023. Version en français par Tlaxcala, publiée chez Investig'action, 3.11.2023.

Leïla Shahid, Après la terreur, la terreur, entretien avec Daniel Mermet, Là-bas si j'y suis, 35'16'' (ce podcast est exceptionnellement en accès libre), 10.10.2023.

— Norman Finkelstein, Before passing judgment on The Slave Revolt in Gaza, it might be useful to read about the most honored slave revolt in American history: Nat Turner's Slave Rebellion, The Southampton Insurrection, 10.10.2023. Nat Turner in Gaza, 26.10.2023. En fait, on pourrait citer tellement de révoltes d'esclavisés en Amérique...—car l'Amérique est plus grande qu'on ne le dit. Je pense, par exemple, à la résistance de Zumbi et de ses frères et sœurs du Quilombo dos Palmares (Angola Janga), dans la Serra da Barriga brésilienne, ou, et ça tombe à pic, à la révolte des Malês, musulmans noirs esclavisés à Bahia, uma dessas histórias que a historia não conta... Ah, notre société des bonnes manières...

— J. Sellers Hill et Nia L. Orakwue, Crimson Staff Writers, Harvard Student Groups Face Intense Backlash for Statement Calling Israel “Entirely Responsible” for Hamas Attack, The Harvard Crimson, Cambridge (Massachusetts), 10.10.2023.

Egypt warned Israel of Hamas attack days earlier, senior US politician says. Head of US foreign affairs committee says warning was given, but it is unclear ‘at what level’, supporting claims reported from Egyptian sources, The Guardian, 12.10.2023. Financial Times, 11.10.2023, New York Post, BBC.

— Rebecca Maria Goldschmidt, This is Genocide: All Out to End the War on Gaza, CounterPunch, 13.10.2023. Eric Draitser s'entretient avec Rebecca Maria Goldschmidt le 23.10.2023. Ils explorent les formes d'endoctrinement utilisées pour inculquer le sionisme aux jeunes Juifs étasuniens, les différences entre la propagande sioniste laïque et non laïque, l'utilisation du terme « génocide » pour désigner l'oppression des Palestiniens par Israël, la nature fasciste de l'État israélien, et beaucoup plus.

— Useful Idiots (Katie Halper et Aaron Maté), Palestinian journalist on Israel's ATTACK against Gaza : Refaat Alareer, Yumna Patel, Muhammad Shehada [VIDEO], 13.10.2023.

— Raz Segal (expert israélien en génocide moderne, professeur agrégé d'études sur l'Holocauste et le génocide à l'Université de Stockton), A Textbook Case of Genocide. Israel has been explicit about what it's carrying out in Gaza. Why isn't the world listening?, 13.10.2023. Extrait : « (...) l’attaque génocidaire d’Israël contre Gaza est tout à fait explicite, ouverte et sans honte. Les auteurs du génocide n’expriment généralement pas leurs intentions aussi clairement, même s’il existe des exceptions. Au début du XXe siècle, par exemple, les occupants coloniaux allemands ont perpétré un génocide en réponse à un soulèvement des populations autochtones Herero et Nama dans le sud-ouest de l’Afrique. En 1904, le général Lothar von Trotha, commandant militaire allemand, émit un « ordre d’extermination », justifié par la logique d’une « guerre raciale ». En 1908, les autorités allemandes avaient assassiné 10 000 Nama et avaient atteint leur objectif déclaré de « détruire les Herero », tuant 65 000 Herero, soit 80 % de la population. Les ordres de Gallant du 9 octobre ne sont pas moins explicites. L'objectif d'Israël est de détruire les Palestiniens de Gaza. Et ceux d’entre nous qui regardent partout dans le monde négligent leur responsabilité de les empêcher de le faire. » Le 16.10.2023, dans un entretien avec Democracy Now!, Segal taxe la rationalisation de la violence d'Israël d’« utilisation honteuse » des leçons de l’Holocauste. Selon lui, l’exceptionnalisme de l’État israélien et les comparaisons de ses victimes palestiniennes avec les « nazis » sont utilisées pour « justifier, rationaliser, nier, déformer, désavouer la violence de masse contre les Palestiniens ».

— Nadav Lapid, « Il faut respecter aussi le désespoir », entretien avec Yanis Mhamdi, Focus Portrait, Blast, Vidéo (24' 29''), 13.10.2023. Nadav Lapid, 48 ans, réalisateur israélien, est né à Tel-Aviv et réside aujourd'hui à Paris. Il puise dans son histoire personnelle, notamment dans son passage dans l'armée, pour construire des films politiques et poétiques qui démontent les absurdités d'une société israélienne sclérosée, caractérisée par « une âme collective malade. » Il dit :
« Soit on croit à l’innocence des humains, et j’ai conscience que quand on grandit à Gaza, il est difficile de croire à l’innocence des humains, car croire à l’innocence, c’est d’une certaine manière croire à la beauté. Et quand on est complètement privé de n’importe quelle forme de beauté, c’est compliqué d’y croire. C’est comme croire à un phénomène surnaturel. Si vous n’avez jamais vu l’arc en ciel, c’est compliqué d’y croire. Et le fait qu’on ait privé les Gazaouis de n’importe quelle forme de beauté, dans le sens profond du mot, qui est le goût de la vie, oui, ça nous rend absolument aussi responsables de ce qui s’est passé. »

— Norwegian Refugee Council, Urgent Plea to Avert Unprecedented Humanitarian Crisis Amid Looming Israeli Land Incursion into Gaza, 13.10.2023. Appel urgent (signé par plusieurs cadres d'organisations humanitaires internationales) pour éviter une crise humanitaire sans précédent dans un contexte d'incursion terrestre israélienne imminente à Gaza. « Nous sommes alarmés par l'appel lancé par Israël à plus d'un million de Palestiniens à quitter le nord de Gaza en moins de 24 heures. Israël doit annuler cet ordre immédiatement. Les demandes de relocalisation aussi immédiate de l’ensemble de la population mettent en danger la vie de ceux qui sont contraints de fuir. Le Gouvernement israélien n'a fourni aucune garantie quant à leur sécurité pendant leur transit ou quant à la sécurité des civils restés dans la bande de Gaza alors que les combats se poursuivent. Les agences humanitaires opérant à Gaza font état d’une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Il n’existe pas d’installations adéquates pour accueillir en toute sécurité les résidents du nord de Gaza, et leur sécurité reste menacée alors que les frappes aériennes israéliennes ciblent constamment le centre et le sud de Gaza. Une réinstallation forcée sans aucune garantie de sécurité ou de retour et sans répondre aux besoins de la population protégée risque de s’apparenter à un transfert forcé, ce qui constitue une violation grave du droit international humanitaire et codifié comme un crime de guerre. (...) »

— Abdel Fattah Abu Srour (directeur du centre Al-Rowwad dans le camp de réfugié.e.s d'Aida, près de Bethléem, docteur en génie biologique et médical, passionné de théâtre), Je me condamne moi-même, UJFP, 14.10.2023.

— Pierre Stambul, Gaza : le colonialisme, l'apartheid et le suprémacisme à l'origine du carnage, UJFP, 15.10.2023.

— Frédéric Lordon, Catalyse totalitaire, Blog La pompe à phynance, Le Monde diplomatique, 15.10.2023.

Déclaration publique : 880 universitaires mettent en garde contre un génocide potentiel à Gaza (en anglais), Third World Approaches to International Law Review (TWAILR), 15.10.2023 (mise à jour le 20.10.2023). Les signataires comprennent d'éminents spécialistes des études sur l'Holocauste et le génocide, ainsi que de nombreux spécialistes du droit international et d'approches tiers-mondistes du droit international (sic).

— Ali Abunimah et David Sheen, Israeli forces shot their own civilians, kibbutz survivor says [Les forces israéliennes ont tiré sur leurs propres civils, selon une survivante d'un kibboutz], The Electronic Intifada, 16.10.2023 (mis à jour le 23.10.2023). Entretien avec Yasmine Porat, rescapée du 7 octobre, par Aryeh Golan, Israeli State Radio, 15.10.2023.

— M. Reza Behnam, Framing the Language of Carnage in Palestine: Advantage Israel, CounterPunch, 16.10.2023. Brève et irrécusable analyse du récit toxique mainstream de ce qui se passe en Palestine, à commencer par la malversation des mots. Extrait : 
Les premières victimes de la campagne de désinformation ont été l’utilisation des mots « war » (« guerre ») et « conflict » (« conflit »). L'Oxford English Dictionary définit la guerre comme « un état de conflit armé entre différentes nations ou États ou différents groupes au sein d'une nation ou d'un État ». Le conflit est défini (dictionary.com) comme une « lutte ou affrontement entre forces opposées ». C’est une déformation que de dire que ce à quoi nous avons assisté en Palestine est une guerre ou un conflit. Les deux mots impliquent une bataille ou une lutte entre égaux ou presque égaux, entre deux peuples ayant des ressources et des revendications égales. Alors qu'Israël mène son agression contre les Palestiniens à Gaza, les médias continuent de présenter à tort le meurtre des colonisés par le colonisateur israélien comme une guerre et/ou un conflit.

— Jamie Stern-Weiner, Gaza's Last Stand? The Dangers of a Second Nakba, ByLine Times, 16.10.2023.

— Omar Barghouti, Why I believe the BDS movement has never been more important than now, The Guardian, 16.10.2023. Amorce :
Par temps de massacre, d'agitation grégaire et de polarisation tribale, beaucoup peuvent considérer les principes éthiques comme une nuisance ou un luxe intellectuel. Je ne peux pas et je ne le ferai pas. Je ne souhaite rien de plus que de voir la fin de toute violence en Palestine et partout ailleurs, et c'est précisément pour cela que je m'engage à lutter contre les causes profondes de la violence : l'oppression et l'injustice.

— Raquel Martí, UNRWA España, 17.10.2023 :


Emergencia Gaza (pour faire un don)


— Carne Cruda : Guerra informativa: cómo Israel controla el discurso (avec les journalistes Olga Rodríguez, Íñigo Sáenz de Ugarte, Isabel Pérez et Yolanda Álvarez, et avec Ahmad Maruf, représentant de la communauté hispano-palestinienne en Espagne, 17.10.2023).

— Carne Cruda, Gaza: dónde huir cuando no hay salida (avec Raquel Martí de UNRWA, avec les ONG Alianza por la Solidaridad et Médicos sin Fronteras, avec la coopérante en Cisjordanie Juana Ruiz et le journaliste Joan Cabasés, 17.10.2023).

EE UU veta una resolución del Consejo de Seguridad de la ONU que pedía "pausas humanitarias" en Gaza y condenaba los ataques a civiles, elDiario.es, 18.10.2023.

— The Chris Hedges Report, Israel's long war on Gaza, with Norman Finkelstein, The Real News Network, 18.10.2023. Israël a déclenché une horrible guerre de punition collective contre la population de Gaza, la dernière d’une longue histoire d’oppression anti-palestinienne. Alors que les grands médias couvrent sans vergogne ce qui est sans aucun doute un génocide qui se déroule en temps réel, la nécessité d’ancrer notre compréhension du conflit dans sa propre histoire est plus importante que jamais. Norman Finkelstein rejoint le Chris Hedges Report pour discuter du blocus de Gaza par Israël depuis 17 ans et de son importance cruciale pour comprendre les événements des deux dernières semaines.

— Brad Pearce, "If You Say Anything to Anyone, a Zaka Van Will Run You Over". The Sordid History of the Zaka Rescue Service, thewaywardrabbler.com, 18.10.2023. Chapeau, Brad Pearce, pour cette recherche vraiment pionnière et hautement révélatrice.

— Norman Finkelstein, Israel would NEVER target medical facilities!, In Substack, 18.10.2023. Part 2 [From Noam Chomsky's Fateful Triangle on Israel's 1982 invasion of Lebanon], 21.10.2023.
Rappelons que l'OMS avait recensé 187 attaques contre les services de santé dans le territoire palestinien occupé en 2022. Parmi elles, 181 agressions s'étaient produites en Cisjordanie, dont 90 à Jérusalem-Est, et 91 dans le reste de la Cisjordanie, où Hamas n'a pas le pouvoir. Donc, le sadisme israélien exige une attaque tous les deux jours contre un service palestinien de santé comme moyenne. Ce même rapport signale, d'une manière générale, que juste en 2022, 191 Palestiniens ont été tués à la suite de violences liées à l'occupation, dont 154 en Cisjordanie, 33 dans la bande de Gaza et 4 en Israël. Israël a attaqué un convoi d'ambulances sur Rashid Street à côté du plus grand complexe hospitalier de Gaza, Al-Shifa, et à proximité de l'hôpital indonésien (3.11.2023). Cf. Gabor Maté ("bébé survivant du génocide nazi"), Beautiful Dream of Israel Has Become a Nightmare, Toronto Star, 22.07.2014 : "In Gaza today we find ways of justifying the bombing of hospitals, the annihilation of families at dinner, the killing of pre-adolescents playing soccer on a beach."

Belarra pide al PSOE suspender las relaciones diplomáticas con Israel y aplicar sanciones a Netanyahu (Ione Belarra [ministre espagnole des Droits sociaux par intérim] demande au PSOE de suspendre les relations diplomatiques avec Israël et d'appliquer des sanctions à N*tanyahu), RTVE, 18.10.2023. Elle persiste et signe sur Al Jazeera, 9.11.2023. Honneur à elle.

— Ilan Pappe, Crisis in Zionism, Opportunity for Palestine?, conférence tenue au Booth Auditorium (Room 175), UC Berkeley Law School, 19.10.2023 ; 19h00. Selon le professeur Pappé, depuis 1967, un million de Palestiniens ont été à un moment ou à un autre détenus dans les prisons israéliennes.

“The Palestinian people since… probably 1929, probably since 1929, are involved in a struggle for Liberation. It's an anti-colonialist struggle, it's an anti-settler colonialist struggle, and every anti-colonialist struggle has its ups and lows, every anti-colonialist struggle has moments of glory and has difficult moments of violence. Decolonization is not a pharmaceutical process, it’s not a sterile process, it’s a messy business, and the longer the colonialism and the oppression, the more likely that the outburst would be violent and desperate, in many many ways, and this is so important to remind people of the history of the rebellions of slaves in this country, and how they ended the revolts of Native Americans, the rebellions of Algerians against the settlers in Algeria, the massacre of Oran, during the fight of the FLN for Liberation,… this is something which is part of the struggle for Liberation. You can sometimes question some of the strategic ideas, you may have some uneasy moments, and rightly so, about the way things are being done, but you can never lose your moral compass, if you don’t decontextualize and dehistoricize the event itself. You seem to be in a struggle against a typical coverage, both by media and Academia, in this country and in the West in general, and in the global North in general, that has this ability to take an event and start with the event as if it has no history, it has no consequences. (...)
One of the biggest challenges, as activists for Palestine or scholars on Palestine who are activists, is that we cannot challenge decades of propaganda, and fabrication, and counter-narrative, with sound bites: this is our main problem, I think. We need space, we need time to explain the reality, because so many outlets, so many sources of information, so many places where knowledge is produced have portrayed a picture, an analysis of Palestine which is false, fabricated and… has been built throughout the years, with the help of Academia, the media, Hollywood, TV series and so on. These are media that work on people’s minds and emotions, and they created a certain story that you cannot challenge with one soundbite, you cannot even challenge it alone by your sense of justice; you can only challenge it if your sense of justice is based on profound knowledge of the history, a profound and accurate analysis of the reality by using the right language, because the language that is being used even by liberal so-called Progressive forces is a language that immunizes Israel and does not allow the Palestinian anti-colonial struggle to be justified, to be accepted and legitimized.”
— Ilan Pappe, Israel: Myths And Realities, The Majority Report, with Sam Seder, 23.10.2023.
— Ilan Pappe, Gaza War, Hostages, & the Context Behind Current Violence, sur Democracy Now!, 31.10.2023.

— David Shulman, Heading Toward a Second Nakba, The New York Review, 19.10.2023. Extrait traduit en français : 
Cependant, aucune personne sensée ne croit qu’Israël sera capable d’expulser les quelque huit millions de Palestiniens des terres situées à l’ouest du Jourdain (y compris les quelque deux millions de citoyens arabes d’Israël, soit un cinquième de la population de l’État). Ce qui pourrait être possible, cependant, et c'est probablement le plan stratégique imaginé par certaines sections du système de sécurité israélien et poursuivi par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, est d'éliminer tous les habitants palestiniens de la zone C et de les regrouper dans de petites enclaves appauvries et discontinues dans les zones A, sous autorité palestinienne directe, et B, sous contrôle mixte palestino-israélien. Considérez cela comme la gazafication de ce qui reste de la Cisjordanie palestinienne. La zone C serait officiellement, mais bien sûr illégalement, annexée à Israël. De facto, cela s’est déjà produit, comme peut en témoigner toute personne ayant une expérience directe de ces territoires. En effet, la deuxième Nakba est déjà en cours. Cela se produit lentement, petit à petit, et en grande partie en catimini. Voici un exemple. Le beau village d’Ein Samiya, non loin de Ramallah, a été soumis pendant des années au harcèlement continu des colons. L'administration civile émit d'abord un ordre de démolition de l'école du village, de loin le bâtiment le plus impressionnant et le plus important. De nombreux mécènes européens avaient fourni les fonds nécessaires à sa construction. Les villageois saisirent la justice et, le 10 août 2022, le tribunal du district de Jérusalem décréta, sans surprise, que l'école pouvait bel et bien être démolie. En janvier, la Haute Cour de Justice gela l'exécution de cette décision ; mais le 17 août 2023, l'armée détruisit l'école.

— Francesca Albanese (rapporteuse spéciale de l'ONU), Situation of Human Rights in the Palestinian Territories Occupied Since 1967, Advance Unedited Version, A/78/545, 20.10.2023. Extraits : 
The neonatal mortality and infant mortality rates in the oPt are respectively 9.3 and 12.7, rising to 14.8 for children under 5, while in Israel they are 1.7, 2.7 and 3.4 per 1,000 live births.48 In addition to direct attacks on the right to life, Palestinians also endure structural violence and racial discrimination that impedes their full development.
Since 2008, over 1,434 Palestinian children have been killed and another 32,175 injured, mostly by Israeli forces. In the same period, 25 Israeli children have been killed, mostly by Palestinian individuals, and 524 injured. The devastating loss of human life reflects a pattern of documented ‘use of excessive force’ against the Palestinians. The spectre of death looms as a dominant element in the lives of Palestinian children. This reality exerts a psycho-social toll on those who manage to survive, as poignantly expressed by Ouadia, 14: “fearing death does not prevent you from dying but it prevents you from living.”
Personne pendant des décennies n'a jamais évoqué le droit des enfants palestiniens de se défendre. Ces dernières semaines, Israël tue un enfant palestinien toutes les dix minutes, selon l'organisation Save The Children420 mioches par jour !!!!, déclara UNICEF le 31.10.2023. Comme d'habitude dans cette région aux longues sécheresses, llueve sobre mojado en la matière, c'est-à-dire, les Sionistes en rajoutent constamment une multitude de couches. Déjà, avant l'horreur de ces dernières semaines, quatre enfants sur cinq souffraient de dépression et d’anxiété à Gaza, selon le rapport « Trapped », cité plus haut, de l’ONG Save The Children.

Amnesty International, Des preuves accablantes de crimes de guerre, alors que les attaques israéliennes anéantissent des familles entières à Gaza, 20.10.2023.

Dominique Eddé, Lettre ouverte au Président de la République française, L'Orient-Le Jour, 20.10.2023. Extrait : « Écoutez Nelson Mandela, admiré de tous à bon compte : « Nous savons parfaitement que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens, » disait-il sans détour. Il savait, lui, qu’on ne fabrique que de la haine sur les bases de l’humiliation. On traitait d’animaux les noirs d’Afrique du Sud. Les juifs aussi étaient traités d’animaux par les nazis. Est-il pensable que personne, parmi vous, n’ait publiquement dénoncé l’emploi de ce mot par un ministre israélien au sujet du peuple palestinien ? »

— Olga Rodríguez, Otros ataques contra civiles cuya autoría Israel negó o justificó como autodefensa (D'autres attaques contre des civil.e.s dont Israël a nié la perpétration ou l'a justifiée comme autodéfense), elDiario.es, 20.10.2023.

— Jeremy Appel, Meet the Hamas Massacre Survivors Opposing Israeli Brutality in Gaza (Rencontrez les survivant.e.s du massacre du Hamas opposé.e.s à la brutalité israélienne à Gaza), CounterPunch, 20.10.2023. Et Sahar Vardi (14.10.2023). Des Juifs des États-Unis se tiennent aux côtés du peuple palestinien et exigent la fin du génocide de Gaza (18.10.2023). Et le journaliste Israel Frey, honneur à lui, qui a enregistré une vidéo absolument émouvante et héroïque. D'autres exemples à la suite de ce tweet : "Israel is a terrorist state. The Israeli army, IDF, is not the army of the Jews, it is a Zionist army. Jews do not need an army or a state. Zionism is not Judaism. Zionist leaders can never represent Jews. Being against Israel and Zionism does not make you an enemy of the Jews. The real enemies of the Jews are Zionists and Zionism." [« Israël est un État terroriste. L'armée israélienne, Tsahal, n'est pas l'armée des Juifs, c'est une armée sioniste. Les Juifs n'ont pas besoin d'une armée ou d'un État. Le sionisme n'est pas le judaïsme. Les dirigeants sionistes ne peuvent jamais représenter les Juifs. Être contre Israël et le sionisme ne fait pas de vous un ennemi des Juifs. Les véritables ennemis des Juifs sont les Sionistes et le sionisme. »] (Torah Judaism, 22.10.2023). Connaissez-vous MESARVOT ?

— UNRWA : Nous sommes à court de mots. Nous rendons hommage à nos 35 collègues tués[par les pilonnages massifs israéliens] à📍#Gaza depuis le 7 octobre. Nous pleurons et nous nous souvenons. Ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont nos amis et collègues. Beaucoup étaient enseignants dans nos écoles. @UNRWA pleure cette énorme perte. 23.10.2023.

— Paul Cochrane, Gaza Besieged: Why Israel’s Genocidal Strategy Won’t Destroy the Palestinian Resistance (Gaza assiégée : pourquoi la stratégie génocidaire d’Israël ne détruira pas la résistance palestinienne), CounterPunch, 23.10.2023. Cet article très éclairant est dédié à la mémoire d'Issam Abdallah, journaliste libanais et connaissance de l'auteur tué par les bombardements israéliens au sud du Liban le 13 octobre 2023.

— OMS, 25.10.2023. Depuis le 7 octobre, l'OMS a documenté 171 attaques contre des établissements de santé dans le territoire palestinien occupé, 75 à Gaza et 96 en Cisjordanie. 493 personnes ont été tuées dans des attaques à des services sanitaires, dont 16 soignants en service. Ces agressions ont laissé en outre 372 blessés, dont 30 travailleurs sanitaires en service. 24 ambulances ont été endommagées et 34 établissements de santé affectés. AA Monde. Droit de se défendre, vous dites ?

— Bruce Neuburger, Israel's Kristallnacht, CounterPunch, 25.10.2023. Un texte vraiment extraordinaire.

— Ramzy Baroud, 'Human Animals': The Sordid Language behind Israel's Genocide in Gaza, CounterPunch, 26.10.2023.

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU : "Israel opera como una dictadura militar" (Israël procède comme une dictature militaire), elDiario.es, 27.10.2023 (entretien où elle explique beaucoup de choses,, y compris qu'Israël a l'intention d'expulser les Palestiniens vers le Sinaï, comme les sionistes l'ont déjà fait en 1947, 1949 et 1967. Cf. à cet égard l'aveu de Danny Ayalon à Marc Lamont Hill, sur Al Jazeera, le 19.10.2023. Voir aussi DAWN, US Congress: Reject Bill to Support Forced Israeli Displacement of Palestinians to Third Countries (Congrès des États-Unis : Rejet du projet de loi visant à soutenir le déplacement forcé par Israël de Palestiniens vers des pays tiers), 30.10.2023. Extrait : 
"Israeli actions, statements, and policy directives, including a leaked policy document drafted by the Israeli Intelligence ministry that recommends the permanent forced transfer of Palestinians in Gaza to Sinai, indicate that Israel is actively considering forcibly displacing Palestinians in Gaza to third countries"
Autrement dit, Israël veut des actions de purge ethnique bien plus musclées que celles menées à bien ces derniers temps.
Voir aussi Novara Media, Israel's Explicit Call For Genocide, 31.10.2023.

— Jonathan Cook, Guerre en Palestine : Israël est pris en flagrant délit de mensonge encore et encore. Mais nous n'apprenons jamais, Middle East Eye (MEE), 27.10.2023, 8h23. « La désinformation sur l'explosion de l'hôpital Al-Ahli al-Arab à Gaza a fonctionné comme prévu, détournant l'attention des victimes et allégeant la pression pesant sur Israël pour qu'il mette fin au carnage. » Car « L’armée israélienne a un long passif en matière de concoction compulsive de mensonges pour sauver la face – une désinformation qui vilipende le peuple palestinien qu’elle opprime depuis des décennies. »

— Max Blumenthal, October 7 testimonies reveal Israel's military 'shelling' Israeli citizens with tanks, missiles, The GrayZone, 27.10.2023. À lire attentivement (ici en français, sur le site d'Arrêt sur Info) : on peut se poser beaucoup de questions et, en tout cas, ça pue une grosse manipulation.
« Tuval Escapa, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz Be’eri, mit en place une ligne directe pour assurer la coordination entre les habitants du kibboutz et l’armée israélienne. Il déclara au journal israélien Haaretz que lorsque le désespoir commença à s’installer, « les commandants sur le terrain prirent des décisions difficiles – notamment le pilonnage des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes ainsi que les otages ». / Un autre rapport publié dans Haaretz signale que l’armée israélienne fut « obligée de demander une frappe aérienne » contre ses propres installations à l’intérieur du terminal d’Erez vers Gaza « afin de repousser les terroristes » qui en avaient pris le contrôle. Cette base était alors remplie de soldats et de fonctionnaires de l’administration civile israélienne. / Ces rapports indiquent que des ordres émanant du haut commandement militaire intimèrent à attaquer des maisons et d’autres zones en Israël, même au prix de nombreuses vies israéliennes. / Une Israélienne nommée Yasmine Porat a confirmé dans une interview à la radio israélienne que l'armée tua « sans aucun doute » de nombreux non-combattants israéliens lors d'affrontements armés avec des militants du Hamas le 7 octobre. « Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages », déclara-t-elle, faisant référence aux forces spéciales israéliennes. (...) »

Cf. Propaganda and Co., The Truth About October 7th, 28.10.2023. Cf. ensuite Asa Winstanley, Watch the Video About 7 October YouTube doesn't want you to see, Electronic Intifada, 31.10.2023. Voir aussi Michel Collon, 7 octobre : révélations sur les massacres. Le MédiaMensonge du jour 10, vidéo Investig'action, 11.11.2023. Lire aussi : Haaretz, Israeli Security Establishment: Hamas Likely Didn't Have Advance Knowledge of Nova Festival, 18.11.2023. Glose en français, sur X, par Charlies Ingalls Le Vrai. Directive Hannibal ? Écho sur l'Huma. Long débat sur un fil de Média Libre Investigation.

— Walden Bello, Imagine You Are a Young Palestinian, CounterPunch, 27.10.2023. Divulgâchage : « Si j’étais un jeune Palestinien confronté à ces conditions, je serais très probablement prêt non seulement à rejoindre le Hamas mais à conclure un pacte avec le diable lui-même pour rectifier l’injustice historique infligée à mon peuple. »

— Craig Mokhiber (Directeur du Bureau du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme à New York), Lettre de Démission, 28.10.2023. Il a démissionné en raison de ce qu'il qualifie de "génocide" des civils palestiniens à Gaza sous les bombardements israéliens. Selon le quotidien The Guardian, Craig Mokhiber a déclaré que les Nations Unies manquent à leur devoir de protéger les civils palestiniens. Il a accusé les États-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l'Europe d'être complices de ce qu'il a qualifié d'"horrible assaut" et de "massacre en masse du peuple palestinien". M. Mokhiber a rejoint les Nations Unies en 1992. Il a coordonné les travaux du Haut-Commissariat sur une approche de développement basée sur les droits de l'homme. Il a également été conseiller principal en matière de droits de l'homme en Palestine, en Afghanistan et au Soudan. (CGTN, 31.10.2023).
Cf. “Text-Book Case of Genocide”: Top U.N. Official Craig Mokhiber Resigns, Denounces Israeli Assault on Gaza, Democracy Now!, 1.11.2023.

Dr. Gabor Maté, entretien en anglais avec sa fille Hannah Maté sur Israël/Palestine, vidéo, 28.10.2023. Il apporte beaucoup de références/ressources fiables en la matière. Sa voix sereine surgit de la douleur, de la connaissance de l'histoire, de la volonté de justice et de paix, et cela a un prix : 

I'll be speaking on this issue whenever I have an opportunity, because nothing is more important to me. I've already had cancellations, I had a major Canadian University cancel a talk I was going to give on a totally different subject, because of my views in Israel/Palestine. I'm quite willing to accept that. That's part of the price you pay on speaking on this issue, it’s that you're going to be cancel.

N*tanyahu Declares Holy War Against Gaza, Citing The Bible, Middle East Monitor, 29.10.2023. Ce journal montre une vidéo où le très fondamentaliste rabbin-ultra Benjam*n N*tanyahu déclare la guerre sainte contre Gaza. Comme il a de la suite dans les idées et la complicité du Big Brother, il y appelle concrètement à « une guerre sainte d'anéantissement » (tout en alignant la guerre, l'anéantissement, ou génocide, et la sainteté) contre le peuple palestinien dans le bantoustan assiégé de Gaza, après avoir invoqué Amalek, une nation dans la Bible hébraïque que les Israélites ont reçu l'ordre d'exterminer comme vengeance : « Vous devez vous rappeler ce qu'Amalek vous a fait », déclare-t-il pieusement, sans égards sur ce que Sion a fait à Amalek pendant beaucoup de décennies, dans un discours annonçant l'invasion terrestre à Gaza. Il précise que les soldats israéliens faisaient partie d'un héritage qui remonte à 3 000 ans, à Josué fils de Noun. N*tanyahu le tartuffe cita "notre sainte Bible", concrètement 1 Samuel 15:3 ; voilà sa version Bayard (trad. par Jean Echenoz et Pierre Debergé)) : « Va frapper Amaleqmaintenant, et détruisez toutes ses possessions. N'épargne rien chez lui, tue-les tous : hommes, femmes, enfants, nourrissons, bœufs, agneaux, ânes, chameaux. » Bref, toute une prière bien traditionnelle. Violence et nettoyage ethnique qui se poursuivent sans désemparer aussi en Cisjordanie, presque en silence, comme si de rien n'était, y compris à Masafer Yatta, bien entendu.
Cf. Ariel Gold, Who's Drinking N*tanyahu's Amalek Kool-Aid?, CounterPunch, 9.11.2023. [Errata important : là où l'on dit "Israeli Ambassador to Israel Gilan Erdad", il faut comprendre "Israeli Ambassador to the U.S. and United Nations Gilad Erdan].

— Save The Children, GAZA: 3,195 Children Killed in Three Weeks Surpasses Annual Number of Children Killed in Conflict Zones since 2019 (GAZA : 3 195 enfants tués en trois semaines dépasse le nombre annuel d'enfants tués dans les zones de conflit depuis 2019), 29.10.2023.

— À Gaza, « aucun endroit n’est sûr », explique le chef de l’UNRWA au Conseil de sécurité, ONU Info, 30.10.2023. Extrait : 
Le chef de l'agence des Nations Unies d'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, la cheffe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Catherine Russell, et une haute responsable du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), Lisa Doughten (au nom du chef des secours Martin Griffiths), ont informé les ambassadeurs de la situation dans l'enclave palestinienne. Philippe Lazzarini a déclaré que le niveau de destruction à travers Gaza « est sans précédent ». Bien que les autorités israéliennes aient ordonné à la moitié de la population de Gaza d'évacuer vers le sud, un nombre important de Gazaouis ont été tués alors qu'ils cherchaient refuge. « Je l'ai dit à plusieurs reprises et je le répète : aucun endroit n'est sûr à Gaza », a déclaré le chef de l'UNRWA. Ce « déplacement forcé » a obligé plus de 670.000 personnes à trouver refuge dans des écoles et des sous-sols surpeuplés de l’UNRWA. Il a noté que près de 70% des personnes tuées seraient des enfants et des femmes. Près de 3.200 enfants ont été tués à Gaza en trois semaines, dépassant le nombre d’enfants tués chaque année dans les zones de conflit dans le monde depuis 2019. « Cela ne peut pas être un 'dommage collatéral' », a-t-il souligné, estimant qu’Israël met en oeuvre une « punition collective ».

“Not in Our Name”: 400 Arrested at Jewish-Led Sit-in at NYC’s Grand Central Demanding Gaza Ceasefire, Democracy Now!, 30.10.2023. Ils sont très dangereux, ces Juifs propalestiniens ; ils se sont assis également à l'intérieur de Liverpool Street Station, à Londres, et beaucoup d'entre eux étaient armés, attention, "de banderoles écrites avec émotion" ("armed with emotively written banners"), Express dixit. Le Haut Gardien de la Morale Laurent Núñez avait déjà eu la présence d'esprit et l'esprit des lois en tête lorsqu'il a interdit des manifestations propalestiniennes à Paris : « Il n'y a pas eu de maintien de l'ordre à faire, il n'y a pas eu de dégradations, il n'y a pas eu de violence, au contraire,... Le critère, il est immatériel, il est moral », débite-t-il tout bonnement à la télé (FranceInfo, 26.10.2023). Ou pour mieux comprendre la morale (génocidaire) qui nous gouverne.

— Daniel Mermet, Michèle Sibony, une autre voix juive. Radio, 28'25''. Rencontre avec Michèle SIBONY, porte-parole de l’UJFP, l’Union juive française pour la Paix, Là-bas si j'y suis, 30.10.2023. Extrait :
[Avant le 7 octobre 2023], il y avait un silence des médias qu’on pouvait trouver effarant sur ce qui se passait sur le terrain. C’est ce terrain-là qui a explosé le 7 octobre (…) et qui a explosé à la figure du monde entier, finalement. Nous, on a créé une petite agence qui s’appelle Média Palestine, en France, parce qu’on était sidéré du silence des média. Il y avait des grèves de prisonniers, de milliers de prisonniers palestiniens en Israël : silence total dans les média ; il y avait des morts palestiniens QUO-TI-DIEN-NES en Cisjordanie, 250 depuis janvier 2023, mais attendez, plus les 80 des dix derniers jours, c’est-à-dire, grosso modo, un mort par jour [le nettoyage ethnique progressif décrit par Ilan Pappe : il emploie l’expression « incremental genocide ». Cf. ici, ici et ] : pas un mot. Des annexions en série, des discours d’une violence extraordinaire, un gouvernement qui est devenu d’extrême droite, c’est-à-dire, l’aboutissement de toute cette histoire, c’est le gouvernement d’extrême droite de ces dernières années : ça fait un an que les colons ont carte blanche, mais alors, quand je dis carte blanche, c’est pas moi qui le dis, c’est la presse israélienne : il y a eu des pogroms à Huwwara notamment, à Burqa… carte blanche, sous les bras croisés de l’armée, voire avec le soutien actif de l’armée sans aucun problème. Tout ça, « silence, radio ».

— Tarik Cyril Amar, The New German Ideology: The Rise of the Master Values, Substack, 31.10.2023. Version en castillan sur CTXT. Extraits : 
Et puis il y a l’Allemagne… Là-bas, la réponse de l’élite politique et des médias a été massivement pro-israélienne, dans le sens spécifique où, le plus souvent, les politiques, les motivations et les actions militaires israéliennes sont massivement embellies et toute critique des crimes israéliens ou même la remise en question des récits israéliens s’avère hautement indésirable et peut rapidement conduire à l’ostracisme, souvent sous l’accusation ouvertement frelatée d’antisémitisme. L’Allemagne est, bien sûr, une nation avec un historique de perpétration de génocides : d’abord en Afrique (un fait récemment rappelé dans la mémoire, au prix de beaucoup d’efforts douloureux) et ensuite, en (surtout) Europe, lorsque les Allemands ont initié et exécuté (avec pas mal d’auxiliaires non-allemands) ce qui est devenu, dans la culture mémorielle mondiale ou du moins occidentale, le génocide paradigmatique, à savoir l'Holocauste, le massacre de 6 millions de Juifs. (...) Dans un acte de surcompensation atroce, ils semblent estimer que le fardeau réel (et mérité) serait allégé – le fardeau d'avoir commis non pas n'importe quel génocide, mais le génocide – en se rangeant du côté des descendants des victimes ou, du moins, de l'État et de l'armée. prétendant agir pour eux, même, peut-être surtout, lorsque ces descendants ou cet État et son armée eux-mêmes commettent des crimes affreux, y compris le nettoyage ethnique et le génocide, contre un autre groupe de victimes.

— Cyrus Janssen, US Marine Corps Officer Scott Ritter Reveals TRUTH About Israel War, Vidéo YT, 1.11.2023.

— Déclaration « Philosophy for Palestine », 1.11.2023. Extraits de la lettre ouverte (signée par plus 400 philosophes des Amériques et de l'Europe) : « (…) Pour que la violence cesse, les conditions qui la produisent doivent cesser. (…) [N]ous sommes parfaitement conscients que les pays dans lesquels nous vivons et travaillons et auxquels nous payons des impôts financent et encouragent une partie et une seule partie dans ce conflit profondément asymétrique. Ce parti n’est pas l’opprimé, mais l’oppresseur. (…) Pour qu'il y ait justice et paix, le siège de Gaza doit cesser, le blocus doit cesser et l'occupation doit cesser. Avant tout, les droits de toutes les personnes vivant actuellement entre le Jourdain et la Méditerranée, ainsi que ceux des réfugiés palestiniens en exil, doivent être respectés. (…) Nous invitons nos confrères philosophes à nous rejoindre en solidarité avec la Palestine et la lutte contre l’apartheid et l’occupation. En particulier, rejoignez-nous pour soutenir le boycott académique et culturel des institutions israéliennes – distinctes des individus – comme le souligne la Campagne palestinienne pour le Boycott culturel d'Israël (CPBCI, PACBI en anglais). Nous exhortons tous les individus à s’exprimer ouvertement et sans crainte et à œuvrer pour faire avancer la cause de la libération palestinienne et de la justice pour tous. » [Cf. Open Letter from North American Academics Condemning Scholasticide in Gaza, 9.04.2024. Plus de 2 400 signataires et ce n'est pas fini. Scholasticide. Gloses par Sharon Zhang, Truthout, 9.04.2024 ou Brittany Allen, Literary Hub, 10.04.2024]

— Ministère israélien du Renseignement, « Alternatives pour une directive politique pour la population civile à Gaza », traduction en anglais - Text Translation: The Israeli plan for the ethnic cleansing of Gaza (Le plan israélien pour le nettoyage ethnique de Gaza), Mondoweiss Editors, 1.11.2023.

— Joaquín Rábago, Decenas de miles de embarazadas y bebés beben agua contaminada en Gaza, El Faro de Vigo, 2.11.2023.

— Enrique Díez, ¿Cómo educar tras el genocidio en Gaza?, El Diario de la Educación, 2.11.2023.

— Michael Sfard (petit-fils de Zygmunt Bauman, avocat de Nurit Peled-Elhanan, auteur de Le Mur et la Porte), Israel Is Silencing Internal Critics, The New York Times, 2.11.2023.

— Colonel Yogev Bar-Shesht, Chef adjoint de l'administration civile, a déclaré dans une interview depuis Gaza (traduction anglaise) : "Whoever returns here, if they return here, will find scorched earth. No houses, no agriculture, no nothing. They have no future.", vidéo, 4.11.2023.

Palestine: The Roots of the Conflict with Dr. Azzam Tamimi, Al Hiwar TV English, 15.11.2023. Vidéo de 1:31:11. Dans cette conférence prononcée au Waqf scandinave à Copenhague, au Danemark, le dimanche 5 novembre 2023, le Dr Azzam Tamimi retrace les origines du conflit en Palestine jusqu'à la judéophobie européenne. Les pères fondateurs du Sionisme étaient pour la plupart des Juifs athées laïcs, dont le mouvement a été farouchement opposé par la plupart des Juifs du monde entier jusqu'à la montée des Nazis en Allemagne et l'éruption de la Seconde Guerre mondiale. Il soutient que si le Sionisme politique juif, à ses origines, était une réaction à une telle judéophobie européenne dont les racines profondes remontent à la Réforme, l’Holocauste a poussé de nombreux Juifs à épouser le projet sioniste de créer une patrie pour les Juifs en Palestine. Il affirme que, contrairement aux relations entre Chrétiens et Juifs, les relations entre Musulmans et Juifs au cours des quelque 13 siècles qui ont précédé le Sionisme ont été globalement pacifiques et harmonieuses. Par conséquent, conclut-il, le conflit en Palestine n’oppose pas, par essence, l’Islam et le Judaïsme, mais plutôt un projet colonial européen et ses victimes, les Palestiniens. Il explique l’attaque du 7 octobre d’après les plans du Hamas et les témoignages disponibles jusqu’au 5 novembre.

— Committee to Protect Journalists, "More journalists have reportedly been killed over a four-week period than in any conflict in at least three decades.", 6.11.2023.

— Richard Falk, L'objectif final d'Israël est bien plus sinistre qu'un rétablissement de la « sécurité », Investig'action ou UJFP, 6.11.2023.

Israel arrests Palestinian activist Ahed Tamimi in occupied West Bank raids, Aljazeera, 6.11.2023. Vidéo.

— António Guterres, More UN aid workers have been killed in recent weeks than in any comparable period in the history of our organization / Plus de travailleurs humanitaires de l’ONU ont été tués ces dernières semaines qu’au cours de toute période comparable de l’histoire de notre organisation, NU, 7.11.2023.

— Haim Bresheeth-Žabner, Israel’s military failed the nation, but that won’t end Israeli militarism. The October 7 attack was a shock to the system in Israel that made clear there is no military solution in Palestine. But Israelis would not heed, ALJAZEERA, 11.11.2023 [en castillan]. Professeur associé de recherche à la SOAS (University of London) et membre fondateur du Jewish Network for Palestine (Royaume-Uni), Haim Bresheeth-Žabner est l'auteur de An Army Like No Other: How the IDF Made a Nation (2020). Voici les derniers fragments de son article :
“Everyone in Gaza is Hamas” is a normalised by-line of many of the journalists and columnists right now, and the stakes are raised daily and ratchetted up, with the full support of the population.
I do not believe this is either short-term or reversible. And there are no signs of any soul-searching in the Israeli public now that it is crystal clear that there is no military solution to the colonial conflict, unless Israel decides to undertake the elimination of everyone in Gaza.
This genocidal option has already been floated around by some Israeli ministers – one even suggested using nuclear weapons for the task. Unfortunately, as activist and journalist Orly Noy pointed out in a recent article, large sections of Israeli society have also embraced it.
An internal document dated October 13 leaked to the Israeli media lays bare the Israeli endgame after the “expected defeat of Hamas”. It outlines three phases of the planned Israeli takeover of the Gaza Strip which include a bombing campaign focused on the north, a ground attack to clear the underground network of tunnels and bunkers and finally the expulsion of Palestinian civilians to Egypt’s Sinai Peninsula with no option for return.
Over the past few days, we have been witnessing this three-phase programme take shape in the terrible landscape of the Israeli destruction of Gaza. At the time of writing, Israel has killed more than 10,000 Palestinians and injured tens of thousands, apart from nearly 3,000 missing under the rubble of destroyed buildings.
Israel’s ire knows no bounds. The Israeli dehumanisation of Palestinians is not a sign of social strength, but of a terminal ailment of the social fabric of Zionism. It is what will bring its dissolution, I believe.
The Israeli army, the author and the executioner of the 1948 Nakba and the 1967 Naksa now carries out the 2023 Nakba. It is a terrifying act of genocide and ethnic cleansing, unlikely to be the last.
There are still more than four million Palestinians between the river and the sea. The plan to expel them has been written a long time ago. The leaders of the West, in their political and moral criminality, have enthusiastically signed up to this plan, without even reading it. If they think this will help Israel and bring stability to the region, they must be very deluded.

— Caitlin Johnstone, The Ten Dumbest Things We're Being Asked To Believe About Israel's War On Gaza, caitlinjohnst.one, 7.11.2023. (The Jimmy Dore Show à propos, avec Russell Dobular et Keaton Weiss, de Due Dissidence, 12.11.2023).

— Ömer Tuğrul Çam, Belgique, la vice-premier ministre De Sutter appelle au boycott à Israël, AA, 8.11.2023. Amorce :
La vice-premier ministre belge, Petra De Sutter, a appelé mercredi le gouvernement à boycotter Israël en raison du bombardement de Gaza. / Selon les médias belges, De Sutter, membre du parti des Verts au sein de la coalition au pouvoir, a déclaré : "Il est temps de boycotter Israël. Larguer des bombes comme s'il en pleuvait est inhumain. Il est clair qu'Israël ignore les appels internationaux à un cessez-le-feu".

— Norman Solomon, Israel's Military Is Part of the U.S. War Machine, CounterPunch, 9.11.2023. Parce que (divagation perso après lecture) LA GUERRE propulse les profits à des proportions faramineuses (il faut acheter au son du canon... dit-on en bourse) et, mis à part sa condition de salon de l'armement, grande vitrine (les armes utilisées à Naplouse, à Gaza, à Jénine... sont exposées dans le Salon de l'Armement de Tel Aviv, qui figure parmi les foires du business militaire les plus attendues au monde, car les acheteurs préfèrent acquérir des produits qui ont été expérimentés), LA GUERRE est la garante des faits accomplis que demande le caractère, la pulsion géopolitique très rationnelle des faiseurs de l'Empire et de leur American Way of Life & Crimes, manière de vivre et de tuer, manière de vivre à force de tuer. Individuellement, votre participation à un génocide vous bombarde dans les affaires. L'ordre juridique international vraiment en vigueur est géré par le même principe que nos démocraties ploutocratesques : nous sommes tous égaux devant la loi du plus fort, dont les placements et mouvements tactiques ou stratégiques détermineront cinq catégories de rapports à la Nation à la Destinée Manifeste chantre des Valeurs sur l'échiquier : valets, boucs émissaires, chair à canon ou, directement, proies, et... Israël. Car Israël a réussi un statut spécial, exceptionnel, à force de prouver sa fraternelle détermination criminelle, et c'est la seule nation au monde qui puisse tuer à répétition des citoyens, voire des militaires étasuniens en mission, sans conséquences : le pouvoir et les médias étasuniens couvriront, dissimuleront même les affaires en question (Cf. USS Liberty, Rachel Corrie ou Shireen Abu Akleh). Statut spécial car en général, pour la grande mafia étasunienne, il n'y a pas de partenaires, juste des proconsuls bien rémunérés et les heureuses familles de la mafia locale bénéficiaire. Profitons de cette digression pour rappeler que notre Grand Modèle politique, économique, social et culturel est une société foncièrement malade, façonnée par des structures pathologiques : les armes à feu ont fait plus de 35 000 morts, suicides inclus, aux États-Unis de janvier au 26 octobre, selon le site Gun Violence Archive. En 2022, il y en a eu plus de 44 000. C'est 10 atteints par arme de feu toutes les heures. C'est dingue dingue dingue : depuis 2014, il y a eu plus de 4 600 fusillades aux États-Unis. Pour mériter la considération de fusillade, il faut tuer ou blesser un minimum de 4 personnes. Depuis 2014, plus de 163 000 Américains ont été tués par arme à feu (intentionnellement ou pas) ; plus de 318 000 ont été blessés. Les États-Unis et leurs alliés ont largué plus de 350 000 bombes et missiles sur 9 pays depuis 2001 (dont 14 000 dans le massacre actuel contre Gaza), ce qui représente une moyenne de 44 frappes aériennes par jour pendant 22 ans. Et le Terrorisme, c'est les autres. Bref, quiconque connaît l'Histoire sait fort bien que les États-Unis (Destinée Manifeste) et Israël (Peuple Élu sur Terre Promise) sont deux sociétés fondées, chacune dans la mesure de ses possibilités (deux tailles, deux stades différents dans leur développement, une même substance), sur la militarisation, le nettoyage ethnique/génocide des natifs du territoire, l'avidité et l'expansion sans états d'âme, et l'apartheid.

— Lettre ouverte de plusieurs centaines de journalistes condamnant le meurtre par Israël de grand nombre de journalistes à Gaza et exhortant à l'intégrité dans la couverture médiatique occidentale des atrocités commises par Israël contre les Palestiniens : We condemn Israel's killing of journalists in Gaza and urge integrity in Western media coverage of Israel's atrocities against Palestinians, 9.11.2023. Même le Washington Post en parle. En français (aa.com). À propos : GAZA : LA BATAILLE DE L'INFO - MICHEL MIDI, Investig'action, vidéo (25'), 14.11.2023.

— Rabbin Yakov M. Rabkin, Pourquoi tant de Juifs dénoncent-ils la guerre d'Israël contre Gaza ?, Pressenza International Press Agency plurilingue, 10.11.2023.

— Michel Collon, 7 octobre : révélations sur les massacres - Le MédiaMensonge du Jour - nº10, Investig'action, 10.11.2023. Collon sur les média occidentaux et Israël.



— Joseph Zernik, Meir Baruchin, professeur âgé d'éducation civique israélien, est emprisonné, en attente de son procès pour "révélation d'une décision de trahison", passible de 10 ans de prison, pour des publications en ligne telles que celles-ci : "L'effusion de sang continue aujourd'hui en Cisjordanie"... et il énumère les noms et âges (14-24) des Palestiniens tués, 10.11.2023. Lire aussi : Arresting Arabs and Left-wingers: How Israel Intends to Crack Down on Domestica Dissent Over Gaza War, Éditorial, Haaretz, 14.11.2023. [À propos du cas Meir Baruchin, un véritable saint héroïque, cf. Democracy Now!, Meet the Israeli History Teacher Arrested & Jailed for Facebook Posts Opposing Killing of Palestinians, 22.11.2023. Cf. également, pour illustrer d'autres cas ou la brutalité sioniste en action à travers des images choquantes, The Grayzone, Antiwar face jail, terrifying repression for speaking out, 24.01.2024.]

— Bruno Drweski, Palestine : géopolitique et relations internationales, La pensée libre-over-blog, 11.11.2023.

— Yaniv Cogan et Jamie Stern-Weiner, Fighting Amalek in Gaza: What Israelis Say and Western Media Ignore, dernière mise à jour du 12.11.2023. Il s'agit d'une formidable compilation, formidable car énorme, étonnante et surtout effrayante. Ils expliquent leur démarche : « Pour servir de référence, nous avons compilé la liste suivante de déclarations révélatrices de responsables, d’anciens responsables et de politiciens israéliens sur le massacre en cours à Gaza. Les traductions de l’hébreu ont été vérifiées. Les citations sont présentées par ordre chronologique, en commençant par la plus récente. La liste sera mise à jour périodiquement. »

— Andy Robinson, La máquina de propaganda israelí. Una caza de brujas lanzada desde los lobbies pro-Israel se extiende desde EE. UU. y el Reino Unido a España, La Vanguardia, 13.11.2023 [Article mis à jour le 28.12.2023]. Cf. Asa Winstanley, Weaponizing Anti-Semitism: How the Israel Lobby Brought Down Jeremy Corbyn, OR Books, 30.05.2023, 300 pages.

— Francesca Albanese, Rapporteuse Spéciale des Nations Unies, Allocution au National Press Club à Canberra, Australie, 14.11.2023. Extrait (rendu public aussi par Al Jazeera le 15.11.2023) :
“The right of self-defence can be invoked when a state is threatened by another state, which is not the case: Israel has not claimed that has been threatened by another state. It’s been threatened by an armed group, qualify it the way you want, but it’s an armed group within the occupied territory. And, frankly, even saying “the war between Gaza and Israel” is wrong, because Gaza is not a standalone entity, is part of the occupied territory. But, so, in particular, Israel cannot claim the right of self-defence against a threat that emanate from the territory it occupies, from a territory that is kept under belligerent occupation.”
« Le droit de légitime défense peut être invoqué lorsqu'un État est menacé par un autre État, ce qui n'est pas le cas : Israël n'a pas prétendu avoir été menacé par un autre Etat. Il a été menacé par un groupe armé, qualifiez-le comme vous voulez, mais c’est un groupe armé à l’intérieur du territoire occupé. Et franchement, même dire « la guerre entre Gaza et Israël » est faux, car Gaza n’est pas une entité autonome, elle fait partie du territoire occupé. Mais en particulier, Israël ne peut pas revendiquer le droit de légitime défense [cf. Article 51, Droit de légitime défense individuelle ou collective de la Charte des Nations Unies] contre une menace émanant du territoire qu’il occupe, d’un territoire maintenu sous occupation belligérante. ».

— Medea Benjamin et Nicolas J. S. Davies, Israeli War Crimes and Propaganda Follow US Blueprint, CounterPunch, 16.11.2023.

— Houria Bouteldja, France-Israël-Palestine : au nom du Beau, défaire les cinq nœuds, QG Décolonial, 16.11.2023. Mis à part quelque différend pour moi important (en particulier, une discordance terminologique : le philologue qui est en moi ne cautionne pas l'usage conventionnel du terme "antisémite"), je trouve l'article de Houria Bouteldja brillant : analyse et propositions, lumineuses et stimulantes, comme d'habitude.

— Olga Rodríguez, Dima Khatib, directiva de Al Jazeera: "Con Gaza caen el derecho internacional y los derechos humanos", elDiario.es, 16.11.2023. Témoignage poignant à pleurer et réflexions très sérieuses pour l'avenir puisqu'on admet que la psychopathie effrénée gouverne le monde. Nous, les Occidentaux, sommes brutalement coupables.

— Anne Boyer, I have resigned as poetry editor of The New York Times (J'ai démissionné de mon poste de rédactrice en chef de poésie du New York Times Magazine), 16.11.2023. « Fini les euphémismes macabres. Fini les paysages infernaux aseptisés verbalement. Fini les mensonges bellicistes ! »

— Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Gaza: UN experts call on international community to prevent genocide against the Palestinian people (Gaza : des experts de l'ONU appellent la communauté internationale à prévenir le génocide contre le peuple palestinien), 16.11.2023.

— The Chris Hedges Report, What really happened in Israel on Oct.7? With Max Blumenthal, 17.11.2023, Vidéo 41'52''. Transcription de cet entretien entre Chris Hedges et Max Blumenthal sur The Real News Network. "For all the sensationalism surrounding the events of Oct. 7, when Hamas broke through the Gaza fence and seized territory in the Gaza Envelope as part of Operation Al-Aqsa Flood, there is still much that we do not know. The official Israeli death toll from the attack is estimated at 1,200 civilians, revised from an initial estimate of 1,400. Among this figure are several hundred civilians, which Israel says were killed by Hamas militants. Other testimony from survivors of Oct. 7 suggests an alternative explanation—that in its fervor to defeat Hamas, Israeli commanders may have willingly targeted and sacrificed Israeli soldiers and civilians in the crossfire. Max Blumenthal of The Grayzone joins The Chris Hedges Report for an in-depth look." Des faits avérés, des témoignages, des incohérences nourrissent pas mal de questions légitimes et dévoilent bon nombre de gros mensonges et de diffamations contenues dans les versions officielles israéliennes et occidentales à l'égard des événements du 7 octobre. Max Blumenthal développe verbalement très en détail, pendant une quarantaine de minutes, ce qu'il avait déjà avancé par écrit dans son article du 27.10.2023 cité ci-dessus.



Sur ce blog :

Gaza : savoir et ne rien dire, c’est être complice (11.02.2009)
Le Loup et l'Agneau. Versions d'Ésope, La Fontaine, Perret et Goodman/Eitan (2009)
De nouveaux crimes d'Israël (31.05.2010)
Ilan Pappé et la langue pour dire vrai - Conférence à Stuttgart 2010 (30.07.2014)
Islamophobie (2.09.2015)
Les vendeurs de guerre et le salon de Gaza (5.09.2015)
Palestine avant 1948 (15.05.2017)
(1) Par la Haganah, en 1924. Cf. Theodor Herzl, Mauschel, Die Welt, 15.10.1897, dernière phrase : „Freunde, der zweite Pfeil des Zionismus ist für Mauschels Brust bestimmt!“ (Mes amis, la deuxième flèche du sionisme est destinée à la poitrine de Mauschel !)

(2) Loin de là ; selon un rapport du Congressional Research Service, jusqu'à présent, les États-Unis ont fourni environ 158 milliards de dollars d’aide militaire et financière (notamment de 1971 à 2007) à Israël et se sont engagés à en envoyer davantage dans les prochains jours. [To date (1.03.2023), the United States has provided Israel $158 billion (current, or non-inflation-adjusted, dollars) in bilateral assistance and missile defense funding. At present, almost all U.S. bilateral aid to Israel is in the form of military assistance; from 1971 to 2007, Israel also received significant economic assistance]
D'autre part, un rapport du Centre Delàs d'Estudis per la Pau / Recherche et Action pour la Paix et le Désarmement (Research and Action for Peace and Disarmament) du 22.07.2014 soulignait que les pays de l'UE avaient accordé environ 2 milliards d'euros de contrats militaires à Israël au cours des 10 années précédentes. [When taken together European countries are one of Israel’s main suppliers of military systems and equipment, behind only the US. In the last ten years EU countries have licensed around €2 billion of military contracts to Israel, including over €600 million in 2012 alone. This has included ammunition, weapon firing equipment and components for military aircrafts and vehicles. According to EU Reports, European countries have not sent arms or military systems to Palestine since 2002. En catalan. En castillan]. The rest is... just bliss and diarrhea. Rappel : 158 milliards de dollars = 158 000 000 000 dollars.

(3) Je me rappelle maintenant un témoignage porté par l'historien des sciences et philosophe Jean-Jacques Salomon (1929-2008), professeur honoraire au Conservatoire national des Arts et Métiers, dans l'Obs de la semaine du jeudi 20 février 2003 (nº 1998). Sous le sous-titre Plus personne ne doit pouvoir dire "Je ne savais pas", son texte s'intitulait Ce que j'ai vu en Palestine. Avec une compagnie d'exception —Raymond Aubrac, Kenneth Brown, Mathieu et Suzanne de Brunhoff, Sacha Goldman, Stéphane et Christiane Hessel, Martin Hirsch, Abraham Ségal, Gérard Toulouse, Annick Weiner et Michèle Zemor—, il venait de faire un voyage en groupe en Israël à l'appel de plusieurs associations israéliennes comme Gush Shalom, B'Tselem, Adalh ou le Forum des Familles israélo-palestiniennes endeuillées. Déjà en 2003, son texte permettait à quiconque de tout comprendre. Extrait : 
Ce que nous avons vu en Palestine proprement dite, c’est la brutalité même et l’arbitraire des excès de l’occupation: les maisons détruites à coups de bulldozer sous le prétexte – et sans le prétexte – des snipers qui s’y sont réfugiés, les locaux de l’université saccagés (ordinateurs, instruments de laboratoires et bibliothèques ravagés), les imprimeries cassées à coups de grenade, les hôpitaux bombardés. Des quartiers entiers délabrés, les dalles des immeubles effondrées par la dynamite ou les missiles, les points d’eau explosés.
Le peu d’autorité que l’Autorité palestinienne a pu exercer s’est entièrement évanouie avec la destruction de ses locaux administratifs, en particulier le saccage des bureaux de police et des prisons, d’où l’armée israélienne a fait s’évader tous les condamnés de droit commun: Gaza est une ville sans loi ni sûreté, livrée au contrôle spontané de la population civile. La pratique des représailles collectives accroît l’impression d’arbitraire et de terreur d’Etat. De toutes les images que j’ai rapportées, la pire et la plus dure est celle du mur qui, à Gaza et à Rafah, sépare les habitants de la mer: un mur haut de 6 mètres, qui s’étend sur des kilomètres, avec son réseau de fils électrifiés et ses miradors surarmés, – et de l’autre côté, inaccessible, la Méditerranée. Assurément, un mur de la honte.
(Comme le mur du ghetto de Varsovie à partir de 16 novembre 1940 ?) Ce ne sera qu'après, dans les conditions décrites, que le Hamas commencera par reconstruire son infrastructure de prédication et de recrutement, en particulier ses services sociaux, qui, avec son rejet des accords d'Oslo et sa dénonciation de la corruption de l'Autorité Palestinienne, perçue d'ailleurs comme collabo, lui permettront de gagner la confiance d'une belle partie de la population gazaouie et l’aideront à remporter très largement les élections législatives et municipales de 2006. Comme le rappelait le journaliste espagnol Rafael Poch dans Europa y Gaza (Blogs de La Vanguardia, 21.01.2009), citant la journaliste israélienne de Haaretz Amira Hass, « le siège de Gaza ne commença pas lorsque le Hamas prit le contrôle des organes de sécurité là-bas, ni lorsque fut capturé le soldat israélien Gilad Shalit (les milliers de Palestiniens prisonniers ou enlevés par Israël manquent de nom), ou lorsque le Hamas fut élu lors d'élections démocratiques. Le siège commença en 1991, avant les attentats suicides, et est depuis devenu de plus en plus sophistiqué, pour culminer en 2005. »

(4) Dans la préface de la version castillane de son ouvrage essentiel The Ethnic Cleansing of Palestine, La limpieza étnica de Palestina (traduit de l'anglais par Luis Noriega), l'historien Ilan Pappé évoque la Maison Rouge de Tel-Aviv construite dans les années 1920 pour héberger le bureau central du conseil local des travailleurs. Fin 1947, elle devint le Q.G. de la Haganah, la milice clandestine la plus importante du mouvement sioniste en Palestine.
"En este edificio, la fría tarde del miércoles 10 de marzo de 1948, un grupo de once hombres, conformado por veteranos líderes sionistas y jóvenes oficiales militares judíos, pusieron los toques finales a un plan para la limpieza étnica de Palestina. Esa misma tarde se enviaron órdenes militares a las unidades sobre el terreno para preparar la expulsión sistemática de los palestinos de vastas áreas del país. Las órdenes estaban acompañadas de una descripción detallada de los métodos que habían de emplearse para desalojar por la fuerza a las personas: intimidación a gran escala; asedio y bombardeo de las aldeas y centros poblacionales; incendio de casas, propiedades y bienes; expulsión; demolición; y, finalmente, siembra de minas entre los escombros para impedir el regreso de cualquiera de los expulsados. A cada unidad se le proporcionó su propia lista de aldeas y barrios seleccionados como blancos de este plan maestro. Con el nombre en clave de Plan D (Dalet en hebreo), era la cuarta y definitiva versión de proyectos anteriores mucho menos contundentes en los que se esbozaba el futuro que los sionistas tenían en mente para Palestina y, por consiguiente, para su población nativa. (...) La meta del plan era, de hecho, la destrucción tanto de las áreas rurales como de las áreas urbanas de Palestina." 

En français : 
« Dans ce bâtiment, l'après-midi froid du mercredi 10 mars 1948, un groupe de onze hommes, composé de dirigeants sionistes vétérans et de jeunes officiers militaires juifs, mit la touche finale à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le même après-midi, des ordres militaires furent envoyés aux unités sur le terrain pour préparer l'expulsion systématique des Palestiniens de vastes zones du pays. Ces ordres étaient accompagnés d'une description détaillée des méthodes à utiliser pour expulser les personnes par la force : intimidation à grande échelle ; siège et bombardement de villages et de centres de population; incendie de maisons, de propriétés et de biens; expulsion; démolition; et, enfin, pose de mines parmi les décombres pour empêcher le retour des expulsés. Chaque unité reçut sa propre liste de villages et de quartiers sélectionnés comme cibles de ce plan directeur. Sous le nom de code Plan D (Dalet en hébreu), il s'agissait de la quatrième et définitive version de projets antérieurs, beaucoup moins musclés, décrivant l'avenir que les sionistes avaient en tête pour la Palestine et, par conséquent, pour sa population autochtone. (...) Le but du plan était, en fait, la destruction des zones rurales et urbaines de Palestine. »
Justement, cette préface met en exergue une affirmation en interne de David Ben Gourion à la direction de l'Agence Juive qui constitue toute une déclaration de principes politiques et éthiques : « Je suis partisan du transfert forcé, je n'y vois rien d'immoral. » [Archives Sionistes Centrales (ASC), procès-verbaux de la réunion de la direction de l'Agence Juive, 12.06.1938]. Où l'on voit que les semences de l'armée la plus morale du monde incorporaient dans son noyau un sacré coup de semonce. La décennie écoulée entre 1938 et 1948 n'améliora pas les sentiments des colonisateurs sionistes à l'égard des indigènes de la Palestine, loin de là, pour ne pas décrire leur évolution dans les 75 dernières années.

Regardez Télé Palestine, en français. C'est la chaîne vidéo d'Investig'action consacrée au peuple palestinien et à tous ceux qui le soutiennent. Le but de cette chaîne est de nous montrer, à travers son réseau de correspondants, le quotidien des Palestiniens sous occupation et en exil. Ils se veulent une parole libre pour un peuple libre. Sa rédactrice en chef est la journaliste belge Candice Vanhecke.

(6) Jean-Paul Sartre, amorce d'Orphée noir, Préface à l'Anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française de Léopold Sédar Senghor, PUF, 1948, p. IX. Cité par Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Éd. du Seuil, 1952, chapitre 1 Le Noir et le langage, pages 26-27 de mon édition. Cf. aussi la préface de Sartre à l'édition de 1961 des Damnés de la terre de Frantz Fanon (éd. La Découverte), à lire dans son intégralité. Extrait (p. 24-25) : « (...) D'abord l'Européen règne : il a déjà perdu mais ne s'en aperçoit pas ; il ne sait pas encore que les indigènes sont de faux indigènes : il leur fait du mal, à l'entendre, pour détruire ou pour refouler le mal qu'ils ont en eux ; au bout de trois générations, leurs pernicieux instincts ne renaîtront plus. Quels instincts ? Ceux qui poussent les esclaves à massacrer le maître ? Comment n'y reconnaît-il pas sa propre cruauté retournée contre lui ? (...) »


47 Soul, Don't Care Where You're From


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J'emprunte aux Mutins de Pangée, coopérative cinématographique, leur propositions cinéphiles au sujet de la Palestine-Gaza, contenues dans leur lettre info du 4.11.2023, qu'il me semble utile de relayer :

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