mardi 21 septembre 2010

Siné au ciné, par Stéphane Mercurio

La fin de l'aventure Siné Hebdo a déjà été abordée dans ce blog. Néanmoins, Antoine Bast nous annonce la parution d'un film sur Siné réalisé par Stéphane Mercurio, la fille de celui-ci, ici donc doublement sinéaste. Bast est le responsable de la distribution de ce documentaire qui s'intitule Mourir ? Plutôt crever ! et dont le générique rassemble Siné, Isabelle Alonso, Jean-Pierre Bouyxou, Benoît Delépine, Delfeil de Ton, Gérard Depardieu, Sidahmed Ghozali, Marc Held, Grégoire Korganow, Gustave Kervern, André Langaney, Jacques Prévert, Serge Quadruppani, Catherine Sinet, Malcolm X, Jean Yanne et Marcel Zanini.
On pourra le voir en salles dès le mercredi 13 octobre un peu partout en France, mis à part des dizaines d’avant premières qu'on montre dès le 15 septembre.
Voici la synthèse de Mourir ? Plutôt crever ! rédigée par Bast :
MOURIR ? PLUTOT CREVER !

Un film de Stéphane Mercurio

Enfin un portrait au cinéma du furieux dessinateur Siné, celui qui avec un crayon trempé dans l’acide s’est attaqué indifféremment depuis la fin des années 50 aux curés, rabbins et mollahs, bourgeois et militaires, moralistes de tout poils. Un gars qui au-delà de son image de provocateur à grande gueule, a traversé la grande Histoire avec ses aventures dans la presse : contempteur de l’Algérie française, d’abord dans l’Express avant de monter Siné-Massacre, acteur engagé de Mai 68 et pourfendeur du Général dans l’Enragé, compagnon très critique des révolutions cubaines ou chinoises (une séquence à mourir de rire vous prouvera le sens limité de l’humour de ces régimes face à Siné), ami de Malcolm X qui fut le parrain d’une de ses filles et dont le souvenir de sa disparition lui arrache encore des larmes. Probablement que pour faire ce film, il fallait attendre que quelqu’un de très intime s’y colle tant le bougre ne se livre pas facilement. Ça tombe bien, il se trouve que Stéphane Mercurio, sa fille, est cinéaste. Même si la talentueuse réalisatrice a su toujours garder la parfaite distance sans nier le lien, ce sera donc une plongée très personnelle dans l’univers d’un gaillard pour qui la famille au sens large et l’amitié sont aussi importantes que l’engagement politique. Côté famille, vous comprendrez en l’entendant évoquer son père ancien bagnard antimilitariste, que parfois les gênes se transmettent. Côté amis, se mêle le souvenir des disparus comme Prévert et aujourd’hui sa bande d’irréductibles, sans qui Siné Hebdo, né de son éviction de Charlie Hebdo pour cause de lèse-Sarkozy junior, ne serait pas né. Une bande avec outre des dessinateurs historiques des aventures Charlie ou Hara Kiri, des vieux amis comme Guy Bedos et Gérard Filoche ou des plus nouveaux comme Benoït Delépine, Isabelle Alonso, tout ça sous la surveillance de Catherine madame Sinet à la ville, et grande ordonnatrice de ce joyeux et salvateur bordel que fut l’aventure Siné Hebdo.
Avec une devise envoyé comme un défi à ceux qui voyaient le bonhomme déjà enterré : Mourir ? Plutôt Crever !

Quant à Stéphane Mercurio, pour mieux la connaître, je vous conseille de lire cette interview autour de son film À Côté, publiée en octobre 2008 par evene.fr. Il s'agit d'un autre documentaire qui ferait certainement la fierté de Victor Hugo car il dévoile la terrible réalité du système carcéral français de nos jours. Il a été projeté au Sénat de nos voisins du Nord.
Enfermées dehors
INTERVIEW DE STEPHANE MERCURIO
Propos recueillis par Aurélie Louchart pour Evene.fr - Octobre 2008

Dans un documentaire sorti le 29 octobre en salle, Stéphane Mercurio met en avant les difficultés auxquelles sont confrontées les familles - et en particulier les femmes - de détenus. A travers elles, on découvre le désintérêt total du milieu carcéral pour son rôle de réinsertion. Rencontre autour de cet échec des prisons françaises.
—Ces dernières semaines, les suicides de détenus se multiplient. Rachida Dati propose l'installation d'interphones dans les cellules et l'augmentation des rondes de gardiens. Plus de sécurité mais point de réflexion sur les causes du malaise. Alors que certains députés se battent pour que les citoyens puissent conserver un numéro de département sur leur plaque d'immatriculation, le débat de fond sur la prison semble indéfiniment repoussé à plus tard. Stéphane Mercurio, elle, offre via les familles de détenus un éclairage essentiel sur le système carcéral.

En quoi existe-t-il un enjeu de société autour du sort réservé aux proches de personnes incarcérées ?


—Aujourd'hui, dans les prisons, il y a 1 travailleur social pour 100 détenus, voire pour 200 dans certains endroits. Psychologiquement, les personnes incarcérées se détériorent au fur et à mesure de la détention. Ceux condamnés à de longues peines sont incapables de revenir à une vie normale et les petits délinquants apprennent à faire pire. Ces femmes sont les seuls vecteurs de réinsertion potentielle. Elles sont celles qui logent le détenu à la sortie, qui se démènent pour leur trouver un boulot. Il me semble que la prison est de façon générale un enjeu important, et pas seulement d'un point de vue humaniste, d'un point de vue égoïste aussi. Au lieu de protéger la société, elle génère de la violence. Il faut que les gens se mettent dans la tête que tout détenu sort. Quand il y a des récidives horribles, on entend toujours "Pourquoi on l'a laissé sortir ?" Moi je me dis : "Tiens, c'est un type qui a commencé à 18 ans avec un vol et il finit en train d'égorger ou violer une gamine. Il a passé 10-15 ans en prison avec plusieurs condamnations et on retrouve une espèce de monstre à l'arrivée." Ca pose vraiment des questions sur la prison.
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Stephane Mercurio sur France 3 pour la sortie du film A COTE
Téléchargé par Iskrafilms

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