mardi 8 octobre 2024

Atrocity Inc : Comment Israël vend sa destruction de Gaza



Susan Abulhawa told Al Jazeera’s investigative unit (I-Unit).
Richard Sanders and Al Jazeera Investigative Unit,
Al Jazeera, 3.10.2024

Chaque accusation israélienne est un aveu
(dicton populaire) 


L’État d’Israël plonge ses racines dans des formalismes légaux foncièrement coloniaux et racistes, ou directement déments : la Bible hébraïque, la Déclaration du raciste judéophobe Lord Balfour (1) de 1917, un Mandat de la SDN octroyé aux Britanniques (2), avec ses agissements et manquements, et le Plan de Partage de la Palestine, un vol à main armée perpétré contre les intérêts des indigènes par le Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine, appuyé tactiquement par le Yichouv (3) et entériné par une Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 181, qui était contrôlée par des puissances impériales-coloniales : c’était le 29.11.1947.
Donc, la légitimité morale et politique de l’entité sioniste est zéro. Si les Occidentaux avaient été véritablement contrits pour leurs épouvantables méfaits contre les Juifs, et bien entendu qu’ils auraient dû l’être, ils auraient dû adopter une solution et assumer des compensations qui, en aucun cas, n’auraient dû retomber sur un peuple qui n’avait rien à voir avec l’Holocauste, un peuple innocent et pacifique. La magouille très scélérate consistant à se débarrasser des Juifs au détriment des Palestiniens, ignorés, dé-considérés, traités comme des NO-PEOPLE, sent ce qu’elle est : un suprémacisme raciste et colonial.

J’ai déjà cité dans ce blog un article de Craig Mokhiber et Phyllis Bennis, du 8 janvier 2024, intitulé A Crack in a 75-year-old Wall of Impunity: South Africa Challenges Israeli Genocide in Court, FPIF.org, où ils nous rappellent à ce propos :
« 1948 fut une année d’ironie tragique. Cette année-là a vu l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, promettant ensemble un monde dans lequel les Droits de l’Homme seraient protégés par l’Empire de la Loi. La même année, l’Afrique du Sud adopta l’apartheid et les forces israéliennes exécutèrent la Nakba, la violente dépossession massive de centaines de milliers de Palestiniens. Les deux systèmes s’appuyaient sur le soutien colonial occidental. »
Le 7 Octobre, mis à part d'autres aspects louches qu'il faudra établir opportunément (4), est la récolte de ce que le Sionisme a laborieusement semé depuis notamment 1947 ; à partir des racines décrites, le Sionisme a administré et continue d'administrer aux Palestiniens, sans désemparer, depuis presque huit décennies, une épuration ethnique, des massacres régulières, le carnage méthodique des enfants palestiniens perpétré par les bombes et les tireurs d'élite israéliens (cf. Mark Perlmutter), la destruction de villages, des démolitions constantes, l'empoisonnement du bétail palestinien, l'arrachage ou le bombardement des oliviers, les citronniers et autres arbres fruitiers, des terrassements (ou écrasements) fréquents au bulldozer dans les rues et les terres palestiniennes [et la presse libre confond vandale et vandalisé], un écocide dont presque personne ne parle, la suppression et le remplacement de la toponymie palestinienne historique, la falsification historique et archéologique, un « scolasticide » (5) qui concerne le système éducatif général, les universités et la vie culturelle, l'assassinat de grand nombre de journalistes, de soignants, de personnel humanitaire, la soumission à un régime militaire, l'établissement de contrôles rendant la vie impossible, des murs partout, l'emprisonnement de tout un chacun et tout une chacune (y compris les mineurs) dans des conditions épouvantables, la torture, les viols et abus sexuels en général (y compris avec des chiens, oui, avec des chiens), l'interdiction des déplacements, la famine, le blocage de l'eau potable, les médicaments et d'autres marchandises essentielles, la limitation de la pêche ou de l'entrée et de la sortie du territoire, une polymutilation généralisée (via arrosages, via francs-tireurs), en fait, des traumatismes physiques et psychiques inconmensurables, un méticuleux dé-développement économique, etc. etc. etc., le tout dans un processus infernal et progressif, avec des accélérations de plus en plus monstrueuses. Truffées d'enfumages gerbants.

Le 7 Octobre est le résultat de tout cela, c'est un produit nettement sioniste. Judith Butler (membre de Jewish Voice for Peace), le 5.04.2024 :
« Je pense que nous pouvons avoir des points de vue différents sur le Hamas en tant que parti politique, nous pouvons avoir des points de vue différents sur la résistance armée. Mais je pense qu’il est plus honnête, et correct, historiquement, de dire que le soulèvement [uprising] du 7 octobre était un acte de résistance armée. Ce n'est ni une attaque terroriste, ni une attaque antisémite. C’était une attaque contre les Israéliens et vous savez, je n’ai pas aimé cette attaque, je l’ai dit publiquement, j’ai eu des problèmes pour avoir dit ce que j’ai dit. Cela a été angoissant pour moi, c’était angoissant, c’était terrible. Toutefois, je serais vraiment déraisonnable si je décidais alors que la seule violence à cet endroit était la violence à l’encontre du peuple israélien. La violence contre les Palestiniens a lieu depuis des décennies. C’était un soulèvement qui résulte d’une situation de soumission [subjugation] et contre un appareil d’État violent. Soyons clairs. Alors, on peut être pour ou contre la résistance armée, on peut être pour ou contre le Hamas, mais mettons-nous d’accord au moins sur le terme ‘résistance armée’ et ensuite, nous pourrons débattre de la question de savoir si l’on pense que c’est juste ou s’ils ont fait ce qu’il fallait faire, ou [applaudissements] s’il y a d’autres stratégies… Mais le problème est que, si vous appelez cela résistance armée, vous êtes immédiatement considéré comme étant en faveur de la résistance armée, et en faveur de cette résistance armée et de cette stratégie. Et de dire, bon, en fait, peut-être pas cette stratégie, mais nous pouvons débattre de la résistance armée. Le débat est ouvert, mais je pense qu’il est correct, de manière descriptive, si l’on décide que c’était seulement, ou principalement, antisémite, encore une fois, nous effaçons la structure politique et la structure violente qui est à l’origine de ce soulèvement. Je vais avoir des problèmes pour avoir dit ça, mais vous me défendrez lorsque je serai attaquée demain ! »
Mais il n'y eut pas que des atrocités, y compris celles commises par l'armée israélienne : en application de la directive ou procédure Hanniballes chars et les hélicoptères de Tsahal tirèrent sur le taspour empêcher le Hamas de capturer des soldats —but essentiel de l'opération de la résistance—, et tuèrent ainsi bon nombre d'Israéliens ce 7 octobre 2023. Combien ? Impossible pour l'instant, probablement pour toujours, d'en savoir la quantité exacte (cf. note 6, déclarations de Richard Sanders).
Il y eut aussi, du premier abord, une épouvantable campagne de diffamation, des canulars affreux propagés de concert par les autorités et les médias de l'empire du mal en pire. Et, tout récemment, il y a au moins un film et un livre qui abordent cette campagne d'intoxication en détail (6). Il s'agit d'Atrocity Inc. et de 7 octobre, enquête sur la journée qui a changé le monde. On en parle ensuite.

Atrocity Inc. est un documentaire réalisé par Max Blumenthal et Sut Jhally qu'ils viennent de diffuser, aujourd'hui 7.10.2024, un an après le Sept Octobre, date à laquelle n'ont commencé ni le nettoyage ethnique ni le génocide coloniaux des Palestiniens par le Sionisme.
Les auteurs présentent ainsi leur film :
Dans un nouveau documentaire exclusif, Max Blumenthal lève le voile sur les tromperies médiatiques et les canulars atroces qu'Israël a diffusés après le 7 octobre dans le but de créer un espace politique pour son assaut macabre sur la bande de Gaza. Blumenthal expose le rôle des médias grand public étasuniens comme porte-voix du gouvernement israélien, introduisant de nouveaux mensonges même après que les premiers ont été démystifiés.
Atrocity Inc. soulève de sérieuses questions sur le récit officiel du 7 octobre, tout en révélant comment l'armée israélienne s'est consciemment engagée dans les mêmes atrocités hideuses dont elle a faussement accusé les militants palestiniens. [...accusatio non petita, excusatio manifesta...]



Ces sombres craques, bien connues, sont parfois sujet de débat sur les plateaux des télévisions israéliennes. C'est ainsi que Mickey Rosenthal peut se lâcher et reconnaître tranquillement qu'il ne suffit pas de massacrer des enfants palestiniens ou de pilonner sans opposition une population désarmée en général et ses moyens de subsistance. Cette guerre où il n'y a presque pas de combats comporte aussi d'autres impératifs :
— Journaliste : Mickey Rosenthal, why were things that didn’t happen said? [Mickey Rosenthal, pourquoi on dit des choses qui ne se sont pas produites ?]
— Mickey Rosenthal, Politicien: I assume that, in order to increase the magnitude of the hatred for Hamas, as if it’s necessary to say, as if what happened wasn’t enough… [Je suppose que pour augmenter l’ampleur de la haine envers le Hamas, comme s’il était nécessaire de le dire, comme si ce qui s’est passé ne suffisait pas…]
— Journaliste : But what, are people inventing, serious people are inventing these events? [Mais quoi alors ! les gens inventent, des gens sérieux inventent ces événements ?]
— Mickey Rosenthal: The answer is that maybe they heard it... as a rumor, and maybe… But, and that’s the most important thing to say in this context: the war is not only military, and not only political, but it’s also mainly media, and I’m not sure it’s not the most important part. Also to our Prime Minister! [La réponse est qu’ils ont peut-être entendu cela... comme une rumeur, et peut-être… Mais, et c’est la chose la plus importante à dire dans ce contexte : la guerre n’est pas seulement militaire, et pas seulement politique, elle est aussi principalement médiatique, et je ne suis pas sûr que ce ne soit pas la partie la plus importante. Et pareil pour notre Premier ministre !]
La fabrication des fictions de la désinformation est soumise à des experts se connaissant en techniques du marketing genre HEC, vous savez, briefings, targets, brainstormings et autres anglicismes recouvrant les activités du service production de ventes. Blumenthal suggère une piste intéressante sur la généalogie, dans ce cas précis, de l'adaptation de l'horreur narrative requise par la machine génocidaire sioniste au dé-goût du public :
« Le soutien initial de l’opinion publique étasunienne à une réponse militaire israélienne aux attaques du 7 octobre a commencé à diminuer après plusieurs mois, les sondages montrant qu’une forte majorité des électeurs du Parti Démocrate étaient favorables à un cessez-le-feu immédiat. Face à cette crise de relations publiques, Israël a cherché un nouveau dispositif de propagande qui permettrait de stopper l’hémorragie politique tout en entretenant celle de Gaza. Pour déterminer l’angle à adopter, Israël s’est tourné vers Frank Luntz, un célèbre sondeur [et consultant politique et en communication] qui, par le passé, avait aidé le Parti Républicain à façonner son programme de réduction d’impôts favorable aux entreprises. Il a également conçu le célèbre dictionnaire de langue globale [The Israel Project’s 2009 for Security, Freedom and Peace (ultra-sic) - Global Language Dictionary], qui conseille aux militants pro-israéliens les mots et expressions à utiliser lors de groupes de discussion pour maintenir le soutien étasunien à Israël dans sa guerre contre les Palestiniens.
En mars dernier, j’ai reçu un tuyau d’un initié politique qui avait assisté à plusieurs séances d'information [formation ?] que Luntz avait données aux législateurs de l’État de New York et à divers influenceurs. Il s’agissait de diaporamas de données que Luntz avait collectées lors de groupes de discussion qu’il avait dirigés sur la guerre à Gaza.
Dans l’un des groupes de discussion, Luntz a demandé aux participants d’identifier quel crime présumé du Hamas du 7 octobre les avait le plus bouleversés. Une majorité des répondants ont déclaré qu’ils étaient plus bouleversés par l’affirmation selon laquelle le Hamas aurait « violé des civils », 19 % de plus que ceux qui ont exprimé leur indignation face au Hamas qui aurait exterminé des civils. Il est donc tout à fait clair que les recherches de Luntz ont influencé l’étape suivante de la guerre [blitz] de propagande d’Israël, lorsque Tel-Aviv est vite passée des bébés décapités et d’autres atrocités complètement inventées au fléau soudainement découvert du viol systématique par le Hamas le 7 octobre. »
Petite digression : Frank Luntz mériterait un billet pour lui tout seul. Il est l'auteur de Words That Work. It’s not what you say, it’s what people hear, New York: Hyperion, 2007. Cf. les pages 116, 117 de «Reto» y retórica: el concepto de «Franquicia Léxica», un essai récent (Revista Española de Retórica, 19.07.2024) de Juan Luis Conde —voir aussi ici.
James Salzer, (The Words of Newtspeak Transformed U.S. Politics, The Atlanta Journal-Constitution, 2016) rappelle qu'en 1990, Luntz avait travaillé avec le Républicain Newt Gingrich dans le but de publier un mémo de mots testés par des groupes de discussion que les candidats du GOP pourraient utiliser dans leurs campagnes politiques. La lettre d’accompagnement, signée par Gingrich, était intitulée « La langue, un mécanisme clé de contrôle » [“Language, a Key Mechanism of Control” (version 1996), cf. Political Memo; For G.O.P. Arsenal, 133 Words to Fire, 9.09.1990] et encourageait les candidats à « parler comme Newt ». « Cette liste a été préparée pour que vous puissiez avoir un répertoire de mots à utiliser dans la rédaction de littérature et de courrier, dans la préparation de discours et dans la production de médias électroniques », disait la note. « Les mots et les phrases sont puissants. Lisez-les. Mémorisez-en autant que possible. » Les « mots de gouvernance (sic) positifs et optimistes » comprenaient « challenge » (défi), « empowerment », « legacy » (héritage), « share » (partager), « sens commun », « changement », « morale », « courage », « réforme », « liberté » (freedom et liberty), « bon sens »... Les mots négatifs et contrastants à utiliser pour les adversaires comprenaient « destructeur, libéral, traîtres, radical, corruption, impôts, welfare (terme qui renvoie à bien-être, providence, aide sociale, assistance sociale...) », voire « anti- (issue): flag, family, child, jobs » (« anti-(enjeu) : drapeau, famille, enfant, emplois »). Ce lexilavage de cerveau, ce conditionnement ou bourrage de crâne à travers le langage [à travers des expressions transformées en de vrais slogans de franchise] a triomphé dans le monde entier par mille voies et les activistes appartenant aux mouvements féministes et aux mouvements sociaux parlent en bonne partie, à leur insu, la langue de Gingrich, avec son agenda mental, cela va sans dire, ce qui est consternant.

Revenons à nos moutons. Dans son documentaire, Max Blumenthal se demande, au sujet de l'application de la procédure Hannibal par l'armée israélienne le 7 octobre :
Combien d'Israéliens l'armée israélienne a-t-elle tués le 7 octobre ? Des dizaines, des centaines ? Ont-ils tué la majorité des civils enregistrés dans le bilan officiel ? Nous ne le saurons peut-être jamais, non seulement parce que le Département d'État américain affirme constamment le droit d'Israël à enquêter sur lui-même, mais aussi parce que les médias occidentaux ont montré si peu d'intérêt à enquêter, ou même à rendre compte, de la directive Hannibal, car elle ne correspond tout simplement pas au récit préféré de la sauvagerie du Hamas...
Parmi d'autres informations effrayantes, il évoque Bienvenue en enfer : le système pénitentiaire israélien, un réseau de camps de torture, un rapport glaçant de B'Tselem datant du 6.08.2024 :
Dans un rapport choquant s’appuyant sur le témoignage de 55 anciens prisonniers palestiniens, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a démontré que le système pénitentiaire israélien après le 7 octobre s’était transformé en ce que le groupe a appelé un réseau de camps consacré aux abus des détenus par principe.
Selon B’Tselem, ces installations, dans lesquelles chaque détenu est délibérément soumis à des souffrances et des douleurs incessantes, fonctionnent de facto comme des camps de torture. Au cœur du réseau de centres de torture israéliens se trouve Sde Teiman, un établissement dans le désert du Néguev qui a été construit après le 7 octobre pour emprisonner les milliers d’hommes capturés par l’armée israélienne à Gaza. Les groupes de défense des droits de l’homme du monde entier ont démontré que beaucoup de ceux qui croupissent dans cet établissement sont des civils innocents, notamment des médecins kidnappés dans des hôpitaux de Gaza et soumis à des actes sadiques de violence et de torture.
Au moment même où l’appareil de propagande international israélien diffusait des histoires inventées de toutes pièces selon lesquelles des militants du Hamas auraient agressé sexuellement des femmes juives lors d’une fête le 7 octobre, des membres de l’unité militaire israélienne de l’ombre, connue sous le nom de Force 100, violaient en réunion des hommes palestiniens sans défense à Sde Teiman. Nous savons que c’est vrai, non seulement grâce aux témoignages d’anciens prisonniers, qui ont déclaré aux médias et aux groupes de défense des droits de l’homme qu’ils avaient été sodomisés par des soldats israéliens avec des barres de métal électrifiées, mais aussi parce qu’il y avait des preuves vidéo réelles. Les soldats responsables de ces crimes odieux ont été clairement filmés en train d’agresser sexuellement les prisonniers. Une fois de plus, une allégation formulée par les propagandistes israéliens contre des Palestiniens s’est avérée une confession. La culpabilité des soldats pour avoir sodomisé des prisonniers palestiniens n’a jamais été contestée. En fait, une douzaine de membres de la Force 100 ont été signalés et accusés auprès d’un tribunal militaire israélien pour avoir abusé sexuellement des prisonniers, et ce qui s'est passé ensuite a révélé à quel point les poursuites étaient creuses en réalité, car alors que les soldats étaient transportés vers la base militaire de Beit Lid, en Cisjordanie occupée, les nationalistes israéliens ont déclenché une série d'émeutes en soutien aux violeurs collectifs accusés. Et personne n'a été arrêté lors des émeutes et, au moment du tournage de ce documentaire, les soldats n'ont pas encore été inculpés. Tandis que des manifestations se poursuivaient à travers Israël en soutien aux soldats et à la pratique même de la sodomisation des prisonniers palestiniens, des appels à l'exonération des soldats ont afflué de la part de hauts ministres du gouvernement israélien, comme Itamar Ben-Gvir.
[Cf. Gideon Levy, Haaretz, 7.04.2024 :
Des membres sont régulièrement amputés au centre de détention de Sde Teiman et il n'y a aucune réaction. À Gaza, il y a 17 000 enfants orphelins ou séparés de leurs parents, et rien. Les médecins israéliens ne protestent pas pour Sde Teiman, pas plus que leurs travailleurs sociaux pour les enfants affamés et ceux qui sont morts ou assassinés. Nous sommes devenus des monstres. Non seulement dans nos actions, mais surtout dans notre apathie.]
Désolé, Gideon, mais c'est encore pire : l'action criminelle l'emporte sur l'apathie, y compris chez les médecins israéliens

Justement, en ce qui concerne l'interminable après-7-Octobre, il faut conseiller aussi la possibilité du visionnement de Gaza. Depuis le 7 octobre, le film, de montage d'Aymeric Caron, diffusé à l'Assemblée nationale française le 29 mai dernier (avant la dissolution). Attention : c'est brutal. Le médecin français (et juif) Rony Brauman a commenté à son propos :
« Ce film est écrasant, effroyable… Voilà ce qu’est vraiment la supposée “guerre contre le Hamas”. Cette réalité terrible doit être montrée crûment. Il est bon que ce film puisse être vu. On aimerait qu’il soit vu en Israël. »
Le film est hébergé par le site des Mutins de Pangée qui nous préviennent :
Attention, si vous décidez d’appuyer sur le bouton de lecture, vous ne sortirez pas indemne de ce visionnage. Personne n’a envie de voir des images aussi effroyables, mais elles témoignent de ce qui se passe à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023.
(...) Le film contient beaucoup d’images du journaliste palestinien Motaz Azaïza, aujourd’hui en exil, et qui vient de recevoir le prix Liberté à Caen, décerné par la région Normandie avec l’Institut international des droits de l’homme et de la paix.
Oui : une armée sioniste soutenue par la première puissance militaire et technologique de la planète pilonne sans arrêt... des armées arabes ? Non, plutôt désarmés arabes.

Il faut également faire état, en la matière, de la publication de deux livres (qui en cachent d'autres) édités par Investig'action, qui annonce —sous le titre Israël-Palestine : comprendre et agir— une conférence de présentation le 17 octobre 2024, de 18h00 à 22h00, dans la salle Aladin, à Molenbeek (Bruxelles), avec la participation des trois auteurs concernés, Michel Collon, Jean-Pierre Bouché et Saïd Bouamama.

Saïd Bouamama présentera Le Manuel stratégique de la Palestine et du Moyen-Orient,
un livre superbement documenté et illustré, qui refait toute l’historique de la région et qui montre que la décision de créer Israël fut prise à Londres et Washington. Il raconte ensuite 76 ans de luttes du peuple palestinien pour leurs droits, face aux puissances impériales. Sa conclusion est que la victoire de la Palestine sera aussi une libération pour l’humanité tout entière.
Michel Collon et Jean-Pierre Bouché avaient déjà publié le 18 décembre 2023 une compilation éloquente de citations glosées, ordonnées chronologiquement, sur les délires criminels théoriques et analytiques des mandarins sionistes historiques intitulée Israël, Les 100 pires citations, 232 pages :
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années.
Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps.
Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est concrétisé. Pour comprendre ce qui semble être une guerre perpétuelle entre Israéliens et Palestiniens, il faut donc replacer les acteurs en présence dans le temps long de l’Histoire.
Cette démarche permet de déconstruire certains mythes : de l’idée « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre » au caractère égalitaire de l’État d’Israël, de « la seule démocratie du Moyen-Orient » à l’inscription des tensions actuelles dans une prétendue « guerre des civilisations ». Ce livre apporte ainsi sa pierre à l’édifice de la compréhension d’un conflit que beaucoup de journalistes définissent comme « trop complexe ».
La compréhension est pourtant la première des conditions pour aller vers une paix juste dans la région.
Comme complément de lecture démystifiante, je suggère un autre bouquin, signé par l'historien israélien Ilan Pappé, déjà abordé dans ce blog : Les dix légendes structurantes d'Israël, traduction française de son essai Ten Myths About Israel, Verso, New York, 2017, 192 pages.

Finalement, Michel Collon et Jean-Pierre Bouché vont présenter dans la salle Aladin à Bruxelles l'ouvrage qu'ils viennent de co-écrire : 7 octobre, enquête sur la journée qui a changé le monde,
Une analyse précise et illustrée des manipulations médiatiques qui ont eu lieu dans les jours qui ont suivi le 7/10 2023. Objectif de ces manipulations ? Justifier au préalable la destruction de Gaza et l’élimination de tout ce qui se rapproche de près ou de loin à des “terroristes”. Cette enquête approfondie passionnera tous ceux qui veulent comprendre les conflits en recherchant la vérité dans les faits, en confrontant les versions, en étudiant les causes.
Autrement dit, et pour conclure : L'armée israélienne et les principaux médias et gouvernements occidentaux agissent de concert : tandis que l'une massacre avec une cruauté sans limites, se moque de ses victimes et le publie, les autres diffament les massacrés pour justifier un bain de sang brutal et sans fin.

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NOTES :

(1) Auteur de The Aliens Act 1905 et heureux de voir les Juifs déguerpir.

(2) Traîtres à leurs promesses aux peuples arabes, joueurs sur deux tableaux.

(3) ...qui envisageait d’en avoir encore plus, à commencer par Ben Gourion —cf. les débats internes de l’Agence juive au sujet du rapport de la Commission Peel—, comme les fascistes purs de l’Irgoun et du Lehi, qui n’acceptèrent pas le Plan de Partage.

(4) Au sens figuré, le mot récolte veut dire aussi ce qu'on recueille à la suite d'une quête, d'une recherche. L'histoire sioniste est bourrée d'actions disons sournoises, à l'hôtel David comme à Bagdad, et dans l'affaire du 7 Octobre, il serait insensé d’écarter certaines hypothèses plus que plausibles.

(5) « Ce terme fait référence à l’anéantissement systémique de l’éducation par l’arrestation, la détention ou l’assassinat d’enseignants, d’étudiants et de membres du personnel éducatif, ainsi que par la destruction des infrastructures éducatives. »

(6) Évidemment, il y en a eu d'autres. Côté films, il est juste de citer le pionnier en la matière, October 7, dont la vidéo n'est visionnable que sur YouTube et soumise à une limite d'âge. Il fut produit par Al Jazeera Investigations (et commenté illico, ici, par Electronic Intifada le 11.03.2024). À l'époque, j'en eus vent par Novara Media, ce même 11.03.2024. Leur information là-dessus était très pertinente et ils proposaient en prime un entretien très intéressant avec le très compétent journaliste d'investigation anglais Richard Sanders, réalisateur du documentaire.
EXTRAIT de ses déclarations (à écouter dans leur intégralité) :
It's quite difficult really pinning down the specifics of how many people die and in what way they die. We've put an enormous amount of work into this and have this a list we've drawn up. We can't pretend it's definitive. One of the oddities of the whole story is that the Israelis farm out the collection of bodies to this organization called Zaka, which is a voluntary Ultra-Orthodox religion organization, which firstly is, you know, they're amateurs, they're not professionals, they're not trained in this sort of thing, they're particularly not trained in forensics, and also, to be fair to them, they were simply overwhelmed that the scale of this was something they'd never done before. But it's quite clear that photographs… bodies were not photographed in situ, carefully noted of exactly where bodies were found, and in what state they were found were not made. So, an absolutely clear and definitive map of who died, where they died, how they died, why they died… will probably never be done, simply because of the mistakes that were made in the first sort of 48 hours after the massacre itself. Now, it's quite clear that a number of people were killed by Israeli forces. The Israeli newspaper Yedioth Ahronoth [Ynetnews] has reported that the Hannibal directive was issued at midday on the 7th. Now, the Hannibal directive is something the Israelis have used in the past. It results from the embarrassments they've had where they've had to exchange hundreds, even thousands of Palestinian prisoners for just one Israeli soldier. They clearly wanted to avoid that happening again and a directive… it's widely accepted, was issued to the Israeli military that if soldiers look like they're going to be captured and taken off to Lebanon or to the Gaza Strip or wherever, better to kill everyone than to allow that to happen. Now, that directive was supposedly rescinded a few years ago, but it's been reported in the Israeli press or, specifically, by Yedioth Ahronoth, that it was revived at midday on the 7th, and the Israeli Army has not denied this.
Now, we have two types of friendly fire that happened. The first is Apache gunships, which are mobilized from very early on the 7th for a long time: in fact, they're the only sort of presence the Israeli Defence Force has in the area at all. Now, we have definitive proof that one person, one hostage is killed by an Apache gunship. But if you actually just look at the footage, and the Israelis released enormous amounts of footage, gun camera footage, I think in an effort to show they were doing something on the 7th; if you just look at that footage, common sense tells you in a lot of those shots at least they can't possibly know who they're shooting at. Now, we scrutinized the data very carefully and we came up with a figure of 27 people who are clearly taken hostage and clearly… and leave their homes, are taken from their homes, or taken into the sort of possession of Palestinian gunman, but never make it to the fence, and die in circumstances that have not been explained. It seems to me there is a fairly strong probability that a number of them were killed by fire from helicopter gunships. Zaka told us they had handed over 21 bodies to the authorities which they identified as Palestinian bodies, which were then sent back; they said: no, no, no, these are Israeli bodies, and again common sense would suggest those were bodies that were not found in their homes and were found surrounded by Palestinians. Again, that may be an indication of people who were killed by helicopter gunships.
You then have people who are killed by friendly fire from ground forces. There's one particular incident in Kibbutz Be’eri, where 12 people are killed, and they're almost certainly killed by the Israeli police and army. And we know about this because we have survivors. It's quite likely there are a number of other incidences where people are killed by Israeli forces. We don't know about this, because there are no survivors.
And you just have to… it was a very interesting thing as the Press went into the Kibbutzim in the day after, days after October the 7th. They… you can often hear them sort of looking around them, saying hang on, this scale of damage here can't have been done by people with RPGs (rocket-propelled grenades ) and machine guns; something bigger has been used there. Now, some of that damage is fire damage: Hamas were setting fire to houses to try and drive people out of their safe rooms. So, you know, sometimes houses are destroyed by fire and that is very likely to be Hamas, but a lot of houses are ruined, they just collapsed, and had not been burned down, they'd clearly been hit by Israeli fire. So, we came up with a figure of 18 people where we're quite certain were killed by Israeli Ground Forces, but again, there's a potential larger number of people who were found under their destroyed home and we simply don't know how they died.

J'insère en plus Gaza - Enquêtes d'Al Jazeera, un long-métrage (1h 20' 59'') d'investigation littéralement impressionnant, que nous devons encore à Richard Sanders et l'Unité d'enquête d'Al Jazeera, qui, tout comme le montage de Caron, expose la brutalité sanguinaire de l'acharnement israélien contre une population affamée, mutilée, malade, en déplacement perpétuel et désarmée, tout en soulignant l'expression d'un sadisme particulièrement retors, car ce film intègre (comme celui de Max Blumenthal, d'ailleurs) des photos et vidéos mises en ligne par les soldats de Tsahal (Brigade 261-Pelech compagnie,101 bataillon, parachutistes, groupes du génie de combat, 890 bataillon de parachutistes, 614 bataillon, 460 brigade, compagnie de la division de Gaza, brigade Givati, brigade Golani, 8219 bataillon, 551 brigade...) sur les réseaux sociaux pour crâner et se réjouir avec copains et proches.
C'est horrible. À rendre tripes et boyaux. Al Jazeera a compilé et analysé une base de données de plus de 2 500 comptes sur les différentes plateformes des réseaux sociaux. La plupart des photos et vidéos relèvent de trois catégories : destructions injustifiées, mauvais traitements infligés aux détenus et utilisation de boucliers humains. Ces trois cas pourraient constituer des violations du droit international humanitaire (DIH) et des crimes de guerre au sens du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, explique la chaîne qatarie. Tout y est : destructions de tout poil, enfants brûlés, vols dans les maisons palestiniennes, chansons et danses très macabres... les selfies du génocide tiktoké, la jubilation des génocidaires instagramer, avec la présence très fréquente dans leurs images et vidéos publiées de leurs enfants éduqués dans le plus pur antisémitisme : voilà l'image de marque insurmontable d'une civilisation pathétique et psychotique, voilà le portrait de nos valeurs.

Le documentaire d’Al Jazeera est dédicacé à la mémoire de toutes les personnes travaillant pour des médias ayant été assassinées par l’armée israélienne à Gaza.


lundi 13 mai 2024

Articles qui se sont vu refuser l’entrée à Gaza au moins une fois au cours des six derniers mois

Il y a cinq jours, le docteur John Kahler expliquait, à partir de son expérience sur le terrain, les conséquences catastrophiques du génocide en cours à Gaza. Mis à part l'horreur des bombes, des morts, des destructions, les survivants font face à une situation sanitaire et nutritionnelle épouvantable, au point qu'on ne parvient guère à imaginer rien de plus éprouvant psychologiquement parlant que la torture collective infligée aux Gazaoui.es encore palpitant.es, malgré quoi ils/elles montrent une capacité de résistance mentale qui abasourdit les plus chevronnés —là où les bombardements sont les réveille-matin, dixit le chirurgien Christophe Oberlin.

Vieille tradition, pour endurcir encore les retombées des systématiques massacres qu'elles planifient, les autorités sionistes d'Israël interdisent ou compliquent l'arrivée d'articles de première nécessité en Palestine. 
Philippe Lazzarini, Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), le soulignait le 12.03.2024. Il affirmait : "Très peu de choses entrent et les restrictions augmentent". La liste des denrées, médicaments, fournitures, matériels, équipements, etc. comprend, selon lui, "des articles de base et vitaux : des anesthésiques, des lampes solaires, des bouteilles d’oxygène et des ventilateurs, aux tablettes de nettoyage de l’eau, aux médicaments contre le cancer et aux kits de maternité".
À cet égard, ce n'est pas l'information qui manque, les puissances génocidaires qui soutiennent Israël le savent parfaitement, témoins, par exemple,...
Dans ce contexte, la Freedom Flotilla Coalition nous envoie un message sur les réseaux sociaux, en collaboration avec le comédien australien d'origine bangladaise Aamer Rahman, qui dresse la liste des articles qui se sont vu refuser l’entrée à Gaza au moins une fois au cours des six derniers mois (j'en propose une traduction en français) et qui prouve une supériorité éminente en matière de sadisme :
La liste choquante des articles interdits d’entrée à Gaza
Coalition de la Flottille de la Liberté, 8.05.2024
Selon l'ONU, si l'agence militaire israélienne COGAT, qui inspecte l'aide humanitaire avant son entrée à Gaza, rejette UN SEUL article, tout le camion d'aide humanitaire est renvoyé. Le fait qu’un État génocidaire soit autorisé à restreindre l’aide alimentaire et médicale apportée aux Palestiniens, au point de bombarder délibérément les Palestiniens et de les affamer délibérément, est horrifiant. La liste des restrictions imposées par Israël comprend tout, depuis les petites joies comme les croissants au chocolat jusqu'aux aides essentielles telles que l'anesthésie, les filtres à eau, les gilets pare-balles, les kits de maternité et bien plus encore. C’est pourquoi les observateurs humanitaires et les gens ordinaires ont rejoint la mission parfaitement légale de la Flottille de la Liberté ; prendre la justice en main, pendant que nos gouvernements restent les bras croisés et nous laissent tous tomber. Merci à Aamer Rahman pour animer cette vidéo.


Aamer Rahman
Aamer Rahman: What do chocolate croissants, animal feed, nail clippers, water filters and solar panels have in common? Well, as well as brutally cutting off, electricity, water and the internet to Gaza, Israel has either denied or restricted access to these items, as well as over 40 other lifesaving necessities like generators and oxygen cylinders for hospitals. Look, the chocolate croissants I get, it’s been well documented that chocolate croissants are, in fact, Hamas’s weapon of choice. Israel’s Iron Dome has literally been overwhelmed in recent weeks by the sheer number of chocolate croissants being launched at it from Gaza. But in all seriousness, if the past six months finally proven anything to the world, it’s that the occupation continuously overrides international law, because like a spoiled, unsupervised child with rich parents, there are absolutely no consequences.
Off: “Israel has blocked the free movement of people and goods in and out of the Gaza Strip for almost two decades. Now, Israeli civilians have started their own blockade.”
“A group of Israeli settlers has blocked trucks transporting humanitarian aid to Gaza. The vehicles were forced to stop at several border crossings. Settlers also destroyed some of the supplies. Aid trucks entering the strip have been attacked repeatedly.”
“Family groups, with their babes in arms, determined to stop aid that is desperately needed by families in Gaza. Children who survive the bombings, may not survive famine. Back in Rafah, aid did not reach 12-year-old Yazan al-Kafarneh.”
Aamer Rahman: FYI, blocking humanitarian aid is a total violation of international law. Here’s the list of what’s been denied entry into Gaza at least once in the past six months:

• anaesthetics / anesthésiques
• animal feed / nourriture pour animaux
• cardiac catheter / cathéters cardiaques
• chemical water testing kits / kits d'analyse chimique de l'eau
• chocolate croissants / croissants au chocolat [ils risqueraient de provoquer une joie indicible]
• crutches / béquilles
• field hospital boxes / unités mobiles pour hôpitaux de campagne
• flak jackets for aid workers / gilets pare-balles pour les travailleurs humanitaires
• fittings for water pipeline repair / raccords pour la réparation des canalisations d'eau
• generators for hospitals / générateurs pour hôpitaux
• green tents & sleeping bags / tentes et sacs de couchage verts
• maternity kits / kits de maternité
• medical thread & scissors / fil et ciseaux médicaux
• mobile desalination units / unités mobiles de dessalement
• nail clippers / coupe-ongles
• obstetric clamps / pinces obstétricales
• oxygen concentrators & cylinders / concentrateurs et bouteilles d'oxygène
• power supply equipment / équipement d'alimentation électrique
• prefabricated shelters / abris préfabriqués
• satellite communication kits / kits de communication par satellite
• scalpels in midwifery kits / scalpels dans des kits de sages-femmes
• solar panels / panneaux solaires
• solar-lamps & flashlights / lampes solaires et lampes de poche
• solar-powered medical refrigerators / réfrigérateurs médicaux à énergie solaire
• spars parts for pumps & generators / pièces de rechange pour pompes et générateurs
• stone fruits / fruits à noyaux
• surgical tools for doctors / outils chirurgicaux pour les médecins
• tap-stand kits for water distribution / kits de bornes-fontaines pour la distribution d'eau
• toys / jouets
• ultrasound equipment / équipement à ultrasons
• ventilators / ventilateurs
• water bladders / citernes souples, réservoirs et cuves d’eau potable ou de pluie
• water filters & purification tablets / filtres à eau et tablettes de purification
• wheel chairs / fauteuils roulants
• glucose measuring devices / appareils de mesure du glucose
• syringes / seringues
• x-ray machines / appareils à rayons X

According to COGAT, that’s the Israeli military agency responsible for authorizing the aid that is allowed to go to Palestinians in Gaza, almost all humanitarian supplies are allowed through, so long as they get to inspect it first. Let’s not forget that while this Israeli agency is doing this, another Israeli military agency is bombing, shelling and shooting Palestinians. But here’s the thing: according to the UN, if Israel rejects one item during inspection, the whole aid truck is rejected and sent back. And if, that’s an enormous if, a truck does get into Gaza, Israeli forces get to decide where, when and how it goes, or doesn’t go. And as we’ve seen from the Zionist dance parties blocking convoys of aid trucks and the widespread images of famine and emaciated babies and children, a disturbingly small amount is getting through.
Before the genocide, at least 500 aid trucks would enter Gaza each day, and that wasn’t enough to meet the level of need Israel created through its inhumane, 18-year, illegal blockade. That’s why people from around the world have taken a perfectly legal measure as called for twice this year by the International Court of Justice to deliver aid themselves, via international waters with the Freedom Flotilla Coalition. Aid that is going to be delivered directly to Palestinians in Gaza. To make sure the Freedom Flotilla, and the hundreds of international human rights observers that are delivering this aid, stay safe and get to Gaza, we need you to keep your eyes on the mission and the pressure up on the streets, at your elected representatives’ offices, and on their phones.
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TÉMOIGNAGE de RUWAIDA AMER, journaliste à Gaza :
(Source: The Electronic Intifada, version originale en anglais, 9.05.2024)
Les infections augmentent à Gaza

Tomber malade pendant une guerre peut être douloureux et troublant.
Je le sais par expérience. Récemment, j'ai été atteint d’une pneumonie.
J'ai obtenu des médicaments dans une clinique d'une école qui est maintenant un refuge pour personnes déplacées.
Mon corps n'a pas répondu au traitement pendant un certain temps. Il est fort probable que mon système immunitaire soit affaibli en raison d’une pauvre alimentation.
Finalement, j'ai récupéré. Mais je sens que je pourrais facilement retomber malade.
Il y en a bien d’autres avec des histoires semblables.
Husam a 13 ans. Lui et sa famille vivent depuis peu sous une tente.
Il nous a expliqué qu’il s’était soudain senti « très fatigué et faible ». Qu'il avait perdu l'appétit et vomissait souvent.
Après des tests effectués dans un hôpital, Husam a reçu un diagnostic d'hépatite A, un virus transmis par l'eau sale.
Des mares d’eaux usées se trouvent autour des tentes où vivent la famille de Husam et d’autres personnes à Rafah, dans le sud de Gaza.
Husam a dû rester dans sa tente pendant plusieurs semaines, sous la surveillance d'une infirmière.
« J'ai pris des médicaments jusqu'à ce que mon état s'améliore », a-t-il déclaré. « Mais je ne me sens pas du tout en bonne santé. »
La seule eau dont il dispose est polluée. Il en boit toujours pour ne pas se déshydrater.

« Pas de protection »

À la suite de l’invasion terrestre de Rafah par Israël, qui a commencé au début de cette semaine [le 7 mai 2024], la ville ne compte désormais qu’ un seul hôpital fonctionnel.
Connu sous le nom d’hôpital Koweïtien, il ne compte que 16 lits.
S'exprimant avant l'invasion, Jamal al-Hams, médecin de cet hôpital, avait déclaré : « Il y a un grand nombre de personnes déplacées de toutes les zones de la bande de Gaza, concentrées à Rafah. Ils vivent dans des conditions très difficiles. »
« Il n'y a aucune protection contre les virus », a-t-il déclaré. « Et la nourriture et la nutrition disponibles ne suffisent pas. L’aide sous forme de conserves ne répond pas aux besoins des populations. »
Avant le début de l’invasion de cette semaine, l’hôpital traitait chaque jour environ 1 000 personnes atteintes de maladies infectieuses, selon al-Hams.
Ce chiffre n’inclut pas les personnes transportées d’urgence à l’hôpital après avoir été blessées lors des attaques israéliennes.
L’Hôpital Européen de Gaza – situé dans la ville méridionale de Khan Younis – est également débordé.
Amal a remarqué que son fils avait une forte température. Après quelques jours, il a été confirmé qu'il souffrait d'hépatite A.
« J’ai gardé mon enfant éloigné de ses frères et sœurs pour qu’il ne leur transmette pas l’infection », a-t-elle expliqué. « Je ne peux pas faire plus pour lui. »
Amal et sa famille vivent sous une tente à l'hôpital.
« Il n’y a pas assez d’eau et il n’y a pas de toilettes propres », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’un grand nombre de personnes déplacées utilisent les mêmes toilettes.
« Si nous survivons aux bombardements, nous ne survivrons pas aux maladies et à la pollution », a-t-elle déclaré.
Selon certaines estimations, 30 000 personnes auraient désormais cherché refuge à l'Hôpital Européen. Des flaques d'eaux usées sont visibles dans son enceinte et de nombreux déchets se sont accumulés à l'intérieur et autour de l'hôpital.
Il y a une odeur nauséabonde et un problème majeur avec les moustiques. L’administration de l’hôpital a prévenu que les services pourraient s’effondrer à tout moment.
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TÉMOIGNAGE de Nick Maynard, chirurgien d'Oxford.
Au retour de Gaza, de son deuxième voyage là-bas depuis le 7 Octobre, il raconte l'éprouvante réalité des Palestiniens.
(Source: Freedom Flotilla Coalition, 12.05.2024)
I'm a surgeon, I had two young female patients, Tala, who was 16, Lama, who was 18, both of whom had survivable injuries, both of whom died last week as a direct result of malnutrition. 
I've just returned from Gaza, from my second trip there since October the 7th. I came out of Rafah, one of the last people to leave on Monday [6.05.2024]. What I saw over the last two weeks: the first thing I'd like to highlight, really, is the direct targeting of healthcare workers. We know about this. We know that the hundreds that have been killed, and also hundreds that have been abducted. I met two young healthcare workers, who I knew, and spent a considerable time with them last week - one young doctor, one young nurse, both of whom has been abducted, one of them kept in captivity for 45 days, the other one for 60 days, giving me very graphic and stark descriptions of their daily torture at the hands of the IOF (Israel Offensive Forces), and we, of course, we know there are many, many other examples like this, but hearing it from those individuals themselves was extremely harrowing, and I think, there will be many other stories like that.
Over Christmas and New Year, I spent the whole two weeks operating all the time on major, explosive injuries to the abdomen and to the chest. And it was really nonstop, but the very strong narrative of the patients I was treating over the last two weeks, were those with terrible infective complications as a direct result of malnutrition, and this was very stark indeed. And I operated on many patients in the last two weeks who had awful complications from their abdominal surgery related to inadequate nutrition, and particularly those with abdominal wall breaking down. So, literally, their intestines end up hanging outside and the intestinal repairs that have been carried out to deal with the damage to the bowels, leaking, so their bowel contents leaking out from different parts of the abdomen, covering their bodies, covering their beds.
The lack of resources to deal with, these inadequate numbers of colostomy bags, wound management devices and nutritional support; and they get this vicious cycle of malnutrition, infection, wounds breaking down, more infection, more malnutrition. So, it's devastating, and we will see far more of that over coming months.

Je suis chirurgien, j'ai eu deux jeunes patientes, Tala, âgée de 16 ans, et Lama, âgée de 18 ans, qui avaient toutes deux survécu à des blessures, qui sont toutes deux décédées la semaine dernière des suites directes de malnutrition. Je reviens tout juste de Gaza, de mon deuxième voyage là-bas depuis le 7 octobre. Je suis sorti de Rafah, l'un des derniers à partir lundi [6.05.2024]. Ce que j'ai vu au cours des deux dernières semaines : la première chose que je voudrais vraiment souligner, c'est le ciblage direct des travailleurs de la santé. Nous sommes parfaitement au courant. Nous savons qu'il y a des centaines de personnes qui ont été tuées, mais aussi des centaines qui ont été enlevées. J'ai rencontré deux jeunes professionnels de santé que je connaissais et j'ai passé beaucoup de temps avec eux la semaine dernière - un jeune médecin, une jeune infirmière, tous deux enlevés, l'un gardé en captivité pendant 45 jours, l'autre pendant 60 jours, et ils m’ont donné des descriptions très graphiques et crues de leur torture quotidienne aux mains des Forces de Défense israéliennes (FOI), et nous, bien sûr, nous savons qu'il existe de nombreux autres exemples de ce type, mais l’écoute directe de ce que disaient ces individus en particulier était extrêmement pénible, et je pense qu'il y aura beaucoup d'autres histoires de ce genre. À Noël et au Nouvel An, j'ai passé deux semaines entières à opérer en permanence des blessures graves et explosives à l'abdomen et à la poitrine. Et c'était vraiment sans arrêt, mais le récit le plus dur des patients que j’ai traités au cours des deux dernières semaines concernerait ceux qui souffraient de terribles complications infectieuses résultant directement de la malnutrition, et c'était vraiment très frappant. Et j'ai opéré de nombreux patients au cours des deux dernières semaines qui présentaient d'horribles complications à la suite de leur chirurgie abdominale liées à une nutrition inadéquate, et en particulier ceux dont la paroi abdominale se dégradait. Ainsi, littéralement, leurs intestins finissent par pendre à l'extérieur et les réparations intestinales qui ont été effectuées pour traiter les dommages causés aux intestins, par s’écouler, de sorte que leur contenu intestinal s'échappe de différentes parties de l'abdomen, recouvrant leur corps, se répandant sur leurs lits. Le manque de ressources pour faire face, ce nombre insuffisant de sacs de colostomie, de dispositifs de traitement des plaies et de soutien nutritionnel… et ils subissent ce cercle vicieux de malnutrition, d’infection, de blessures qui se brisent… encore d’infection, toujours de malnutrition. C’est donc dévastateur, et nous en verrons bien davantage dans les mois à venir.

vendredi 10 mai 2024

Le Docteur John Kahler explique les conséquences catastrophiques du génocide en cours à Gaza

Le docteur John Kahler s'est récemment exprimé, concrètement le 8.05.2024, lors d'une conférence de presse d'urgence à Rafah et a partagé son expertise sur les conséquences catastrophiques du génocide en cours et de la famine délibérée des Palestiniens à Gaza.

Avec plus de 25 ans d'expérience dans le domaine de la santé mondiale, il a cofondé l'admirable MedGlobal en 2017 et a travaillé partout dans le monde, plus récemment à Gaza, où il a été témoin des conditions de vie horribles et de la famine, qui ne font que s'intensifier depuis l'invasion de Rafah.


TRANSCRIPTION : “Rafah could literally be fit into the perimeter of the Istanbul airport. That’s the size you’re talking about. 100% of children are suffering. 100% of the population are calorically deprived and, please don’t forget, the first effect of hunger is pain. So, a five-year-old can tell you this, a five-month-old can’t. And between October and March, I’ve been there twice since. Between October and March, the concentration of people has gone from 7.000 per square mile to 57.000 per square mile. So, when people talk about concentration and congestion, that’s the level they’re talking about. People can go for a long time with substandard caloric intake, and as a matter of fact before all this crisis, these children were getting probably no more than 80% of their caloric load anyway. We’re now at a tipping point. We’re six to eight months into this crisis, and it’s at that time that the immunological system begins to break down. It’s at that time where infections and complications start. We’re talking about a group of children between five months and five years, all of which who are suffering. So, when you see these kids, staring off into nowhere, they’re hungry. They’re concentrating on what they don’t have.”

VERSION EN FRANÇAIS : « Rafah pourrait littéralement s’insérer dans le périmètre de l’aéroport d’Istanbul. Voilà la taille dont on parle. 100% des enfants souffrent. 100 % de la population est dépourvue de calories et, ne l’oubliez pas, le premier effet de la faim est la douleur. Ainsi, un enfant de cinq ans peut vous le dire, un enfant de cinq mois ne le peut pas. Et entre octobre et mars, j’y suis allé deux fois. Entre octobre et mars, la concentration de personnes est passée de 7 000 habitants au kilomètre carré à 57 000 habitants au kilomètre carré. Ainsi, lorsque les gens parlent de concentration et de congestion, c’est de cela qu’ils parlent. Les gens peuvent vivre longtemps avec un apport calorique inférieur aux normes, et en fait, avant toute cette crise, ces enfants ne recevaient probablement pas plus de 80 % de leur charge calorique de toute façon. Nous sommes maintenant à un point critique. Nous sommes dans cette crise depuis six à huit mois, et c’est à ce moment-là que le système immunologique commence à s’effondrer. C’est à ce moment-là que commencent les infections et les complications. Nous parlons d’un groupe d’enfants âgés de cinq mois à cinq ans, qui souffrent tous. Alors, quand vous voyez ces enfants, le regard tourné vers nulle part, ils ont faim. Ils se concentrent sur ce qu’ils n’ont pas. »

À propos de calories, cf. Jonathan Cook (Israel's Starvation Diet for Gaza, The Electronic Intifada, Nazareth, 24.10.2012), Rony Brauman (L'objectif israélien est de faire disparaître les Palestiniens, Blast, 25.04.2024) ou Ilan Pappé, Crisis in Zionism, Opportunity for Palestine?, conférence tenue au Booth Auditorium (Room 175), UC Berkeley Law School, 19.10.2023 ; 19h00 (c'est moi qui met la phrase en gras) :

(...) People were celebrating love and peace while the people of Gaza, 2 kilometres from that fence, were under one of the most brutal siege in human history, that was going on for more than 15 years, controlled by the Israelis deciding how many calories are getting into the Gaza Strip, deciding who goes in, who goes out, and keeping two million people in the biggest open prison on Earth. All these contexts allow you to navigate, I think, morally without losing that context, but far more important than the immediate context and even the context of the siege and this is what I would like to focus tonight is the fact that one of the biggest challenges, as activists for Palestine or scholars on Palestine who are activists, is that we cannot challenge decades of propaganda, and fabrication, and counter-narrative, with sound bites: this is our main problem, I think. We need space, we need time to explain the reality, because so many outlets, so many sources of information, so many places where knowledge is produced have portrayed a picture, an analysis of Palestine which is false, fabricated and… has been built throughout the years, with the help of Academia, the media, Hollywood, TV series and so on. (...)"

__________________________ 

EXTRAITS DES DÉCLARATIONS DU DOCTEUR JOHN KAHLER :
« Nos patients meurent à cause du manque de fournitures, de ressources et du manque de personnel. »
« Ce n’était pas bien avant tout ça. Et si vous ajoutez 1,2 million de personnes à cela, cela compromet complètement les soins [médicaux] », a déclaré Kahler. « En plus de cela, il n’y a pas d’eau potable, pas d’hygiène, pas d’espace sûr pour dormir. »
« C’est un jeu de société auquel [l’armée israélienne] joue, sauf qu’elle y joue avec des gens. C’est apocalyptique », a déclaré Kahler. « J’ai visité beaucoup d'endroits durs dans ma vie : Haïti, le Yémen, la Syrie. Je pensais que j'étais prêt", a-t-il déclaré. « À la seconde où je suis sorti du contrôle de l’immigration [à la frontière avec l’Égypte], il n’y avait pas de lumière. Tout ce que vous voyez, ce sont des incendies. C'est l'odeur. Vous pouvez le sentir dans votre peau. … Cela m’a saisi comme si rien ne m’avait jamais saisi dans ma vie. » (Cf. Chicago Suntimes

jeudi 9 mai 2024

Macklemore, HIND'S HALL

Macklemore, so far, I didn't know you. Now, I do. Thanks a lot!!!




Les crochets et les liens sont toujours de mon cru.

HIND'S HALL, Written and Produced by Macklemore.
Sample: "Ana La Habiby" by Fayrouz.

Video by Macklemore
Subtitles by Charles Boonsu

[À propos de censure. Et de propagande de guerre et de répression en général. Partout. Brutale (ça fait des décennies que nous savons que la Palestine est un sujet cruciale pour l'humanité et que le monde États-Unis-Europe est une peste infernale sans remède).]

Select Video Footage by:
Omar - @omaronig
Habibi House - @habibihousepodcast

Lyrics / Paroles / Letra:

Yeah
The people they won’t leave
What is threatening
about divesting and wanting peace?
The problem isn’t the protests
it’s what they’re protesting
Cause it goes against
what our country is funding
Block the barricade until Palestine is free
Block the barricade until Palestine is free
When I was 7, I learned a lesson
from Cube and Eazy E
What was it again?
Oh, yeah:
Fuck the police
Actors in badges
protecting property
And a system that was designed
by white supremacy

But the people are in the streets
You can pay off Meta
you can’t pay off me
Politicians who serve by any means
AIPAC, CUFI and all the companies
You see we sell fear around the land of the free
But this generation here
is about to cut the strings.

You can ban Tik Tok
take us out the algorithm
But it’s too late we’ve seen the truth, we bare witness
We’ve seen the ruble, the buildings
the mothers, the children
And all the men that you murdered
and then, we see how they spin it

Who gets to the right to defend
and who gets the right of resistance
Has always been about dollars
and the color of your pigment
But
White supremacy is finally on blast
Screaming free Palestine
until they’re home at last.
We see the lies in them
Claiming it’s antisemitic
to be anti-Zionist
I’ve seen jewish brothers and sisters out there and riding
In solidarity and screaming
free Palestine with them
Organizing, unlearning
and finally cutting ties with a
State
that’s gotta rely on an apartheid system
To uphold an occupying violent
History been repeating for the last 75
The Nakba never ended,
the colonizer lied.

If some kids in tents,
posted on the lawn
occupying the quad
is really against the law
And a reason to call
in the police
and their squad
where does genocide land
in your definition, huh?
destroying every college in Gaza and every mosque
pushing everyone into Rafah and dropping bombs
The blood is on your hands Biden,
we can see it all
And fuck no
I’m not voting for you in the fall.

Undecided,
you can’t twist the truth
The people out here
united
never be defeated when Freedom’s on the
horizon
Yet the music industry’s quiet
complicit in their platform of silence.

What happened to the artist
what do you got to say?
If I was on a label,
you could drop me today
And be fine with it
cause the heart fed my page
I want a ceasefire
fuck a response from drake.

What you willing to risk?
What you willing to give?
What if you were Gaza?
What if those were your kids?
If the west was pretending that you didn’t exist
You’d want the world to stand up
And the students finally did
Let’s get it.

dimanche 28 avril 2024

Rafeef Ziadah: Nous enseignons la vie, Monsieur

We teach life, sir... (2008).

C'est Rafeef Ziadah (Rafif Ziadah) qui nous montre comment réussir à faire bonne contenance, sans perdre la rage et le sumud, quand un civilisé vous pose une question scélérate, particulièrement infecte, au sujet de votre peuple martyrisé. C'était lors d'un énième massacre sioniste, concrètement Plomb Durci (2008-2009) ; un journaliste canadien eut l'aplomb très durci de lui demander « Mademoiselle Ziadah, vous ne pensez pas que tout serait résolu si vous cessiez au moins d’enseigner toute cette haine à vos enfants ? »

V.O.S. en castillan par Patricia Bobillo Rodríguez.
Je reproduis en bas de page la traduction proposée par Charleroi pour la Palestine

Contre le Dieu des gratte-ciels et des terres promises, sa foi et celle de son peuple est un Handala attaché et entouré de soldats.
Elle est trois générations de palestiniennes qui n'ont jamais dépassé la quarantaine, trois générations de femmes palestiniennes joie et amour contre des ciels d'acier...


Olga Rodríguez vient de publier un entretien avec elle après une performance émouvante au Círculo de Bellas Artes, à Madrid, le 16.04.2024.

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Nous enseignons la vie, Monsieur

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots, suffisamment remplies de statistiques pour s’opposer à une riposte mesurée.
Et j’ai peaufiné mon anglais et j’ai appris mes résolutions de l’ONU.
Et pourtant, il m’a demandé : « Mademoiselle Ziadah, vous ne pensez pas que tout serait résolu si vous cessiez au moins d’enseigner toute cette haine à vos enfants ? »

Pause.

J’ai cherché en mon for intérieur la force d’être patiente, mais la patience n’est pas au bout de ma langue pendant qu’ils larguent des bombes sur Gaza.
La patience vient précisément de m’échapper.

Pause. Sourire.

Nous enseignons la vie, Monsieur.
Rafeef, n’oublie pas de sourire.

Pause.

Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous, Palestiniens, enseignons la vie après qu’ils ont occupé le dernier ciel.
Nous enseignons la vie après qu’ils ont bâti leurs colonies et leurs murs de l’apartheid, au-delà des derniers cieux.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Mais, aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas aller au-delà des brèves citations et des limites des mots.
Et ne nous donnez qu’un récit, un récit humain.
Vous comprenez, ceci n’a rien de politique.
Nous voulons seulement parler aux gens de vous et de votre peuple, et faites-nous donc un récit humain.
Ne mentionnez pas ces mots : « apartheid » et « occupation ».
Ceci n’a rien de politique.
Vous devez m’aider, moi, en tant que journaliste, à vous aider à raconter votre histoire qui n’a rien d’une histoire politique.

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Que diriez-vous de nous parler de l’histoire d’une femme de Gaza qui a besoin de médicaments ?
Ou de nous parler de vous ?
Avez-vous suffisamment de membres aux os brisés pour couvrir le soleil ?
Passez-moi vos morts et donnez-moi la liste de leurs noms sans dépasser les mille deux cents mots.

Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé censé ne pas dépasser les brèves citations et les limites des mots, mais émouvoir ceux qui sont devenus insensibles au sang terroriste.
Mais ils se sont sentis désolés.
Ils se sont sentis désolés pour le bétail à Gaza.
Et ainsi donc, je leur donne les résolutions de l’ONU et les statistiques et nous condamnons, et nous déplorons, et nous rejetons.
Et ce ne sont pas deux camps égaux : l’occupant et l’occupé.
Et cent morts, deux cents morts, et un millier de morts.
Et entre ce crime de guerre et ce massacre, je crache des mots et je souris sans « rien d’exotique », « rien de terroriste ».
Et je recompte, je recompte : cent morts, un millier de morts.
Il y a quelqu’un, là, dehors ?
Y aura-t-il quelqu’un pour écouter.
Je voudrais pouvoir pleurer sur leurs corps.
Je voudrais pouvoir courir pieds nus dans chaque camp de réfugiés et prendre à bras tous les enfants, couvrir leurs oreilles pour qu’ils ne doivent plus jamais entendre le bruit des bombes le reste de leur vie comme moi je l’entends.
Aujourd’hui, mon corps était un massacre télévisé.
Et permettez-moi de vous dire ceci, rien que ceci. Rien, vos résolutions de l’ONU n’ont jamais rien fait, à ce propos.
Et aucune des mes brèves paroles, aucune parole que je sortirai, et qu’importe que mon anglais s’améliore, aucune parole, aucune parole, aucune parole, aucune parole ne les ramènera à la vie.
Aucune parole ne fera cela.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous enseignons la vie, Monsieur.
Nous, Palestiniens, nous nous réveillons chaque matin pour enseigner au reste du monde la vie.

Monsieur.

mardi 2 avril 2024

Les média du pays d'Astérix soutiennent les Romains

Tout comme ses gouvernants.

Sont-ils fous, ces gendétats et experts gaulois
Non, ils/elles ne sont pas fous/folles, mais juste des psychopathes bien rémunéré.es fabriquant la romanisation des esprits, innocentant les responsables d'un vrai, planifié, Grand Remplacement —qui dans ce but n'hésitent pas à recourir à un génocide progressif ("Incremental genocide", Ilan Pappé dixit, voir ci-dessous)—

 
 
...et diabolisant leurs irréductibles victimes. Voilà pourquoi ils nous expliquent que les Romains ont été agressés et qu'ils ont le droit de se défendre. Au nom de nos valeurs, ils blanchissent la pulvérisation des jetables, des moins que rien, des monstres des ténèbres.

Dans le cas des Gazaoui.es —car il ne faut pas oublier les autres Palestinien.nes—, ces assiégé.es irréductibles en cage sont pilonné.es à répétition à l'intérieur d'une palissade d'acier et de béton high tech, longue de 65 kilomètres, « prouesse technologiquement avancée et innovante » qui a coûté aux Romains la bagatelle de plus d'un milliard de dollars. Mais il ne fallait pas lésiner sur la grande foire au grand savoir-faire sioniste pour que les affaires puissent reprendre de plus belle ; c'est l'avantage des « villages des fous » et des « animaux humains », dont il faut profiter : ils habilitent —double rendement— l'extermination dans l'innocence (1). 
Quant aux palissades des Romains, rappel : le 19.05.2021, des Israéliens juifs qui partagent notre indignation avaient signé et mis en ligne une pétition et cette vidéo :


Blast et ACRIMED analysent —et nous montrent— ce qu'ils appellent un naufrage médiatique sans précédent dans le pays d'Astérix. Merci vraiment pour cette abnégation contre tant de négationnisme, contre tant de culot (2) assis couvrant un génocide...

En fait, en matière médiatique, ce que nous subissons (nous, les naufragés de la politique), c'est un contrôle presque totalitaire de toutes les narrations qui intéressent les Romains, hydre à plusieurs têtes, y compris celles d'un « vanquished empire » dont les derniers sursauts n'arrêtent pas de nuire.

Voici cette analyse d'ACRIMED au sujet de la presse libre et plurielle, tellement attachée et univoque (univocus, de unus et vox), tellement chantre des impérieux génocides impériaux, y compris proxy —et tellement pas-pipante sur l'hécatombe hystérétique de la Guerre Impériale Permanente :


Où l'on voit que les grands-messes de la grande presse sont comme l'Histoire, ni justes ni élégantes, pour reprendre les mots du poète palestinien Mahmoud Darwish. 
Onfray soit qui y participe !

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CODA : En réalité, les gouvernants et les média du pays d'Astérix sont loin d'être les seuls lèche-culs des Romains (oui, États-Unis et Israël, du pareil au même, notre mal empire) : l'ensemble des nations de l'Atlanticus Septentrionalis est soumis au même joug proconsulaire et à pareil psittacisme médiatique. Noemi Klein l'a souligné il y a quelques semaines, le 24 février 2024, avec justesse et optimisme de la volonté. Prédateurs séparatistes et sans états d'âme, "ils sont unis dans une vision suprémaciste commune qui vise à assurer la sûreté et la sécurité de quelques-uns. Cette vision sous-tend leur refus inébranlable de s’attaquer de quelque manière que ce soit aux moteurs sous-jacents de ces crises : le capitalisme, la croissance illimitée, le colonialisme, le militarisme, la suprématie blanche, le patriarcat. Comme le dit Sherene Seikaly, nous sommes « à l’ère de la catastrophe » et « la Palestine est un paradigme »."

     Dans un puissant discours prononcé au festival « Still We Rise », Naomi Klein affirme que la défense des crimes d’Israël est une vision suprémaciste qui unit les classes politiques mondiales.
(...) Dans votre pays comme dans le mien, il n’existe pas de commandement moral hormis celui issu de la base. Tout ce que nous avons, c'est l'un l'autre. Nous devrions y réfléchir car cela fait partie de l’horreur et du vertige du moment historique que nous vivons. La campagne d'anéantissement menée par Israël contre Gaza et contre les Palestiniens n'est pas le premier génocide de l'histoire moderne. Ce n’est pas la première fois que des forces ouvertement fascistes font fusionner une idéologie violente et suprémaciste avec une détermination apparemment illimité à éliminer un peuple qu’elles considèrent comme une menace démographique. Ce qui est unique, au moins depuis l’ère des génocides coloniaux ouverts, c’est l’unité que ce carnage a inspirée parmi les élites politiques du Nord et, dans une certaine mesure, au-delà. [Après tout, lorsque le fascisme est apparu en Europe dans les années 1930, il avait de puissants partisans dans nos classes politiques, mais aussi de puissants opposants. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Partout à travers tout l’éventail politique, depuis l’extrême droite enragée jusqu’au centre-gauche hypocrite, nous avons vu des acteurs puissants mettre de côté leurs différences partisanes pour s’unir afin de soutenir activement ces crimes contre l’humanité. Loin de fracturer notre classe politique, cette itération du fascisme l’a unie :] Donald Trump est d'accord avec Joe Biden, Rishi Sunak avec Kier Starmer, Emmanuel Macron avec Marine Le Pen, Justin Trudeau avec Georgia Meloni, Victor Orbán avec Narendra Modi. Le message envoyé est simple : les bulles dorées de sécurité et de luxe relatifs qui parsèment notre monde cruellement divisé et en réchauffement rapide seront « protégées » à tout prix, y compris par la violence génocidaire.
Dans les nombreuses régions pillées de notre planète, ce message obscène a été pleinement reçu. Gustavo Petro, le courageux président colombien, en a immédiatement déchiffré le sens. En octobre, quelques jours seulement après le début de l'attaque israélienne, il déclarait : « La barbarie de la consommation basée sur la mort d'autrui nous conduit à une montée sans précédent du fascisme et, par conséquent, à la mort de la démocratie et de la liberté. » « C'est de la barbarie ou du 'Global 1933'. » Dans l'attaque d'Israël et le soutien des gouvernements du Nord et des forces de droite du Sud, il a également vu un avant-goût d'un avenir partagé, déclarant, et je cite encore : « Ce que nous voyons en Palestine sera aussi la souffrance du monde de tous les peuples du Sud. » (...)

Cliquez ici pour accéder à la totalité de son discours en version française.

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(1) Remarque de l'équipe Sandra Lucbert-Frédéric Lordon légèrement modifiée quant au choix du noyau nominal par ce Candide : ils disent domination dans l'innocence. D'une manière générale, nous étions déjà prévenus par Galbraith que la fraude des Seigneurs est toujours innocente. Le sarcasme étymologique est considérable, car in-nocent est celui qui ne nuit pas, qui ne s'adonne pas à « nocere ». "(...) but it is not permissible that the authors of devastation should also be innocent. It is the innocence which constitutes the crime", James Baldwin dixit dans sa lettre à son neveu James, le 1.12.1962, un texte superbe qu'on peut appliquer crème à tous les chœurs d'innocents du monde de la prédation innocente, donc à Israël et les Sionistes dans le cas échéant. Preuve, en extraits : 
"(...) this is the crime of which I accuse my country and my countrymen and for which neither I nor time nor history will ever forgive them, that they have destroyed and are destroying hundreds of thousands of lives and do not know it and do not want to know it. (...) This innocent country set you down in a ghetto in which, in fact, it intended that you should perish. (...) You were born into a society which spelled out with brutal clarity and in as many ways as possible that you were a worthless human being. (...) The details and symbols of your life have been deliberately constructed to make you believe what white people say about you. Please try to remember that what they believe, as well as what they do and cause you to endure, does not testify to your inferiority, but to their inhumanity and fear. / Please try to be clear, dear James, through the storm which rages about your youthful head today, about the reality which lies behind the words "acceptance" and "integration." There is no reason for you to try to become like white men and there is no basis whatever for their impertinent assumption that they must accept you. The really terrible thing, old buddy, is that you must accept them, and I mean that very seriously. You must accept them and accept them with love, for these innocent people have no other hope. They are in effect still trapped in a history which they do not understand and until they understand it, they cannot be released from it. They have had to believe for many years, and for innumerable reasons, that black men are inferior to white men. (...) I said it was intended that you should perish, in the ghetto, perish by never being allowed to go beyond and behind the white man's definition, by never being allowed to spell your proper name. You have, and many of us have, defeated this intention and by a terrible law, a terrible paradox, those innocents who believed that your imprisonment made them safe are losing their grasp of reality. (...) this is your home, my friend. Do not be driven from it. (...) you come from sturdy peasant stock, men who (...) in the teeth of the most terrifying odds, achieved an unassailable and monumental dignity. (...)"
(2)  CULOT :  1  Partie inférieure de certains objets. 2  Ce qui s'amasse au fond d'un récipient. ◆ Résidu qui se forme au fond d'une pipe. 3  Élève qui est le dernier de sa classe. 4  Assurance effrontée. © 2023 Éditions Le Robert - Le Petit Robert de la langue française.