mercredi 12 décembre 2012

Roms, Sintés et Kalés en Europe, selon le rapport Billout

Un rapport d'information du sénateur Michel Billout dénonce la situation des Roms en Europe. Il a été dressé au nom de la commission des affaires européennes [nº 199 (2012-2013)] et publié le 6 décembre 2012. Son introduction signale :
« 10 à 12 millions de Roms vivraient aujourd'hui en Europe, dont environ 8 millions sur le territoire de l'Union européenne. Ils sont présents, bien qu'à des degrés divers, dans la grande majorité des États membres, sous l'effet des migrations qui sont intervenues au cours des derniers siècles, souvent dictées par les persécutions dont ils étaient victimes, et par des motifs économiques. Ces populations rencontrent aujourd'hui de graves difficultés d'intégration. Elles souffrent de discriminations multiples, qui procèdent bien souvent de l'anti-tsiganisme, lié à une profonde méconnaissance.
Le Conseil de l'Europe depuis les années 1970 et, plus récemment, l'Union européenne ont pris diverses initiatives afin de combattre les préjugés associés aux Roms et faciliter leur intégration en Europe. Mais c'est surtout après les évènements de l'été 2010 en France que le défi posé par les Roms est devenu un véritable sujet d'actualité européen, comme en témoigne la publication par la Commission en avril 2011 d'un cadre de l'Union pour les stratégies nationales d'intégration des Roms.
Il est temps aujourd'hui de passer à la vitesse supérieure. En dépit des initiatives existantes, la situation des populations roms n'a pas connu d'amélioration notable jusqu'à présent. Il convient aujourd'hui de mieux définir les responsabilités qui incombent à chacun des échelons - européen, national et local - afin de relever le défi de l'intégration des Roms sur un continent qui a fondé ses valeurs sur la démocratie, les droits de l'homme et l'État de droit. Quand on rapporte la population rom (8 millions) à la population de l'Union européenne (503 millions), la tâche ne paraît pas insurmontable, à condition de s'y atteler véritablement et de faire enfin tomber la barrière des préjugés. »
Dans I A-1 (1. Quelques repères historiques et géographiques), on peut lire :
(...) contrairement à des idées reçues, les populations roms ne sont pas nomades mais ancrées à des territoires nationaux.
Ainsi selon Henriette Asséo3(*) : « Quatre-vingts pour cent des Tsiganes européens n'ont pas bougé de leurs pays respectifs depuis deux ou trois siècles. A l'Est, et dans l'empire austro-hongrois, il n'y avait pas de nomadisme. S'il y en avait eu, vous n'auriez pas de communautés qui constituent 8 à 10 % des populations nationales. Cette histoire de nomadisme n'a aucun sens. »
En effet le nomadisme, n'a jamais été une spécificité rom. Ce sont les persécutions, les mesures d'expulsions, les grandes déportations et, de nos jours, les reconduites à la frontière qui ont obligé les Roms à sans cesse se déplacer.
Le voyage procède pour eux plus de la mobilité que du nomadisme ; il permet de s'adapter aux conditions d'emploi, comme les travaux saisonniers qui assurent leur survie. C'est aussi une manière de rassembler les familles à l'occasion d'un événement important de leur vie. Une minorité de Roms européens a choisi un mode de vie itinérant ; la majorité d'entre eux sont sédentarisés.
Si le rapport Billout vous intéresse, cliquez ci-dessous sur le lien de votre choix :

Rapport

Illustration : couverture de rapport

lundi 3 décembre 2012

Fukushima - Pétition de Tokiko Noguchi

Juste deux semaines après votre débat autour de l'énergie nucléaire, je reçois dans mon courriel cette pétition de Tokiko Noguchi qui en dit long sur la situation du département de Fukushima après la catastrophe du 11 mars 2011 :

Préfecture de Fukushima: Ne nous volez pas le choix de nous réfugier à l’extérieur du département !

Pétition de 野口時子 Tokiko Noguchi (3a 郡山)

Fukushima, Japon

Nous habitons à Fukushima. Nous avons une fille, collégienne et un fils handicapé. Ma fille entre au lycée cette année, et nous nous demandions si ça n’était pas l’occasion de déménager à l’extérieur du département pour protéger nos enfants de l’irradiation. Mais brutalement, la préfecture de Fukushima a déclaré publiquement que les appartements gratuits réquisitionnés pour les personnes souhaitant se réfugier à l’extérieur du département, n’accepteraient plus de nouvelles demandes à partir du 28 décembre 2012.
Le jour où cette décision a été rendue publique, j’ai reçu les résultats de l’échographie de la thyroïde de mon fils : A2. Les résultats étaient terribles. « Nous nous étions pourtant réfugiés le 15 mars, et nous sommes partis un mois en séjour de villégiature l’été… » (1)
De nombreux pères et mères de Fukushima vivent soucieux et se demandent s’ils doivent, afin de protéger leurs enfants, s’éloigner de leur pays natal et s’inquiètent de savoir où ils doivent déménager ? Dans le cas où ils prennent la décision de déménager hors de la préfecture de Fukushima, parce que cela est nécessaire, le fait de pouvoir avoir accès à des logements réquisitionnés (et mis à disposition gratuitement) est une aide vitale.
Le règlement concernant les logements réquisitionnés qui se trouve originellement dans la loi de protection en cas de désastre a été appliqué durant 5 années lors du tremblement de terre d’Osaka. Refuser le dépôt de nouvelles demandes d’habitation de ces logements alors que deux années ne se sont pas encore écoulées après la catastrophe est inadmissible. De plus, cette fois, la population encourt des dommages sanitaires dus à l’irradiation. Il est manifeste qu’une assistance sur un terme plus long est nécessaire.
Selon l’enquête d’opinion réalisée dans la ville de Fukushima au mois de mai, plus de 90% des citoyens ont répondu être en état de « grande inquiétude » ou « d’inquiétude moyenne » quant aux effets de la contamination interne et externe de leur famille. 34% des personnes interrogées, et 45% des ménages ayant en leur sein des nourrissons et des enfants du primaire ont répondu qu’ils « souhaitent se réfugier » (2)
De nombreuses familles, tout comme la nôtre, attendent que leur enfant ait fini leur cycle scolaire, recherche l’endroit adéquat permettant l’accueil de leur enfant handicapé, en somme choisissent le bon moment pour déménager. C’est parce que de nombreuses familles étaient dans l’expectative de la fin de l’année scolaire de leur enfant, ou dans l’attente de pouvoir rassembler les conditions d’un environnement pédagogique adapté qu’encore au mois de mars de cette année, les refuges à l’extérieur du département furent nombreux (l’année scolaire commence en avril au Japon). Nous avons toutes raisons de croire que le nombre de famille qui pensait déménager au mois de mars prochain était également considérable.
La préfecture a décidé de cesser l’acceptation de nouvelles demandes d’occupation de logements réquisitionnés en décembre de cette année, mais les réfugiés demandent l’abrogation de cet arrêt. (4)
Si nous recevons l’assistance de tous, nous pourrons rendre possible la révision de cette décision.
Nous vous remercions.

Documents de référence :
1 - Nodules en deça de 5.0mm et Kyste en deça de 20 mm
2 - http://www.city.fukushima.fukushima.jp/soshiki/7/kouchou12090501.html


3 - http://mainichi.jp/select/news/20121124k0000m040081000c.html
4 - http://www.yomiuri.co.jp/e-japan/yamagata/news/20121107-OYT8T01431.htm
5 - 
http://www.pref.fukushima.jp/imu/kenkoukanri/241118koujyousen.pdf 

Signer la pétition

Le 12 octobre 2012, la compagnie d'électricité Tepco, qui opère la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, a admis pour la première fois qu'elle avait minimisé le risque de tsunami "par peur d'être contrainte à fermer ses installations le temps d'en améliorer la sécurité.", selon PresseOcéan.fr, où l'on peut aussi lire :
"Il existait une peur latente d'une fermeture jusqu'à ce que des mesures draconiennes de sécurité soient mises en place", indique Tokyo Electric Power (Tepco) dans un rapport-confession intitulé "Politique fondamentale pour la réforme du dispositif nucléaire de Tepco", plus d'un an et demi après l'accident.
Ce rapport de 32 pages indique qu'avant même le tsunami géant de mars 2011 qui a submergé la centrale, la compagnie savait que les systèmes de défense et de protection étaient insuffisants. Elle n'avait toutefois pas agi, probablement par peur des coûts que cela allait représenter.
"Il y avait cette inquiétude que si de nouvelles et sévères mesures étaient imposées, la sécurité de toutes les centrales existantes serait devenu un sujet de préoccupation", et aurait pu "donner plus de vigueur au mouvement antinucléaire", lit-on encore.
Dans Le Monde diplomatique de décembre 2012, Agnès Sinaï vient de publier un long article bien éloquent sur l'Agence internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) dont le titre est déjà très expressif : "Un gendarme du nucléaire bien peu indépendant". Sa conclusion est claire :
« Verrouillée par la doctrine officielle, l’information sur les risques liés au nucléaire est systématiquement brouillée. Et les responsables des catastrophes atomiques demeurent impunis. »
Pensons d'ailleurs que l'AIEA, qui siège à Vienne, a deux grandes fonctions comportant un conflit de passions trop évident, une simultanéité plutôt louche : la surveillance et la promotion du nucléaire. Mine de rien, elle tiendra sa conférence ministérielle du 15 au 17 décembre justement à Fukushima.