samedi 8 mars 2014

Peau de baballe

Homines non nascuntur, sed effinguntur
(Les hommes ne naissent pas hommes, ils le deviennent)

Érasme : De pueris instituendis, 1528

 
On ne naît pas femme : on le devient
Simone de Beauvoir : Le deuxième sexe 1, Gallimard, 1949, pages 285-6.

On naît homme... puis on cesse de l'être
(Personne, le 29 janvier 2014)


Juste avant cette journée des femmes, les média nous ont appris qu'... 

Une femme sur trois vivant dans l'UE a été victime de violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans sa vie depuis l'âge de 15 ans, selon une étude publiée mercredi [5 mars] par l'Agence européenne des droits fondamentaux, la plus vaste jamais réalisée. 

En effet, c'est franchement insupportable. D'ailleurs, l'Agence explique que "le non-signalement de la violence à l’égard des femmes masque la véritable ampleur du problème"...

Par ailleurs, Survival International nous propose une galerie de photos de femmes indigènes accompagnées de textes qui prêtent à penser. Déjà l'introduction marque le ton de l'ensemble :
Pendant des décennies, les femmes indigènes ont connu les expulsions, la peur, le meurtre et le viol aux mains de leurs envahisseurs. Elles ont souffert de l’humiliation infligée par des gouvernements qui perpétuent l’idée qu’elles sont en réalité ‘arriérées’ et qu’elles vivent encore à ‘l’âge de pierre’.
Avec la spoliation de leurs terres et devant un avenir de plus en plus incertain, elles ont perdu leur estime de soi et le sens de la vie.
Mais malgré ces épreuves, leur résistance se fait de plus en plus forte. A travers cette galerie photo, Survival célèbre la Journée internationale de la femme avec le soutien de l’actrice américaine Gillian Anderson et de la célèbre créatrice de bijoux contemporains Pipa Small. Si cette galerie relate l’histoire tragique qu’ont vécue – et que vivent – les femmes indigènes, elle met aussi en avant le courage et l’inspiration dont elles font preuve pour récupérer leurs terres et faire respecter leur droits fondamentaux.
La photo consacrée aux femmes innu de la péninsule du Labrador* est suivie d'un commentaire que je trouve particulièrement instructif :
Lorsque les missionnaires catholiques sont arrivés sur les côtes de la péninsule du Labrador, au Québec, ils furent horrifiés de constater le niveau d’indépendance et de pouvoir des femmes innu. Jusqu’au milieu du XXe siècle, le programme de l’activité missionnaire comportait la redistribution des rôles homme-femme pour les rendre conformes au modèle européen.
Jusqu’à récemment en Europe, les femmes étaient généralement perçues comme inférieures aux hommes; on les empêchait de réussir socialement et leur rôle se résumait à accompagner et soutenir leurs époux. Mais à la même époque, les femmes innu, qu’elles soient mariées ou non, étaient beaucoup plus libres, c’étaient elles qui souvent choisissaient où et quand installer le campement lors de leurs longues migrations à travers les étendues sub-arctiques de leur terre natale Nitassinan.
Cette indépendance scandalisa les missionnaires jésuites qui tentèrent sans répit de leur imposer le modèle européen de la femme soumise à son mari, mais cela ne fonctionna qu’après la sédentarisation forcée des Innu par le gouvernement canadien et l’abandon consécutif de leur mode de vie migratoire, constate l’anthropologue Colin Samson qui a travaillé avec les Innu pendant des décennies.
Néanmoins, depuis quelque temps, les femmes innu ont été en première ligne dans la résistance contre le survol à basse altitude de leur territoire par les avions d’entraînement de l’OTAN qui font fuir le gibier dont ils dépendent et qui détruisent leur santé physique et mentale.
Elles se distinguent également dans leur opposition aux industries extractives sur leurs terres ancestrales et dans leurs efforts pour que les Innu maintiennent leur mode de vie.
Bref, faisons un cadeau Tachan aux hommes de notre civilisation. On Henri (jaune) toujours. Car on a tout de même besoin de rigoler pour ne pas sombrer dans la détresse...



Merci toujours, Henri.

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* De nos jours, la province de Terre-Neuve et du Labrador compte quatre peuples d'origine indigène : les Inuit, les Innu (ou Naskapi-Montagnais), les Mi'kmaq et les Métis.

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