jeudi 6 juillet 2017

Que lire à un enfant qui commence à écouter

À Bruna


Dans sa préface à...

Random House Mondadori, avril, 2008.

..., Santiago Alba Rico nous rappelle (et interpelle) :

"Basta seguir hasta el final el espíritu de Disney para que él mismo se voltee en el reverso de Disney, repentinamente amenazador, agresivo, un poco viscoso, un poco metafísico, inesperada cópula entre el capitalismo y el fascismo. Nadie ha sabido entender como Brieva el terror salvaje que abriga Disneylandia, el desorden metafísico de Mickey Mouse". 

Et, par suite, leur horreur visuelle, ajouté-je. Horreur visuelle qui est là aussi, en fond d'écran ou arrière-plan, pour égayer le bureau de tous vos dispositifs, de tous vos écrans (de fumée)...

Quand les écrans et les écrans et les écrans —veloutés ou rêches des grands prédateurs— sont notre monorepas et l'autel constant de notre repos, nos enfants enfantent des cauchemars post-Bernays et ignorent la vraie vie, les cailloux, les feuilles, la terre, l'horizon, les étoiles, la lune, les contes, les matières, les textures... Les contes, les histoires, le monde, les langues, la nature non monétaire...
Disney est à la vie comme le saccharose en fortes doses (ou le Coca) est à la soif..., à la santé, à l'intelligence, à la sensibilité...
« Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, n’écoutent pas les consignes, ne communiquent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs », détaille Sabine Duflo. Carole Vanhoutte et Elsa Job-Pigeard, orthophonistes, ont constaté, elles aussi, depuis cinq ans l’augmentation des demandes de bilans pour retard, absence de langage, trouble de la relation, de la communication, de l’oralité. Et des tableaux cliniques plus sévères. « Les écrans freinent l’enfant dans ses interactions avec les adultes, sa construction du sens, son rapport au réel », dit Carole Vanhoutte.
(Le Monde : Alerte aux écrans pour les enfants, 26.06.2017)
Il y en a encore qui lisent. Des best-sellers, des bêtes-célèbres... Quand on voit les étagères, gondoles et comptoirs des librairies, on vérifie à quel point le livre n'est presque plus que l'étouffoir paramétré de la pensée ou de la diversité, de la connaissance ou de l'indépendance, du savoir ou de la dissidence.

Que lire à un enfant qui commence à écouter (des histoires), me demandait une mère... Et alors vinrent à mon esprit les contes qui font rêver ces jours-ci ma fille illettrée et fascinée par les nombres et les lettres —logique, les lettres sont pour elle avant tout des dessins, des images, voire l'évocation, un condensé des personnes aimées : D comme Dani...

Guillaume Olive et He Zhihong : Contes des peuples de Chine, Les Éditions des Éléphants, Paris, novembre 2016


Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji : La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre, Hachette - EDICEF, Paris, 1953.
Illustrations de Marcel Jeanjean.


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