Philologue, traducteur, jadis prof de français par temps d'anglobais obligatoire, désormais à la retraite (du travail, pas de la vie).
jeudi 25 novembre 2021
Le cas Anasse Kazib, énième symptôme d'une maladie chronique
Oui, la campagne menée tous azimuts contre la candidature présidentielle de Anasse Kazib a provoqué un mouvement de solidarité en France. Mis à part les expressions de soutien que l'on retrouve sur les réseaux sociaux, plus de 250 résistantEs ayant un certain pignon sur les moyens de communication ont décidé de signer une tribune sur Le Club de Mediapart le 22 novembre 2021. Je me permets de la relayer un peu plus bas. Et honneur aux signataires ! Quant aux symptômes qu'ils dénoncent, disons pour abréger qu'il y en a trop, soit (des rassemblements ef-frontés) face à la rue (et dans les média), soit dans les média, soit dans les réseaux sociaux.Y compris aux yeux de certainEs ArménienNEs.
Dans une élection au racisme décomplexé, l'absence d'Anasse Kazib serait une défaite
Depuis
septembre, la candidature d’Anasse Kazib pour 2022 donne lieu à de
violentes attaques de l'extrême-droite et fait face à de nombreux
obstacles. Plus de 250 artistes, journalistes, universitaires,
syndicalistes, … dont Assa Traoré, Alain Badiou, Jok’Air, Rokhaya
Diallo, Cédric Herrou, Frédéric Lordon, Aude Lancelin, François
Bégaudeau, Alix Desmoineaux signent une tribune de soutien.
Depuis le meeting de lancement de sa campagne
mercredi 20 octobre, Anasse Kazib fait l’objet d’une violente campagne
d’extrême-droite, avec des milliers de tweets appelant à sa «
remigration » et des centaines de menaces de mort. Largement
invisibilisée dans les médias, cette offensive contre un candidat
d'origine maghrébine à la présidentielle est un véritable scandale qui
doit être dénoncé largement.
De fait, ces attaques racistes
viennent s’ajouter aux difficultés auxquelles s’affronte le cheminot,
figure des mouvements contre le pacte ferroviaire et la réforme des
retraites pour être sur la ligne de départ en 2022. Celui qui est décrit
par certains comme un « anti-Z*mmour » fait en effet face à de nombreux
obstacles : refus politique des banques et des assurances de fournir
les services de base permettant de récolter des dons, coût de la
campagne, black-out médiatique, pressions sur les élu·e·s pour qu’ils
refusent leurs parrainages, etc.
Tout l’inverse des conditions
favorables de la candidature de Z*mmour, qui sature depuis des mois
l’espace médiatique et politique, charriant avec elle un discours
raciste et xénophobe décomplexé. Malgré ses outrances réactionnaires et
ses multiples condamnations, notamment pour haine raciale, la voie vers
l’élection présidentielle de 2022 semble toute tracée pour le polémiste
d’extrême-droite. Qu’importe, semble-t-il, que ses soutiens soient les
mêmes qui tentent d’intimider Anasse Kazib.
Nous sommes convaincus
que dans un système électoral qui se veut démocratique, un candidat
comme Anasse Kazib devrait avoir sa place dans l’élection
présidentielle. Son discours incarne la sensibilité d'une partie de la
population, qui aspire à la transformation d’une société qui ne semble
promettre que chômage de masse, précarité, bas salaires et
discriminations.
En ce sens, et sans nécessairement partager son
programme et son projet, nous apportons notre soutien démocratique au
fait qu'Anasse Kazib puisse se présenter. Dans le cadre d’une élection
que certains veulent centrer sur les thématiques sécuritaires,
xénophobes et racistes, et face aux obstacles opposés à sa candidature,
nous pensons que les partis progressistes et les élu·e·s démocrates ont
la responsabilité de faciliter l’accès à la présidentielle à ce jeune
ouvrier, issu de l'immigration postcoloniale et habitant d'un quartier
populaire, qui a déjà recueilli une centaine de parrainages.
Face à
la virulence du discours raciste et anti-musulman·e·s de Z*mmour, de
ses soutiens mais aussi d’une partie importante du champ politique, ne
pas permettre à un candidat comme Anasse Kazib, qui veut contribuer à
porter le débat sur les questions sociales et démocratiques, de prendre
part aux débats serait une première défaite.
Premiers signataires :
Alain Badiou, philosophe
Céline Beaury, journaliste
François Bégaudeau, écrivain
Savine Bernard, avocate en droit du travail
Saïd Bouamama, sociologue, militant au FUIQP
Taha Bouhafs, journaliste
Youcef Brakni, Comité Adama
Adrien Cornet, CGT Total Grandpuits
Quentin Dauphiné, membre du bureau national de la FSU
Thierry Defresne, délégué syndical central CGT Total
Alix Desmoineaux, influenceuse
Rokhaya Diallo, autrice et réalisatrice
Samir Elyess, Comité Adama et ancien militant du MIB
Nicolas Framont, sociologue
Jean-Bernard Gervais, journaliste, auteur
Robert Guédiguian, cinéaste
Jok'Air, artiste
Kaoutar Harchi, sociologue, écrivain
Cédric Herrou, président de DTC - Défends Ta Citoyenneté
Jean Hugon, syndicaliste étudiant, militant La France Insoumise
Raphaël Kempf, avocat au barreau de Paris
Reynald Kubecki, CGT Havre
Aude Lancelin, journaliste
Didier Lestrade, journaliste, écrivain, fondateur d'Act-up Paris
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