La journaliste belge, Candice Vanhecke, explique pourquoi, si l'on tente d'évaluer le nombre de victimes à Gaza, le chiffre le plus probable tournerait au minimum autour des 400.000 morts. La présentatrice précise que les calculs de son équipe découlent de deux études importantes en la matière que nous devons à la revue scientifique The Lancet, concrètement :
- The Lancet, "Traumatic injury mortality in the Gaza Strip from Oct 7, 2023, to June 30, 2024: a capture–recapture analysis", 9.01.2025.
- The Lancet, "Counting the dead in Gaza: difficult but essential", 5 juillet 2024, correction du 10.07.2024. [Elles sont téléchargeables gratuitement en pdf].
Et tout ceci, c'est l'effort enragé de la technologie capitaliste-coloniale de pointe, ses tromperies, ses turpitudes, ses média, ses incitations au génocide, sa culture de la psychopathie et ses civilités, contre une population désarmée et composée dans un pourcentage très élevé d'enfants. Son but est l'extermination.
Gaza est maintenant un assemblage de décombres —et sous les gravats, des corps en miettes— au bord de la mer où tentent de survivre plus de 2 millions de personnes bloquées, assiégées, sans abris, sans hôpitaux, sans agriculture, sans eau potable... sans rien du tout. On verra, car l'entité sioniste a tenu sadiquement et méthodiquement à liquider toute possibilité de présent et d'avenir à toute une population, foncièrement déshumanisée, dont elle haït la constance et la résistance incomparables. Et cette entité carnassière en perdition totale y tient toujours, sans relâche, sans la moindre vergogne, là où il faut nettoyer du Palestinien (ou d'autres Arabes), là où il faut torturer et tuer l'humanité.
Voici la vidéo, présentée par Candice Vanhecke, suivie de sa transcription comme aide à la compréhension ou pour la consultation rapide des données fournies :
TRANSCRIPTION :
Candice Vanhecke : 400 000, c'est le chiffre très probable, et sans doute sous-évalué, du nombre de victimes du génocide à Gaza. On vous explique dans un instant comment on arrive à ce résultat, mais avant cela, je vous rappelle que Télé Palestine n'existe que grâce à vos dons, qu'on a besoin de vous, donc, pour continuer notre travail de réinformation. Donc, si vous voulez nous aider, c'est dans le lien en description de cette vidéo ou dans la bio.
Les sources sur lesquelles nous nous basons pour arriver au chiffre de 400 000 victimes à Gaza, eh bien, elles émanent du Lancet, qui est une revue médicale, scientifique de renommée internationale, pour tout vous dire, c'est un peu la Bible ou le Coran de tout scientifique qui se respecte.
Or, The Lancet a publié deux études majeures sur ce qui se passe à Gaza. La première a été publiée en juillet 2024 et la seconde, il y a seulement quelques jours, le 9 janvier 2025.
On va d'abord se pencher sur l'étude qui vient de sortir et dont l'objectif est de déterminer le nombre exact de personnes décédées de mort violente à Gaza. C'est donc une étude très importante puisque, comme vous le savez, dans nos médias, on ne cesse de dire qu'il faut faire très attention avec les chiffres qui concernent le nombre de victimes palestiniennes à Gaza, puisque ces chiffres émanent toutes du Hamas. L'étude du Lancet porte sur la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024 et, pour cette période, le ministère palestinien de la Santé avait transmis le chiffre de morts directs, causés donc par l'armée israélienne : ce chiffre était de 37 877 victimes.
De leur côté, les chercheurs de l'étude du Lancet se sont basés sur trois sources de données différentes. La première, eh bien, ce sont les listes de décès transmis par les hôpitaux. La seconde, ce sont les décès qui sont signalés par les Palestiniens eux-mêmes via un formulaire en ligne ; et la troisième, eh bien, ce sont les annonces de décès qui ont été formulées sur les réseaux sociaux.
Les chercheurs ont analysé ces différents éléments, ils ont retiré les doublons, les autres erreurs statistiques possibles, et sont arrivés à un résultat avec une fiabilité de 95 %.
Bien, ce résultat, qui concerne donc les personnes décédées de mort violente, il s'élève à 64 260.
64 260 personnes décédés de mort violente, c'est un chiffre beaucoup plus élevé que ce qu'avait transmis le ministère palestinien de la Santé pour cette même période, un chiffre plus élevé pour être exact de 41%.
Rappelons aussi que l'étude du Lancet ne porte que sur la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024 et que, évidemment, l'armée israélienne a continué à massacrer des Palestiniens et des Palestiniennes depuis lors.
Au moment de réaliser cet enregistrement, le ministère de la Santé palestinien évaluait le nombre de personnes tuées à Gaza à 46 700. Sachant que les chiffres officiels sont inférieurs de 41% aux chiffres les plus proches de la réalité, eh bien, on peut estimer que le nombre réel de personnes tuées à Gaza tournerait plutôt autour des 79 000.
Voilà donc, dans le détail, l'étude du Lancet, qui est sortie il y a quelques jours et qui nous permet d'avoir une idée plus précise du nombre de personnes tuées à Gaza. Précisons, cependant, que ce chiffre ne concerne évidemment que les personnes qui ont été tuées directement, c'est-à-dire, soit qui sont décédées dans un bombardement, soit qui ont été abattues par un drone ou un soldat israélien. À côté de cela, il y a un nombre beaucoup plus élevé de personnes qui décèdent à cause du contexte génocidaire et dont les décès ne sont pas repris dans les chiffres qu'on vient de voir. Parmi ces décès indirects, on peut citer les personnes qui sont mortes de froid, de la famine, de l'absence d'eau potable, des maladies, qu'elles soient contagieuses ou non, aussi des maladies chroniques qui ne peuvent pas être soignées, ou des personnes qui décèdent après un certain temps de leurs blessures, vu qu'évidemment, à Gaza, il n'y a plus ni médicament ni endroit un tout petit peu décent pour effectuer sa convalescence.
Pour avoir une idée du nombre de ces décès indirects, on va cette fois se référer à l'étude du Lancet, qui est paru en juillet 2024 et qui, elle aussi, étudie la période allant d'octobre 2023 à juin 2024. Vous en avez peut-être entendu parler parce que cette étude a fait beaucoup de bruit l'an dernier, vu qu’elle estimait le nombre probable de personnes tuées à Gaza à 186 000.
Ce chiffre est hallucinant et, pourtant, on va le voir, il est très probablement sous-évalué. Pour arriver à ce chiffre les chercheurs de l'étude du Lancet sont partis des chiffres qui ont été transmis par le ministère de la Santé palestinien. Ces chiffres concernaient les morts directes et ils s'élevaient à 37 396.
À ce chiffre, les chercheurs ont ajouté une estimation du nombre de décès indirects. Alors, comment ils ont évalué le nombre de décès indirects ? Bah, pour cela, ils se sont référés à un rapport de l'ONU datant de 2008, qui étudie les conflits les plus récents et qui avait alors estimé qu’on comptait généralement entre 3 et 15 victimes indirectes pour une victime directe.
Pour rester prudent, le rapport de l'ONU conseillait, de manière générale, de partir du rapport de quatre victimes indirectes pour une victime direct et c'est ce qu'ont fait les chercheurs de l'étude du Lancet : ils ont pris le nombre de morts directes transmis par le ministère palestinien et ont ajouté le résultat de ce chiffre multiplié par 4. L'estimation de 186 000 personnes décédées à Gaza comprenait donc le nombre de morts directes et le nombre de morts indirectes.
Avant d'aller plus loin, notons trois remarques importantes par rapport à l'étude du Lancet du 5 juillet 2024.
D'abord, il faut se rappeler que cette étude ne couvrait que la période allant d'octobre 2023 à juin 2024. Ensuite, les chercheurs ont fondé leur calcul sur le nombre de morts directes transmis par le ministère de la Santé palestinien et, comme on l'a vu, les chiffres de ce ministère sont inférieurs de 41% à la réalité. Enfin, insistons aussi sur le fait que les chercheurs de l'étude de Lancet sont d'une prudence extrême, puisqu’ils se basent sur la recommandation du rapport de l'ONU, qui conseille de garder un rapport de quatre victimes indirectes pour une victime directe qu'on retrouve dans les conflits classiques.
Pourtant, comme on l'a vu, ce même rapport de l'ONU dit aussi que pour certains conflits récents, on peut aller jusqu'à compter 15 fois plus de victimes indirectes que de victimes directes et, franchement, on ne voit pas dans quel conflit récent un état agresseur aura été jusqu'à stopper l'acheminement de l'aide humanitaire, détruire systématiquement tous les hôpitaux et couper l'approvisionnement en eau potable, comme Israël a pu le faire à Gaza.
Ceci dit, pour ne pas prêter le flanc à la critique, nous allons partir du principe un peu fou que le génocide à Gaza n’aura fait que quatre victimes indirectes pour une victime directe et, à partir de là, nous allons tenter d'actualiser les chiffres avec les données en notre possession.
Comme nous l'avons vu, dans la première partie de cet exposé, nous savons maintenant que le nombre de morts directes, au moment de publier cette vidéo, s'élevait à 79 000. Nous allons lui ajouter son multiple de 4, qui est l'estimation basse du nombre de victimes indirectes et qui est de 316 000.
Totalisons maintenant le nombre de personnes tuées directement et le nombre de personnes tuées indirectement, et nous arrivons au chiffre de 395 000 victimes du génocide à Gaza.
On nous pardonnera d'arrondir ce chiffre à 400 000 pour qu'on se rende compte de l'horreur de la situation —puis, de toute façon, comme on l'a vu, nos calculs ne tiennent compte que d'une estimation très basse du nombre de victimes indirectes à Gaza.
Ce chiffre de 400 000 morts nous montre qu'on est déjà au-delà de ce qui s'était passé en 1994 au moment du génocide des Tutsi au Rwanda. Avant le génocide, le Rwanda comptait 7 million et demi d'habitants. 1 million ont été génocidés. On est donc dans un rapport de presque une personne tuée sur 7. À Gaza, avant le génocide, l'enclave palestinienne comptait 2 400 000 habitants. Avec 400 000 personnes tuées, l'armée israélienne aura assassiné un habitant sur six. On est donc au-delà de ce qui s'est passé lors du génocide au Rwanda.
C'est une réalité sur laquelle on ne peut plus fermer les yeux. Alors partagez un maximum cette vidéo. Même avec un cessez-le-feu temporaire, les Palestiniens et les Palestiniennes de Gaza ne sont pas à l'abri de nouveaux massacres, donc, on doit vraiment rester mobilisé.es jusqu'à ce qu'elle devienne une paix durable.
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