jeudi 25 mars 2010

Les élèves du lycée Chérioux et Julien Prévieux

Vous vous rappelez l'artiste Julien Prévieux et ses lettres de non-motivation ? Vous savez que le 2 février, un élève de 14 ans du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) a été agressé ? Cliquez ci-contre pour voir une vidéo explicative fournie par France 3.
Les enseignants du lycée se sont alors mobilisés pour réclamer des "assistants d'éducation" (les "surveillants" de mon époque). Les cours ont finalement repris le 17 février, mais cette grève pourrait coûter cher aux profs car le ministère de l'Éducation du sarkozyste Luc Chatel ne leur reconnaît pas le droit de retrait et a entamé les retenues sur salaire. Selon Libération, au retour en classe, ils avaient un mot du proviseur dans leur casier: «Je vous informe que les états relatifs à vos absences pour service non fait ont été transmis aux services du rectorat pour retrait de salaires.» Quel beau métier que le nôtre.
Eh ben, les élèves de BTS design d'espace de ce lycée francilien viennent de concevoir avec Julien Prévieux un projet de "structures pour les jeunes qui errent dans les couloirs, faute de salle de permanence ou de foyer pour se poser entre deux cours". «L'idée, c'est toujours la même: dénoncer une situation en proposant des solutions sur le mode humoristique», explique Prévieux. On ne demande pas mieux : le résultat, relayé par Libération, est une saisissante revendication incisive et géométrique. Je vous conseille de jeter un coup d'œil sur la galerie de photos du blog du lycée.

dimanche 21 mars 2010

Jean Ferrat est mort



Le 13 mars 2010, ce type honnête à la voix magnifique a finalement été anéanti par le cancer qui le rongeait depuis un certain temps. Ses chansons nous restent, bien entendu, heureusement, et nous pouvons aussi écouter son témoignage, posthume, ses souvenirs, ses commentaires... grâce aux miracles des nouvelles technologies : le 15, sous le titre "Jean Ferrat, le léger et le grave", France Culture a bien voulu rediffuser les émissions d'À Voix nue qu'elle lui avait consacrées en 2004. Ce fut un travail d'Hélène Hazéra à partir d'un long entretien enregistré en octobre 2003 et développé en cinq volets, du 23 au 27/02/04, selon le schéma suivant :

1- Lundi 23 février 2004 : Une enfance dévastée par la guerre et les lois raciales de Vichy. Le bonheur familial s’interrompt brusquement : le père, venu de Russie fuyant les pogromes de l’après 1905, confiant en son nouveau pays, va se faire inscrire comme juif, porte l’étoile et disparaît en déportation. L’enfant doit se cacher…

2- Mardi 24 février 2004 : La jeunesse, le TNP, les galères, la Rive Gauche, Christine Sèvres, ma môme. Laborantin puis étudiant en sciences. Le jeune Jean Ferrat se forme intellectuellement au TNP de Jean Vilar. Il joue dans des troupes d’amateurs, puis s’essaie à ses premières chansons, qu’il va présenter dans les cabarets de la Rive gauche. Tableau de la Rive Gauche vu par un jeune chanteur en galère. Rencontre avec Christine Sèvres, sa première femme, chanteuse qui ne connut pas les grands succès mais reste très appréciée aujourd’hui des connaisseurs. Une jolie chanson populiste « Ma môme » attire l’attention sur lui.

3- Mercredi 25 février 2004 : La poésie d’Aragon, de Lorca et de Francis Carco, la vague yé-yé. Jean Ferrat évoque sa carrière, sa rencontre avec son éditeur, sa rencontre avec la poésie d’Aragon, avec celle de Lorca, et avec celle de Carco pour qui il a une prédilection. Le rapport avec le public, la fatigue des tournées. La difficulté d’écrire des choses graves dans un médium, la chanson, plutôt tournée vers la légèreté. Il évoque la guerre entre les chanteurs d’obédience « Rive Gauche », attachés à la poésie des textes et ceux de la vague yéyé, plus portés vers le rythme et l’imitation des succès américains.

4- Jeudi 26 février 2004 : La politique, Prague, Cuba, le bilan positif de Georges Marchais, et la censure. La chanson, pendant des siècles, a été un des vecteurs privilégiés de la politique, Jean Ferrat est heureux de s’inscrire dans ce courant. Il n’a jamais adhéré au Parti communiste, mais en a été toujours proche, quitte à dénoncer le coup de Prague et les propos de Marchais sur « le bilan positif ». Mais pas question de revenir sur son soutien à la Révolution cubaine… Qui dit politique dit censure, Jean Ferrat distille quelques histoires savoureuses.

5- Vendredi 27 février 2004 : La chanson française en 2003 et les médias, matraquage et commerce. Il y a quelques mois Jean Ferrat a écrit une tribune dans le Monde sur la situation de la chanson française, notamment dans les médias. Les œuvres personnelles sont de moins en moins diffusées au profit d’œuvres purement commerciales, matraquées sans vergogne, le plus souvent par des artistes voués à l’éphémère. Ferrat dénonce les attaques faites à un art qui est sa vie, et propose des mesures d’urgence. Beaucoup de colère et d’amertume même si, « à la fin, c’est la chanson des rues et des bois qui reste ».

Ce même lundi 15 mars, l'une de nos émissions favorites, Là-bas si j'y suis (France Inter), diffusait son hommage à Jean Ferrat.
Enfin, l'INA propose une belle collection de vidéos où voir et écouter Jean Ferrat chantant ou s'exprimant sur divers sujets.

Obsèques de Jean Ferrat, à Antraigues-sur-Volane (en Ardèche), ce mardi 16 mars 2010. Une cérémonie entre poésie et chansons retransmise en direct sur France 3 qui fournit ces images.

vendredi 19 mars 2010

Cartes interactives pour jouer et apprendre

Votre prof de français reprend ses activités le lundi 22 mars. Entretemps, je vous relaie une contribution de Sara Gómez, élève de NB 1, qui m'a envoyé le lien d'un site plurilingue, créé par Enrique Alonso, où vous trouverez des jeux didactiques basés sur des cartes interactives avec Flash. Une manière facile de vérifier vos connaissances en matière de géographie et, en ce qui nous concerne, d'apprendre en français des noms de pays, de départements français, de communautés autonomes, etc. Sa dernière actualisation date du 22/02/2010. Merci Sara pour ton tuyau.

lundi 8 mars 2010

L'agriculture et la vraie vie

« J’appartiens à ce parti d’opposition qui s’appelle la vie. »
Honoré de Balzac.


Nos enfants nous accuseront est un film de Jean-Paul Jaud, diffusé en novembre 2008, qui aborde l'insolite initiative de la municipalité de Barjac (Gard), qui a décidé d'introduire une alimentation saine dans la cantine scolaire du village. Le réalisateur décrit la tragédie environnementale qui nous guette tous, notre santé et l'avenir des jeunes générations : 76 000 tonnes de pesticides sont déversées chaque année sur les campagnes françaises, mais cette pollution agrochimique ne connaît pas de frontières. Jaud nous a bel et bien prévenus...


Nous sommes à Barjac, une petite commune française au pied des Cévennes, dont le maire a décidé de faire face, a décidé de réagir en faisant passer la cantine scolaire en Bio. À Barjac comme ailleurs la population est confrontée aux angoisses contre la pollution industrielle, aux dangers de la pollution agrochimique. Ici commence un combat contre une logique qui pourrait devenir irréversible, un combat pour que demain nos enfants ne nous accusent pas (...).
(Propos de Périco Legasse, journaliste)

La chanson de la vidéo, Aux arbres citoyens !, appartient à l'album Charango (2006), de Yannick Noah. En voici les paroles et, puis, un clip :

Le ciment dans les plaines / Coule jusqu'aux montagnes / Poison dans les fontaines, / Dans nos campagnes
De cyclones en rafales / Notre histoire prend l'eau / Reste notre idéal / "Faire les beaux"
S'acheter de l'air en barre / Remplir la balance : / Quelques pétrodollars / Contre l'existence
De l'équateur aux pôles, / Ce poids sur nos épaules / De squatters éphémères... / Maintenant c'est plus drôle
Puisqu'il faut changer les choses / Aux arbres citoyens ! / Il est grand temps qu'on propose / Un monde pour demain !
Aux arbres citoyens / Quelques baffes à prendre / La veille est pour demain / Des baffes à rendre
Faire tenir debout / Une armée de roseaux / Plus personne à genoux / Fais passer le mot
C'est vrai la terre est ronde / Mais qui viendra nous dire / Qu'elle l'est pour tout le monde... / Et les autres à venir...
Puisqu'il faut changer les choses / Aux arbres citoyens ! / Il est grand temps qu'on propose / Un monde pour demain !
Plus le temps de savoir à qui la faute / De compter sur la chance ou les autres / Maintenant on se bat / Avec toi moi j'y crois




Mise à jour du 16 janvier 2014 
Miguel m'écrit :
Salut cher prof ! 
Je t'envoie "Les dix commandements pour les arbres" du botaniste Francis Hallé. 
C'est un architecte des arbres et un spécialiste dans le domaine des forêts primaires. 

DIX COMMANDEMENTS POUR LES ARBRES

RESPECT. Les arbres sont des êtres vivants, aussi vivants que vous ou moi. Mieux : ils sont nos protecteurs. Accordez-leur le respect auquel ils ont droit en tant qu’êtres vivants et ne les traitez jamais par le mépris, comme s’ils n’étaient que du mobilier urbain.

ANTICIPATION. Avant de planifier un édifice ou un quartier neuf, faites appel à un urbaniste qui saura placer d’abord les espaces verts et les lignes d’arbres : le bâti viendra seulement par la suite.

COMPÉTENCE. Sachez vous entourer des meilleures compétences pour le choix des essences, la plantation, les tailles de formation, l’élagage du bois mort et les diagnostics de sécurité.

PRÉVOYANCE. Prévoyez, pour chaque arbre planté, un volume suffisant pour sa couronne et ses racines lorsqu’il sera devenu adulte : cela rend les tailles inutiles. N’oubliez jamais qu’un arbre non taillé n’est pas dangereux.

MODESTIE. Ne plantez jamais de “gros sujets” destinés à faire impression : c’est à la fois une perte de temps et un gaspillage financier. La “frime” et les arbres ne vont pas ensemble.

HONNÊTETÉ. Ne croyez pas – et ne tentez pas de faire croire – que dix jeunes arbres vont remplacer un grand et vieil arbre abattu : c’est une contrevérité sociale, écologique et financière.

NON-VIOLENCE. Ne taillez ni les branches ni les racines d’un arbre, sauf obligation absolue. Ce n’est pas esthétique et cela rend l’arbre dangereux.

CIVISME. Soyez intraitables avec les comportements laxistes et inciviques vis-à-vis des arbres en ville : chocs, mutilations, etc. Ils supportent très mal toute forme d’agression.

PROTECTION. N’oubliez jamais qu’abattre les arbres le long des axes routiers n’est en aucun cas une réponse adaptée aux problèmes de la sécurité routière.

GRATITUDE. Aimer les arbres, c’est une autre façon d’aimer l’homme. Aimez vos arbres et vous aurez la satisfaction de constater que vos concitoyens vous en témoigneront de la gratitude.

(Source : Actes Sud)