samedi 7 janvier 2012

Amazonie, le souffle indien - Un reportage d'ARTE


Nous, on appelle les Blancs, l'Occident, «
les enfants du frère cadet ». Ils sont agités, si agités qu'ils ont touché à des choses auxquelles il ne fallait pas toucher.



Le souffle est aussi l'esprit, l'élan, l'inspiration... La Direction des nouveaux médias ARTE GEIE vous présente sur le Web Amazonie, le souffle indien, un reportage réalisé par Mylène Sauloy qui vous incite à vous laisser prendre par le fleuve, les boas et les sirènes... Voici le point de départ du documentaire :
Du 28 novembre au 9 décembre 2011, les experts et dirigeants internationaux [ont débattu] à Durban des mesures urgentes à prendre pour enrayer le réchauffement de la planète. A l’autre bout du monde, au cœur de l’Amazonie, les Indiens observent, attentifs et inquiets, leur environnement qui se transforme. ARTE Reportage leur donne la parole.
Le fleuve en question, c'est le Mirití-Paraná, en Amazonie colombienne, où tentent de mener leur vie les membres de la communauté Matapi, dont le savoir ancestral —qu'ils essaient maintenant de compiler— leur a toujours permis de vivre en harmonie avec leur milieu, aujourd'hui sérieusement altéré. Ciro, capitaine Matapi, le dit clairement : qu’il vienne piller l’or ou qu’il veuille aider à coup de « services environnementaux », l’homme blanc menace la société indienne et son environnement… la forêt.
Le voyage nous mènera jusqu'au monde des Blancs, dans la bourgade de Leticia (où Fernando Franco, le directeur de l’université, explique comment la Colombie est en train de mettre l’Amazonie aux enchères) – en passant par les communautés indiennes Tikuna ou Muinane déplacées par la violence ou rattrapées par la ville.
Voici le projet d' Amazonie, le souffle indien selon ARTE :
« En Amazonie, des Indiens perçoivent intrigués d’étranges phénomènes climatiques : les saisons se décalent et s’embrouillent, la pluie vient trop tard, certains fruits mûrissent et tombent avant la montée du fleuve, des poissons ne mangent plus à leur faim. Et la chaleur s’abat tôt le matin sur les cultures au jardin. Au fin fond de la forêt, des chamans leur parlent des Blancs qui ont trop construit d’usines, trop ouvert le ventre de la terre pour en extraire l’or et le pétrole, et qui ont troué le ciel. Des Blancs qui déboulent désormais en Amazonie pour leur « acheter de l’oxygène » et leur proposer des « stages de préservation » !
D’innombrables ethnies indiennes préservent l’Amazonie depuis la nuit des temps. Grâce au savoir ancestral transmis par les anciens, au respect des lieux sacrés – où se reproduisent les espèces – et des plantes sacrées comme la coca et le yagé qui concentrent la connaissance, ils règlent le temps et le monde.
C’est à un voyage en pirogue que nous vous convions. Au gré de l’eau et des mythes. Mais un voyage à leur rythme, depuis leur regard, leur vision du monde et du temps, leur perception des Blancs et du changement.
Un voyage poétique, onirique parfois. Mais un voyage inversé, du fond de la forêt – dans une communauté Matapi – au monde des Blancs – dans la bourgade de Leticia – en passant par les communautés indiennes Tikuna ou Muinane déplacées par la violence ou rattrapées par la ville.
D’un monde mythique à un monde blanc déréglé où les Indiens tentent de partager leurs connaissances puis d’imposer leur voix.
A chaque étape, une thématique depuis la parole indienne, associée à un tableau qui dépeint une « cosmogonie » – une vision du monde depuis ses origines. L’univers graphique magique du peintre Miguel accompagne la parole et le monde indiens. »
Le documentaire est découpé en sept épisodes thématiques tirés chacun de la sagesse indienne :
1. Terre-mère : « La terre est mère de toutes choses, elle partage la vie. La mère est terre, elle nourrit les humains qu’elle met au monde. La femme défriche, sème, cueille, pêche. Elle donne à la terre les graines et les pousses qui donneront le piment et la yuca. La femme demande à la terre les fruits qu’elle cueille là-haut, tout en haut des arbres infinis, comme celui de l’açaï où elle grimpe telle le singe. Pourtant, au fond de la forêt, sur le fleuve Mirití-Paraná, affluent d’un affluent de l’Amazone, les saisons ont changé, et perturbent les cycles de la nature. »
2. Parole Coca : « Si la femme est yuca, l’homme est tabac ou coca. Les plantes magiques lui donnent accès à la connaissance ancestrale, au savoir. L’homme blanc est venu dans la forêt, il a touché au sacré, il a perturbé les cycles du savoir. La nature se dérègle. Les Matapi sont inquiets. »
3. Aux origines : « Depuis le début du temps, l’homme est nature, les arbres sont des êtres vivants, les animaux sont des personnes. Voyage en cosmogonies, au loin chez les Matapi, comme près de Leticia chez les Ticuna. »
4. Initiations : « Le monde se transmet, de génération en génération. L’être humain est une partie de la nature, la nature fait partie de l’être humain. Ce sont les « abuelos » – les anciens, les grands-parents – qui garantissent la transmission de la connaissance. Le droit de mourir et de retourner à la terre permet la venue de nouvelles générations, dans la permanence du savoir. »
5. Univers menacé : « Chaque homme est un peu pierre, un peu arbre, un peu tabac, un peu yuca, un peu flore, un peu faune… Lorsque l’on tue un peu de cela, on se tue soi-même.
Chez les Muinane, Tikuna ou Matapi, l’arbre parle : la forêt et le fleuve se sentent menacés, l’Indien perd son identité. La terre n’est pas une marchandise, les routes éloignent les animaux, le réchauffement climatique dérègle les saisons. Les Indiens doivent retrouver leur monde mythique. »
6. Savoirs partagés : « A l’université de Leticia, les étudiants indiens absorbent le savoir des Blancs, et apportent leur savoir empirique, leur infinie connaissance de la forêt et du fleuve. Les professeurs s’imprègnent aussi de leur vision du monde et « s’indianisent »… Mais au fond de la forêt, déboulent des ONG qui prétendent enseigner aux Indiens… à préserver l’environnement ! »
7. Sentier de la discorde : « Les Indiens de l’Amazonie colombienne ont conquis des droits, comme ceux d’administrer leurs territoires, de décider de l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants, de choisir leur système de santé… Ceux qui veulent exercer ces droits se retrouvent souvent embarqués sur le terrain des Blancs, avec leurs règles et leurs contradictions.
Les capitaines et chamans indiens sont venus du fond de la forêt pour une réunion bi-annuelle avec les autorités administratives à Leticia. Depuis quelques années, le gouvernement régional transfère aux AATIs (Associations d’autorités traditionnelles indiennes) le budget correspondant à la population de leur communauté. Des sommes énormes… Avec l’argent, viennent la méfiance, les doutes, la discorde. Désormais, les Indiens aussi demandent aux Blancs de rendre des comptes… »
Chaque épisode comporte à son tour des contenus auxquels on accède en cliquant sur les encadrés correspondants à droite de l'écran.


NOTE du 19/01/2012 : L'Amazonie pourrait devenir émetteur net de CO2 à cause de l'activité humaine, qui déclenche une déforestation croissante. C'est ce qu'indiquent des études parues dans la revue Nature.

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