dimanche 12 avril 2015

Les mathématiques en classe de primaire, une affaire de langue

Nous venons d'apprendre la mise à disposition sur le site du Réseau Canopé (réseau de création et d'accompagnement pédagogiques) d'un nouveau webdocumentaire qui a pour objet les mathématiques en classe du cycle 2 (Cours Préparatoire, Cours Élémentaire 1 et Cours Élémentaire 2).
Il s'agit d'un travail d'équipe —soutenu par la DGSCO (Direction générale de l'Enseignement scolaire) et coordonné par la professeure et pédagogue d'origine iranienne Stella Baruk— qui propose des vidéos organisées en 3 rubriques...
... deux sont consacrées à la numération et aux problèmes. Dans chacune d'elles, 4 types d'erreurs repérées en classe sont analysés et commentés par les enseignants et Stella Baruk. La troisième rubrique croise les regards de l'institution et de l'équipe sur cette expérimentation.
Mis à part les idées qui en découlent pour les enseignants de cette matière, ou la transmission directe qui profite aux apprenants des maths, ces vidéos constituent une base linguistique précieuse pour des étudiants de français car elles s'adressent à des enfants francophones, portent sur un domaine langagier déterminé et facilitent l'activité de compréhension orale grâce aux transcriptions fournies et téléchargeables ici.

Quant à Stella Baruk, cela fait longtemps qu'elle repense l'enseignement des mathématiques et se bat pour qu'il soit fondé sur la langue, le sens et la prise en compte de l'erreur. Dans sa présentation à ce documentaire, elle nous donne des pistes, par exemple :
Ce que je propose est à la fois suffisamment clair et construit, à partir justement de ce que je sais être les erreurs que j'appelle structurelles. Ces erreurs structurelles sont dues à la manière dont on propose les choses. Exemple très simple en numération : si vous dites à un enfant que 300, ça s'écrit 3, 0, 0 et que vous lui demandez d'écrire après 307, il écrira 3, 0, 0, 7.
Il n'y a pas besoin de chercher très loin en mathématiques. Quand on écrit 300, ça s'écrit avec un 3. Donc c'est pas 3, 0, 0, c'est 3. Et on attend la suite.
Contemptrice de "l'obsession française de la note" —nous rappelait en 2008 Pascale Krémer sur Le Monde Magazine—, elle bataille pour ne plus noter les enfants avant le CE2, ni jamais en phase d'apprentissage d'une nouvelle notion :  
"Si on évaluait les enfants qui apprennent à parler, ils seraient tous bègues! Les premières années d'école sont décisives. On l'oublie pour être immédiatement dans le jugement, voire la prédiction. Imagine-t-on ce que c'est pour un enfant d'entendre dire à 6 ans qu'il est en difficulté, et de construire à partir de cela son identité?"
Voici les vidéos que l'on peut ouvrir en faisant dérouler le menu de ce webdocumentaire :
Pour les professeurs de mathématiques souhaitant aller plus loin, voici, en deux parties, une conférence de Stella Baruk...

Une pédagogie liée aux erreurs en mathématiques



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