L'urbanisation du quartier populaire de la Duchère -à presque six km au Nord-Ouest des restes gallo-romains de Lugdunum- fut typique pour une banlieue des années 1960 : un dense entassement de grands ensembles mornes, des barres d'immeubles pour l'essentiel. D'après ce que j'en ai lu, son développement visait à « résorber l'habitat insalubre des quartiers ouvriers de Vaise ». Ses bâtiments déprimants accueillirent ensuite une partie des pieds-noirs rapatriés d'Algérie. « Le monument aux morts de la ville d'Oran a été transféré à La Duchère », nous renseigne Wikipédia.
La Duchère se rallia donc facilement à la liste des quartiers sensibles à mauvaise réputation aux yeux des bien-pensants. Et pourtant, les Duchérois sont, comme vous et moi, des gens qui tentent de vivre le mieux possible.
Maintenant, le quartier fait l'objet d'une profonde tentative de renouvellement global. C'est en 2003 qu'on a entamé cette rénovation par la démolition de bon nombre d'immeubles genre ruche ou fourmilière, et on entend prolonger cette réhabilitation jusqu'en 2016. Si vous voulez connaître les grandes lignes de ce plan et la manière dont on l'exécute, jetez un coup d'œil sur le site de ce Grand Projet de Ville Lyon-Duchère.
Le collectif The WOMPS, acronyme de l'anglicisme The Way Of Mixing Pictures and Sounds, est une association « dont un des objets est la production de documentaires multimédia photographiques et sonores » comportant, de leur propre aveu, « une immersion dans le quotidien et la réalité d’un groupe social, d’un événement ou d’une problématique à travers le vécu et le ressenti des individus qui y participent. » Font partie de l'équipe Elisabeth Rull (photographe), Thomas Merland (concepteur sonore), Julie Pichard (monteuse vidéo), Tristan Castella (monteur vidéo et concepteur sonore), Nadia Berg (photographe) et Marie Gross (coordinatrice et administratrice).
Il arrive que The WOMPS a fixé cette fois-ci son attention sur la Duchère et qu'il nous proposent, en partenariat avec Le Progrès et l'OPAC du Rhône, le webdocumentaire Duchoramas. Chroniques d'un quartier en mutation, monté en 2010, après deux ans de fréquentation des habitants de cette cité ouvrière lyonnaise qui ont permis de réaliser douze documentaires où il est question de témoignages bien humains : départs, installations (Catherine, Virginie et Fabrice, Mireille, Camille propriétaires d'un appartement neuf), relogements (Arlette, Bernard, Christiane, Véronique, Hanane), démolitions (la plus célèbre, celle de la barre 220), réconstructions, attentes, espoirs, craintes, déprimes, plaintes, calme, fierté, ras-le-bol contre les préjugés (Ali, Fessoual et Salah) et autres bouleversements.
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