samedi 27 septembre 2014

Dire, ne pas dire, selon l'Académie

C'est la rentrée et bien des étudiants de français se demandent quel dictionnaire utiliser, gratuitement si possible. Pour ceux qui recherchent un outil monolingue, normatif et gracieux, je rappelle que le site de l'Académie française (fondée par Richelieu en 1635) dispose de deux rubriques qui pourraient bien vous aider à l'heure de vos consultations : la Langue française et le dictionnaire.
Sous cette dernière se déplient quatre possibilités :
La Langue française, elle, s'ouvre sur quatre onglets :
Dire, ne pas dire est un service de consultation existant depuis 2011 et qui fait office d'une sorte de dictionnaire des difficultés ou des doutes. Il se déploie en sept pages :
Dire... ne pas dire... L'idée des immortels est claire : doit-on dire luxurieux ou luxuriant ? D'ailleurs ou par ailleurs ? Par contre ou en revanche ? Cela ressortit à mes attributions ou Cela ressort de mes attributions ? (Mais bien sûr qu'on dit aussi ce qu'ils ne veulent pas qu'on dise ! À quoi bon cette dichotomie académique "On dit" vs "On ne dit pas", comme si on ne disait pas ce que l'on dit et que l'on entend souvent un peu partout ? Un peu de rigueur, quand même !)
Bref, à travers le courrier des internautes, vous lancez votre interrogation et l'Académie (les académiciens et les linguistes du Quai Conti) répond. Ainsi lit-on aujourd'hui la question suivante :
Peut-on dire « s’engager à » suivi d’un nom et non d’un verbe ? Exemple : « s’engager à une action ».

L’Académie répond :

S’engager à est le plus souvent suivi d’un infinitif : Il s’engage à venir ; il est parfois suivi d’une subordonnée introduite par ce que : Il s’engage à ce que les travaux soient faits.
On le trouve enfin avec plus que ; Il s’engage à plus qu’il ne peut tenir ou, à la forme négative, avec rien. Il ne s’engage à rien.
Mais s’engager à ne peut être suivi d’un nom que si ce verbe est employé dans le sens de se lier, s’enrôler, s’inscrire : S’engager au service de quelqu’un, S’engager au mariage, S’engager à une épreuve de natation.
Le succès du site a permis la publication récente d'une anthologie imprimée ; selon Le Monde :
Le site connaissant un vif succès, un florilège de ces échanges vient de paraître dans un livre, Dire, ne pas dire. Du bon usage de la langue française, paru aux éditions Philippe Rey. Deux académiciens, membres de la commission du dictionnaire, Dominique Fernandez et Yves Pouliquen, ont ainsi sélectionné deux cents entrées pour cet ouvrage, qui relève les fautes et les tics de langage les plus fréquemment observés dans le français contemporain. Quels mots, quelles tournures choisir, retenir ou rejeter parmi ce qui s'entend et se dit ? Sabler ou sabrer le champagne ? Courbatu ou courbaturé ? Tout à coup ou tout d'un coup ? Quand employer débuter ou démarrer ? Irrévocable ou irréversible ? Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans ce livre instructif et souvent drôle, ou à l'adresse academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire. On y trouve aussi, par exemple, l'origine de l'expression "c'est du gâteau" ou "c'est pas de la tarte".
La catégorie "bonheur - surprises" vous présente des curiosités intéressantes. En voilà une :

Tout de go

Le 09 septembre 2014
Contrairement à ce que l’on croit parfois, la locution adverbiale tout de go, « directement, sans préparation, sans précaution », n’est pas liée au verbe anglais to go, « aller ». Tout de go est la forme simplifiée de l’expression ancienne avaler tout de gob.
Cette forme ancienne gob est issue du gaulois *gobbo, « bec, bouche ». C’est d’elle encore qu’est dérivé l’ancien français gobet, « bouchée, gorgée », puis « pièce, morceau ». De ce dernier sens, on est passé à celui de « motte de terre ». Ainsi le français écobuage, qui désigne une méthode de fertilisation des sols, n’a-t-il rien à voir avec le préfixe éco- mais bien avec cette racine gob-, puisqu’il vient du poitevin gobuis, qui désignait la terre où l’on se prépare à mettre le feu.
Mais il suffit de lire les exemples qui illustrent le bon usage du terme crise (dont on reconnaît quand même les extensions de sens abusives) pour comprendre qu'il va falloir toujours se battre contre "la langue légitime". Non, le salut ne vient pas d'en haut. En matière de critère, il ne faut surtout pas fléchir...

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