mercredi 15 juin 2011

La suppression des postes appliquée au chinois

La politique ultralibérale de Nicolas Sarkozy continue à produire des ravages. Non, je ne parle pas maintenant du nombre de détenus dans les prisons françaises qui s'élevait à 64 584 au 1er mai, selon l'administration pénitentiaire, et a atteint ainsi un nouveau record dans l'histoire moderne du pays. Nous venons d'apprendre -dans mon cas, grâce au quotidien Le Monde- que le ministère de l'Éducation nationale réduit même les postes de professeur de chinois alors que la demande en augmente.
Selon l'Association française des professeurs de chinois (AFPC) qui a décidé d’alerter les médias à ce sujet, le ministère de l’éducation « n'a donné aucune explication à ce jour »
Voici l'info complète de Luc Cédelle datant du 14 juin 2011 :

On manque de profs de chinois ? Le ministère réduit les postes aux concours

Zhongguo, la Chine en idéogrammes

C’est une nouvelle illustration des conséquences parfois étonnantes de la politique de suppressions de postes d’enseignants : alors que l’apprentissage du chinois «explose» dans l’enseignement secondaire ces dernières années, le ministère de l’éducation nationale vient de faire connaître son intention de fermer, pour la session 2012, trois concours de professeurs de chinois sur les quatre existants.
Cette fermeture programmée - mais qui n’exclut pas une réouverture pour la session 2013 – concerne le Capes (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré) externe, l’agrégation externe et l’agrégation interne de chinois. Ne reste pour 2012 que le Capes interne (c’est-à-dire ouvert à ceux qui sont déjà enseignants dans l’éducation nationale). Selon l'Association française des professeurs de chinois (AFPC) qui a décidé d’alerter les médias à ce sujet, le ministère de l’éducation « n'a donné aucune explication à ce jour ».
Questionné par Le Monde à ce propos, le ministère répond que « la répartition par disciplines » des postes ouverts aux concours 2012 « n’est pas encore décidée ». Toutefois cette réponse ne dit rien sur l’éventuelle absence de concours. Et l’on peut constater sur le site Internet du ministère, à la rubrique « concours et recrutement » et dans la liste des « sections et options susceptibles d’être ouvertes » à la session 2012, que n’y figure pas l’agrégation de chinois, externe ou interne, et que le capes externe de chinois y est bien signalé « F » comme fermé.

De 9 000 élèves en 2003 à 29 000 en 2011
Des arrêtés doivent être publiés ultérieurement pour confirmer et détailler ces mesures, mais selon l’AFPC, les ouvertures ou fermetures de concours sont toujours préalablement annoncées de cette façon. Par ailleurs, le ministère a déjà écrit aux présidents des jurys pour les prévenir de ces mesures. A part de contribuer à limiter le nombre de professeurs titulaires, celles-ci ne permettraient pourtant pas de grandes économies.
A titre de comparaison, le nombre de postes ouverts aux concours de la session 2011 était de 12 pour le Capes externe (comme les années précédentes), 4 pour le Capes interne, 2 pour l’agrégation externe et 0 pour l’agrégation interne. Quoique partant de très bas, cet enseignement a connu à partir des années 2000 une progression très rapide, de l’ordre de 25 à 30% par an, qui a vu le nombre d’élèves dans le secondaire passer d’environ 9 000 en 2003 à plus de 20 000 à la rentrée 2008.
Le rythme s’est ralenti depuis, mais la demande n’est pas tarie et le nombre d’élèves apprenant le chinois dans l’enseignement secondaire est toujours en augmentation notable d’une année sur l’autre. Selon l’AFPC, ils sont aujourd’hui 26 279 en France et 2 900 dans les lycées français à l’étranger, pour l’année scolaire 2010-2011, soit un total de plus de 29 000. Ils étaient 24 006 en France en 2009-2010 et 22 485 en 2008-2009.
Le chinois, ou plus précisément le chinois officiel ou mandarin, est enseigné aujourd'hui dans presque toutes les académies. Cantonné au départ dans les lycées en tant que troisième langue vivante, il a gagné les collèges, jusqu’à devenir aujourd'hui, la cinquième langue vivante enseignée dans le secondaire derrière l'anglais, l'espagnol, l'allemand et l'italien. Le nombre d’enseignants de chinois dans le secondaire est d’environ 400, dont seulement 38% sont titulaires. Les non-titulaires sont majoritairement des contractuels, qui peuvent se présenter aussi bien aux concours externes qu’aux concours internes s’ils ont au moins trois ans d’ancienneté.
Une discipline en construction
« Le chinois, dans le secondaire, est une discipline en construction, souligne Isabelle Han, présidente de l’AFPC. Nos enseignants, titulaires ou non, sont très investis, non seulement dans leur enseignement, mais aussi dans l'organisation de manifestations diverses et variées pour la promotion de leur discipline, dont les chefs d’établissement et les responsables éducatifs sont si fiers. En se voyant retirer la possibilité de se titulariser, ils se voient coupés dans leur élan de manière incompréhensible ».
Noël Dutrait, professeur à l’Université de Provence et président du jury de l'agrégation externe de chinois souligne pour sa part que « si l’on prend au sérieux cette discipline, il faut former des titulaires ». Une autre conséquence des décisions annoncées serait de priver de perspectives des étudiants en master. Dans son université, devait démarrer à la rentrée prochaine un master d’enseignement avec la spécialité enseignement du chinois, qui n’existe pour l’instant qu’à Paris : le projet est compromis.
Venant notamment d’universitaires, les alertes et protestations discrètes auprès du ministère de l’éducation n’ont pas manqué ces dernières semaines. Après avoir mobilisé, apparemment en vain, différents soutiens, l’Association française des professeurs de chinois redoute que la décision ministérielle soit à court terme «entérinée et irrévocable» et souhaite maintenant se « faire entendre à plus grande échelle ».
Luc Cédelle

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une décision complètement irrationnelle. La Chine devient une puissance mondiale incontournable et il est important de former nos élèves en chinois.
Le gouvernement prend des mesures à la va vite et sans concertation.
Le ministère préfère embaucher des vacataires ou des contractuels qui coûtent bien moins chers mais pas du tout formés....