L'homosexuel, accusé fin 2000 de viol et d'agressions sexuelles par l'adolescente, condamné en 2003 à 16 ans de réclusion (puis en appel en 2004), en a passé plus de 7 de prison ferme avant d'être libéré en avril 2010, après la décision de la Cour de cassation de réviser son procès, suite à la rétractation de son accusatrice. Il vient d'être définitivement innocenté le 24 juin par la cour d'assises de Paris.
Je cite ensuite quelques extraits du Figaro pour mieux comprendre cette histoire, ainsi que l'analyse d'Agoravox pour mieux fixer son attention sur les tenants et les aboutissants de cette affaire exécrable :
(...) Après des années de procédure et plus de sept ans passées derrière les barreaux, Loïc Sécher, 49 ans, devient donc aujourd'hui le septième acquitté, en matière criminelle, depuis 1945. La cour a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un acquittement au bénéfice du doute, mais qu'il n'y avait aucune charge contre Loïc Sécher. Une annonce applaudie par la salle. (...)Voici l'analyse impeccable d'Agoravox publiée le 14 octobre 2008 :
Juste avant que la cour ne se retire pour prendre sa décision, l'ancien ouvrier agricole de Loire-Atlantique avait tenu à prendre la parole pour «renouveler (son) cri d'innocence». Il avait également expliqué avoir une pensée émue pour son père, décédé cette année.
Dépression, alcool et cannabis
La veille, au nom du «bien de la justice», l'avocat général, François-Louis Coste, avait requis l'acquittement, après avoir expliqué durant les débats son «admiration» pour cet homme qui, fracassé par onze ans d'humiliations, était resté dénué de haine à l'égard de celle qui l'a accablé.
L'affaire Sécher, encore un «fiasco dû à la dictature de l'émotion», avait pour sa part plaidé son conseil, Me Eric Dupond-Moretti. Selon le ténor du barreau lillois, c'est la dépression de Loïc Sécher, son refuge dans l'alcool et le cannabis ajoutés à une homosexualité difficilement assumée en milieu rural qui ont «conduit la machine judiciaire à forger sa culpabilité».(...)
Mais, en 2008, Emilie avouait avoir menti et se rétractait officiellement dans une lettre adressée au procureur, écrite avec le soutien de son psychiatre et l'aide de son avocate, Me Cécile de Oliveira. «Loïc Sécher est innocent, je ne supporte plus de le voir en prison», écrivait la jeune femme, devenue majeure. Le 13 avril 2010, la Cour de révision ordonnait la libération de Loïc Sécher et la tenue d'un nouveau procès.
Emilie, désormais âgée de 25 ans, est venue cette semaine témoigner à la barre, au cours d'une audition qui s'est tenue à huis clos. Tremblante et abreuvée de médicaments, la jeune femme a expliqué avoir été «prisonnière de son mensonge». Loïc Sécher et elle se sont parlés et réconfortés. «C'était un moment d'audience incroyable, cette petite fille a eu un courage inouï», a commenté Me Eric Dupond-Moretti.
On peut lire également le texte qu'Agoravox vient de rédiger à ce sujet le 24 juin 2011, où l'on rappelle notamment les cas du suicide de Bernard Hanse ouLoïc Sécher, victime de la dictature de l’émotion
Réunie le lundi 13 octobre, la Commission de révision des condamnations pénales a refusé la remise en liberté de Loïc Secher, condamné en 2003 puis en 2004 à seize ans de réclusion et à près de 350 000 € d’indemnités et frais de justice pour un crime de viol dont il s’est toujours déclaré innocent. La jeune fille qui avait accusé Loïc Sécher de ce crime, il y a huit ans alors qu’elle n’avait que 13 ans, a écrit à la justice en avril 2008 pour signaler qu’elle avait menti et demander la libération de l’innocent qui a déjà accompli six ans de détention injustifiée. Qui est responsable de ce gâchis ?
Loïc Sécher a déclaré qu’il n’en voulait pas particulièrement à la jeune fille car elle était elle-même une victime du « système ». Il suffit de lire le témoignage de Virginie Madeira pour comprendre le piège tendu aux enfants ou adolescents qui, un jour, ont eu la mauvaise idée d’inventer une agression sexuelle pour se valoriser. (J’ai menti – V. Madeira)Si Loïc Sécher a pu comprendre la fragilité psychologique de la prétendue victime, il est probable qu’il ne pardonnera pas aussi facilement à l’entourage de cette dernière de l’avoir immédiatement désigné comme coupable.Mais, au-delà de l’entourage, ce sont tous ceux qui ont contribué à fabriquer, depuis le milieu des années 90, le « système » de la dictature de l’émotion qui doivent être montrés du doigt. Ils sont responsables des dérapages et bavures qui se sont succédé jusqu’au chaos d’Outreau.Tout commence avec l’affaire Dutroux en Belgique au milieu des années 90. La peur s’installe dans toutes les couches de la population en Belgique, mais aussi en France et dans d’autre pays. Toute la société exige des mesures pour assurer la sécurité des enfants face aux agresseurs sexuels et aux réseaux de pédophilie.La classe politique française entend le message et veut démontrer qu’elle est capable d’ériger des murs de protection pour tendre vers la suppression totale de l’inacceptable. Chacun y va de sa propre déclaration : le 4/09/1996, le Premier ministre Alain Juppé déclare à L’Express : « Il faut parfois mettre entre parenthèses les droits de l’homme pour protéger ceux de l’enfant ». En 1996, François Bayrou, ministre de l’Education nationale promet au sujet des soupçons pesant sur le milieu scolaire : « Si dans l’enquête quelqu’un est soupçonné, on suspend sa présence auprès des élèves ». Le 11 juin 1997, Ségolène Royal déclare à Europe1 : « Il faut que la parole des enfants soit entendue, qu’ils soient crus ». En 1999, le conseiller Hayat affirme à une délégation syndicale au nom des ministres Allègre et Royal : « Si un enfant peut être préservé au prix de neuf enseignants accusés à tort, l’objectif est rempli ».Le temps de l’action a rapidement suivi celui des promesses. Ce fut d’abord la circulaire Royal de 1997 qui obligea le personnel de l’Education en cas de rumeur à « s’extraire au plus vite » de cette situation en informant sa hiérarchie (donc en colportant la rumeur) afin de procéder à une enquête interne (plutôt difficile à mettre en œuvre dans le cas d’une rumeur) puis à une dénonciation au procureur de la République. Il fut clairement rappelé au personnel de l’Education que « Tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires ». Le personnel de l’Education apprit très vite à ouvrir les parapluies et les résultats des ordres de Mme Royal furent à la hauteur de ses ambitions. Le nombre de mis en cause dans l’Education explosa en quelques années.Les Officiers de Police judiciaire firent preuve d’un talent particulier pour augmenter la pression sur les « présumés coupables » d’agressions sexuelles sur enfants. Tout cri d’innocence fut systématiquement interprété comme une circonstance aggravante. Il suffit de lire les témoignages des innocents d’Outreau ou d’ailleurs qui ont subi les 48 heures de torture pour comprendre que le seul objectif recherché, c’était de faire du chiffre et du spectacle. Les mises en examen furent automatiques. Le statut de témoin assisté créé en 2001 par la loi sur la présomption d’innocence fut très souvent laissé de côté dans les dossiers traitant des accusations d’agressions sexuelles sur enfant. L’incarcération suivait la mise en examen dans la plupart des cas. Comme tant d’autres, Loïc Sécher n’y échappa pas. Il n’était plus question pour les magistrats de prendre le moindre risque de remise en liberté d’un « présumé coupable d’agressions sexuelles sur un enfant ». A leur tour, les médias comprirent très vite que le sujet faisait vendre. Radios, télévisions et presse écrite se ruèrent sur les scoops pour entretenir la peur et attirer l’attention. Les associations de défense des enfants ajoutèrent leur grain de sel pour crier au scandale chaque fois qu’un « présumé coupable » était libéré, innocenté ou bénéficiait d’un non-lieu. Le monde politique applaudissait. Il suffit de se remémorer l’attitude de la ministre Royal après le suicide de Bernard Hanse en 1997 ou du ministre Lang lors du lynchage d’Alain Hodique en 2001.C’est ainsi que les années 1997-2005 furent des années de terreur pour les innocents victimes d’une simple rumeur ou, pire, d’une dénonciation mensongère provenant d’un enfant qu’on ne savait pas écouter ou qui était lui-même manipulé par un entourage avide de vengeance dans certaines familles en crise. La prétendue victime de Loïc Sécher était fragile psychologiquement. Au lieu de tenter de comprendre son mal-être, la justice utilisa cette fragilité contre Loïc Sécher.Certains innocents ont pu sortir de la galère avant la condamnation définitive. Le blog des innocents en donne quelques exemples. Mais de nombreux innocents ont été condamnés entre 1997 et 2005 sur de simples présomptions de culpabilité. Loïc Sécher en fait partie. Bien qu’il ait toujours crié son innocence même sous la torture psychologique dont il n’a probablement pas dû être épargné en garde à vue, bien qu’il n’existait pas d’éléments probants de sa culpabilité, le juge d’instruction a tout simplement refusé d’organiser une confrontation avec la prétendue victime avant de le renvoyer devant les assises. Et avec la dénonciation mensongère d’un enfant, fragile psychologiquement, pour seul élément à charge, le ministère public n’a pas hésité à demander la condamnation définitive. Pire que cela, il l’a obtenu de deux jurys d’assises composés de 9 et 12 membres. Espérons que ces 21 jurés ont aujourd’hui, au nom du peuple, un début de conscience de leur propre responsabilité dans les rouages de la machine à broyer.Il ne fait donc aucun doute que, pendant cette période de terreur, l’institution judiciaire est devenue le bras armé de la dictature de l’émotion ! Et aujourd’hui, la question doit être posée. Combien d’autres innocents croupissent dans nos prisons dignes du Moyen Âge avec un statut de pointeur qui les réduit à être des sous-hommes parce qu’un jour ils ont été tout simplement victimes de cette dictature ?Mais il semble évident que l’institution judiciaire peine à reconnaître ses probables erreurs. La fragilité psychologique de la prétendue victime n’a pas été jugé suffisante pour ouvrir la porte du doute lors des deux condamnations de Loïc Sécher. Par contre, elle est utilisée, aujourd’hui, par la cour de révision comme un élément de doute sur la rétractation de la jeune fille qui est pourtant majeure et déclare souffrir de savoir qu’un innocent est en prison pour rien. Si un doute doit être exprimé par Loïc Sécher, c’est bien celui de la confiance dans la justice de cette dictature de l’émotion.
(...) le cas de Jean-Paul Degache, instituteur ardéchois, condamné par deux fois à 8 ans de prison pour des faits qu’il a toujours niés et qui n’ont jamais été démontrés.Enfin, remarquez dans la vidéo qui suit que la journaliste de LCI (1) Ségolène Châtelain souligne, lorsqu'elle informe de l'ouverture d'un troisième procès destiné à réviser l'affaire Sécher, que celui-ci était le coupable idéal vu qu'il avait une "sexualité mal établie"...
(1) La Chaîne Info (LCI) est une chaîne de télévision française d'information en continu, filiale du groupe privé TF1.
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(2) Parti en voyage, je lis aujourd'hui, 13 juillet 2012, un courriel qui m'a été adressé par Daniel Picard le 11 juillet. Voici son texte complet :
_____________________Bonjour,Je suis Daniel Picard, la personne qui s’occupe de l’Affaire Sécher.J’ai remarqué que vous vous intéressiez de très près à cette affaire et je me permets de vous contacter afin de vous demander de rectifier une information erronée sur votre blog. Effectivement M.Sécher a subi des violences en prison mais il n’a pas le Sida. Pourriez-vous corriger rapidement cette information ?Bien CordialementM. PICARD
NOTE du 25/09/2012 :
À 9h29, le quotidien Le Monde a lancé aujourd'hui cette alerte :
Les indemnités de Loïc Sécher, 51 ans, qui a passé sept ans et trois mois derrière les barreaux après avoir été accusé à tort de viols sur une adolescente, ont été fixées par la cour d'appel de Rennes à 797 352 euros en compensation des préjudices matériel et moral subis. Loïc Sécher est le septième homme acquitté en révision en France depuis 1945.
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