mercredi 31 janvier 2018

23e rapport sur l'état du mal-logement en France (Fondation Abbé-Pierre)

Fin janvier, la Fondation Abbé-Pierre présente d'habitude son rapport annuel sur le mal-logement (cf. ce blog). Voici, extraits de son site, l'introduction à son rapport 2018 et un résumé de ladite présentation en deux vidéos...

La 23e édition du rapport annuel sur L’État du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre livre une nouvelle description de la crise du logement. Si le marché de l’immobilier affiche une bonne santé générale, 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement.


Au total, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement.
Au-delà de cette dure photographie, la dynamique ne prête pas à l’optimisme. La qualité moyenne des logements continue de s’améliorer, mais la hausse des prix creuse les inégalités résidentielles et bouche l’horizon des ménages des couches populaires. Comme si des centaines de milliers de personnes, en plus d’être mal-logées aujourd’hui, se voyaient assignées à le rester toute leur vie.
Ce rapport met l’accent sur une des formes de mal-logement les plus difficiles à vivre : le surpeuplement. En déclin sensible pendant des décennies, le surpeuplement connaît une recrudescence inquiétante au cours des dernières années. (...)

Résumé de la présentation : MATINÉE

Résumé de la présentation : APRÈS-MIDI

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Post-Scriptum :
Encore un cas où le capitalisme sans états d'âme, mis à part sa cruauté, se tire une balle dans le pied. Les prix de l'immobilier flambent partout, à Bordeaux comme à Paris, en France comme dans tous les pays, car c'est la marque par excellence d'un système ; l'effet Airbnb s'ajoute aux ingrédients traditionnels, et la situation est intenable économiquement notamment pour les moins aisés et les plus jeunes, carrément exclus du marché. Le compte n'y est pas pour un pourcentage croissant de nos populations et ceux qui ont besoin d'une main d'œuvre mobile le savent : son bridage se devrait d'avoir des limites...
Il y a quelques années, le MEDEF commanda une étude au CRÉDOC (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) à l'égard des conséquences de la crise du logement sur l’emploi et, en particulier, sur la mobilité professionnelle. Cette étude fut présentée en juin 2011 par Régis Bigot et Sandra Hoibian. En voici les principales conclusions :

La hausse des coûts du logement freine la mobilité professionnelle : en cas de difficultés pour trouver un emploi, 75% seraient prêts à déménager dans une autre commune, 67% à changer de département, mais les dépenses de logement pèsent sur la mobilité.
Les chômeurs et les actifs en recherche d’emploi supportent d’importantes charges de logement.
La hausse des prix de l’immobilier contribue à l’éloignement des publics en recherche d’emploi et freine la mobilité résidentielle.
70% refuseraient une opportunité professionnelle si cela les obligeait à accroître leurs dépenses de logement. 11% des personnes en recherche d’emploi ont renoncé à un emploi pour éviter d’augmenter leurs dépenses de logement.
La proximité avec le travail est le deuxième critère de choix d’un logement. Le temps de transport est aussi important que la rémunération dans le choix d’un emploi et la durée de trajet idéale serait de moins d’une demi-heure.La moitié des actifs refuseraient une opportunité professionnelle si cela ajoutait 30 minutes à leur temps de trajet. 12% des personnes en recherche d’emploi ont renoncé à un poste nécessitant un temps de transport trop important.
Les dispositifs d’aide au logement contribuent à améliorer la situation.
Le plus important dans la vie serait la famille, le logement, le cadre de vie et les amis. Malgré une propagande intensive, très peu d’individus placent le travail avant la vie privée. Cette tendance s’est renforcée au cours des 25 dernières années.
Habiter un logement dans lequel on se sent bien est vraiment indispensable pour s’investir pleinement dans son travail.

Voici le résumé de l'étude que fournit le CRÉDOC sur son site :
Ces dernières années ont vu se multiplier les études sur la hausse du coût du logement, avec des angles d’approche très divers : difficultés des classes moyennes à accéder à la propriété, risques systémiques pour le système financier en raison de l’endettement des ménages, perte de pouvoir d’achat lié au poids croissant des dépenses de logement, etc. Les conséquences sur le marché de l’emploi sont, en revanche, plus rarement évoquées. Or, de plus en plus d’entreprises signalent des difficultés à pourvoir certains postes dans les zones géographiques où le coût du logement est trop élevé.
Face à cette situation nouvelle, le MEDEF a commandé une étude au CRÉDOC sur les conséquences de la crise du logement sur l’emploi et, en particulier, sur la mobilité professionnelle. Une enquête spécifique a alors été menée auprès de 2006 personnes représentatives de la population afin de comprendre les mécanismes à l’œuvre.
L’enquête révèle l’ampleur des interactions entre le marché du logement et le marché de l’emploi: aujourd’hui, 70 % des actifs déclarent qu’ils refuseraient un emploi meilleur que celui qu’ils occupent actuellement si cela devait les obliger à déménager en occasionnant un surcoût financier; au cours des cinq dernières années, environ 500 000 personnes en recherche d’emploi ont effectivement renoncé à un poste parce que cela les aurait contraintes à accroître leurs dépenses de logement ; 56 % des personnes interrogées indiquent que ne pas être obligé de déménager est un critère « très important » dans le choix d’un nouvel emploi (à titre de comparaison, seulement 48 % estiment qu’être bien rémunéré est « très important »).
 Tout n'est pas complètement perdu : il y en a encore beaucoup qui apprécient la vraie vie.
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Mise à jour du 21.03.2018 :

Sous le titre De plus en plus de sans-abri partout en Europe, la journaliste Isabelle Rey-Lefebvre fait état dans Le Monde de l'information suivante :
(...)
La Fondation Abbé-Pierre (FAP) et la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa, sise à Bruxelles) révèlent, mercredi 21 mars, leurs statistiques à l’échelle européenne : sur 220 millions de ménages, près de 11 millions sont en état de privation sévère de logement, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de domicile personnel, sont à la rue ou hébergés chez un tiers, en centre d’hébergement, en foyer, en hôtel social…
« La définition du sans-abrisme a beau ne pas être la même d’un pays à l’autre, partout en Europe les hausses sont spectaculaires », révèle Sarah Coupechoux, de la FAP : + 150 % en Allemagne, entre 2014 et 2016 ; + 145 % en Irlande, entre 2014 et 2017 ; + 169 % au Royaume-Uni entre 2010 et 2017 ; + 96 % à Bruxelles entre 2008 et 2016 ; + 20,5 % en Espagne entre 2014 et 2016 ; + 17 % en France entre 2016 et 2017, en tenant compte des 20 845 personnes qui ont demandé un hébergement au « 115 » en juin 2017 par rapport à juin 2016.
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