Swissinfo publiait avant hier 10 mars...
Hélas, on ne nous dit pas quelles étaient les expressions en japonais des pancartes retirées. En français, ça sonne : chose promise, chose... commise.
C'est un récit...
Où l'on constate que le nucléaire tient ses promesses : l'avenir est présent et tous les deux radieux.
Où l'on découvre que l'avenir, conscient de son impertinence, prend la retraite et laisse sa place à un présent rayonnant, c'est-à-dire, dévasté.
Où l'on soupçonne que le développement d'une patrie aboutit à la Terre Gaste.
Où l'on peut dire adieu (ou plutôt au revoir ?) aux éternels radieux.
Où l'on réfléchit à l'activité radiante du progrès marchand comme de l'uranium.
Où l'on patauge dans un bouillon de culture truffé d'appâts rances du gain.
Où l'on remarque que l'arrogance du lobby nucléaire est durablement compatible (quatre ans minimum) avec un affront macabre particulièrement abject.
Où l'on note que le nucléaire ne veut plus exalter ses lendemains qui chantent sur un désert radioactif.
Où l'on subodore que les enseignes du nucléaire sont logées à la même enseigne que le nucléaire.
Où l'on voit que les enseignes constituent un "symbole de commandement servant de signe de ralliement pour des troupes" (cf. Le Robert).
Où l'on vérifie que les imposantes enseignes constituent un symbole de commandement encore plus imposant que les simples enseignes.
Où l'on observe que l'enseigne ment, est éducation.
Où l'on apprend que le retrait d'un lourd avenir faux-cul coûte les yeux de la tête.
Où l'on est avisé que l'avenir est non seulement glauque, mais "vétuste", et que cela explique la suppression temporaire d'un bout de propagande.
Où l'on éclaircit le concept de risque pour les personnes qui font des retours temporaires dans leurs maisons. D'où il ressort que les avenirs radieux comportent des population irradiées et radiées.
Où les chantres des lendemains qui chantent et des avenirs radieux "n'autorisent pas à retourner vivre dans leurs foyers" des populations découvrant le provisoire qui dure, qui est avenir.
Où l'on comprend la capacité essoreuse de l'essor du nucléaire comme du capitalisme en général.
Où l'on prend acte des assemblées municipales des agglomérations désertées.
Où l'on sème l'art de la dégoûtation du menu, si pâle, de la farcification.
Où l'on perçoit que passent les jours, passent les semaines, passent quatre ans, les habitants périssent ou s'en vont et les criminels demeurent.
Où l'on voit que les réacteurs sont les acteurs de la réaction qui se marre et redémarre.
Où l'on confirme que les chiffres de la probabilité extrême ne constituent pas une donnée objective pour les amis des évaluations et notations.
Où l'on lit que le fanatisme cupide réussit à force de "retisser des liens de confiance".
Où l'on ne peut plus se cacher qu'il y va de la vie alors que pour les autorités "le défi concerne l'avenir (radieux) du nucléaire".
Où l'on songe qu'on pourrait d'ores et déjà sonner le glas du tocsin du toxique.
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Un film sur le Japon après Fukushima :
Au-delà du nuage, Yonaoshi 3.11 (2013), réalisation de Keiko Courdy. Webdocumentaire filmé en noir et blanc où vous pourrez suivre des témoignages au-delà des apparences.
Fukushima : Pétition de Nokiko Noguchi.
La ville japonaise de Futaba, qui héberge une partie de la centrale de Fukushima, a décidé, quatre ans après l'accident, de retirer les vieilles pancartes qui vantent encore "l'avenir radieux" promis par l'énergie nucléaire. Environ 90'000 personnes ne peuvent toujours pas rentrer chez elles.Le Monde nous expliquait à son tour hier matin :
Cette mesure fait partie des projets prévus dans le cadre du budget présenté à l'assemblée municipale de cette agglomération totalement désertée. Il en coûtera quelque 4,1 millions de yens (33'300 francs [suisses]) pour enlever deux imposantes enseignes construites en 1988 et 1991, a indiqué mardi un fonctionnaire.
Installée à la porte de la ville, la première dit "l'énergie nucléaire, l'énergie d'un avenir radieux", et une autre près de la mairie: "l'énergie nucléaire, pour le développement de notre patrie, pour un futur prospère".
"Nous avons décidé de les supprimer parce qu'elles sont vétustes et constituent un risque pour les personnes qui font des retours temporaires dans leur maison", a expliqué le fonctionnaire de Futaba, sans mentionner qu'elles pouvaient être insultantes pour les habitants chassés de chez eux sans grand espoir d'y revenir de façon durable.
Quatre ans plus tard, quelque 90'000 habitants évacués de la région ne sont pas autorisés à retourner vivre dans leurs foyers autour de la centrale Fukushima Daiichi mise en péril par le tsunami du 11 mars 2011, qui a par ailleurs tué plus de 18'000 personnes.
Quatre ans plus tard, jour pour jour, près de 250 000 personnes vivent dans des logements provisoires, sans réel espoir de se réinstaller un jour dans leur ancien domicile – ou du moins pas avant plusieurs années, constate USA Today. Dans la région de Tohoku (nord-est de l'île d'Honshu), où se trouve la centrale de Fukushima-Daiichi, les travaux de décontamination et de reconstruction ont pris du retard, notent le Japan Times et l'Asahi Shimbun. Déjà perceptible avant le drame, l'exode de la population, et notamment des jeunes, vers Tokyo et d'autres grandes villes du pays, s'est accéléré. Seuls 3 % des trentenaires et des quadragénaires envisagent de prendre le chemin du retour, souligne Bloomberg. A cela s'ajoute la peur de la radioactivité, qui dissuade les habitants de consommer les produits estampillés Fukushima, réputés naguère pour leur grande qualité (NPR). Pour les autorités, le défi concerne l'avenir du nucléaire, note le professeur Simon Avenell, de l'Université nationale australienne (ANU). Le premier ministre, Shinzo Abe, envisage de redémarrer les 54 réacteurs aujourd'hui à l'arrêt. Mais les centrales sont-elles mieux préparées qu'avant à essuyer une catastrophe naturelle ? C'est ce qu'affirme l'expert Charles Casto dans un entretien à la Deutsche Welle. Pour Peter Drysdale, de l'East Asia Forum, il s'agit de retisser des liens de confiance. Car, d'après les experts, la probabilité que l'Archipel soit de nouveau frappé par un tremblement de terre d'une magnitude égale ou supérieure à 7 au cours des trente prochaines années est de… 98 %.
Hélas, on ne nous dit pas quelles étaient les expressions en japonais des pancartes retirées. En français, ça sonne : chose promise, chose... commise.
C'est un récit...
Où l'on constate que le nucléaire tient ses promesses : l'avenir est présent et tous les deux radieux.
Où l'on découvre que l'avenir, conscient de son impertinence, prend la retraite et laisse sa place à un présent rayonnant, c'est-à-dire, dévasté.
Où l'on soupçonne que le développement d'une patrie aboutit à la Terre Gaste.
Où l'on peut dire adieu (ou plutôt au revoir ?) aux éternels radieux.
Où l'on réfléchit à l'activité radiante du progrès marchand comme de l'uranium.
Où l'on patauge dans un bouillon de culture truffé d'appâts rances du gain.
Où l'on remarque que l'arrogance du lobby nucléaire est durablement compatible (quatre ans minimum) avec un affront macabre particulièrement abject.
Où l'on note que le nucléaire ne veut plus exalter ses lendemains qui chantent sur un désert radioactif.
Où l'on subodore que les enseignes du nucléaire sont logées à la même enseigne que le nucléaire.
Où l'on voit que les enseignes constituent un "symbole de commandement servant de signe de ralliement pour des troupes" (cf. Le Robert).
Où l'on vérifie que les imposantes enseignes constituent un symbole de commandement encore plus imposant que les simples enseignes.
Où l'on observe que l'enseigne ment, est éducation.
Où l'on apprend que le retrait d'un lourd avenir faux-cul coûte les yeux de la tête.
Où l'on est avisé que l'avenir est non seulement glauque, mais "vétuste", et que cela explique la suppression temporaire d'un bout de propagande.
Où l'on éclaircit le concept de risque pour les personnes qui font des retours temporaires dans leurs maisons. D'où il ressort que les avenirs radieux comportent des population irradiées et radiées.
Où les chantres des lendemains qui chantent et des avenirs radieux "n'autorisent pas à retourner vivre dans leurs foyers" des populations découvrant le provisoire qui dure, qui est avenir.
Où l'on comprend la capacité essoreuse de l'essor du nucléaire comme du capitalisme en général.
Où l'on prend acte des assemblées municipales des agglomérations désertées.
Où l'on sème l'art de la dégoûtation du menu, si pâle, de la farcification.
Où l'on perçoit que passent les jours, passent les semaines, passent quatre ans, les habitants périssent ou s'en vont et les criminels demeurent.
Où l'on voit que les réacteurs sont les acteurs de la réaction qui se marre et redémarre.
Où l'on confirme que les chiffres de la probabilité extrême ne constituent pas une donnée objective pour les amis des évaluations et notations.
Où l'on lit que le fanatisme cupide réussit à force de "retisser des liens de confiance".
Où l'on ne peut plus se cacher qu'il y va de la vie alors que pour les autorités "le défi concerne l'avenir (radieux) du nucléaire".
Où l'on songe qu'on pourrait d'ores et déjà sonner le glas du tocsin du toxique.
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Un film sur le Japon après Fukushima :
Au-delà du nuage, Yonaoshi 3.11 (2013), réalisation de Keiko Courdy. Webdocumentaire filmé en noir et blanc où vous pourrez suivre des témoignages au-delà des apparences.
Fukushima : Pétition de Nokiko Noguchi.